AFFC 13 – Cersei III

AFFC 13 – Cersei III
Au fil des pages – liste des sujets

L’ombre de la sorcière

Après un chapitre consacré à Asha, fille de roi, qui voudrait être choisie pour reine des Îles de Fer, nous retrouvons Cersei, fille de Main du roi, reine régente de Westeros, qui désirerait être reine tout court et sans partager le pouvoir.

Le récit s’ouvre sur une Cersei de fort méchante humeur, une humeur maussade qui va la suivre tout au long du récit, ou presque.

Le souvenir des prédictions de Maggy la Grenouille plane au-dessus de la tête de Cersei comme une ombre maléfique. Le chapitre se déroule sur une journée qui est celle du mariage de Tommen et de Margaery, un mariage auquel Cersei a consenti de mauvaise grâce, cédant ainsi à la volonté des Tyrell.

Nous allons découvrir qu’en ce jour de fête, tout est prétexte à manifester sa colère, son indignation ou son mépris. Son frère Jaime ne parvient pas à la rassurer quant à l’organisation de la sécurité de Tommen lors du repas de mariage. La seule vue de son frère semble l’indisposer. Puis, ce seront les Tyrell qui feront les frais de la colère de Cersei, tous vont y passer de la mère et la grand-mère de Margaery, jusqu’aux enfants eux-mêmes. Cersei ne supporte plus Margaery ni même Loras.

L’oncle Kevan va également subir les sarcasmes de la reine régente. Heureusement la journée se termine sur une note plus radieuse pour Cersei, avec les confidences de la belle Taena, mais surtout grâce au feu grégeois qui va emporter la tour de la Main.

Une journée qui commence mal…

Dès les premières lignes, nous retrouvons la reine avec tous ses travers. Car plutôt que d’affronter ceux qui sont responsables de ses tourments, elle préfère passer sa colère sur ceux qu’elle considère comme « faibles », en l’occurrence cette pauvre Jocelyn Swift, qui tente de la servir de son mieux, en l’aidant à se préparer pour les noces. C’est tellement plus facile de s’en prendre à ceux qui ne possèdent pas de pouvoir et ne peuvent pas riposter. Il ne faudra pas que Cersei s’étonne, par la suite, si une certaine camériste complote contre elle.

Même son déjeuner parait vouloir la contrarier. Un de ses œufs à la coque contient un embryon dont la seule vue suffit à la révulser. Pourquoi se met-elle dans cet état ? parce que cet embryon de poussin lui rappelle qu’elle s’est débarrassée jadis d’un enfant à naître qui était de Robert ?

L’arrivée de son frère Jaime ne parvient pas à la distraire. Elle est immédiatement indisposée par sa tenue blanche de garde royal et par sa barbe. Il faut dire que la rupture est consommée entre les jumeaux Lannister depuis le début de AFFC. Cersei n’arrête pas de se répéter que Jaime n’a pas de cervelle, qu’il n’est qu’un imbécile et qu’il a laissé tout ce qu’il avait d’intelligence dans sa main d’épée.

Depuis que nous avons accès aux pensées de Cersei, nous savons qu’elle n’est plus éprise de Jaime. Si elle a pu l’aimer par le passé, cet amour s’est flétri.

Jaime a pris ses distances également. Il semble loin le temps où, prisonnier de Brienne, il n’aspirait qu’à pouvoir s’endormir afin de rêver de Cersei. Désormais, il n’hésite plus à s’opposer aux désirs de sa sœur. Un fossé s’est creusé entre eux.

Pourtant, si Cersei prenait le temps de mieux l’observer et de l’écouter, elle verrait que Jaime a plus de jugeote qu’elle ne le pense. Il a tout organisé en vue des noces de Tommen, afin que son fils neveu ne subisse pas le même sort que le regretté Joffrey, et ainsi empêcher tout risque d’empoisonnement du jeune roi. Jaime a le mérité d’être dans l’action, il ne se contente pas de critiquer.

Pour quelqu’un qui est censé avoir perdu son intelligence, il est encore capable de réfléchir, d’anticiper et d’agir.

En réalité, c’est Cersei qui n’arrive plus à réfléchir. Elle est obnubilée par la prédiction de Maggy la Grenouille. Elle voit Tyrion (son petit valonqar) derrière tous les complots auxquels elle donne vie dans sa tête. Elle le voit rodant encore dans les entrailles du château, prêt à surgir pour frapper Tommen.

