ACOK 12 – Theon I

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    Samyriana
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    ACOK 12 – Theon I
    Au fil des pages – liste des sujets

    ACOK 11, Davos I ACOK 13, Daenerys I

    Celui où Theon « la gaffe » Greyjoy rentre chez lui et ne sait clairement pas lire l’ambiance d’une salle.

    1. Heureux qui comme Theon revient d’un long voyage

    Le chapitre s’ouvre sur Theon qui contemple le château de son père depuis le large. Envoyé par Robb Stark pour négocier l’alliance entre les Nordiens et les Fers-Nés, il commande au capitaine du navire qui l’escorte de faire un détour afin de pouvoir voir Pyk, siège de sa maison, le dernier souvenir qu’il a emporté avec lui au moment où il a été envoyé comme pupille à Winterfell, une dizaine d’années auparavant.

    C’est le premier chapitre où Theon est POV, et il nous permet de découvrir une région de Westeros dont on a entendu parler à de nombreuses reprises, mais qui n’a jamais été véritablement décrite : les îles de Fer. Leur description est édifiante : « la côte n’était qu’un amas de rochers déchiquetés », « trois îles nues, stériles, et une quinzaine d’îlots abrupts ». La description du siège de la maison Greyjoy n’est pas en reste : « ténébreux, maussade et lugubre ». On comprend que dans cette région des Sept Couronnes, la vie est dure, et que les habitants sont certainement à l’image de cette nature brute et hostile.

    L’arc narratif de Theon est marqué par la thématique de l’identité, et cela commence dès son premier chapitre. Plus il se rapproche de Pyk, plus il redevient Greyjoy.

    « En haut de son mât de fer, la bannière se tordait, claquait au gré du vent, se démenait tel un oiseau captif. Et ici du moins ne la dominait pas le loup-garou Stark, ici du moins ne faisait-il pas d’ombre à la seiche Greyjoy. Jamais spectacle n’avait si fort touché Theon. »

    Bien sûr, la comète, fil rouge qui traverse les POV depuis le début d’ACOK, est présente, et on aura deux explications à sa présence qui viennent s’ajouter à celles qui ont été avancées précédemment. Pour Theon, il s’agit tout simplement de « sa comète », celle qui symbolise sa montée en puissance et la place décisive qu’il pense prendre en revenant dans les îles de Fer. La seconde explication nous sera donnée plus tard par son oncle Aeron.

    Theon est interrompu dans sa contemplation par la fille du capitaine du Myraham, le navire qui le conduit dans les îles. On retrouvera plus tard le capitaine auprès de Robb, expliquant qu’il a été retenu six mois aux îles de Fer. Theon a séduit et a défloré la jeune femme ouvertement, au mépris de toutes les règles de bienséance en vigueur dans la société de Westeros. A présent, la jeune femme est déshonorée aux yeux de tous les équipages, et en premier lieu de son père. On se doute à la lecture du chapitre que le sort de la demoiselle ne sera pas des plus enviables, mais cela n’a pas l’air de gêner Theon, dont la misogynie et le mépris de classe ressortent très clairement dans ce chapitre :

    « Avertissez-moi quand nous atteindrons Lordsport. Nous serons en bas, dans ma cabine », et, sans paraître noter l’air offensé de celui-ci, entraîna celle-là vers la poupe […]. Elle s’était au surplus révélée intacte. Un comble, vu son âge, mais que Theon trouva du plus haut comique. Presque aussi cocasse que la réprobation du papa qui, tout en remâchant malaisément l’outrage à lui fait par le grand seigneur, redoublait envers lui d’obséquiosité par pure rapacité. […] Elle avait l’air plutôt stupide quand elle souriait, mais l’intelligence n’était pas ce qu’il demandait aux femmes ».

    La manière dont les femmes sont traitées dans les îles de Fer apparaît brutale de prime abord, même si l’exemple d’Asha nous montrera ensuite que leur statut est plus ambigu.

    « Autrefois, je t’aurais ramenée chez moi comme part de butin et possédée de gré ou de force à ma convenance. Les fer-nés en usaient ainsi, dans les anciens temps. L’homme avait, en plus d’une femme-roc, sa véritable épouse, fer-née comme lui, des femmes-sel, capturées durant les razzias. »

    Pendant qu’il prend du bon temps avec la fille du capitaine dans la cabine même de ce dernier, Theon repense à l’histoire des îles de Fer, ce qui permet au lecteur d’en savoir plus sur les particularismes de cette région : les us et coutumes ne sont pas les mêmes que dans les autres Couronnes, et même la religion est différente.

    « Oui, autrefois, je l’aurais gardée pour femme-sel, vraiment, se dit-il tout en enfouissant ses doigts dans la chevelure emmêlée. Autrefois. Quand, observant l’Antique Voie, nous vivions encore par la hache et non par le pic, nous emparions de ce que nous souhaitions, qu’il s’agît de biens, de femmes ou de gloire. En ces temps-là, les fer-nés ne travaillaient pas dans les mines ; ils réservaient cette dégradante besogne aux captifs ramenés de leurs expéditions, tout comme celles de cultiver les champs, d’élever chèvres et brebis. La guerre était leur véritable métier. Le dieu Noyé les avait créés pour ravager, violer, se tailler des royaumes et inscrire en lettres de flammes et de sang leurs noms dans les chansons. L’Antique Voie n’était plus depuis que, carbonisant Harrenhal, Aegon le Dragon avait démembré le royaume d’Harren le Noir […] « Ce qui avait inspiré la grande rébellion de lord Balon était moins la vanité de recouvrer une couronne que l’espoir de restaurer l’Antique Voie. »

    Dans ce chapitre, Theon se voit plus important qu’il ne l’est en réalité, et s’illusionne de bout en bout sur son rôle et son statut. En plus de cela, sa morgue l’empêche de se rendre rapidement compte de son erreur, et la manière dont il vit désillusion sur désillusion m’a, je l’avoue, réjouie (d’autant plus après l’atroce nonchalance avec laquelle il abandonne la jeune fille à son triste sort).

