AFFC 20 – Le Noyé

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  • #191992
    Sandrenal
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    AFFC 20 – Le Noyé
    Au fil des pages – liste des sujets

    AFFC 19, Le Capitaine de Fer AFFC 21, Brienne IV

    Je ne vais pas m’étendre outre mesure sur le début du chapitre et la mystique d’Aeron Greyjoy. On y relève quand même à la relecture un gros traumatisme lié à Euron.

    Il avait pris la fuite aussi lâchement tout à l’heure devant l’Œil-de-Choucas que s’il était encore la misérable créature d’autrefois,

    Plus aucun mortel n’était à même de lui faire peur, plus aucun, désormais, pas plus que ne le pouvaient les ténèbres, pas plus que ne le pouvaient les ossements de son âme, les ossements grisâtres et macabres de son âme. Le bruit d’une porte qui s’ouvre, le grincement d’une charnière de fer rouillée.

    Le POV d’Aeron est l’occasion pour GRRM de nous livrer l’équivalent chez les Fer-Nés de Lann le Futé, Durran, Brandon le bâtisseur ou Garth Mainverte. Chacun de ses personnages légendaires en dit long sur les peuples qu’ils symbolisent. Pour les Fer-Nés, nous avons donc le Roi Gris qui aurait tué la première dragonne des mers, Nagga, pris une sirène pour épouse, et préparé une guerre contre le Dieu des Tornades. De cette histoire ressortent plusieurs éléments importants pour les Fer-Nés : la témérité (le combat contre Nagga), la piété (la guerre contre le Dieu des Tornades) et la proximité avec la mer (le mariage avec la sirène). Toutes les grandes maisons des Iles de Fer prétendent descendre du Roi Gris, comme les maisons du Bief se rattachent à Garth Mainverte.

    Aeron déploie un grand mysticisme dans ce début de chapitre.

    C’est toi qui m’as envoyé les gens de ton peuple, pria-t-il

    Accorde-leur maintenant la sagesse de reconnaître le roi véritable quand il se présentera devant eux, et la force de repousser l’imposteur. Aeron Greyjoy passa la nuit tout entière en prières, car, lorsque le dieu se trouvait en lui, il n’avait nul besoin de sommeil

    Buvez, buvez un bon coup, songea-t-il, car divine est l’œuvre que nous devons accomplir aujourd’hui.

    Le dieu Noyé se réveille, songea le Tifs-Trempes, qui entendait sa voix monter du fin fond des flots. « En ces lieux, ce jour, je serai avec toi, disait-elle,ô mon fidèle et vaillant serviteur. Aucun impie ne siégera jamais sur mon Trône de Grès. »

    Ce mysticisme est sans doute la clé pour comprendre le comportement d’Aeron sur ce chapitre et le précédent. Sa position, son nom et son aura lui donnaient beaucoup d’armes pour peser sur le choix des états généraux mais il n’en utilisera quasiment aucune. On ne le voit pas faire campagne pour son candidat, il ne met pas à l’ordre du jour la question de la mort de Balon qui aurait pu mettre Euron en difficulté, il contrôle le timing mais ne s’en sert pas particulièrement. Convaincu que la volonté du Dieu Noyé est qu’Euron ne triomphe pas, il ne fait pas grand chose pour assurer le résultat.

    La dernière citation avec la voix qu’entend ou croit entendre Aeron interroge. Si Aeron entend réellement une voix, d’où vient cette voix ? Que sont réellement les ossements de Nagga ?

    Au sommet de la colline jaillissaient du sol quarante-quatre monstrueuses côtes de pierre analogues aux troncs de gigantesques arbres blêmes.

    Voilà qui fait quand même sacrément penser aux barrals… Si les ossements de Nagga sont bien des restes de barral, alors Aeron ne s’imagine sans doute pas la voix qu’il entend. Mais quel serait l’intérêt de Freuxsanglant de favoriser l’élection d’Euron ? A moins qu’Euron lui-même ne puisse se servir des barrals.

    I. Les candidats aux Etats Généraux

    Petit rappel de la procédure devant les Etats généraux de la royauté de la part du Bouquineur :

    Sous les ossements de Nagga, chaque capitaine se dresse en égal de tous

    Et d’Aeron lui-même dans le dernier chapitre.

    Les capitaines et les rois. » Dans les Iles de Fer, les deux choses n’en faisaient qu’une, car chaque capitaine était roi sur le pont de son propre navire, et tout roi se devait d’être capitaine.

    Je n’ai pas de comparaison historique avec les Etats Généraux (à part peut-être les premières élections papales lorsque le Pape était élu par tous les évêques). Toutes les monarchies électives qui me viennent en tête s’appuyaient sur un corps électoral relativement restreint et procédaient par vote. Ici, on a un corps électoral très (et sans doute trop) élargi et une élection par acclamation. C’est un processus anarchique qui on le verra obéit cependant à quelques règles.

    • Les candidatures fantaisistes ou semi-fantaisistes

    La première candidature est celle de Gylbert Vendeloyn qui se propose d’emmener tous les Fer-Nés dans un pays de Cocagne fait d’abondance et d’immortalité. Le jugement d’Aeron est sans appel :

    Des yeux déments, songea-t-il, des yeux de fou.

    Difficile de lui donner tort sur ce point.

    Le deuxième candidat est un peu plus sérieux. Il s’agit d’Eik Forgefer, chef de la maison Forgefer, maison vassale des Greyjoy. C’est un vieillard qui s’appuie sur ses exploits guerriers et sa nombreuse descendance pour revendiquer la couronne. Le début d’enthousiasme de sa candidature est tué dans l’oeuf par Asha qui retourne les codes fer-nés contre Erik Forgefer dans l’un des passages les plus savoureux du chapitre.

    une voix de femme y coupa court : « Erik ! » Les gens s’écartèrent pour laisser passer la trublionne qui, posant finalement un pied sur la dernière marche, lança : « Erik, lève-toi. »

    Un silence énorme s’abattit soudain. La bise soufflait, les vagues se brisaient sur la grève, des hommes se murmuraient des choses à l’oreille. Erik Forgefer abaissa son regard sur Asha Greyjoy. « Greluche… Greluche trois fois maudite ! C’est quoi, ça qu’ t’as dit ?

