ASOS 07 – Sansa I

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    Eridan
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    ASOS 07 – Sansa I
    Au fil des pages – liste des sujets

    ASOS 06, Davos I ASOS 08, Jon I

    Après quelques chapitres d’ « exposition-reprise » je trouve celui-ci beaucoup plus riche et intéressant !

    La conclusion de la trame de Sansa dans ACOK avait été mi-figue, mi-raisin : libérée de la menace du mariage avec Joffrey, elle demeurait otage … et toujours une victime en puissance. Plus de figue ni de raisin ici : du fromage, des chants, des fleurs …

    1. Chronique d’un chapitre de Sansa

    « Rien de plus qu’un souper, peut-être. »

    Le chapitre, comme souvent, s’ouvrent sur l’angoisse et le questionnement. Sansa a appris à se méfier et à redouter les courtisans, même ceux qui usent de courtoisie. L’invitation a l’air « innocente » mais Sansa a appris à se méfier et trop consciente de la situation, elle se pose la bonne question : « pourquoi désirer souper avec la fille d’un félon ? » (Réponse dans son sixième chapitre ^^)
    Si la question est bonne, les réponses imaginées par Sansa sont fausses. Sansa a appris la défiance, et elle s’inquiète pour elle … mais ce n’est pas sa vie qui va se jouer dans les prochaines pages.

    Elle nous raconte l’arrivée resplendissante en ville des Tyrell, qui n’est pas sans rappeler l’accueil triomphal accordé à Daenerys à Qarth dans ACOK … Les émeutes et les rébellions sont oubliées. Sauf par Sansa, qui se demande bien pourquoi Margaery est célébrée et aimée, quand elle-même semblait si fortement détestée. Sansa ne semble pas comprendre que c’est le contexte qui détermine la réaction de la foule, indépendamment des qualités ou défauts des personnes.
    Sansa redoute une méchanceté de Joffrey, nous rappelle la promesse de Dontos de la sauver, regrette la disparition du Limier. En quelques paragraphes d’exposition efficace et pas trop forcé, on a à nouveau toute la trame de Sansa en tête. ^^

    Le passage sur le Limier est intéressant : l’événement est trop proche pour que les souvenirs de Sansa soient modifiés, elle ne pense donc pas encore au (faux)-baiser qu’il lui a pris. Elle sait en revanche pourquoi il s’est enfui (peur du feu, et non ivrognerie) et elle conserve le manteau blanc qu’il a abandonné.

    « Il ne songe qu’à m’être aimable. »

    Loras Tyrell vient chercher Sansa en personne pour la conduire au souper. C’est par lui que nous serons introduits au reste de la parentèle, notamment à sa grand-mère : l’accent est largement mis dessus avant qu’on la rencontre … Amusant, car il semble bien que ce soit Margaery et Olenna qui cherchent à rencontrer Sansa et pas spécialement Alerie Hightower, mère de Margaery, pourtant présente, mais très en retrait dans ce chapitre. (J’y reviendrai peut-être, mais pas dans ce post. ^^)

    Elle rougit. Le dernier des idiots se serait douté que « reine des Épines » n’avait rien de flatteur pour une femme. Serais-je aussi stupide que le prétend Cersei Lannister ?

    Certains voient dans le surnom d’Olenna une manière de qualifier sa langue acerbe et son esprit piquant … mais comme souvent, on peut y voir un double sens beaucoup moins flatteur : l’épine peut aussi être une référence au pénis en érection, ce qui prend dès lors un tout autre sens. Ce n’est pas la seule fois dans l’histoire de la famille Tyrell que l’image de l’épine est utilisée : on entendra bientôt parler de Leo « Longthorn » Tyrell, ou Leo l’Épine en vf, un jouteur redoutable, dont le surnom peut provenir de son habileté à la lance … ou peut-être d’une descendance nombreuse ?

    Dans la cour intérieur, Sansa assiste à un entraînement. C’est là qu’on nous introduit Garlan Tyrell. Personnage intéressant également. Loras est la vitrine des Tyrell, le chevalier qui s’exhibe au tournoi et gagne gloire et renommée. Garlan est plus discret, mais pas moins efficace : il affronte plusieurs ennemis à l’entraînement, il est meilleur bretteur que Loras, quoique moins bon jouteur. On apprendra par la suite qu’il a joué un rôle important (mais discret) dans la bataille de la Néra et dans les intrigues de sa famille. Garlan est apparemment ce qu’on peut attendre de mieux d’un puîné : fiable, fort, discret, loyal. (L’antithèse de Tyrion, en somme ^^)

    La discussion se poursuit, avec Sansa éblouie et naïve, et Loras faussement charmant. Elle accumule les maladresses, commençant par parler du tournoi de la Main dont il ne se souvient manifestement pas (Il tente de mentir, mais il n’est pas très doué.) Sansa glisse ensuite sur Robar Royce, puis sur Renly … Exactement les sujets sur lesquels Loras est à vif, et qu’il vaudrait mieux éviter. Elle ne peut pas le deviner, mais elle le comprend vite : le vernis de l’amabilité saute, le jeune homme devient froid et distant. En passant, Loras a lui-aussi commis des maladresses que le lecteur peut relever : déjà, son attitude est l’un des indices qui révèle la vraie nature de sa relation avec Renly. Ensuite, il révèle devant Sansa l’un des mensonges de sa famille, dont le lecteur était déjà conscient :

    [Margaery] se trouvait à Pont-l’Amer, cependant. Elle n’a pas vu.

    Ah bon ? ^^ Pourtant, les Tyrell nous ont assuré (dans le dernier chapitre de Sansa) qu’elle était encore à Hautjardin, qu’elle n’avait pas suivi Renly à la guerre !

    Sansa arrive enfin aux portes de la Crypte-aux-Vierges, où Loras lui présente la garde personnelle d’Olenna, les jumeaux Dextre et Senestre. Les fameuses épines de la reine ? ^^ Ou simplement les mains zélées d’Olenna ?

    « Elle n’avait littéralement rien d’épineux. »

    Margaery se montre immédiatement bienveillante avec Sansa, afin de la mettre en confiance. Une douzaine de femmes nous sont introduites, et sont aussitôt relégués comme figurantes. Pourtant, certaines deviendront importantes avec le temps (comme lady Merryweather ^^). Et enfin, arrive la si longuement teasée reine des épines. L’une des premières informations qui nous est donnée sur elle, c’est son odeur :

    La vieille dame embaumait l’eau de rose.

    On retrouve l’idée de la rose Tyrell … Mais à la relecture, on retrouve aussi l’idée, récurrente chez GRRM, que le parfum sert à masquer une vérité moins agréable : Olenna triche, Olenna ment, comme tous les membres de sa famille, comme toutes les personnes qui se parfument. D’ailleurs, c’est confirmé plus loin, lorsque Sansa relève l’odeur aigrelette de l’haleine d’Olenna.

