AGOT 24 – Daenerys III

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    Emmalaure
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    AGOT 24 – Daenerys III
    Au fil des pages – liste des sujets

    AGOT 23, Arya II AGOT 25, Bran IV

    Le réveil du Dragon.

    Nous avions laissé une fifille faisant des siennes et prouvant à son père qu’elle pouvait couver en douce des jouets de contact dangereux, et nous voici sur un autre continent, avec une autre fifille prouvant aux siens et à elle-même qu’elle aussi couve des trucs dangereux pour l’humanité. C’est une question d’échelle.
    La transition fonctionne en images qui se répondent, comme dans un film qui passerait d’un plan à l’autre en laissant des éléments communs pour ne pas couper brutalement la narration et pour tisser des liens entre des situations et des intrigues en apparence très éloignées l’une de l’autre. Ainsi, le chapitre précédent s’achève sur Arya en train d’apprendre la « danse de l’eau » avec un « Danseur d’eau » originaire de Braavos, une cité libre d’Essos, et nous glissons avec Daenerys sur l’image de la mer Dothrak qui s’étend à perte de vue.
    De même qu’avec la bénédiction/l’adoubement de son père, Arya dans son chapitre entame sa métamorphose (avec un vrai maître d’armes et un premier jalon vers Braavos), Daenerys arrive à un nouveau rivage et s’élance sur cette nouvelle mer/ dans sa nouvelle vie avec la bénédiction de son père de substitution, Jorah Mormont : si dans ce chapitre, ser Jorah n’a pas encore gagné le surnom de Vieil Ours que Daenerys accolait à Ser Willem Darry, il a déjà cet aspect de grosse bestiole poilue à la force rassurante, il lui transmet son savoir et l’appelle « petite fille » ou « enfant » (et une fois « reine », tout de même) :

    Il se mit à sourire et quoiqu’il n’eût rien d’un Adonis, avec sa nuque et ses épaules de taureau, avec la rude toison noire qui ne semblait s’être concentrée sur sa poitrine et ses bras que pour mieux délaisser son crâne, ses sourires avaient quelque chose de réconfortant. « Savez-vous que vous commencez à parler en reine, enfant ? »

    Aparte : ici, le « enfant » n’est pas dans la vo, car Jorah dit « Daenerys ». Après réflexion, je ne pense pas que le sens soit fondamentalement changé : Jorah appelle Daenerys par son prénom comme Ned le fait avec Arya, mais il y a une nuance dans la vo qui me semble absente de la vf ici, c’est la considération comme personne à part entière qu’implique l’emploi du prénom. Daenerys n’est pas juste une enfant quelconque à éduquer/dresser, mais une personne qui mérite affection et attention.

    C’est ainsi que tout le chapitre est écrit sous le signe de la naissance et/ou de la métamorphose : d’enfant vendue et manipulée, Daenerys devient une femme adulte qui décide de son destin et fait ses propres choix. YES !
    Pour autant, la métamorphose qui semble très positive pour Daenerys ne se fait pas sous les meilleurs auspices : quelques signes inquiétants pointent, qui devraient déjà nous alerter sur le potentiel danger que représente notre super héroïne en phase d’éveil !
    La synthèse qui suit sera simple : il y aura une première partie sur les signes littéraires de la naissance/renaissance, puis une seconde partie sur les signes funestes, parce que quand même, un dragon, ce n’est pas qu’un gentil petit chaton.

    1. Renaissance

    Le décor pose l’ambiance dès les premiers mots du chapitre (et la vf est fidèle) :

    « La mer Dothrak », lui dit ser Jorah Mormont en immobilisant sa monture auprès de la sienne au sommet de la crête.
    A leurs pieds, se déroulait la plaine, immense et plate et vide jusque par-delà l’horizon. Une mer, vraiment, cette prairie déserte, unie, sans reliefs ni villes ni routes, et dont le vent seul ridait, de-ci, de-là, les hautes tiges, à l’infini.
    « Si verte…, dit-elle. »

    Elle en remet une couche un peu plus loin et le paysage entre en résonance avec son être :

    le jour était trop parfait, le ciel d’un outremer trop pur (« deep blue »/bleu profond ou outremer, la trad est fidèle aussi^^), où planait en cercle un faucon presque imperceptible, la mer d’herbe ondulait avec des soupirs trop suaves au moindre souffle de la brise, il faisait trop bon tendre son visage au soleil, il faisait trop doux se sentir en paix. Elle n’allait pas se laisser gâcher sa joie.

    Daenerys arrive seule dans la plaine encore vide et immaculée et profite seule du bain de jouvence qu’elle s’offre :

    Au pied de la crête où les hautes tiges souples ne tardèrent pas à l’enserrer, elle adopta le trot, se plut à se perdre dans la plaine, à y prendre un bain béni de solitude verte. (…) D’en haut, justement, les éclats coléreux de son frère contre ser Jorah l’incitèrent à se précipiter plus avant dans les flots soyeux de la mer Dothrak, et leur verdure la submergea.

