Lors des Imaginales 2024, la Garde de Nuit a pu rencontrer Mel Andoryss, de son vrai nom Mélanie Guyard, autrice française à qui l’on doit notamment plusieurs sagas d’imaginaire jeunesse et des romans adultes, et qui officie également comme scénariste de bande dessinée.
Elle est en particulier l’une des trois co-scénaristes des bandes-dessinées Les Cinq Terres. Il s’agit d’une saga particulièrement ambitieuse, écrite par le collectif de scénaristes Lewelyn (David Chauvel, Patrick Wong et Mel Andoryss) et mise en image par Jérôme Lereculey. Il est prévu que la série comprenne 5 cycles de 6 tomes, soit 30 tomes au total, dont deux cycles sont complétés à ce jour. La saga a également fait l’objet d’un spin-off, avec Sylvain Guinebaud au dessin, et les trois scénaristes de Lewelyn toujours à la plume.
Le ton des Cinq Terres nous rappelle furieusement Le Trône de Fer de George R.R. Martin … Au point qu’on vous l’avait recommandée dans notre article Les 11 œuvres qui nous rappellent Game of Thrones. Et on en parle assez souvent sur le forum aussi.
On a donc sauté sur l’occasion pour aller la voir et lui demander si on surinterprétait, ou s’il y avait bien une filiation avec l’univers d’ASOIAF. Eh bien nous n’avons pas été déçus ! ^^ Partons donc dans les coulisses de l’écriture des Cinq Terres !
↑Le parcours de Mel Andoryss avant Les Cinq Terres
Garde de Nuit (GdN par la suite) : Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur votre parcours, ce que vous avez fait avant Les Cinq Terres ?
Mel Andoryss (MA par la suite) : J’ai un parcours un peu éclectique. J’ai toujours voulu écrire. Et assez rapidement, vers l’âge de 8 ans, ma mère m’a dit « C’est pas un métier ». On est nombreux à avoir entendu ça.
J’ai fini mon premier roman, j’étais en cinquième. Je me suis dirigée vers des études de sciences en me disant que je ne voulais pas me confronter à la prépa lettres. Je me disais « Ils vont éteindre ma flamme, ils vont me couper les ailes ». Je n’avais pas l’énergie pour affronter ça. J’ai fait des études de sciences, je suis devenue prof de bio et je n’ai jamais cessé d’écrire en parallèle.
Dans les années 2005 à 2010, il y avait un forum, qui s’appelait « Le Café Salé », qui était un forum de scénaristes et de dessinateurs professionnels et amateurs. J’étais dessus, principalement parce que je cherchais un illustrateur pour un roman jeunesse dont j’avais eu l’idée, qui s’appelait Les Enfants d’Evernight, et qui était un roman hommage à Alice au Pays des Merveilles, à L’histoire sans fin et à Peter Pan, avec un enfant qui part dans le monde imaginaire. J’avais créé tout un univers pour mon personnage et je cherchais un illustrateur, parce que je voulais un livre comme à l’ancienne époque, avec des grandes illustrations. Il y a quelqu’un qui m’a contacté en me disant « Ton histoire, elle m’intéresse, mais pour faire un manga ».
J’ai dit « Super, mais je ne suis pas scénariste, mais on va essayer ».
