ADWD 28 – Tyrion VII

Forums Le Trône de Fer – la saga littéraire Au fil des pages ADWD 28 – Tyrion VII

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  • #199398
    Sandrenal
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    ADWD 28 – Tyrion VII
    Au fil des pages – liste des sujets

    ADWD 27, L’épouse rebelle ADWD 29, Jon VI

    En raison d’un imprévu, je n’ai pas pu préparer de compte-rendu détaillé sur ce chapitre. Je vous laisse avec le résumé du wiki et je compléterai demain ou après-demain. A vos plumes !

    Fermement attaché, Tyrion Lannister arrive à Volantis avec son ravisseur, un chevalier ouestrien en qui il a reconnu ser Jorah Mormont, l’ex-espion de Varys. Ils traversent la partie orientale de la ville, assistant au passage à une partie d’un prêche du grand prêtre rouge Benerro, qui exhorte ses nombreux fidèles à défendre la reine Daenerys contre les conspirations de ses ennemis. Ser Jorah vend son cheval, puis enchaîne Tyrion, faisant ainsi de lui son esclave aux yeux de tous. Ils traversent ensuite le Long Pont et arrivent au Comptoir des Marchands, où ils passent la nuit.

    Le lendemain matin, ils descendent dans la grande salle où, patientant avant d’être reçu en audience par la veuve du front de fleuve, ils aperçoivent un autre nain, qui reconnaît Tyrion. Devant la veuve, ser Jorah tente d’obtenir le passage vers Meereen et Tyrion comprend alors que la reine à qui il le destine n’est pas sa sœur Cersei, mais Daenerys. La veuve apprend à ses interlocuteurs que la plupart des navires à l’ancre à Volantis sont allés proposer leurs services à la Compagnie Dorée, engagée par un seigneur de Westeros exilé pour reprendre ses terres. Tyrion devine qu’il s’agit certainement de lord Jon Connington et du prince Aegon Targaryen. La veuve, soupçonnant que le chevalier a de sombres projets contre la reine Daenerys (qui a beaucoup d’ennemis à Volantis), refuse de les aider. C’est alors que le nain se précipite sur Tyrion un couteau à la main. Ser Jorah le maîtrise, et Tyrion réalise qu’il s’agit d’une fille; nommée Sol, elle révèle être l’un des jouteurs du mariage de Joffrey (l’autre étant son frère Oppo, assassiné et décapité depuis par des marins ouestriens). Sol est emmenée dans les appartements de la veuve, qui propose finalement à Tyrion de quitter Volantis et d’embarquer à bord de la cogue Selaesori Qhoran à destination de Qarth. À ser Jorah lui répliquant que son objectif n’est pas Qarth mais Meereen, elle révèle que Benerro a vu dans ses flammes que le navire n’atteindra jamais Qarth. Puis, se tournant vers Tyrion, elle lui confie un message pour la reine, de la part des esclaves de Volantis : qu’elle se dépêche de venir, car elle est attendue.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 8 mois et 1 semaine par Eridan.
    • Ce sujet a été modifié le il y a 8 mois et 1 semaine par R.Graymarch.
    #199400
    R.Graymarch
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    Ah donc, Tyrion et son ravisseur sont arrivés à Volantis. Il faudra très longtemps avant qu’on ne mette un nom sur ce ravisseur, et que le quiproquo de « la reine » soit dissipé (Jorah veut amener Tyrion à Daenerys, pas à Cersei).

    C’est notre deuxième visite de la ville après Quentyn et compagnie. Jorah parle un peu volantain ce qui permet d’entrer en ville. Mais ensuite, on voit que Tyrion et lui ne sont pas sur la même longueur d’ondes (on dirait un buddy movie à la Terence Hill et Bud Spencer).

    “Might be all I want is to see you pay for crimes. The kinslayer is accursed in the eyes of gods and men.”

    “The gods are blind. And men see only what they wish.”

    “I see you plain enough, Imp.” Something dark had crept into the knight’s tone. “I have done things I am not proud of, things that brought shame onto my House and my father’s name … but to kill your own sire? How could any man do that?”

    “Give me a crossbow and pull down your breeches, and I’ll show you.” Gladly.

    “You think this is a jape?”

    “I think life is a jape. Yours, mine, everyone’s.”