Cersei se souvient de Melara, qui était présente sous la tente de Maggy. C’était le seul témoin dont pouvait disposer Cersei afin d’attester des déclarations de la sorcière des bois. Mais Melara est morte, et Jeyne Farman avait préféré s’enfuir, trop effrayée pour rester.

Et ce sont les souvenirs de Cersei, encore très vivaces, qui continuent de la hanter.

Dans sa crainte excessive, Cersei n’arrive plus à faire confiance à personne, pas même aux gardes royaux. Il est vrai qu’ils ont failli lors de l’empoisonnement de Joffrey, mais ses craintes tournent véritablement à l’obsession.

L’enjeu de la nuit de noce du roi

Cersei exige que Jaime en personne reste pendant la nuit de noce dans la chambre du jeune roi.

Nous avons alors un flashback des événements qui se sont déroulés lors du dîner de la reine régente en présence d’Alerie Tyrell, la mère de Margaery, et d’Olenna, la grand-mère.

Toutes deux ont plaidé la cause des jeunes époux, afin qu’ils puissent passer leur première nuit dans le même lit. De quoi peut bien avoir peur Cersei ? Tommen n’a que 9 ans, il ne peut pas, physiquement, avoir de relations sexuelles avec Margaery.

Lors de cette conversation Cersei a appris que la jeune femme dort en compagnie de ses cousines. Ah, les fameuses cousines de Margaery, Cersei se souviendra d’elles lorsqu’elle voudra faire tomber sa belle-fille…

Les trois femmes ont fini par se mettre d’accord sur la nuit en question. Olenna faisant remarquer à Cersei qu’elle est la mère de Tommen, elle sait ce qui est le mieux pour son fils. Au passage la grand-mère Tyrell n’a pas pu s’empêcher de lancer une pique à Cersei, laissant entendre que si l’on sait avec certitude qui est la mère de Tommen, en revanche, pour ce qui est du père…

Olenna a le don d’irriter Cersei. D’autant plus que sous ses traits de vieille femme, elle lui rappelle Maggy la Grenouille. Encore cette sorcière qui vient tourmenter Cersei.

Pourtant Olenna n’est pas la seule à laisser entendre qu’elle est au fait pour Cersei et Jaime. L’oncle Kevan avait déjà fait comprendre à Cersei qu’il était au courant pour le père de Tommen (AFFC 08 – Cersei II).

Cela commence à faire beaucoup de monde qui se permet de dire à Cersei qu’ils savent que ses enfants ne sont pas ceux de Robert. Elle devrait s’en inquiéter au lieu de se mettre en colère à chaque fois et de pester contre ceux qui lui déplaisent.

En fait, Cersei récolte les fruits de ce qu’elle a semé. Son intransigeance, son agressivité permanente vont pousser de plus en plus de personnes à se détourner d’elle. Et à lui dire ses quatre vérités.

Cersei ne peut pas s’empêcher de blesser ceux qui l’entourent. Et son frère Jaime est le premier à en faire les frais. Lorsqu’il lui fait remarquer que Tommen est trop jeune pour qu’il arrive quoi que ce soit lors de sa nuit de noces, Cersei lui sort une vieille histoire qui date de l’an 176 après la Conquête. Elle lui parle d’Ossifer Quetsch, dont la veuve, Elaena Targaryen, avait réussi à lui donner un enfant neuf mois après sa mort. Ce qui en théorie était possible, si l’enfant avait été conçu juste avant que le pauvre Ossifer ne succombe.

Jaime ne comprend pas de quoi elle parle (il ne devait pas être très assidu à ses cours d’histoire ), et au lieu de lui expliquer son trait d’humour (comment cela ce n’est pas de l’humour ?) elle préfère le comparer à Robert et le traiter d’ignare.

C’est dire si Cersei a développé une piètre opinion de son frère.

L’entêtement d’une reine folle ?

Mais plus grave que ses moqueries, Cersei s’enferre dans la volonté de faire brûler la tour de la Main, le soir même des noces. Elle espère encore débusquer Tyrion et Varys, qui pourraient sortir de là, chassés par la fumée.