    — Lève-toi, Erik, répéta-t-elle sans broncher. Lève-toi, et je crierai ton nom avec tous les autres. Lève-toi, et je serai la première à te suivre. Tu veux une couronne, c’est entendu. Lève-toi et prends-la. »

    Du sein de la foule éclata, à un autre endroit, le rire de l’Œil-de-Choucas. Erik le dévisagea fixement. Ses mains de colosse se crispèrent violemment sur les accoudoirs du fauteuil de bois flotté. Sa face devint cramoisie puis se violaça. L’effort fit trembler ses bras. Aeron vit une grosse veine bleue lui battre le cou pendant qu’il s’échinait à se mettre debout. On eut un moment l’impression qu’il allait réussir à le faire mais, le souffle lui manquant d’un seul coup, il poussa un grognement et s’affala derechef parmi ses coussins. Euron n’en rigola qu’à gorge mieux déployée.

    La troisième candidature est celle de Dunstan Timbal, porteur de Pluie Pourpre, épée en acier valyrien. La maison Timbal est ancienne et prestigieuse et c’est là-dessus qu’il fonde sa candidature. C’est une erreur mais j’y reviendrais plus tard.

    Après les candidatures du rêve, de la force et de l’histoire, nous passons aux candidatures sérieuses, celles des Greyjoy.

    • Les candidatures-programmes des Greyjoy

    Les candidats précédents à part Vendeloyn n’ont pas proposé de vision ou de programme pour la société fer-né. Les 3 candidats Greyjoys vont le faire.

    Aeron estime le moment propice pour Victarion de se déclarer. Ses 3 champions sont des guerriers renommés. Victarion démarre en se faisant bénir par son frère. Il coche la case de la piété. Il rappelle ensuite ses exploits guerriers et son statut de chef de guerre sous Balon. Voilà pour la case courage/témérité. Son programme s’exprime en filigramme de son discours. Il s’agit tout simplement de poursuivre la politique de Balon et de continuer les raids sur le Nord.

    Alors qu’Aeron s’attend à voir Euron réagir à la candidature de Victarion, c’est Asha qui prend l’initiative en s’appuyant à nouveau sur son sens de la répartie.

    Il n’est personne de plus brave que mon nononc’ à moi, personne de plus fort, personne de plus implacable au combat. Et il compte jusqu’à dix aussi vite que quiconque, je l’ai vu le faire… Mais, dès qu’il faut qu’il aille jusqu’à vingt, il est forcé de retirer ses bottes. » On se mit à rire.

    Le choix de ses champions a de toute évidence été mûrement réfléchi. Qarl Pucelle est le guerrier renommé, Harras Harloi représente la maison Harloi qui est le principal soutien d’Asha (et qui porte une épée en acier valyrien, ce qui ne gâche rien) et Tristifer Botley qui représente une grande maison de Pyk et qui est un ennemi personnel du Choucas. Le programme d’Asha est véritablement révolutionnaire pour les fer-nés. Elle prêche la fin de la guerre de son père, arguant que c’est une guerre qui ne peut pas être gagnée. Elle propose en échange de la paix, des terres et l’alliance avec le Nord pour échapper à la tutelle du trône de fer.

    Du troisième coffre surgirent alors des navets jaunes, ronds, durs et gros comme des têtes d’hommes, qui finirent par aboutir parmi les pignes et les galets. Asha planta son stylet dans l’un d’eux. « Harmund Aigu ! clama-t-elle, ton fils Harrag est mort à Winterfell… pour ceci ! » Elle arracha le navet de la lame et le lui lança. « Tu as d’autres fils, je crois. Si tu as envie de troquer leurs vies contre des navets, alors, crie le nom de m’n nononc’ chéri !

    Le choix que vous avez à faire n’est pas compliqué. Couronnez-moi, à vous la paix et la victoire. Couronnez mon oncle, à vous surcroît de guerre et surcroît de défaite.

    Cette présentation est habile et gagne à Asha nombre de soutiens.

    Et cependant, c’était bien pour elle que s’égosillait Tristifer Botley, pour elle que vociféraient avec lui quantité de Harloi, certains des Bonfrère, le lord Merlyn avec sa bouille cramoisie, beaucoup plus de monde, en fait, que ne se le serait jamais figuré le prêtre…

    Alors que les partisans d’Asha et ceux de Victarion en viennent aux mains, Euron intervient en faisant souffler le cor Dompte-Dragon. Cette entrée en matière dramatique (surtout pour le souffleur) lui donne l’attention de l’assemblée. Chaque mot de son discours est important.

    « FER-NÉS, dit Euron Greyjoy, vous avez entendu mon cor. Entendez maintenant mes paroles. Je suis le frère de Balon, le plus âgé des fils survivants de Quellon. Le sang de lord Vickon coule dans mes veines, ainsi que le sang du Vieux Calmar. Mais j’ai navigué plus loin que n’importe lequel d’entre eux. Des seiches en vie, il en est une seule qui n’ait jamais subi de défaite. Il en est une seule qui n’ait jamais ployé le genou. Il en est une seule qui ait fait voile jusques à Asshaï-lès-l’Ombre et une seule qui ait contemplé de ses propres yeux des merveilles et des horreurs passant l’imagination…

    « Mon petit frère voudrait terminer la guerre de Balon et revendiquer la possession du Nord. Ma mignonne nièce voudrait nous donner la paix et des pignes de pin. » Ses lèvres bleues s’ourlèrent d’un sourire. « Asha préfère la victoire à la défaite. Victarion désire un royaume, et non quelques maigres arpents de terre. De moi, ce sont les deux que vous obtiendrez.

    « Nous sommes les Fer-nés, et jadis nous fûmes des conquérants. Notre vocation nous assignait tous les lieux du monde où s’entendait le bruit des vagues. D’après mon frère, vous devriez vous estimer satisfaits avec le Nord lugubre et froid, d’après ma nièce, avec encore moins…, mais moi, je vous donnerai Port-Lannis. Hautjardin. La Treille. Villevieille. Le Bief et le Conflans, le Bois-du-Roi et le Bois-la-Pluie, Dorne et les Marches, les montagnes de la Lune et le Val d’Arryn, Torth et les Degrés de Pierre. Moi, je dis du royaume : prenons-le tout ! Moi, je dis : prenons Westeros ! » Il jeta un coup d’œil vers le prêtre. « Et tout cela pour la plus grande gloire de notre dieu Noyé, comment jamais songer à le contester ? »

    Même Aeron est alors atteint par le doute.

    Le temps d’un demi-battement de cœur, Aeron lui-même fut tourneboulé par la hardiesse de ce discours. Il avait fait le même rêve, lorsqu’au firmament lui était apparue pour la première fois la comète rouge. Nous balaierons les contrées vertes la torche et l’épée au poing, nous en extirperons jusqu’à la racine les sept dieux des septons tout autant que les arbres blancs des Nordiens…

    Asha tient la langage de la raison et essaye de faire redescendre tout le monde sur terre en rappelant qu’il est impossible pour les fer-nés de conquérir Westeros. Euron rétorque qu’il existe des dragons, qu’il sait où les trouver et comment les contrôler (au passage il prétend être allé à Valyria). Ses hommes déposent les trésors qu’il a amassé pendant ses années d’exil et Euron est élu par acclamation roi des Iles de Fer.