    On repasse en ville, voit les statues décapitées et plus généralement une ville entre grandeur et décadence

    Mighty Volantis, grandest and most populous of the Nine Free Cities. Ancient wars had depopulated much of the city, however, and large areas of Volantis had begun to sink back into the mud on which it stood. Beautiful Volantis, city of fountains and flowers. But half the fountains were dry, half the pools cracked and stagnant. Flowering vines sent up creepers from every crack in the wall or pavement, and young trees had taken root in the walls of abandoned shops and roofless temples.

    Tyrion provoque Jorah mais pas trop car il a encore des séquelles des fois précédentes

    His lip was still fat and swollen from the last time he had pushed the big knight too far. Hard hands and no sense of humor makes for a bad marriage. That much he’d learned on the road from Selhorys. His thoughts went to his boot, to the mushrooms in the toe. His captor had not searched him quite as thoroughly as he might have. There is always that escape. Cersei will not have me alive, at least.

    Long passage sur les éléphants qui passent dans la rue (et une petite pensée « sympathique » pour Cersei). Cela dit, même un peu décrépie, la ville est immense

    Seven save me, that’s got to be three times the size of the Great Sept of Baelor. An enormity of pillars, steps, buttresses, bridges, domes, and towers flowing into one another as if they had all been chiseled from one collossal rock, the Temple of the Lord of Light loomed like Aegon’s High Hill.

    Vous aussi, vous tiquez sur « Fire turned to stone » ?

    Benerro est là et harangue la foule (on apprécie le point Star Wars)

    Benerro jabbed a finger at the moon, made a fist, spread his hands wide. When his voice rose in a crescendo, flames leapt from his fingers with a sudden whoosh and made the crowd gasp. The priest could trace fiery letters in the air as well. Valyrian glyphs. Tyrion recognized perhaps two in ten; one was Doom, the other Darkness.

    Shouts erupted from the crowd. Women were weeping and men were shaking their fists. I have a bad feeling about this. The dwarf was reminded of the day Myrcella sailed for Dorne and the riot that boiled up as they made their way back to the Red Keep.

    Tout cela fait que Tyrion réfléchit à la stratégie de Griff et compagnie : utiliser Benerro, aller vers l’est ?

    Haldon Halfmaester had spoken of using the red priest to Young Griff’s advantage, Tyrion recalled. Now that he had seen and heard the man himself, that struck him as a very bad idea. He hoped that Griff had better sense. Some allies are more dangerous than enemies. But Lord Connington will need to puzzle that one out for himself. I am like to be a head on a spike.

    /

    Prince Aegon will find no friend here. The red priest spoke of ancient prophecy, a prophecy that foretold the coming of a hero to deliver the world from darkness. One hero. Not two. Daenerys has dragons, Aegon does not. The dwarf did not need to be a prophet himself to foresee how Benerro and his followers might react to a second Targaryen. Griff will see that too, surely, he thought, surprised to find how much he cared.

    C’est vrai ça, Tyrion, pourquoi ça t’intéresse tant ?

    Ils s’en vont, Jorah vend son cheval et menotte Tyrion qui proteste (pour la forme car il n’est pas en position de force)

    These bloody things weigh more than I do. Still, at least he drew breath. His captor could just as easily have cut his head off. That was all Cersei required, after all. Not striking it off straightaway had been his captor’s first mistake. There is half a world between Volantis and King’s Landing, and much and more can happen along the way, ser.

    Ils marchent, en faisant du bruit (surtout Tyrion) et passent le pont

    Here and there, between the shops, a traveler might catch a glimpse of the river he was crossing. To the north the Rhoyne was a broad black ribbon bright with stars, five times as wide as the Blackwater Rush at King’s Landing. South of the bridge the river opened up to embrace the briny sea.

    Rencontre intéressante : trois têtes.

    “What did they do?” Tyrion inquired innocently.

    The knight glanced at the inscriptions. “The woman was a slave who raised her hand to her mistress. The older man was accused of fomenting rebellion and spying for the dragon queen.”

    “And the young one?”

    “Killed his father.”

    Tyrion gave the rotting head a second look. Why, it almost looks as if those lips are smiling.

    Vous aussi vous vous dites que la deuxième tête est la plus intéressante, qu’elle est planquée au milieu des deux autres et que personne n’en parle ????

    Jorah achète des gants et va dans une immense auberge. Tyrion espère y retrouver Griff et sa bande (et suppose donc qu’ils vont le sauver alors que ce n’est pas trop le mood de JonC à ce qu’on a vu… et en plus ils ne sont pas là)

    Tyrion approved the choice of hostelry. Soon or late the Shy Maid must reach Volantis. This was the city’s biggest inn, first choice for shippers, captains, and merchantmen. A lot of business was done in that cavernous warren of a common room. He knew enough of Volantis to know that. Let Griff turn up here with Duck and Haldon, and he would be free again soon enough.