Cersei ignore que les deux comparses ont mis les voiles depuis longtemps et doivent se trouver loin désormais. Et Jaime a beau lui expliquer qu’il a fait fouiller le tour de la Main de fond en comble par ses hommes, pendant toute une lune, rien n’y fait. Elle s’entête à faire intervenir les pyromants. Ceux-ci sont déjà prêts, l’un d’eux était venu la saluer lors des funérailles de Tywin, et l’avait tenue informée de l’avancée du projet.

D’ailleurs, si Cersei pouvait enfumer tout le Donjon Rouge, elle ne s’en priverait pas. Voilà qui ne doit pas ravir Jaime. Les pyromants, le feu grégeois, le Donjon Rouge, tout cela ne lui rappelle que trop bien les dernières volontés d’Aerys le Fol. Combien de fois dans ses chapitres PoV, avons-nous pu revivre les derniers jours qui ont précédé la mort d’Aerys ? Jaime a déjà évoqué le projet du roi fou qui souhaitait faire brûler la ville entière, faire succomber tous les habitants de la capitale avec lui, plutôt que capituler. Jaime a vu les pyromants de cette époque s’organiser jusqu’au bout pour mettre en œuvre les plans d’Aerys. Ces pyromants qu’il a dû tuer afin d’éviter qu’ils ne provoquent le pire.

Nous avons également été témoins, à travers le récit de Jaime, des derniers instants de Rickard Stark, mort par le feu dans son armure, sous les yeux de son fils Brandon, impuissant à le sauver. Tout cela parce qu’Aerys avait exigé une ordalie par combat et que le feu est l’arme des Targaryen.

L’entêtement de Cersei à vouloir utiliser le feu grégeois pour incendier la tour ne peut que déplaire à Jaime et même aggraver son traumatisme.

En conséquence, il ne prive pas d’établir un parallèle entre Aerys et Cersei. Celle-ci ne peut pas comprendre, elle ne sait pas ce qu’a vécu son jumeau, elle prend sa remarque pour une insulte gratuite et menace de lui faire couper la langue. C’est du Cersei tout craché : lorsqu’elle est à court d’arguments, elle brandit la menace. Jaime y réplique par une pirouette qu’il a déjà utilisée face aux attaques de sa jumelle :

– Je t’adore aussi, sœurette ma douce.

Il lui prouve ainsi qu’il est capable de maitriser ses émotions et ses paroles, contrairement à elle qui fait sortir de sa bouche tout ce qui lui passe par la tête.

Cersei se demande comment elle a pu aimer son benêt de frère. Une voix lui souffle qu’autrefois elle a aimé Jaime, qu’il était son double. Mais cette voix semble s’éloigner. La part de Cersei qui s’est persuadée que tous ceux qui l’entourent ne sont que des idiots ou bien des traitres, l’a emporté sur la voix de la raison.

En se coupant de tous, Cersei ne va faire qu’accentuer son isolement, sa paranoïa, et elle va ainsi courir à sa perte.

Un bon exemple de son entêtement stérile et contreproductif réside dans son obstination à vouloir que Tommen revête Margaery du manteau aux couleurs Lannister lors de la cérémonie de mariage. Cersei ne peut plus ignorer les soupçons qui portent sur la légitimité de ses enfants, et qui menacent leur accession au trône.

Mais il lui faut malgré tout se fourvoyer avec cette histoire de manteau aux couleurs Lannister. Elle fait ainsi le jeu de ceux qui voudraient occuper sa place, comme les Tyrell par exemple. Olenna lui fait remarquer que les fils portent les couleurs de leur père et non pas celles de dame leur mère. Puisque Tommen est le fils de Robert, il est logique qu’il couvre Margaery avec le manteau aux couleurs des Baratheon.

Olenna n’insiste pas pour rendre service à Cersei, elle met sous le nez de la reine sa propre duplicité et l’illégitimité de ses enfants.

Si Cersei était aussi maline qu’elle le prétend, elle aurait affiché Joffrey, puis Tommen, avec toutes les couleurs des Baratheon et uniquement celles-ci. Ainsi, elle aurait contribué à faire taire toutes les rumeurs qui ont couru à la suite des lettres envoyées par Stannis, répandant la nouvelle de l’adultère de Cersei et de la bâtardise de ses enfants.

