De la pertinence des étiquettes et de la classification en littérature

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  • Ce sujet contient 25 réponses, 17 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Athouni, le il y a 4 années.
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  • #110167
    Eridan
    • Vervoyant
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    Suite à un débat commencé ailleurs, je lance la question de la pertinence des étiquettes et de la classification de la littérature.

    Faut-il mettre des étiquettes par genre sur les œuvres littéraires, ou cela crée-t-il des niches de lectorat, au risque de développer le sectarisme et la guerre des chapelles ?

    Ce serait dommage d’éloigner le public lambda de son livre pour cause de classification abusive. Je maintiens que vouloir à tout prix classifier les oeuvres conduit à classifier le public et par là à favoriser l’élitisme. Hors, si la littérature perd son caractère de liens entre les hommes et les différentes cultures, et rend difficile l’accès à ce qu’on ne connait pas, la démarche ne vaut pas tripette ou, c’est selon, atteint son but. L’art sublime la réalité et provoque ainsi émotion et réflexion. Je n’y voit pas de magie. La seule magie souhaitable serait que les esprits s’ouvrent un peu plus et que les taies tombent des yeux des détenteurs ou prétendus tels du savoir.

    Ce serait dommage d’éloigner le public lambda de son livre pour cause de classification abusive. Je maintiens que vouloir à tout prix classifier les oeuvres conduit à classifier le public et par là à favoriser l’élitisme.

    Pour penser, il faut pouvoir nommer, définir et donc en définitive classer. Dès lors qu’on est pas seulement lecteur, qu’on travaille sur la littérature, un chercheur par exemple, on a besoin de ces classements ou de ces notions.

    Au demeurant, le grand public utilise ces classifications qu’elles portent sur la forme (roman, recit, nouvelles, etc. mais on pourrait dire concerto, sonate, symphonie, par exemple) ou sur le genre (polar, imaginaire, littérature générale, etc.).

    Plus on développe sa connaissance d’un genre, plus on affine le classement. Un amateur de polar distingue le thriller, du roman d’enquête et du roman noir, là où le néophyte sera perdu. Au final, on peut arriver à distinguer le planet opera du space opera en SF. Le grand public s’en fout mais ça tombe bien, il n’est pas la cible !

    Enheduanna, une auteure, née en 2285 av. J.-C. habitait d’Akkad, située dans l’actuel Irak. C’était une prêtresse qui écrivait des hymnes, dont les plus connus sont dédiés à la déesse Innana, protectrice de la dynastie d’Akkad, mais aussi déesse de la guerre et de l’amour physique. Ces hymnes chantaient la gloire de cette déesse, belle et terrible, dont Enheduanna invoquait le nom pour terrasser les ennemis de son peuple, comme dans L’Exaltation d’Innana, que je j’ai lu par curiosité.

    Il n’y a pas de quoi fouetter un chat, je sais, mais est-ce du Réalisme Magique ? Certes non car écrit bien avant 1925 mais si on en analyse le contenu, comment classer ce bijou de l’humanité ?

    Mythologie ? Peut-être ? Mais texte intéressant, certainement! Je réalise que certains chefs d’Œuvres n’entrent dans aucune catégorie ou encore dans plusieurs!

    Pour le coup, j’avoue être très partagé sur la question, mais je crois ce débat intéressant, et il me semble qu’on peut le tenir sans perdre de vue la citation de Montaigne : « Je donne mon avis non comme bon mais comme mien. » 😉

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #110174
    DroZo
    • Terreur des Spectres
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    Pour moi le problème n’est pas tant les étiquettes que les valeurs que l’on mets dessus. Dans l’absolu, une étiquette est juste là pour dire « voilà, ces romans là ont pour points communs tels type d’éléments ». Au lecteur de savoir, par son expérience ou sa curiosité, vers quel genre aller.

    Les valeurs qu’on met dessus, elles, sont totalement subjectives et sont souvent le fruit de préjugés. La fantasy c’est de la sous littérature, le classique c’est chiant… Ce ne sont que des préjugés, que beaucoup collent dans leur système de pensée à des étiquettes, sans vraiment s’intéresser à ce qui se cache sous l’étiquette.

    Dans les littératures dites « de l’imaginaire » nous (en tant que lecteurs) sommes peut être plus concernés que d’autres sur cette histoire de classement, parce que pour des raisons dont j’ai du mal à comprendre l’origine l’imaginaire est un genre extrêmement discriminé en France. C’est un fait : avez vous déjà vu un auteur de Fantasy française dans On n’est pas couché, sur un panneau publicitaire ou dans un gros média ? Moi pas.

    Et pour moi cette discrimination est à l’origine des problèmes. Parce que la littérature de l’imaginaire se retrouve isolée. Dans une fnac par exemple, Fantasy, SF et Fantastique sont rangés ensemble dans une même étagère, parce que quelqu’un a décidé un jour que c’était le même public. Et c’est comme ça qu’on créé une sorte de culture parallèle, coupée des autres cultures, où chaque culture ne s’intéresse pas forcément à la culture des autres, et développent donc des préjugés.