    Verdure printanière, douceur du soleil, éclat du bleu du ciel, solitude et tout un monde à soi, sans personne pour interférer, c’est explicitement l’image de la plénitude pour Daenerys, vert et solitude revenant à plusieurs reprises dans la première partie du chapitre.

    L’atmosphère printanière annonce et accompagne la renaissance intérieure de Daenerys, montrée au moyen d’un flashback qui a lieu lorsque notre héroïne descend la pente dangereuse et rocailleuse qui sépare la crête où elle se trouve au début et la grande prairie le chemin vers le « paradis » est semé d’embûches !
    Dans ce flashback, on mesure l’ampleur du changement qui a pu s’opérer entre deux chapitres, avec le passage difficile du viol quotidien. La vie des princesses est vraiment cauchemardesque, elles épousent des monstres plus proches de la bête que de l’humain – comme semble en témoigner la description des habitudes violentes et sans répit de khal Drogo, intéressé à monter ses étalons tout le jour et sa femme un peu à la fin de la nuit – et à ce stade, on se demande ce qui attend Sansa avec Joffrey. Drogo et Daenerys ne font clairement pas partie du même monde et semblent inconciliables. Malgré le viol quotidien, Drogo n’est pas présenté comme un tortionnaire cruel désireux de faire du mal aux autres (et la nuit de noces allait déjà dans ce sens) mais comme un type important qui a autre chose à faire qu’à s’occuper du bien-être de sa femme, c’est à elle à se débrouiller pour le trouver toute seule, comme une grande, non mais ho, c’est pas moi qui l’ai réclamée, c’est un cadeau d’Illyrio et du roi mendiant. Daenerys fait partie de son troupeau.

    Le rêve de dragon, qui n’occupe qu’un court paragraphe, est le catalyseur de la métamorphose. Le premier détail important est l’absence de Viserys : dans son inconscient, Daenerys dénie à son frère le « sang de dragon ». Il n’est cependant pas possible d’affirmer que cela exprime également une réalité selon laquelle Viserys n’aurait pas véritablement le sang du dragon en lui (c’est-à-dire qu’il ne s’exprimerait pas de manière aussi puissante que chez Daenerys qui le rendrait plus légitime qu’elle). Mais dans le rêve, Daenerys s’arroge le dragon, son feu et sa puissance. Il « chante pour elle » (et hop, voici illustrée une partie du titre de la saga), ouvre la bouche pour un baiser de feu, elle « l’embrasse » et est embrasée. Au viol quotidien de Drogo dont elle ne voit jamais le visage (elle lui tourne le dos et enfouit sa tête dans ses oreillers pour masquer ses cris), répond l’embrassement amoureux avec le dragon, qu’elle regarde dans les yeux.
    On notera l’emploi du terme « tremper » au sens de « tremper une arme » dans la forge (« temper » dans la vo), et la présence du sang, ce qui pose un premier jalon de la légende d’Azor Ahai et de la forge d’Illumination. Forgée dans le feu, la lame est ensuite plongée dans l’eau pour refroidir et durcir.

    Le rêve joue également sur l’imagerie du sacrifice divin antique, où le feu consume la chair mortelle pour laisser le champ libre à l’être immortel derrière le héros divin, à la différence près qu’ici, « l’apothéose » a lieu en début de parcours et non pas comme une consécration finale (comme c’est le cas pour Hercule/Héraklès, par exemple). On peut s’interroger sur ce renversement : est-ce que cela veut dire qu’il y aura d’autres épisodes de bûchers et d' »apothéose » sur le parcours de Daenerys ? On peut en compter au moins trois par la suite : celui de la fin d’AGOT, celui de la prise d’Astapor et celui des arènes de Meereen quand elle s’envole sur le dos de Drogon pour la première fois après être passée sous l’ombre de ses ailes et sous son souffle ardent. Il est possible qu’il y en ait au moins une autre, avec une dévoration et une consumation réelles cette fois de Daenerys, par Drogon, histoire de boucler la boucle : en effet, le rêve de dragon répond aussi à un désir de mort explicite de la part de notre héroïne.

    Il y a possiblement une autre réminiscence littéraire plus proche : l’embrasement spontané final du très orgueilleux Fëanor, qui suit sa mort, et en fait un des seuls elfes à ne jamais se retrouver dans les cavernes de Mandos (et à ce propos, je signale un très bel (et assez court) essai sur le site Tolkiendil à propos de l’imagerie du soleil et de la lune dans l’histoire de Finwë (père de Fëanor), Miriel (sa mère) et Indis (sa belle-mère)).

    Revenons à notre chapitre : une nouvelle Daenerys a éclos, et conjointement, au réveil, l’oeuf de dragon noir et rouge, qui semble maintenant chaud.

    Ecarlate et noir, comme le dragon de mon rêve. Rêvait-elle encore ? La pierre semblait émettre une chaleur étrange… Elle en retira vivement la main.