    Meanwhile, he would be patient. His chance would come.

    Jorah prend une chambre au 3e étage, ça pue un peu mais pour Tyrion c’est mieux que sa petite visite au Val. Malentendu sur « the queen » et Jorah va chercher à manger.

    Tyrion envisage de se libérer mais en vain et regarde l’extérieur avec envie. Jorah revient avec du canard (hum) et de la bière. Il apprend que c’est le temps des élections à Volantis et que c’est un peu « open bar » pour les électeurs

    “Is this some holy day?”

    “Third day of their elections. They last for ten. Ten days of madness. Torchlight marches, speeches, mummers and minstrels and dancers, bravos fighting death duels for the honor of their candidates, elephants with the names of would-be triarchs painted on their sides. Those jugglers are performing for Methyso.”

    “Remind me to vote for someone else.” Tyrion licked grease from his fingers. Below, the crowd was flinging coins at the jugglers. “Do all these would-be triarchs provide mummer shows?”

    “They do whatever they think will win them votes,” said Mormont. “Food, drink, spectacle … Alios has sent a hundred pretty slave girls out into the streets to lie with voters.”

    “I’m for him,” Tyrion decided. “Bring me a slave girl.”

    “They’re for freeborn Volantenes with enough property to vote. Precious few voters west of the river.”

    Cela permet de parler de système politique et de comparaison entre Westeros et Volantis

    “A few have tried. Might be the Volantenes are the clever ones and us Westerosi the fools. Volantis has known her share of follies, but she’s never suffered a boy triarch. Whenever a madman’s been elected, his colleagues restrain him until his year has run its course. Think of the dead who might still live if Mad Aerys only had two fellow kings to share the rule.”

    Et là on en apprend plus sur Jorah et sa connaissance de la culture locale

    “I spent the best part of a year here.” The knight sloshed the dregs at the bottom of his tankard. “When Stark drove me into exile, I fled to Lys with my second wife. Braavos would have suited me better, but Lynesse wanted someplace warm. Instead of serving the Braavosi I fought them on the Rhoyne, but for every silver I earned my wife spent ten. By the time I got back to Lys, she had taken a lover, who told me cheerfully that I would be enslaved for debt unless I gave her up and left the city. That was how I came to Volantis … one step ahead of slavery, owning nothing but my sword and the clothes upon my back.”

    Pendant la nuit, Tyrion envisage de s’échapper (voire pire pour Jorah) mais ce n’est pas si simple. Et même s’il arrivait, que faire ensuite ? Au matin, Tyrion est un peu moins entravé. Pendant le repas, Tyrion apprend que la compagnie dorée cherche des bateaux pour aller à l’ouest ce qui laisse Tyrion interdit

    Turned them west instead of east, abandoning his hopes of wedding Queen Daenerys? Abandoning the dragons … would Griff allow that?

    Tyrion cogite encore sur la stratégie de Griff et si elle peut fonctionner. On dérive vers la veuve que Jorah veut voir. Son histoire, tout ça (typiquement GRRM). L’entretien commence et par chance, elle parle en ouestrien (vous imaginez si elle et Jorah avaient parlé en langue locale ?)

    Jorah offre ses gants (un peu cheap) et Tyrion apprend qu’il cherche un passage pour Meereen donc pas du tout pour retrouver Cersei. Pendant que Tyrion est forcé de cacher sa joie, Jorah et la veuve négocient (et l’auteur nous balance des informations sur le monde actuel et sur les premières triarques de l’histoire), mais Jorah ne sait pas trop y faire

    “Triarch Malaquo tried to hire the Golden Company, did you know? He meant to clean out the red temple and put Benerro to the sword. He dare not use tiger cloaks. Half of them worship the Lord of Light as well. Oh, these are dire days in Old Volantis, even for wrinkled old widows. But not half so dire as in Meereen, I think. So tell me, ser … why do you seek the silver queen?”

    “That is my concern. I can pay for our passage and pay well. I have the silver.”

    Fool, thought Tyrion. It’s not coin she wants, it’s respect. Haven’t you heard a word she’s said?

