[PMB2] Tour 3

Caracole avait mit des heures et des heures à récurer l’instrument. Le ukulélé était salement abîmé, l’hémoglobine s’était imprégnée dans le bois à jamais. C’est ça, de ne pas vernir ses instruments assez bien, n’est-ce pas ? Le troubadour observa Espérance un instant, puis le ukulélé. L’instrument miniature faisait office d’enfant pour sa compagne, c’en était cocasse. Mais son luth était de bien meilleure facture, pour sûr. Abandonnant le travail inachevé, Caracole s’enfonça dans sa chaise et se renfrogna. Ainsi, le lieutenant Tyrell s’en était allé. Ses compagnons étaient tombés dans un piège, c’était obligé. On ne meurt pas d’un coup de ukulélé ! Caracole était encore amer, la leçon semblait cuisante. Il se mordit la langue pour retenir tout excès d’amour-propre, puis fourra le minuscule instrument dans sa besace et installa le luth dans son dos, là où il avait toujours été. Alentours, la taverne vivait au rythme excédé des visiteurs et des habitants des docks. Soudain, Caracole se sentit las. Terriblement las. Il déposa les quelques piécettes afin de rembourser le tenancier, avala la dernière bouchée de pain qu’il lui restait à finir, et se dirigea vers les écuries.

A l’extérieur, Caracole se dirigea silencieusement vers les boxes qui accueillaient les chevaux des clients. A ceux qui l’interpelaient, il souriait, offrait quelques répliques taquines, sans grande verve pourtant. L’envie n’était plus là. Payant le commis, il attendit qu’on lui fasse sceller sa monture. La jument s’était bien reposé et avait repris du poil de la bête. Ses côtes n’étaient plus si visibles que ça et elle trotta en direction du ménestrel avec ardeur.

« Non, non, je n’ai pas de pomme pour toi, ma belle. Nous en trouverons en chemin, j’y compte bien », la rassura-t-il en lui flattant l’encolure.

Se hissant sur le canasson, Caracole se dirigea vers les quais. Il souhaitait observer la mer une dernière fois. Peut-être cela lui inspirerait quelques lais… Près des longs pontons de bois, les voiles des navires amarrés faisaient office d’une forêt de mât aux feuilles blanches gigantesques qui allaient titiller les nuages. Une multitude d’oiseaux, de mouettes, de fous et de goélands, battaient la mesure de la vie qui les animait et piaillaient au-dessus des multiples têtes humaines qui s’affairaient. Au sein des frégates et des navires marchands, une multitude d’hommes et de femmes s’activaient en aller-retour afin de décharger les cargaisons ou d’en faire grimper de nouvelles à bord. Tirer des caisses, tu parles d’un cadeau ! Finir à fond de cale sur un rafiot pour une bouchée de pain, sans la reconnaissance qui leur était dû. Décidément, ces matelots étaient bien braves. Stupides, certes. Mais braves !

Caracole huma profondément l’air iodé qui soufflait depuis la côte jusque dans les venelles de la ville. Il gonfla les poumons, comme pour en exploser, puis expira à fond. Voilà pourquoi il n’aimait pas Port-Réal. Chaque fois qu’il s’y rendait, on n’y retrouvait que mort et désolation. Caracole était bon pour défendre quelqu’un, il avait la verve dur et le soleil dans ses chansons. Il savait être le porte-parole, le héraut, l’amuseur, celui qui attrapait les foules et les emportait avec lui tel un charmeur de rats. Mais aujourd’hui, il n’en avait plus tellement l’envie. Fatigué des intrigues, le barde désirait la paix. Il retournerait à Hautjardin, où les filles sont douces et faussement farouches, ferait son rapport à Olenna et lui offrirait le ukulélé pour qu’elle sache ce qu’il en coûtait de se lancer dans la sarabande des Dames. Il soupira et tourna bride.

