AGOT 35 – Catelyn VI

Forums Le Trône de Fer – la saga littéraire Au fil des pages AGOT 35 – Catelyn VI

  • Ce sujet contient 16 réponses, 10 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Emmalaure, le il y a 4 années et 5 mois.
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  • #137523
    Samyriana
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    AGOT 35 – Catelyn VI
    Au fil des pages – liste des sujets

    AGOT 34, Eddard VIII AGOT 36, Eddard IX

    Le château dans le ciel

    Le chapitre commence par l’arrivée de Catelyn dans le Val d’Arryn, après une traversée des Montagnes de la Lune qui lui coûte six hommes. Les chapitres précédents de Catelyn ont donné lieu à des débats sur sa froideur, on en retrouve un aspect :

    « Il lui semblait par moments que son cœur s’était pétrifié. Six braves avaient péri pour la mener jusqu’aux portes du Val d’Arryn, et elle ne trouvait pas même en son for la ressource de les pleurer. Jusqu’à leurs noms qui s’estompaient de sa mémoire. »

    On apprend de la bouche de ser Donnel Waynwood, qui accueille la petite troupe, que Lysa Arryn a interdit aux chevaliers du Val de quitter l’Est, au grand dam de ces derniers qui ne comprennent pas ses raisons. Catelyn se dit en son for intérieur que Lysa a peur des Lannister, et enchaîne en constatant que son Lannister captif n’a plus un statut si clair. Cela sera souligné une autre fois par son oncle.

    « À leur entrée dans les montagnes, il était bel et bien son captif, sans recours possible. À présent… ?  »

    Catelyn doute de sa culpabilité, et ses doutes montrent qu’elle sait se remettre en question. Elle se reproche déjà la mort des hommes qui l’ont accompagnée, si Tyrion se révèle innocent, ce qui vient contrebalancer la froideur que l’on pouvait ressentir en début de chapitre.

    Catelyn et sa troupe arrivent en vue de la Porte Sanglante, qui marque l’entrée dans le Val. La manière dont Catelyn décrit le Val et les Eyrié, tout au long de son chapitre, ressemble à la découverte d’un pays merveilleux tel qu’on pourrait le trouver dans un conte.

    L’entrée du Val est menaçante, à dessein. Ceux qui souhaitent pénétrer dans le Val doivent montrer patte blanche, et se plier à un rituel et à une mise en scène que l’on devine répétée depuis des siècles : s’engager dans un défilé bordé d’hommes en armes, qui montent la garde tels des fantômes (« des silhouettes silencieuses peuplaient chaque meurtrière du fort »), puis répondre à l’appel « qui demande à franchir la Porte Sanglante ? » lancé par le chevalier de la Porte. Cette phrase semble avoir une fonction de sésame, sans lequel il est impossible de pénétrer dans le Val. Cela m’a fait penser au conte d’Ali Baba et des quarante voleurs, dans lequel Ali Baba doit prononcer la formule « sésame ouvre-toi » devant une porte camouflée dans la roche. On devine que si la personne cachée derrière la visière change, la fonction de Chevalier de la Porte est, elle, immuable. D’ailleurs, Waynwood insiste pour mener le rituel à son terme, alors que l’actuel gardien de la Porte Sanglante, Brynden Tully, abandonne son formalisme lorsqu’il reconnaît sa nièce.

    Après avoir franchi la Porte, frontière physique et symbolique, Catelyn découvre devant elle le pays merveilleux, « un panorama d’azur, de verdure et de cimes enneigées ». La description qui est faite du Val est édifiante : de longues rivières s’y prélassent, formant des petits lacs miroitants, le pays est fertile, autant que le Bief. La montagne est « prodigieuse », le torrent qui coule sur son flanc est comparé à un fil d’argent… En cherchant à distinguer les Eyrié, Catelyn se souvient de la description qu’en fait Ned : « sept tours immaculées, enfoncées telles des dagues dans le ventre du ciel et si hautes que, depuis leur sommet, tu plonges sur les nuages ». Un pays de cocagne et un château de conte de fée, voilà l’image du Val tel qu’il se présente à Catelyn. Seulement, comme dans la plupart des contes, le désenchantement vient ensuite.

    Nous faisons connaissance avec Brynden Tully, dit le Silure, le poisson noir de la famille qui s’est exilé dans le Val à cause de ses relations très tendues avec son frère, lord Hoster Tully, le père de Catelyn. La bonne entente et l’affection entre Catelyn et Brynden sont immédiatement perceptibles, et Catelyn peut se confier à cœur ouvert à son oncle, comme elle le faisait dans son enfance. Leur discussion met immédiatement en lumière plusieurs choses :

    • Vivesaigues, siège de la maison Tully, est menacé. Cela, Catelyn le sait déjà, ça ne l’a pas empêchée de se saisir de Tyrion
    • Dans le Val, tout le monde est convaincu que la mort de Jon Arryn n’est pas accidentelle
    • L’héritier du Val est un « gosse souffreteux ». Cela, Catelyn l’ignore.

    Brynden entreprend ensuite de dessiller le regard que Catelyn porte sur sa sœur : Lysa est changée, elle n’est plus l’adolescente que Catelyn a connu. C’est un femme qui a souffert : son mariage n’a pas été heureux, elle a perdu des enfants. Elle n’est pas une femme « de tête ». Et, aujourd’hui, Lysa est dans son château telle Pénélope régnant à Ithaque en l’absence d’Ulysse : courtisée de toutes parts, faisant languir ses prétendants, préoccupée par le sort de son fils.