Finalement, le mariage se passe plutôt bien. Ouf ! pour une fois, il n’y a pas de mort à déplorer.

Des nouvelles du Conflans

Lors du mariage, Cersei croise son oncle Kevan, et nous apprenons pêle-mêle que :

• Ser Harwin Prünh (un des descendants d’Ossifer) a repris Darry-le-Château aux hors la loi, et que Lancel va pouvoir s’y installer avec sa fiancée Amarei Frey,
• Les hommes de Varshé Hèvre sont toujours dans le Conflans pour y commettre des exactions,
• Béric Dondarrion aurait pendu des Frey. En réalité, le lecteur sait que c’est Lady Cœurdepierre qui poursuit les Frey de sa vengeance personnelle,
• Il court des rumeurs au sujet du Limier. Cersei a reçu un oiseau en provenance d’une « communauté septuaire implantée sur une île toute proche de l’embouchure du Trident ».

Tiens, tiens, cela ressemble à l’Île de Repose…

Un homme coiffé d’un casque semblable à celui du Limier aurait massacré des hommes et violé une petite fille.

Cersei pense qu’il s’agit forcément de Sandor Clegane.  Mais le lecteur qui a parcouru un bout de route avec Sandor sait que de tels crimes ne peuvent pas être l’œuvre du Limier. Il est certes capable de tuer des hommes sans états d’âme, mais il serait incapable de s’en prendre à une gamine de 12 ans. Nous avons déjà pu observer son comportement protecteur vis-à-vis de Sansa et Arya. Ces événements ne collent pas avec la personnalité complexe du Limier. Mais Cersei serait bien incapable de voir au-delà des apparences.

• Pour se venger de Kevan, qui a refusé de devenir sa Main, Cersei a attribué les titres prestigieux qui vont aux membres de la maison Lannister à des cousins plus ou moins éloignés.

Ainsi, elle a nommé Damion Lannister, Gouverneur du Roc. Damion n’est qu’un lointain parent de Tywin, alors que Kevan est son frère. C’est dire si cette nomination est vexatoire pour l’oncle Kevan.

Elle a également donné le titre prestigieux de Gouverneur de l’Ouest à Daven Lannister, un de ses cousins du côté de sa mère. Jaime aura l’occasion de le côtoyer plus loin dans la saga.

A court terme, Cersei s’est fait plaisir en offensant son oncle. Mais elle le regrettera plus tard, bien plus tard, lorsque Kevan sera rappelé au Donjon Rouge.

Margaery, plus belle que Cersei ?

Ensuite, Cersei retrouve Jaime. Il lui apprend le départ des Tyrell. Mace emmène une partie de ses troupes vers Accalmie. Est-ce Cersei qui lui a suggéré l’idée, suivant ainsi les conseils de son frère (AFFC 09 – Jaime I)?

Il n’aurait donc pas perdu toute son intelligence ce frère mal aimé, puisqu’elle a su écouter ses conseils avisés.

Margaery va rester à Port-Réal avec ses cousines, de même que Loras qui est devenu membre de la Garde Royale. C’est déjà trop pour Cersei qui exècre cette famille. Elle ne peut pas supporter Loras, quelles que puissent être ses qualités. D’ailleurs, elle trouvera un moyen de se débarrasser de lui dans un proche avenir.

Un autre personnage va jouer un rôle non négligeable dans les manigances de Cersei. Il s’agit du chanteur qui officie lors des noces. Il se nomme Wat, mais se fait appeler le Barde Bleu. Il va devenir un des courtisans de Margaery, pour son plus grand malheur.

Pour le moment, Cersei fait une fixation sur Margaery, et nous ne tardons pas à découvrir pourquoi sa bru lui inspire tant de haine. Il s’agit encore de la prophétie de Maggy la Grenouille. Celle-ci lui avait annoncé la venue d’une femme, « plus jeune et plus belle » qui viendra « t’abattre et s’emparer de tout ce qui t’est cher ».

Voilà qui explique pourquoi Cersei se méfie tant de sa chère belle-fille. Elle essaie de se rassurer comme elle peut en dévalorisant Margaery et en la comparant à une paysanne. Cersei ne peut pas admettre qu’une autre femme puisse la surpasser en beauté.