    Et elle le perce à jour

    “Keep your silver. I have gold. And spare me your black looks, ser. I am too old to be frightened of a scowl. You are a hard man, I see, and no doubt skilled with that long sword at your side, but this is my realm. Let me crook a finger and you may find yourself traveling to Meereen chained to an oar in the belly of a galley.” (…) . “(…) It is such a sweet morning, though, I shall ask again. Why would you seek Daenerys Targaryen, whom half the world wants dead?”

    Jorah Mormont’s face was dark with anger, but he answered. “To serve her. Defend her. Die for her, if need be.”

    That made the widow laugh. “You want to rescue her, is that the way of it? From more enemies than I can name, with swords beyond count … this is what you’d have the poor widow believe? That you are a true and chivalrous Westerosi knight crossing half the world to come to the aid of this … well, she is no maiden, though she may still be fair.”

    Après une grosse pique aux Lannister (oui j’ai lu le wiki et l’hypothèse Gerion), elle pose la même question à Tyrion

    “What do you plan to offer the dragon queen, little man?”

    My hate, Tyrion wanted to say. Instead he spread his hands as far as the fetters would allow. “Whatever she would have of me. Sage counsel, savage wit, a bit of tumbling. My cock, if she desires it. My tongue, if she does not. I will lead her armies or rub her feet, as she desires. And the only reward I ask is I might be allowed to rape and kill my sister.”

    That brought the smile back to the old woman’s face. “This one at least is honest,” she announced, “but you, ser … I have known a dozen Westerosi knights and a thousand adventurers of the same ilk, but none so pure as you would paint yourself. Men are beasts, selfish and brutal. However gentle the words, there are always darker motives underneath. I do not trust you, ser.”

    La veuve refuse de les aider quand Tyrion se fait attaquer par Sol (présente au mariage de Joffrey etc). Et hop la veuve les aide

    When they were gone, the widow studied Tyrion, her black eyes shining. “Monsters should be larger, it seems to me. You are worth a lordship back in Westeros, little man. Here, I fear, your worth is somewhat less. But I think I had best help you after all. Volantis is no safe place for dwarfs, it seems.”

    Le bateau est pour Qarth mais Benerro a vu qu’il n’y arriverait pas

    “Should you reach your queen, give her a message from the slaves of Old Volantis.” She touched the faded scar upon her wrinkled cheek, where her tears had been cut away. “Tell her we are waiting. Tell her to come soon.”

    Fin très dramatique d’un chapitre où on a bien avancé (mais on va récupérer Sol, snif). Néanmoins, le retournement de la veuve parait bien soudain, ou sinon elle y pensait depuis le début.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #199435
    Sandrenal
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    Nous avons laissé Tyrion kidnappé par un ouestrien peu commode qui comptait l’emmener vers la reine (quoique pas celle à laquelle Tyrion pense). Tyrion va apprendre l’identité de son ravisseur, qu’il se dirige vers Daenerys et non vers Cersei et embarquer sur un bateau vers Qarth. Mais Tyrion et Jorah ne sont que des prétextes dans ce chapitre, des yeux par lesquels l’auteur nous montre Volantis sous tous ses angles.

    À l’intérieur des remparts, ils longèrent des comptoirs de guildes, des marchés et des établissements de bains. Des fontaines jaillissaient et chantaient au cœur de vastes places, où des hommes assis à des tables de pierre déplaçaient des pièces de cyvosse et sirotaient du vin dans des flûtes de cristal tandis que des esclaves allumaient des lanternes ornementées pour tenir le noir en respect. Palmiers et cèdres croissaient en bordure de la rue pavée, et des monuments se dressaient à chaque carrefour. Nombre de statues étaient dépourvues de tête, nota le nain, mais, même décapitées, réussissaient à en imposer dans le crépuscule.

    Tandis que le palefroi progressait au pas vers le sud en longeant le fleuve, les échoppes se firent plus modestes et plus miséreuses, les arbres en bord de route devenant une rangée de souches. Sous les sabots du cheval, les pavés cédèrent la place à l’herbe-au-diable, puis à une boue molle et détrempée, couleur d’excréments de nourrisson. Les ponceaux qui enjambaient les affluents mineurs de la Rhoyne grinçaient de façon inquiétante sous leur poids. À l’endroit où un fort dominait jadis le fleuve se dressait désormais une porte démolie, béante comme la bouche édentée d’un vieillard. On apercevait des chèvres qui regardaient par-dessus les parapets.

    Les signes de l’opulence et d’une civilisation raffinée côtoient la misère et le délabrement. Tyrion est saisi du sentiment justifié que la plus ancienne et la plus arrogante des Cités Libres est en pleine décadence.