    Après une longue chevauchée, la petite troupe arrive aux Portes-de-la-Lune, siège de la maison Royce et première étape pour accéder aux Eyrié. Mais, comme dans un conte, les épreuves ne sont pas terminées pour nos héros. Pour arriver au château perché, il faut encore escalader le flanc de la montagne, et passer par trois forteresses aux noms évocateurs : Pierre, Neige et Ciel. Le chiffre trois, avec sa portée symbolique, n’est certainement pas choisi au hasard, et vient renforcer le côté merveilleux de ce cheminement jusqu’aux Eyrié.

    Alors que Catelyn pense pouvoir enfin se reposer, lord Royce lui apprend qu’elle doit immédiatement entamer l’ascension. Cette demande dénuée de prévenance peut déjà nous alerter sur le caractère de Lysa, qui ne semble guère se soucier de l’état de fatigue dans lequel se trouve sa sœur. Catelyn va donc se lancer à l’assut de la montagne avec Mya Stone pour guide, la fille bâtarde de Robert Baratheon dont il a déjà été fait mention dans les chapitres de Ned. Et Catelyn, rencontrant Mya, pense immédiatement à Jon Snow « avec un malaise d’autant plus pénible que le remords le disputait à l’antipathie ». Catelyn aurait-elle des scrupules a avoir, par son attitude, poussé Jon à finir sa vie dans le froid du Mur ? Mya lui parle assez rapidement de son amoureux Mychel, un fils de lord, avec une candeur qui lui rappelle Sansa. En effet, il n’y a que dans les chansons que le lord épouse la bâtarde (et à la cour targaryenne, une fois).

    Toute l’ascension de Catelyn poursuit cette impression d’être dans un conte, avec l’héroïne, accompagnée d’une comparse un peu fée (« Mya semblait véritablement nyctalope »), qui poursuit un chemin de plus en plus étroit et escarpé flanqué de forts de plus en plus petits. Finalement, c’est à l’aube que Catelyn atteint enfin le château dans le ciel.

    Il est maintenant temps de découvrir l’ultime dénouement : oui, ce pays merveilleux a bien sa méchante reine. Le malaise saisit Catelyn lorsqu’elle parcourt le château jusqu’à sa sœur :

    « Catelyn n’en fut que plus frappée par l’air étrangement désert des lieux et par l’écho qu’éveillaient leurs pas dans les salles blafardes et vides qu’ils traversèrent successivement ».

    En arrivant devant sa sœur, elle voit que celle-ci a changé, vieilli. Il ne reste rien de l’adolescente aux côtés de laquelle Catelyn s’est mariée. Et Lysa change d’attitude en une seconde, lorsque les témoins de leurs retrouvailles s’en vont :

    « Elle lui prit la main pendant qu’ils se retiraient… et la lâcha dès l’instant où la porte se fut refermée sur eux. Catelyn la vit changer d’expression. Aussi subitement qu’un lorsqu’un nuage voile la face du soleil. »

    Depuis le début de la saga, Lysa est évoquée à mi-mots. La description la plus complète est peut-être celle que fait Pycelle à Ned :

    « S’il est permis à un vieillard de parler crûment, laissez-moi vous dire que le chagrin peut déranger les têtes les plus solides et les mieux en ordre, toutes qualités dont lady Lysa n’a jamais pu se targuer. Depuis sa dernière fausse couche, elle voit des ennemis derrière chaque ombre, et la disparition de son mari l’a littéralement pulvérisée. »

    Dans cette scène où Lysa se retrouve seule avec Catelyn, on perçoit immédiatement l’ampleur du problème : Lysa semble oublier que c’est elle qui a initialement prévenu les Stark contre les Lannister. Elle refuse d’intervenir dans la guerre qui se prépare. Et ensuite arrive Robert Arryn, son fils, qu’elle traite comme s’il s’agissait d’un bambin, parlant à sa place, refusant qu’on parle de la situation politique et militaire devant lui alors qu’il doit succéder à son père comme lord, l’allaitant toujours. Robert a clairement un retard de développement physique et psychique, mais Lysa n’en semble pas consciente. Voila de quoi doucher immédiatement les espoirs que Catelyn plaçait en sa sœur.

    D’autres éléments viennent nos interpeller dans ce chapitre:

    • la proximité grandissante entre Bronn et Tyrion est soulignée à de nombreuses reprises par Catelyn, ce qui la met franchement mal à l’aise. Ils chuchotent, rient, semblent s’entendre comme larron en foire. Cela vient renforer l’impression selon laquelle Tyrion n’est plus un prisonnier stricto sensu.
    • Tyrion fait une nouvelle fois preuve de sa langue bien pendue: il passe le chapitre à faire le malin et à lancer des provocations à chaque fois qu’il ouvre la bouche. Est-ce bien ce qu’il fait, où est-ce le sentiment de Catelyn, probablement plus prompte à relever ses impertinences que ses autres interventions?
    • Quelles conséquences aura le refus de Lysa d’engager les troupes du Val dans la probable guerre qui s’annonce ? On devine que les forces du Val sont importantes, et que c’est de plus un pays plutôt riche et fertile. Le Conflans pourra-t-il faire face sans le Val?

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #137529
    Emmalaure
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 996

    Merci Samyriana pour cette présentation. Le château « dans le ciel » est même « au-delà du ciel » au sens propre, dans un autre monde, un peu comme un effet de miroir/inversion avec Winterfell ou le Donjon Rouge (et plus tard la grotte du vervoyant) qui ont leurs extensions dans les profondeurs de la terre. Dans ce chapitre encore, GRRM montre qu’il manie très bien un langage symbolique riche d’interprétations. Et justement, on a une première apparition de lady Coeurdepierre :

    Le chapitre commence par l’arrivée de Catelyn dans le Val d’Arryn, après une traversée des Montagnes de la Lune qui lui coûte six hommes. Les chapitres précédents de Catelyn ont donné lieu à des débats sur sa froideur, on en retrouve un aspect :

    « Il lui semblait par moments que son cœur s’était pétrifié. Six braves avaient péri pour la mener jusqu’aux portes du Val d’Arryn, et elle ne trouvait pas même en son for la ressource de les pleurer. Jusqu’à leurs noms qui s’estompaient de sa mémoire. »

    La vo dit :

    Sometimes she felt as though her heart had turned to stone.