    Persuadé d’avoir « réussi là où son père a échoué » en ayant négocié l’indépendance des îles de Fer en cas de victoire conjointe des forces Stark et Greyjoy, Theon arrive à Lordsport, le port le plus proche de Pyk. Il remarque immédiatement le grand nombre de boutres présentes, et analyse leurs étendards. Il pense à ce moment-là que son père a deviné la raison de son retour, et a anticipé les choses en convoquant le ban. On remarque à ce moment-là que Theon n’a guère été informé des nouvelles des îles de Fer, car il n’est pas au courant que Euron, cité ici pour la première fois dans la saga a été banni.

    2. Une famille formidable

    Première désillusion, personne n’attend Theon à Lordsport. Pas d’escorte, pas même l’ombre d’un intendant. Et il n’est même pas reconnu par la population d’une ville qui s’est relevée de sa destruction lors de la rébellion. Personne n’attend de pied ferme le prince héritier des Îles de Fer comme il s’en était persuadé.

    Il est finalement accueilli par son oncle Aeron, alias Tifs-trempés, éminent prêtre du dieu Noyé. Ce dernier ne ressemble plus à l’homme que Theon a connu, et semble inspirer un certain respect, ou une certaine crainte, à la population. Aeron teste son neveu. Il cherche d’abord à savoir si celui-ci a abandonné le dieu Noyé au profit des « dieux du Loup ». Theon n’ose pas lui dire qu’il ne prie pas, pensant que :

    « Il arrivait avec un projet, l’appui d’Aeron lui serait peut-être nécessaire pour le réaliser. Une couronne valait bien un peu de poussière et de crottin sur les chausses, supposa-t-il. »

    Si Theon était moins concentré sur son ambition et, il pourrait réaliser dès le début de sa conversation avec Aeron qu’il est considéré comme un bleu, potentiellement Stark, qui doit faire ses preuves. Mais, évidemment, Theon ne saisit pas ce fait. Il est contrarié par le fait que sa sœur Asha ait un boutre personnel, et découvre ensuite que son statut d’héritier n’est pas acquis. On voit ici que malgré ses dénégations, Theon, et c’est normal, a bel et bien oublié une partie des usages fers-nés : de toute évidence, le statut et le respect se gagnent dans les îles de Fer, et la naissance seule ne suffit pas pour être considéré comme un chef naturel. Là encore, Theon s’entête et n’arrive pas à prendre sur lui : il parle de droits barbotés, revendique son héritage. Il montre à Aeron le visage que celui-ci s’attendait à voir : celui d’un homme des « contrées vertes ». Il se fait donc logiquement rembarrer sèchement :

    « Et tu divagues complètement si tu t’imagines que ton père transmettra jamais ces saintes îles à un Stark. Tais-toi, maintenant. La route est bien assez longue sans tes jacasseries. »

    Theon ressent un sentiment d’injustice compréhensible : après tout, il n’a jamais demandé à être envoyé loin de chez lui et à être élevé à Winterfell. Mais sa rancœur couplée à son sentiment de supériorité l’empêche de prendre du recul. Et cela va le conduire à enchaîner les erreurs tactiques : auprès de son oncle, il dévoile ses ambitions et parle exactement comme le fils d’un lord du continent. Il échoue ensuite à relever les indices qui indiquent que son père veut faire cavalier seul dans la guerre à venir : les boutres rassemblées, l’explication donnée à la comète par Aeron, qui la présente comme un raz-de-marée fer-né, qui vont déferler sur le monde avec le fer et le feu.

    Arrivé à Pyk, son sentiment d’être un étranger ne fait que croître : là encore, il n’est pas très bien reçu, il ne reconnait pas les gens qui travaillent au château, et on le mène à des appartements lugubres qui ont été jadis le lieu de l’assassinat d’hôtes de marque. Ambiance.

    Theon se prépare ensuite à la rencontre avec son père. Et là encore, il échoue à se présenter comme un Greyjoy : il se prépare longuement, s’habille richement, porte des bijoux achetés au prix de l’or (sérieusement Theon… tout hurle que les îles de Fer sont une terre de sobriété). Dès les premiers mots échangés, Theon revendique de nouveau son statut d’héritier. Et de nouveau, il se fait rembarrer. Balon Greyjoy, homme froid, dur, acerbe, en un mot qui est fait de la même pierre et du même métal que ses îles, ne semble vraiment pas considérer son fils comme un homme et le tourne en ridicule en moquant la place qu’il pense avoir auprès de Robb. Theon commet ensuite une autre erreur, en employant le terme de frère pour parler de Robb, ce qui hérisse son père qui a perdu ses fils aînés durant sa rébellion. Mais, encore une fois, Theon ignore délibérément les signaux que son père lui renvoie, et continue de se montrer arrogant en exposant le plan qu’il a élaboré avec Robb :

    « — C’est mon plan, non le sien », se rengorgea Theon. Le mien, tout comme miennes seront la victoire et, le moment venu, la couronne. « Je conduirai moi-même les opérations, s’il vous agrée. Je vous prierai de m’en récompenser en m’accordant pour résidence Castral Roc, dès que nous en aurons dépossédé les Lannister. »

    Enfin arrive la conclusion logique du chapitre : le plan de Balon Greyjoy, en rassemblant ses navires, n’est pas de lutter aux côtés des Nordiens et des habitants du Conflans, mais de prendre le Nord. Le chapitre s’arrête net sur cette révélation, nous laissant imaginer dans quel conflit de loyauté va se trouver Theon par la suite.

