Après trois épisodes intéressants mais sujets à la controverse, bien joués et bien dirigés mais un peu mou du genou, lançons-nous dans ce quatrième épisode de House of the Dragon ! Résumé des épisodes précédent : Rhaenyra ne s’est pas mariée avec le bon membre de sa famille, maintenant des milliers doivent mourir. Le féodalisme n’était pas une si bonne idée, en fait.
↑Le Daemon de Minuit
Dans les salles des rois défunts, Daemon, tout là-haut là-haut, dansait avec ses fantômes.
Il se disait aussi que c’était la dernière fois qu’il mélangeait la treille aurée et l’ombre-du-soir dans un cocktail.
Voilà en effet notre aventureux prince en proie à des hallucinations torturant sa conscience rabougrie. Par exemple, une Rhaenyra adolescente, lui reprochant en haut-valyrien ses trahisons, sa jalousie, son ambition, ses manipulations de jeunes filles, bref, l’ensemble de sa carrière. Daemon décapite l’apparition onirique avant qu’elle ne puisse envoyer un corbeau à la brigade de protection des mineurs, puis est réveillé en sursaut par ser Simon Fort, l’affable châtelain de Harrenhal. Celui-ci lui apprend que le représentant de la maison Tully l’attend pour palabrer. Hélas, je dois avouer qu’une grande part de mon respect pour les auteurs est d’ores et déjà des truites détruite, car c’est bien le jeune Oscar Tully que voilà, parlant pour son grand-père Grover. Elmo et Kermit Tully passent donc à la trappe, ce qui est une déception. Assumez les Muppets, bande de couards !
Daemon n’est pas plus enthousiaste, car Oscar n’ose pas se déclarer pour Rhaenyra sans l’aval de son aïeul comateux. Le prince congédie sommairement le jeune noble au profit d’un émissaire des Nerbosc, qui doit arriver sous peu, ceux-ci ayant après tout pris l’initiative des combats dans le Conflans. Et puis, ça va lui donner plus de temps pour des promenades nocturnes dans la forteresse, fixant chaque ombre comme si c’était la première fois qu’il voyait des murs. En poursuivant un nouveau mirage (lui-même portant le bandeau d’Aemond), il tombe sur Alys Rivers dans ce qui semble être sa petite cuisine de sorcière aménagée. La mystérieuse bâtarde lui tient des propos cryptiques sur ses occupations, les rêves étranges des habitants du château et, pour changer, sur le fait qu’il est quand même un type glauque qui mérite de tourner en rond dans une maison hantée. Puis, pour se débarrasser de ce type désagréable qui vient la déranger l’épée brandie et la mine complètement déchirée, elle lui offre plus de drogues, qu’il avale cul-sec.
Le malheureux se retrouve donc sans savoir comment quelques jours plus tard, en train d’entendre Willem Nerbosc l’assurer de son soutien. Avec l’air malheureux d’un labrador qu’on aurait grondé pour être allé chercher la balle, Daemon lui demande qui il est, pourquoi et quand. Cela désarçonne un peu Willem, qu’on avait vu pour la dernière fois courtisant Rhaenyra quand ils étaient tous deux ados, mais puisque rallier les Noirs lui permet de zigouiller plus de Bracken, il fait semblant de rien. Les choses avancent pour Daemon, mais rassembler un ost implique qu’il va finir par devoir quitter Harrenhal, et peut-être qu’il ne voudrait jamais partir…
Ces scènes étranges, volontairement déroutantes, rassemblent à mon avis une grande partie de ce qui marche dans House of the Dragon. Elles permettent d’apporter une dimension plus personnelle au personnage de Daemon, à la personnalité rendue opaque par le format de chronique de Feu et Sang. Elles aident aussi à élaborer des aspects de l’univers que la narration gardait implicites, comme le fait que les barrals absorbent les vervoyants, et que leur bois, abattu et utilisé pour la construction d’Harrenhal, favorise les visions en tout genre, comme lorsque Jaime rêva de Brienne en dormant sur une souche d’arbre sacré dans A Storm of Swords. Pour le coup, la série fait ce qu’une adaptation devrait faire : reprendre le texte original tout en approfondissant ses non-dits.
