Viserys est mort. Rhaenyra et Aegon viennent de déclarer leurs prétentions pour lui succéder sur le Trône de Fer et régner sur les Sept Couronnes. Bientôt, les dragons danseront ! Mais qui des deux est vraiment légitime à régner ? Tout lecteur des livres a son favori, tout spectateur de la série a son candidat (et le plus souvent, c’est Rhaenyra ! ^^). Mais oublions nos passions et prenons du recul pour explorer en détail leurs revendications. Quels sont vraiment leurs arguments ? Lesquels sont fondés ? Le bon droit est-il le seul fondement de leurs prétentions ?
Cet article vous propose une synthèse critique de l’ensemble des arguments avancés par les Noirs et les Verts pour justifier les prétentions au Trône de leurs candidats, à partir du contenu des livres (la série sera traitée dans un point à part).
↑Inspirations historico-littéraires du conflit
De nombreux articles et livres reviennent sur les inspirations historiques et littéraires de George R.R. Martin. Difficile d’ignorer aujourd’hui son amour pour la saga Les Rois maudits de Maurice Druon, inspirée de l’histoire de France. Ces livres racontent de manière romancée la difficile succession de Philippe le Bel qui amena à la guerre de Cent ans. Martin reprend notamment le cœur du conflit : les femmes peuvent-elles hériter du trône ou peuvent-elles transmettre un droit au trône ? On retrouve d’ailleurs deux conseils ou décisions marquantes qui amènent à écarter les femmes de la succession : les états généraux convoqués en 1317 et la succession de 1328 en France font écho aux décisions de 92 d’écarter Rhaenys comme héritière, puis au Grand Conseil de 101 convoqué par Jaehaerys pour statuer sur sa succession. Historiquement, c’est surtout pour éviter que les Plantagenêt s’emparent du trône de France que les partisans des Valois ont exhumé un ancien code de lois franques (la loi salique), et finissent par en faire des lois écrites ; à Westeros, on est plus sur une jurisprudence qui se crée et se renforce au fil des précédents.
Il est d’ailleurs amusant de constater qu’un auteur américain utilise un élément tiré de l’histoire médiévale française et non anglaise comme principal moteur de son intrigue. Même si, il est vrai, l’Anarchie anglaise, un conflit du XIIème siècle, n’est pas loin non plus (voir cet extrait des Mystères du Trône de Fer II sur les inspirations historiques de George R.R. Martin ; attention toutefois, l’extrait dévoile certaines intrigues et surtout la fin de la Danse des Dragons).
↑Les arguments légaux
↑Prérequis : comprendre le droit de succession à Westeros
George R.R. Martin est un auteur américain. Il écrit donc avec des références et des conceptions anglo-saxonnes, différentes de celles de son public francophone. Pour schématiser, les Français considèrent que la principale source du droit est écrite ; quand un débat survient, on regarde ce qui est écrit dans la loi. Les Anglo-saxons ont un système juridique différent, où la principale source du droit provient des décisions ponctuelles prises antérieurement ; quand un débat survient, on se réfère aux coutumes et aux jurisprudences précédentes (les juristes nous pardonneront pour cette simplification outrancière).
La loi de succession des Sept Couronnes est conforme au droit anglo-saxon : elle n’est pas figée par une loi écrite, elle est fondée sur des grands principes généraux et sur des précédents, des jurisprudences, où un candidat a été préféré à un autre. George R. R. Martin l’expliquait dès 1999 dans une réponse à une de ses fans :
Well, the short answer is that the laws of inheritance in the Seven Kingdoms are modelled on those in real medieval history… which is to say, they were vague, uncodified, subject to varying interpertations, and often contradictory.
Proposition de traduction : « Les lois de succession des Sept Couronnes sont modelées sur celles de l’histoire médiévale… ce qui signifie qu’elles sont vagues, non-écrites, sujettes à interprétations et souvent contradictoires. »
Dès lors, il faut se demander quels sont les principes qui régissent ce droit de succession : Martin nous explique dans cette même réponse que le principe de base est que le fils aîné d’un homme est son héritier, et après lui, son second fils plus âgé. Les filles ne sont pas prises en compte tant qu’il y a des fils vivants (sauf à Dorne). Si tous les fils sont morts ou s’il n’y en a pas, la plupart des gens considèrent que la fille la plus âgée est la suivante dans l’ordre de succession, mais un frère du défunt pourrait également avancer des prétentions à la succession. Dès lors, il est incertain de savoir qui de la fille ou du frère du défunt a la préséance (à Westeros, c’est généralement la fille… mais leurs oncles essaient parfois d’usurper leur héritage).