    Quelques remarques :

    • Le thème de l’identité est donc très présent dans ce chapitre, et les pensées de Theon oscillent entre ses souvenirs des îles de Fer et sa volonté d’y retrouver la place qui est la sienne, à la fois dans sa famille et politiquement, et les Stark. Le conflit de loyauté qui va le mener à sa perte est posé dès son premier chapitre
    • Alors même que les différents protagonistes croisés dans le chapitre soulignent continuellement les différences culturelles entre les Nordiens et les Fers-Nés, les couleurs prédominantes sont les mêmes que celles des Stark. Tout semble gris : la pierre déchiquetée qui envahit le paysage, la mer, toute la personne de Balon Greyjoy.
    • La personnalité de Theon, ses sourires qui gênent tant Catelyn et Bran, sont bien soulignés dans ce chapitre, fait pour nous le rendre détestable. Et c’est bien là le génie de GRRM, car il parviendra ensuite à nous faire souffrir avec lui, et à espérer son sauvetage. Mais ici, on voit bien que Theon manque à la fois de sens de l’observation, d’humilité, et de sens politique. Et c’est tout cela qui va lui coûter sa perte dans les chapitres à venir.

     

    • Ce sujet a été modifié le il y a 3 années et 9 mois par Samyriana.

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #152145
    R.Graymarch
    • Barral
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    Je pensais me rappeler assez bien ce chapitre, et en fait pas tellement. J’avais en mémoire le retour d’un Theon qui se la pète et qui agit comme un connard sur le bateau, mais après, je pensais que c’était aussi dans ce chapitre qu’il se faisait ridiculiser par Asha (alors que non, pas encore. Si vous avez remplacé Asha par Aeron dans la même scène, contactez-moi^^).

    Je ne me souviens plus de mon oeil de primolecteur sur Theon. J’imagine que j’avais plutôt une bonne image de mec fidèle aux Stark (ou à Robb) mais qui se la pète un peu (sourire narquois, remarques acides, initiatives dangereuses mais on-s’en-fout-tant-que-ça-marche). A la relecture où on est un peu plus au courant, on se rappelle toutes les fois où Catelyn (et Jon aussi un peu) ne le « sentait » pas. Mais je vais déjà un peu loin.

    Le chapitre s’ouvre sur un Theon fier revenant au pays. On a à peu près la vision du retour du prince en exil. Theon veut oublier la vision du départ, dix ans avant. Il enlève d’ailleurs sa capuche pour mieux voir. En tant que lecteur, ça ne donne pas envie d’aller vivre là bas. Comme dit par Samyriana, tout est gris, agressif ou peu accueillant. Je note que l’endroit où le château a été bâti est une pierre qui a subi énormément d’érosion. Si la population du coin est à l’image du pays, elle est sans doute dure, mais aussi sur le déclin. On est un peu loin de ce que Theon dit un peu plus tard (« rule the world », ouais, tant qu’il y a le continent à feu et à sang et qu’on ne s’occupe pas d’eux. potentiel de gênance à la limite…)

    “Windy and cold and damp. A miserable hard place, in truth . . . but my lord father once told me that hard places breed hard men, and hard men rule the world.”

    Theon ne voit pas tout ça, lui il voit le retour au pays et aussi sa liberté !

    And here at least the direwolf of Stark did not fly above, casting its shadow down upon the Greyjoy kraken.

    Theon y croit à fond (et se trompe complètement comme dit plus haut). La comète est « pour lui » et le mot de Robb lui assurera une couronne.

    Theon had never seen a more stirring sight. In the sky behind the castle, the fine red tail of the comet was visible through thin, scuttling clouds. All the way from Riverrun to Seagard, the Mallisters had argued about its meaning. It is my comet, Theon told himself, sliding a hand into his fur-lined cloak to touch the oilskin pouch snug in its pocket. Inside was the letter Robb Stark had given him, paper as good as a crown.

    Je subodore quand même pas mal que le passage sur le bateau et le discours avec le capitaine et sa fille permettent à l’auteur de nous donner des infos sur un lieu et un peuple qu’on ne connait pas. Ce sera d’ailleurs le cas pendant tout le chapitre avec Aeron puis Balon. Bien pratique que Theon ait oublié pas mal d’usages. Là, Theon nous apprend le fait que chaque capitaine de bateau est le roi sur son bateau et qu’il y a des milliers de rois. On n’est pas rendus pour avoir un front uni^^

    Vu qu’on est là, parlons du comportement de Theon. Il cultive à l’excès son côté « petit con arrogant ». Son attitude envers la fille du capitaine et le capitaine est assez abjecte (et cela a l’air assez habituel pour lui). Bien entendu, quand on connait la suite, on sait que Theon paiera extrêmement cher sa sale attitude. Il n’empêche que si on avait un capital sympathie pour lui, il est complètement envolé.

    Quand il accoste, Theon pense (sans doute sincèrement) à l’Ancienne voie qu’il doit (re)trouver. Et à la mer.

    I must remember this, Theon vowed to himself. I must never go far from the sea again.

    Beaucoup de choses ont changé mais le château Botley porte encore les stigmates de l’assaut des forces de la couronne. Au passage, on mentionne Euron. Et là, c’est la désillusion pour Theon, personne ne le reconnaît. Petit coup à sa fierté.

    Theon ne se démonte et montre qu’il est déçu

    “I had not looked for you, Uncle. After ten years, I thought perhaps my lord father and lady mother might come themselves, or send Dagmer with an honor guard.”

    Ca n’impressionne pas vraiment Aeron (a posteriori, qu’est ce que c’est drôle). Comme noté plus haut par Samyriana, ce dernier le teste et le force à être baptisé dans un processus un peu humiliant et aussi bien salissant.