    II. Les leçons des Etats Généraux.

    J’indiquais plus haut que dans toute cette anarchie, il existe tout de même certaines règles qui découlent de l’acclamation et du collège électoral très étendu. La première de ces règles nous est donnée par Aeron.

    La patience n’a jamais été le fort de l’Œil-de-Choucas, se dit Aeron Tifs-Trempes. Peut-être va-t-il être le premier à prendre la parole. Dans ce cas, il signerait sa perte. Les capitaines et les rois n’étaient pas venus banqueter de si loin pour jeter leur dévolu sur le premier plat que l’on placerait devant eux. Ils vont avoir envie de goûter, de savourer des échantillons, de tâter d’une bouchée de celui-ci, une lichette de celui-là, de déguster à loisir jusqu’à ce que leur tombe sous la dent celui qui leur semblera le plus friand.

    Les 3 Greyjoys respectent cette règle et l’ordre dans lequel ils prennent la parole est logique. Asha a besoin que Victarion parle avant elle afin de pouvoir attaquer la politique de son père. Et Euron a besoin que Victarion et Asha parlent avant lui afin que la curiosité de la foule sur leurs candidatures soit assouvie avant qu’il ne puisse porter le coup de grâce.

    La deuxième règle, c’est qu’il faut en appeler aux intérêts des électeurs. La candidature de Dunstan Timbal s’écrase sur cet écueil. Les 3 Greyjoys respectent cette règle également mais en jouant sur des intérêts différents. Victarion promet la poursuite des pillages et la gloire militaire contre le Nord. Asha promet la fin des morts inutiles et des terres (et éventuellement l’indépendance). Euron promet carrément Westeros et donne aux capitaines le fruit de ses pillages.

    Ce qui ressort de ces 2 règles (qui sont en fait les seules règles) c’est que les Etats généraux sont en réalité un concours de démagogie. Ce que promet Euron est tout simplement délirant. Même si on le croit sur parole (et c’est quand même un grand si), un raisonnement rationnel devrait conduire les capitaines à se demander où sont ces fameux dragons, si quelqu’un d’autre les contrôle déjà, comment Euron va les ramener. Ces questions, personne ne se les pose (Asha en a posé d’autres) parce qu’il y a un effet de foule et que plus personne n’a envie de se poser de questions à ce stade.

    A l’inverse, si on considère toutes les candidatures, c’est Asha qui propose la vision la plus réaliste et la plus raisonnable pour le futur des fer-nés. Elle a compris que la guerre de son père ne pourra jamais être gagnée, que le problème majeur de la société fer-né est le problème des terres. Elle a même envisagé un moyen pour les Iles de Fer de prendre leur indépendance. Mais les Etats Généraux ne sont pas un concours de programmes politiques mais la prime à la démagogie.

    Ce qui conduit à se demander si l’organisation des Etats généraux n’est pas une erreur d’Aeron. Même s’il ne pouvait pas prévoir les dragons, Aeron savait que l’aura d’Euron lui donnait un avantage certain.

    « L’Œil-de-Choucas est resté trop longtemps au loin.

    — Il y a des hommes qui paraissent plus grands, vus de loin, l’avertit Asha. Allez donc faire un tour parmi les feux de camp, si vous en avez l’audace, et tendez l’oreille. Votre vigueur ne fait pas l’objet des histoires qu’on y raconte, pas plus que ma célèbre vénusté. On n’y parle que du Choucas ; des contrées lointaines qu’il a visitées, des femmes qu’il a violées, des hommes qu’il a tués, des villes qu’il a saccagées, de la façon dont il a brûlé la flotte de lord Tywin à Port-Lannis…

    En plus de son aura, Euron a commencé à faire campagne bien avant ses concurrents directs, puisque toutes ses manœuvres depuis son retour qui visaient à éviter ou à préparer une guerre civile lui servent finalement pour les Etats généraux. Le refus de Victarion de s’entendre avec Asha (une entente qui serait allée contre les vœux d’Aeron) rendait la victoire d’Euron probable même sans les dragons.

    A la décharge d’Aeron, Euron partait avec une longueur d’avance dans tous les cas. Son retour dans les Iles de Fer le lendemain de la mort de Balon lui donnait un avantage sur Victarion et Asha qui étaient loin, en lui permettant de prendre le trône et de commencer à l’affermir. Au final, seule une guerre civile avec Victarion et Asha alliés contre Euron aurait pu empêcher Euron de prendre le trône.

    Pour conclure, il y a plusieurs mentions d’une mouette pendant les Etats généraux.

    « Qui régnera sur nous ? »

    Le cri d’une mouette lui répondit.

    La mouette émit un piaulement tapageur au-dessus de l’assistance et alla se poser sur l’une des côtes de Nagga, tandis que le sire de Lumière Isolée retournait vers le bas de la butte.

    Certains louchaient vers Victarion, certains du côté d’Euron, quelques-uns en direction d’Asha. Les vagues accouraient, vertes, s’écraser, blanches, contre les boutres. La mouette glapit à nouveau, d’une voix rauque, désolée.

    Euron Greyjoy entreprit alors de gravir posément l’escalier, tous les regards attachés sur lui. Du haut de son perchoir, la mouette se mit à piauler, piauler, piauler.

    Je ne sais pas si ça peut établir un nouveau lien avec Freuxsanglant ou si ça n’a rien à voir mais ça m’a interpellé.

    Et finalement, on retrouve mention d’une charnière de fer rouillée.

    Et tandis qu’un millier de voix hurlaient le nom de son frère, tout ce qu’il réussit à entendre, lui, se réduisit finalement à l’aigre grincement d’une charnière de fer rouillée.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 1 année et 6 mois par Sandrenal.
    #191994
    R.Graymarch
    • Barral
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    On reste aux Îles de Fer avec un nouveau chapitre… Ici Aeron en maître de cérémonie (pas vraiment impartial) des états généraux de la royauté. Dans un chapitre tonitruant, ce qui est étonnant quand on sait qu’Euron commande le Silence.

    Le début est glaçant quand on connait la suite… notamment un chapitre prépublié de TWOW qui permet de sans doute aligner les pièces du puzzle

    He had run before the Crow’s Eye as if he were still the weak thing he had been, but when the waves broke over his head they reminded once more that that man was dead. I was reborn from the sea, a harder man and stronger. No mortal man could frighten him, no more than the darkness could, nor the bones of his soul, the grey and grisly bones of his soul. The sound of a door opening, the scream of a rusted iron hinge.