    La puissante Volantis, la plus grandiose et la plus populeuse des neuf Cités libres. Des guerres anciennes avaient toutefois dépeuplé l’essentiel de la ville, et d’importants secteurs avaient commencé à retourner à la boue sur laquelle elle s’érigeait. La belle Volantis, cité des fontaines et des fleurs. Mais la moitié des fontaines étaient taries

    Outre sa décadence architecturale, Volantis semble au bord d’un conflit religieux de grande ampleur. Tyrion et Jorah passent malgré eux devant un prêche de Benerro, Grand Prêtre du Temple de Volantis, qui est au sommet de la hiérarchie du culte de R’hllor.

    La voix haut perchée de Benerro portait loin. Grand, mince, il avait un visage aux traits tirés et une peau de la blancheur du lait. On lui avait tatoué des flammes sur les joues, le menton et son crâne rasé, pour composer un masque rouge vif qui crépitait autour de ses yeux et descendait cerner sa bouche sans lèvres.

    Jorah explique complaisamment une des raisons pour lesquels le culte de R’hllor devient dangereux pour les triarques.

    Il indiqua du doigt le parvis, où une ligne d’hommes en armures ornementées et capes orange se tenaient devant les portes du temple, serrant des piques aux pointes ondulées comme des flammes. « La Main Ardente. Les soldats sacrés du Maître de la Lumière, défenseurs du temple. »

    Des chevaliers de feu. « Et combien de doigts compte cette main, je vous prie ?

    — Mille. Jamais plus, et jamais moins. Une nouvelle flamme s’allume à chacune qui s’éteint. »

    Je me demande bien comment des triarques ont pu autoriser une religion étrangère à la leur à se militariser dans leur propre cité. Cersei a fait la même erreur dans AFFC.

    Tyrion est mal à l’aise.

    Des cris jaillirent de la foule. Des femmes pleuraient, des hommes secouaient le poing. J’ai un mauvais pressentiment. Le nain se remémorait le jour où Myrcella avait pris la mer pour Dorne et l’émeute qui avait éclaté alors qu’ils rentraient au Donjon Rouge.

    Haldon Demi-Mestre avait parlé d’utiliser le prêtre rouge au bénéfice de Griff le Jeune, se souvenait Tyrion. Maintenant qu’il avait personnellement vu et entendu l’individu, l’idée lui parut très mauvaise. Il espéra que Griff aurait plus de bon sens. Certains alliés sont plus dangereux que des ennemis.

    On peut au moins concéder à Tyrion qu’il apprend de certaines de ses erreurs. Il se méfie désormais des foules et encore plus des hommes capables de les manipuler. Benerro semble assez clairement appartenir à cette catégorie.

    Après l’architecture et la religion, les pérégrinations de Tyrion et Jorah nous permettent d’avoir un aperçu de la politique volantienne. Jorah qui est resté suffisamment longtemps dans la ville pour en connaître les arcanes nous explique les règles du jeu.

    — Le troisième jour de leurs élections. Elles en durent dix. Dix jours de démence. Marches aux flambeaux, discours, baladins, ménestrels et danseurs, éléphants peints du nom des aspirants triarques. Ces jongleurs se produisent au nom de Methyso.

    — Rappelez-moi de voter pour un autre. » Tyrion lécha la graisse sur ses doigts. En bas, la foule jetait des pièces aux jongleurs. « Et tous ces aspirants triarques fournissent des spectacles de baladins ?

    — Ils font tout ce qui pourra leur rapporter des voix, selon eux, expliqua Mormont. Ripailles, boissons, spectacles… Alios a répandu dans les rues une centaine d’accortes esclaves pour coucher avec les électeurs.

    Volantis se vautre allègrement dans tout ce qu’un système électoral peut offrir de plus répugnant : la démagogie, la corruption, le clientélisme. Le suffrage restreint ne suffit pas à corriger les excès. Les candidats ne semblent pas corrompre que les électeurs mais aussi les clients des électeurs.

    — Elles sont réservées aux Volantains nés libres et dotés de propriétés assez grandes pour leur donner le droit de vote. Il y a très peu d’électeurs à l’ouest du fleuve.

    L’étalage de luxe affiché par les candidats à la triarchie rappelle les jeux donnés par les magistrats romains à la fin de la République au moment d’entrer en fonctions. Volantis ressemble d’ailleurs beaucoup à la Rome de la fin de la République : les conflits sociaux, le passé idéalisé, les conflits armés. Les volantains semblent assez attachés à leur système politique.