C’est sur les murailles qui dominaient le port qu’il l’aperçut. FeyGirl était là, ses compagnons à ses côtés. Se riait-elle de lui ? Caracole vit rouge un instant, avant que son cœur ne fonde et que son visage ne s’empourpre. Chacun sa mie, il est des amours qui paraissent impossibles. S’était-il fait manipuler en vaines promesses ? D’en haut, la silhouette de son amour observait. Observait la ville ? L’horizon ? Lui, sur sa jument décharnée ? Le petit bariolé gronda silencieusement et détourna le regard. Hors de question. Le Donjon Rouge avait gagné. Elle pourrait avoir son corps, sa voix, ses yeux. Mais pas son cœur.  Désormais, il le laisserait tapis au fond de lui. Des éclats de voix interpelèrent le bigarré, et c’est en tournant la tête vers l’auberge qu’il découvrit quelques Stark qui s’esclaffaient. Etait-ce Fitz, qu’il avait aperçu parmi les défenseurs de Sansa ? Fitz, son petit catalyseur, son camarade de boissons et de pourparlers. Caracole fit la moue. Fitz était comme tous les autres. Il n’était pas un Tyrell et il l’avait trahi. Caracole l’avait bien cherché ces dernières heures, mais le bâtard devait être bien trop occupé à quelques manigances. Peut-être de concert avec le Conseil Restreint ? Il le dégoûtait. Voilà ce que c’était, que de se lier à l’ennemi. Ils parlemente fièrement, vous séduit parfois, mais lorsque la nuit tombe il vous abandonne sans plus de concessions. Caracole relâcha la pression sur le mors de sa monture et, d’un claquement de langue, lui ordonna d’avancer.

Lorsqu’il émergea de Port-Réal, une soudaine bouffée d’air frais accompagna sa délivrance. Sous ses yeux, les plaines, les champs et tout Westeros s’étalait jusqu’à l’horizon. Ah ! Voilà, c’était ça, la liberté ! Un sourire imperceptible vint élargir ses lèvres. Oui, ça y est. Il était enfin libéré. Caracole fit glisser Espérance sur ses genoux et, tandis que l’équidé s’avançait, il commença à composer une chanson. C’était un texte épique mais balbutiant, sur les manigances dans les rues de Culpucier, sur les trahisons des sudistes comme des nordiens. C’était une chanson revêche, provocante. Une chanson aussi sur la liberté. Car Caracole était libre, désormais. Loin des meurtres et des mensonges. Il pouvait partir l’esprit tranquille. Il s’était débarrassé de la crasse humaine qui s’était accumulée sur son costume bariolé…

Mais pas de sa promesse.

Resserrant l’étau de ses gambettes contre le corps de sa monture, il la fit se stopper soudain. Les notes festives qu’il composait moururent et s’éteignirent doucement. Caracole jeta un regard aux murailles derrière lui et au flot de commerçants, épées-liges, pèlerins et voyageurs qui s’amassaient aux portes. Il avait fait une promesse à Olenna. Allait-il y faillir ? Oui, absolument ! Il était idiot d’aller mourir pour rien ! Sa troupe était décimée, la nuit des Longs Coutelas venaient d’emporter presque tous les hommes qu’il avait côtoyé ! S’en était assez. Et pourtant… Caracole posa son regard sur son luth.

« Ma belle, que vais-je donc faire… Ne puis-je m’envoler loin des soucis et vivre ma vie sans plus de risques ? Mais sans amis… Et menteur, par-dessus le marché ! Hmm, voilà qui est fort embêtant… »

Le soleil fut caché brièvement par un épais nuages cotonneux, plongeant Caracole dans l’obscurité. Le musicien n’en avait cure, continuant de parler, de manière excentrique, à sa seule promise.