Beaucoup d’autres cas plus complexes encore peuvent être envisagés : que faire quand il n’y a plus d’enfants vivants, seulement des petits-fils et petites-filles ? Les bâtards, qui sont théoriquement écartés de la succession, ont-ils quand même des droits ? Et que faire des bâtards légitimés ? Passent-ils avant ou après les enfants légitimes, issus d’un mariage consacré ? Que deviennent les veuves ? Que devient la volonté du défunt ? Un seigneur peut-il déshériter un fils et nommer son cadet comme héritier ? Ou même un bâtard ?
Martin joue avec ces questions pour construire certains enjeux de ses histoires. Il place ses personnages dans des situations où plusieurs d’entre eux revendiquent un droit, imparfait et contesté par les autres. Les lecteurs sont plus sensibles à certains arguments, à certaines situations ou à certaines revendications qu’à d’autres (en fonction aussi de leur affection pour les personnages ^^). Reste qu’aucune des situations créées par Martin n’a de réponse simple, universelle et absolue : Rhaenyra et Aegon vont fonder leurs prétentions sur certains arguments et en négliger d’autres, selon leur intérêt.
↑Les arguments de Rhaenyra
Rhaenyra est l’aînée des enfants de son père. Elle a également une lignée plus « pure » : sa mère, Aemma Arryn, était la fille d’un Arryn et d’une Targaryen. Rhaenyra est donc aux trois-quarts Targaryen, alors que son rival ne l’est qu’à moitié, Alicent étant une Hightower, fille d’un cadet de surcroit.
Rhaenyra est également l’héritière désignée par Viserys. On pourra toujours lui opposer (et ses adversaires le feront) que la décision de Viserys entre en contradiction avec les décisions des rois d’autrefois et les précédents juridiques. Mais un des principes de Westeros est que ce qu’un roi a fait, un autre peut le défaire. Viserys pouvait donc bien désigner qui il voulait comme héritier, sans tenir compte de la ligne de succession classique (il est déjà arrivé dans l’histoire de Westeros que l’héritier putatif soit écarté au profit d’un héritier désigné). Par ailleurs, même si Viserys a pu occasionnellement menacer de déshériter sa fille, il ne l’a jamais fait : elle est restée son héritière désignée ces vingt-quatre dernières années et jamais Viserys ne l’a écartée de sa succession au profit des enfants d’Alicent (malgré l’insistance de son épouse).
A cela s’ajoute un événement unique à notre connaissance dans les Sept Couronnes : Viserys a fait reconnaître son héritière par des centaines de nobles et de chevaliers fieffés qui ont prêté serment de défendre ses droits. Une bonne partie de la noblesse est donc tenue par l’honneur et par l’engagement sacré de prendre les armes pour soutenir sa cause. Toutefois, il est à noter que, dans les livres comme dans la série, il s’est passé du temps entre le serment et la mort de Viserys. Vingt-quatre ans dans le livre (moins dans la série ?). Nombre de nobles ou de chevaliers qui ont prêté ce serment sont morts. La nouvelle génération a toujours connu Rhaenyra comme héritière désignée par son père, mais ils ne l’ont pas reconnue comme telle et n’ont jamais prêté serment. Certains Verts (c’est le cas de Tyland Lannister) avancent cet argument pour justifier leur ralliement à Aegon.
↑Les arguments d’Aegon II
Le principal argument juridique d’Aegon et de ses soutiens, c’est la féminité de Rhaenyra et la masculinité d’Aegon. La tradition sacrée des Andals suppose qu’un fils légitime, même cadet, passe avant une fille légitime, même aînée. Aucun personnage ne remet en cause le fait qu’une tradition andale soit appliquée à la dynastie Targaryen, qui est de souche valyrienne et on remarquera d’ailleurs qu’une fois au pouvoir, Rhaenyra suivra cette tradition lorsqu’elle devra trancher des questions de succession : elle transmet Rosby et Castelfoyer aux fils cadets, plutôt qu’aux filles aînées, en le justifiant par le fait que les fils n’avaient pas été déshérités, et que les filles n’avaient jamais été désignées comme héritières, contrairement à son propre cas. Il faut comprendre que cette coutume millénaire, s’appliquant à l’ensemble de Westeros (même au Nord, a priori), ne peut pas être cassée si facilement. De nombreux partisans de Rhaenyra ont hérité de leurs fiefs ou leurs terres parce que leurs sœurs ou leurs tantes ont été écartées ; en remettant en cause leurs droits, Rhaenyra risque de perdre leur soutien.