Plus loin dans le récit, ses remarques assassines au sujet de Lyanna Stark, dont elle pense qu’elle aurait pu éclipser les charmes si Rhaegar l’avait connue, elle, la belle et blonde Cersei, en diront long sur sa vanité.

Mais au lieu de passer son temps à épier Margaery et son frère, Cersei devrait se méfier d’une autre belle venimeuse : Taena Merryweather.

La courtisane rusée et les invités malmenés

Durant le repas de noces, Tommen avale une gorgée de vin de travers. Rien de bien méchant, mais Cersei qui est le qui-vive ne peut pas supporter de voir son fils manquer de s’étouffer. Elle préfère sortir de la Petite Galerie, et, à l’abri des regards, se laisser aller à son chagrin. Car une lionne ne peut pas se montrer en pleurs.

Mais Cersei n’est pas seule. La belle Taena Merryweather l’a suivie et lui tend un mouchoir. Cersei prétend que c’est la fumée de la salle qui lui a irrité les yeux. Mais Taena n’est pas dupe, elle sait pourquoi Cersei est bouleversée. Cependant, en habile intrigante, elle fait mine de croire à la version de Cersei, elle va même jusqu’à lui dire que le jour où son propre fils se mariera, elle pleurera sans doute.

Taena est la femme d’Orton Merryweather, un des vassaux des Tyrell. Il est de noble lignée, mais désargenté. Il n’est donc pas surprenant que son épouse tente de le faire revenir en grâce auprès de la couronne.

Taena offre une information à Cersei, en gage de sa bonne foi. Elle lui révèle que sa camériste, Senelle, fournit des informations à Margaery à l’occasion de rencontres discrète avec les cousines de la jeune rose. Taena lui livre des faits précis qui vont permettre à Cersei de vérifier ses dire. Car Cersei se méfie de Taena. Elle sait que Taena est une compagne de Margaery et que les Merryweather sont des alliés des Tyrell. Elle se demande ce qui peut se cacher derrière cette tentative de rapprochement. Il ne faut pas chercher bien loin, Taena est mue par le même moteur que Cersei : l’ambition.

Cersei la remercie et lui promet une récompense pour son aide. Et si jamais l’information se révèle être mensongère, elle lui fera couper la langue. Avec Cersei, il n’y a pas de juste milieu.

La reine retourne dans la Petite Galerie et observe les convives. Elle peut y constater les dégâts qu’elle a contribué à créer.

Mace Tyrell donne l’air de s’amuser avec ses bannerets, les seigneurs Redwyne et Rowan. Ah, si seulement Cersei avait écouté les conseils de son oncle, Mathis Rowan serait son allié désormais (AFFC 08 – Cersei II).

L’oncle Kevan Lannister est fâché, il boude dans son coin, et Cersei a grand tort de s’en faire un adversaire.

Lancel parle à un septon, il doit déjà être sur le chemin de la foi et de la rédemption. Ce qui ne tardera pas à causer des soucis à Cersei s’il se met à confesser ses péchés, en particulier sa liaison incestueuse et adultère avec la reine régente.

Cersei va passer la soirée à consommer du vin, oubliant les règles élémentaires de la politesse et de l’hospitalité. Elle va refuser toutes les invitations à danser et va même rejeter sévèrement son frère. Cette attitude vexatoire envers tous ceux qui comptent dans le royaume n’est pas une preuve d’intelligence, surtout venant de quelqu’un qui se targue d’être le digne successeur de Tywin.

Cersei est convaincue qu’il n’y a personne autour d’elle sur qui elle puisse compter. Il va lui falloir trouver de nouveaux conseillers pour son fils. Cela nous promet des choix croustillants lors des prochaines nominations au conseil restreint de Tommen.

La chandelle de grégeois

Pour clôturer la soirée en beauté, Cersei a convié toutes les personnes présentes au mariage à venir assister à un spectacle préparé avec l’aide des pyromants.

C’est leur chef, lord Hallyne en personne, qui a préparé le point d’orgue de la journée.

La tour de la Main a en effet été bourrée de feu grégeois, pas moins de 50 barils ont été entreposés afin d’assurer l’allumage de la « chandelle ». C’est à croire que Cersei avait prévu de brûler l’intégralité du Donjon Rouge.