    Ce que je relève par ailleurs, c’est la mention de la mort de « 6 braves hommes » pour elle, avec ce chiffre 6 qui est aussi celui des Autres du prologue et qu’on voit reparaître à divers occurrences (concernant Catelyn, on le reverra à la fin d’ASOS lorsque Lysa dira à Sansa que Cat avait « ensorcelé » Petyr Baelish en dansant 6 fois avec lui avant qu’il ne s’enivre – c’est la fois où Lysa profite de son ivresse pour coucher avec lui; six, c’est aussi le nombre connu de fils de Craster, que ses épousent lient explicitement aux Autres, à tort ou à raison, peu importe : une de ses femmes-filles a mis au monde 6 fils, Vère ayant accouché du 7e qui échappe).
    On n’a pas encore tout de suite le lien entre les barrals et Catelyn, et avec sa chevelure auburn, notre lady est encore du côté du « feu », mais la rencontre avec Lysa change cela : Lysa n’est chaleureuse que de façade avec sa soeur et quand elle donne le sein à son fils, c’est le rouge et le blanc qui sont mis en avant si bien que Lysa fait figure de barral desséché/pétrifié qui nourrit/empoisonne/étouffe son fils malingre. Un fils né très fragile et faible, mais dont Lysa essaye de se persuader qu’il est « fort » (« the seed is strong »). Peut-être que le lait qu’elle lui transmet le rend fort, au finale et qu’il serait mort avant sans cela (en tous les cas, il calme les crises du petit).

    J’interprète dans ces images une part du coeur de l’hiver et un des possibles « fantômes » qui hantent Winterfell, liés à son arbre-coeur : une ancienne reine mal mariée qui s’est accrochée à un enfant préféré et l’a peut-être perdu d’une manière ou d’une autre (imaginons au hasard qu’il était vervoyant).

    #137532
    Ser Aemon Belaerys
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 896

    Merci pour cette analyse, je vois ce chapitre comme une présentation du chateau des Eyrié et l’introduction de Lysa qui n’était que mentionnée jusque là (et aussi un peu Le Silure )

    Lysa est folle, mais la question que je me pose c’est est ce qu’elle est devenue à côté de la plaque à force d’être manipulée par Littlefinger ou est ce que Littlefinger la manipule parce qu’elle est faible ?

    Dans le Val, tout le monde est convaincu que la mort de Jon Arryn n’est pas accidentelle

    Pour moi, suite à ce décryptage sur le blog, mon avis personnel est que justement Lysa est le commanditaire de l’assassinat de Jon Arryn, elle ne ment donc pas en disant que ce n’est pas accidentelle. Par contre c’est incroyable à quel point elle est butée. C’est elle qui « avertit » Catelyn puis lui dit de pas s’en mêler, elle sait très bien que la mort de la Main du Roi va mettre du bazar mais reste cloitrée aux Eyrié .

    Concernant le Val et le château des Eryié, tu as très bien résumé la situation, une porte menaçante avec un véritable protocole d’entrée, une ascension en trois étapes, puis le placement d’un château placé en hauteur. J’ai vraiment eu l’impression que si une seule des places fortes des sept royaumes est imprenable, alors c’est bien celle-ci, car elle est déjà inatteignable, quand les autres sont « au sol ».

    Sur la présentation de Brynden Tully, j’ai senti un personnage très charismatique, un homme sans enfants qui donnera sa bienveillance à ses neveux et nièces. Après s’être fâché avec son frère Hoster il a voulu se rendre utile à Lysa, mais lui ne se cachera pas comme elle et ira au combat.

    Enfin, parallèlement à Lysa vient le petit Robert, qui n’a pas l’étoffe d’un futur Lord, non pas en raison de son âge mais de son éducation. Quand depuis le début de la saga on nous décrit des enfants que l’on prépare à être des adultes dans un monde difficile, que ce soit côté Stark, mais aussi côté Baratheon/Lannister (par exemple Joffrey et Tommen sont entrainés au combat) et du côté Targaryen où l’enfance de Daenerys n’a pas toujours été simple.

    Finalement, on aurait pu s’attendre à ce que le Val, terres de la Main du Roi assassiné, et sous régence de la sœur d’un personnage PoV Stark, soit un allié naturel pour le clan Stark/Tully. Le lecteur sera comme Catelyn surpris.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 6 mois par R.Graymarch.

    -"Comment veux-tu mourir, Tyrion, fils de Tywin ?"
    - "Dans mon lit, à l’âge de 80 ans, le ventre plein de vin et ma queue dans la bouche d’une pute. "

    #137534
    R.Graymarch
    • Barral
    • Posts : 10373

    Un chapitre qui donne le vertige. D’abord au sens propre ! Toute la montée vers les Eyrié est magnifiquement décrite, on s’y croirait. C’est de plus en plus escarpé. En plus c’est fait de nuit… L’autre vertige c’est bien entendu la désillusion quand Catelyn voit sa soeur qui n’est plus vraiment une alliée.