Par ailleurs, à cette règle de principe viennent s’ajouter plusieurs précédents, où une fille aînée a été écartée au profit d’un garçon plus jeune au sein de la dynastie Targaryen. Les soutiens d’Aegon retiennent plusieurs événements allant dans ce sens. Après la Conquête, c’est bien Aegon le Conquérant qui était devenu roi, et non sa sœur aînée, Visenya. Jaehaerys le Conciliateur avait succédé à son oncle Maegor le Cruel, au détriment de sa sœur aînée, Rhaena, et des filles de celle-ci, Aerea et Rhaella. Deux événements sont particulièrement cités par les soutiens d’Aegon. En 92, à la mort de son fils aîné Aemon, le roi Jaehaerys avait désigné comme héritier son fils cadet, Baelon, écartant de sa succession la fille unique d’Aemon, Rhaenys. Baelon, chevalier aguerri de trente-cinq ans, avait déjà deux fils pour hériter après lui ; Rhaenys, alors jeune femme de dix-huit ans, était enceinte d’un enfant, qui aurait pu être un garçon ou une fille.
En 101, Baelon mourut et la question de la succession de Jaehaerys se posa de nouveau. Cette fois, le roi rassembla les seigneurs de Westeros en un Grand Conseil pour trancher la question. Une fois de plus, Rhaenys et sa fille Laena sont écartées en raison de leur féminité. Au terme des débats et des votes, Viserys, fils de Baelon, est finalement préféré à Laenor, fils de Rhaenys. De nombreux arguments avaient été soulevés durant les échanges… Mais ce qui est généralement retenu du Grand Conseil, c’est l’impossibilité pour les femmes ou pour leurs descendants d’hériter du Trône :
Aux yeux de beaucoup, le Grand Conseil de 101 établit par là même un précédent de fer sur les questions de succession : peu importait l’antériorité, le Trône de Fer de Westeros ne pouvait se transmettre à une femme ni par une femme à ses descendants mâles.
Feu et Sang, Les héritiers du Dragon – Une affaire de succession.
Il faut ici rappeler qu’un précédent n’est pas une loi écrite figée : le Grand Conseil de 101 est cohérent avec les autres décisions prises auparavant et peut effectivement être interprété (notamment par les soutiens d’Aegon) comme écartant les femmes de la succession, mais ce n’est qu’une interprétation (assez limitée) de l’événement. Les raisons ayant mené à la désignation de Viserys sont multiples et plus complexes.
On le voit, Aegon et Rhaenyra peuvent l’un comme l’autre, avancer des arguments légaux pour justifier leur revendication… et à leur tour, leurs partisans reprendront ces arguments, de bonne ou de mauvaise foi, pour justifier leur soutien. Car en réalité, sous les justifications légales se cachent souvent des raisons moins avouables, moins honorables et beaucoup plus politiques.
↑Les raisons politiques
Derrière les ralliements des uns et des autres à Rhaenyra ou à Aegon, il y a des raisons variées : pour certains, il est question de survie, pour d’autres, de morale, pour d’autres encore, d’opportunité ou de cupidité. Chacun a ses raisons et parfois, ses intérêts.
↑Rivalités et haines
Au cours du règne de Viserys, une profonde rivalité a opposé la princesse Rhaenyra à la reine Alicent. Cette dernière espérait que le roi déshériterait sa fille au profit de leurs fils, ce que Viserys n’a jamais fait.
La Main du Roi, ser Otto Hightower, a un temps soutenu la cause de Rhaenyra, car il espérait ainsi écarter du Trône Daemon Targaryen, le frère du roi. Mais ser Otto se trouve être aussi le père de la nouvelle reine, et il soutient dès lors ses petits-fils. D’autant qu’en l’an 120, Rhaenyra épouse en seconde noces son oncle Daemon Targaryen, que ser Otto avait eu tant de mal à écarter de la succession.
Enfin, la rivalité des mères s’est transmise à leurs enfants, les fils d’Alicent (Aegon, Aemond et Daeron) s’opposant aux fils de Rhaenyra (Jacaerys, Lucerys et Joffrey).
