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1 octobre 2022 à 11 h 42 min #180451Sandrenal
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ASOS 54 – Tyrion VI
Au fil des pages – liste des sujets◄ ASOS 53, Arya XI ASOS 55, Davos V ► Introduction :
Le chapitre démarre avec une scène de ménage qui ne suscite de ma part que 3 commentaires. Le premier, c’est que GRRM est bien habile de nous faire passer par Sansa avant d’annoncer la nouvelle des Noces Pourpres aux Lannister (le primolecteur ne vivra les Noces Pourpres côté Lannister qu’après être passé par Sansa). Ensuite, il y a des tensions entre dorniens et biefois, que Tyrion semble avoir reçu pour consigne de gérer (sinon pourquoi s’en inquiéterait-il ?). Enfin, Tyrion choisit pour essayer de se rapprocher de Sansa de lui faire la seule proposition qu’elle ne peut pas accepter. Pas de chance… Sansa partie au Bois sacré, Tyrion se remet à son travail de Grand Argentier.
Il se remit à travailler quand elle fut partie, c’est-à-dire à tâcher de traquer quelques dragons d’or dans l’inextricable dédale des livres de comptes de Littlefinger. Que celui-ci n’eût pas spécialement trouvé bon de laisser l’argent moisir à force de se prélasser, nul doute à cet égard, mais plus Tyrion essayait de s’y retrouver dans sa comptabilité, plus il avait mal à la tête. Prétendre que les dragons, mieux valait les élever pour la reproduction que les claquemurer dans les coffres du Trésor, c’était très bien, en théorie, très très bien, mais il y avait dans la pratique des manigances qui fleuraient le merlan pas frais, pas très très. Je n’aurais pas accordé si vite à Joffrey le plaisir de faire voler ces salauds d’Epois par-dessus les murs si j’avais été au courant des emprunts souscrits par tant d’entre eux auprès de la Couronne. Il allait devoir dépêcher Bronn à la recherche de leurs héritiers, mais il craignait fort que l’entreprise ne se révèle finalement aussi fructueuse que s’il pressurait un poisson d’argent.
Quand je parlais de gambit lorsque Littlefinger a offert son poste à Tyrion, c’est ce que j’avais à l’esprit. Littlefinger laisse à Tyrion toutes les armes dont celui-ci a besoin pour le faire tomber. Il escompte simplement que Tyrion n’aura pas le temps de s’y retrouver et de les utiliser. Le risque est tout de même présent. Littlefinger a souvent été décrit comme un joueur compulsif et c’est sans doute exact. Mais il y a aussi probablement un énorme complexe de supériorité dans le fait de systématiquement offrir des armes à ses adversaires. Le passage sur les Epois, ce groupe de notables qui conspiraient pour Stannis dans ACOK soulève bon nombre de questions. Étaient-ils à la solde de Littlefinger qui se serait ainsi ménagé une porte de sortie au cas où Stannis serait sorti vainqueur de la Néra ? Varys qui les livre à Tyrion savait-il à propos des emprunts ? Les Epois étaient-ils seulement pro-Stannis ou Varys a-t-il saisi l’occasion pour affaiblir un peu plus la Couronne ?
Tyrion est alors convoqué par Tywin et nous entrons dans le vif du sujet. J’ai choisi de diviser ce conseil de famille en thèmes pour (j’espère) une meilleure lisibilité. Les sujets s’entrecroisent beaucoup, une présentation chronologique me forcerait à d’incessants retours en arrière.
- Le triomphe Lannister
Un mot sur la composition de cette réunion au sommet.
il y découvrit, en compagnie de Père et du roi, Cersei, ser Kevan et le Grand Mestre Pycelle.
Que des Lannister et le conseiller le plus pro-Lannister qui soit (accessoirement celui en charge des corbeau, donc celui par qui arrive la nouvelle). Pas un seul biefois et pas de Varys.
Le court moment entre les Noces Pourpres et les Noces Violettes représente sans doute l’apogée Lannister. Le Bief et Dorne sont leurs alliés. Le Nord est brisé, tous les grands seigneurs ou leurs héritiers sont otages. Le Conflans ne vaut guère mieux. Le Val est peu amical mais il semble trop tard pour qu’il intervienne. Ne restent comme menaces que les fer-nés, Stannis et quelques riverains. Stannis tient encore Accalmie et Peyredragon mais ne représente pas une menace immédiate.
Tywin a un plan pour les riverains.
Vivesaigues demeure, certes, mais le Silure n’osera pas trop faire le méchant tant que Walder Frey détient en otage Edmure Tully. Jason Mallister et Tytos Nerbosc continueront de se battre pour l’honneur, mais les Frey sont en mesure de bloquer les Mallister à Salvemer, et quelques bons appâts devraient suffire à convaincre Jonos Bracken de changer de bord et d’attaquer les Nerbosc. Ils ploieront finalement le genou, oui. J’entends proposer de généreuses conditions. Tous les châteaux qui se rendront à nous seront épargnés.
Une lecture somme toute assez correcte de la situation que nous aurons dans AFFC. Tywin a également un plan pour les fer-nés, qu’il avait déjà évoqué dans Tyrion III.
Lord Bolton mariera la petite à son bâtard de fils. Nous autoriserons Fort-Terreur à combattre les Fer-nés durant quelques années, et nous verrons bien s’il est capable de mettre au pas d’autres bannerets Stark. Le printemps venu, tous devraient être à bout de forces et prêts à ployer le genou. Le Nord échoira au fils que t’aura donné Sansa Stark…, si tu te découvres jamais le minimum de virilité nécessaire pour lui en faire un.
Balon Greyjoy a mené les fer-nés dans l’impasse en faisant la sale travail de Tywin sans négocier des contreparties au préalable (Walder Frey et Roose Bolton n’ont pas commis cette erreur). Son incapacité à voir au-delà du prochain pillage contraste avec la vision à long terme de Tywin qui pense plusieurs années en avance. En revanche, si Walder Frey et Roose Bolton ont obtenu des contreparties à leurs trahisons, ils restent des pions pour Tywin. Roose Bolton va être utilisé pour combattre les fer-nés et mettre les nordiens au pas mais l’idée in fine est de l’écarter au profit de la descendance de Tyrion. Les Frey seront utilisés de la même manière pour combattre les Mallister, le Silure ou les Nerbosc mais il y a sans doute une idée derrière les manœuvres matrimoniales des Lannister dans le Conflans (et de toute façon, avec les Noces Pourpres, les Frey n’obtiendrons jamais une position dominante dans le Conflans).
Le problème à cet instant pour les Lannister ne vient pas de leurs ennemis mais de l’intérieur.
II. Le problème Joffrey
Dans la première partie de ce conseil de famille, le problème que représente Joffrey pour les Lannister éclate au grand jour. En effet, si le lecteur, via Tyrion et Sansa est avisé des tendances psychopathiques de Joffrey, il convient de garder à l’esprit que Tywin ne l’est pas encore. Joffrey est resté plutôt sage depuis son retour à Port-Réal et ni Varys ni bien sûr Cersei ne l’ont informé qu’il s’amusait à tirer à coups d’arbalète sur la foule affamée. Tyrion aurait du alerter Tywin là-dessus d’ailleurs.
Le premier signe est subtil, Joffrey est un peu trop content de lui.
Si Joffrey sautait quasiment sur place, et si Cersei sirotait l’un de ses petits sourires suffisants,
Il y avait tellement de jubilation, quelque chose de si triomphal dans ce cri du cœur que, pour un peu, vous auriez pu vous figurer que c’était Joffrey lui-même et en personne qui l’avait tué puis dépecé, Robb Stark.
Au passage on peut noter que Cersei a exactement la même attitude mais j’y reviendrais un peu plus tard. Se réjouir d’une victoire et de la fin prochaine de la guerre n’est pas blâmable en soi mais l’attitude de Joffrey et Cersei est indécente, d’autant que la guerre a été gagnée sans eux et même malgré eux.