    Après quelques amabilités, le naturel de la reine des Épines ressurgit : Olenna est âgée, elle peut se permettre d’asticoter les gens ou d’être méchante sans avoir à redouter beaucoup de conséquences. Elle est plus âgée que beaucoup de morts ou de mourants … Elle sait que son heure viendra bientôt : « la nuit finit par tomber pour chacun de nous, et trop tôt pour certains. »

    On évoque à nouveau Renly et Margaery réagit beaucoup moins que son frère :

    Sansa se détourna vers Margaery. « C’est avec tristesse que j’ai appris la mort de lord Renly, Votre Grâce. C’était un preux.
    – Votre amabilité me touche », répondit Margaery.

    Olenna, elle, commence à partir de là à rhabiller tout le monde. D’abord, Renly, puis Loras et même Mace… Elle ne se prive pas non-plus d’égratigner Alerie Hightower. Les échanges nous montre des rapports complexes au sein de la famille Tyrell : son statut de doyenne et de veuve fait qu’Olenna est respectée et qu’elle a droit de présider une assemblée de femmes. Elle peut même se permettre de rabrouer sa bru … Toutefois, il semble qu’elle ne soit pas spécialement écoutée ou suivie. Mace, notamment, prend des décisions qui vont contre son avis.

    – Grand-Mère, intervint Margaery, mesurez vos paroles, ou que pensera de nous Sansa ?
    – Que nous avons quelque jugeote, éventuellement. En tout cas, l’une d’entre nous. » Et c’est à son adresse qu’elle reprit : « Je les ai prévenus […] Nous n’aurions jamais dû nous embarquer dans ces sacrées foutaises, si vous désirez mon avis, mais une fois la vache traite, allez donc lui regicler la crème dans le pis, vous.

    Olenna est défiante, vis-à-vis des Targaryen, des Baratheon, du pouvoir royal … Et elle connaît bien son fils, et ses ambitions disproportionnées. Les Tyrell ont un problème de légitimité, même trois-cents ans plus tard, et les Florent, Rowan, du Rouvre ont des prétentions tout aussi, voire mieux fondées, sur Hautjardin.

    On découvre en passant que les Tyrell se sont renseignés sur Sansa et que, comme toujours, Varys a tenté de se faire bien voir lorsque de nouveaux joueurs potentiels rentrent dans la danse … mais une fois de plus (sans le savoir), il a été pris de vitesse par Littlefinger.

    – J’adore les gâteaux au citron, confessa Sansa.
    – C’est ce qu’on nous a dit, déclara lady Olenna qui n’avait manifestement pas l’intention de se laisser boucler le bec. En nous distillant le tuyau, cet animal de Varys avait l’air d’escompter notre gratitude.

    Sur ce, il est temps que le repas commence …

    « Rassure-toi, nous ne sommes qu’entre femmes, ici. »

    Dans la suite du repas, Olenna nous présente son point de vue, opposant hommes et femmes. La société lui donne tort, s’organise sans elle, permet à son fils de mener les Tyrell sur une route dangereuse, sans qu’elle ne puisse rien y faire (apparemment).

    Tous les hommes, à dire vrai, sont fous, mais ceux à marotte sont plus amusants que ceux à couronne.

    Ces paroles font écho à celle de Florian et Jonquil dans la version de Tanselle la Dornienne, jouée devant Dunk : « Belle dame, dit Florian, tous les hommes sont des fous, et tous les hommes sont des chevaliers, quand ils se retrouvent face à une femme. »

    Tous ces rois feraient infiniment mieux de déposer l’épée et d’écouter leurs mères.

    Ce conseil vaut pour Robb … Pas forcément pour Joffrey …

    Arrive enfin la pierre angulaire de ce chapitre, la véritable raison de l’invitation des Tyrell et le moment qui décidera de l’avenir. Alors que toutes les autres femmes attachent leur attention sur le fou et font du bruit, Olenna entre dans le vif du sujet :

    « Je veux que vous me disiez la vérité sur ce royal gamin, lâcha brutalement lady Olenna. Ce Joffrey. »

    Sansa tente de masquer la vérité, elle craint d’être ensuite piégée … Olenna ne s’en laisse pas compter : elle a entendu des « histoires troublantes », elle veut en connaître le fin mot. Olenna sait comment se joue la partie : elle éloigne les serviteurs, fait monter le bruit dans la pièce … Elle rassure également Sansa, arguant de la féminité de l’entourage, gage de sécurité. Une autre personne toutefois suit la conversation et s’immisce : Margaery. On comprend qu’elle est plus fine et moins naïve que Sansa : Olenna lui a appris qu’il fallait voir au-delà des apparences et Margaery se rend bien compte que Sansa est terrifiée. Les Tyrell sont plus Lannister que Stark : Olenna sait que le Donjon Rouge est pleins d’yeux et d’oreilles, Margaery n’est pas une jeune fille pleine d’illusions et de rêves creux … Au passage, Olenna révèle qu’elle est bien consciente des soupçons qui pèsent sur l’ascendance de Joffrey « qui se proclame Baratheon mais a l’air si fort Lannister. »

    Sansa finit par dire la vérité :

    « Un monstre, murmura-t-elle d’une voix si tremblante qu’à peine la perçut-elle elle-même. Joffrey est un monstre. Il a calomnié le garçon boucher et contraint Père à tuer ma louve. Quand je le mécontente, il me fait rosser par sa Garde. Il est pervers et cruel, madame, voilà. Et la reine aussi. »

    Ces quelques phrases auront suffi. Instinctivement, Sansa a peur des conséquences pour elle, mais c’est un autre qui les subira : les Tyrell sont désormais averties contre Cersei et Joffrey vient d’être condamné, car comme dit Olenna : « lord Enfleur veut à tout prix que Margaery soit reine. » … Mais on peut être reine sans être l’épouse de Joffrey ^^

    « Le reste était imaginaire. »

    Margaery se révèle à son tour. Bien qu’elle ait tout entendu, elle ne réagit pas, et détourne la conversation sur quelque chose qui semble plus anodin, plus léger … Mais le fou continue à hurler sa chanson ; les Tyrell ne veulent toujours pas être entendues. Car une nouvelle intrigue est en train de se nouer. Margaery commence par dresser un portrait idyllique de Hautjardin et lui fait miroiter une vie de rêve, loin de la Cour et des monstres qui la peuplent. Olenna la rabroue, mais ce n’est qu’une mise en scène : les deux femmes veulent amener Sansa à considérer la possibilité d’épouser Willos Tyrell, héritier de Hautjardin (le seul homme de sa maison qu’Olenna ne traite pas de balourd). Un projet qu’il faut impérativement cacher aux Lannister, pour éviter qu’ils le contrecarrent. Présentée comme une porte de sortie, cette intrigue vise en fait à mettre la main sur la clé du Nord. Sansa se méprend un temps, pensant épouser Loras, mais les Tyrell rectifient. Margaery l’Intrigante tente de dissimuler une information importante, mais est reprise pas Olenna :

    Est-il… est-il un chevalier aussi émérite que ses frères ?
    – Non, dit Margaery. Il n’a jamais prononcé les voeux. »
    Sa grand-mère se renfrogna. « Dis-lui la vérité. Il est infirme, le malheureux. Voilà l’explication.