A la mort de Viserys, quand le conflit de succession éclate, plus aucun des deux camps n’a confiance en l’autre : Otto est certain que Daemon trouvera un prétexte pour les faire exécuter, lui et sa fille ; Alicent est convaincue de son côté que Daemon et Rhaenyra trouveront des prétextes pour éliminer jusqu’à ses enfants et même ses petits-enfants. Aegon II finit, lui aussi, par partager leur conviction. A tort ou à raison, les Hightower ont peur pour leur vie… Comme Cersei, croient-ils « qu’au jeu des Trônes, on gagne ou on meurt » ? L’avenir montrera qu’ils n’ont ni tout à fait tort, ni tout à fait raison, mais je ne tiens pas à spoiler ici. ^^
↑Quand la morale s’emmêle
Les Sept Couronnes sont une société profondément religieuse et croyante. Or Rhaenyra et Daemon ont des mœurs sexuelles très libérées pour une telle société. Certains les perçoivent comme des dépravés qui vont conduire le royaume à sa perte. Les moralistes reprochent notamment à la princesse d’avoir entretenu des relations charnelles avec des hommes avant son mariage… et, surtout, d’avoir été infidèle durant son mariage avec Laenor. Son premier mari a la réputation d’être homosexuel, leurs enfants ne lui ressemblent pas, alors qu’ils sont le portrait craché du protecteur de Rhaenyra, Harwin Fort. La rumeur affirme donc que les trois fils de Rhaenyra sont des bâtards adultérins, ce qui pose un problème moral, mais aussi un problème religieux et juridique. Plusieurs personnages s’en accommodent visiblement, soit qu’ils ne savent pas, soit qu’il savent et ferment les yeux. Pour les moralistes en revanche, cette idée est insupportable : les bâtards sont le fruit de la luxure et du vice, ils sont monstrueux et félons par nature et doivent être à tout prix écartés des successions, en particulier de celle du Trône de Fer. Écarter les bâtards de Rhaenyra n’est toutefois pas suffisant : elle-même a commis un crime de haute trahison en engendrant des bâtards adultérins, ce qui lui vaudrait d’être condamnée à mort si elle était reconnue coupable. L’argument n’est pas seulement moral, il est aussi juridique.
Il faut ici noter que la morale n’est pas l’apanage d’un seul camp. Aegon II est un garçon paresseux, glouton et lubrique, qui a des maîtresses ou fréquente les bordels (il aurait lui-même eu des bâtards, selon le bouffon Champignon). Comme c’est pratique d’être un homme ! Les frasques d’Aegon sont socialement mieux acceptées que celles de sa demi-sœur ! Il faut aussi dire qu’Aegon a déjà des héritiers légitimes et que ses maîtresses ou ses éventuels bâtards ne menacent pas l’ordre de succession. La situation paraît plus acceptable que celle de Rhaenyra, qui veut que ses bâtards lui succèdent… Seulement, Rhaenyra n’a jamais admis que ses fils étaient des bâtards, elle a au contraire systématiquement exigé qu’on punisse sévèrement tous ceux qui les traitaient de cette façon. Certains de ses soutiens témoignent d’une haine assez marquée pour les bâtards, puisqu’au cours de son règne, son Grand Argentier voudra mettre en place une taxe discriminatoire sur les bâtards, et elle-même développe une défiance paranoïaque contre ceux-ci.
↑La Joie du Royaume et le roi sur le Trône
Alors que la Danse débute à peine, la psychologie peut aussi être invoquée de part et d’autre. Rhaenyra a été l’enfant chérie de Westeros, « la Joie du Royaume », à une certaine époque : en tant qu’héritière de son père, elle avait voyagé dans les Sept Couronnes, où elle s’était faite aimer et apprécier de la noblesse comme du peuple. Des chevaliers et des seigneurs avaient rivalisé pour porter ses couleurs ou obtenir sa main. Son camp espère qu’ils s’en souviendront et lui porteront assistance.
Aegon, de son côté, jouit d’avantages psychologiques plus importants encore, car il est, en ce début de conflit, celui qui concentre tous les symboles visibles du pouvoir royal : il porte la couronne et l’épée d’Aegon le Conquérant, il occupe le Trône de Fer et le Donjon Rouge de la capitale, il a été couronné et oint comme roi, il est entouré du Grand Mestre et de la Garde Royale de Viserys (du moins, la plus grande partie). Il apparaît donc aux yeux de beaucoup comme le roi véritable, par le seul fait qu’il en porte les attributs.