    L’auteur nous présente les lieux et notamment leur origine

    On the crown of the hill four-and-forty monstrous stone ribs rose from the earth like the trunks of great pale trees. The sight made Aeron’s heart beat faster. Nagga had been the first sea dragon, the mightiest ever to rise from the waves. She fed on krakens and leviathans and drowned whole islands in her wrath, yet the Grey King had slain her and the Drowned God had changed her bones to stone so that men might never cease to wonder at the courage of the first of kings. Nagga’s ribs became the beams and pillars of his longhall, just as her jaws became his throne. For a thousand years and seven he reigned here, Aeron recalled. Here he took his mermaid wife and planned his wars against the Storm God. From here he ruled both stone and salt, wearing robes of woven seaweed and a tall pale crown made from Nagga’s teeth.

    Bien entendu, c’était un âge d’or et tout s’est effondré. Je n’ai pas compris d’où sortait le « living fire » de Nagga mais en tout cas, ça s’est éteint et toufoulkan, cétaimieuhavant

    Aeron voit tout le monde arriver et les couleurs gris-bleu ou vert-bleu me font furieusement penser au glauque (n’est ce pas, Ysilla ?)

    Aeron convoque tout le monde et rend hommage à Balon. Il y a une mouette (goéland ? Enfin bref seagull) qui ressemblerait presque à un animal de Freuxsanglant. Et juste après, il y a crowd qui sort d’un rêve. On verra souvent cette mouette dans le chapitre

    Aeron’s voice thundered like the waves. “But who? Who shall sit in Balon’s place? Who shall rule these holy isles? Is he here among us now?” The priest spread his hands wide. “Who shall be king over us?”

    A seagull screamed back at him. The crowd began to stir, like men waking from a dream.

    Aeron espère qu’Euron fera un faux pas, mais il se trompe gravement.

    On commence par le menu fretin : Gylbert, venant d’une maison excentrée et excentrique avec des promesses un peu folles.

    His eyes, Aeron saw, were now grey, now blue, as changeable as the seas. Mad eyes, he thought, fool’s eyes. The vision he spoke of was doubtless a snare set by the Storm God to lure the ironborn to destruction.

    Ensuite, Erik qui a de la suite dans les idées

    If old is wise, no one is wiser than me. If big is strong, no one’s stronger. You want a king with heirs? I’ve more’n I can count.

    Il se fait rabrouer par Asha qui élimine de la concurrence (pas bien forte, la concurrence mais tout de même)

    Ensuite, on sent bien que le spectacle a un peu duré. On attend les vrais concurrents.

    “Who shall rule the ironborn?” Aeron Damphair called again. “Who shall be king over us?”

    Men looked at one another. Some looked at Euron, some at Victarion, a few at Asha. Waves broke green and white against the longships. The gull cried once more, a raucous scream, forlorn. “Make your claim, Victarion,” the Merlyn called. “Let us have done with this mummer’s farce.”

    “When I am ready,” Victarion shouted back.

    Aeron was pleased. It is better if he waits.

    On a un nouveau candidat qui parle bien au début mais parle trop longuement et offre des cadeaux trop modestes (il s’écrase un peu comme l’Abbé de Vilecourt dans Ridicule).

    Aeron s’impatiente et perd sa neutralité qu’il n’avait pas vraiment…

    Aeron could feel a tightness in his belly, and it seemed to him that the waves were pounding louder than before. It is time, he thought. It is time for Victarion to make his claim. “Who shall be king over us?” the priest cried once more, but this time his fierce black eyes found his brother in the crowd. “Nine sons were born from the loins of Quellon Greyjoy. One was mightier than all the rest, and knew no fear.”

    Victarion met his eyes, and nodded. The captains parted before him as he climbed the steps. “Brother, give me blessing,” he said when he reached the top. He knelt and bowed his head. Aeron uncorked his waterskin and poured a stream of seawater down upon his brow. “What is dead can never die,” the priest said, and Victarion replied, “but rises again, harder and stronger.”

    Victarion se déclare candidat et il y a des hurlements tonitruants… arrêtés par Asha qui n’a pas la langue dans sa poche et en profite pour se présenter. Elle est sur la corde raide mais entre impertinence et pertinence, elle s’en sort vraiment bien. (toujours le « dirk » à double-sens…). Son projet est osé mais lier un navet à un mort à Winterfell, c’est très marquant. On hurle le nom d’Asha quand c’est couvert par les partisans de Victarion.

    Someone flung a pinecone at Asha’s head. When she ducked, her makeshift crown fell off. For a moment it seemed to the priest as if he stood atop a giant anthill, with a thousand ants in a boil at his feet. Shouts of “Asha!” and “Victarion!” surged back and forth, and it seemed as though some savage storm was about to engulf them all. The Storm God is amongst us, the priest thought, sowing fury and discord.

     

    Puis, tout est interrompu par un bruit impie venant d’un homme du Silence.

    Bright and baneful was its voice, a shivering hot scream that made a man’s bones seem to thrum within him. The cry lingered in the damp sea air: aaaaRREEEEeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee.

    All eyes turned toward the sound. It was one of Euron’s mongrels winding the call, a monstrous man with a shaved head. Rings of gold and jade and jet glistened on his arms, and on his broad chest was tattooed some bird of prey, talons dripping blood.

    aaaaRRREEEEeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee.

    The horn he blew was shiny black and twisted, and taller than a man as he held it with both hands. It was bound about with bands of red gold and dark steel, incised with ancient Valyrian glyphs that seemed to glow redly as the sound swelled.

    aaaaaaaRRREEEEEEEEEEEEeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee.

    It was a terrible sound, a wail of pain and fury that seemed to burn the ears. Aeron Damphair covered his, and prayed for the Drowned God to raise a mighty wave and smash the horn to silence, yet still the shriek went on and on. It is the horn of hell, he wanted to scream, though no man would have heard him. The cheeks of the tattooed man were so puffed out they looked about to burst, and the muscles in his chest twitched in a way that it made it seem as if the bird were about to rip free of his flesh and take wing. And now the glyphs were burning brightly, every line and letter shimmering with white fire. On and on and on the sound went, echoing amongst the howling hills behind them and across the waters of Nagga’s Cradle to ring against the mountains of Great Wyk, on and on and on until it filled the whole wet world.

    And when it seemed the sound would never end, it did.

    Le souffleur de cor va bien mal (ça pue) et Euron s’avance. Gros effet

    Euron Greyjoy climbed the hill slowly, with every eye upon him. Above the gull screamed and screamed again. No godless man may sit the Seastone Chair, Aeron thought, but he knew that he must let his brother speak. His lips moved silently in prayer.