    Mais revenons au début. Par une ellipse bien menée, l’auteur nous amène à la Porte sanglante tout en résumant ce qui est arrivé au groupe. J’avais complètement oublié qu’il se faisait harceler par les clans des Montagnes après l’attaque puis que tant d’hommes à eux étaient morts. J’avais zappé aussi que Tyrion était de plus en plus indépendant vis à vis de ses chaînes (il s’est servi sur les morts pour s’équiper..) et de plus en plus proche de Bronn (qui garde sa place dans le récit, bien joué George).

    Brynden, quand on le connait, on l’aime déjà (quand on le découvre, je ne sais pas trop… Cat en pense du bien, mais après tout elle pense pareil de Littlefinger). Il l’écoute, la ménage, ne lui ment pas sans pour autant tout lui dire. On apprend que c’est une personne qui a son tempérament puisqu’il s’est engueulé avec son lord de frère et qu’il en a fait littéralement son étendard. Sacré bonhomme. On arrive jusqu’à la maison Royce (assez impressionnante aussi) puis Catelyn est convoquée par sa soeur à venir immédiatement. Première alerte (deuxième si on a bien écouté Brynden). Quelle est l’urgence à faire voyager de nuit sur un parcours ultra dangereux une personne qui vient de faire un long périple ? Y a clairement quelque chose qui cloche… Le chemin passe par trois châteaux (dont deux noms de bâtardise).

    Heureusement, pour aider Cat, il y a Mya Stone. Le lecteur doit être super attentif pour repérer que c’est la bâtarde de Robert évoquée précédemment. Comme pour le Silure, Nestor Royce, l’auteur dépeint rapidement et avec efficacité le portrait de Mya Stone. Elle est vive, svelte, masculine dans ses vêtements et sa coupe de cheveux… bref, l’opposée d’une lady ou même d’une femme passive. J’aime beaucoup Mya Stone, ce qui n’est pas le cas de Catelyn car c’est une bâtarde-qui-lui-fait-penser-à-Jon. Catelyn retombe dans ses travers de classe, même si au moins elle s’en rend compte. Et puis, Cat trouve des liens avec Sansa dans le fait que Mya se fait un peu des films sur son Mychel qui va l’épouser (et de fait, dans AFFC, il épouse Ysilla Royce). Elle a aussi un peu d’affection sur la jeunesse de Mya (quand elles parlent du chemin qui est parfois plus glacé que cela). Et se rend compte qu’elle même a bien changé.

    Winter is coming, child, she wanted to tell her. The words were on her lips; she almost said them. Perhaps she was becoming a Stark at last.

    Le voyage se passe en trois étapes de plus en plus dures. A part que cela soit fait de nuit (ça parait un peu fou quand même…), ça parait bien réaliste d’utiliser des mules au pied sûr (Napoléon qui traverse les Alpes sur un cheval qui se cabre c’est juste pour le tableau… en vrai, il a pris des mules, c’est beaucoup moins dangereux). J’ai bien aimé le détail aussi sur les torches qui aveuglent plus qu’elles n’éclairent. Elle danse, la Mya, (c’est pas ma faute, c’est Libé, mais regardez Fish Tank c’est bien) sur des chemins glacés et étroits. Le passage où Catelyn doit s’avancer sur une sorte de via ferrata nocturne, paralysée par le vertige et bloquée à l’arrière par une mule est saisissant. C’est Mya qui rebrousse le chemin et la guide en la rassurant. Tout cela est fort éprouvant (Cat se rue sur la bouffe qu’on lui propose en s’étonnant d’avoir si faim) et Cat renonce à la dernière épreuve en montant dans le panier à navets plutôt qu’à pieds… en se disant qu’elle a du bon sens alors que les Lannister ont leur fierté. Et elle arrive à l’aube.

    Là, après un accueil de circonstance (coucou Vardis Ergen^^), Cat a l’esprit très acéré : elle vanne sur l’heure de lever de sa soeur, trouve que le mestre est « with too little hair and too much neck « . Puis, seule avec sa soeur, elle se fait engueuler et ne comprend pas.La formulation est très efficace

    She held Catelyn’s hand as they withdrew…

    … and dropped it the instant the door closed.

    Sa soeur est hyper borderline et son neveu ce n’est pas mieux… Elle ne l’a pas vu depuis 5 ans mais elle trouve qu’il est peu éveillé par rapport à Rickon

    She remembered her own baby, three-year-old Rickon, half the age of this boy and five times as fierce

    Je sais que certains échafaudent des trucs sur le fait que Rickon Robert se souvient d’elle alors qu’il avait 1 an (rapport à son trône en barral, tout ça), moi j’y vois juste un enfant qui veut faire plaisir et dire ce qu’on attend de lui tout en paraissant plus grand qu’il n’est. Le summum du malaise quand Lysa sort un sein pour nourrir son fils. Catelyn se dit que si elle pensait que sa soeur était une partie de la solution du problème, cela pourrait être une complication de plus. Et en plus, Robert Arryn veut voir les méchants « voler »…

    La vo dit : Sometimes she felt as though her heart had turned to stone.

    J’avais noté également 🙂

    quand elle donne le sein à son fils, c’est le rouge et le blanc qui sont mis en avant si bien que Lysa fait figure de barral desséché/pétrifié qui nourrit/empoisonne/étouffe son fils malingre.

    Rappelons toutefois que Lysa est corpulente (la série télévisé a tort^^). De sa beauté passée, il ne reste plus que les cheveux auburn.

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 6 mois par R.Graymarch. Raison: bien vu, Emmalaure, c'est Robert, pas Rickon

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    MJ par intérim de Les Prétendants d'Harrenhal (2024-), rejoignez-nous
    DOH : #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #137536
    Eridan
    • Vervoyant
    • Posts : 6367

    Lysa est folle, mais la question que je me pose c’est est ce qu’elle est devenue à côté de la plaque à force d’être manipulée par Littlefinger ou est ce que Littlefinger la manipule parce qu’elle est faible ?