    Olenna accuse Oberyn Martell. Et son mestre (tiens tiens! ^^)

    La manigance se fait dans le dos des Lannister, mais aussi dans le dos de lord Mace :

    – Seulement, la reine…, poursuivit-elle, jamais la reine ne me laissera partir…
    – Si. Sans Hautjardin, les Lannister n’ont aucun espoir de maintenir Joffrey sur le trône. Si mon balourd de seigneur fils l’en requiert, elle ne pourra que le lui accorder.
    – Le fera-t-il ? demanda Sansa. L’en requerra-t-il ? »
    Lady Olenna fronça les sourcils. « Je ne vois pas la nécessité de lui laisser le choix. Etant bien entendu qu’il ne soupçonne rien de nos véritables desseins.

    On peut légitimement se demander si Willos est déjà au courant, lui-aussi, ou s’il aurait fallu à Olenna le convaincre ou à Sansa le séduire … Sansa accepte, mais les Tyrell commettent une erreur, en fixant une échéance trop tardive :

    Quand vous irez à Hautjardin, après mes noces avec Joffrey. Grand-Mère vous emmènera.

    Et Sansa commettra bientôt une autre erreur … Celle de se fier (encore) à la mauvaise personne :

    Ser Dontos l’avait bien mise en garde. Hors de l’enceinte du bois sacré, ne jamais parler librement.

    Même dans le bois sacré, parler librement dans le Donjon Rouge est toujours une erreur.

    2. Liens avec la saga

    Les contes tuent

    Je trouve intéressant de revenir deux minutes sur le cas de Joffrey : voilà un « roi hardi » (autrement dit : désinvesti, stupide et injuste), qui parvient à se maintenir au pouvoir grâce à la puissance armée et les intrigues de gens plus compétents que lui (les Lannister, essentiellement). Or ce qui va le tuer, au final, ce n’est pas tant son incompétence … Ce sont les contes, les rumeurs. C’est ce qui inquiète les Tyrell en premier lieu, et c’est encore par un conte (celui révélé ici par Sansa), qu’elle(s) décide(nt) de passer à l’action contre lui :

    Il nous est cependant parvenu des histoires troublantes.
    We have heard some troubling tales, however.

    Je pense que c’est là un élément assez important de la saga. Joffrey n’a pas craint les histoires qui couraient sur lui, il aurait dû. Un autre « monstre » devrait les craindre, aussi :

    « Des histoires courent sur ton compte, Ramsay. Je les entends partout. Les gens ont peur de toi.
    — Parfait.
    — Tu te trompes. Ce n’est pas parfait. Aucune histoire n’a jamais couru sur mon compte. Crois-tu que je serais assis ici, s’il en allait autrement ? »

    « Tales are told of you, Ramsay. I hear them everywhere. People fear you. »
    « Good. »
    « You are mistaken. It is not good. No tales were ever told of me. Do you think I would be sitting here if it were otherwise?

    ADWD, Schlingue III.

    Roose Bolton nous donne la recette : vous voulez être un monstre ? Soyez un monstre discret ! Pas sûr que tous les monstres d’ASOIAF suivront son judicieux conseil.

    Olenna, ou les secrets et mensonges du passé

    Olenna a beaucoup vécu … Elle évoque donc souvent le passé et nous offre quelques clés précieuses pour savoir ce qui s’est produit avant la saga et ce qui a influencé ou influence encore le cours des événements.

    Je connaissais votre grand-père, lord Rickard, mais pas beaucoup.

    Qu’une Redwyne ait eu des contact avec un Stark, c’est assez rare pour être relevé et ça participe à l’idée que Rickard Stark a tenté de tisser des liens avec les Sudiers. Intéressant à relever puisqu’on en discutait justement récemment.

    Les Baratheon ont toujours eu de ces lubies curieuses, en fait. Cela doit leur venir du sang targaryen, j’imagine.

    Olenna n’est pas spécialement fan des Targaryen, ni des Baratheon.

    On a prétendu m’en faire épouser un, de ces Targaryens, dans le temps, mais j’ai vite mis le holà.

    Mensonge. Olenna trafique la réalité pour la rendre plus supportable (et moins humiliante) pour elle. La réalité est bien différente, comme TWOIAF nous l’apprendra. ^^

    les Tyrell n’étaient rien mieux que des intendants quand Aegon le Dragon survint rôtir au Champ de Feu le roi légitime du Bief. A parler franc, nos droits eux-mêmes sur Hautjardin sont passablement douteux, tout juste comme ne cessent de le pleurnicher ces affreux Florent.
    […]
    « Les Tyrell sont à même de remonter dans leur ascendance jusqu’à Garth Mainverte. »

    Ah bon ? Mais comment le pourraient-ils ? Dans TWOIAF, on découvre que les Tyrell ont comme ancêtre un chevalier andal … (Bon en réalité, les mariages entre gens de la noblesse du Bief font que les Tyrell ont sûrement autant de liens avec les Premiers Hommes que n’importe quel autre noble du Bief … Mais c’est intéressant de voir comme la généalogie est intéressante et parfois mensongère dans cet univers)

    « Même à l’époque où j’étais plus jeunette encore que vous, il était notoire qu’au Donjon Rouge les murs eux-mêmes avaient des oreilles.
    […]
    La vieille dame se mit à sourire de ses mille rides. « Nous avons beaucoup d’araignées parmi nos fleurs, à Hautjardin. Tant qu’elles se tiennent à carreau, nous leur laissons filer leurs petites toiles, mais qu’elles viennent sous nos pieds, nous marchons dessus. »

    J’aime beaucoup la sonorité de « many spiders amongst the flowers » en vo. ^^ Ça me fait aussi penser à lady Tyssier (Webber en vo.), qui était vassale des Tyrell avant d’épouser le grand-père de Tywin et dont le blason comporte une araignée rouge.

    De façon plus terre à terre, Olenna est consciente depuis bien longtemps des intrigues de Port-Réal, elle sait qu’il y a des yeux et des oreilles qui les épient, à Port-Réal comme à Hautjardin. Mais elle sait jouer avec, et ça ne l’empêche pas de mener ses intrigues.

    La Belle et l’Ours

    Très souvent évoquée dans le reste de l’œuvre, on découvre ici les paroles de l’antique chanson La Belle et l’Ours. Chanson grivoise, chantée notamment aux mariages, aux célébrations … elle est appréciée pareillement par les nobles et le peuple.