    Theon pense sans doute qu’il a fait des concessions donc qu’il a des droits pour avoir des informations. Aeron n’est pas vraiment prolixe, c’est le moins qu’on puisse dire.

    “Uncle, why has my father called his swords and sails?”

    “Doubtless he will tell you at Pyke.”

    “I would know his plans now.”

    “From me, you shall not. We are commanded not to speak of this to any man.”

    “Even to me?” Theon’s anger flared. He’d led men in war, hunted with a king, won honor in tourney melees, ridden with Brynden Blackfish and Greatjon Umber, fought in the Whispering Wood, bedded more girls than he could name, and yet this uncle was treating him as though he were still a child of ten. “If my father makes plans for war, I must know of them. I am not “any man,’ I am heir to Pyke and the Iron Islands.”

    “As to that,” his uncle said, “we shall see.”

    The words were a slap in the face. “We shall see? My brothers are both dead. I am my lord father’s only living son.”

    “Your sister lives.”

    Asha, he thought, confounded. She was three years older than Theon, yet still . . . “A woman may inherit only if there is no male heir in the direct line,” he insisted loudly. “I will not be cheated of my rights, I warn you.”

    Theon fait un point (mental. le « not without struggle » est assez délicieux) sur son exil de 10 ans et sur les liens qu’il a forgés.

    Theon held his tongue, though not without struggle. So that is the way of it, he thought. As if ten years in Winterfell could make a Stark. Lord Eddard had raised him among his own children, but Theon had never been one of them. The whole castle, from Lady Stark to the lowliest kitchen scullion, knew he was hostage to his father’s good behavior, and treated him accordingly. Even the bastard Jon Snow had been accorded more honor than he had.

    Lord Eddard had tried to play the father from time to time, but to Theon he had always remained the man who’d brought blood and fire to Pyke and taken him from his home. As a boy, he had lived in fear of Stark’s stern face and great dark sword. His wife was, if anything, even more distant and suspicious.

    As for their children, the younger ones had been mewling babes for most of his years at Winterfell. Only Robb and his baseborn half brother Jon Snow had been old enough to be worth his notice. The bastard was a sullen boy, quick to sense a slight, jealous of Theon’s high birth and Robb’s regard for him. For Robb himself, Theon did have a certain affection, as for a younger brother . . . but it would be best not to mention that. In Pyke, it would seem, the old wars were still being fought. That ought not surprise him. The Iron Islands lived in the past; the present was too hard and bitter to be borne. Besides, his father and uncles were old, and the old lords were like that; they took their dusty feuds to the grave, forgetting nothing and forgiving less.

    La morale de l’histoire, c’est que s’il est vrai que tout le monde ne l’appréciait pas, il avait quand même des liens solides, sans doute plus qu’il ne veut l’admettre, avec les Stark et les « terres vertes ». C’est assez normal pour une personne ballotée entre deux mondes (le drame de la vie de Theon)
    En se rapprochant de l’époque décrite et en creusant un peu, on peut se demander si Theon n’a pas été aussi un compagnon de conneries de Patrek Mallister :  » wenches, wine and hawking »
    They had a laugh over that as they raced ahead to an amorous young miller’s wife that Patrek knew. Would that Patrek were with me now. Mallister or no, he was a more amiable riding companion than this sour old priest that his uncle Aeron had turned into.
    Euh, une femme de meunier ? (à Salvemer, donc). Gros écho avec ce qui arrivera à Winterfell, il me semble
    Theon continue son chemin et on apprend sans trop de surprises qu’Aeron a sa propre vision de la comète. Au bout de 12 chapitres, c’est la routine. Aeron recadre aussi la volonté humaine par rapport à celle des dieux (mais cela dit, c’est un prêtre..)
    “A man agrees with god as a raindrop with the storm.”
    Theon retourne à la maison mais on ne peut pas dire que cela lui apporte du réconfort ou lui rappelle de bons souvenirs. Au contraire, même
    Theon had watched from the safety of the Sea Tower, and sometimes he still saw the torches in his dreams, and heard the dull thunder of the collapse.
    —————————-
    A thousand years before, the sons of the River King had been slaughtered here, hacked to bits in their beds so that pieces of their bodies might be sent back to their father on the mainland.
    —————————–
    The last was made of rope and wood, and the wet salt wind made it sway underfoot like a living thing. Theon’s heart was in his mouth by the time he was halfway across. A long way below, the waves threw up tall plumes of spray as they crashed against the rock. As a boy, he used to run across this bridge, even in the black of night. Boys believe nothing can hurt them, his doubt whispered. Grown men know better.
    Theon parle encore comme un connard à la domestique du coin (au passage.. un bain à l’eau salée ???) puis s’habille pour voir son père et là encore c’est la douche froide. Theon n’est pas le petit prince attendu. Comme indiqué plus haut, tout le chapitre est un « retour à la normale » bien piquant pour le « prince ». Le fait qu’il ait oublié le fer-prix montre bien qu’il est un continental, même s’il ne veut pas l’admettre. Moi aussi, le fait qu’il ait oublié ça me semble bien étonnant (on dirait un peu un lavage de cerveau ou une volonté ultra forte mais probablement inconsciente d’oublier sa culture d’origine).
    Theon touched the gold chain. He had forgotten. It has been so long . . . In the Old Way, women might decorate themselves with ornaments bought with coin, but a warrior wore only the jewelry he took off the corpses of enemies slain by his own hand. Paying the iron price, it was called.
    Theon ne se démonte toujours pas (il lui faudra combien de baffes pour ça) et sort son arme ultime : la proposition de Robb. Sauf que son père s’en fout.

    Lord Balon grunted. “Casterly Rock has never fallen.”

    “Until now.” Theon smiled. And how sweet that will be.