    Ce qui a brisé Lysa, c’est l’ensemble de sa vie : son amour impossible pour un parvenu qui lui préfère sa sœur, les gens en qui elle avait confiance qui l’obligent à avorter, son mariage arrangé avec un homme qui ne l’aime pas et qu’elle n’aime pas, ses cinq grossesses malheureuses … Baelish n’a pas une influence directe sur l’ensemble de ses événements traumatisants pour Lysa, mais il saura les mettre à profit pour s’élever.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 6 mois par R.Graymarch.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #137537
    Emmalaure
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 996

    Rappelons toutefois que Lysa est corpulente (la série télévisé a tort^^). De sa beauté passée, il ne reste plus que les cheveux auburn.

    Oui, c’est juste : les barrals aussi ne font que grossir. Même ceux tournés en pierre (desséchés, donc) ne maigrissent pas ^^. Il y a un drôle de figure d’ogre/ogresse inversée là-dedans, en fait : dans ACOK, au-delà du Mur, on croise un barral gigantesque avec une énorme bouche dans laquelle se trouvent encore des ossements, et aux Eyrie, on trouve une Lysa barralisée qui est « dévorée »/nourricière pour un paquet de monde, depuis tous ses prétendants jusqu’à son fils.

    Les Eyrie – nid d’aigle – portent vraiment bien leur nom. Et puisqu’on était dans les métaphores évocatrices, il y a aussi les sept tours comme des « dagues blanches pointées vers le ventre du ciel » (vo « Seven towers, Ned had told her, like white daggers thrust into the belly of the sky ») et Catelyn qui arrive à l’aube : avec ces dagues multipliées qui se dressent sur la route de Catelyn, ce n’est pas l’aube des lendemains meilleurs (et les 7 dagues malgré leur couleur blanche ne sont pas « Illumination » !) mais au contraire une aube funeste qui va se lever pour les Stark, avec cette image de la dague qui menace le ventre d’une mère. Dans le chapitre immédiatement précédent, il y avait une menace très explicite contre Daenerys enceinte, et dans le chapitre qui suit, on verra Daenerys arriver à Vaes Dothrak, au pied de la « Mère des Montagnes ».

    Je sais que certains échafaudent des trucs sur le fait que Rickon se souvient d’elle alors qu’il avait 1 an (rapport à son trône en barral, tout ça), moi j’y vois juste un enfant qui veut faire plaisir et dire ce qu’on attend de lui tout en paraissant plus grand qu’il n’est.

    Je pense que tu voulais dire Robert et pas Rickon. Mais je partage ton avis là-dessus : GRRM est très doué pour truffer son texte de double sens, mais ici, je n’arrive pas à voir autre chose que cela, et pourtant c’est pas faute d’essayer

    #137630
    Mélusine
    • Pas Trouillard
    • Posts : 536

    J’ai été surprise que Mya Stone ne connaisse pas le nom de son père. Eddard disait qu’il allait voir la fillette même quand la mère ne l’intéressait plus.

    J’ai l’impression que les bâtards de Robert ne connaissent jamais le nom de leur père, hormis Edric Storm mais là c’était avec une dame de haut rang, la coucherie a été sue et reconnue.

    Catelyn retombe dans ses travers de classe, même si au moins elle s’en rend compte

    j’aime assez ces 2 passages :

    Il y  des gens qui trouvent l’ascension  plus facile les yeux fermés, dit Mya au moment d’aborder la noirceur des bois. Quand la peur les prends, ou le vertige, ils se cramponnent  trop fort aux bêtes, et elles n’aiment pas ça.

    -Je suis née Tully, et j’ai épousé un Stark, riposta Catelyn. Il en faut beaucoup pour m’effaroucher.

     

    Elle recula son pied pour le plus timide des pas, mais le mulet la talonnait, qui lui coupait toute retraite. Je vais mourir ici,se dit-elle, pleinement consciente des sueurs froides qui lui  suintaient tout le long du dos.

    « Madame… ? » appela Mya de l’autre bord. Sa voix semblait à des milliersde lieues. « Ça va ? »

    Catelyn Tully Stark ravala ce qui lui restait d’orgueil.  » Je… Je ne peux pas, petite…, pas ça! cria-t-elle.

    Je trouve que les dernières années n’ont pas épargnés les gens de Westeros que ce soit Robert ou Lysa, on a l’impression qu’il ont pris un coup de vieux ou plutôt de l’embonpoint durant les 5 dernières années.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 5 mois par Mélusine.
    #137632
    Eridan
    • Vervoyant
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    J’ai été surprise que Mya Stone ne connaisse pas le nom de son père. Eddard disait qu’il allait voir la fillette même quand la mère ne l’intéressait plus.

    Il le faisait tant qu’il était dans le Val, mais quelques années après la naissance de Mya, la rébellion éclate et Robert connaît un destin qui l’éloigne définitivement de sa fille bâtarde. C’est un peu comme le cas Edric Storm : Robert est sympa avec lui … surtout parce que Varys pense à lui envoyer des petits cadeaux de temps en temps et les réactions émerveillées du gosse amuse son paternel, mais le reste du temps, Robert n’a aucune pensée pour ses bâtards. (cf la petite Barra, complètement délaissée dans son bordel, ou Gendry abandonné aux bons soins de Varys …)

    Cersei l’évoque dans le quatrième chapitre de Sansa d’ACOK :

    Un demi-sourire effleura les traits de Cersei. « Le fils légitime de Robert et son héritier. Encore que Joffrey se mît à pleurer pour peu que Robert le prît dans ses bras. Sa Majesté n’aimait pas cela. Ses bâtards lui avaient toujours gargouillé des risettes et sucé le doigt, lorsqu’il le fourrait dans leurs petits becs vils. Robert voulait des sourires et des ovations, toujours. Aussi courait-il où il en trouvait, chez ses amis et chez ses putes. Robert voulait être aimé. Tyrion, mon frère, est atteint du même mal. Veux-tu être aimée, Sansa ?