Tout s’apprend ! Du coup, j’ai commencé à faire un scénario, lui a commencé à faire des planches, et à un moment, toujours sur ce même forum, quelqu’un m’a contacté en me disant « Bonjour, je suis David Chauvel, je suis éditeur chez Delcourt, votre histoire m’intéresse ». Une voie royale s’est offerte à moi ! On a signé Les Enfants d’Evernight chez Delcourt en 2008, le premier tome BD est sorti en 2011. Malheureusement, il y a eu beaucoup d’attrition entre le tome 1 et le tome 2, et le dessinateur ne donnait plus signe de vie et on n’a jamais publié la fin, les tomes 3 et 4. J’ai toutefois pu faire l’adaptation en roman en 2013, en trilogie aux éditions Castelmore, et offrir une fin à la série. J’ai fini en roman ce qui avait été commencé en BD, et ça a lancé des années de partenariat avec David Chauvel. Il trouvait que mon imaginaire était très riche et me demandait « Tu peux m’écrire un truc dans ce style ? ». Je lui ai fait 15 propositions, et il avait juste à choisir celle qui lui plaisait le plus. Derrière, j’ai fait une BD pour l’anthologie Sept (7 Naufragés) [Note de la GdN : avec Tony Semedo au dessin]. Quand Delcourt s’est lancé dans la Comics Fabric, j’ai réalisé un triptyque de super-héros en comics, Le Cercle [Note de la GdN : dessin de Nesskain], qui je pense est indisponible à l’heure actuelle, et que j’aimais beaucoup. Et puis, j’ai fait la série Soufflevent, en 4 tomes, avec Xavier Collette, qui maintenant est un gros illustrateur de couvertures de romans et de jeux de plateau. Il a fait notamment le jeu Mysterium.
GdN : Et hors BD ?
MA : Je continuais à écrire des romans, surtout du roman jeunesse, de la SFFF1. En plus des Enfants d’Evernight, j’ai fait un roman young adult qui s’appelle L’Architective chez Castelmore, avec un jeune garçon qui voyage dans la mémoire des bâtiments pour résoudre des enquêtes. J’ai aussi écrit Le Passageur aux éditions Lynks, avec un jeune homme qui voit des fantômes. Pour les aider à trouver la paix, il doit aller à leur époque, quand ils étaient encore en vie pour résoudre in situ leurs problématiques. Donc ça, c’était mes deux séries jeunesse, mais elles sont indisponibles actuellement. J’ai fait aussi plusieurs romans de littérature générale au Seuil, donc moins axé sur la SFFF.
↑Les Cinq Terres
GdN : Et là, arrivent Les Cinq Terres ?
MA : Oui. La première parution se fait en 2019, mais l’aventure commence en 2015. David me contacte en me disant « Écoute, j’ai envie de faire une série à l’américaine avec plusieurs scénaristes et avec un monde très riche et une parution très rapprochée à trois tomes par an. Sauf que moi, créer des univers, j’aime pas ça, toi t’adores, vas-y, fais-le. » J’ai répondu « Ok ». Il m’a dit « Il y a cinq continents, chacun peuplé par un type d’animal. Le continent principal est peuplé par des félins, débrouille-toi. » Entre 2015 et 2016, parce que ça a pris un certain temps, je fais la bible des Cinq Terres. C’est un gros document. A chaque fois que je finis un continent, je l’envoie à David et il valide, ou il me dit ce qu’on pourrait changer. J’ai fait aussi la carte des cinq continents. Je donne également des orientations générales : chez les félins, on est un peu dans un univers qui rappelle l’Empire romain ou l’Atlantide.
GdN : Ce sont des choses bien définies et arrêtées, ou c’est un univers encore en construction ?
MA : La bible des Cinq Terres est bien définie. Après, il y a évidemment des éléments que j’avais écrits qu’on a abandonnés. Il y en a d’autres qu’on a oubliés en cours de route, et on a eu la même idée ensuite, et quand on s’en est rendus compte, on s’est dit, « Ah, c’était déjà marqué là, super ! »
GdN : A ce stade, vous définissez l’univers, mais pas encore les intrigues ?
MA : C’est ça ! La bible sert surtout à nourrir l’imaginaire au moment de l’écriture. Elle définit le monde en lui-même, pas forcément l’histoire qui est derrière. C’est comme si, à propos de Dune, on décrivait dans un document chaque planète, son mode de fonctionnement, sa richesse principale, sa culture, ses inspirations, mais on ne parle pas du tout des trames narratives. On construit le lore avant de rentrer dans l’histoire. On a aussi défini les interactions entre les différents continents, mais ça aussi, ça fait partie des choses qu’on n’a pas trop respecté au fil de l’écriture.