    L’oeuf de dragon chaleureux revient dans la suite du chapitre, après la disgrâce de Viserys.
    Question grave : est-ce le réveil de l’oeuf qui a suscité le rêve de Daenerys et « l’éveil » de son sang de dragon ? ou est-ce l’éveil du sang de dragon de Daenerys (provoqué par le désir de mort ?) qui a réveillé le dragon dans l’oeuf ? Qui est venu le premier, l’oeuf, ou la poule ?
    Je ne me risquerai pas à répondre. Au moins, on sait qu’il y a de la magie à l’oeuvre !

    L’éclosion du dernier dragon Daenerys se poursuit avec l’apprentissage de la monte grâce à la jument argentée. Le signe du changement est marqué à nouveau par le regard qui change sur les choses et les paysages, que Daenerys trouve beaux. Il me semble d’ailleurs qu’il y a une autre réminiscence de Tolkien avec la brève évocation de la forêt de Qohor, qui – toute dorée – a des allures de Lothlorien (la forêt des elfes de Galadriel dans le SdA).

    La renaissance, enfin, va culminer (et s’achever) avec l’union renouvelée avec khal Drogo, sous le regard des Dothrakis, des étoiles (avec la participation du ciel, on est bien sur une « union divine » symbolique) et en face à face. Daenerys prend l’initiative et Drogo l’appelle pour la première fois par son prénom, lui accordant ainsi le droit d’exister comme personne (et comme partenaire égale). Sa conclusion naturelle est l’annonce de la grossesse.
    De façon intéressante, cette union renouvelée avec khal Drogo suit la légende de la naissance des dragons racontée par Doreah : la lune qui s’approche du soleil, explose et libère des milliers de dragons qui boivent le feu du soleil. Or, après ce récit, Daenerys est explicitement assimilée à la lune, par la préparation de sa chevelure d’argent, puis le fait qu’elle emmène Drogo dans la nuit et par sa position au-dessus prend la place de la lune parmi les étoiles. Drogo, lui, en bon dragon, est le soleil. La répartition des rôles sera confirmée plus tard par les surnoms que le khal et la khaleesi se donneront ‘lune de mes nuits’ et ‘soleil de mes jours’.
    Daenerys a donc très bien compris l’histoire racontée par Doreah et s’est décidé à la jouer pour donner naissance à un gentil petit dragon.

    2. Funestes présages.

    Dans ce tableau idyllique, tout n’est pas verdoyant, ou du moins tout ne va pas le rester, c’est sûr :

    « Si verte…, dit-elle.
    _ Pour le moment du moins, reprit-il. A l’époque de la floraison, elle aurait tout d’une mer de sang.(…) Et l’on prétend qu’aux contrées de l’Ombre, au-delà d’Asshai, se trouvent de véritables océans d’une variété nommée « revenante » qui, plus haute qu’un homme en selle et aussi blafarde que du lait caillé, tue toute autre plante, et qu’à la faveur des ténèbres font rougeoyer les âmes des damnés. Les Dothrakis sont convaincus qu’un jour elle recouvrira l’univers entier. Alors cessera toute vie. »

    Bim, voilà de quoi doucher certain émerveillement. Le sang, puis la mort. Daenerys ne veut pas les voir, cependant, et l’exprime sans ambage. Aveuglement et surdité volontaires, qui vont revenir dans l’épisode avec Viserys, qu’elle entend vociférer au loin, ce qui la fait s’enfoncer encore plus dans la mer Dothrak, pour ne le voir ni l’entendre.
    La punition qu’elle réserve à son frère est d’ailleurs pire qu’une mort propre et rapide : si elle ne le met pas à mort physiquement, elle le fait symboliquement en le privant de toute sa dignité et tous ses espoirs : sans cheval, il est contraint de suivre à pied la trace du khalasar, une trace faite de boue et d’ordures : c’est l’envers du paysage paradisiaque auquel Daenerys a droit en tant que khaleesi et c’est un paysage de désolation laissé dans le sillage de la horde, donc par le passage du khal et de sa khaleesi. La mer Dothrak est magnifique, mais quand un khalasar est passé, c’est dégueu !
    Ensuite, Daenerys retire à son frère son seul fidèle, ser Jorah Mormont, qui refuse d’obéir à Viserys auquel il a pourtant prêté serment. Même si Jorah n’a à ce moment pas tellement le choix s’il veut pouvoir survivre et rentrer chez lui, le changement d’allégeance s’exprime de manière forte. Le chevalier va enfoncer le clou en comparant Viserys à un serpent rampant, opposé au noble dragon volant. Enfin, Daenerys formule explicitement le fait que Viserys ne les ramènera jamais à Westeros et qu’il ne montera jamais sur le Trône de Fer de leurs ancêtres. Tout le vocabulaire employé dans la scène avilit et salit Viserys, là où le rêve de dragon a « lavé », « nettoyé » et « anobli » Daenerys (elle se sent véritablement une princesse) : l’une s’élève vers le soleil et l’autre s’abaisse jusqu’à terre. Pire : l’acte d’autorité de Daenerys va l’élever aux yeux des Dothrakis, et de cette façon, le sacrifice de son frère devient une condition nécessaire à sa propre élévation.