    Pour ce qui est de l’ignorance de Mya, j’imagine que c’est un peu comme tous les « secrets de famille » : il est des choses que tout le monde sait parce que « ça se sait, c’est connu » mais comme c’est honteux, on n’en parle pas, et les jeunes générations subissent le secret sans pouvoir le comprendre. Mya ne demande pas (par fierté ? parce qu’elle ne vaut pas savoir ?) et les autres évitent d’en parler devant elle. Il est aussi possible que Mya se cache la vérité ou fasse semblant de ne pas savoir, juste parce qu’elle a été déçue par cet homme, ce fantôme de père, et que son évocation lui est devenu pénible avec le temps.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #137633
    Yfos
    • Terreur des Spectres
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    Un bref passage, déconnecté du reste m’étonne. Lorsque Catelyn parle, à propos des Lannister, d’arrogance, goût du lucre et passion du pouvoir, Tyrion réplique que son frère est arrogant, que son père est le goût du lucre incarné et que Cersei respire par tous les pores de sa conscience la passion du pouvoir.

    Pour Jaime, d’accord, pour Cersei, à ce stade, je ne l’avais pas encore vraiment remarqué. Par contre, il me semble que Tywin est plus intéressé par le pouvoir que par l’argent. Il est déjà très riche, il ne cherche pas à s’enrichir plus encore et utiliserait plutôt sa fortune pour acquérir le pouvoir.

     

    Je remarque aussi que Brynden refuse d’accepter la décision du roi Robert de nommer Jaime gouverneur de l’Est puisque, lorsqu’il autorise Catelyn et ceux qui l’accompagnent à entrer, il présente Robert Arryn comme « Véritable Gouverneur de l’Est ». Je comprends qu’il n’apprécie pas la situation, mais s’y opposer ouvertement n’est pas très sage.

    #137634
    Eridan
    • Vervoyant
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    Tiens, un autre petit élément sur Mya. Cersei parle de Jon Snow dans AFFC, je vous remets tout le passage, il est important.

    – Je l’ai entr’aperçu jadis à Winterfell, dit la reine, malgré tout le mal que se donnaient les Stark pour le cacher. Il ressemble énormément à son père. » C’était aussi le cas des malencontreux coups de queue de son propre mari, mais du moins Robert avait-il la bonne grâce de les maintenir hors de vue. Un jour, après cette navrante affaire de la chatte, il l’avait plus ou moins prévenue qu’il se proposait d’introduire à la Cour va savoir laquelle de ses filles de la main gauche. « Agis à ta guise, l’avait-elle prévenu, mais tu risques de finir par t’apercevoir que l’air de Port-Réal n’est pas des plus salubres pour de la graine d’adolescente. » Ces mots lui avaient valu une ecchymose que Jaime pouvait difficilement ignorer, mais il n’avait plus jamais été question du projet. Si Catelyn Tully n’avait pas été une mauviette, elle aurait étouffé ce Jon Snow dans son berceau. Elle m’a laissé ce sale boulot.

    En vrai, Catelyn est teeeeellement gentille avec Jon !

    Pour Jaime, d’accord, pour Cersei, à ce stade, je ne l’avais pas encore vraiment remarqué. Par contre, il me semble que Tywin est plus intéressé par le pouvoir que par l’argent. Il est déjà très riche, il ne cherche pas à s’enrichir plus encore et utiliserait plutôt sa fortune pour acquérir le pouvoir.

    En vo, Tyrion lui reproche d’être « My father is the soul of avarice » … ce qui n’est pas vraiment la même chose, effectivement.

    Je remarque aussi que Brynden refuse d’accepter la décision du roi Robert de nommer Jaime gouverneur de l’Est puisque, lorsqu’il autorise Catelyn et ceux qui l’accompagnent à entrer, il présente Robert Arryn comme « Véritable Gouverneur de l’Est ». Je comprends qu’il n’apprécie pas la situation, mais s’y opposer ouvertement n’est pas très sage.

    La décision ne vient pas de Brynden, mais de Lysa comme il l’explique à Catelyn : « Et Lysa a beau nous ordonner d’appeler son fils Véritable Gouverneur de l’Est, nul n’est dupe. »

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #137642
    darkdoudou
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    Merci Samyrania pour cette belle présentation du sujet, et merci pour les commentaires!

    Dans ce chapitre j’ai remarqué comme un « passage de relais » des personnages secondaires qui entourent les personnages principaux. Jyck qui était bon bretteur et valet de Tyrion, mais mort durant les combats contre les clans, est en cours de remplacement par Bronn, excellent épéiste et épée-louée avec beaucoup plus d’envergure. De même Rodrick dans ce chapitre s’arrête à la porte, trop las de sa blessure, et exactement au même moment apparaît Brynden Silure, lui aussi une version améliorée du maître d’armes de Winterfell.

    Dans le Val, tout le monde est convaincu que la mort de Jon Arryn n’est pas accidentelle

    « tout le monde » me semble un peu exagéré par rapport à ce qu’en dit Brynden :

    Au surplus, ta sœur n’est pas seule à s’interroger sur la disparition subite de la Main. On n’ose pas dire, ouvertement du moins, que Jon est mort assassiné, mais l’ombre du soupçon ne cesse de s’étendre.