GdN : Oui, on imagine que dans une publication qui s’inscrit dans une longue durée, il y a des transformations de l’idée d’origine en cours de route. Elle doit suivre soit l’évolution de l’histoire, soit votre perception des personnages ?
MA : Surtout l’évolution de l’histoire, en fait. C’est-à-dire que, quand on se dit « Tiens, sur tel continent, on va raconter tel type d’histoire » et que ça ne correspond pas à ce qui avait été écrit dans la bible, tant pis pour la bible !
GdN : Le fait de travailler à plusieurs, ça ne freine pas le processus ?
MA : Non, parce que je crois que la construction du lore n’intéresse pas plus que ça les deux autres ! Donc, assez régulièrement, ils disent ce qu’ils aimeraient que j’ajoute, et je réponds « Oui, d’accord, je vais vous faire un petit document. »
GdN : Vous êtes dans une vraie collaboration, vous vous nourrissez les uns des autres.
MA : Totalement.
GdN : Lewelyn est le pseudonyme de votre trio de co-scénaristes. Est-ce qu’on pourrait expliciter les rôles de chacun au sein de cette équipe ?
MA : David Chauvel est éditeur et co-scénariste. Il va donner l’orientation globale. Moi, je vais construire le bac à sable, le terrain de jeu, on va dire, pour qu’on puisse s’amuser dedans avec nos personnages. On va tous participer à la création des persos. On a tous des idées de personnages et de ce qu’ils deviennent. On se répartit les personnages, mais ensuite on discute collectivement du destin de tous les personnages, y compris ceux qui ne sont pas à nous, cycle par cycle.
GdN : Comment faites-vous pour prendre des décisions à trois têtes ?
MA : De temps en temps, on est en désaccord, forcément. Deux contre un gagnent. Évidemment.
GdN : Comment se passe la création d’un personnage ?
MA : Chacun amène ses idées. Par exemple, pour le cycle 1, c’est moi qui ai eu l’idée du personnage de This. J’ai dit à David que je voudrais un jeune qui arrive dans la ville avec plein de rêves et qui repart plein de désillusions, un D’Artagnan qui tourne mal. Ce n’est pas forcément de sa faute, mais juste… les circonstances amènent à ça.
GdN : Vous aimez les personnages à la naïveté brisée ?
MA : David et Patrick sont beaucoup plus sombres que moi. Ils aiment les destins brisés. Ils aiment les choses qui se passent mal. Ils aiment les personnages en demi-teinte qui finissent par faire des trucs affreux. Moi, j’aime bien les gentils. On n’est pas obligés de toujours les casser… Mais bon, eux, ils aiment bien casser. Moi, j’ai dit qu’on pouvait avoir une histoire ou deux qui finit bien. J’ai besoin d’espoir.
GdN : Vous écrivez toujours les personnages que vous avez inventés ?
MA : Non, parfois chacun écrit des personnages qu’il n’a pas inventés, moi comme les autres. Souvent, on les connaît mieux les personnages qu’on écrit, donc on a plus d’affection pour eux.
GdN : Quand vous écrivez vos planches, ce sont celles de vos personnages qui vont après se mêler les unes les autres ?
MA : Oui. Quand on travaille sur un tome, on définit que pour ce personnage, il se passe ça. Ça prend 6 planches. Voilà ce qui se passe dans la 1, dans la 2, dans la 3, etc. C’est après David qui fait son petit mélange pour définir dans quel ordre.
GdN : Vous donnez les directions tous ensemble, vous discutez tous ensemble. C’est un sacré boulot.
MA : C’est beaucoup de boulot. On s’engueule beaucoup aussi. Mais c’est ça qui est bien. On s’engueule beaucoup, mais aucun d’entre nous ne lâchera tant qu’on ne sera pas persuadé qu’on tient le meilleur. On s’auto-congratulait l’autre jour avec David du fait que le succès aurait pu nous faire lâcher le curseur de qualité. Et en fait, c’est hors de question. Nous sommes tous les trois des perfectionnistes. Jamais nous ne sortirons un album dont nous ne serons pas contents.