    His father did not return the smile. “So this is why Robb Stark sends you back to me, after so long? So you might win my consent to this plan of his?”

    “It is my plan, not Robb’s,” Theon said proudly. Mine, as the victory will be mine, and in time the crown. “I will lead the attack myself, if it please you. As my reward I would ask that you grant me Casterly Rock for my own seat, once we have taken it from the Lannisters.” With the Rock, he could hold Lannisport and the golden lands of the west. It would mean wealth and power such as House Greyjoy had never known.

    “You reward yourself handsomely for a notion and a few lines of scribbling.” His father read the letter again. “The pup says nothing about a reward. Only that you speak for him, and I am to listen, and give him my sails and swords, and in return he will give me a crown.” His flinty eyes lifted to meet his son’s. “He will give me a crown,” he repeated, his voice growing sharp.

    “A poor choice of words, what is meant is—”

    “What is meant is what is said. The boy will give me a crown. And what is given can be taken away.” Lord Balon tossed the letter onto the brazier, atop the necklace. The parchment curled, blackened, and took flame.

    Theon n’a rien compris, son père ne veut pas qu’on lui donne une couronne.
    Le chapitre se termine sur un cliffhanger, qui est objectivement pas trop dur à déjouer. Je pense avoir raté la signification en première lecture probablement car je n’envisageais pas une trahison « de Theon » (même si objectivement ce n’est pas de son fait, mais de celui de Balon. Et que Theon ne fait que suivre, en faisant du zèle pour prouver qu’il vaut quelque chose).
    Moralité : en un nouveau chapitre, on en apprend beaucoup sur Theon et sur les Îles de Fer. Il va se passer quelque chose là bas, c’est sûr.

     

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    MJ par intérim de Les Prétendants d'Harrenhal (2024-), rejoignez-nous
    DOH : #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #152153
    Athouni
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    Merci Samyriana. L’essentiel a été dit, j’avais préparé ça en insistant légèrement plus sur quelques points :

    Après Davos, un nouveau POV s’offre à nous en la personne de Theon. Et là encore, Martin régale.

    Roi ?

    Theon ne cesse de se présenter comme un Roi, ce qui aux yeux du primo-lecteur n’a pas de sens avant que le contenu de la fameuse lettre ne nous soit révélé lors de la rencontre avec Balon Greyjoy à la fin du chapitre. A la situation délicate qui est la sienne au chapitre précédent, Robb a donc une solution :

    By now Robb is at the Golden Tooth, » Theon said. « Once it falls, he’ll be through the hills in a day. Lord Tywin’s host is at Harrenhal, cut off from the west. The Kingslayer is a captive at Riverrun. Only Ser Stafford Lannister and the raw green levies he’s been gathering remain to oppose Robb in the west. Ser Stafford will put himself between Robb’s army and Lannisport, which means the city will be undefended when we descend on it by sea. If the gods are with us, even Casterly Rock itself may fall before the Lannisters so much as realize that we are upon them. »

    Robb et Theon ont en tête une alliance entre Stark et Greyjoy, chacun étant ensuite appelé à régner sur son territoire. Pour Theon, cela signifie donc d’abord qu’il deviendrait Roi à la mort de son père et ensuite qu’il aurait réussi là où son père a échoué. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il se trompe lourdement, et d’autant plus lourdement, qu’il sait bien que son père ne s’est pas soulevé contre Robert Baratheon pour « the empty vanity of a crown » mais pour restaurer l’Antique voie.

    « We all deceive ourselves, when we want to believe » nous dit Aemon dans AFFC – Samwell IV. La citation s’applique ici parfaitement à Theon qui se voit déjà tellement Roi, qu’il est incapable d’analyser correctement les innombrables avertissements qui jalonnent son retour à la maison : la présence de nombreux longships à quai (appel des bannières), les ruines du temple des Sept (qui témoigne de la vivacité de l’Antique voie, loin d’être disparue et peut-être même d’une volonté de revanche), etc.

    Pour le lecteur, tous ces signes indiquent en creux que Balon préparait son invasion bien avant la libération de Theon. Le fils est ramené au rang de dommage collatéral aux yeux de son père. Avant même son retour, Theon est déjà renié. Pour Robb, cela signifie que le choix de Theon comme émissaire, si elle est une erreur, n’est pas si décisive que ça : tout laisse à penser que Balon Greyjoy planifiait de tout façon d’attaquer le Nord.

    Crise d’identité

    Theon est un jeune homme longtemps bridé par son statut d’otage alors même qu’il se sait héritier de Pyke et d’autant plus arrogant depuis qu’il a retrouvé sa liberté. C’est un peu comme si la frustration et les humiliations, réelles ou supposées, des dix dernières années devaient être recouvertes par une assurance prétentieuse et la reconduction, mais cette fois à l’encontre des autres et notamment des femmes, des humiliations qu’il dit avoir subies. On notera qu’en anglais, pour dire d’un jeune homme qu’il est arrogant, on utilise le mot « cocky, dérivé de » cock » qui au sens propre renvoie au « coq » mais qui signifie aussi vulgairement « pénis ». C’est peu dire que l’identité de Theon est pour une bonne part liée à son prodigieux engin (dont on sait quel sort lui réserve Ramsay). La fille du capitaine, avec laquelle Theon se comporte de manière totalement déplacée, ouvertement humiliante, fait dans ce chapitre les frais du virilisme de Theon. Ainsi alors que la jeune femme rejetée s’inquiète de la réaction de son père à sa frivolité, il répond :

    « Tell him he should be pleased. As many times as I’ve fucked you, you’re likely with child. It’s not every man who has the honor of raising a king’s bastard. » She looked at him stupidly, so he left her there.