    Rarement Martin aura autant détaillé les paroles d’une chanson dans un chapitre. Il préfère généralement les suggérer que les révéler. Ici, en revanche, on peut reconstituer toute la chanson.

    On a donc un ours noir et brun, couvert de poils ; trois garçons et une chèvre l’emmènent au « marché » en dansant. Ils y rencontrent une jouvencelle douce et pure et belle (Martin joue d’ailleurs sur le mot fair, qui est parfois un nom = « foire », parfois un adjectif pour qualifier la Belle = « blond » ou « belle »). Elle a du miel dans les cheveux, l’odeur attire l’ours qui rugit et vient sentir ses cheveux. La Belle refuse d’abord de « danser » avec lui. Mais l’ours la soulève dans les airs. Elle lui dit avoir demandé un chevalier, mais il n’est qu’un ours ; elle frappe et pleure, mais il continue de lécher le miel de ses cheveux. Elle finit par soupirer et crier, et finit par chanter « Mon ours, mon bel ours. » Et ils partent ensemble.

    Ça me fait penser à ces chansons d’enfants, qu’on chante sans s’en rendre compte, et lorsqu’on finit par se pencher sur le sens … elles ont un sens caché, parfois dérangeant.

    Il y a deux trames au moins qui me semblent faire écho à La Belle et l’Ours : déjà, celle de Jaime et Brienne, évidemment. Appelée Beauty ou Maid (un vocabulaire proche ou identique à celui de la chanson) la blonde Brienne se retrouve opposée à un vrai ours, à Harrenhal, contre lequel elle doit danser. Elle sera sauvée par un chevalier, Jaime. L’autre trame, c’est celle de Daenerys et Jorah : Daenerys est blonde, elle aussi, et elle appelle Jorah « mon ours », en référence à son blason et à son tempéramment. On remarquera d’ailleurs que Jorah est lui aussi couvert de poils noirs et bruns, comme l’ours de la chanson, ce qui poussera Tyrion dans ADWD à prétendre qu’ils font (avec Sol) un spectacle comique reprenant la chanson.

    Image

    En passant, j’ai trouvé cette image, lors d’une recherche sans rapport … The Faery Prince by Adolf Münzer 1925. Ca viendrait d’un masque élizabéthain de Ben Johnson : Oberon, the Faery Prince. Je ne sais pas s’il y a un lien avec La Belle et l’Ours de GRRM … Mais je trouve qu’elle marche bien avec la chanson.

    Allez ! Pour faire plaisir à Gray, je conclue mon post en musique :

    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 années et 10 mois par R.Graymarch.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #165923
    Obsidienne
    • Pisteur de Géants
    • Posts : 1111

    Merci, Eridan, pour l’analyse de ce chapitre qui, effectivement, fait (un peu…) avancer l’histoire.
    Quelques points de détail :

    – 

    … Loras Tyrell vient chercher Sansa en personne pour la conduire au souper.

    Le choix de Loras et son effet bien connu sur la gent féminine ne pouvait que contribuer à mettre Sansa en confiance … et ça marche, même quad elle gaffe, bien involontairement .

    Certains voient dans le surnom d’Olenna une manière de qualifier sa langue acerbe et son esprit piquant … mais comme souvent, on peut y voir un double sens beaucoup moins flatteur : l’épine peut aussi être une référence au pénis en érection, ce qui prend dès lors un tout autre sens. Ce n’est pas la seule fois dans l’histoire de la famille Tyrell que l’image de l’épine est utilisée : on entendra bientôt parler de Leo « Longthorn » Tyrell, ou Leo l’Épine en vf, un jouteur redoutable, dont le surnom peut provenir de son habileté à la lance … ou peut-être d’une descendance nombreuse ?

    Là je ne suis pas vraiment convaincue de ce double sens appliqué à une femme…

    Les contes tuent

    Je trouve intéressant de revenir deux minutes sur le cas de Joffrey : voilà un « roi hardi » (autrement dit : désinvesti, stupide et injuste), qui parvient à se maintenir au pouvoir grâce à la puissance armée et les intrigues de gens plus compétents que lui (les Lannister, essentiellement). Or ce qui va le tuer, au final, ce n’est pas tant son incompétence … Ce sont les contes, les rumeurs. C’est ce qui inquiète les Tyrell en premier lieu, et c’est encore par un conte (celui révélé ici par Sansa), qu’elle(s) décide(nt) de passer à l’action contre lui :

    Il nous est cependant parvenu des histoires troublantes. We have heard some troubling tales, however.

    Je pense que c’est là un élément assez important de la saga. Joffrey n’a pas craint les histoires qui couraient sur lui

    Les contes … veux tu dire les rumeurs ?
    Je ne comprends pas non plus  » « roi hardi » (autrement dit : désinvesti, stupide et injuste)  » …
    Quant aux « histoires troublantes » , lady Olenna lance là un double sens : histoires sur la cruauté de Joffrey ou sur sa bâtardise ?
    Finalement, Olenna (et les Tyrell) auraient pu chercher à l’éliminer en prouvant sa bâtardise : ils ont choisi le meurtre, plus efficace et radical et qui a évité à Margaery toute relation intime avec Joffrey et sa cruauté !
    Je me demande, d’ailleurs, si les rumeurs de sa bâtardise sont jamais venues aux oreilles de Joffrey …
     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 10 mois par Obsidienne.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 10 mois par R.Graymarch.

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #165925
    Eridan
    • Vervoyant
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    Là je ne suis pas vraiment convaincue de ce double sens appliqué à une femme …

    J’avoue, je vais le chercher un peu loin et rien dans le reste de la saga n’indique (pour l’heure) qu’Olenna apprécie particulièrement la chose. N’empêche, la réflexion de Sansa et le fait qu’Olenna semble peu apprécier le surnom d’après Loras m’invite à réfléchir … Et on sait Martin très fan de ce genre de double-sens un peu graveleux dans les surnoms qu’il attribue à ses personnages. (Littlefinger, Pat the Woodcock, Braxton le Dard, Jasper Verge-de-Fer)

    Les contes … veux tu dire les rumeurs ?

    En vo, le tales utilisé par les personnages signifie plutôt « contes » . En français, nous aurions plutôt tendance à dire rumeurs ou racontars, en effet. Je préfère la version originale, car je pense que des contes et légendes, même anciens, peuvent tuer ou inspirer des meurtres : c’est le cas du « conte » du Rat Coq, qui va inspirer la vengeance de Wyman Manderly contre les Frey, par exemple. 😉

    Je ne comprends pas non plus  « « roi hardi » (autrement dit : désinvesti, stupide et injuste) » …

    « Un roi fort agit hardiment, il ne se contente pas de bavarder. » (Joffrey, ASOS 54). 😉

    Des paroles que Cersei et les Lannister imaginent venir de Robert (mais il est possible qu’elles viennent de Littlefinger). Robert et Joffrey auraient tendance en effet à se définir comme des « rois hardis » … Personnellement, ce sont ces autres qualificatifs qui me viennent à l’esprit quand je pense à leur manière de régner. ^^ Ca se discute, évidemment.