    Je caricature peut être, je suis sans doute totalement à côté de la plaque, mais je suis persuadé que si on traitait Pierre Pevel, Alain Damasio et Jaworski dans les mêmes émissions qui traitent de Levy, Musso ou Tnillier (par exemple) les lecteurs de Levy Musso et Thillier entendraient parler de Pevel, Damasio et Jaworski et iraient s’intéresser à leur travail, et en même temps les amateurs de littérature de l’imaginaire s’intéresseraient à ces émissions qui n’excluent pas leurs goûts et par conséquent découvriraient d’autres genres.

    La preuve en est Bernard Werber, écrivain SF qui a réussi à faire parler de lui auprès d’auteurs plus traditionnels et qui est un des rares auteurs de SF en France à connaître un succès.

    Dans ma famille, mon père lit pas mal de polar, et les quelques œuvres fantastiques ou fantasy qu’il lit c’est moi qui les lui file – et il a l’air d’autant s’amuser avec qu’avec un bon polar. Mais il ira jamais de lui-même en chercher parce qu’il en entend pas parler.

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 4 mois par Célilune.

    MJ du jeu de rôle sur forum Les Prétendants d’Harrenhal (LPH).Rejoignez-nous !
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    #110189
    Chat-qui-boite
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    Dans ma famille, mon père lit pas mal de polar, et les quelques œuvres fantastiques ou fantasy qu’il lit c’est moi qui les lui file – et il a l’air d’autant s’amuser avec qu’avec un bon polar. Mais il ira jamais de lui-même en chercher parce qu’il en entend pas parler.

    Complètement d’accord avec ta réflexion, y compris sur la séparation des genres. Ton exemple familial montre bien que  « l’étiquette » manque de chair. Rien ne remplace une recommandation dans la vraie vie ou une émission assez bien faite, comme tu le décris, où l’on présente et confronte des livres de différents horizons, ce qui favorise l’échange des points de vue et des façons d’appréhender les sujets par la fiction et la création.

    Mieux vaut être en retard au paradis qu'en avance au cimetière
    Reste assis au bord de la rivière et tu verras passer le corps de ton ennemi

    #110191
    Athouni
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    • Posts : 267

    Dans les littératures dites « de l’imaginaire » nous (en tant que lecteurs) sommes peut être plus concernés que d’autres sur cette histoire de classement, parce que pour des raisons dont j’ai du mal à comprendre l’origine l’imaginaire est un genre extrêmement discriminé en France. C’est un fait : avez vous déjà vu un auteur de Fantasy française dans On n’est pas couché, sur un panneau publicitaire ou dans un gros média ? Moi pas.

    Il me semble que ce n’est plus vraiment le cas. Aujourd’hui des prescriptions scolaires relèvent de l’imaginaire (Orwell, Huxley, Bradbury), les recherchent universitaires se multiplient, les ventes en librairie sont bonnes et certains titres caracolent en tête des meilleurs ventes comme ça a pu être le cas des Furtifs de Damasio. Plus généralement, l’imaginaire est passé d’une culture minoritaire à une culture majoritaire (Seigneur des anneaux & Marvel universe au cinéma, GoT en série, Harry Potter en littérature jeunesse, etc).

    Ensuite, la question de la valeur des textes se posent ici comme ailleurs. Les littératures de l’imaginaire n’ont pas l’exclusivité du déclassement en sous littérature : Levy, Musso, Nothomb ou même Colombani (La Tresse), de Vigan, Foenkinos ou Delacourt sont tous déconsidérés, jugés faiblards, indignes d’un lecteur véritable.

    A l’inverse, outre le Damasio, Nina Allan a reçu les éloges du Monde (qui n’avait pas manqué de qualificatifs dithyrambiques pour évoquer Les Mensonges de Locke Lamora de Scott Lynch) ou de Télérama.  Quant au prochain Atwood qui sort en octobre et qui est la suite de la Servante Écarlate, la presse dans son ensemble va en faire des caisses.

    Bref, il me semble que ce n’est pas si désespérant que ça. Après il y aura toujours un certain public pour dénigrer un genre dans son ensemble. Sincèrement, pour travailler en librairie, je peux te dire que c’est de moins en moins le cas.  On peut s’en offusquer mais ça me semble tout à fait normal : les goûts sont socialement construits et permettent de se distinguer (Bourdieu). Certaines générations ou certains milieux sociaux continuent à associer l’imaginaire à une faute de goûts. Tant pis pour eux (et si c’est pour acheter du de Vigan, ça prête plutôt à rire).

    Et pour moi cette discrimination est à l’origine des problèmes. Parce que la littérature de l’imaginaire se retrouve isolée.