↑L’Heure de Cole
Enfin, Crispin Goyle, Christian Bale, qu’importe, lui, là, voilà son heure de gloire ! Après plus d’une saison à être un minable salé comme la mer, Criston peut enfin faire quelque chose d’utile ! En l’occurrence, après avoir pris Rosby et Castelfoyer et rallié leurs troupes, il s’empare de Sombreval. Sa stratégie de se déplacer de nuit et de surprendre les châteaux isolés des terres de la Couronne a payé, et il peut se permettre de faire un peu le beau. Tout le monde n’est pas fan, cependant, et lord Sombrelyn lui crache son nouveau surnom, « Faiseur-de-roi », avant que Cole ne le décapite personnellement.
Gwayne Hightower est dubitatif aussi, et pas juste parce que c’est un aristo élitiste qui trouve que Criston fait un peu trop dornien. Ce dernier veut en effet se diriger vers Repos-des-Freux, un château de la côte sans intérêt stratégique évident, appartenant directement à un membre du conseil Noir, lord Staunton, et il veut s’y diriger de jour, au vu de n’importe quel dragon qui passerait par là. Beaucoup de risques pour pas grand chose. A-t-il un plan derrière la tête ?
Oui. En fait.
Désolé de spoiler le reste du résumé.
↑Les Vices des Verts Sales
A Port-Réal, Alicent se fait préparer un thé de lune, ne voulant pas que ses escapades romantiques avec quelqu’un de son âge et ne sentant pas le camembert pourri soient gâchées par une grossesse malencontreuse. Des mauvaises langues diraient que ce serait peut-être le plus sûr moyen pour qu’on voie enfin Daeron, mais bon. Sa discussion avec Rhaenyra l’ayant troublée, elle demande au Grand Mestre Orwyle (dont la description comme un érudit loyal, sérieux et intelligent me fait penser que la série se base sur son témoignage) s’il pense qu’Aegon est vraiment l’héritier choisi par Viserys. Le bon mestre s’abstient prudemment de porter un jugement, puis se carapate, laissant Alicent toute déconfite.
Trop déconfite pour assister au conseil restreint, où Aegon II est tout colère de la perte de Harrenhal, le seul château assez grand pour contenir ses complexes d’Œdipe. Il veut que Criston Cole et sa petite armée marchent tout de suite vers l’ouest pour le récupérer, mais un Aemond goguenard lui apprend dans un haut-valyrien fluide que Cole avance, comme on l’a déjà évoqué, vers la côte est, pour prendre le petit castel de Repos-des-Freux. Il avance des arguments stratégiques convaincants, et se moque de l’amateurisme d’Aegon au passage. Aegon ne peut que bredouiller une vague réplique et donner son accord.
Larys, déçu de l’absence d’Alicent et de ses petits petons, accourt clopin-clopant à sa porte pour lui faire une scène de jalousie mal camouflée par ses habituelles contemplations sibyllines. Alicent, extrêmement pas d’humeur, ne se laisse pas marcher dessus, et ne propose pas de lui marcher dessus. Tant mieux pour elle.
Nouveau conseil restreint, où les conseillers d’Aegon semblent expérimenter toutes les façons possibles de répéter la même chose en boucle. Cette représentation de l’assemblée nationale n’a pas l’air d’amuser Aegon, qui sort en trombe, suivi de ses gardes blancs la Foir’fouille, et court pleurer chez sa mère que personne ne le prend au sérieux. Ceci explique peut-être cela. Alicent, un peu au bout de sa vie, dit « Ils ont raison, ferme-là ». Aegon est dépité.
Tellement dépité qu’il fonce retrouver Feu-du-Soleyl, son dragon tout content de le voir, pour aller mener l’assaut de Repos-des-Freux. Ce type a beau être une tache de vin ambulante, difficile de ne pas être un peu triste pour lui.
↑Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir
Sur Peyredragon, le conseil de Rhaenyra n’est pas plus compétent que celui d’Aegon, composé d’une bande de vieux types grincheux et rétifs, dont un Alfred Balaie aussi visqueux que dans mes rêves les plus fous. Rhaenyra ayant disparu pour… faire son truc, dirons-nous, le leadership est incertain, et Jace a du mal à s’imposer, tout comme Rhaenys et Corlys, en plein froid conjugal quant à un certain Alyn, fils illégitime probable du lord Velaryon.