    Autre présage, relevé l’année passée par DNDM, qui pourrait être une anticipation de la mise à feu et à sang de Port-Real :

    Mais ce qu’elle vit était non pas la mer Dothrak mais Port-Réal, accroupi sous le Donjon Rouge édifié par le Conquérant. Mais Peyredragon où elle était née. Son imgination les voyait embrasés de mille feux. Son imagination lui en montrait chaque fenêtre comme incendiée, et chaque porte rutilante (rutilante, en vo c’est « red », « rouge », en référence à la « porte rouge » que Daenerys assimile à son « chez soi », ce qui est logique dans le texte, puisque cette image conclut un échange avec Jorah, où chacun d’eux exprime le désir de rentrer « à la maison ».)

    Le dernier présage que je relèverai est plus diffus dans le texte, puisqu’il concerne la transformation de Daenerys en Dothraki, ce peuple violent qui vit de pillages, de meurtres et d’esclavage. Cette assimilation va de paire avec la métamorphose en « dragon », donc en animal et passe par quelques détails comme le changement de vêtement (les siens s’opposent à la soie que porte Viserys), le retrait des bottes pour marcher dans l’herbe, les cris de plaisir qui remplacent peu à peu ceux de douleurs lors de la monte de Drogo, et l’attention de tous ses sens dans la mer Dothrak (odeurs, toucher, vue, ouïe) comme les loups des Stark lorsqu’ils chassent, par exemple.

     

    Conclusion :

    Il reste encore des tonnes de choses à ajouter, tant ce chapitre est riche à de nombreux points de vues. L’angle que j’ai choisi pour la synthèse n’est donc pas le seul légitime et s’est surtout attaché à faire ressortir à travers le texte l’ambiguïté du personnage de Daenerys, présente dès le commencement. On pourrait parler de déterminisme, ou encore se demander si le sang de dragon laisse une réelle liberté à ceux qui le portent (même interrogation pour les Stark et le sang de loup) et s’ils ne sont pas immanquablement destinés à la violence et à la destruction quoiqu’ils fassent. Il semble bien dans ce chapitre que Daenerys fasse des choix conscients, et qu’en conséquence, ces choix restent déterminants pour la suite, mais on voit aussi que lorsque son sang parle (comme dans le rêve de dragon), elle le suit comme une sublimation d’elle-même.

    En ce sens, si Daenerys est une héroïne plutôt réaliste psychologiquement (on comprend et éprouve sans difficulté les émotions par lesquelles elle passe, même si au moment des choix on ne ferait pas nécessairement les mêmes), elle épouse pleinement l’archétype du héros mythologique dans sa dimension symbolique (celui qui va sortir de l’humain pour osciller entre une dimension cosmique/divine mais aussi animale et excessivement sauvage), celui qui vient d’éclore sous nos yeux, dans ce chapitre !

     

    #133323
    Samyriana
    • Pas Trouillard
    • Posts : 617

    Merci pour cette analyse passionnante, que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire Emmalaure! Ce chapitre est très intéressant et très riche en symboles…

    J’aime beaucoup la manière dont Daenerys prend son destin en main: c’est vraiment une figure forte, qui passe en quelques chapitres de petite fille apeurée, vendue, de victime en somme, à une véritable princesse. La cruauté de Viserys est encore frappante dans ce chapitre, et la manière dont il s’en prend à Daenerys est révélatrice:

    « Il hurlait de plus belle. « Le dragon n’a pas d’ordres à recevoir de toi, comprends-tu ? Je suis le maître des Sept Couronnes, tu m’entends ? Pas le larbin d’une pute à seigneur du crottin ! » Et, tout en lui pinçant atrocement les seins, il martela de nouveau : « Tu m’entends, oui ?  »

    La question a déjà été abordée lors du premier chapitre de Daenerys, mais on voit encore une fois que Viserys n’est pas seulement méchant et violent: il a une part de perversité. Il pourrait frapper Daenerys, la gifler, lui mettre un coup de poing… mais il lui pince les seins. Ce geste, répété déjà deux fois, est extrêmement révélateur à mon sens, et montre le désir de Viserys envers sa soeur, désir qu’il mue en violence à de nombreuses reprises, probablement par frustration qu’elle ne soit pas à lui. Cette séquence m’a mise extrêmement mal à l’aise, et me fait penser que, si Daenerys avait épousé Viserys, elle aurait probablement connu le même sort que sa mère Rhaella, que nous décrit Jaime dans AFFC:

    « Mais, chaque fois qu’Aerys livrait un homme aux flammes, la reine Rhaella était assurée d’avoir une visite au cours de la nuit suivante. Le soir même du jour où il avait brûlé sa Main masse-et-poignard, Jaime montait la garde avec Jon Darry devant la chambre à coucher de cette dernière pendant qu’à l’intérieur son royal époux prenait son plaisir. « Vous me faites mal ! avaient-ils entendu Rhaella crier à travers les vantaux de chêne. Vous me faites mal ! » Et, chose assez étrange, il en avait été plus terriblement affecté que par les hurlements de lord Chelsted. Tant et si bien qu’à la longue il n’avait pu se retenir de souffler : « Notre serment nous engage à la protéger, elle aussi… »

     

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #133324
    Emmalaure
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 999

    Merci Samyriana. Oui, Viserys montre là encore à quel point il est odieux et le lecteur n’a aucun désir de le voir devenir roi un jour. Pourtant, à chaque fois, on se surprend à avoir pitié de lui dans son humiliation (je pense toujours à ce que dit Gandalf à propos de Gollum : il ne faut pas le tuer parce que si on n’est pas capable d’octroyer à la vie à qui on veut, pourquoi s’autoriserait-on à dispenser la mort, ou quelque chose dans ce goût-là), qui est une mort sociale et une castration symbolique (Dany lui retire ce qu’il a entre les jambes, hein ).