    Fais l’expérience de pensée qui consiste à imaginer une librairie où tous les livres seraient interclassés quelque soit le genre. Je te garantie 1/ que cette librairie sera très vite boudée des clients parce qu’ils leur sera impossible de s’y retrouver. Tu veux lire de la SF, tu es obligé de te fader tous les rayons par ordre alphabétique d’auteur (en supposant que ce soit le classement minimum retenu) 2/ que les libraires feront un burn out. 😉

     

    « When dead men come hunting in the night, do you think it matters who sits the Iron Throne »

    #110206
    Chat-qui-boite
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    Fais l’expérience de pensée qui consiste à imaginer une librairie où tous les livres seraient interclassés quelque soit le genre. Je te garantie 1/ que cette librairie sera très vite boudée des clients parce qu’ils leur sera impossible de s’y retrouver. Tu veux lire de la SF, tu es obligé de te fader tous les rayons par ordre alphabétique d’auteur (en supposant que ce soit le classement minimum retenu) 2/ que les libraires feront un burn out. 😉

    Je comprends ton point de vue de professionnel et j’imagine le tableau, comme assidue de la médiathèque je vois aussi le lien. Mon point de vue est le résultat d’observation comme individu et comme enseignante ( je sais qu’il y en a beaucoup ici): J’ai considéré le gâchis de talents causé par les « étiquettes » qu’on colle aussi bien sur un bien de consommation qu’un livre ou un individu. Il n’y a plus de place pour les autodidactes, les rejetés du système éducatifs n’ont pas la tâche facile s’ils veulent glaner un peu de culture et le snobisme est une maladie qu’on peut tous attraper. Longtemps lectrice de télérama j’ai fini par me lasser de leurs critiques intransigeantes, surtout quand ils ont retourné leur veste sur un talent évident qu’ils avaient méprisé. Excuse moi de ne pas être plus précise, ça remonte à loin, ma mémoire a enregistré le fait ,pas les noms.

    J’ai pu constater que le poids des préjugés collés sur les gens pouvaient les amener à s’autocensurer. Si tu rajoutes des préjugés sur les bouquins,  il ne peut rien en sortir de positif. Je n’oublie jamais qu’il  existe des gens qui se croient bêtes car pas assez cultivés ( C’est à dessein que j’utilise des mots simples). Dans ton métier tu as la chance de « donner chair » aux conseils de lecture, ce que j’ai tant apprécié quand j’avais une vraie petite librairie près de chez moi, et quand la bibliothécaire très chaleureuse discutait sans façons des lectures faisant de sa médiathèque un lieu relaxant où il n’était pas rare de parler avec les autres usagers.

    J’espère que ce post éclairera ma position: Non ce n’était pas un caca nerveux derrière mon ordi mais un sujet qui me tenait à coeur.

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    #110207
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Comme le dit Drozo, j’ai l’impression ici que certain confondent classification et jugement de valeur. Oui, dans certain milieux, certains jugent certaines littératures à l’aune de préjugés malvenus, et les médias n’aident pas forcément – même si comme le dit Athouni, progressivement, les choses s’améliorent en terme d’image de l’imaginaire (mais, de ce que j’en ressent, ce n’est pas encore le Pérou ^^ Je vous renvoie par exemple à l’entretien que l’on a publié avec Anne Besson, qui aborde cette question).

    Mais, balayons aussi devant notre porte : ce jugement de valeur n’est pas l’apanage d’une « élite qui ne lit que de la blanche ». Baladez-vous sur des forum de fantasy, et l’on vous expliquera que l' »urban fantasy » c’est de la sous-littérature par rapport à la « dark fantasy » ou que sais-je… Dire « une élite bien-pensante nous juge », c’est bien gentil, mais c’est oublier que tout simplement, les discussion sur les goûts et les couleurs ont tendance à s’envenimer. C’est humain… Donc n’oublions jamais d’être bienveillants, et de ne pas faire de généralisations malheureuses, au détriment de quiconque : lisez ce qui vous plaît, amusez-vous, instruisez-vous… Mais quand je dis au détriment de quiconque, ça inclut aussi ces « vilains censeurs » qui il paraîtrait nous jugent… ou qui peut-être juste expriment poliment une pensée différente de la notre, et qu’on interprète comme jugement de valeur quelque chose qui n’en est absolument pas. La bienveillance, ce n’est pas à sens unique.

    La question maintenant, n’est pas là, comme je le disais dans ma première phrase. Ne confondons pas classification et jugement de valeur. Classifier n’est pas juger. Classifier, c’est fournir un outil au lecteur pour se retrouver. Comme le dit bien mieux que moi Athouni, allez dans une librairie et cherchez vos bouquin dans un marasme de trucs qui ne vous intéressent pas forcément (bah oui, toujours, les goûts et les couleurs ^^ Tout le monde n’est pas enthousiasmé par la même chose, et tant mieux, sinon on s’ennuierait vachement dans un monde uniforme). Bon courage ! Donc oui, classer, c’est juste trouver un dénominateur commun pour permettre aux gens de s’orienter plus efficacement (et accessoirement aider les libraires à éviter le burn out ^^). Vous n’allez pas chercher vos yaourts au milieu du rayon apéro, bah, c’est pareil avec les bouquins.