    Néanmoins, sans fondation solide, l’assurance affichée par Theon va être rapidement mise à mal. Contrairement à ses attentes, son retour n’est pas un événement : « he saw no familiar faces, no honor guard waiting to escort him from Lordsport to Pyke, only smallfolk going about their small business. […] A priest in the seawater robes of the Drowned God was leading a pair of horses along the pebbled shore…« . L’absence de repère (« no familiar faces« ) reviendra à Pyke même où il ne connait plus personne et où il sera perçu comme un étranger (« It is as if I were a stranger here, Theon thought. Nothing has changed, and yet everything has changed.« ). Peu de temps après avoir accosté, Theon s’impatiente devant l’irrévérence d’un Fer-né qui ne le reconnait pas (« the fool still did not know him« ) alors que lui même n’a pas reconnu dans le prêtre évoqué plus haut son propre oncle, Areon Greyjoy, dit Damphair. Au-delà de l’ironie, ce passage dit clairement que Theon est désormais un étranger aux yeux des Fer-nés et que les Fer-nés, y compris sa propre famille, sont des étrangers pour Theon.

    https://external-preview.redd.it/Wtjr4sr7PIPWXHYkOJlxiCPP0ObCBLZsit6GvnZzksc.jpg?width=960&crop=smart&auto=webp&s=b760004f5276d38801c13f46072117e5ff394209

    Dès lors, ça va de mal en pis pour Theon. Tout roi qu’il s’imagine, il est d’abord contraint de s’agenouiller dans la boue (« Kneel. Or are you too proud now, a lordling of the green lands come among us ?« ), avant que son héritage soit tout simplement mis en question (« you are a great fool if you believe your lord father will ever hand these holy islands over to a Stark. Now be silent. The ride is long enough without your magpie chatterings.« ). A chaque fois, son identité de Greyjoy est remise en cause et pour finir il est carrément assimilé à un Stark. A Pyke, il est logé dans le donjon Sanglant qui porte ce nom parce que les fils et émissaires d’un roi du Conflans, à peu de chose près ce que Theon est à ce moment là, y ont été assassinés et mis en pièce avant d’être renvoyés à leurs pères. Ambiance….

    Cet accueil est d’autant plus difficile que Theon entretient une relation ambivalente aux Stark. Certes, après dix années passées sur le continent, Theon n’éprouve pas le mépris général des Fer-nés pour les continentaux. Il a réussi à se lier avec Robb dans une relation quasi-fraternelle mais également avec Patrek Mallister lors de son passage à Seagard. La chose est d’autant plus aisée que ses souvenirs de Pyke et des membres de sa famille ne semblent guère joyeux. De son père, Balon Greyjoy, il laisse entendre qu’il était insultant et violent (« *My father, » she told him. « Once you’re gone, he’ll punish me, milord. He’ll call me names and hit me. » *****[…] Fathers are like that, » he admitted« ). Quant à ses frères, leur mort ne l’a visiblement pas affecté (« Chiefly he remembered Rodrik’s drunken cuffs and Maron’s cruel japes and endless lies« ).

    Mais pour autant, Theon est revanchard, y compris envers les Stark qui d’après lui l’ont toujours regardé de haut. Les premiers paragraphes du chapitres témoignent du profond ressentiment de Theon pour ses anciens « geoliers » (« here at least the direwolf of Stark did not fly above, casting its shadow down upon the Greyjoy kraken » & « His life was his own again, and nowhere a Stark to be seen.« ). Désormais, il entend traiter d’égal à égal, de Roi à Roi. Par ailleurs, même s’il a une identité composite, où coexistent culture continentale et culture Fer-née, Theon renoue rapidement avec des éléments fondamentaux de la culture insulaire, à commencer par le rapport à la mer :

    The sea meant freedom to the men of the Iron Islands. He had forgotten that until the Myraham had raised sail at Seagard. The sounds brought old feelings back; the creak of wood and rope, the captain’s shouted commands, the snap of the sails as the wind filled them, each as familiar as the beating of his own heart, and as comforting. I must remember this, Theon vowed to himself. I must never go far from the sea again.

    Bref, à bien des égards, Theon se perçoit encore comme un Greyjoy, comme un Fer-né, « my blood is still iron and salt » assure-t-il. Mais l’identité ne se définit pas seul, les autres peuvent la définir pour vous. L’identité peut aussi être assignée. C’est le cas pour Theon, qui est aux yeux des Stark un Greyjoy et inversement. Au fond, rejeté par tous, Theon porte sur ses épaules une histoire qui le dépasse comme en témoigne son passage chez les Mallister :

    Patrek Mallister was not too ill a fellow; they shared a taste for wenches, wine, and hawking. But when old Lord Jason saw his heir growing overly fond of Theon’s company, he had taken Patrek aside to remind him that Seagard had been built to defend the coast against reavers from the Iron Islands, the Greyjoys of Pyke chief among them.

    On retrouve toujours le même motif de passé qui ne passe pas, de cercle de méfiances et de représailles dont il est impossible de sortir et qui semble condamner tout retour à une paix durable. Comme le dit Ellaria Sand :

    « Oberyn wanted vengeance for Elia. Now the three of you want vengeance for him. I have four daughters, I remind you. Your sisters. My Elia is fourteen, almost a woman. Obella is twelve, on the brink of maidenhood. They worship you, as Dorea and Loreza worship them. If you should die, must El and Obella seek vengeance for you, then Dorea and Loree for them? Is that how it goes, round and round forever? I ask again, where does it end ? » – ADWD – The Watcher

    Comme souvent avec Martin, les premiers chapitres installent les thèmes centraux du personnage. Ici, la question de l’identité (tension Stark / Greyjoy mais aussi son identité en tant qu’homme) apparaît comme incontournable pour Theon.

    Les Fernés : plus divers qu’il n’y paraît.