    Quant-aux » histoires troublantes » , lady Olenna lance là un double sens : histoires sur la cruauté de Joffrey ou sur sa bâtardise ?

    Pour moi, c’est clairement la cruauté qui est visée et problématique, même si les Tyrell sont parfaitement conscients des accusations de bâtardise portées par Stannis et qu’Olenna ne se prive d’ailleurs pas de l’évoquer à demi-mot (il me semble d’ailleurs qu’il y a d’autres allusions plus tard dans AFFC). Si c’était la bâtardise qui leur posait vraiment problème, ce serait aussi un problème avec Tommen. Or, justement, Olenna passe à l’action pour empêcher le mariage avec Joffrey, et permettre ensuite le mariage avec Tommen, puisque Mace Tyrell tient absolument à marier sa fille à un roi. (cf. sixième chapitre de Sansa de cette intégrale.)

    Je me demande, d’ailleurs, si les rumeurs de sa bâtardise sont jamais venues aux oreilles de Joffrey …

    Oui. Eddard l’accuse directement sous le Trône de Fer lors de la cérémonie inaugurale de son règne, puis un fidèle de Stannis après la bataille de la Néra.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #165926
    R.Graymarch
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    Ah mais, merci . Remballez vos pluies de Castamere ou autre, c’est ça (et cette version), la meilleure chanson de la série (avec son placement dans l’épisode)

    Après des chapitres un peu mous, on a enfin quelque chose de beaucoup plus intéressant (à tel point que je n’ai pas senti le « résumé des épisodes précédents » raconté par Sansa). GRRM a encore une fois le don de rendre un personnage passionnant dès sa première apparition, ici Olenna.

    Donc, on a Sansa qui dans ce chapitre alterne entre « se méfier » et « être trop naïve ». Elle ne « sent » pas trop l’invitation, on la comprend un peu

    J’avais noté aussi son côté « c’est pas juste » sur la popularité de Margaery

    The same smallfolk who pulled me from my horse and would have killed me, if not for the Hound. Sansa had done nothing to make the commons hate her, no more than Margaery Tyrell had done to win their love.

    En plus, si ça tourne mal, elle n’a personne pour la sauver
    Sansa wondered if Joffrey knew of this supper. For all she knew, it might be his doing. That thought made her fearful. If Joff was behind the invitation, he would have some cruel jape planned to shame her in the older girl’s eyes. Would he command his Kingsguard to strip her naked once again? The last time he had done that his uncle Tyrion had stopped him, but the Imp could not save her now.
    Enfin, si, il reste Dontos (autant dire que hum, pour le relecteur)
    No one can save me but my Florian. Ser Dontos had promised he would help her escape, but not until the night of Joffrey’s wedding. The plans had been well laid, her dear devoted knight-turned-fool assured her; there was nothing to do until then but endure, and count the days.
    Dans le doute, méfions nous
    But this was the Red Keep, this was King’s Landing, this was the court of King Joffrey Baratheon, the First of His Name, and if there was one thing that Sansa Stark had learned here, it was mistrust.
    Le Limier lui manque (oui j’ai noté aussi) et Loras vient la chercher. Et c’est là qu’elle apprend qu’Olenna sera là

    “I have so looked forward to our supper.”

    “As has Margaery, and my lady grandmother as well.”

    Loras est très galant mais en effet c’est de pure façade. Cela dit, au début, il l’aide quand Sansa gaffe (elle est très troublée à côté du beau chevalier) en parlant du surnom d’Olenna (pour montrer qu’elle sait qui c’est ?). Ensuite c’est la douche froide quand Sansa se rencontre que Loras ne se souvient pas du tout d’elle…
    He doesn’t remember, Sansa realized, startled. He is only being kind to me, he doesn’t remember me or the rose or any of it. She had been so certain that it meant something, that it meant everything. A red rose, not a white.
    Puis autre faux pas, mais sur Robar Royce et Renly. Loras prend « un peu » ombrage

    “That was when Lord Renly was killed, wasn’t it? How terrible for your poor sister.”

    “For Margaery?” His voice was tight. “To be sure. She was at Bitterbridge, though. She did not see.”

    “Even so, when she heard . . .”

    Ser Loras brushed the hilt of his sword lightly with his hand. Its grip was white leather, its pommel a rose in alabaster. “Renly is dead. Robar as well. What use to speak of them?”

    The sharpness in his tone took her aback. “I . . . my lord, I . . . I did not mean to give offense, ser.”

    “Nor could you, Lady Sansa,” Ser Loras replied, but all the warmth had gone from his voice. Nor did he take her arm again.

    On arrive auprès de la délégation Tyrell. Et là, beaucoup de gens nous sont présentés. Dextre et Senestre. Puis toute une flopée de femmes (et comme dans un roman policier, j’imagine qu’on nous en présente beaucoup pour cacher les rares qui seront importantes dans le futur).
    Sansa recognized only Lord Tyrell’s tall, dignified wife, Lady Alerie, whose long silvery braid was bound with jeweled rings. Margaery performed the other introductions. There were three Tyrell cousins, Megga and Alla and Elinor, all close to Sansa’s age. Buxom Lady Janna was Lord Tyrell’s sister, and wed to one of the green-apple Fossoways; dainty, bright-eyed Lady Leonette was a Fossoway as well, and wed to Ser Garlan. Septa Nysterica had a homely pox-scarred face but seemed jolly. Pale, elegant Lady Graceford was with child, and Lady Bulwer was a child, no more than eight. And “Merry” was what she was to call boisterous plump Meredyth Crane, but most definitely not Lady Merryweather, a sultry black-eyed Myrish beauty.
    Olenna tranche par sa langue acérée

    foolish flock of hens

    C’est dur de ne pas l’apprécier, avec son franc parler et sa (relative) sincérité. Au passage, on apprend des trucs (que personne ne peut vérifier)

    “They tried to marry me to a Targaryen once, but I soon put an end to that.”

    Puis elle dit du mal de son fils, de Loras. Une personne âgée qui dit du mal mais qui parait plus avenante que Walder Frey (ce qui n’est pas bien dur)

    Moi aussi j’ai beaucoup tiqué sur le fait que les Tyrell s’étaient renseignés sur Sansa (et ne s’en cachent pas vraiment)

    “Lemon cakes are my favorite,” Sansa admitted.

    “So we have been told,” declared Lady Olenna, who obviously had no intention of being hushed.

    Petite info (?) de plus

    I’ve never been quite sure what the point of a eunuch is, if truth be told. It seems to me they’re only men with the useful bits cut off.

    Arrive Beurbosses qui fait son show

    Petit passage sur les bons conseils de Tatie Olenna

    Should you ever have a son, Sansa, beat him frequently so he learns to mind you. I only had the one boy and I hardly beat him at all, so now he pays more heed to Butterbumps than he does to me.