Le deuxième signe est sans ambiguïté. Alors que Tywin explique qu’avec un peu de diplomatie, la guerre dans le Conflans est quasiment terminée, Joffrey exprime sa volonté royale.
« C’est tous qu’il faudrait les passer au fil de l’épée, déclara subitement Joffrey. Les Mallister et les Nerbosc et les Bracken…, tous tant qu’ils sont. Ce ne sont que des traîtres. Je veux qu’ils soient tués, Grand-Père. Ils n’obtiendront de moi aucune de vos généreuses conditions. »
Joffrey propose donc de prolonger la guerre de quelques années et de causer quelques dizaines de milliers de morts supplémentaires, et ce par pur sadisme. Après tout, perdus pour perdus, les riverains feront le maximum pour emmener le plus de Lannister avec eux.
Son sadisme se tourne ensuite vers sa cible préférée.
Et je veux aussi la tête de Robb Stark. Ecrivez à lord Frey pour l’en aviser. Le roi commande. Je vais la faire servir à Sansa lors de mon banquet de noce.
— Mais, Sire…, intervint ser Kevan d’un ton scandalisé, dame Sansa est devenue votre tante, par son mariage.
— Une plaisanterie, voyons. » Cersei sourit. « Joffrey ne parlait pas sérieusement.
— Si fait ! s’enferra Joffrey. Il était un traître, et j’exige sa stupide tête. Je compte la faire embrasser à Sansa.
Sansa qui embrasse la tête de Robb au banquet de noces de Joffrey et Margaery aurait fait une bien belle scène en effet, une qui aurait ravivé les souvenirs de Maegor le cruel.
Ce qui suit est encore plus inquiétant pour Tywin.
Lord Tywin dédaigna ces aménités pour s’adresser spécialement à Joffrey. « Aerys éprouvait lui aussi le besoin de rappeler aux gens qu’il était le roi. Et il était lui aussi follement friand d’arracher les langues. Là-dessus, il te serait loisible de questionner ser Ilyn Payne, à ce détail près que tu n’en obtiendrais point de réponse.
— Ser Ilyn n’eut jamais le front de provoquer Aerys comme votre Lutin provoque Joff, intervint Cersei. Vous venez de l’entendre. « Monstre », il a dit. A Sa Majesté le roi. Et il l’a menacé…
— Tais-toi, Cersei. Quand tes ennemis te défient, Joffrey, ton devoir est de leur servir du fer et du feu. Mais, lorsqu’ils tombent à genoux, ton devoir est de les aider à se relever. Autrement, personne ne consentira jamais à ployer le genou devant toi. Et tout roi qui se croit obligé d’affirmer : « Je suis le roi », est tout sauf un véritable roi. Aerys n’a jamais compris cette vérité, mais tu vas le faire, toi. Quand je t’aurai gagné ta guerre, nous restaurerons la paix du roi et la justice du roi. Quant à ces histoires de tête, eh bien, la seule et unique chose capitale dont tu aies à te préoccuper, Joffrey, c’est le pucelage de Margaery Tyrell. »
Joffrey tirait cette bouille maussade et boudeuse qui le caractérisait trop volontiers. Cersei le tenait fermement par l’épaule, mais elle aurait peut-être mieux fait de le tenir à la gorge. Il les prit tous à contre-pied. Au lieu de filer comme un cloporte se replanquer bien à l’abri sous son caillou, il se redressa d’un air de défi et cracha : « Aerys, vous n’arrêtez pas d’en causer, Grand-Père, mais n’empêche qu’il vous fichait une sacrée trouille. »
Peste, mais ça devient palpitant… ! songea Tyrion.
Lord Tywin considérait sans mot dire son petit-fils. Dans le vert pâle de ses prunelles étincelaient les paillettes d’or. « Présente tes excuses à ton grand-père, Joffrey », dit Cersei.
Il se dégagea de son emprise. « Et pourquoi je devrais ? Tout le monde sait que c’est vrai. C’est mon père qui a gagné toutes les batailles. C’est lui qui a tué le prince Rhaegar et qui a pris la couronne, alors que votre père à vous se planquait dans les entrailles de Castral Roc. » Il décocha à son grand-père un regard provocant. « Un roi fort agit hardiment, il ne se contente pas de bavarder.
— Merci pour ce sage avis, Sire, articula lord Tywin d’un ton si froidement poli qu’il avait de quoi vous givrer les oreilles. Ser Kevan, je vois que le roi n’en peut plus. Veuillez avoir l’obligeance de le faire reconduire à sa chambre. Pycelle, une bonne tisane, peut-être, pour permettre à Sa Majesté de reposer en paix ?
Pire pour Tywin parce que ce qui ressort cet échange, c’est que Joffrey, en plus d’être psychopathe, ne va pas supporter très longtemps sa tutelle. D’autant plus que sa majorité approche à grands pas et que de nouveaux joueurs arrivent à Port-Réal qui pourraient en profiter.
Joffrey envoyé au lit, c’est Cersei qui essuie la fureur de Tywin.
« Père, je suis navrée, lâcha Cersei, une fois que la porte se fut refermée. Joff a toujours fait preuve de ténacité, je vous avais prévenu…
— De tenace à crétin, la distance n’est pas médiocre. « Un roi fort agit hardiment »… ! De qui tient-il cela ?
— Pas de moi, je vous jure, fit-elle. Il est pis que probable qu’il a dû l’entendre dire par Robert…
— La tirade sur la planque dans les entrailles de Castral Roc est assez dans le style de Robert, effectivement. » Tyrion ne désirait pas outre mesure que messire son père oublie ce petit morceau.
« Oui, je me le rappelle, à présent, reprit Cersei, Robert lui disait souvent qu’un roi devait se montrer hardi.
— Et toi, tu lui disais quoi, je te prie ? Cette guerre, je ne l’ai pas faite pour asseoir un Robert II sur le Trône de Fer. Tu m’avais donné à entendre que son père, Joffrey s’en moquait éperdument.
— Et pourquoi s’en soucierait-il ? Robert l’ignorait. Il l’aurait rossé si je l’avais laissé faire. Cette brute que vous m’aviez contrainte à épouser le frappa une fois si fort, pour je ne sais quelle bêtise à propos d’un chat, qu’il lui fit sauter deux dents de lait. Je le prévins que je le tuerais pendant son sommeil s’il refaisait jamais cela, et il ne le refit pas, mais il lui arrivait de dire des choses qui…
— Des choses qu’il fallait dire, manifestement. » Lord Tywin agita deux doigts véhéments pour la congédier. « Va-t’en. »
Cersei se défend comme elle peut, c’est-à-dire mal, en blâmant Robert. Mais si Robert a une part de responsabilité dans ce que Joffrey est devenu, c’est bien Cersei qui est la principale responsable. Dans l’histoire du chat qu’elle avance comme justification, la réaction de Robert est sans aucun doute plus saine (ou en tout cas moins malsaine) que celle de Cersei. Et cette histoire révèle au surplus que la négligence de Robert envers Joffrey n’a pas pour seule origine son caractère. Sans doute Cersei a-t-elle tout fait pour s’accaparer Joffrey. D’ailleurs, il est intéressant d’observer les réactions de Cersei aux agissements de Joffrey.
La jubilation indécente de Joffrey du début de chapitre est partagée par Cersei. Lorsqu’il réclame la tête de Robb Stark, Cersei commence par s’enfermer dans le déni.
— Une plaisanterie, voyons. » Cersei sourit. « Joffrey ne parlait pas sérieusement.
Lorsqu’elle est forcée d’en sortir, elle rentre dans une autre forme de déni, en s’en prenant à Tyrion.