    L’une des première questions que beaucoup de membres nous posent ici, c’est « j’ai adoré le Trône de Fer, avez-vous des idées de livres que je pourrais aimer dans le même style ? ». La classification répond à ce même besoin : bonjour, au milieu des milliers de choses disponibles, aidez-moi à me repérer et à trouver quelque chose qui se rapproche de ce que j’ai déjà aimé. Rien de plus, rien de moins.

    ~~ Always ~~

    #110212
    Aerolys
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    Baladez-vous sur des forum de fantasy, et l’on vous expliquera que l’ »urban fantasy » c’est de la sous-littérature par rapport à la « dark fantasy » ou que sais-je…

    « L’urban fantasy est une sous-littérature », je l’ai entendu celui-là. >.< (J’espère que Les Dossiers Dresden seront de nouveaux édités en français.)

    Toutes les plus belles histoires commencent par une brique sur le pied.

    Si Theon ouvre un bar, c'est le Baratheon.

    Spoiler:
    #110220
    Babar des Bois
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    Je plussoie à ce que disent Athouni et Nympha. Classer ne veut pas dire juger (et en aucun cas cela n’entache l’expérience de lecture). Alors bien entendu certains mettront des jugements derrière, mais ce n’est pas le cas de tout le monde, loin de là. Chez les chercheurs par exemple (et les libraires comme disait Athouni, mais je connais mieux ce qui se fait dans la recherche), il y a besoin de ces classifications pour étudier les phénomènes, les genres littéraires et leurs évolutions. Les classifications évoluent et ne sont pas hermétiques, les chercheurs sont au contraire conscients qu’il existe un certain degrés d’artificialité dans les classements opérés et que la plupart des œuvres reprennent des codes venus de littératures différentes (Riverdream par ex, qui emprunte à la littérature du thriller, de l’horreur, du roman historique, etc…) ; et en aucun cas attribuer un ou plusieurs genres à une oeuvre aboutit à nier le fait que chaque oeuvre est unique. Mais classer permet de donner des outils d’analyses au chercheur. On ne va pas étudier Zola comme on étudie Tolkien, pour tout un tas de raisons. Et ça ne veut pas dire que l’un est moins bien que l’autre. Mais étudier une oeuvre littéraire se fait aussi à l’aune de son/ses genres littéraires (dans quelle mesure le livre se rattache a ces genres ? S’en éloigne-t-il ? réinvente les codes ou non ? etc…).

    Je noterai aussi que classer les œuvres, aussi imparfait que puissent être les classements, permet de donner de la visibilité aux genres littéraires, tout simplement parce qu’un nouveau mot pourra être repris dans les médias, et popularisé ainsi. C’est le cas, par exemple, du steampunk, qui depuis quelques années, a pris énormément de visibilité et a même des étagères consacrées dans certaines libraires.

    #hihihi
    Co-autrice : "Les Mystères du Trône de Fer II - La clarté de l'histoire, la brume des légendes" (inspirations historiques de George R.R. Martin)
    Première Prêtresse de Saint Maekar le Grand (© Chat Noir)

    #110259
    lilou black
    • Frère Juré
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    En tant que libraire diplômée, j’ai tout de même constaté que certains rayons sont plus fournis ou étendus que d’autres et ça participe quand même au « jugement de valeur » sur les différents genres littéraires : le mètre linéaire de « littératures de l’imaginaire » (je cautionne moyen le terme parce que ça réunit des genres trop différents mais ce n’est que mon point de vue) sera toujours moins important que celui de la littérature générale, ne serait-ce que francophone, ou même celui du polar.

    Après, je voudrais réagir à un bout de phrase de @DroZo :

    C’est un fait : avez vous déjà vu un auteur de Fantasy française dans On n’est pas couché, sur un panneau publicitaire ou dans un gros média ?

    Depuis environ quatre ou cinq ans, on voit fleurir, notamment sur les bus parisiens, dans les stations de métro ou la gare du Midi de Bruxelles, des publicités pour une certaine maison d’édition, plutôt récente, dont le fond de commerce est la romance pseudo-érotique issue du succès de Cinquante nuances de Grey. Ces pubs existent parce que, par le biais de placements de produits dans ses publications, cet éditeur a pu réunir des fonds pour s’offrir des campagnes publicitaires. Je sais, c’est un peu hors-sujet, mais tout ça pour dire que les panneaux publicitaires ne sont pas forcément une référence en la matière et de toute façon, ça reste relativement rare d’une façon générale.

     

    J'ai fixé le ciel étoilé mais hélas le ciel m'a semblé trop haut pour mon rêve (Cantique païen)

    #110261
    FeyGirl
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    Dans les littératures dites « de l’imaginaire » nous (en tant que lecteurs) sommes peut être plus concernés que d’autres sur cette histoire de classement, parce que pour des raisons dont j’ai du mal à comprendre l’origine l’imaginaire est un genre extrêmement discriminé en France.