    J’ai noté aussi cette réflexion de mère

    There is entirely too much tut-tutting in this realm, if you ask me. All these kings would do a deal better if they would put down their swords and listen to their mothers

    On reparle des infos que les Tyrell avaient prise

    You know, child, some say that you are as big a fool as Butterbumps here, and I am starting to believe them.

    Et quand Olenna rassure, elle est un peu inquiétante. « Ne crains rien mais ouais ton père qui dit la vérité a fini tué comme traître »

    “Are you frightened, child? No need for that, we’re only women here. Tell me the truth, no harm will come to you.”

    “My father always told the truth.” Sansa spoke quietly, but even so, it was hard to get the words out.

    “Lord Eddard, yes, he had that reputation, but they named him traitor and took his head off even so.”

    J’ai aussi beaucoup tiqué sur Margaery qui « pop » comme ça dans la conversation. Elle cache bien son jeu

    “Go on.” It was Margaery who urged. Joffrey’s own queen-to-be. Sansa did not know how much she had heard.

    En effet, on sait que le destin de Joffrey est scellé

    Lady Olenna Tyrell and her granddaughter exchanged a look. “Ah,” said the old woman, “that’s a pity.”

    Hmm, phrase intéressante aussi

    And the word of a Tyrell is worth more than all the gold in Casterly Rock. At least it was in my day.

    Ensuite on évoque une voie de sortie pour Sansa. Elle espère Loras et n’aura que Willos (et en fait aucun des deux)

    Le chapitre se termine alors qu’on n’a pas vraiment la réaction de Sansa à la proposition…

    N’empêche, ça reste très intéressant tout ça

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    #166122
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
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    Très bon chapitre d’ouverture pour Sansa.

    Je ne m’attarderai pas sur l’ombre du Limier qui traverse le chapitre. Plus là physiquement, mais encore à l’esprit de Sansa. J’aime bien comment elle prend sa défense silencieusement alors même qu’il n’est plus là.

    Sur la Belle et L’Ours, pas mal de gens plus malins que moi l’ont lié à un certain éveil de la sensualité de Sansa. Non seulement la chanson peut avoir des sous-entendus grivois, mais c’est au cours de cette chanson que Sansa s’imagine mariée à Loras et le déshabiller. Ca reste tout public, mais n’empêche. C’est la première fois que Sansa « fantasme ».

    Et je m’en voudrai de mentionner que cette histoire entre la Belle et l’Ours fait écho à notre mythe de la Belle et la Bête, qui peut faire écho à son tour entre l’histoire entre la douce Sansa et le féroce Limier.

    Non, le coeur du chapitre est la rencontre avec les Tyrell. De toute évidence, la rencontre a un double objectif:

    • confirmer les rumeurs de cruauté de Joffrey de la part d’une de ses victimes préférées. Le regard que Margaery et Olenna s’échange, témoigne de cette confirmation attendue, et scelle le destin du roitelet
    • jauger Sansa pour s’assurer qu’elle est un bon parti pour Willas.

    De ce point de vue, il n’est pas neutre que ce n’est qu’après que Sansa ait révélé la vérité qu’elles leur confient leur projet de mariage. Margaery good cop/ Olenna bad cop. J’ai du mal à saisir en quoi elle a passé le test, alors que Sansa se trahit si facilement durant l’interrogatoire.

    Mon impression est la suivante: avant la rencontre, ils savaient que c’était un bon parti sur le papier. Elle a le lignage honorable qui leur manque, elle est en détresse et prête à accepter n’importe quoi pour s’en sortir, et bien sûr c’est la « clé du Nord ».

    Durant la rencontre, j’ai l’impression qu’ils la jugent courtoise, jolie et un peu cruche. En gros, un pion parfait à manipuler et une gentille petite épouse dévouée pour leur Willas.

    De manière anecdotique, Sansa rétablit la vérité sur la mort de Mycah. Elle qui disait à Arya dans Agot qu’il avait attaqué Joffrey. Ce détail est très lié à la manière mystérieuse dont Sansa peut réarranger ses souvenirs selon sa vision du monde.

    #166259
    Yfos
    • Terreur des Spectres
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    Merci pour la relecture de ce long et intéressant chapitre dans lequel sont présentés de nouveaux joueurs.

    les deux femmes veulent amener Sansa à considérer la possibilité d’épouser Willos Tyrell, héritier de Hautjardin (le seul homme de sa maison qu’Olenna ne traite pas de balourd).

    Je n’ai pas l’impression qu’elle traite Garlan de Balourd non plus.

    Garlan est plus discret, mais pas moins efficace : il affronte plusieurs ennemis à l’entraînement, il est meilleur bretteur que Loras, quoique moins bon jouteur

    Peut-être même plus efficace dans un combat réel qui peut amener à affronter plusieurs adversaires. je ne sais pas quel adversaire Ser Bronn de la Nera jugerait le plus dangereux.

    Ensuite, il révèle devant Sansa l’un des mensonges de sa famille, dont le lecteur était déjà conscient : [Margaery] se trouvait à Pont-l’Amer, cependant. Elle n’a pas vu. Ah bon ? ^^ Pourtant, les Tyrell nous ont assuré (dans le dernier chapitre de Sansa) qu’elle était encore à Hautjardin, qu’elle n’avait pas suivi Renly à la guerre !

    Vu le nombre de personnes au courant, je pense que pas grand monde n’est dupe. Le mensonge arrange tout le monde car il facilite son remariage avec Joffrey.

    … Elle rassure également Sansa, arguant de la féminité de l’entourage, gage de sécurité

    Il est évident que son expérience avec Cersei va en convaincre Sansa.

    Quant aux « histoires troublantes » , lady Olenna lance là un double sens : histoires sur la cruauté de Joffrey ou sur sa bâtardise ?

    Il me semble que, lorsqu’il fait évader Sansa, Littlefinger explique que des hommes de son escorte ont raconté des histoires sur le caractère de Joffrey lors des négociations à Hautjardin.

    De manière anecdotique, Sansa rétablit la vérité sur la mort de Mycah. Elle qui disait à Arya dans Agot qu’il avait attaqué Joffrey.

    Et même plus tard, dans ACOK 19, Sansa II (wiki), au moment de son premier rendez-vous avec Davos dans le Bois sacré, alors même qu’elle a encore mal suite à la contusion faite par Ser Meryn, elle évoque Sansa, tuée par son père par la faute d’Arya. Sans mettre du tout en cause Joffrey et Cersei malgré tout ce qu’ils lui ont fait subir. À quel moment a-t-elle changé de point de vue?

    #166271
    Lapin rouge
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    Et même plus tard, dans ACOK 19, Sansa II (wiki), au moment de son premier rendez-vous avec Davos dans le Bois sacré, alors même qu’elle a encore mal suite à la contusion faite par Ser Meryn, elle évoque Sansa, tuée par son père par la faute d’Arya.