Cersei posa une main protectrice sur l’épaule de son fils. « Laisse donc le gnome proférer toutes les menaces qu’il lui plaira, Joff. Je suis trop aise que messires mon père et mon oncle le voient tel qu’il est. »
— Ser Ilyn n’eut jamais le front de provoquer Aerys comme votre Lutin provoque Joff, intervint Cersei. Vous venez de l’entendre. « Monstre », il a dit. A Sa Majesté le roi. Et il l’a menacé…
Le problème de cette attitude, c’est qu’elle encourage Joffrey dans ces tendances. La négligence de Robert n’a sans doute rien fait pour arranger les choses, mais c’est Cersei qui a façonné Joffrey à son image, c’est de Cersei que vient sa cruauté (les exemples de la cruauté de Cersei se multiplieront dans AFFC). Joffrey c’est Cersei en pire. Pire parce qu’il n’y a aucun frein pour le retenir et qu’il aura bientôt énormément de pouvoir.
Une fois seul avec Tyrion, Tywin laisse entrevoir un certain trouble.
« Pas Robert II, dit Tyrion. Aerys III.
— Il n’a que treize ans. Il reste encore du temps. » Lord Tywin gagna lentement la fenêtre. Chose qui ne lui ressemblait nullement, il était bien plus secoué qu’il ne désirait le montrer. « Il a besoin d’une leçon. Sévère. »
Quelle aurait pu être cette sévère leçon ? Nous n’aurons sûrement jamais la réponse mais je suspecte que Tywin n’a pas été si attristé par les Noces Violettes qu’il n’aurait du l’être.
- Tywin, le Prince de GRRM
Tyrion VI est le chapitre de Tywin, celui qui nous fournit le plus d’informations sur son état d’esprit, celui où il connaît l’un de ses plus grands triomphes. Je renvoie d’emblée au sujet dédié à Tywin ainsi qu’à l’article de blog de Nympha sur les parallèles avec le Prince de Machiavel (notamment), auquel je souscris totalement. Je vais essayer de me concentrer uniquement sur ce que nous livre le chapitre.
- Tywin et l’art de gouverner
Tywin tente de dispenser quelques excellentes leçons à Joffrey qui est bien peu réceptif.
Quand tes ennemis te défient, Joffrey, ton devoir est de leur servir du fer et du feu. Mais, lorsqu’ils tombent à genoux, ton devoir est de les aider à se relever. Autrement, personne ne consentira jamais à ployer le genou devant toi. Et tout roi qui se croit obligé d’affirmer : « Je suis le roi », est tout sauf un véritable roi. Aerys n’a jamais compris cette vérité, mais tu vas le faire, toi. Quand je t’aurai gagné ta guerre, nous restaurerons la paix du roi et la justice du roi.
Avoir le besoin maladif d’affirmer que l’on est le chef ne fait qu’apporter la démonstration contraire. La leçon sur la clémence pourrait paraître hypocrite si l’on pense aux Reyne et aux Tarbeck mais ce serait confondre 2 situations qui n’ont rien à voir. Tywin cherchait dans sa jeunesse à faire un exemple, pour mettre fin au chaos qui régnait dans les Terres de l’ouest, et pour tuer la guerre civile qui couvait dans l’œuf. Joffrey doit réunifier le royaume au plus vite et n’a pas de temps à perdre avec un Conflans vaincu, surtout lorsqu’il reste une possibilité que la guerre tourne mal. Avec Tywin, tout tourne autour de la solution la plus simple, la plus économique, la plus efficace, dans un utilitarisme forcené (très machiavélien). Le massacre des Reyne et des Tarbeck, permettant d’éviter une guerre civile et achetant des décennies de paix dans les terres de l’ouest, est la solution la plus efficace, et la plus économique en sang humain (la réputation qu’y gagne Tywin est un excellent bonus). Mettre fin à la guerre des 5 rois au plus vite est la solution la plus efficace et la plus économe, il n’y a rien à gagner à prolonger la guerre, et tout à perdre.
De l’échange avec Joffrey, il ressort aussi que Tywin a un modèle négatif de souverain qui est bien sûr Aerys. Joffrey s’empresse d’ailleurs de lui envoyer Aerys à la figure. Tyrion a raison lorsqu’il indique que Joffrey est bien plus proche d’Aerys que de Robert. Tywin se refuse à admettre à haute voix l’éventualité parce qu’elle doit sûrement représenter son pire cauchemar. Avoir passé 20 ans au service d’Aerys, les dernières années relevant du sacerdoce, le trahir malgré leur amitié de jeunesse, pour que sa copie conforme soit le fondateur de la nouvelle dynastie dont il rêve.
En passant, s’il est beaucoup question d’Aerys dans le chapitre, il n’est pas du tout question de Tytos qui est l’autre modèle inversé de Tywin en matière d’art de gouverner (et qui explique beaucoup des désaccords entre lui et Tyrion).
- La question dornienne
Tyrion et Tywin reviennent en détail sur la meilleure façon de satisfaire la soif de vengeance d’Oberyn. Tyrion est convaincu que Tywin va abandonner la Montagne à Dorne, et pourtant celui-ci le détrompe.
La Vipère Rouge n’y mettra pas tant de grâce, j’ai peur…, et elle ne se contentera pas non plus de la seule tête de Gregor Clegane.
— Raison de plus pour ne pas la lui donner.
— Ne pas la… ? » Tyrion se montra scandalisé. « Je nous croyais d’accord sur le fait que les bois étaient pleins de fauves.
Voici la conversation à laquelle Tyrion fait référenc dans son premier chapitre d’ASOS.
— S’il ne venait réclamer qu’un siège au Conseil, à la bonne heure, dit lord Tywin, mais tu lui as promis vengeance aussi.
— Justice, je lui ai promis.
— Appelle-le comme il te plaira. On aboutit toujours au sang.
— Sûrement pas une denrée dont nous soyons à court, si ? J’ai barboté dans des lacs de sang, durant la bataille. » Il ne vit aucune raison de ne pas trancher dans le vif. « Ou bien vous êtes-vous si fort amouraché de Gregor Clegane que vous ne puissiez supporter de vous séparer de lui ?
— Ser Gregor a son utilité comme son frère en avait une. Tout seigneur a besoin d’un fauve, de temps en temps… – leçon que tu sembles avoir retenue, si j’en juge par ton ser Bronn et par ta bande de sauvages. »
Tyrion récapitula mentalement l’œil brûlé de Timett, les haches de Shagga, les oreilles séchées que Chella portait en sautoir. Et Bronn. Bronn par-dessus tout. « Les bois pullulent de fauves, rappela-t-il à son père. Les venelles autant.
— Vrai. Peut-être d’autres chiens seraient-ils aussi bons chasseurs. J’y réfléchirai.
Ce n’était pas un accord clair mais Tywin semblait envisager sérieusement la question. Sa déclaration au conseil restreint dans Tyrion III a pu conforter Tyrion dans son impression.
« Le prince Doran vient sur invitation de mon fils, répondit calmement lord Tywin, et afin non seulement de prendre part à la cérémonie mais de venir occuper son siège au Conseil, ainsi que de faire appel contre le déni de Robert en réclamant justice pour le meurtre de sa sœur Elia et des enfants de celle-ci. »
Sauf qu’à la fin de la réflexion, Tywin écarte catégoriquement la possibilité de sacrifier la Montagne. Voici son explication.
Je nous croyais d’accord sur le fait que les bois étaient pleins de fauves.
— De fauves moindres. » Les doigts de lord Tywin se croisèrent sous son menton. « Nous n’avons jamais eu qu’à nous louer des services de ser Gregor. Aucun autre chevalier du royaume n’inspire autant de terreur à nos ennemis.
— Oberyn sait que ce fut Gregor qui…
— Il ne sait rien. Il a entendu des fables. Des ragots d’écurie et des calomnies de cuisine. Il n’a pas une miette de preuve. Ser Gregor n’est sûrement pas près de se confesser à lui. J’entends d’ailleurs le tenir à bonne distance de Port-Réal aussi longtemps qu’y séjourneront les Dorniens.