    Je suis plutôt d’accord avec toi, cette année j’ai eu une expérience un peu crispante à l’accueil d’une bibliothèque municipale de la ville qui prétend être la plus ouverte à toutes les cultures (i.e. Paris). Mais nous sommes obligés de faire avec, c’est-à-dire de passer outre.

    Le problème reste de se tenir au courant des nouveautés intéressantes dans le domaine. Maintenant, je pioche mes envies de lecture et je découvre des livres intéressants grâce à internet, en suivant les commentaires de membres de Babelio qui ont des goûts proches des miens ou en échangeant sur les suivis de lecture de quelques membres de Livraddict. Des abonnements à quelques blogs de lecteurs pointus dans certains genres viennent compléter la liste. Et bien sûr les recommandations sur ce forum !

    Donc oui, classer, c’est juste trouver un dénominateur commun pour permettre aux gens de s’orienter plus efficacement

    Comme je le disais sur un autre fil de discussion, en tant que lectrice j’aime bien voir les classifications, ça me donne une première idée du livre, des thèmes abordés et de sa tonalité. Cela n’augure rien de la qualité du roman, qui reste toujours une surprise – bonne ou mauvaise – mais en fonction de l’humeur du moment, je choisirai spécifiquement un roman noir, un planet-opera ou un témoignage sur un fait actuel.

    Il n’en reste pas moins que certains romans sont potentiellement classables dans plusieurs genres, et c’est de plus en plus fréquent… Mais aussi que les erreurs sont fréquentes (le nombre de lecteurs qui classent Harry Potter en Fantastique !!!). Donc les classifications toujours à prendre avec précaution.

    #110269
    Athouni
    • Patrouilleur Expérimenté
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    En tant que libraire diplômée, j’ai tout de même constaté que certains rayons sont plus fournis ou étendus que d’autres et ça participe quand même au « jugement de valeur » sur les différents genres littéraires : le mètre linéaire de « littératures de l’imaginaire » (je cautionne moyen le terme parce que ça réunit des genres trop différents mais ce n’est que mon point de vue) sera toujours moins important que celui de la littérature générale, ne serait-ce que francophone, ou même celui du polar.

    En effet, mais tu sais aussi qu’une librairie s’adapte à sa clientèle. Je préfère très nettement l’imaginaire au polar et pourtant mon rayon polar est (comme à peu près partout ailleurs) nettement plus fourni…

    Après il y a de plus en plus de textes lorgnant vers le fantastique ou la SF qu’on trouve désormais dans les rayons littérature générale : Aveuglement de Saramago, La guerre des Salamandres de Capek, La Route de McCarthy, La Servante Écarlate d’Atwood, Défaite des Maîtres et possesseurs de Vincent Message, L’autre rive de Chateaureynaud, etc.

    « When dead men come hunting in the night, do you think it matters who sits the Iron Throne »

    #110282
    FeyGirl
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4391

    D’ailleurs, maintenant que j’y pense, il y a un autre genre de littérature très discriminé, beaucoup plus que la SFFF : c’est la romance, au sens large du terme (romance à l’eau de rose, romance plus ou moins érotique, romance historique, romance de fantasy y compris une part de la bit-lit, romance MM, la majorité du Young Adult…). Alors qu’à l’inverse, certains livres de littérature blanche et quelques classiques devraient être dans cette catégorie mais ne souffrent pas de discrimination.

    On se rend compte de l’importance et du dynamisme de ce genre avec les livres numériques : les genres les plus téléchargés en France sont principalement (1) les classiques tombés dans le domaine public et libres de droit et (2) la romance au sens large. Les amatrices (parce que bien évidemment le lectorat est féminin) sont plus ou moins regroupées sur Booknode (comparable à Babelio… sauf que par ricochet les non-amateurs de romance sont moins présents… et c’est la principale raison pour laquelle je l’ai un peu déserté). Quand on visite ce site, le nombre de sorties chaque mois dans ce genre est réellement impressionnant. Et de façon plus générale, les promotions de livres numériques sont en très grande majorité des livres pour ce lectorat.

    C’est marrant que personne n’en parle.

    #110486
    Obsidienne
    • Pisteur de Géants
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    Hum…ça fait toujours plaisir de discuter mais…c’est le genre de sujet sur lequel on ne aboutir à une conclusion…
    D’une part, une classification, même imparfaite, peut guider le lecteur dans sa quête du « bon bouquin » parmi l’offre gigantesque et, d’autre part, les œuvres sont si diverses qu’il est quasi impossible de les classer avec pertinence

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #110510
    Malicia
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 145

    D’ailleurs, maintenant que j’y pense, il y a un autre genre de littérature très discriminé, beaucoup plus que la SFFF : c’est la romance, au sens large du terme (romance à l’eau de rose, romance plus ou moins érotique, romance historique, romance de fantasy y compris une part de la bit-lit, romance MM, la majorité du Young Adult…). Alors qu’à l’inverse, certains livres de littérature blanche et quelques classiques devraient être dans cette catégorie mais ne souffrent pas de discrimination. On se rend compte de l’importance et du dynamisme de ce genre avec les livres numériques : les genres les plus téléchargés en France sont principalement (1) les classiques tombés dans le domaine public et libres de droit et (2) la romance au sens large. Les amatrices (parce que bien évidemment le lectorat est féminin) sont plus ou moins regroupées sur Booknode (comparable à Babelio… sauf que par ricochet les non-amateurs de romance sont moins présents… et c’est la principale raison pour laquelle je l’ai un peu déserté). Quand on visite ce site, le nombre de sorties chaque mois dans ce genre est réellement impressionnant. Et de façon plus générale, les promotions de livres numériques sont en très grande majorité des livres pour ce lectorat. C’est marrant que personne n’en parle.