    Sinon, je m’aperçois que je n’ai pas assez souligné la solitude de Daenerys comme le signe qu’elle évacue toutes les figures masculines qui gravitent autour d’elle et lui imposent leurs lois : elle se fait sans les hommes et malgré eux, et s’en sert au besoin de la même façon qu’ils se sont servis d’elle ou veulent se servir d’elle. Et Jorah, qui paraît le plus sympa du lot pour le moment, n’échappe pas à ce rapport de force.

    #133331
    John Lon Bickel
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 220

    Merci pour l’analyse, je suis également d’avis que ce chapitre est très important. De mémoire, je crois que c’est à ce stade de lecture que j’ai décidé que, oui, cette saga était excellente et que j’allais bien lire les 4 tomes parus à ce moment-là.

    Il est possible qu’il y en ait au moins une autre, avec une dévoration et une consumation réelles cette fois de Daenerys, par Drogon, histoire de boucler la boucle : en effet, le rêve de dragon répond aussi à un désir de mort explicite de la part de notre héroïne.

    C’est vrai qu’on pourrait parler très longtemps de la thématique de l’autodestruction chez Daenerys. Bien qu’elle ait survécu, le bûcher de Drogo est un suicide à la mode du Sati hindou. Je me suis souvent demandé si ce n’est pas tout simplement cela, cet auto-sacrifice parfaitement consenti, qui a déclenché l’éclosion.

    La punition qu’elle réserve à son frère est d’ailleurs pire qu’une mort propre et rapide : si elle ne le met pas à mort physiquement, elle le fait symboliquement en le privant de toute sa dignité et tous ses espoirs : sans cheval, il est contraint de suivre à pied la trace du khalasar, une trace faite de boue et d’ordures

    En relisant le passage, j’ai trouvé qu’on revenait à nos conclusions du premier chapitre. Certes, elle se berce souvent d’illusions sur les personnes qui l’entourent mais inconsciemment, c’est une bonne psychologue cernant très bien le caractère des gens. C’est comme pour le premier siège de Meereen : ayant appris les mensonges des fiers Jorah et Barristan, elle les envoie d’abord à une mission commando par les égouts, bannit celui qui l’aime et menace d’employer l’autre comme cuistot. Les cent soixante-trois nobles sont crucifiés en cercle, se pointant l’un l’autre dans une macabre accusation de « C’est lui qui m’a tué, qui a été tué par lui, jusqu’à celui-là que j’ai tué » pour les cent soixante-trois esclaves également crucifiés. Elle sait frapper où cela fait très, très mal.

    Ironiquement, son dégoût du sang la rend cruelle. Elle vient d’empêcher les Sang-coureurs de tuer Viserys sur place, ou du moins de lui couper les oreilles histoire de lui apprendre qu’on ne touche pas à la femme du khal. Elle ne voulait pas envoyer ses conseillers au bourreau, ou traiter Meereen comme Astapor. Pour ne pas tuer ses adversaires, elle les humilie et les brise. Sa cruauté tient moins d’Aerys faisant brûler Rickard Stark sous les yeux de son fils que de Tywin exterminant Reyne et Tarbeck pour que ses autres vassaux se tiennent tranquilles, mais cela reste de l’horreur, et une horreur qu’elle connaît mal et dont elle se méfie moins.

    À chacun de ses coups d’éclat, de plus en plus d’hommes et de femmes sont prêts à se faire tuer pour elle. Mettre Viserys à pied lui gagne Jorah et un peu les Sang-coureurs. Le bûcher lui assure le khalasar, Astapor les Immaculés, sa diplomatie traîtresse les Corbeaux-Tornade. La prise de Meereen fait d’elle, pour la première fois, une souveraine de fait et non plus sur le papier. Mais dans la force du personnage, il y a aussi sa faiblesse, dont elle se doute d’ailleurs : Si je regarde en arrière, c’en est fini de moi. Pour dix ou cent ralliements, elle se fait un ou deux ennemis mortels. Son histoire est une fuite devant les Viserys, Bâtards du Titan, Judicieux et autres Fils de la Harpie. Ici, elle se débarrasse d’un tortionnaire mais perd son frère, pour toujours.

