Black & White & Red all over

Black & White & Red all over est le 5e roman de George R.R. Martin, publié en 1986… dans un univers alternatif. Dans cet univers alternatif, ce livre a eu du succès et George R.R. Martin a continué d’écrire différentes aventures avec ces personnages-là. Dans le nôtre, GrrM n’arrivera jamais a trouver un éditeur pour ce projet, et passera à d’autres (dont un obscur bouquin de fantasy dont vous avez peut-être entendu parler).

Mais les 150 premières pages de Black & White & Red all over, écrites par George R.R. Martin pour tenter de décrocher un contrat avec un éditeur, ont néanmoins été imprimées en 2001 dans un recueil appelé Quartet (dans lequel on trouve aussi The Skin Trade, Blood of the Dragon, et un script télé titré Starport).

Black & White & Red all over est donc plus une curiosité pour les ultrafans de George R.R. Martin qu’une vraie histoire à lire. On a 150 pages de mise en place d’une intrigue, et ça s’arrête en plein milieu d’une scène avec un « (And that, alas, was as far as I got…)« .

Mais pour les ultra fans, c’est quand même amusant.

Qu’est ce que Black & White & Red all over? L’histoire de trois journalistes concurrents très bordelines qui traquent Jack l’éventreur dans le New York des années 1890, et qui (dans l’idée) devaient passer leur temps à se doubler les uns les autres. Journalistes du type «  »Yellow journalism », c’est-à-dire du journalisme très… imaginatif, diront-nous. Le terme est en fait très lié au journalisme tel que pratiqué à New York dans les année 1890, justement. On en retrouve aujourd’hui des héritiers genre dans le Sun anglais. En France, j’ai pas trop d’exemple (Le Nouveau Détective, peut-être, ou quelques sites internet que je préfère ne pas citer).

Bref. On a Ned Cullen, « the yellowest yellow journalist », selon GrrM, beau gosse qui n’hésite pas à mentir comme un arracheur de dents pour obtenir ce qu’il veut. On a Henry Munce, autoproclamé « le meilleur journaliste spécialisé crimes au monde », un nain d’une quarantaine d’année fan d’haltérophilie (oui oui). Et on a Kate Hawthorne, très riche gamine la tête farcie de rêves qui tente de prendre son indépendance en devenant stagiaire/pigiste. Ned et Kate sont plutôt crédibles et sympas à suivre. Henry Munce est un proto-Tyrion assez désagréable qui n’arrive pas à être crédible (le perso parle de lui à la troisième personne, est super agressif et insolent avec tout le monde y compris les chefs de la mafia qui ont des gorilles derrière chaque porte, et on est censé comprendre que ça passe parce que bien que nain, il est super musclé. Hum). L’histoire est haute en couleur, a un gros potentiel, mais a aussi des bémols (pleins de trucs qui font tiquer question réalisme) et un gros manque de rythme. Les trois journalistes suivent chacun trois pistes différentes et sur ce début ne se croisent que très peu, du coup ça avance pas très vite, et GrrM ne maîtrise pas aussi bien son écriture et sa narration en 1985 qu’en 1996 (en plus, ce n’était qu’une version provisoire).

Bref. Une histoire jamais terminée… Mais jamais totalement abandonnée non plus, GrrM en parle de temps à autre. Soyons honnête, ça m’étonnerait qu’il arrive à l’écrire un  jour… En revanche, je ne raye pas l’idée qu’il arrive à vendre le concept pour une série télé. Ce qui faisait que le livre ne trouvait pas preneur en  1986 (trop long, trop compliqué, trop de personnages) se transforme en atout quand on parle de séries télé en 2019.

Perso je serais assez preneur. Qui est avec moi?

• Ce sujet a été modifié le il y a 5 années par DNDM.