    J’essaie de m’imaginer régner sur les Sept Couronnes auprès de ma tendre sœur et mon brave frère. L’un de nous occirait les deux autres en moins d’un an. Je suis surpris que ces triarques n’agissent pas de même.

    — Quelques-uns s’y sont essayés. Il se pourrait bien que la sagesse soit dans le camp volantain, et la sottise chez les Ouestriens. Volantis a connu sa part de folies, mais elle n’a jamais souffert un enfant triarque. Chaque fois qu’un fou a été élu, ses collègues l’ont contenu jusqu’à échéance de l’année.

    La référence à ceux qui se sont essayés à régner seuls vise sans doute principalement Horonno, triarque tigre au siècle de sang, réelu 40 fois de suite au consulat à la triarchie mais qui fut assassiné au Sénat écartelé par des éléphants pour avoir voulu régner seul (et dont la statue décapitée avait été remarquée par Tyrion à Selhorys). La division des pouvoirs est l’essence du système politique de Volantis comme elle était celui de la Rome républicaine. A Volantis, 3 triarques pour que 2 puissent neutraliser un très mauvais. A Rome 2 consuls pour que le Sénat puisse s’appuyer sur l’un d’eux pour neutraliser l’autre.

    Jorah est venu voir un personnage pour le moins particulier : la veuve du front de fleuve.

    — La veuve du front de fleuve. À l’est de la Rhoyne, on l’appelle encore la gueuse de Vogarro, quoique jamais en face. »

    Cela n’éclaira guère le nain. « Et Vogarro était… ?

    — Un Éléphant, sept fois triarque, très riche, une puissance des quais. Tandis que d’autres bâtissaient des navires et les pilotaient, il construisait des quais et des entrepôts, recevait les cargaisons, changeait l’argent, assurait les propriétaires de navires contre les fortunes de mer. Il faisait également la traite des esclaves. Quand il s’est entiché de l’une d’entre eux, une chaufferette formée à Yunkaï à la méthode des sept soupirs, il y a eu un grand scandale… et encore un plus grand quand il l’eut affranchie et prise pour femme. Après sa mort, elle lui a succédé aux affaires. Comme nul affranchi ne peut vivre dans l’enceinte du Mur Noir, elle a été contrainte de vendre la résidence de Vogarro. Elle s’est établie au Comptoir des Marchands. Cela s’est passé il y a trente-deux ans, et elle y demeure encore à ce jour.

    Un personnage effectivement atypique. Dans une société cimentée par l’esclavage et par la volonté d’un marchand d’esclaves, une ancienne esclave est devenue un pouvoir souterrain. La veuve sait beaucoup de choses. Elle prédit l’issue des élections en cours. Les triarques actuels à Volantis sont Malaquo Maegyr, un tigre, Doniphos Paenymion, un éléphant, Nyessos Vhassar, un éléphant qu’Illyrio est censé avoir acheté.

    Les Tigres adorent dégainer leurs griffes, et même les Éléphants tuent quand on les menace. Malaquo a soif de gloire, et Nyessos doit une grande part de sa fortune à la traite des esclaves. Qu’Alios, Parquello ou Bellicho accèdent au triarcat, et les flottes prendront la mer. »

    Ser Jorah fit la grimace. « Si Doniphos repassait…

    — Vogarro repassera avant lui, et mon doux seigneur est mort depuis trente ans. »

    Malaquo est un tigre, donc belliciste. Nyessos, bien que payé par Illyrio s’est rallié à la guerre parce que sa fortune est basée sur le commerce d’esclaves. Doniphos est décrit comme un vieillard pacifiste qui ne veut surtout pas se lancer dans une aventure. Il semble en outre s’être décrédibilisé au point de n’avoir aucune chance d’être reconduit et de devoir être remplacé par un partisan de la guerre. Ce qui prouve au passage que les éléphants ne sont pas des pacifistes, mais des commerçants qui pour défendre leurs intérêts sont prêts à tout.

    La veuve prédit cependant une autre guerre.

    « Oh, moi aussi, je pense qu’il y aura la guerre, mais pas celle qu’ils veulent. » La vieille femme se pencha en avant, ses yeux noirs brillant. « Je crois que R’hllor le Rouge a dans cette cité plus d’adorateurs que tous les autres dieux réunis. Avez-vous entendu Benerro prêcher ?

    — Hier au soir.