— Et quand Oberyn exigera la justice pour laquelle il est venu ?
— Je lui dirai que c’était ser Amory Lorch, l’assassin d’Elia et de ses enfants, répondit paisiblement lord Tywin. Et tu diras la même chose, s’il t’interroge.
— Ser Amory Lorch est mort, lui objecta Tyrion tout net.
— Justement. Varshé Hèvre a fait déchiqueter ser Amory par un ours après la chute d’Harrenhal. Voilà qui devrait être assez macabre pour amadouer même Oberyn Martell.
— Libre à vous d’appeler cela justice, mais…
— C’est justice. C’est ser Amory qui m’apporta le corps de la petite, s’il te faut à tout prix savoir. Il l’avait découverte cachée sous le lit de son père, comme si elle croyait que Rhaegar pouvait encore la protéger. La princesse Elia et le nouveau-né se trouvaient dans la nursery, un étage plus bas.
— Bien, c’est une version comme une autre, et ser Amory ne risque pas de la démentir. Que direz-vous à Oberyn lorsqu’il demandera de qui Lorch tenait ses ordres ?
— Ser Amory avait agi de son propre chef, dans l’espoir de s’attirer les faveurs du nouveau roi. La haine que Robert portait à Rhaegar n’était un secret pour personne. »
L’explication me semble véridique mais lacunaire. La Montagne est un bon chien mais c’était déjà le cas en début de tome lorsque Tywin envisageait de s’en débarrasser. D’autres facteurs sont entrés en jeu. L’arrivée d’Oberyn à la place de Doran est sans doute un élément capital. Tywin est bien conscient du danger que représente Oberyn.
La présence du prince Oberyn est malencontreuse. Son frère est un homme circonspect, un homme qui se raisonne, et subtil, et réfléchi, voire indolent, dans une certaine mesure. C’est un homme qui pèse et soupèse les conséquences de chaque geste et de chaque mot. Tandis qu’Oberyn a toujours été à demi dément.
— Est-il vrai qu’il ait essayé de soulever Dorne en faveur de Viserys ?
— Personne n’en parle, mais oui.
Outre la personnalité d’Oberyn, il y a le fait que celui-ci a d’ores et déjà annoncé qu’il ne se contenterait pas de la Montagne.
Avant de mourir, l’Enormité-qui-marche me confessera de qui il tenait ses ordres, veuillez le garantir à votre seigneur père de ma part. (ASOS Tyrion V)
Tyrion le rappelle d’ailleurs à Tywin.
La Vipère Rouge n’y mettra pas tant de grâce, j’ai peur…, et elle ne se contentera pas non plus de la seule tête de Gregor Clegane.
Dans ces conditions, pourquoi Tywin abandonnerait-il Gregor à Oberyn? IL n’a plus rien à y gagner mais tout à y perdre. Abandonner Gregor à Doran pour y gagner la cimentation définitive de l’alliance Lannister-Tyrell-Martell, pourquoi pas. Mais abandonner un vassal à un ennemi et risquer un incident diplomatique si Gregor se confesse sans rien obtenir en retour certainement pas.
Au contraire, la solution Amaury Lorch ne présente que des avantages. Tywin sauve la face en accordant la justice qu’il a promis. C’est un mensonge qui a un fond de vérité puisqu’ Amaury était impliqué dans l’affaire et de toute façon Oberyn ne peut rien prouver. Amaury Lorch étant mort et ayant ainsi le bon goût de ne pouvoir contredire personne, Tywin peut non seulement lui attribuer le meurtre d’Elia et de ses enfants mais encore nier toute responsabilité. Oberyn ne sera pas content mais Tywin ne peut pas le contenter quoi qu’il en soit.
S’ensuit une discussion fort intéressante sur le meurtre d’Elia et de ses enfants.
« Loin de moi l’idée de dénigrer votre astuce, Père, mais, à votre place, j’aurais préféré laisser Robert Baratheon se rougir les mains de sang lui-même. »
Lord Tywin le dévisagea comme on dévisage quelqu’un qui aurait perdu l’esprit. « Tu mérites ta livrée bariolée, dans ce cas. Nous nous étions tardivement ralliés à la cause de Robert. Il était indispensable de prouver notre loyauté. Après que j’eus déposé ces cadavres au pied du trône, plus personne ne put douter que nous n’eussions abandonné pour jamais la maison Targaryen. Et le soulagement de Robert fut palpable. Tout stupide qu’il était, même lui savait que, pour la sécurité de son trône, les enfants de Rhaegar devaient périr coûte que coûte. Seulement, il se voyait sous les espèces d’un héros, et les héros ne tuent pas d’enfants. » Il haussa les épaules. « Je te l’accorde, l’exécution pécha par excès de brutalité.
Indispensable certes mais pourquoi ? Pas pour la survie de la maison Lannister. La rancune de Robert est exclusivement dirigée contre les Targaryens. Ni les Tyrell ni les Martell ne sont sanctionnés pour avoir choisi le mauvais camp. Pas indispensable non plus pour mettre les Lannister parmi les vainqueurs. La prise de Port-Réal suffisait largement pour cela (et aurait mis Robert devant un sacré dilemme). Le mort des enfants de Rhaegar n’est indispensable que pour assurer le retour des Lannister au plus proche du pouvoir. Tywin achète en quelque sorte le mariage Robert/Cersei avec le sang d’Aegon et Rhaenys.
Voilà pour ce qui concerne les enfants de Rhaegar, reste le cas Elia.
Elia aurait dû s’en tirer sans une seule égratignure. Par elle-même, elle n’était rien. Ce fut folie pure que de la tuer.
— Pourquoi la Montagne l’a-t-il fait, alors ?
— Parce que j’avais omis de lui dire de l’épargner. Je doute même l’avoir seulement mentionnée. J’avais des soucis plus pressants. L’avant-garde de Ned Stark dévalait du Trident vers le sud, et je craignais que nous n’en venions à la lutte ouverte. Et puis il était bien dans la nature d’Aerys d’assassiner Jaime, sans autre motif que le dépit. C’était ça, ma pire crainte. Ça, et les agissements éventuels de Jaime lui-même. » Il serra l’un de ses poings. « Et je n’avais pas encore compris quel genre d’être je tenais en Gregor Clegane, je voyais seulement qu’il était gigantesque et un combattant formidable. Le viol…, j’ose espérer que, cet ordre-là, tu répugneras toi-même à m’accuser de l’avoir donné. Ser Amory se montra presque aussi bestial avec Rhaenys. Je lui demandai par la suite comment il se faisait qu’il eût fallu une cinquantaine de coups pour tuer une petite fille de… deux ans ? trois ? Il prétendit qu’elle lui avait donné des coups de pied et n’arrêtait pas de crier. Il aurait eu seulement la moitié de l’intelligence que les dieux concèdent au navet, il la calmait avec quelques phrases câlines et se servait d’un oreiller de soie bien douillet. » Sa bouche se tordit de dégoût. « Il avait la manie du sang. »
Mais pas vous, Père. Tywin Lannister n’a pas la manie du sang.
Le débat sur le degré d’implication de Tywin dans la mort d’Elia est ancien, et toujours vivace. Sans doute y a-t-il des sujets plus appropriés pour le continuer. Ce qui ressort de l’échange, outre les explications à mon avis convaincantes de Tywin, c’est l’origine des doutes sur sa version. Le lecteur peut douter parce que Tyrion doute. Il ne formule pas clairement ce doute (n’ose pas peut-être) mais le doute est bien ce qui ressort du passage. Or, si Tyrion est capable d’être très clairvoyant, il se trompe systématiquement lorsqu’il interagit avec Tywin, et ce depuis leur premier chapitre commun dans AGOT. Pourquoi aurait-il raison cette fois ci ?
