[Autrice] Catherine Dufour

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  • #194170
    DNDM
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    Je suis en train de lire L’Accroissement mathématique du plaisir, recueil de nouvelles SFFF de Catherine Dufour.

    Comme je sens que je ne vais pas avancer très vite, et que je vais probablement entrecouper ces nouvelles avec d’autres lectures, j’ouvre ce post dès maintenant.

    Bref, qu’en dire au bout de 4 ou 5 nouvelles? Les premières, lues il y a déjà une quinzaine de jours, ne m’ont tellement pas marqué que je serai bien en peine de dire aujourd’hui leur nom ou de quoi elles parlent, pour la plupart.

    Pour l’instant, le seul texte réellement intéressant était L’immaculée conception, dans lequel une employée de bureau solitaire et vierge se retrouve mystérieusement enceinte. Texte étrange, qui joue sur différents registres (un peu d’humour, pas mal d’horreur, un peu de conte social…), et qui peut probablement être qualifié d’extrêmement féministe, dans la façon radicalement violente dont il aborde les questions afférentes à la grossesse et à la maternité. A ne pas lire si vous êtes enceinte, je pense. Texte marquant, donc, par certains aspects, et à l’écriture chirurgicale… Mais ça ne m’a pas empéché de le trouver très long et loin d’être passionnant, une fois les sujets de bases posés sur la table.

    Bref, pour l’instant, ce recueil de nouvelles ne me parle pas trop, et possible qu’il glisse hors de ma liste de lectures avant que j’arrive au bout. Quelqu’un pour me motiver à le reprendre?

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #194240
    Obsidienne
    • Pisteur de Géants
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    J’ai lu deux de ses livres, très différents l’un de l’autre.
    Le premier Danse avec les Lutins ;  dans un monde de fantasy, les personnages sont aux prises avec l’injustice sociale, les manipulations qui entraînent le terrorisme etc… avec un humour « à la Terry Pratchett ». Je l’ai beaucoup apprécié pour ça.
    Cette bonne impression m’a conduite à lire Le goût de l’Immortalité. Ici, guère d’humour mais une réflexion (comme le titre le dit expressément) sur ce que peut ressentir une personne immortelle. L’action se déroule dans un monde imaginaire, trop complexe à mon goût !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 3 mois par R.Graymarch.

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #198795
    DNDM
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    J’ai repris la lecture de ce recueil. En grande partie parce qu’il fait partie des livres que je dois lire pour le challenge de lecture 2023, qui se termine à la fin du mois. Pas sûr que j’aurais pris la peine d’ouvrir de nouveau cet ebook sans cela. Ca illustre ma motivation. ^^

    Donc, après la première session de lecture au cours de laquelle j’avais lu:

    • Je ne suis pas une légende (Ha oui, c’était une histoire de Vampire en effet plus ou moins inspirée de Je suis une légende)
    • Le Sourire cruel des trois petits cochons (une histoire de magie qui ne m’a pas marquée)
    • L’Immaculée conception (grand Prix de l’Imaginaire 2008, catégorie nouvelle francophone, la seule que j’avais gardé spontanément en tête, voir ci-dessus).

    J’ai enchainé avec:

    • Vergiss mein nicht
    • La Lumière des elfes
    • Rhume des foins
    • Le Jardin de Charlith
    • Mater Clamorosum
    • Confession d’un mort
    • Valaam

    La lumière des elfes n’est pas une nouvelle de fantasy, contrairement à ce que son titre laisse penser, mais plus un genre de portrait comico-tragique d’un artiste, plutôt bien écrit.

    Valaam était également sympa dans son genre. Une histoire courte de trafiquante d’icone religieuse qui se retrouve à essayer d’aider une prostituée qui fuit la mafia russe, et qui découvre que celle-ci a une icone religieuse rare dans son sac à main.

    Les 5 autres sont des histoires de fantastique / fantômes à l’ambiance souvent réussie, mais qui restent néanmoins souvent trop courtes pour être marquantes ou proposer quelque chose de neuf. Vergiss mein nicht se passe de nos jours et est écrite avec un style contemporain

    Mater Clamorosum se passe en des temps incertains (plutôt médiévaux) et lorgne vers l’horreur.

