[LPH] Présentation Aeron Sparr

« Putain de contrée verte ! » pestait-il dans sa courte barbe rousse à mesure qu’il avançait avec sa petite escorte. « Qu’est-ce que le vieil Harren était venu foutre en premier lieu si loin de l’iode et du varech ? »

Intellectuellement, Aeron Sparr, troisième et derniers fils du vieux Godrick Sparr, avait beau savoir parfaitement qu’aucune force fer-née n’aurait jamais pu résister à la Conquête – que pouvaient les boutres mêmes les plus intrépides face aux dragons ? –  il nourrissait malgré tout, comme avec lui la majeure partie de ce que les Îles de Fer comptaient d’érudits, une rancœur tenace envers la feue maison Chenu. La démesure de celle-ci avait valu aux siens la déchéance et l’humiliation ainsi que, pire encore, la perte de la souveraineté et la mise au rebut de l’Ancienne Voie.

Certes, les Greyjoy s’étaient démenés pour sauver les meubles et l’honneur, et ils avaient, au fil du temps, tenté de rétablir ce qui pouvait encore l’être de la culture, de la religion et l’honneur, mais malgré tout, Aeron vivait ce voyage vers l’ancienne capitale (capitale ! Si loin de la mer) comme une humiliation presque personnelle.

L’annonce du grand conseil n’avait guère éveillé l’enthousiasme à Grand Wyk, pas plus qu’à Pyk ou à Harloi, sans doute, et sans doute bien peu de bannerets devaient avoir fait le déplacement. Lui-même n’avait manifesté aucune envie d’aller se fourrer dans ce guêpier politique qu’il abhorrait d’avance. Juger de la légitimité de gens qui étaient, quelle que soit la manière dont on voulait tourner la chose, des étrangers et des barbares, venus au mieux des contrées vertes, au pire de la lointaine Essos, des parvenus et des politicards n’intéressait guère les seigneurs du Sel. Aucune faction, de toute façon, n’autoriserait d’aucune manière le retour à l’indépendance ou à l’Ancienne Voie. Si lui-même avait été seigneur, il aurait brûlé la lettre annonçant la tenue du Grand Conseil et, pour faire bonne mesure, noyé le corbeau qui l’avait amené et le mestre avec.

Mais il n’était que le troisième fils, et, descendu de son boutre personnel, La Désolation, il n’avait aucun pouvoir. Aussi, son père, qui se croyait prudent et habile, l’avait convoqué le soir-même et l’avait désigné comme son représentant à ce grand conseil avec une mission claire.

« Les Targaryen, lui déclara le vieux avec tout ce qu’il pouvait rassembler de pompe, de morgue et de gravité, sont un moindre mal aujourd’hui. Ils vivent loin de nous et ne se soucient que de leur stupide paix du roi. Ils respectent notre religion et ne mettent plus en danger notre mode de vie. Ils sont, selon toutes les règles absurdes du continent, les souverains légitimes, et le conseil consacrera leur triomphe. Va à Harrenhal, fils, va à Harrenhal et montre qu’à Grand Wyk, on sait où est va le pouvoir. Tu es intelligent, tu joueras cette comédie. Montrons aux dragons que nous les laissons faire ce qu’ils veulent, que nous les reconnaissons comme souverains légitimes des contrées vertes, et alors seulement, nous pouvons espérer vivre comme nous l’entendons. Je t’accorde une petite escorte de quelques hommes. Tu partiras demain à la marée montante, demain. »

Et c’est ainsi qu’Aeron Sparr partit, avec quatre compagnons vers la citadelle maudite et qu’après plusieurs jours d’un voyage éprouvant d’ennui, alors qu’il voyait émerger au loin les gigantesques tours noircies des ruines d’Harrenhal, il ruminait son mépris et sa colère.

[HRP : Aeron Sparr soutient la faction Targaryen.]