- Tywin et les Noces Pourpres
Les Noces Pourpres représentent l’un des plus grands triomphes de Tywin qui en a pourtant connu d’autres. Et il ne s’agit pas d’un succès basé sur la force des armes. Tywin est un général convenable mais pas génial, il est dans ce domaine inférieur à beaucoup de ses contemporains, et pendant la guerre des 5 rois, il est battu dans ce domaine par Robb et le Silure. La victoire de Tywin est politique et diplomatique, qui sont les domaines où il n’est pas surpassé. Tywin gagne là où Robb Stark perd : invaincu sur le champ de bataille, celui-ci se met les Frey et les Karstark à dos, échoue à débusquer un traître et manque l’occasion de gagner la guerre à cause d’une erreur de communication.
Tywin profite de l’occasion pour dispenser ses leçons à Tyrion.
— Et il me déplaît de me voir laissé dans le noir.
— Il n’y avait pas lieu de t’en parler. Cette partie-là se jouait sans toi.
— Cersei en avait été informée ? » Tyrion le demandait juste pour sa gouverne.
« Personne d’autre ne l’avait été que ceux qui devaient y tenir un rôle. Et ils n’en savaient qu’autant qu’ils avaient besoin d’en savoir. Et tu devrais savoir, toi, qu’il n’y a pas d’autre façon de garder un secret – ici, en particulier. Nous défaire au prix le plus bas possible d’un ennemi dangereux, voilà quel était mon objectif, et non de satisfaire ta curiosité ou de donner à ta sœur l’illusion de son importance. »
Lorsqu’on complote, mieux vaut en informer le moins de personnes possible. N’en déplaise à Tyrion, il n’y avait aucune raison de l’impliquer.
« Est-ce un oreiller de soie bien douillet qui a tué Robb Stark ?
— Ç’a dû être une flèche, au cours du banquet de noce d’Edmure Tully. Le garçon se montrait trop prudent sur le champ de bataille. Il gardait ses hommes en bon ordre et s’entourait de gens d’escorte et de gardes du corps.
— Tant et si bien que c’est sous son propre toit, à sa propre table que lord Walder l’a assassiné ? » Tyrion serra les poings. « Et lady Catelyn ?
— Tuée aussi, je dirais. Deux peaux de loup. Frey comptait la garder en captivité, mais quelque chose a pu clocher.
— Autant pour les droits de l’hôte.
— C’est sur les mains de Walder Frey qu’il y a du sang, pas sur les miennes.
— Walder Frey est un vieux grincheux qui ne vit que pour caresser son tendron de femme et pour ruminer toutes les couleuvres qu’il a avalées. Cette saleté, je suis convaincu qu’il l’a lui-même mijotée, mais jamais il n’aurait osé l’exécuter sans l’assurance d’une protection.
— Je suppose que tu aurais épargné le garçon, toi, et dit à lord Frey que tu n’avais que faire de son allégeance ? Le vieux fou serait retourné tout droit dans les bras de Stark, et tu n’y aurais gagné qu’une année de guerre supplémentaire. Explique-moi donc en quoi il est plus noble de tuer dix mille hommes au combat qu’une douzaine à table. »
Où l’on commence à parler des droits de l’hôte… Tywin n’est probablement pas le plus superstitieux des personnages de GRRM, pourtant il prend bien soin de ne pas être celui qui rompra les droits de l’hôte. D’ailleurs sa réponse à Tyrion n’est pas « ce n’est qu’une superstition » mais « c’est Walder Frey qui les a brisés, pas moi ». Le tabou que représente la violation des droits de l’hôte impose de préserver les apparences. Tout le monde sait ou va savoir que Walder Frey a agi sous l’impulsion de Tywin, c’est pourtant lui qui va prendre le blâme.
La dernière réplique de Tywin est une image parlante mais très inexacte. Les Noces Pourpres ont fait bien plus qu’une douzaine de victimes, plutôt quelques milliers. Et encore, c’est sans compter la bataille de Sombreval et la bataille des Gués qui en sont le préalable indispensable, en éliminant suffisamment de nordiens loyaux à Robb pour que les Frey et Bolton soient certains d’avoir le dessus. L’image de Tywin tient cependant : une guerre prolongée de quelques années aurait causé beaucoup plus de victimes, et des 2 côtés (alors que les Noces Pourpres ne coûtent aucun homme à Tywin).
Nous avons vu que Tywin n’a aucun problème à laisser les Frey endosser l’anathème qui résulte de la rupture des droits de l’hôte. La suite montre qu’il réserve d’autres cadeaux empoisonnés à ses co-conspirateurs.
La Couronne accordera Vivesaigues à ser Emmon Frey dès la reddition du Silure. Lancel et Daven épouseront des filles Frey, Joy l’un des fils naturels de lord Walder quand elle atteindra l’âge requis, et Roose Bolton devient gouverneur du Nord et emmène Arya Stark chez lui.
Vivesaigues donnée à un Frey, cela signifie que les Frey devront se débrouiller pour l’arracher au Silure. Roose Bolton aura l’insigne honneur de combattre les Fer-Nés pour être écarté sans ménagement au profit de la descendance de Tyrion via la révélation de l’imposture de la fausse Arya.
Conclusion
Un mot en guise de conclusion sur Tyrion. Notre narrateur est complètement éclipsé par Tywin mais ses réactions ne sont pas dénuées d’intérêt. L’annonce des Noces Pourpres renforce son cynisme en matière de religion.
Greyjoy, d’abord, et maintenant Stark… Tyrion se prit à penser à son enfant de femme, en train de prier dans le bois sacré, juste au même instant. De prier les dieux de son père pour la victoire de son frère et pour le salut de sa mère, à coup sûr. Apparemment, les anciens dieux avaient pour les prières autant de considération que les nouveaux. Peut-être devrait-il puiser là quelque réconfort.
Il est en revanche puéril lorsqu’il se plaint de ne pas avoir été mis au courant de ce qui se tramait et qu’il se compare à Cersei. On peut relever d’ailleurs que malgré ses plaintes incessantes de ne pas être reconnu à sa juste valeur, Tyrion dans ce chapitre est le seul à entrer dans la confidence de Tywin (on peut supposer que Kevan y était déjà) qui dialogue avec lui en détail en (je pense) en toute sincérité. Tyrion est enfin bien plus à son avantage lorsqu’il défend Sansa.
- Ce sujet a été modifié le il y a 2 années et 1 mois par Sandrenal.
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1 octobre 2022 à 12 h 18 min #180457R.Graymarch- Barral
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On a enfin passé les noces pourpres (ouf) et maintenant, on va avoir, les conséquences des noces pourpres (bonjour le couteau, coucou la plaie).
C’est un chapitre ultra riche qui s’ouvre
Première partie : Tyrion et Sansa mangent (et Pod sert). Ambiance pas super folichonne à table. Tyrion est obsédé par la venue de la délégation dornienne et tout ce que cela implique
He had settled Prince Oberyn and his lords in a cornerfort facing the city, as far from the Tyrells as he could put them without evicting them from the Red Keep entirely. It was not nearly far enough. Already there had been a brawl in a Flea Bottom pot-shop that left one Tyrell man-at-arms dead and two of Lord Gargalen’s scalded, and an ugly confrontation in the yard when Mace Tyrell’s wizened little mother called Ellaria Sand “the serpent’s whore.” Every time he chanced to see Oberyn Martell the prince asked when the justice would be served. Overcooked pease were the least of Tyrion’s troubles, but he saw no point in burdening his young wife with any of that. Sansa had enough griefs of her own.
Le fait qu’on insiste hyper lourdement sur « the pease » me pose question.. Un lien avec « the peace » ? Le reste du repas nous apprend juste que Sansa va souvent au bois sacré. Tyrion essaie de sympathiser avec elle et proposer de l’accompagner mais Sansa le rejette assez brusquement. Il doit vraiment être embêté par Dorne, Tyrion, pour ne pas voir qu’elle cache des trucs (cela dit, la dernière phrase de la citation suivante est jolie et Tyrion a bien raison : ne pas poser de questions si on n’est pas prêt à entendre toutes les réponses)
Tyrion found all this piety excessive, if truth be told, but in her place he might want the help of the gods as well. “I confess, I know little of the old gods,” he said, trying to be pleasant. “Perhaps someday you might enlighten me. I could even accompany you.”