    Asha’s champions stepped aside, and Victarion’s as well. The priest took a step backward and put one hand upon the cold rough stone of Nagga’s ribs. The Crow’s Eye stopped atop the steps, at the doors of the Grey King’s Hall, and turned his smiling eye upon the captains and the kings, but Aeron could feel his other eye as well, the one that he kept hidden.

    Qarl tente en vain d’interrompre Euron. Ce dernier parle encore des corbeaux et des festins

    “Crow’s Eye, you call me. Well, who has a keener eye than the crow? After every battle the crows come in their hundreds and their thousands to feast upon the fallen. A crow can espy death from afar. And I say that all of Westeros is dying. Those who follow me will feast until the end of their days.”

    Asha l’interrompt avec un peu plus de succès mais pas beaucoup plus car Euron a un atout majeur : les dragons. Et là forcément c’est le chaos, le brouhaha.

    Gorold Goodbrother shouted out as well, and Erik Anvil-Breaker. “EURON! EURON! EURON!” The cry swelled, became a roar. “EURON! EURON! CROW’S EYE! EURON KING!” It rolled up Nagga’s hill, like the Storm God rattling the clouds. “EURON! EURON! EURON! EURON! EURON! EURON!”

    Even a priest may doubt. Even a prophet may know terror. Aeron Damphair reached within himself for his god and discovered only silence. As a thousand voices shouted out his brother’s name, all he could hear was the scream of a rusted iron hinge.

    (coucou la jolie petite mention qui pique à la fin)

    On n’a pas le final mais on peut le deviner. Encore qu’en primolecture, je me demande si j’en étais si sûr.

    J’entends bien qu’il « faille » des candidatures perdues d’avance pour le folklore. Mais je me demande ce qu’il se passerait si les 3 Greyjoy étaient restés attentistes car voulant passer en dernier…. Dans la vraie vie, c’est un cas de figure envisageable. Dans un roman, l’auteur fait ce qu’il veut, c’est pratique.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #192013
    Oiseleur
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    Il existe les candidatures de témoignage.

     

    À ce moment là, je me rappelle à la première lecture de m’être demandé comment les Fer-nés peuvent espérer prendre les Sept Couronnes. Mais là ça équivaut à un abandon complet du Nord par les Fer-nés dans un premier temps, plus que quelques poches de Fer-nés à faire sauter.

    J’étais bien plus resté sur le fait que ça soit le coup dans le dos des gens de Fort Terreur qui mettent vraiment à mal les Stark dans ACOK.

     

    Et Euron se garde bien de signaler que le Val et Dorne sont restés prudemment hors du conflit jusque là, même si ces deux Cournonnes n’ont pas d’intérêt particulier à se jeter à la défense d’autrui bénévolement.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 6 mois par R.Graymarch.
    #192047
    Liloo75
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    Merci Sandrenal pour cette présentation du chapitre d’Aeron.

    J’avais oublié toute la mythologie fer-née autour du Roi Gris. Cela m’a évoqué immédiatement Durran et l’édification de la forteresse d’Accalmie.

    Aeron semble fin prêt à orchestrer la journée qui doit permettre de désigner le nouveau roi des Îles de Fer.

    J’ai été étonnée moi aussi qu’il ne cherche pas à mettre en question la culpabilité d’Euron dans le meurtre de Balon. Cela aurait pu servir à le disqualifier ou du moins à jeter un doute sur sa fiabilité. Mais Aeron préfère s’en remettre au destin, il croit si fort au pouvoir du dieu Noyé !

    Il y a un candidat qui m’a bien fait rire, c’est Erik Forgefer et sa façon  bien à lui de s’exprimer :

    Si mahous, ça veut dire balèze, alors y a pas d’quinqu’un p’us balèze qu’mézigue.

    Je riais en l’imaginant s’exprimer ainsi devant la foule (en VO, son parler est-il aussi fleuri ?).

    J’ai trouvé que Asha se défendait plutôt bien entre ses deux oncles. Elle a un sacré sens de la répartie. Et elle dispose de soutiens de poids, n’en déplaise à ses onc’.

    Puis arrive Euron avec son Dompte-Dragon. Il semble impossible de résister à l’appel de ce cor aux pouvoirs magiques, probablement issu de l’antique Valyria. Euron y serait-il réellement allé ?

    J’ai du mal à faire la différence entre les aventures vraiment vécues par Euron et ses récits qui relèvent du conte de fée Choucas.

    Quoi qu’il en soit, c’est lui qui remporte l’adhésion.

    Edit. J’avais remarqué la mouette également. Elle m’a rappelé le corbeau de Mormont qui apparaît lors de l’élection de Jon Snow comme lord Commandant.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 6 mois par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #192050
    R.Graymarch
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    Je riais en l’imaginant s’exprimer ainsi devant la foule (en VO, son parler est-il aussi fleuri ?).

    non, la fleur vient de Sola

    “I can’t count how many hands I’ve smashed to pulp with that hammer,” Erik said, “but might be some thief could tell you. I can’t say how many heads I’ve crushed against my anvil neither, but there’s some widows could. I could tell you all the deeds I’ve done in battle, but I’m eight-and-eighty and won’t live long enough to finish. If old is wise, no one is wiser than me. If big is strong, no one’s stronger. You want a king with heirs? I’ve more’n I can count. King Erik, aye, I like the sound o’ that. Come, say it with me. ERIK! ERIK ANVIL-BREAKER! ERIK KING!

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #192058
    Liloo75
    • Fléau des Autres
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    non, la fleur vient de Sola

    Merci pour la VO 😉

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #192075
    Obsidienne
    • Pisteur de Géants
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    non, la fleur vient de Sola

    Merci pour la VO 😉

    Hallucinant !
    Je sais combien la traduction de Sola mérite d’être critiquée mais j’avoue faire rarement la comparaison V.O./ V.F. grâce à Graymarch, mais là… ce « fleurissement » confine à la trahison du personnage (secondaire, heureusement !)

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 6 mois par R.Graymarch.