    Il ne me semble pas qu’on trouve ailleurs dans la saga d’évocations de soupçons dans le Val concernant Jon Arryn. J’ai cherché dans les chapitres de Sansa, je n’ai rien trouvé, ce qui est assez logique car ce n’est pas devant elle qu’on parlerait ouvertement de ce sujet.

    #137661
    Samyriana
    • Pas Trouillard
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    Samyriana wrote: Dans le Val, tout le monde est convaincu que la mort de Jon Arryn n’est pas accidentelle « tout le monde » me semble un peu exagéré par rapport à ce qu’en dit Brynden : Au surplus, ta sœur n’est pas seule à s’interroger sur la disparition subite de la Main. On n’ose pas dire, ouvertement du moins, que Jon est mort assassiné, mais l’ombre du soupçon ne cesse de s’étendre. Il ne me semble pas qu’on trouve ailleurs dans la saga d’évocations de soupçons dans le Val concernant Jon Arryn. J’ai cherché dans les chapitres de Sansa, je n’ai rien trouvé, ce qui est assez logique car ce n’est pas devant elle qu’on parlerait ouvertement de ce sujet.

    En effet, dire « tout le monde » est aller un peu vite en besogne, j’aurais plutôt dû dire « aux Eyrié » puisque Lysa affirme ensuite haut et fort que Tyrion a tué Jon Arryn, et que personne, évidemment, ne la contredit. Mais vu le caractère de Lysa, il est possible que certains seigneurs ne croient pas au meurtre mais n’osent pas lui dire.

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #137680
    Obsidienne
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    Tiens, un autre petit élément sur Mya. Cersei parle de Jon Snow dans AFFC, je vous remets tout le passage, il est important.

     »  Si Catelyn Tully n’avait pas été une mauviette, elle aurait étouffé ce Jon Snow dans son berceau. Elle m’a laissé ce sale boulot. « 

    J’avoue ne pas voir à quel infanticide Cersei fait référence…

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
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    #137681
    R.Graymarch
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    Ce n’est pas un infanticide pour Cersei : dans AFFC elle manoeuvre pour faire assassiner Jon Snow. Pour elle, si Catelyn avait « fait son boulot » dès la naissance de celui-ci, elle n’aurait pas eu à se préoccuper de ça

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #137710
    Ysilla
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    Après avoir franchi la Porte, frontière physique et symbolique, Catelyn découvre devant elle le pays merveilleux, « un panorama d’azur, de verdure et de cimes enneigées ».

    Merci Samyriana pour ta présentation et analyse : ce chapitre est l’un des rares d’AGOT que je n’ai pas lu et relu. Tu me rappelles que le Val offre des paysages riants dont je n’avais pas conservé le souvenir. Pour un peu, on se croirait au pays de Heïdi. Si on ajoute que Lysa revendique la neutralité d’un Val « alpin », verdoyant et fertile, défendu par de farouches guerriers, on croirait bien voir la Suisse. 😅

    Le château « dans le ciel » est même « au-delà du ciel » au sens propre, dans un autre monde, un peu comme un effet de miroir/inversion avec Winterfell ou le Donjon Rouge (et plus tard la grotte du vervoyant) qui ont leurs extensions dans les profondeurs de la terre.

    Bien vu, Emmalaure ! Ça m’avait complètement échappé au temps de ma première lointaine lecture.

    J’ai vraiment eu l’impression que si une seule des places fortes des sept royaumes est imprenable, alors c’est bien celle-ci, car elle est déjà inatteignable, quand les autres sont « au sol ».

    En tout cas, Lysa en est persuadée et il faut reconnaître que l’intrigue telle qui nous la connaissons jusqu’à présent lui a donné raison, mais plus par absence d’attaque que par mise à l’épreuve de sa prétendue inexpugnabilité lors d’un siège. L’histoire des Sept Couronnes a en fait déjà montré qu’il suffit d’un dragon et sans approvisionnement, les Eyrié peuvent vite devenir un piège mortel ; d’ailleurs la première impression que m’a fait ce château de marbre blanc, c’est qu’il s’agit d’un tombeau, livré au froid et à la glace (alors quand l’hiver vient, je ne vous explique pas).

    J’ai bien aimé aussi la façon qu’a GRRM de semer ça et là ses petits cailloux qu’on ne remarque qu’à la lecture ou la relecture attentive : je ne reviens pas sur le cœur pétrifié de Catelyn qu’a évoqué Emmalaure et les forts Pierre et Neige – qui bien sûr font penser aux strates successives des paysages d’une montagne pour finir par le Ciel – mais qui aussi, comme l’a noté Gray, sont les étapes d’une Catelyn qu’accompagne une Stone et dans ses pensées un Snow.

    Je voudrais plutôt relever l’histoire des frères fâchés Hoster/ Brynden Tullly qui préfigure dans le chapitre et dans le passé les bientôt « soeurs fâchées » Catelyn et Lysa. Sans oublier aussi que ces soeurs fâchées-là redoublent le couple antagoniste Sansa et Arya (sang de Tully ne saurait mentir !😉). Ce thème des couples fraternels en opposition de toutes les manières possibles court dans toute la saga bien au-delà des Tully.

    Toujours pour rester en compagnie de la famille Tully, j’ai remarqué le thème de ce que j’appellerai la « flasquitude » de la famille. On se souvient, que ce soit avéré ou pas, du poisson flasque d’Edmure. On retrouve dans la description de Lysa la chair blafarde – bien raccord avec le marbre des Eyrié – et molle, comme la manifestation physique de l’inconsistance de caractère qu’on retrouve chez Edmure et Lysa. le tout concentré en fin de race dans la frêle personne du petit Robert Arryn.