“No,” Sansa said at once. “You . . . you are kind to offer, but . . . there are no devotions, my lord. No priests or songs or candles. Only trees, and silent prayer. You would be bored.”
“No doubt you’re right.” She knows me better than I thought. “Though the sound of rustling leaves might be a pleasant change from some septon droning on about the seven aspects of grace.” Tyrion waved her off. “I won’t intrude. Dress warmly, my lady, the wind is brisk out there.” He was tempted to ask what she prayed for, but Sansa was so dutiful she might actually tell him, and he didn’t think he wanted to know.
Tyrion retourne à sa compta et on apprend que Littlefinger utilisait des moyens tortueux, ne laissant jamais l’argent se reposer (« follow the money »). Joli clin d’oeil avec les Épois qui auraient été plus utiles vivants (s’ils étaient solvables)
Après ce petit intermède, on a une « jolie » séance familiale (euh, et Pycelle)
Joffrey was almost bouncing, and Cersei was savoring a smug little smile, though Lord Tywin looked as grim as ever. I wonder if he could smile even if he wanted to.
Le message codé est assez clair mais Joffrey jubile et crache le morceau. La première pensée de Tyrion n’est pas la joie, mais il pense à Sansa, ce qui est très élégant tout de même
First Greyjoy and now Stark. Tyrion thought of his child wife, praying in the godswood even now. Praying to her father’s gods to bring her brother victory and keep her mother safe, no doubt. The old gods paid no more heed to prayer than the new ones, it would seem.
Tyrion joue la provoc’, sans doute pour avoir le fin mot de l’histoire
“Kings are falling like leaves this autumn,” he said. “It would seem our little war is winning itself.”
“Wars do not win themselves, Tyrion,” Cersei said with poisonous sweetness. “Our lord father won this war.”
Tywin reste prudent, rien n’est encore gagné (c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses). Après avoir entendu le plan de son père pour le Conflans, Tyrion pense au fief de Littlefinger
“Harrenhal?” said Tyrion, who knew his sire.
“The realm is best rid of these Brave Companions. I have commanded Ser Gregor to put the castle to the sword.”
Gregor Clegane. It appeared as if his lord father meant to mine the Mountain for every last nugget of ore before turning him over to Dornish justice. The Brave Companions would end as heads on spikes, and Littlefinger would stroll into Harrenhal without so much as a spot of blood on those fine clothes of his. He wondered if Petyr Baelish had reached the Vale yet. If the gods are good, he ran into a storm at sea and sank. But when had the gods ever been especially good?
Joffrey nous fait ensuite part de sa mesure habituelle. Franchement, l’auteur nous prépare à ce qu’on se délecte de sa mort, c’est pas possible autrement ^^ Cersei soutient son fils et Tyrion prend la mouche (mais techniquement s’en prendre à Sansa, c’est s’en prendre à sa femme, qui n’a rien fait… à part être née Stark). Et ça s’envenime. Tywin passe l’éponge en renvoyant le marmot au lit
“Perhaps you should speak more softly to me, then. Monsters are dangerous beasts, and just now kings seem to be dying like flies.”
“I could have your tongue out for saying that,” the boy king said, reddening. “I’m the king.”
Cersei put a protective hand on her son’s shoulder. “Let the dwarf make all the threats he likes, Joff. I want my lord father and my uncle to see what he is.”
Lord Tywin ignored that; it was Joffrey he addressed. “Aerys also felt the need to remind men that he was king. And he was passing fond of ripping tongues out as well. You could ask Ser Ilyn Payne about that, though you’ll get no reply.”
“Ser Ilyn never dared provoke Aerys the way your Imp provokes Joff,” said Cersei. “You heard him. ‘Monster,’ he said. To the King’s Grace. And he threatened him . . .”
“Be quiet, Cersei. Joffrey, when your enemies defy you, you must serve them steel and fire. When they go to their knees, however, you must help them back to their feet. Elsewise no man will ever bend the knee to you. And any man who must say ‘I am the king’ is no true king at all. Aerys never understood that, but you will. When I’ve won your war for you, we will restore the king’s peace and the king’s justice. The only head that need concern you is Margaery Tyrell’s maidenhead.”
Joffrey had that sullen, sulky look he got. Cersei had him firmly by the shoulder, but perhaps she should have had him by the throat. The boy surprised them all. Instead of scuttling safely back under his rock, Joff drew himself up defiantly and said, “You talk about Aerys, Grandfather, but you were scared of him.”
Oh, my, hasn’t this gotten interesting? Tyrion thought.
Lord Tywin studied his grandchild in silence, gold flecks shining in his pale green eyes. “Joffrey, apologize to your grandfather,” said Cersei.
He wrenched free of her. “Why should I? Everyone knows it’s true. My father won all the battles. He killed Prince Rhaegar and took the crown, while your father was hiding under Casterly Rock.” The boy gave his grandfather a defiant look. “A strong king acts boldly, he doesn’t just talk.”
“Thank you for that wisdom, Your Grace,” Lord Tywin said, with a courtesy so cold it was like to freeze their ears off. “Ser Kevan, I can see the king is tired. Please see him safely back to his bedchamber. Pycelle, perhaps some gentle potion to help His Grace sleep restfully?”
“Dreamwine, my lord?”
“I don’t want any dreamwine,” Joffrey insisted.
Lord Tywin would have paid more heed to a mouse squeaking in the corner. “Dreamwine will serve. Cersei, Tyrion, remain.”
Au passage, ce chapitre est truffé de leçons de vie de Papy Tywin, couvertes aussi dans cet article. (tiens, on a les mêmes références, Sandrenal^^)
En comité restreint, Cersei, pas idiote s’excuse pour son fils et on lui renvoie son manque d’éducation (elle met tout sur le dos de Robert). Bon, c’était quoi la « sharp lesson » ? 😀
“The boy is thirteen. There is time yet.” Lord Tywin paced to the window. That was unlike him; he was more upset than he wished to show. “He requires a sharp lesson.”
Tyrion had gotten his own sharp lesson at thirteen. He felt almost sorry for his nephew. On the other hand, no one deserved it more.
Retour sur les Noces pourpres et Tyrion (un peu ingrat pour le coup) râle sur le fait qu’il n’a pas été mis au courant. C’était pas ton affaire, Tyrion, c’est un peu normal que Tywin n’ait rien dit.
“No one was told, save those who had a part to play. And they were only told as much as they needed to know. You ought to know that there is no other way to keep a secret—here, especially. My object was to rid us of a dangerous enemy as cheaply as I could, not to indulge your curiosity or make your sister feel important.” He closed the shutters, frowning. “You have a certain cunning, Tyrion, but the plain truth is you talk too much. That loose tongue of yours will be your undoing.”
Tywin change de sujet sur les Martell (bien joué) qui nous permet d’en savoir plus sur le passé (visite de Jon Arryn à Dorne etc). Et après on reparle de qui a tué (donné l’ordre de tuer) Elia et ses enfants. Tywin botte aussi en touche mais il n’est pas super convaincant.
“And when Oberyn demands the justice he’s come for?”
“I will tell him that Ser Amory Lorch killed Elia and her children,” Lord Tywin said calmly. “So will you, if he asks.”
“Ser Amory Lorch is dead,” Tyrion said flatly.
“Precisely. Vargo Hoat had Ser Amory torn apart by a bear after the fall of Harrenhal. That ought to be sufficiently grisly to appease even Oberyn Martell.”
“You may call that justice . . .”
“It is justice. It was Ser Amory who brought me the girl’s body, if you must know. He found her hiding under her father’s bed, as if she believed Rhaegar could still protect her. Princess Elia and the babe were in the nursery a floor below.”