     

    C’est marrant car en lisant ce sujet c’est exactement ce à quoi j’ai pensé.

    Mais surement par ce que je suis aussi une lectrice de romance, et que souvent j’ai eu un vague jugement « haaan c’est de la littérature de fifille ». Même moi je finis par m’auto-juger en disant « j’ai des lectures légères en ce moment ». …

    Alors je rejoins pas mal Nympha and co… il y a classement et jugement. On juge tous plus ou moins à un moment et c’est bien dommage car l’intérêt premier c’est qu’une personne lise, s’évade avec ces romans et que ça lui apporte quelque chose….

    Nous serons obligé d’avoir un classement… par exemple j’ai lu beaucoup de polar mais aujourd’hui je n’aime plus ça et donc oui pour le moment c’est un rayon que j’évite…

    Mais bon en effet, comme dis Obsidienne il n’y a pas vraiment une seul réponse. Une classification est obligatoire… elle est hélas plus ou moins cohérente selon les livres.

    Un jugement…ça ne l’est pas du tout mais c’est pourtant inévitable….

    #110514
    Symedelic
    • Éplucheur de Navets
    • Posts : 21

    Ca ne va pas apporter beaucoup au moulin de cette intéressante discussion, mais je me posais exactement la même question en fouinant hier soir dans une FNAC, qui mettait en avant au rayon SF Le meilleur des mondes. Et là passent 2 gusses qui discutaient et cherchaient 1984. Logiquement ils cherchent à O du rayon SF, mais rien, Orwell wahlou…Ils demandent à un vendeur qui leur répond que c’est au rayon littérature générale…Je veux bien que c’est un devenu un classique de la littérature (idem La ferme des animaux d’ailleurs), mais ça reste quand même de la SF. Donc pourquoi Huxley en SF et Orwell en littérature, alors que les 2 sont des fondamentaux ? Idem avec Zamiatine qu’on retrouve plus souvent en littérature russe (ce qui n’est pas faux en soit) qu’en SF.

     

    #110517
    Céleste
    • Pas Trouillard
    • Posts : 748

    Ca ne va pas apporter beaucoup au moulin de cette intéressante discussion, mais je me posais exactement la même question en fouinant hier soir dans une FNAC, qui mettait en avant au rayon SF Le meilleur des mondes. Et là passent 2 gusses qui discutaient et cherchaient 1984. Logiquement ils cherchent à O du rayon SF, mais rien, Orwell wahlou…Ils demandent à un vendeur qui leur répond que c’est au rayon littérature générale…Je veux bien que c’est un devenu un classique de la littérature (idem La ferme des animaux d’ailleurs), mais ça reste quand même de la SF. Donc pourquoi Huxley en SF et Orwell en littérature, alors que les 2 sont des fondamentaux ? Idem avec Zamiatine qu’on retrouve plus souvent en littérature russe (ce qui n’est pas faux en soit) qu’en SF.

    Oui c’est étrange. Cela dit, j’ai toujours eu une difficulté à classer dans mon esprit les œuvres d’anticipation en autre chose que de l’anticipation, de voir les deux romans en littérature générale ne me choquerait pas plus que ça.
    Je ne sais plus qui disait une fois sur le slack que la SF ça devient un peu fourre-tout, je pense que c’est un peu vrai 😀

    Je préfère le souffle du dragon à la bave de crapeau et la langue de vipère.

    #110568
    Symedelic
    • Éplucheur de Navets
    • Posts : 21

    de voir les deux romans en littérature générale ne me choquerait pas plus que ça

    Ca ne me choquerait pas non plus, pourquoi pas, un classement reste un classement. Je ne comprends juste pas pourquoi l’un et pourquoi pas l’autre, surtout pour deux livres si souvent comparés et considérés (à tort ou à raison) comme fondateurs d’un genre.

    #110570
    FeyGirl
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    En coupant les cheveux en quatre, Le Meilleur des Mondes introduit une technologie qui semblait presque impossible à l’époque de son écriture (dans ce livre, la reproduction entièrement réalisée en laboratoire), ce qui est moins le cas de 1984.

    Savoir si l’anticipation fait partie, ou non, de la science-fiction, est un débat récurrent.