    Tu veux sans doute dire « son premier rendez-vous avec Dontos », et qu’elle évoque Lady, tuée par son père par la faute d’Arya.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #166294
    Yfos
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    Tu veux sans doute dire « son premier rendez-vous avec Dontos », et qu’elle évoque Lady, tuée par son père par la faute d’Arya.

    oui, c’est ça. Ça a planté lorsque j’ai cliqué sur envoyer et j’ai réécrit sans vraiment relire.

    #166343
    Céleste
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    Sansa, objet de convoitise et pion pas encore conscient, s’est attirée les faveurs des charmants Tyrell. Mis à part les moments où Sansa est gênante, je trouve ce chapitre agréable à lire, avec plein d’infos à décortiquer :D. J’aime beaucoup le climat sécurisant et bienveillant qui est mis en place autour de Sansa, au point où elle pourra soulager son cœur et verbaliser ses souffrances. Elles vont lui offrir une porte de sortie qui apparait comme miraculeuse je trouve, même si ce n’est pas désintéressé, la Reine des Epines apparait comme la bonne fée de l’histoire, c’est dire les eaux troubles où Sansa traine actuellement. ^^

    Je me demande si les mentions de faucons sont comme un présage pour les Eyriés.

    Je préfère le souffle du dragon à la bave de crapeau et la langue de vipère.

    #166348
    Pandémie
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    Moi j’aime bien ce chapitre parce que justement, Olenna, Margaery, les cousines et le bouffon font en même temps penser à de sécurisants marraine, bonne fée, sœurs, gentil géant et en même temps aux vilains sorcière, marâtre, belles-sœurs ou ogre. Et on pourrait dire pareil des fils princes charmants pas si charmants (Willos infirme, Loras homosexuel, Garlan tueur). Le jeu des trônes dans toute sa splendeur et son vice.

    #166628
    darkdoudou
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    J’ai aussi beaucoup aimé relire ce passage, notamment avec l’apparition d’Olenna que les répliques aigres rendent tout de suite sympathique au lecteur, mais qui apparaît bien moins agréable quand on regarde de plus près, notamment aux moments où Sansa est pressée de répondre.

    Sansa avait l’impression que son cœur lui obstruait la gorge. La reine des Épines était si près d’elle qu’elle en sentait l’haleine aigrelette. Ses longs doigts décharnés lui pinçaient le poignet. De l’autre côté, Margaery tendait également l’oreille. Un frisson la parcourut tout entière.

    En arrière-fond sonore, la chanson qui est aussi l’histoire d’un viol* fait un cadre parfait pour l’interrogatoire et les plans pour un futur enlèvement de Sansa. J’ai bien noté la défiance et la clairvoyance dont fait preuve la jeune Stark qui garde toutefois ses rêves de chevalerie et de cour de beauté magique.

    *la jeune fille de la chanson donne des ruades (kick en vo) tout comme Davos avait rué (kick aussi) contre la mer pendant sa noyade au chapitre précédent.

    De manière anecdotique, Sansa rétablit la vérité sur la mort de Mycah. Elle qui disait à Arya dans Agot qu’il avait attaqué Joffrey. Ce détail est très lié à la manière mystérieuse dont Sansa peut réarranger ses souvenirs selon sa vision du monde.

    Ce n’est pas anedoctique pour moi, ça fait partie du rapprochement entre les deux soeurs qui s’opère au fil des tomes.

    #166659
    RichardIII
    • Patrouilleur Expérimenté
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    La discussion se poursuit, avec Sansa éblouie et naïve, et Loras faussement charmant. Elle accumule les maladresses, commençant par parler du tournoi de la Main dont il ne se souvient manifestement pas (Il tente de mentir, mais il n’est pas très doué.) Sansa glisse ensuite sur Robar Royce, puis sur Renly … Exactement les sujets sur lesquels Loras est à vif, et qu’il vaudrait mieux éviter. Elle ne peut pas le deviner, mais elle le comprend vite : le vernis de l’amabilité saute, le jeune homme devient froid et distant. En passant, Loras a lui-aussi commis des maladresses que le lecteur peut relever : déjà, son attitude est l’un des indices qui révèle la vraie nature de sa relation avec Renly. Ensuite, il révèle devant Sansa l’un des mensonges de sa famille, dont le lecteur était déjà conscient :

    Je pense que ce Sansa a tapé là où ça fait mal: Margaery a reçu certainement plein de condoléances et d’égards comme veuve, et Loras rien du tout. Son deuil est occulté alors que celui de sa soeur est en pleine lumière.

    Je pense que c’est là un élément assez important de la saga. Joffrey n’a pas craint les histoires qui couraient sur lui, il aurait dû. Un autre « monstre » devrait les craindre, aussi :

    J’aime penser que c’est l’exécution de Ned en plein parvis du Septuaire de Baelor qui a envoyé un très gros red flag aux Tyrell et à tout le royaume sur la nature de Joffrey. Baelish n’a pas eu à convaincre de grand chose.

    les Tyrell n’étaient rien mieux que des intendants quand Aegon le Dragon survint rôtir au Champ de Feu le roi légitime du Bief. A parler franc, nos droits eux-mêmes sur Hautjardin sont passablement douteux, tout juste comme ne cessent de le pleurnicher ces affreux Florent.
    […]
    « Les Tyrell sont à même de remonter dans leur ascendance jusqu’à Garth Mainverte. »

    Ah bon ? Mais comment le pourraient-ils ? Dans TWOIAF, on découvre que les Tyrell ont comme ancêtre un chevalier andal … (Bon en réalité, les mariages entre gens de la noblesse du Bief font que les Tyrell ont sûrement autant de liens avec les Premiers Hommes que n’importe quel autre noble du Bief … Mais c’est intéressant de voir comme la généalogie est intéressante et parfois mensongère dans cet univers)

    Ils peuvent remonter leur ascendance à Garth Mainverte grâce aux mariages avec les Jardinier et autres. Je ne trouve pas ça contradictoire ou mensonger du tout.

    Dans une autre veine, c’est curieux que GRRM mette en avant le conflit Tyrell-Florent seulement à ce moment là et pas dans ACOK alors que ça pourrait justement beaucoup expliquer les actions des deux maisons.

    De façon plus terre à terre, Olenna est consciente depuis bien longtemps des intrigues de Port-Réal, elle sait qu’il y a des yeux et des oreilles qui les épient, à Port-Réal comme à Hautjardin. Mais elle sait jouer avec, et ça ne l’empêche pas de mener ses intrigues.