    — Benerro lit l’avenir dans ses flammes, assura la veuve. Le triarque Malaquo a essayé d’engager la Compagnie Dorée, vous le saviez ? Il avait l’intention de nettoyer le temple rouge et de passer Benerro au fil de l’épée. Il n’ose pas employer les capes de tigre. La moitié d’entre eux sont eux aussi des adorateurs du Maître de la Lumière.

    La veuve nous confirme les intentions subversives de Benerro et le dilemme devant lequel se trouvent les triarques. En effet, leurs propres troupes ne sont pas sûres pour agir contre le culte de R’hllor. Au passage, Malaquo semble être le seul triarque doté d’une tête politique et capable de faire preuve d’énergie. Nous l’avons vu méfiant envers la Compagnie Dorée et les incursions dothrakies, il a réussi à imposer sa politique en étant en minorité et à présent nous avons la confirmation qu’il a perçu l’ampleur du danger posé par Benerro et qu’il avait trouvé une solution. Dommage pour lui il avait bien peu de chances de réussir à employer la Compagnie Dorée.

    La veuve dévoile une partie de son jeu lorsqu’elle accepte d’aider Jorah et Tyrion.

    « Dans deux jours, la cogue Selaesori Qhoran prendra la mer pour Qarth, via la Nouvelle-Ghis, chargée d’étain et de fer, de balles de laine et de dentelle, cinquante tapis myriens, un cadavre en saumure, vingt jarres de poivre dragon, et un prêtre rouge. Soyez à bord quand elle lèvera l’ancre.

    — Nous y serons, dit Tyrion. Et merci. »

    Ser Jorah se rembrunit. « Qarth n’est pas notre destination.

    — Elle n’atteindra jamais Qarth. Benerro a vu cela dans ses feux. » La vieillarde eut un sourire de renard.

    « Qu’il en soit comme vous dites. » Tyrion sourit largement. « Si j’étais volantain et libre, et que mon sang m’y autorisât, vous auriez mon vote comme triarque, madame.

    — Je ne suis pas une dame, riposta la veuve, mais simplement la gueuse de Vogarro. Vous avez intérêt à être partis d’ici avant l’arrivée des Tigres. Si vous deviez atteindre votre reine, transmettez-lui un message de la part des esclaves de l’Antique Volantis. » Elle toucha la cicatrice effacée sur sa joue flétrie, où l’on avait retiré ses larmes. « Dites-lui que nous attendons. Dites-lui de ne pas tarder. »

    La veuve est clairement de mèche avec Benerro et clairement engagée dans la lutte contre les triarques.

    Il n’y aura plus de nouvelles sur la situation de Volantis dans ADWD, aussi peut-on en faire un bilan. Il y a 2 camps clairement identifiés. L’Ancien Sang, les électeurs veulent protéger à tout prix le trafic d’esclaves qui fait leur richesse, et pour cela vont faire la guerre à Meereen. De l’autre côte, les sectateurs de R’hllor et sûrement une bonne partie des esclaves de Volantis qui veulent se servir de la croisade anti-esclavagiste de Daenerys pour gagner leur liberté. Les 2 camps ont leurs atouts et leurs faiblesses. Les triarques sont riches mais ne peuvent même pas compter sur leurs propres troupes. Ils sont de plus enfermés dans un dilemme. Envoyer des troupes à Meereen alors que la cité est au bord d’une révolte est un gros risque mais faire tomber Daenerys serait sans doute le moyen le plus sûr d’éteindre toute velléité de récolte servile. Benerro et les esclaves ont d’autres problèmes. Ils sont partout dans la cité mais ne disposent au final que de la Main Ardente, qui représente bien peu de combattants. Les capes de tigres ont beau ne pas vouloir attaquer le Temple Rouge, ils ne devraient avoir aucun problème à mater une révolte d’esclaves. C’est pourquoi Benerro et la veuve ont tellement besoin de Daenerys et de son armée.

    Tout pourrait donc dépendre de Daenerys et du choix qu’elle fera après Meereen : Westeros ou l’esclavage. Les triarques seraient tout de même bien inspirés de régler le problème posé par Benerro. Si la Compagnie Dorée n’est plus disponible, il doit bien y avoir d’autres solutions similaires.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 8 mois par Sandrenal.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 8 mois par R.Graymarch. Raison: R'hllor
    #199438
    DJC
    • Pas Trouillard
    • Posts : 573

    Merci à tous les deux pour vos analyses (et vu que je poste peu, à toutes les autres personnes qui commentent lors des chapitres précédents et à venir 😀 )

    Je me demande bien comment des triarques ont pu autoriser une religion étrangère à la leur à se militariser dans leur propre cité. Cersei a fait la même erreur dans AFFC.