« Si j’y retourne, je mourrais, pour sûr. Les Stark se vengeront de moi, les Lannister s’empresseront de me tuer de même. Je suis un indésirable, une puce dans leur dos, une tique dans leur chevelure ! Si je remet les pieds dans cette fichue cité, c’est les pieds devant que j’en ressortirais ! »

La jument commençait à faire quelques embardées. Etait-elle inquiète ou juste impatiente ? Caracole la calme brièvement. Oui, s’il retournait à Port-Réal, il mourrait. S’il désertait son poste et la cité, il vivrait. Sans honneur, sans pardon. Mais il vivrait. Qu’était-ce que l’honneur pour un homme né dans les bas-fonds, qui s’était élevé à force de chansons ? Qu’était-ce que le pardon pour celui qui se maudissait d’avoir failli ? Il songea à Niels. A Soubout. Morts pour rien. Caracole fit la moue. Lui qui s’était tant de fois promis d’assister à tout et partout, de réciter et détailler les plus grands des hauts-faits, que faisait-il alors que l’orage grondait ? Il fuyait. Cela ne pouvait en être ainsi. Il était Caracole, le rocambolesque, le magnifique, le troubadour spadassin ! Qui conterait la guerre des rues, qui expliquerait aux Dames ce qu’il s’était passé pour Elles ? Qui irait soulever les foules, provoquer, amuser, ferait danser les uns et trépigner les autres ? Qui, si ce n’était lui ? Peut-être était-il, lui-même, un protagoniste du récit qui se jouait ? Caracole se mordit tant la lèvre qu’il en saigna. Puis, le moral en berne, il tourna bride pour la seconde fois de la journée.

l’amertume ne quittait plus darkdoudou. Une nouvelle fois, il avait passé la nuit à hanter son meurtrier, à bouger les meubles de sa maison, à ouvrir les fenêtres, à éteindre le feu. Il sentait bien que la terreur faisait son effet et que l’assassin était atteint par la folie, mais tout cela ne l’apaisait pas.

La connaissance du nom du coupable n’avait apporté aucun apaisement. Le châtiment qu’il avait décidé et qu’il mettait en application ne donnait pas plus de satisfaction. De plus, il y a avait des victimes collatérales : le conjoint et les enfants n’étaient pour rien dans le meurtre, ils étaient complètement ignorants et innocents. Pourtant ils étaient les premiers à subir la vengeance de darkdoudou et aussi la mauvaise humeur de la cible de darkdoudou.

S’était-il trompé d’assassin ? Non il avait maintenant la certitude. Aurait-il du chercher le commanditaire plutôt que l’exécutant ? Il se posait la question. S’était-il trompé quand il avait choisi de se venger ? Peut-être.

Il y avait peut-être une autre voie pour trouver l’apaisement ? darkdoudou prit enfin une résolution : il abandonna enfin la maison de son assassin et partit en quête de la réponse.

Culpucier demande la mort d’une personne mise au cachot !!!! Comment ça y en a qu’une ? 😀

Dur de parler plus de la partie tant qu’on n’a pas reçu tous les éléments du MJ. Donc, j’attends. Merci à tous et bravo aux vainqueurs

Félicitation au donjon rouge et aux Starks qui s’en sortent bons deuxièmes devant nous Tyrell. Merci à mon équipe qui aura fait ce qu’elle a pu et merci à tous !

R.Graymarch, au paradis des loups, était d’humeur swingante

Tout le monde veut devenir un Stark
Parce qu’une rose quand elle est Stark
Continue le massacre
C’est vrai!
Tout le monde est piqué de ces pas si bien rythmés
Tout semble auprès d’ ce loup très démodé
(C’est comme les roses à boutons)
Une rose bleue, dès qu’il joue
D’sa Glace vous rend fou
Ça swingue comme un pied
Mais oui, c’est pire que l’ennui
Oh là là, mes amis
Quelle calamité
C’est comme parmi ces gars qui veulent chanter
Ben c’est un Stark
Le seul qui sache… s’acharne à hurler
Qui donc danserait encore
La gigue avec des nattes?
Quand tout le monde veut devenir un Stark
Une rose bleue, quoi qu’il joue
Bientôt ça vous rend fou
Ça massacre comme un pied
Oui c’est pire que l’ennui
Oh là là mes amis
Quelle calamité

Je pensais poster un ultime texte RP pour clore l’aventure du trublion mais comment pourrais-je passer après l’extraordinaire composition de Graymarch 😉 ?