    Certains classent l’anticipation dans la science-fiction, parce que le récit se déroule dans le futur (alors même que nous avons des œuvres de science-fiction qui se déroulent dans le passé, le présent ou dans un monde parallèle). D’autres refusent cette classification, à cause du mot science dans science-fiction.

    Pendant un temps, le terme « speculative fiction » (mot créé par Robert Heinlein) a tenté de concurrencer le terme « science-fiction » parce qu’il était plus global. Mais « science-fiction » s’est imposé définitivement dans les années 60. Si « speculative fiction » l’avait emporté, il y aurait eu moins de problème à classer l’anticipation en son sein.

    Tout dépend de la définition de la science-fiction. Pour simplifier, on en trouve aujourd’hui deux :

    • Récit imaginant un monde avec une évolution de technologies ou de sciences, par rapport à aujourd’hui,
    • Récit imaginant un monde avec une évolution de technologies, de sciences, ou de civilisation, par rapport à aujourd’hui (j’ai l’impression que la plupart des experts adoptent celle-ci).

    La deuxième définition accepte une histoire mettant en scène une évolution de la société, des mœurs, ou des systèmes politiques, sans qu’il n’y ait d’évolution des technologies, tandis que la première définition la refuse. Donc selon la définition de la « science-fiction » adoptée, on inclura ou on exclura l’anticipation.

    A mon avis, vos exemples montrent que nous ne sommes pas que dans un débat d’expert, mais que cela a un impact sur le lecteur qui aime l’anticipation et recherche des livres traitant ce sujet en librairie.

    #110575
    usul
    • Frère Juré
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    Comme dirait Pascal Légimitmus, « moi aussi j’en ai une d’étiquette !  »

     

    https://www.superloustic.com/playlist/les-inconnus-cest-toi-que-je-taime-vachement-beaucoup/

    #noonesinglikeChrisAnyMore
    Les soldats vivent .... et ne savent pas pourquoi.

    #110675
    Corneille
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    Bonjour,

    Toute cette discussion m’intéresse beaucoup et me laisse songeuse. Je suis moi-même une grande lectrice et je classe mes livres dans ma bibliothèque en plusieurs catégories assez classiques. Et je constate que, consciemment ou non, je ne les « traite «  pas de la même manière. Par exemple, mes livres de littérature générale sont dans mon salon, dans une bibliothèque avec des vitres, alors que mes polars sont dans une pièce pas chauffée l’hiver, sur des étagères IKEA.

    Et pourtant dans chaque catégorie il y en a que je considère être des « bons » livres, et d’autres … moins.

    J’en arrive à la conclusion provisoire que le fait de catégoriser induit, qu’on le veuille ou non, un jugement de valeur : l’exemple du classement d’Orwell et de Huxley à la Fnac reflète peut-être cela.

    #111155
    Chat-qui-boite
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    En définitive on trouvera que le livre est « bon » ou « moins bon » après l’avoir lu. Les conseils et classements sont une réalité, la 4eme de couverture en est une autre et le contact physique une autre encore laissant place à l’achat coup de coeur-intuitif. Le fait d’acheter l’édition originale  plutôt que la version poche n’est pas uniquement une affaire de budget. Ce livre qui est bon pour moi ne l’est pas pour toi mais au moins  ne pas trop classifier évite de monter des barrières supplémentaires entre le lecteur possible et le livre.

    Et pourtant dans chaque catégorie il y en a que je considère être des « bons » livres, et d’autres … moins.

    J’en arrive à la conclusion provisoire que le fait de catégoriser induit, qu’on le veuille ou non, un jugement de valeur : l’exemple du classement d’Orwell et de Huxley à la Fnac reflète peut-être cela.

    Oui le passage en littérature générale doit bien signifier quelque chose mais je serais bien en peine de dire quoi: Alors parfois le mélange des genres et les classifications défaillantes laissent la place à une rencontre de hasard avec un livre, pas dans une librairie bien tenue, bien sûr, mais dans une médiathèque par exemple, ou dans la bibliothèque d’amis.

    Pour moi un déménagement majeur m’a obligé à me défaire de mes livres accumulés depuis…plusieurs dizaines d’année. Un tout petite nombre a échappé à la séparation, mais de nouveau j’accumule sans en avoir la place, donc c’est le joyeux basard: Les auteurs qui ne se rencontreront jamais dans la vie, sont à touche-touche, les uns sur les autres ou côtes à côte. Je trouve ça festif.

    Mieux vaut être en retard au paradis qu'en avance au cimetière
    Reste assis au bord de la rivière et tu verras passer le corps de ton ennemi

    #146502
    Nymphadora
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    Une petite réflexion du jour pour dire « la considération des littératures de l’imaginaire, ça s’améliore mais on n’est pas au bout du tunnel »….