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #192084
    Eridan
    • Vervoyant
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    Je pense qu’aux deux règles évoquées par Sandrenal ( « parler le plus tard possible » et « évoquer les intérêts des électeurs » ), on peut en ajouter une troisième, qui apparaît en filigrane : la lignée n’est pas anodine. Certes, l’élection semble ouverte ; les candidatures non-Greyjoy sont l’occasion de propositions bouffonnes, qui amusent le lecteur et font passer les prétentions Greyjoy comme d’autant plus sérieuses … Il n’empêche que même sans être Greyjoy, tous ces candidats appartiennent à des lignées anciennes (Pour Erik, ce n’est pas sûr … mais il se vante d’avoir engendré plus « d’héritiers qu’il ne peut en compter » malgré tout). Même au sein du peuple fer-né, comme au sein du Peuple Libre ou de la Garde de Nuit, la lignée compte. Un capitaine peut toujours être capitaine et élire son roi … Mais même entre eux, il y a une hiérarchie, et on voit que les descendants « de serfs et de femmes-sel » sont regardés de haut, et aucun d’eux ne commet la folie de se proposer.

    L’ouverture de Timbal pourrait nous faire croire que les Fer-nés peuvent choisir « n’importe qui » :

    « Où est-il écrit que notre roi doive être une seiche ? […] »
    C’était une entrée en matière astucieuse. Aeron entendit retentir des cris d’approbation, […]

    Mais c’est d’autant plus ironique de le voir évoqué cet argument … alors que lui-même n’a rien d’autre à offrir que le prestige de sa lignée en remplacement du prestige de la lignée précédente ! D’ailleurs, cet automatisme du « roi=seiche » était évoqué dans le chapitre précédent :

    – Assez longtemps pour m’apercevoir qu’Oncle Tifs-Trempes a réveillé plus de choses qu’il n’en avait l’intention. Le Timbal compte émettre une revendication, et l’on a entendu Tarle Triplenoyé déclarer que Maron Volmark était le véritable héritier de la lignée noire.
    – Le roi doit être une seiche.

    Les candidats qui sont envisagés (avant le dépôt officiel des candidatures ^^) ont comme argument la lignée, l’héritage familial … et dès cet instant, Victarion affirme que le roi sera un Greyjoy !

    Comme celle du lord Commandant de la Garde de Nuit, l’élection fer-née n’est pas aussi ouverte qu’on pourrait le penser. Les sots se prêtent au jeu et servent d’idiots utiles, mais en réalité, leurs candidatures n’ont aucune chance d’aboutir. Le véritable jeu se joue en fait ici bel et bien entre les trois héritiers potentiels de Balon, d’où d’ailleurs le fait qu’on a ce ratio disproportionné de trois candidatures Greyjoy pour trois candidatures non-Greyjoy.

    (edit : Après, pour ce qu’elles ont l’air pathétiques et inutiles, ces candidatures permettent malgré tout au nouveau roi d’identifier de potentiels rivaux ou contestataires … ce qui s’avèrera rapidement très utile ! ^^)

    Et Euron se garde bien de signaler que le Val et Dorne sont restés prudemment hors du conflit jusque là, même si ces deux Cournonnes n’ont pas d’intérêt particulier à se jeter à la défense d’autrui bénévolement.

    D’autant qu’aucune n’a de flotte capable de rivaliser avec celles des Fer-nés 😉

    Je sais combien la traduction de Sola mérite d’être critiquée mais j’avoue faire rarement la comparaison V.O./ V.F. grâce à Graymarch, mais là… ce « fleurissement » confine à la trahison du personnage (secondaire, heureusement !)

    Les choix de traduction sont toujours discutables … Celui-ci l’est tout particulièrement. A tel point qu’il avait été relevé par Frédéric Landragin, dans son article « DO YOU SPEAK DOTHRAKI ? », Les mots du Trône de Fer (Le Trône de Fer et les sciences, Belin). Ca m’avait agréablement surpris de trouver l’analyse d’un passage aussi « spécifique » dans un article général (dont je vous recommande la lecture).

    La tirade d’Erik Forgefer, prétendant de quatre-vingt-huit ans, verse clairement dans la caricature […]
    Plus la peine de compter les apostrophes, les mots familiers et argotiques, les mauvaises utilisations de la négation : cette fois, le registre de langue ressemble au parler de voyous parisiens des années 1910. Non seulement c’est caricatural, mais cela a des conséquences qui dépassent largement l’intention du texte original.
    Premièrement, c’est terriblement daté : plus personne ne parle ainsi de nos jours, et des mots comme « mézigue » ancrent les paroles d’Erik dans un contexte qui n’a rien à voir avec celui du Trône de fer. Une telle traduction ajoute au texte des références françaises très précises. Or le travail du traducteur consiste justement – ce qui n’est pas forcément facile – à ne pas introduire de telles références, inévitablement en conflit avec celles du monde fictif.
    Deuxièmement, il s’agit de clichés. On peut en utiliser de manière parcimonieuse, mais tout excès finit par les rendre manifestes. Dans le cas présent, le lecteur se lasse assez vite de ces mécanismes et en vient à prendre le personnage qui parle pour un abruti. Même le vieil Erik Forgefer ne mérite pas un tel qualificatif. La preuve : il a construit son argumentation, reprenant un à un les traits qui font un roi et se les attribuant.
    Troisièmement, on arrive ici dans de l’oral transcrit, phonème après phonème. Le procédé peut sembler adéquat pour des dialogues – oraux, donc – mais convient mal à la lecture. Quand on lit un roman, on le fait silencieusement et on imagine la situation d’interaction, avec ses hésitations, bafouillements et intonations qui n’ont pas besoin d’être appuyés. Les dialogues sont faits pour être lus, pas pour être prononcés. Utiliser de l’oral transcrit ne va pas dans ce sens : c’est fait au contraire pour rendre compte de la prononciation, et donc pour être prononcé plutôt que lu.

    Je me demande dans quelle mesure ce choix de traduction, et la difficulté de lecture qui en découle, n’ont pas altéré mon appréciation sur les Fer-nés pendant longtemps.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 6 mois par R.Graymarch.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #192092
    R.Graymarch
    • Barral
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    Merci Eridan, c’est assez édifiant…

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    #192095
    Obsidienne
    • Pisteur de Géants
    • Posts : 1111

    Merci Eridan, c’est assez édifiant…

    Je plussoie !
    On se demande comment l’éditeur a pu laisser passer un/de telle/s distorsion/s du texte original !
    R.Graymarch, je vais me faire violence (en ouvrant un onglet « dictionnaire » en parallèle) et lire beaucoup plus attentivement tes extraits en V.O.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 6 mois par R.Graymarch.

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #192108
    Sandor is alive
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Merci Sandrenal pour la présentation et l’analyse.

    Dans mes souvenirs Euron argumentait plus longtemps avant d’être acclamé. Ses promesses sont à peine plus crédibles que celles du premier candidat, mais elles sont appuyées par un cor (magique ?) et par beaucoup d’or. Et ça suffit à le faire élire (même si effectivement il y a un doute sur l’issue vu la coupure).