    J’ai beaucoup aimé l’article d’un historien disant que dès Austerlitz sinon Marengo, Napoléon était condamné à la victoire, entendez qu’il s’était coupé de toute réconciliation durable avec les autres pays. Sa seule option était désormais militaire, vaincre, vaincre encore et sans arrêt les adversaires qui défilaient sur le champ de bataille, une seule défaite déclenchant des soubresauts à Paris et la curée des autres royaumes. Le tragique, c’était qu’à chaque victoire, il lui fallait affaiblir l’adversaire et qu’il en paraissait encore plus redoutable aux yeux des voisins. Tout génie qu’il fût, il était inévitable qu’un jour ou l’autre il perde une bataille, mais pour lui une seule serait de trop et la guerre serait perdue dans la foulée. J’ai l’impression que Daenerys est dans la même situation, elle vainc assez facilement mais ne parvient pas à refermer le cycle de la violence.

    Je trouve intéressant de voir comment chaque personnage d’ASOIAF éveille de la loyauté d’une manière différente. Robert a su se réconcilier avec les partisans d’Aerys, son seul mais très grand mérite en tant que roi, il n’avait pas d’ennemis mais pas de soutiens assurés non plus. Stannis a peu de vrais partisans (les hommes de sa maison, Davos, Mélisandre, peut-être Jon au fond de lui-même) mais ils sont prêts à tout pour lui, tandis qu’il a beaucoup d’adversaires tièdes, qui ne l’aiment pas mais pourraient à la limite le supporter. Dany soulève des partisans par foules et cités entières, qui ne la lâchent à aucun prix ou presque, mais ils sont accompagnés de ceux qu’elle a brisés et qui jamais, jamais ne lui pardonneront quoi que ce soit.

    #133386
    R.Graymarch
    • Barral
    • Posts : 10381

    Où Daenerys reprend, discrètement, le pouvoir (If you can’t beat them, join them)

    C’est un chapitre étrange où l’héroïne continue de voir la beauté du monde alors qu’elle souffre. On se croirait presque dans un épisode de Princesse Sarah (si ma mémoire est bonne) 😀 Et pourtant, dès le début, l’auteur/Jorah nous prévient : la nature est belle mais certaines herbes tuent tout et les légendes dothrakies disent qu’un jour elles couvriront le monde et le détruiront (j’avais complètement oublié). Plus tard, on voit aussi que l’héroïne, si belle sur sa jument si magnifique est au devant de sa troupe pour s’émerveiller du monde. Alors que dans le sillage de ses hommes, la vue est probablement beaucoup moins belle (notons que c’est par là qu’elle envoie son frère…).

    Pourtant l’héroïne repense à ses souffrances : celles de l’équitation diurne, et aussi euh nocturne. On sent qu’elle n’a pas vraiment le choix, qu’elle « fait avec ». Elle parait seule même si elle est entourée de ses trois servantes et aussi de Jorah (qui sert aussi de traducteur d’ailleurs). Jorah a des défauts mais il est assez honnête (et assez malin pour ne pas obéir à son « souverain » qui est en position de faiblesse et n’arrivera jamais à rien).

    “I hit him,” she said, wonder in her voice. Now that it was over, it seemed like some strange dream that she had dreamed. “Ser Jorah, do you think… he’ll be so angry when he gets back… She shivered. “I woke the dragon, didn’t I?”

    Ser Jorah snorted. “Can you wake the dead, girl? Your brother Rhaegar was the last dragon, and he died on the Trident. Viserys is less than the shadow of a snake.”

    His blunt words startled her. It seemed as though all the things she had always believed were suddenly called into question. “You… you swore him your sword…”

    “That I did, girl,” Ser Jorah said. “And if your brother is the shadow of a snake, what does that make his servants?” His voice was bitter.

    “He is still the true king. He is…”

    Jorah pulled up his horse and looked at her. “Truth now. Would you want to see Viserys sit a throne?”

    Dany thought about that. “He would not be a very good king, would he?”

    “There have been worse… but not many.” The knight gave his heels to his mount and started off again. /

    « Je l’ai frappé », reprit-elle, d’une voix où perçait comme une stupeur rétrospective. Il lui semblait presque l’avoir seulement rêvé. « Dites-moi, ser Jorah… » Elle frissonna. « Sa colère va être terrible, hein ? Je l’ai réveillé, le dragon, n’est-ce pas ? »

    Il ricana. « Nul ne saurait réveiller les morts, petite. Le dernier dragon fut Rhaegar, votre frère, et il a péri au Trident. Viserys est tout au plus l’ombre d’un serpent, lui. »

    Ces mots la cinglèrent comme une agression. Elle eut le sentiment qu’ils remettaient en cause tout ce en quoi elle avait toujours cru. « Mais vous… vous lui avez juré sur votre épée…

    — Exact, petite, dit-il. Et s’il n’est que l’ombre d’un serpent – sa voix se chargea d’amertume –, que penser de ceux qui le servent ?

    — Il n’en est pas moins le roi légitime. Il… »

    Mormont immobilisa son cheval et, les yeux dans les yeux : « Sans mentir, à présent, vous aimeriez le voir accéder au trône ? »

    Elle s’accorda un instant de réflexion. « Il ne ferait pas un très bon roi, n’est-ce pas ?

    — Il y a eu pire…, mais pas souvent. » Des talons, il remit sa monture en mouvement.