La nouvelle du siège de Repos-des-Freux secoue tout ce petit monde, et le retour de Rhaenyra ne calme rien. Non seulement son plan foireux a foiré, elle refuse en plus d’envoyer Jace secourir le château. C’est elle-même qui ira… À moins que… Rhaenys se porte alors volontaire, comme une espèce d’héroïque tatie Danyelle. Comme elle est la plus sacrifiable des dragonniers des Noirs, Rhaenyra accepte. La reine apaise Jace en le mettant dans le secret de la prophétie d’Aegon, comme quoi les Targaryen doivent sauver le monde des ténèbres. Fuyons cette scène avant que mes traumas de la saison 8 ne s’activent trop.
↑La Danse des Dragons, First Edition
Voici le point d’orgue de l’épisode, ce que tout le monde attendait depuis le début de la série. Une bataille avec des vrais bouts de dragons dedans. Et dans l’ensemble, c’est un succès. Les décors font vrais, les armes et armures sont convaincantes (il y a même des becs-de-corbins et des boucliers blasonnés!), la CGI est bonne, et ça se passe en plein jour, carrément ! Que demande le peuple ?
Alors que Criston est en passe d’emporter la victoire, Rhaenys apparaît sur la rapide Meleys, et met ses troupes en déroute. C’est un piège. Cole a convenu avec Aemond qu’il apparaîtrait sur Vhagar pour mettre hors d’état de nuire tout dragon envoyé par les noirs. Il ne reste plus qu’à lancer le signal, et Aemond… Aemond ?
Et non, c’est Aegon qui vient sauver son armée, surgissant à l’improviste et déstabilisant Cole et Aemond, qui y voit une opportunité. Le combat entre les deux dragons tourne à l’avantage de Meleys, mais Vhagar surgit enfin… pour cramer Feu-du-Soleyl, qui s’écrase au sol avec son royal cavalier. Je suis sûr qu’il ne l’a pas fait exprès. Rhaenys ne peut se résoudre à se retirer, et affronte Aemond dans un duel suicidaire, où les deux belligérants s’effondrent au sol sur des soldats épouvantés. Melys parvient à reprendre son envol, et, en regardant pitoyablement Rhaenys, survole le champ de bataille… Avant d’être d’être prise par surprise par l’étrangement furtif Vhagar, qui lui brise la nuque et la laisse retomber sur les murailles de Repos-des-Freux. Rhaenys, sur son dos, meurt ainsi comme elle a vécu : en écrabouillant des pauvres paysans qui n’ont rien demandé.
Criston Cole, bien secoué par tout ça, cherche désespérément le roi tombé au sol, traversant un champ de bataille cauchemardesque rempli d’os calcinés et de soldats traumatisés. Il finit par trouver Aegon juste au même moment qu’Aemond, décourageant ce dernier de s’offrir un petit fratricide en plus pour la route. Le souverain gît dans le giron de Feu-du-Soleyl, cuit à point. Criston est partagé entre l’horreur, le soulagement et un petit creux, et… fin.
Quel épisode ! Je n’étais pas d’accord avec tout, mais quand même ! Des spectres psychédéliques, de l’émotion pour ces pauvres dragons, du combat à gros budget qui fouette le sang ! Dommage qu’on ait pas eu plus de temps pour apprendre à connaître plus Rhaenys, mais ne boudons pas notre plaisir, c’était un épisode en tout point compétent. À voir comment la trahison d’Aemond, la plus grosse divergence d’aujourd’hui, va changer l’intrigue des livres. Mais pour l’instant, savourons le goût sucré d’une critique positive. Et presque sans pinaillage !
lilou black
Ce résumé est parfait, en plus d’être super drôle. Coup de coeur pour les références musicales. Merci beaucoup !
Sandrenal
Ça fait plaisir de relire tes commentaires d’épisode. Très pertinent et très drôle comme d’habitude.
Kellhus
Très bien raconté, merci Kevan !