    Je me demande qui aurait gagné s’il n’avait pas été là. Probablement Victarion, car Asha est trop avant-gardiste pour les fers-nés. Et il a le soutien d’Aeron (même si, face à Euron ça ne lui sert à rien).

    #192113
    Lapin rouge
    • Fléau des Autres
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    Merci Eridan, je copie-colle cet échange édifiant dans le topic sur la VF.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #192956
    Céleste
    • Pas Trouillard
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    Merci Sandrenal pour ton analyse et tes commentaires.

    J’avais oublié toute la mythologie fer-née autour du Roi Gris. Cela m’a évoqué immédiatement Durran et l’édification de la forteresse d’Accalmie.

    Je pense pareil que toi Liloo, c’est très évocateur et je pense que faire ce rapprochement donne des pistes intéressantes. On en avait discuté un peu ici avec Eridan : AFFC 02 – Le Prophète

    J’avais parlé du fait que la légende évoque probablement les conséquences de la Cassure (tsunamis, changement de climat, orage). Et depuis, j’ai pris connaissance du fait qu’il y a eu une deuxième tentative d’utilisation du Marteau des eaux dont les conséquences pourraient expliquer la légende des fer-nés.

    Voilà qui fait quand même sacrément penser aux barrals… Si les ossements de Nagga sont bien des restes de barral, alors Aeron ne s’imagine sans doute pas la voix qu’il entend.

    Je plussoie, cela fait au moins deux fois qu’on nous dit que les côtes de Nagga sont comme des arbres blancs. Reste à savoir si on a affaire à des arbres de barral ou à une construction faite en barral. Je pense qu’il y a de très bons arguments en faveur des deux possibilités. J’ai une préférence pour la deuxième possibilité, parce que ça permet d’imaginer un bateau fait en barral de type « Arche de Noé », j’aime bien m’imaginer ce genre d’évènements dans le passé lointain des fer-nés.

    Toutefois, je crois bien que la description oriente plus vers des barrals plantés et dont la magie aurait été utilisée pour se protéger des tsunamis. Comme l’a dit Liloo, on évoque fortement Durran et Accalmie ici. Et comme l’a dit Gray on a une mention très bizarre du « feu vivant » qu’on pourrait appeler tout simplement : « magie ». Cette possibilité impliquerait que le Roi Gris soit un vervoyant et cette idée a du mal à passer pour beaucoup :D. Ou si on chipote sur les mots, je dirais que le Roi Gris savait utiliser la magie des barrals. En réalité ça expliquerait beaucoup de chose s’il y a eu de la vervoyance dans les origines fer-nés même si cela semble contredire les légendes, car elles se contredisent de toute façon déjà sans cela.

    Pour conclure, il y a plusieurs mentions d’une mouette pendant les Etats généraux. « Qui régnera sur nous ? » Le cri d’une mouette lui répondit. La mouette émit un piaulement tapageur au-dessus de l’assistance et alla se poser sur l’une des côtes de Nagga, tandis que le sire de Lumière Isolée retournait vers le bas de la butte. Certains louchaient vers Victarion, certains du côté d’Euron, quelques-uns en direction d’Asha. Les vagues accouraient, vertes, s’écraser, blanches, contre les boutres. La mouette glapit à nouveau, d’une voix rauque, désolée. Euron Greyjoy entreprit alors de gravir posément l’escalier, tous les regards attachés sur lui. Du haut de son perchoir, la mouette se mit à piauler, piauler, piauler. Je ne sais pas si ça peut établir un nouveau lien avec Freuxsanglant ou si ça n’a rien à voir mais ça m’a interpellé.

    Je pense que si on ne m’avait pas mis le nez dedans, je n’aurais même pas relevé cette mouette ^^. C’est très intéressant, je pense qu’avant de savoir s’il s’agit de Freuxsanglant, il faudrait s’interroger sur les intentions de cette mouette, comment interprète t-on ses interventions ? Car après tout, on a de potentiels change-peaux sur place : Euron, et les Vendelyon de Lumière Isolée dont la description est assez explicite ^^

     

    Je préfère le souffle du dragon à la bave de crapeau et la langue de vipère.

    #206924
    Lord Blimme
    • Frère Juré
    • Posts : 96

    Relecture intéressante et surtout, belle mise en scène, ces états généraux de la royauté !

    Je me demande pourquoi on doute si le Dompte-Dragon fonctionne vraiment. Personnellement, malgré les théories à son endroit, je pense que ça va marcher. Daenerys ou fAegon va en tomber des nues ! C’est comme le Cor de l’Hiver, les frères de la Garde de nuit ne prennent pas ça à la légère, quand on sait ce qui est arrivé au souffleur du Dompte-Dragon. On ne va pas essayer de souffler là-dedans pour voir. Le Mur ne se construit pas deux fois ! Du coup, Euron est un adversaire très sérieux pour les Westoriis, après les Autres.

    J’avais parlé du fait que la légende évoque probablement les conséquences de la Cassure (tsunamis, changement de climat, orage).

    J’apprécie ce genre de détournement de la réalité car souvent, des légendes sont en réalité des faits scientifiques.

    Euron ne devait pas l’ignorer non plus, car il se garda de piper mot comme de bouger et demeura planté, bras croisés, parmi sa clique de monstres et de muets.

    Les muets et les métis du Silence ouvirent tout grands les coffres d’Eurons […]

    Il est intéressant de noter que les Fer-nés méprisent les étrangers et les gens qui n’ont pas la même couleur de peau que la leur, alors ils voyagent aux quatre coins du monde. Leur dégoût est incongrue. Les gens des contrées vertes, au contraire, n’en ont cure. Pourtant, c’est pas donné pour eux de voyager. Ils se fricotent sans aucun souci avec les Estiviens et les Dorniens. On a même eu des enfants métis royaux comme Baelor « Briselance » Targaryen, mate de peau, différent de son frère, Maekar ou les enfants de Rhaegar et Elia, même si les traits targaryennes dominent. Bref, payez votre logique fer-né !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 mois et 2 semaines par Lord Blimme.

    "Même si les Ténèbres se sont insinuées en toi, n'oublie jamais tu es. Tu dois combattre les Ténèbres en toi ! Ce ne sera pas facile, je le sais. Mais surtout, n'oublie pas... que même au cœur des Ténèbres, subsiste toujours une petite lumière."

    #206929
    Eridan
    • Vervoyant
    • Posts : 6366

    Les gens des contrées vertes, au contraire, n’en ont cure. Pourtant, c’est pas donné pour eux de voyager. Ils se fricotent sans aucun souci avec les Estiviens et les Dorniens. On a même eu des enfants métis royaux comme Baelor « Briselance » Targaryen, mate de peau, différent de son frère, Maekar ou les enfants de Rhaegar et Elia, même si les traits targaryennes dominent.