    Puis juste après

    “Still,” she said, “the common people are waiting for him. Magister Illyrio says they are sewing dragon banners and praying for Viserys to return from across the narrow sea to free them.”

    “The common people pray for rain, healthy children, and a summer that never ends,” Ser Jorah told her. “It is no matter to them if the high lords play their game of thrones, so long as they are left in peace.” He gave a shrug. “They never are.”

    Dany rode along quietly for a time, working his words like a puzzle box. It went against everything that Viserys had ever told her to think that the people could care so little whether a true king or a usurper reigned over them. Yet the more she thought on Jorah’s words, the more they rang of truth. /

    « Cependant…, reprit Daenerys, sitôt qu’ils se retrouvèrent étrier contre étrier, le petit peuple attend son avènement. D’après maître Illyrio, il coud en secret des bannières au dragon, fait des prières en faveur de Viserys, voit en lui son libérateur.

    — Dans ses prières, le petit peuple demande la pluie, des enfants sains et un été perpétuel. Et les querelles des grands pour le pouvoir ou la couronne, il s’en moque – mais éperdument ! – du moment qu’on le laisse en paix. » Il haussa les épaules. « Mais on ne l’y laisse jamais. » Un long silence s’ensuivit, que Daenerys mit à profit pour méditer ce point de vue si contraire aux assertions constantes de son frère. Et combien, de fait, l’indifférence des humbles aux notions de souverain légitime ou d’usurpateur paraissait plus plausible…, à la réflexion !

    Jorah dit la vérité et permet à Daenerys d’accepter ce qu’elle ressentait fortement en elle sans oser vraiment se l’avouer. Quasiment un maïeuticien, ce Jorah qui veut retourner chez lui. Dany aussi et pour elle « la maison » c’est Port-Réal mais un Port-Réal rempli de maisons à la porte rouge.

    Tout cela est lié à certaines hallucinations autour du dragon et des oeufs. Si j’osais un jeu de mot un peu facile, on voit bien qu’elle sera souvent « illuminée », Daenerys, avec ses visions grandiloquentes de sauveuse du monde

    Le chapitre a bien entendu le rejet de Viserys, l’union (renversée) avec Drogo. Daenerys s’émancipe, arrive à retourner la situation. Et à être enceinte, ce qui pourrait tout changer.

    ————————————–

    John Lon Bickel, même si je ne suis pas vraiment d’accord sur Napoléon (si la Russie était vraiment restée son allié au lieu de passer dans le camp adverse, je pense que ça aurait pu durer), j’aime bien l’analyse qui fait que Daenerys est « forcée » de gagner, ou de mourir (c’est le jeu des trônes mais au niveau des territoires) dans une sorte de fuite en avant.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 8 mois par R.Graymarch.

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    #133465
    Ser Aemon Belaerys
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    Merci Samyriana. Oui, Viserys montre là encore à quel point il est odieux et le lecteur n’a aucun désir de le voir devenir roi un jour. Pourtant, à chaque fois, on se surprend à avoir pitié de lui dans son humiliation (je pense toujours à ce que dit Gandalf à propos de Gollum : il ne faut pas le tuer parce que si on n’est pas capable d’octroyer à la vie à qui on veut, pourquoi s’autoriserait-on à dispenser la mort, ou quelque chose dans ce goût-là), qui est une mort sociale et une castration symbolique (Dany lui retire ce qu’il a entre les jambes, hein ).

    J’aime bien cette comparaison à Gollum, on peut imaginer le Trône de Fer comme son précieux, que l’idée de le retrouver rend fou,etc… Viserys est « l’ombre d’un serpent », tel Gollum qui n’est plus que l’ombre de ce qu’a été Smeagol.

    Ce n’est que le troisième chapitre de Daenerys et en Essos, et le roi « légitime » est déjà déchu à nos yeux, il est le fils fou d’un roi fou, et nous on légitime ainsi Robert Baratheon, mais en s’inquiétant de ce que Joffrey nous montre. La pression et le suspense montent d’un cran !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 7 mois par R.Graymarch.

    -"Comment veux-tu mourir, Tyrion, fils de Tywin ?"
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    #150733
    Worgen Stone
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    Vous avez noté les revenantes  blanches qui envahissent tout, brillent dans la nuit et mettront un jour fin à toute vie ? Je trouve le parallèle intéressant.

    « Si verte…, dit-elle. _ Pour le moment du moins, reprit-il. A l’époque de la floraison, elle aurait tout d’une mer de sang.(…) Et l’on prétend qu’aux contrées de l’Ombre, au-delà d’Asshai, se trouvent de véritables océans d’une variété nommée « revenante » qui, plus haute qu’un homme en selle et aussi blafarde que du lait caillé, tue toute autre plante, et qu’à la faveur des ténèbres font rougeoyer les âmes des damnés. Les Dothrakis sont convaincus qu’un jour elle recouvrira l’univers entier. Alors cessera toute vie. »

    #201606
    Frère du Khan
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    Cela me fait beaucoup rire quand je vois le nombre d’articles de presse ou de blog vantant le féminisme du Trône de Fer. Je sais qu’il faut remettre les choses dans son contexte, que l’on n’écrit plus tout à fait la Fantasy de la même manière maintenant que dans les années 90 et qu’avec toute la bonne foi que je suppose a Martin, il n’est pas vraiment l’auteur le plus au fait des questions sociétales. Allez, je suis même prêt à croire que le bonhomme était en avance sur son temps, et surtout sur un genre très genré masculin, ce que les premières couvertures (moches) du Pygmalion pré-série ne cesse de nous rappeler.