    J’avais pas fait le rapprochement 🙂 Idem pour la décadence, en cours de processus à Port Réal depuis… (?) même si c’est sur un temps + court. L’arrivée du perso de Benerro me plait bien en tout cas (même si c’est tardif…). Et j’aime beaucoup quand des personnages présentés depuis longtemps se rejoignent enfin (même si c’est tardif…).

    #199439
    Liloo75
    • Fléau des Autres
    • Posts : 3727

    Merci Sandrenal pour cet éclairage sur la politique à Volantis.

    Merci à tous pour vos commentaires.

    J’avoue que j’ai toujours un peu de mal avec les régimes politiques et les jeux d’alliance à Essos.

    La référence à ceux qui se sont essayés à régner seuls vise sans doute principalement Horonno, triarque tigre au siècle de sang, réelu 40 fois de suite au consulat à la triarchie mais qui fut assassiné au Sénat écartelé par des éléphants pour avoir voulu régner seul (et dont la statue décapitée avait été remarquée par Tyrion à Selhorys).

    Bien vu, c’est un beau parallèle.

    Dans ce chapitre, j’ai noté que la rumeur au sujet d’un seigneur Ouestrien (lord Jon Connington), qui a engagé la Compagnie dorée pour rentrer chez lui, s’est propagée.

    Tyrion en déduit que Griff le Jeune a peut-être été sensible à ses arguments, et qu’il va faire route vers l’ouest.

    Même si cela lui semble étrange qu’il renonce ainsi à Daenerys et ses dragons.

    Tyrion fait de l’humour et promet à Jorah de le couvrir d’or s’il lui voue son épée et l’aide à récupérer ses terres.

    Jorah décline l’offre en lui rétorquant qu’il a déjà vu un homme couvert d’or (feu Viserys Targaryen).

    L’échange avec la Veuve du fleuve est savoureux. On voit bien que Jorah Mormont, tout chevalier qu’il puisse être, ne maîtrise pas les règles de la négociation.

    Il a apporté un présent bien trop modeste. Et il pense pouvoir acheter son passage avec de l’argent, et seulement de l’argent.

    Tyrion a su analyser le personnage et lui offre une réponse osée, certes, mais plus conforme aux attentes de la Veuve. Il lui donne sa franchise nue et crue.

    J’avais oublié que c’était là que l’on retrouvait Sol. Voilà notre quatuor constitué pour poursuivre l’aventure.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 8 mois par Liloo75.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 8 mois par Liloo75. Raison: Accents

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #199459
    de-mil
    • Pas Trouillard
    • Posts : 688

    On a beaucoup parlé de la politique de Volantis ici, et c’est vrai que le chapitre se concentre beaucoup là-dessus. Mais ce chapitre est aussi l’introduction de la très suspecte Sol, qui ici tente de tuer Tyrion, mais qui, après une discussion avec la veuve du front de fleuve dans ce chapitre, sera par la suite beaucoup moins hostile à notre nain POV préféré.

    Ce chapitre introduit aussi le <i>Selaesori Qhoran</i>, et oui, j’ai dû faire un copié-collé pour éviter de faire une faute d’orthographe dans le nom de ce bateau. Le Sélésorry Coran, donc, dont le nom signifie <i>L’intendant parfumé</i>, ce qui en fait le principal suspect pour être le sénéchal parfumé de la “prophétie” de Quaithe. Ce qui est intéressant dans ladite prophétie de Quaithe, c’est qu’elle ne semble pas vraiment prédire l’avenir : elle prévoit l’arrivée notamment du griffon (Griff) et du dragon du comédien (fAegon) qui finalement partent vers l’ouest. Il semble donc que ce n’est pas tant une vision du futur qu’une vision des gens qui, au moment de Daenerys II, étaient en route pour la voir.

    Or, le C’est-les-souris Coran n’était pas censé aller à Daenerys mais à Qarth. Il semblerait donc que Quaithe ait été au courant que le bateau n’allait pas atteindre sa destination prévue dés Daenerys II (elle prévoit également l’arrivée de Moqorro). Je ne sais pas trop ce que ça préfigure, mais il semblerait que les prophéties de Benerro et le plan d’envoyer Moqorro ne soit pas une improvisation de dernière minute.

    Affaire à suivre.

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