    Une idée fréquemment répandue dans le lectorat … Le Ouestrien-lambda serait plus tolérant que les Fer-nés. Ca semble globalement vrai, mais il ne faut pas croire que la xénophobie et le racisme n’existent pas à Westeros. La couleur de peau des Estiviens notamment est source de surprise, de peur, voire de rejet.

    A peine Jeyne Poole avait-elle confessé l’effroi que lui inspirait l’aspect de Jalabhar Xho qui, prince proscrit des îles d’Eté, portait à même sa peau noire comme la nuit une cape de plumes écarlates et vertes

    AGOT, Sansa II.

    Alleras était tout de même ; il avait pour père un Dornien, pour mère une femme à peau noire des îles d’Eté. Il avait lui-même le teint aussi sombre que du bois de teck.
    […]
    Léo avait des yeux noisette, étincelants d’ivresse et de méchanceté. « Ta mère était une guenon des îles d’Eté. Les Dorniens se farcissent n’importe quoi, du moment que ç’a un trou entre les pattes. Soit dit sans vouloir t’offenser. Tu as beau être brou de noix, ça ne t’empêche pas au moins de prendre des bains. Contrairement à notre salopiaud de petit porcher. »

    AFFC, Prologue.

    Elle [Kojja Mo] me faisait une peur bleue, au début, reconnut Vère. Elle était si noire, et elle avait des dents si grandes et si blanches, je craignais qu’elle soit une bête fauve ou un monstre, mais elle ne l’est pas.

    AFFC, Samwell IV.

    Quand à dire que les Ouestriens et les Dorniens se mélangent sans problème, c’est faux. Même après plus d’un siècle d’intégration au royaume, les Dorniens sont toujours victimes de stéréotypes régionaux, de blagues douteuses et d’une certaine méfiance de la part des Orageois et des habitants du Bief (d’autant plus après l’accident de tournoi de Willos Tyrell face au prince Oberyn Martell).

    Les mariages de la lignée royale avec les Martell notamment posent des problèmes : ce métissage est l’un des reproches faits à la lignée de Daeron qui amène ensuite à la première rébellion Feunoyr ; quant à Aerys II, il n’est apparemment pas satisfait par le mariage de son héritier.

    Cependant, trop d’hommes regardaient les cheveux et les yeux sombres de Baelor et le voyaient plus Martell que Targaryen, même s’il savait inspirer aisément le respect et était aussi généreux et juste que son père.

    TWOIAF – Daeron II.

    Quand Rhaegar revint au Donjon Rouge présenter sa fille à sa mère et à son père, la reine Rhaella étreignit l’enfant avec chaleur, mais le roi Aerys refusa de la toucher et de la tenir, se plaignant qu’elle « sentait le Dornien ».

    TWOIAF – Aerys II.

    D’ailleurs, tout comme pour Baelor Briselance, il semble que les traits Martell l’emportent chez Rhaenys, qui ressemblait plus à sa mère qu’à son père. 😉

    Il est intéressant de noter que les Fer-nés méprisent les étrangers et les gens qui n’ont pas la même couleur de peau que la leur, alors ils voyagent aux quatre coins du monde. Leur dégoût est incongrue.

    Si le racisme fer-né est exacerbé par rapport à celui de Westeros, c’est parce qu’il est culturel et religieux :

    Selon leur foi, les Fer-nés représentent une race à part du commun de l’humanité. « Nous ne sommes pas arrivés sur ces îles sacrées par la mer, de terres impies, a dit un jour le prêtre Sauron Langue-de-Sel. Nous sommes venus de sous ces mers, des demeures liquides du Dieu dieu Noyé qui nous a créés à son image et nous a donné pouvoir sur toutes les eaux de la terre. »

    TWOIAF – Les îles de Fer.

    Pour autant, tout comme il faut relativiser la tolérance de Westeros, il faut aussi relativiser le racisme fer-né. 😉 Aeron et Victarion correspondent bel et bien au cliché du Fer-né classique, racisme inclus. On a aussi Lorren le Noir qui se moque des croyances des Dothrakis en disant que « les sauvages, ça croit n’importe quoi. » … mais même parmi les Fer-nés, on a des marginaux, des gens moins bourrins qui sont moins bêtes et moins racistes que le Fer-né moyen, notamment Asha, Tristifer Botley ou Rodrik Harloi.

    "Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"

    #206947
    Lord Blimme
    • Frère Juré
    • Posts : 96

    Merci de décrasser mon ignorance. J’ignorais vraiment de cette idée répandue dans le lectorat.

    De mon point de vue, j’imaginais que la défiance envers les Dorniens venait de la rancune des guerres passées entre les Sudiers et eux. Je ne l’imaginais pas du tout à travers de la prisme de racisme.

    Pour le cas de Baelor Briselance, on l’a tellement apprécié qu’on veut buter discrètement Dunk pour sa mort. Je pensais que ce genre d’appréciation est générale, outre sa couleur de peau, mais non, celui-là est un cas unique.

    Pour les Fer-nés, comme j’ai relevé beaucoup de choses paradoxales dans leurs us et coutumes (avec les chapitres d’Asha et d’Aeron), j’ai considéré que leur racisme en faisait partie. Mais alors, Euron qui a des fils métis, est plus tolérant !

    De plus, dans AGOT, les Estiviens ont été accueillis à la Cour du Donjon rouge, sous la fascination/suspicion de Sansa et Jeyne pour eux (merci de me l’avoir rappelé). Je me suis étonné pour cet absence de xénophobie/racisme car sinon, on ne les accueillerait pas et les dégagerait ! Mais faut pas croire aux manières nobles chez les nobles ^^ Surtout à Port-Réal !

    Et finalement, on retrouve mention d’une charnière de fer rouillée.

    Mention, une fois revenue, encore. C’est peut-être un traumatisme lié au viol d’Urrigon par Euron (impression relevé par Emmalaure dans le chapitre « Le prophète »), sous forme d’objet. La charnière rappelle visuellement Aeron, le lieu où le crime a été passé et où cet objet a existé en cet endroit. C’est comme pour le souvenir heureuse de la porte rouge de Daenerys qui lui revient souvent. Bref, Aeron a dû se dire que voilà, Euron va n***er tout le monde comme dans son souvenir traumatisant.

    "Même si les Ténèbres se sont insinuées en toi, n'oublie jamais tu es. Tu dois combattre les Ténèbres en toi ! Ce ne sera pas facile, je le sais. Mais surtout, n'oublie pas... que même au cœur des Ténèbres, subsiste toujours une petite lumière."

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