    Ce chapitre est l’occasion de découvrir la culture Fer-née : l’importance du longship comme institution politique et comme outil vital de conquêtes et de raids, l’esclavage, la religion du Dieu Noyé, etc

    Il y a une influence spatiale sur l’identité Fer-née. Les îles sont présentés comme « a stern and stony places, scant of comfort and bleak of prospect. Death is never far here, and life is mean and meager« . Au fondement de L’identité Fer-née, il y a d’abord une réhabilitation de ces iles, un peu comme le renversement du stigmate chez les minorités discriminées. Ces terres désolées deviennent un élément de fierté, l’origine de leur force.

    my lord father once told me that hard places breed hard men, and hard men rule the world.

    Cette idée se retrouve naturellement dans la religion du Dieu Noyé avec le célèbre : « What is dead may never die, but rises again, harder and stronger. » D’où la valorisation des prouesses guerrières (ritualisées dans le fameux lancé de haches), de la mort au combat, de la conquête par les armes (Iron price), etc. D’où aussi l’importance centrale de la mer dont il ne faut pas s’éloigner. L’identité Fer-née ne peut pas s’exporter sur le continent, les « green lands » et leur confort qui ne peuvent que ramollir ceux qui y vivent. C’est sans doute pour cela que Theon est condamné par avance : après dix années passées sur le continent, tu ne peux plus être un Fer-né selon les préceptes de l’Antique voie.

    L’identité Fer-née, qui se vit comme immuable, n’en est pas moins traversée de tensions. Balon a beau reprendre Theon qui s’est offert un bijou en l’achetant (au lieu de le prendre au fer-prix, c’est à dire par les armes et le fer), on constate à l’arrivée au port la présence de navires marchands venue d’Essos. Si le temple n’a pas été reconstruit, la foi des Sept était tout de même présente sur l’île avant la rébellion de Balon. Bref, il n’y a pas d’identité pure restée intacte au cours des générations mais une identité sujette à des redéfinitions, des altérations inévitables, etc. Si ce chapitre nous laisse à croire, en première lecture, que les Fer-nés sont des orthodoxes qui ne jurent que par l’Antique voie, c’est peut-être tout simplement parce que Theon rencontre ces deux plus éminents représentants en la personne de Damphair et Balon Greyjoy. Ainsi, bien que battue, Asha Greyjoy lors des Etats généraux de la royauté, obtiendra un succès d’estime en proposant un programme très éloigné de l’orthodoxie de l’Antique voie et même à l’opposé de sa devise familiale (« nous ne semons pas« ). Quant au vainqueur, Euron Greyjoy, il n’est ni plus ni moins qu’un hérétique aux yeux de Damphair.

    En passant :

    But Greyjoys were not murdered in Pyke except once in a great while by their brothers, and his brothers were both dead.

    Une actualisation du registre est dans les tuyaux…. ^^

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par R.Graymarch.

    « When dead men come hunting in the night, do you think it matters who sits the Iron Throne »

    #152161
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
    • Posts : 733

    « We all deceive ourselves, when we want to believe » nous dit Aemon dans AFFC – Samwell IV. La citation s’applique ici parfaitement à Theon qui se voit déjà tellement Roi, qu’il est incapable d’analyser correctement les innombrables avertissements qui jalonnent son retour à la maison : la présence de nombreux longships à quai (appel des bannières), les ruines du temple des Sept (qui témoignent de la vivacité de l’Antique voie, loin d’être disparue et peut-être même d’une volonté de revanche), etc. Pour le lecteur, tous ces signes indiquent en creux que Balon préparait son invasion bien avant la libération de Theon. Le fils est ramené au rang de dommage collatéral aux yeux de son père. Avant même son retour, Theon est déjà renié. Pour Robb, cela signifie que le choix de Theon comme émissaire, si elle est une erreur, n’est pas si décisive que ça : tout laisse à penser que Balon Greyjoy planifiait de tout façon d’attaquer le Nord.

    ton premier paragraphe met des mots bien meilleurs que tout ce que pourrais trouver sur ce que je veux dire. Theon s’imagine en roi, nous voyons enfin ce qui le fait sourire : depuis la dernière bataille il a imaginé son plan imparable et se voit déjà avec la couronne sur la tête. Il a imaginé son retour triomphant sur son île, ses victoires triomphales sur les Lannister, son peuple l’acclamant. Au début on a l’impression qu’il maîtrise les codes des fer-nés, devant le capitaine et sa fille il fait illusion :

    Ce d’autant moins, d’ailleurs, que, comme le disait déjà voilà des millénaires le vieux roi Urron Mainrouge : « Le dieu Noyé fabrique les hommes, mais les couronnes, ce sont les hommes qui les fabriquent »… !

    Mais comme l’a relevé R.Graymarch, c’est la douche froide qui l’attend. Theon ne prend pas en compte les avertissements qui se succèdent, il échoue au test de Aeron (bien vu Samyrania) puis au test de Balon. Le seul point qu’il marque auprès de papa c’est quand il se met à le traiter de bouffon.

    Lord Balon se mit à rire. « Eh bien, du moins n’es-tu pas couard !

    Par contre j’ai une compréhension différente de l’appel des bannières : pour moi c’est la lettre de Robb qui a tout déclenché, puisqu’elle annonçait la libération de l’otage. Les corbeaux vont plus vite que les chevaux, les boutres plus vite que le Myraham, Balon a eu le temps d’envoyer Asha porter ses messages, et le grand rassemblement vient à peine de commencer. Pour moi c’est bien la « libération » de Theon qui déclenche les hostilités.

    Je ne trouve pas que le plan de Theon est si stupide : si les fer-nés ne peuvent pas tenir l’ouest, ils ne peuvent pas non plus tenir le nord. Et piller Port-Lannis est probablement plus intéressant que piller les villes côtières du nord. Ce qui motive Balon dans son attaque, c’est d’abord la vengeance et peut-être aussi le moindre risque de représailles, ce en quoi il a raison.