Je me contenterais donc de remercier chaque joueur pour son implication et, surtout, Aemon pour avoir géré, comme la première fois, cette édition de PMB avec brio. J’ai franchement hâte d’arriver au troisième opus. Pas mécontent d’avoir survécu jusqu’à la fin, c’était pas gagné (ni d’avoir fini une idylle à coups de couteaux) !

J’ai certainement appris plus durant cette édition que dans la première, qu’il s’agisse des règles, du mode de pensée des autres clans, mais aussi de la perception du RP forum/mail au sein du jeu et de son influence dans les échanges entre équipes (si j’avais su huhu !).

Alors salut à tous et encore merci pour le poisson !

• Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années par Caracole le Troubadour.

Ah ben merci, mais franchement c’est pas grand chose. Une fois qu’on a l’idée, changer quelques mots dans les paroles et zou, c’est pas si long

Pour le RP, on aura l’occasion d’en reparler, mais je fais la différence entre forum et mails. Et aussi, le RP ne « suffit » pas à me décider, il y a aussi les actions. « Il n’y a pas d’amour, que des preuves d’amour », il parait 😉

Caracole le Troubadour wrote:

Alors salut à tous et encore merci pour le poisson !

ça fait marrer les souris qui dominent le monde^^

(t’as dû rater mes parodies de chansons à DOH^^)

Caracole le Troubadour wrote:

C’était pour te taquiner vis-à-vis de nos échanges sur le RP sur forum, mais je suis pas mécontent de ne pas être passé pour un gros cynique parce que c’était pas le but non plus.

Ah donc, c’était pas sincère ? 😀

Caracole le Troubadour wrote:

Il n’empêche que mon RP, même forum, a eu un impact (conséquent) sur nos échanges et c’est une dimension à prendre en compte pour tous les joueurs de PMB. Du côté Tyrell, même rédiger des mails RP nous semblait plutôt cohérent vis-à-vis du jeu lui-même alors que la mentalité chez vous était toute autre (ce que je ne condamne aucunement). C’est donc, indépendamment de nos actions, un élément de négociations et de jeu à prendre en compte. Parce que si le RP est là pour agrémenter la partie ou s’amuser, s’il vient entacher des relations diplomatiques (hors RP) alors ça n’a plus rien à voir !

Tu peux donner une autre image que tu penses renvoyer, c’est assez normal, en fait. Après comme je t’ai dit, le RP sur forum, souvent pour moi c’est tl;dr .

Mais quand tu fais des négos (mails privés, donc), faut bien lire pour répondre ^^ Si ton personnage a un bagout qui peut le desservir côté négociation, peut-être que ce n’est pas le meilleur émissaire à choisir (ou on peut aimer se donner des handicaps, après tout). De mon côté, j’ai lu ce qu’on me proposait et je me disais « OK, vu son approche, quel intérêt de bosser ensemble vu comment il nous cause ? ».

Caracole le Troubadour wrote:

Bah oui mais c’est bien ce que je dis, peu importe le RP en face, au final tu as pris le roleplay d’un personnage et tu l’as reçu en tant que joueur et traité sans le recul que devrait demander du RP

euh non. Ton personnage s’adressait à nos personnages en étant peu courtois (pour moi en tout cas). Ce qui incitait peu à ce que mon personnage veuille t’aider. Un vieux reître taciturne et alcoolique, s’il n’écrit pas comme (par exemple) le pire des connards ou des vaniteux sera largement préférable. Cela dit, quel que soit ton RP, si tu trahis derrière, on ne va pas non plus faire confiance au vernis ad vitam eternam

Effectivement, les échanges par mail proches des RP, c’est dangereux. A un moment, j’ai mal pris un truc, alors que ce n’était que du RP. Mais comme c’est un mail, et pas un RP forum, la réception est différente.