“Well, it’s a tale, and Ser Amory’s not like to deny it. What will you tell Oberyn when he asks who gave Lorch his orders?”
“Ser Amory acted on his own in the hope of winning favor from the new king. Robert’s hatred for Rhaegar was scarcely a secret.”
It might serve, Tyrion had to concede, but the snake will not be happy. “Far be it from me to question your cunning, Father, but in your place I do believe I’d have let Robert Baratheon bloody his own hands.”
Lord Tywin stared at him as if he had lost his wits. “You deserve that motley, then. We had come late to Robert’s cause. It was necessary to demonstrate our loyalty. When I laid those bodies before the throne, no man could doubt that we had forsaken House Targaryen forever. And Robert’s relief was palpable. As stupid as he was, even he knew that Rhaegar’s children had to die if his throne was ever to be secure. Yet he saw himself as a hero, and heroes do not kill children.” His father shrugged. “I grant you, it was done too brutally. Elia need not have been harmed at all, that was sheer folly. By herself she was nothing.”
“Then why did the Mountain kill her?”
“Because I did not tell him to spare her. I doubt I mentioned her at all. I had more pressing concerns. Ned Stark’s van was rushing south from the Trident, and I feared it might come to swords between us. And it was in Aerys to murder Jaime, with no more cause than spite. That was the thing I feared most. That, and what Jaime himself might do.” He closed a fist. “Nor did I yet grasp what I had in Gregor Clegane, only that he was huge and terrible in battle. The rape . . . even you will not accuse me of giving that command, I would hope. Ser Amory was almost as bestial with Rhaenys. I asked him afterward why it had required half a hundred thrusts to kill a girl of . . . two? Three? He said she’d kicked him and would not stop screaming. If Lorch had half the wits the gods gave a turnip, he would have calmed her with a few sweet words and used a soft silk pillow.” His mouth twisted in distaste. “The blood was in him.”
Tyrion reprend l’avantage en enchaînant sur la mort des Stark et il en apprend un peu plus.
“So Lord Walder slew him under his own roof, at his own table?” Tyrion made a fist. “What of Lady Catelyn?”
“Slain as well, I’d say. A pair of wolfskins. Frey had intended to keep her captive, but perhaps something went awry.”
“So much for guest right.”
“The blood is on Walder Frey’s hands, not mine.”
“Walder Frey is a peevish old man who lives to fondle his young wife and brood over all the slights he’s suffered. I have no doubt he hatched this ugly chicken, but he would never have dared such a thing without a promise of protection.”
“I suppose you would have spared the boy and told Lord Frey you had no need of his allegiance? That would have driven the old fool right back into Stark’s arms and won you another year of war. Explain to me why it is more noble to kill ten thousand men in battle than a dozen at dinner.” When Tyrion had no reply to that, his father continued. “The price was cheap by any measure. The crown shall grant Riverrun to Ser Emmon Frey once the Blackfish yields. Lancel and Daven must marry Frey girls, Joy is to wed one of Lord Walder’s natural sons when she’s old enough, and Roose Bolton becomes Warden of the North and takes home Arya Stark.”
“Arya Stark?” Tyrion cocked his head. “And Bolton? I might have known Frey would not have the stomach to act alone. But Arya . . . Varys and Ser Jacelyn searched for her for more than half a year. Arya Stark is surely dead.”
“So was Renly, until the Blackwater.”
“What does that mean?”
“Perhaps Littlefinger succeeded where you and Varys failed. Lord Bolton will wed the girl to his bastard son. We shall allow the Dreadfort to fight the ironborn for a few years, and see if he can bring Stark’s other bannermen to heel. Come spring, all of them should be at the end of their strength and ready to bend the knee. The north will go to your son by Sansa Stark . . . if you ever find enough manhood in you to breed one. Lest you forget, it is not only Joffrey who must needs take a maidenhead.”
I had not forgotten, though I’d hoped you had. “And when do you imagine Sansa will be at her most fertile?” Tyrion asked his father in tones that dripped acid. “Before or after I tell her how we murdered her mother and her brother?”
Le chapitre se termine là, on a l’impression que Tyrion a le dernier mot. Pourtant si on pense que la fin justifie les moyens (ce qui est un gros « si »), Tywin est dans le vrai. Et vu que la famille, la lignée est avant l’individu, Tyrion n’a pas fait ce qu’on attend de lui (avoir un héritier). Pour moi, il est clairement en difficulté dans ce chapitre car on lui montre qu’il est un maillon important mais pas aussi essentiel qu’il aimerait l’être
Très bon chapitre post Noces pourpres
Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
MJ par intérim de Les Prétendants d'Harrenhal (2024-), rejoignez-nous
DOH : #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais1 octobre 2022 à 14 h 17 min #180471Tizun Thane- Pisteur de Géants
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Varys qui les livre à Tyrion savait-il à propos des emprunts ? Les Epois étaient-ils seulement pro-Stannis ou Varys a-t-il saisi l’occasion pour affaiblir un peu plus la Couronne ?
J’ai toujours pensé que les Epois n’ont jamais été pro-Stannis. Je pense que Varys a utilisé ce prétexte pour se débarrasser de pions de Littlefinger dans leur petite guéguerre à 2. Je croyais qu’il y avait consensus là-dessus.
Tyrion found all this piety excessive, if truth be told, but in her place he might want the help of the gods as well. “I confess, I know little of the old gods,” he said, trying to be pleasant. “Perhaps someday you might enlighten me. I could even accompany you.”
“No,” Sansa said at once. “You . . . you are kind to offer, but . . . there are no devotions, my lord. No priests or songs or candles. Only trees, and silent prayer. You would be bored.”
Sansa réagit brusquement, mais se rattrape bien en expliquant que la religion contemplative des Anciens Dieux est ennuyante au possible pour quelqu’un comme Tyrion. Elle esquive plutôt bien la balle je trouve.
Ce n’est pas la première fois que Tyrion est dupé par Sansa (notamment la Tour de la Main, quand elle prétend avoir peur des fantômes des hommes de son père).
Comme on est dans sa tête, on voit assez bien combien Tyrion comprend mal Sansa. Il ne voit que l’extérieur, de la gentille damoiselle sage. Il ne la voit pas, elle. Même ses tentatives de se rapprocher d’elle sont maladroites.
Tyrion a de toute façon un gros problème avec toutes les femmes de sa vie (Shaé en 1er lieu évidemment). Pour Sansa, comme elle ressemble à la Jouvencelle, il est persuadé qu’elle est l’innocence incarnée, passive.
3 octobre 2022 à 21 h 09 min #180727Yfos- Terreur des Spectres
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Pas grand chose à rajouter à cette analyse d’un chapitre très politique qui éclaire les évènements passés.
Juste un doute: les comptes de Littlefinger sont tellement peu clairs que je me demande s’ils sont sincères. A-t-il vraiment prêté de l’argent aux Épois? Ou, du moins, le montant total est-il exact? Littlefinger n’aurait-il pas pu modifier certaines lignes des livres de comptes, après leur mort, l’argent sorti des coffres de la Couronne partant dans d’autres poches?
6 octobre 2022 à 18 h 28 min #181114DJC- Pas Trouillard
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Très bon chapitre post Noces pourpres
Yes pareil, vu comme c’était casse gueule pour l’auteur de correctement « relancer la machine » 😀
J’ai aimé aussi comment le chapitre resitue habilement Elia Martell (ça aussi, pour préparer la suite..)
15 octobre 2022 à 13 h 56 min #182158Hizieł- Patrouilleur du Dimanche
- Posts : 180
Merci Sandrenal pour cette présentation très complète, de ce chapitre particulièrement riche.