    En revanche, Rhume des foins, Le Jardin de Charlith et Confession d’un mort se passent dans un contexte XVIIIe-XIXe siècle, et aussi bien leur écriture, leurs personnages et leurs thématiques ne dépareilleraient pas aux côté de la production de l’époque. En les lisant je me suis parfois demandé si ma liseuse n’avait pas mélangé ce recueil de Catherine Dufour avec des textes de Guy de Maupassant ou de Mary Shelley. Confession d’un mort est carrément dédié à Edgar Allan Poe. Et du coup ça donne une impression étrange. OK, c’est de la bonne littérature fantastique XVIIIe-XIXe siècle… mais bon, pourquoi écrire des pastiches de littérature fantastique XVIIIe-XIXe siècle alors qu’on a dépassé l’an 2000? Pourquoi écrire volontairement un truc daté et vieillot, avec des persos dont les émotions et réactions sont assez distantes de celles expérimentées par le lecteur contemporain?

    Bref. 7 nouvelles courtes, pas mal dans leur genre, mais…

    • presque toutes les nouvelles ont les faiblesses du genre « nouvelle » (on n’a pas le temps de s’amouracher des persos ou de l’univers) sans avoir ce qui pour moi en fait la force (une chute réellement inattendue et surprenante, et pourtant logique)
    • elles sont souvent un peu pareil côté structure (une bonne moitié de chaque nouvelle est consacrée à faire le portrait du ou des personnages, et dans la seconde moitié on passe au récit)
    • et trois nouvelles ont les faiblesses de la littérature fantastique des pionniers du genre (c’est toujours un peu pareil, et c’est daté…)

    Reste un style parfois étonnant, voir explosif et revigorant, pour certaines histoires ou certains passages.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #198864
    DNDM
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    On continue. Avec la légère nuance que j’ai désormais compris ce que, peut-être, j’aurais dû savoir dès le début pour mieux apprécier ce recueil: la plupart des nouvelles sont des textes « A la manière de… », des pastiches des styles et thèmes de grands auteurs, bourrés de référence. A la fin du recueil, y’a un entretien avec Catherine Dufourqui sûrement m’en apprendra plus. Mais fort possible que ce que j’y apprendrais aurait eu sa place en préface.

    Et bon, si l’exercice est sûrement très amusant côté autrice, perso d’un point de vue lecteur je reste sur ma faim. Mais je comprends déjà un peu mieux la cohérence ce que je lis, et pourquoi je n’accroche pas: je ne découvre pas vraiment Catherine Dufour, je découvre Catherine Dufour qui pastiche – certes avec brio – d’autres auteurs, et ce n’est pas ce que je voulais.

    Bref, la suite.

    D’abord, deux nouvelles en mode « USA réalistes et cradingues »:

    • Le Cygne de Bukowski
    • Kurt Cobain contre Dr. No

    Comme je goûte assez peu la littérature américaine réaliste contemporaine à base de cul et de références musicales, je suis passé largement à côté de celles-là. Si vous aimez Bukowski et le rock américain peut-être que ça vous parlera plus.

    Ensuite:

    • Une troll d’histoire, qui est plus ou moins une fanfiction dans l’univers de Lanfeust de Troy/Trolls de Troy, d’Arleston – je sais pas comment Catherine Dufour est passée de Edgard Allan Poe à Arleston, mais bon, doit y avoir une explication. Comme je connais plutôt bien mon Arleston, celle-ci était relativement amusante.

    Et deux dernières qui ont en commun de pasticher les grands classiques:

    • La Perruque du juge, ou le procès de Peter Pan
    • Le Poème au carré, du Alice au Pays des Merveilles dans le texte, tout aussi absurde et étrange que l’original

    Bon, sans surprise, je reste sur ma position du post précédent. Si je veux lire du Arleston, bah je vais lire du Arleston, quoi, pas un pastiche… Si je veux lire Alice au Pays des Merveilles, j’ouvre Alice au Pays des Merveilles. Là c’est certes très bien pastiché, mais ça me parait aussi assez vain, et ça ne me dit absolument pas quel genre d’autrice est Catherine Dufour, tout ça.