    J’ai noté aussi que Theon craint son oncle Euron, qui est mentionné ici pour la première fois :

    Avec Oncle Euron, tout autre était la chanson, nul doute, mais Le Silence semblait avoir pris la mer. Tout se présente le mieux du monde, se dit Theon. Cela va me permettre de frapper d’autant plus vite.

    Theon a plus peur d’Euron que de Balon ou Victarion qu’il juge vieux. Quant à Asha, il la néglige complètement, là aussi sans écouter ce qu’en disent Balon et Aeron.

    #152178
    Obsidienne
    • Pisteur de Géants
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    Theon est un p’tit connard, c’est sûr mais on dirait bien qu’une pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre !
    Si on pourrait admettre que Papa Greyjoy ait besoin de jauger ce fils si longtemps absent et son éventuelle  » pollution  » par les Starks, c’est tout de même un de ses héritiers !
    Pourquoi prendre le parti de l’humilier d’emblée en ne lui envoyant pas une escorte, peut-être modeste, mais au moins digne de son fils, qu’il est malgré tout ?
    Là, ce n’est pas de la modestie mais de l’indigence !
    De plus, ça ne cadrerait pas avec Eddard de n’avoir donné aucune nouvelle de lui à sa famille (genre un courrier annuel via mestre Luwin disant, à minima, qu’il est en vie et qu’il bénéficie d’une instruction conforme à son rang…) et qu’il débarque comme un inconnu indésirable !
    Theon a bien des défauts mais ce rejet n’a pas arrangé les choses !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par Obsidienne.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par R.Graymarch.

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #152180
    Samyriana
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    Theon est un p’tit connard, c’est sûr mais on dirait bien qu’une pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre ! Si on pourrait admettre que Papa Greyjoy ait besoin de jauger ce fils si longtemps absent et son éventuelle  » pollution  » par les Starks, c’est tout de même un de ses héritiers ! Pourquoi prendre le parti de l’humilier d’emblée en ne lui envoyant pas une escorte, peut-être modeste, mais au moins digne de son fils, qu’il est malgré tout ? Là, ce n’est pas de la modestie mais de l’indigence ! De plus, ça ne cadrerait pas avec Eddard de n’avoir donné aucune nouvelle de lui à sa famille et qu’il débarque comme un inconnu indésirable ! Theon a bien des défauts mais ce rejet n’a pas arrangé les choses !

    Il y a eu des contacts, mais qui sont soulignés comme étant rares. En effet, Theon a besoin de se sentir accepté, voire admiré et il est certain que l’accueil que lui réserve son père est indigent. Pour moi il s’agit vraiment d’un test. Pour Balon, si son fils est un vrai Fer-Né, il doit cocher toutes les cases (détester les Stark, ne pas arborer un accoutrement de lord « continental »…) et prouver sa valeur. L’attitude de Balon est terrible, mais Theon choisit d’ignorer tous les signaux avant d’arriver devant son père.

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #152269
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
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    Pourquoi prendre le parti de l’humilier d’emblée en ne lui envoyant pas une escorte, peut-être modeste, mais au moins digne de son fils, qu’il est malgré tout ?

    En relecture, j’ai eu l’impression que Balon testait son fils. Une partie de lui (la plus grande) le considère comme déjà perdu (et d’ailleurs, il avait commencé les préparatifs de la guerre alors que Theon était encore otage), et une autre espère encore.

    Balon craint que son fils ne soit devenu une « tapette » des terres vertes, un louveteau, mais en même temps, il espère encore un peu. Sa réaction positive quand Theon le traite de vieux fou en le félicitant de son courage. J’ai l’impression que Balon aimerait que Theon soit un vrai Fer-Né, c’est à dire une brute, et qu’une petite partie de lui espère encore (mais pas très grande).

    Balon  Greyjoy est un très mauvais père, au fond un homme brisé avec des rêves vains de grandeur (Il a sacrifié son fils pour ses ambitions, en vain).

    Plus généralement, très bon résumé Samyriana ^^. En relecture, l’attitude tête à claques de Theon et son comportement ignoble envers la fille du capitaine (dont on ne connaît même pas le nom, ce qui en dit beaucoup sur le mépris de Theon)… J’étais révolté.

    Néanmoins, au niveau relecture, deux passages m’ont marqué :

    « Tell him he should be pleased. As many times as I’ve fucked you, you’re likely with child. It’s not every man who has the honor of raising a king’s bastard. » She looked at him stupidly, so he left her there.

    Si c’est pas du foreshadowing, je ne sais pas ce que c’est ^^ Vu ce qu’il va advenir de la virilité du pauvre Theon, je ne serai pas surpris d’apprendre qu’au final, la malheureuse abusée (non vraiment, elle m’a fait de la peine) soit bel et bien enceinte du seul héritier que Theon aura jamais

    La 2e, c’est la mention des Léviathans dans les souvenirs de Theon, les carcasses de bateau après le siège de Pyke comme autant de monstres échoués… J’ai immédiatement pensé aux ossements de Nagga, le dragon légendaire. GRRMartin est bon quand même. Très bon.

    #152612
    PierreKirool
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 117

    Mon analyse: Theon est insupportable et n’a aucune notion du jeu des trônes.

    mais après, je pensais que c’était aussi dans ce chapitre qu’il se faisait ridiculiser par Asha (alors que non, pas encore. Si vous avez remplacé Asha par Aeron dans la même scène, contactez-moi^^)

    J’ai eu exactement la même surprise et réflexion, je pense que c’est GoT qui nous a induit en erreur en mélangeant les deux évènements dans la série.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 9 mois par Eridan. Raison: fusion de message
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