GdN : Vous travaillez sur tous les albums en même temps ou tome par tome ?
MA : On fait tome par tome. Comme on scénarise le cycle avant que le dessinateur ait commencé à dessiner, ça nous laisse le temps d’aller jusqu’au bout du cycle. Si on se rend compte en scénarisant le tome 3 qu’il y a des choses à modifier dans le tome 1, on peut modifier. A l’écriture, on se répartit les planches de manière équitable. Il y a des tomes où on en fait plus que d’autres mais ça s’équilibre pour le tome suivant. Une fois que l’écriture est terminée, on envoie à David qui s’occupe du découpage. Pour vous donner une idée, quand j’écris une planche des 5 Terres, je définis qu’on est à tel endroit, voilà l’ambiance, voilà la musicalité, voilà le goût de la scène, voilà le descriptif grossier des décors, voilà les inspirations. Et après, je fais les dialogues.
GdN : Mais il n’y a pas encore de storyboard, de découpage des cases.
MA : Non, ça, c’est David qui s’en occupe. C’est son pré carré, son domaine. Une fois que le découpage est fait, c’est lui aussi qui va être entièrement à la négociation, qui va discuter avec le dessinateur, Jérôme Lereculey. Nous, on n’est plus là.
GdN : Oui, on parle d’une œuvre collaborative car en dehors du scénario, il y a encore d’autres intervenants.
MA : Jérôme s’occupe du dessin. Le lettrage est fait par Stevan Roudaut et le coloriste, c’est Dimitri Martinos. Toutes ces interactions-là ont lieu avec David, et plus avec nous. Je ne discute jamais avec eux. David maîtrise le bébé, depuis les idées originales jusqu’à la fin au niveau des couleurs.
GdN : On est en mai 2024. Le deuxième cycle vient de s’achever et on a un hors-série qui vient d’être publié. Vous, quelle est votre avancée ? Quelle est l’avancée du dessinateur pour la suite ?
MA : A l’heure actuelle, nous, les scénaristes, sommes à la création et à l’écriture du premier tome du cycle 4, donc du tome 19. Nous sommes en train de réfléchir à ce qu’on va raconter, qui sont nos personnages, comment on va répartir le travail, comment on va évoluer dans ce nouveau continent… Pendant ce temps, Jérôme vient de terminer le dessin du tome 13, donc du premier tome du cycle 3. Il a lu l’intégralité du cycle 3. On a corrigé ce qui devait l’être.
GdN : Donc il a déjà une idée de la direction que ça va prendre.
MA : Dans le cycle 3, il sait tout. D’ailleurs, il a commencé le storyboard du tome 14. Le coloriste Dimitri est en train de faire la couleur du tome 13.
GdN : Est-ce qu’il y a des choses qui évoluent par le dessin ? Est-ce qu’un personnage pourrait prendre plus de place, ou est-ce qu’arrivé à ce stade de création, le scénario est devenu inaltérable ?
MA : Non, le scénario a trop d’avance sur le dessin. Il y a d’autres séries où c’est possible, mais là, on a trop d’avance.
GdN : Vous ne pouvez pas vous laisser porter, du coup, par les personnages et vous dire en cours de route « On va décaler ce qui était prévu » ?
MA : Le temps qu’on voit les personnages dessinés, on a fini le cycle. Donc c’est trop loin.
GdN : C’est incroyable. Ça veut dire quand même que vous découvrez pratiquement l’histoire que vous avez faite, à laquelle vous avez contribué, en même temps que vos lecteurs.
MA : Pas vraiment. On a eu les premières images du cycle 3 il y a un an, alors qu’on était en train de finir d’écrire le cycle. Il y a un vrai décalage. On modifie nous-mêmes avec le scénario, mais assez peu avec le dessin.