    Ce matin, j’écoutais la radio, et le prix Goncourt de l’année (« L’anomalie » de Hervé Le Tellier) était interviewé. Déjà, l’interview commence et la journaliste s’étonne de l’écriture inhabituelle du livre qui est un « page turner » : apparemment donner un prix aussi prestigieux à un livre dont on a envie de tourner les pages est motif d’ébahissement. Bon… rappelez moi de pas lire de Goncourt « habituel » alors xD Et là, l’auteur de se défendre très longuement du fait que son livre n’est pas de la SF « parce qu’il ne se passe pas dans le futur et qu’il aime pas les éléments fantastiques ». Ceci étant dit, le pitch du livre c’est l’histoire d’un même avion qui aurait volé mystérieusement dans les mêmes conditions avec les mêmes passagers et le même équipage à cent six jours d’écart » et selon le premier média que j’ai googlé « l’auteur signe un roman 2.0 à la fois vertigineux et facétieux sur les doubles vies, la gémellité, la simulation, l’inversion du temps et l’éternel retour. ». C’est pas de la SF vous avez dit ?! Du coup je suis perplexe : quelqu’un a-t’il lu ce livre… parce que sur le papier, on fait quand même difficilement moins SF ? C’est quand même navrant qu’un auteur primé aille se défendre d’écrire des romans de SF sur une grosse radio quand il semble que son bouquin coche toutes les cases du roman de l’imaginaire 🙁

    ~~ Always ~~

    #146511
    DNDM
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    C’est un grand classique du discours marketing de certains auteurs. Soit parce qu’ils ne lisent pas d’imaginaire (et donc qu’ils en ont une vision très caricaturale, et ne se rendent pas compte que ce qu’ils ont fait, c’est totalement raccord avec ce que publient les maisons d’éditions spécialistes de l’imaginaire), soit par pur calcul commercial (pour ne pas faire peur à certains lecteurs), ils refusent l’étiquette SF ou fantasy, quand bien même leur bouquin coche toute les cases du genre. Margaret Atwood a longtemps refusé qu’on accole le terme science-fiction à ses bouquins aussi, avant de l’accepter du bout des lèvres. On pourrait sans doute trouver plein d’autres exemples (même Houellebecq, c’est de la dystopie / anticipation parfois).

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #146512
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
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    C’est pas de la SF vous avez dit ?! Du coup je suis perplexe : quelqu’un a-t’il lu ce livre… parce que sur le papier, on fait quand même difficilement moins SF ?

    Techniquement, c’est un livre « fantastique », un peu comme le horla de Maupassant, pas de SF. J’ignore la résolution de l’histoire, mais oui, c’est un peu pathétique cette façon de refuser les étiquettes infamantes de Méd-fan, SF, et autres.

    La prétention du beau monde littéraire reste considérable.

    #146527
    Athouni
    • Patrouilleur Expérimenté
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    Pour avoir lu le livre, ce n’est effectivement pas de la SF.

    Les genres répondent à des codes qu’on ne retrouve pas vraiment ici. Le Tellier ajoute un élément surnaturel à son roman. Ni plus ni moins.

    On est à la lisière pourrait on dire. C’est devenu fréquent, il y a une hybridation des genres et le roman généraliste emprunte ici ou là des éléments à d’autres genres (fantastique, polar, SF).

    L’anomalie est un roman correct, bien ficelé, un page turner, oui sans doute. J’en aurai plus aucun souvenir dans quelques mois.

    « When dead men come hunting in the night, do you think it matters who sits the Iron Throne »

    #146608
    Athouni
    • Patrouilleur Expérimenté
    • Posts : 267

    Ce matin, j’écoutais la radio, et le prix Goncourt de l’année (« L’anomalie » de Hervé Le Tellier) était interviewé. Déjà, l’interview commence et la journaliste s’étonne de l’écriture inhabituelle du livre qui est un « page turner » : apparemment donner un prix aussi prestigieux à un livre dont on a envie de tourner les pages est motif d’ébahissement. Bon… rappelez moi de pas lire de Goncourt « habituel » alors xD

    Les Goncourt sont des livres grand public dans l’écrasante majorité des cas. Ce sont des livres souvent efficaces, ce qui est un terme ambiguë.

    Comme un page turner, ils se lisent facilement, le lecteur est accroché et veut connaître la fin. Mais ce ne sont pas pour autant des grands textes qui vont laisser des traces chez le lecteur ou dans l’histoire de la littérature. A mon sens, la question du journaliste est hors sujet parce que, précisément, les Goncourt sont souvent des livres efficaces. Le journaliste fait comme si ce n’était pas le cas. Pour les livres plus ambitieux, il y a d’autres prix comme le Medicis (même si cette année le Delaume casse pas 4 pattes à un canard).

    Le dernier Goncourt que j’ai trouvé brillant c’est le Vuillard (L’ordre du jour) et ça remonte à quelques années maintenant.

    De toute façon, ces prix sont du total bullshit. Tout le monde le sait dans l’édition comme en librairie. Ce n’est qu’un (formidable) ressort commercial.

    Pour celles et ceux qui ont encore quelques illusions, voici un peu de lecture. C’est consternant.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par Athouni.

    « When dead men come hunting in the night, do you think it matters who sits the Iron Throne »

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