    Le couple que forme Daenerys avec Kahl Drogo atteint peut-être l’un des moments d’écriture les plus maladroits que j’ai lus chez un auteur professionnel. Elle est jeune et est vendue à un mari qu’elle ne connaît pas. Or la première nuit, qu’on a lue lors de son chapitre précédent, n’a pas été décrite de manière si dramatique. Le seigneur dothrak se montre intentionné et exerce quelques préliminaires, se montrant doux avec sa nouvelle compagne. Cependant, on comprend clairement que le modèle de société est très patriarcal, la dynamique de pouvoir faisant que la majorité des positions sont taboues et que l’épouse est objectifiée, comme instrumentalisée.

    Ce dernier point est important. Ce qui semble traumatiser Daenerys dans le roman, c’est moins l’acte que le fait d’avoir été vendue, de se retrouver objet sans avenir face à un barbare. Entendons-nous bien : c’est une douleur légitime, qui fait partie intégrante des émotions ressenties dans les cas de viols conjugaux. Le problème est que le récit se concentre plus de la différence culturelle et du dégoût qui en découle, et sur la tristesse que son mari ne soit pas de la même condition qu’elle, c’est-à-dire de sang royal.

    D’ailleurs malgré les tourments de l’adolescente, le récit garde un air martial. La plaine bientôt rouge prophétise plus la guerre à venir que le sang perdu. Et la discussion très stratégique entre Joras et Daenerys se concentre essentiellement sur l’impossibilité de retrouver Westeros pour Viserys, à cause de son incapacité à s’adapter à une nouvelle culture. Dans le Trône de Fer, le jeu politique sera toujours plus fort que les sentiments. C’est pour cette raison que le pauvre grand frère se verra de plus en plus humilié, ce qui chagrinera sa sœur… mais pas tant que ça.

    Car l’adolescente a une autre idée : prendre le pouvoir sur son mec en développant sa sexualité…

    Je…

    Bon, déjà, c’est un cliché récurrent chez pas mal d’auteurs masculins : je me souviens dans un roman de Bernard Werber où une Première Femme ouvre la conscience d’un individu en s’unissant « de face. » Ensuite, il y a un autre problème que la série a réparé, c’est le comment. C’est une ado, avec beaucoup moins de ressources qu’aujourd’hui où n’importe quel gamin peut se former horriblement mal sur le net. Le fait d’apprendre par une figure extérieure me semble plus logique, et accentue un principe de solidarité… avec ses limites, ce que comprendra rapidement Daenerys.

    On va voir comment le récit va poursuivre cette histoire. Je trouverai dommage – voire plus que douteux – que Drogo tombe éperdument amoureux de sa belle uniquement grâce à cette scène ou ce genre de pratique, mais ne prenons pas trop d’avance dans l’histoire ;

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 7 mois et 1 semaine par R.Graymarch.

    Ke-mo Sah-bee

    #201649
    Yfos
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    Le couple que forme Daenerys avec Kahl Drogo atteint peut-être l’un des moments d’écriture les plus maladroits que j’ai lus chez un auteur professionnel. Elle est jeune et est vendue à un mari qu’elle ne connaît pas. Or la première nuit, qu’on a lue lors de son chapitre précédent, n’a pas été décrite de manière si dramatique

    Même si on ne l’a pas suivi, Catelyn explique dans un de ses chapitres avoir vécu une situation s’en rapprochant. Promise à Brandon, elle se retrouve mariée à Ned qu’elle n’a jamais rencontré et doit « donner sa virginité à un inconnu ». Avant d’expliquer que l’amour est venu après. Et que donc tout va bien. 🤔

    Et la discussion très stratégique entre Joras et Daenerys se concentre essentiellement sur l’impossibilité de retrouver Westeros pour Viserys, à cause de son incapacité à s’adapter à une nouvelle culture. Dans le Trône de Fer, le jeu politique sera toujours plus fort que les sentiments. C’est pour cette raison que le pauvre grand frère se verra de plus en plus humilié, ce qui chagrinera sa sœur… mais pas tant que ça.

    Ce n’est pas simplement une histoire de pouvoir. Viserys, gentil durant son enfance avec sa petite soeur (de ce qu’explique Daenerys), se montre depuis quelques années agressif et violent,  indiquant que chaque manquement risque de « réveiller le dragon ». De mémoire, il aime la rabaisser: on peut en avoir une idée dans Daenerys I. Cela ne la prédispose pas à éprouver de l’empathie pour lui lorsqu’il est humilié.

    Pour la suite, c’est autre chose.

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