    Vous me direz qu’il y a des exceptions : le Silure qui précisément n’est pas blafard mais noir et Catelyn donc ! Mais je dirais qu’elle est devenue Stark donc rude mais pas jusqu’au bout quand on la retrouve en Lady Coeur de Pierre, repêchée dans les eaux de la Ruffurque tel un poisson mort à la chair blanchâtre et flasque.

    Edit : mais cela vaut seulement pour le physique, pas pour le caractère bien trempé de Catelyn, bien sûr.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 5 mois par Ysilla.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 5 mois par Ysilla.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

    #137999
    Yfos
    • Terreur des Spectres
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    Yfos wrote: Pour Jaime, d’accord, pour Cersei, à ce stade, je ne l’avais pas encore vraiment remarqué. Par contre, il me semble que Tywin est plus intéressé par le pouvoir que par l’argent. Il est déjà très riche, il ne cherche pas à s’enrichir plus encore et utiliserait plutôt sa fortune pour acquérir le pouvoir. En vo, Tyrion lui reproche d’être « My father is the soul of avarice » … ce qui n’est pas vraiment la même chose, effectivement.

    Je ne trouve pas non plus Tywin avare. Les Lannister prêtent à la Couronne et, vu les circonstances, une partie de cette dette risque d’être effacée.

    La décision ne vient pas de Brynden, mais de Lysa comme il l’explique à Catelyn : « Et Lysa a beau nous ordonner d’appeler son fils Véritable Gouverneur de l’Est, nul n’est dupe. »

    Je ne l’avais pas noté. Par contre, le dire aux Eyrié, pourquoi pas mais à la Porte Sanglante… C’est imprudent de s’opposer aussi ouvertement à une décision du Roi.

    Je remarque que Catelyn se  débrouille plutôt bien: Mya Stone la prévient que certains s’agrippent à leur mulet. Tant qu’elle en chevauche un, elle n’éprouve aucune peur.

    Brynden, lui, en fonction des moments, la considère toujours comme une enfant lorsqu’il l’appelle « enfant », « petite » tout en reconnaissant qu’elle n’est pas Lysa, incapable de gouverner.

    En ce qui le concerne, avec son caractère, je suis étonnée qu’il soit resté aussi longtemps chevalier de la Porte Sanglante. Les fonctions actuelles ont l’air de pur formalisme: laisser rentrer (ou non) ceux qui arrivent dans le Val d’Arryn par la Grand Route. On apprend par Ser Donnel Waynwood que la route est beaucoup moins sûre depuis la mort de Jon Arryn et que Lysa refuse d’envoyer des hommes à la poursuite des clans. Brynden le faisait peut-être avant. Si ce n’est pas le cas, il a dû s’ennuyer pendant 14 ans. Il était entré au service de Jon Arryn et lui devait obéissance et, de plus, la fonction est honorifique mais je ne suis pas sûre que Brynden se laisse arrêter par ces considérations.

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 5 mois par Yfos.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 5 mois par R.Graymarch.
    #138012
    Emmalaure
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    Eridan wrote:

    Yfos wrote: Pour Jaime, d’accord, pour Cersei, à ce stade, je ne l’avais pas encore vraiment remarqué. Par contre, il me semble que Tywin est plus intéressé par le pouvoir que par l’argent. Il est déjà très riche, il ne cherche pas à s’enrichir plus encore et utiliserait plutôt sa fortune pour acquérir le pouvoir. En vo, Tyrion lui reproche d’être « My father is the soul of avarice » … ce qui n’est pas vraiment la même chose, effectivement.

    Je ne trouve pas non plus Tywin avare. Les Lannister prêtent à la Couronne et, vu les circonstances, une partie de cette dette risque d’être effacée.

    Je pense que la confusion vient du mot « avarice » dont on a réduit communément un peu le sens. L’avaricieux ce n’est pas seulement celui qui compte ses sous et ne veut pas les lâcher, mais c’est aussi celui qui désire toujours plus de ce qui brille (l’or dans un sens concret, et dans un sens figuré les ors de la gloire ça marche aussi). « Avide » conviendrait très bien en l’occurrence, d’autant que le c’est un trait qu’on retrouve pour d’autres personnages qui littérairement parlant partagent des points communs avec Tywin, et qui sont métaphorisés en chèvres/boucs : Varshé Hèvre est un affamé d’or et de gloire qui réagit au mot « saphir », par exemple, et porte en collier une collection de pièces de monnaies de multiples endroits; Craster, lui, est le patriarche autoritaire et abominable qui trône sur une colline de boue (assimilée par les hommes de la GDN à « la merde à Craster ») et fait peser tout le poids de son autorité sur les siens, dont les « cadeaux » attendent un paiement en retour (hospitalité chiche vs hache neuve et arbalète) et n’hésite pas à sacrifier ses fils. Castral Roc – nous apprend Tyrion – est une forteresse dont les canalisations nécessitent un nettoyage constant car elles sont encombrées de boue et d’ordures; et lors de ses funérailles dans AFFC, Tywin ne sent pas la rose : sous les ors Lannister, on trouve la même merdasse que chez Craster, au fond. Il y a un autre personnage qui entre dans cette catégorie, c’est Littlefinger, avec sa petite barbiche et son petit château envahi de moutons et de leurs crottes.
    La liste n’est pas exhaustive, bien sûr, mais ce sont les trois premiers persos qui me sont venus à l’esprit, par rapport à leur caractère « greedy » (affamé/avide), qui en anglais est un synonyme de « avaricious ». D’ailleurs, là, tout de suite, je me demande si GRRM n’a pas fait un jeu de mot avec « Varys »/ »avarice », vu que Varys aussi entre pas un certain nombre de traits dans la catégorie des personnages avides et gourmands.

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