Une autre leçon de Papa Tywin dans ce chapitre qui n’a il me semble pas encore été évoquée, c’est celle qu’il adresse à Tyrion :
« Tu n’es pas sans avoir quelque astuce, Tyrion, mais la vérité toute plate est que tu parles trop. Cette langue si bien pendue que tu as finira par causer ta perte. »
En effet, dans ce chapitre, Tyrion nous offre encore quelques belles piques adressées à sa famille, qui, si elles sont le plus souvent bien méritées, peuvent aussi être risquées.
Là où celle par laquelle il rappelle (juste pour le plaisir) à Tywin les mots de Joffrey, est effectivement savoureuse et plutôt inoffensive :
« La tirade sur la planque dans les entrailles de Castral Roc est assez dans le style de Robert, effectivement. » Tyrion ne désirait pas outre mesure que messire son père oublie ce petit morceau.
les piques qu’il a envoyées à Joffrey peu avant, elles, lui seront largement préjudiciables par la suite, et c’est à ce titre que l’on constate la justesse de Tywin dans son appréciation de Tyrion et de son défaut principal.
– « Mets-toi ça dans la tête, monstre » […]
– « Le monstre, Oncle, c’est vous »
– « Ah bon ? […] Alors tu devrais me parler plus gentiment. Ce sont des fauves dangereux, les monstres, et, en ce moment, les rois meurent comme des mouches, on dirait »De mestre passionné d'archi à archimestre déprimé dans DOH 8 - "Dans l'ombre de la Chat-rpie"
L'incompris Winni Naz Puur dans DOH 9 - "Tous ceux qui veulent changer Meereen"21 avril 2024 à 14 h 42 min #200482Lord Blimme- Frère Juré
- Posts : 96
Capitre au ton très politique. Ici, Tyrion n’est pas si choqué par les lois de l’hospitalité bafouées.
Sur le passage concernant Robert et Cersei. Robert aimait coucher avec plusieurs femmes si elles sont belles et attirantes. Cersei en était une à sa jeunesse et étrangement, Robert s’en est dégoûté. Est-ce que c’est parce que c’est une Lannister ? La mort de Lyanna ou sa luxure l’a rendu amer ? Réciproquement, le même état d’esprit revient à Cersei depuis quand elle s’est vu privée d’épouser Rhaegar. Joffrey est le résultat de leurs sentiments contradictoires. Tant pis, les Noces Violettes s’en débarrasseront.
"Même si les Ténèbres se sont insinuées en toi, n'oublie jamais tu es. Tu dois combattre les Ténèbres en toi ! Ce ne sera pas facile, je le sais. Mais surtout, n'oublie pas... que même au cœur des Ténèbres, subsiste toujours une petite lumière."
21 avril 2024 à 19 h 39 min #200484Eridan- Vervoyant
- Posts : 6336
Sur le passage concernant Robert et Cersei. Robert aimait coucher avec plusieurs femmes si elles sont belles et attirantes. Cersei en était une à sa jeunesse et étrangement, Robert s’en est dégoûté. Est-ce que c’est parce que c’est une Lannister ? La mort de Lyanna ou sa luxure l’a rendu amer ? Réciproquement, le même état d’esprit revient à Cersei depuis quand elle s’est vu privée d’épouser Rhaegar.
L’origine de leur désamour est expliqué dans d’autres chapitres, et pour beaucoup, il a pour origine leur nuit de noces … et l’ombre de Lyanna. Ce que Cersei reproche à Robert, c’est notamment son manque de considération …
Dans la pénombre flamboyèrent les prunelles vertes. Une vraie lionne, ainsi que l’indiquait son sceau. «Je l’ai haï dès le premier instant de notre nuit de noces. Quand, me chevauchant et me besognant, l’haleine vineuse, il me souffla au nez : Lyanna – le nom de votre soeur ! »
AGOT, Eddard XII.
… et la rudesse de ses étreintes, lors de ses viols conjugaux :
[…] comme Robert usait d’elle-même quand il était soûl, et qu’elle n’arrivait pas à le faire jouir à la main ou avec la bouche.
Ces nuits avaient été les pires de toutes, celles où elle gisait impuissante sous lui pendant qu’il prenait son plaisir, puant le vin et grognant comme un sanglier. D’ordinaire, à peine était-il parvenu à ses fins qu’il abandonnait la place et, avant même que sa semence n’eût séché sur les cuisses de Cersei, sombrait dans le sommeil en ronflant. Elle-même sortait invariablement de là tout endolorie, l’entrejambe à vif, les seins ravagés par les violences qu’il venait de leur infliger. En fait, il ne l’avait fait mouiller qu’une seule fois, au cours de leur nuit de noces.
A la période de leurs noces, Robert était assez beau, avec sa taille élevée, sa vigueur et sa force, mais il avait le poil noir et surabondant, dru sur le torse et rêche à l’aine. L’homme qui est revenu du Trident n’était pas le bon, songeait parfois la reine pendant qu’il la besognait. Les premières années, alors qu’il la chevauchait plus souvent, elle fermait les yeux et se donnait l’illusion qu’il était Rhaegar. Celle qu’il était Jaime demeurait inimaginable ; il était trop différent, trop étranger. Même l’odeur qu’il dégageait interdisait de se méprendre.
Pour Robert, ces nuits n’avaient jamais eu lieu. Le matin venu, il n’en conservait aucune espèce de souvenir, ou du moins aurait-il voulu le lui faire accroire. Une fois, la première année de leur mariage, Cersei avait exprimé son déplaisir le lendemain. « Vous m’avez fait mal », se plaignit-elle. Il eut la bonne grâce de prendre un air honteux. « Ce n’était pas moi, ma dame », répondit-il du ton boudeur et morne d’un gosse pris en flagrant délit de voler des gâteaux aux pommes dans les cuisines. « C’était le vin. Je bois trop de vin. » Pour assurer la descente de son aveu, il s’empara de sa corne à bière. Comme il l’élevait vers sa bouche, elle lui assena sa corne personnelle en pleine figure, et si violemment qu’elle lui ébrécha une dent. Lors d’un banquet, des années plus tard, elle l’entendit raconter à une souillon de servante que c’était au cours d’une mêlée qu’il s’était abîmé cette dent. Somme toute, réfléchit-elle, il ne mentait pas, notre mariage ne fut rien d’autre qu’une mêlée.AFFC, Cersei VII.
En plus de ça, elle méprise son besoin de validation :
Le fils légitime de Robert et son héritier. Encore que Joffrey se mît à pleurer pour peu que Robert le prît dans ses bras. Sa Majesté n’aimait pas cela. Ses bâtards lui avaient toujours gargouillé des risettes et sucé le doigt, lorsqu’il le fourrait dans leurs petits becs vils. Robert voulait des sourires et des ovations, toujours. Aussi courait-il où il en trouvait, chez ses amis et chez ses putes. Robert voulait être aimé. Tyrion, mon frère, est atteint du même mal.
ACOK, Sansa IV.
Besoin de validation auquel elle ne répond pas : elle est hautaine et agressive avec lui. Elle lui réclame sans arrêt quelque chose, elle l’abreuve de mépris quand il refuse et il cède généralement de lassitude. Et bien sûr, côté sexe, lui aussi trouve que ça se passe mal :
Et Cersei…, je suis redevable d’elle au cher Jon. Je n’avais pas la moindre envie de me marier, après que le sort m’eut ravi Lyanna, mais Jon me tannait pour que le royaume ait un héritier. Cersei Lannister serait un excellent parti, disait-il, elle me vaudrait l’alliance de lord Tywin, si Viserys Targaryen se mêlait jamais de prétendre au trône de son père. […] Oh, Cersei, pour le coup d’œil, rien à redire, mais pour la chose…, d’un froid ! rien qu’à la manière dont elle se couve le con, tu jurerais qu’elle y a foutu tout l’or de Castral Roc… !
AGOT, Eddard VII.
Ce mariage arrivait sans doute trop tôt et de toute façon, il se faisait entre deux personnalités qui n’étaient certainement pas conciliables : la politique et la beauté/le prestige ne sont pas forcément suffisant pour faire un bon mariage.
"Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"
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