Il y a un autre élément psychologique qui peut (et qui va) jouer : les dragons. Grandioses et dangereux, les dragons suscitent autant fascination qu’effroi, et, sur un champ de bataille, rien ne leur résiste. Toutefois, dans un premier temps, chaque camp possède des dragons. Rhaenyra en a plus, ils sont plus gros et plus vieux, mais Aegon II en a également, et ils risquent juste de s’entretuer. Opposer les dragons les uns aux autres n’est pas une bonne stratégie dans un premier temps, en revanche, on peut leur faire jouer des missions diplomatiques : comme « seuls les Targaryen montent des dragons », c’est un bon moyen pour les deux camps d’affirmer leur légitimité, et tout seigneur qui reçoit chez lui un dragonnier réfléchit à son allégeance à deux fois.
↑Le jeu des Trônes
« Nous devons livrer cette guerre par des mots avant d’aller à la bataille », déclara le prince. La clé de la victoire se trouvait aux mains des seigneurs des grandes maisons, insista Daemon ; leurs bannerets et vassaux les suivraient, où qu’ils aillent.
Feu et Sang, La Mort des Dragons – Les Noirs et les Verts.
Daemon résume bien la guerre qui s’annonce : puisqu’on ne peut utiliser l’avantage des dragons sans risque, il faut revenir à la base même du jeu des Trônes : les alliances politiques et la puissance militaire. Ce sont les grandes maisons, celles qui dirigent des Couronnes entières, qui vont pouvoir faire pencher la balance : Stark, Arryn, Tully, Lannister, Baratheon, Tyrell et Greyjoy… A ce jeu-là, chaque famille soutiendra le candidat avec lequel elle aura le plus d’affinités, celui qui saura satisfaire au mieux sa cupidité et ses intérêts : alliances, pactes de mariages, protection, titres, terres, or, gloire, etc.
Les spectateurs savent déjà que, pour des raisons familiales, les Velaryon soutiendront Rhaenyra, alors que les Hightower prendront le parti d’Aegon II. Peut-être avez-vous déjà deviné les allégeances d’autres grandes maisons ? La saison 2 sera sûrement l’occasion de développer les démarches diplomatiques, les tractations avec les différentes maisons. On ne spoilera donc pas ici, d’autant plus qu’il est possible que la série ne soit pas totalement fidèle aux livres.
↑Et dans la série alors ?
La série a repris et simplifié certains enjeux des livres, comme nous l’avions évoqué pour l’épisode 2. L’histoire se concentre davantage sur les drames familiaux et relationnels des personnages, plutôt que sur la politique et le droit. Aussi le conflit a été en grande partie résumé à un rejet de Rhaenyra par de nombreux nobles simplement parce qu’elle est une femme. Le serment de protéger les droits de Rhaenyra a toutefois bien été prêté, même si peu d’entre eux semblent en tenir compte. Il existe bien une vieille haine entre Otto et Daemon, et une méfiance entre Otto et Rhaenyra. Toutefois, les rapports entre Alicent et Rhaenyra sont plus ambigües, marqués par une relation forte et de longue date. Criston a naturellement choisi le parti d’Alicent par dégout et haine pour Rhaenyra. Le conseil vert ne s’appesantit pas sur les raisons des uns ou des autres à suivre Rhaenyra ou Aegon. L’histoire de la prophétie a été rajoutée, donnant d’autres motivations à Rhaenyra et Alicent que l’ambition personnelle et la défense de leur clan.
↑Conclusion
On ne peut pas trancher la question de la légitimité entre Aegon et Rhaenyra de façon objective : chacun a ses arguments juridiques et ses raisons politiques pour revendiquer la couronne. Comme les seigneurs et le peuple des Sept Couronnes, les lecteurs et les spectateurs ont des points de vue divisés sur la question (avec une nette préférence pour Rhaenyra de la part des lecteurs ^^ on le voit bien sur le forum). En fonction de notre lecture des événements, nous sommes portés plus vers un camp que vers l’autre (voire vers une troisième voie ^^). Mais, en définitive, comme toujours chez Martin, savoir « qui est légitime » ne revient pas à savoir « qui fera un bon gouvernant » . Et cette question risque de s’avérer autrement plus cruciale par la suite.