    Consciente des intrigues, certes. En revanche elle ne semble pas s’inquiéter du rôle potentiel de Varys qui pourrait interférer. Avant que Sansa n’insiste elle ne paraissait pas craindre une fuite d’information de cette discussion. De plus, on sait que Varys a au moins communiqué l’information triviale sur la tarte au citron à Olenna, qui est un sacré clin d’oeil. Sont-ils alliés de circonstance? Varys cherche t-il à renforcer les Tyrell? Ou juste à s’assurer, via un mariage Sansa-Willos, de la dégradation des relations entre Hautjardin et la Couronne?
    La série était allée encore plus loin en faisant de Varys un soutien d’Olenna dans cette intrigue pour contrer Littlefinger. C’est peut-être ce qu’il s’est passé même si je doute que Varys ait eu Littlefinger dans son viseur.

    On peut légitimement se demander si Willos est déjà au courant, lui-aussi, ou s’il aurait fallu à Olenna le convaincre ou à Sansa le séduire … Sansa accepte, mais les Tyrell commettent une erreur, en fixant une échéance trop tardive :

    Je pense que Mace sait, car le plan d’Olenna inclut qu’il sache et qu’il demande aux Lannisters de laisser Sansa partir à Hautjardin. Pour Willos c’est plus compliqué logistiquement donc je ne pense pas.

    Ce chapitre informe pas mal sur le fonctionnement interne des Tyrell. Contrairement à la série, on voit clairement que les désirs de Margaery et Olenna ne dominent pas la politique de leur maison contrairement aux désirs de Mace Tyrell, le seigneur en titre. Et celui-ci a choisi Renly puis Joffrey. Je pense qu’il sait pour le meurtre de Joff ainsi que son ascendance réelle et sait pour le plan concernant Sansa.

     

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 9 mois par R.Graymarch. Raison: Margeary. où
    #166665
    Eridan
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    J’aime penser que c’est l’éxécution de Ned en plein parvis du Septuaire de Baelor qui a envoyé un très gros red flag aux Tyrell et à tout le royaume sur la nature de Joffrey. Baelish n’a pas eu à convaincre de grand-chose.

    C’est tout à fait probable, surtout vu les propos échangés dans ce chapitre. Maintenant, sachant que l’exécution de Ned semble avoir été suggérée à Joffrey par Baelish … ^^ Ca reste la décision de Joffrey en bout de course, un roi avisé aurait repoussé ce mauvais conseil pour ce qu’il était (Baelish qui tente de faire disparaître les preuves de sa duplicité), mais de bout en bout, c’est l’œuvre du mauvais génie Littlefinger : il donne un conseil qu’il sait mauvais à un roi qu’il sait trop peu avisé pour voir la chausse-trappe, et se sert ensuite de l’événement pour le décrédibiliser.

    Je pense que Mace sait, car le plan d’Olenna inclut qu’il sache et qu’il demande aux Lannisters de laisser Sansa partir à Hautjardin. Pour Willos c’est plus compliqué logistiquement donc je ne pense pas. Ce chapitre informe pas mal sur le fonctionnement interne des Tyrell. Contrairement à la série, on voit clairement que les désirs de Margaery et Olenna ne dominent pas la politique de leur maison contrairement aux désirs de Mace Tyrell, le seigneur en titre. Et celui-ci a choisi Renly puis Joffrey. Je pense qu’il sait pour le meurtre de Joff ainsi que son ascendance réelle et sait pour le plan concernant Sansa.

    Ce n’est pas ce que les personnages sous-entendent, en tous cas :

    – Seulement, la reine…, poursuivit-elle, jamais la reine ne me laissera partir…
    – Si. Sans Hautjardin, les Lannister n’ont aucun espoir de maintenir Joffrey sur le trône. Si mon balourd de seigneur fils l’en requiert, elle ne pourra que le lui accorder.
    – Le fera-t-il ? demanda Sansa. L’en requerra-t-il ? »
    Lady Olenna fronça les sourcils. « Je ne vois pas la nécessité de lui laisser le choix. Étant bien entendu qu’il ne soupçonne rien de nos véritables desseins.

    On peut toujours imaginer qu’Olenna ment à Sansa, que c’est un moyen de dédouaner Mace et de prendre à sa charge la responsabilité du complot … Sauf que je ne vois pas bien l’intérêt qu’Olenna aurait à mentir à Sansa spécifiquement sur ce point et à ce moment-là, d’autant plus avec le bruit des chansons qui couvrent leurs échanges. Je pense plutôt que c’est révélateur du fonctionnement des Tyrell : Mace, orgueilleux et glouton, décide de choses de son côté et pense contrôler la situation, en bon balourd … obligeant les femmes de sa maison, notamment sa mère, à jouer un jeu plus subtil et plus retors. Olenna n’a pas pu empêcher la folie de soutenir Renly, ni celle de soutenir les Lannister, mais elle peut au moins empêcher Joffrey de faire du mal à Margaery (et éviter que Loras se souille avec un régicide façon Jaime). Elle ne peut contrôler Mace et ses lubies, mais elle peut toujours essayer de s’arranger avec. Pour moi, il ne sait pas quel est l’objectif final concernant Sansa, ce qui est d’autant mieux ; il pourra aller voir les Lannister sans arrière pensée et ne pas compromettre les projets des femmes Tyrell en vendant la mèche par inadvertance … Par contre, le résultat le satisfera en définitive, c’est évident.

    Pour le reste, je pense que Mace est conscient, comme tout le monde depuis ACOK, des accusations contre Cersei, mais il choisit de ne pas en tenir compte pour le moment (tant que ça l’arrange). Par contre, je crois qu’il ignore tout de l’empoisonnement de Joffrey. C’est bien son propre acharnement à avoir une fille reine qui pousse les Tyrell (au moins Olenna, peut-être d’autres) à supprimer Joffrey … malgré les risques encourus, malgré la fragilisation qui va suivre (Tommen est plus loin de l’âge d’homme que Joffrey, pas encore capable de fournir des héritiers ou de régner, et s’il venait à décéder à son tour, la succession serait d’autant plus complexe). S’il n’avait pas été aussi borné, il se serait contenté d’un autre parti que Joffrey (pourquoi pas Tommen, justement), et n’aurait pas pris de risque inutile dans ce régicide.
    La réaction affolée et furieuse de Mace après l’empoisonnement me paraît sincère. Est-ce que là-dessus il ment comme il a menti pour la virginité de sa fille ? C’est possible, mais je trouve plus intéressante l’option de considérer que tout cela s’est fait dans son dos, (et dans celui de Loras) et qu’ils réagissent juste comme des gens normaux, qu’on a tenu en dehors de la confidence et de l’intrigue.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #166815
    Yfos
    • Terreur des Spectres
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    Ce n’est pas anedoctique pour moi, ça fait partie du rapprochement entre les deux soeurs qui s’opère au fil des tomes.

    Je ne suis pas vraiment convaincue qu’il ait commencé à ce stade.

    Dans un chapitre à venir, alors que Margaery l’appelle « soeur », au lieu de s’interroger sur le destin d’ Arya, Sansa se dira que

    En tant que soeur Arya s’était révélée décevante sur toute la ligne

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