Le spectacle de la tour de la Main en flammes est saisissant et provoque des réactions contrastées dans la foule. Cersei est éblouie, visiblement très satisfaite de son effet. Elle semble hypnotisée, elle a même retrouvé sa joie de vivre.

Elle compare la vue du feu brûlant et consumant la tour à la naissance de son fils Joffrey. En voilà un bien étrange parallèle. Comment peut-on mettre sur le même plan la naissance d’un enfant et le feu destructeur ?

Certes, Joffrey n’était pas un prince exemplaire, et il serait probablement devenu un souverain exécrable une fois adulte. Mais je ne pense pas que Cersei soit suffisamment clairvoyante pour faire ce parallèle.

En réalité, elle exulte face à ce feu qui dévore la tour de la Main et symboliquement tous ceux qui l’ont occupée. Cersei avait déjà manifesté sa rancœur envers les différentes Mains (AFFC 04 – Cersei I) et avait alors envisagé de supprimer le poste de Main du roi. C’est bien la disparition du symbole de toutes les Mains de rois qui partent en fumée qui apporte tant de joie à la reine. A ses yeux, il n’y aura plus de Main, plus d’hommes pour lui dicter sa conduite. Cersei se croit seule détentrice du pouvoir :

A moi ce château, à moi ce royaume.

Cersei jouit du pouvoir qu’elle pense acquérir en cette soirée à travers le spectacle de la tour en feu. C’est également une démonstration de force vis-à-vis des Tyrell. Cette chandelle est censée marquer l’alliance entre Castral Roc et Hautjardin. En réalité, il n’en est rien, c’est le lion Lannister qui montre sa puissance dévastatrice à la rose.

Symboliquement, Cersei a également porté au bûcher son frère Tyrion ; elle a fait rassembler et brûler toutes les possessions du nain dans la tour.  Peut-être espère-t-elle mettre un terme à la prophétie et exorciser le sort lancé par Maggy ?

Le feu grégeois était en train de la décrasser, il réduisait en cendres et ses terreurs et ses furies.

Cet incendie est un exutoire pour Cersei, une façon de se libérer, de conjurer le sort, de tourner la page du passé.

Je ne suis pas sûre que la reine ait choisi la meilleure voie pour prendre un nouveau départ. En tout état de cause, cette nouvelle route, elle compte l’emprunter sans Jaime. Au moment d’aller se coucher, son frère lui propose de la raccompagner. Mais elle préfère rester devant la tour en feu, en compagnie d’Osmund Potaunoir. Cersei a jeté son dévolu sur un nouveau compagnon, pour le meilleur…et pour le pire.

En conclusion, nous pouvons observer Cersei qui, encore une fois, fait les mauvais choix dans ce chapitre.

La reine ne peut pas s’empêcher d’être contrariante avec les Tyrell. Même si elle fait mine de se retenir, les Tyrell doivent bien sentir qu’elle ne les apprécie pas. Cependant, elle ne peut pas ignorer qu’elle a besoin d’eux si elle veut conserver le trône pour son fils. Elle a trop d’ennemis (elle cite elle-même Stannis, les Tully, les Fer-nés, etc.) au sein du royaume pour se permettre de faire cavalier seul et de prendre tout son entourage de haut.

Elle blesse son oncle Kevan, qui aurait pu l’accompagner dans l’exercice du pouvoir si elle avait su l’amadouer, lui parler, le convaincre. Au lieu de cela, elle préfère le punir pour avoir refusé d’être la Main du roi. Pourtant, si Cersei avait été capable d’analyser la situation, elle aurait pu comprendre que l’héritier de Tywin est probablement son frère Kevan. Il a l’expérience sur le plan politique et sur le champ de bataille.

De même, avec Jaime, Cersei se comporte de la façon la plus offensante qui soit, en regardant son moignon comme une chose repoussante, et en le contredisant sur tout ce qu’il lui dit, voire même en se moquant de lui. Là encore, si Cersei avait réfléchi un tant soit peu, elle se serait souvenue que ce frère malaimé est le seul sur lequel elle aurait pu compter à la fois au quotidien et face aux plus grands dangers. Car lorsqu’elle sera aux mains de la Foi militante, qui d’autre que Jaime aurait été en mesure de traverser l’enfer pour lui porter secours ?

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