    Suite et probablement fin dans le prochain post, il me reste 5 nouvelles (qui si je ne dis pas de bêtises sont de la SF) et l’entretien avec l’autrice.

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    #199001
    DNDM
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    Suite et fin, donc. Et après une grosse dominante fantastique (vieillot ou contemporain), on termine avec quatre nouvelles de Science-fiction et deux textes de contextualisation:

    • L’Accroissement mathématique du plaisir
    • La Liste des souffrances autorisées
    • L’Amour au temps de l’hormonothérapie génétique
    • Un Soleil fauve sur l’oreiller
    • Bois de souche (postface de Catherine Dufour)
    • Un entretien avec Catherine Dufour par Richard Comballot

    Et pour le coup j’ai davantage apprécié ces textes que les autres. Même s’il y a parfois encore des hommages et références (La Liste des souffrances autorisées reprend par exemple les plats improbables qui apparaissent dans American Psycho), c’est plus diffus, ou en tout cas ce n’est pas ce qui fait le cœur de l’histoire, et c’est bien mieux ainsi. J’ai enfin eu l’impression, ici, de saisir un peu qui est la Catherine Dufour – autrice, après m’être énervé sur ses textes qui sont plus du travail de faussaire (de l’excellent travail de faussaire, certes,  et assumé comme tel, mais bon, on préfère toujours l’original à l’hommage).

    Et donc, qui est Catherine Dufour? Une autrice avec une vision du monde assez sombre, et qui choisit souvent d’appuyer là où ça fait mal tout en ricanant. C’est vraiment un mot qui la définit assez bien, et qu’elle utilise souvent: Catherine Dufour ne rit pas, elle ricane.

    Du coup, ces textes de SF ont souvent en commun de voir le mal partout et de ne laisser que peu de place aux beaux sentiments et à la sincérité (la fascination pour l’art mise à part, Catherine Dufour ayant aussi une marotte à ce sujet, cf La Lumière des elfes et L’Accroissement mathématique du plaisir). Les personnages sont souvent cyniques et désespérés, les avancées technologiques sont rapidement détournées pour faire du profit de la pire des façons… Bref, on a pas trop de raison de se marrer, de base, mais le style de Catherine Dufour fait que souvent, on ricane néanmoins avec elle, d’un  ricanement un peu méchant, un peu désespéré, genre politesse du désespoir. Catherine Dufour, c’est du Grimdark ironique appliqué à tous les genres de l’imaginaire, en fait. D’ailleurs, elle voulait intituler ce recueil Différentes vues de l’enfer, et à mon avis ce titre est plus adéquat (mais son éditeur a refusé).

    De ce que je comprends, ça donne dans le reste de son œuvre deux veines différentes qui sont en fait les deux faces d’une même pièce: d’un côté des œuvres d’humour-fantasy à la Terry Pratchett (mais en mode plus humour noir, donc?), de l’autre des romans de SF cyniques et grinçants. Je me laisserais peut-être tenter par les uns ou les autres à l’occasion. Ce recueil a été globalement un peu agaçant à lire, mais la plume était néanmoins intéressante, et le fond parfois aussi.

    Les nouvelles les plus marquantes du recueil, pour moi:

    • L’Immaculée conception
    • Vergiss mein nicht
    • La Lumière des elfes
    • Mater Clamorosum
    • Valaam
    • L’Accroissement mathématique du plaisir
    • La Liste des souffrances autorisées
    • L’Amour au temps de l’hormonothérapie génétique
    • Un Soleil fauve sur l’oreiller

    … donc sans surprise pour qui a lu mes pavés précédents, celles dans lesquelles elle propose quelque chose d’original, et pas un simple hommage à tel auteur ou tel personnage classique.

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