GdN : Et du coup, c’est une vraie prise de risque aussi, à la fois pour vous, pour votre histoire, mais également pour l’éditeur. On vous a engagé pour une histoire longue. Il y a intérêt à y avoir un succès commercial à la clé.
MA : Oui. On est dans une relation de confiance entre David et Guy Delcourt qui est quand même très ancienne, très ancrée dans le temps. Donc je pense que quand David a proposé le projet, il a su aussi dire à Guy Delcourt ce qu’il envisageait et lui expliquer le pourquoi de la prise de risque. Dans les choix de David, il y a aussi le choix de faire trois albums par an. C’est un pari que personne n’avait fait avant. Il y a aussi le choix de faire une écriture à six mains. C’est aussi un pari, mais c’est comme ça que marchent les séries télévisées et on sait que quand on travaille comme ça, on ne garde que les meilleures idées. Il y avait une prise de risque, mais c’était une manière de faire mieux et plus.
GdN : Et la prise de risque a marché.
MA : Tout à fait. Et puis, il y a aussi ce côté qui est très satisfaisant pour les libraires. Il y a une nouveauté tous les trois mois. En fait, on garde en rayon, on laisse en devanture et le lecteur vient… Enfin, il y a tout le temps des gens qui découvrent la série parce qu’il y a une nouveauté tout le temps.
GdN : Comme les anciens feuilletons qui étaient publiés dans les journaux et qui étaient très suivis. Vous créez le besoin, quelque part. Et vous créez l’envie d’y revenir.
MA : C’est ça.
GdN : Vous créez aussi vraiment le besoin rien que par les cliffhangers entre deux cycles ou entre deux tomes.
MA : Oui. Et puis, il y a vraiment aussi cette possibilité de dire aux gens « Regardez, on est choupi. Tous les six tomes, à la fin d’un continent, vous pouvez vous arrêter.”
GdN : Et en même temps, ce serait dommage.
MA : C’est vrai aussi que le cycle 2 tient moins cette promesse-là, car c’est sûrement plus difficile de s’arrêter à la fin de ce cycle. Mais je pense qu’à la fin du cycle 3, ce sera possible de s’arrêter. Ce sera sans douleur. Après, c’est sûr que pour les gens qui nous suivront sur 30 plus 5, puisque c’est de ça qu’il est question, l’histoire globale sera beaucoup plus riche que pour les gens qui auront lu l’histoire d’un continent.
GdN : Vous avez déjà la conclusion quand vous commencez un cycle ?
MA : Pour le premier cycle, on savait où on allait, comment il finissait. Ce n’était pas du tout le cas pour le deuxième cycle. On est vraiment partis plus libres en se disant qu’on ne savait pas où on allait, et qu’on verrait. Ca s’est mis en place petit à petit.
GdN : Et pour la suite, vous avez quand même quelques points de repère de la trame générale ?
MA : On a des repères généraux pour chaque cycle. On a fini de travailler sur la mise en place du cycle 4. On sait en gros où et comment il se termine.
GdN : Et pour le cycle 5, vous avez des points de repères, des axes, ou il n’y a vraiment rien ?
MA : Non. On attend d’avoir fini le cycle 4, et on se penchera sur le 5.
GdN : Vous n’avez donc pas une vision architecturale, avec une fin déjà prédéfinie ?
MA : Non. En revanche – je pense qu’on s’en doute et que je ne spoile pas en le disant – on va avoir à cœur de retrouver sur chaque continent les otages du cycle 1. On a retrouvé Keona dans le cycle 2, même si elle n’en est pas un personnage central. Elle est notre aile de papillon. On va retrouver Genkin dans le cycle 3…
GdN : Et on retrouvera les deux autres dans les deux derniers cycles ?
MA : Sans doute. Après, Eren, on le quitte le premier cycle sans savoir s’il est encore en vie. Dans le second cycle, malgré les messages envoyés par Keona, on n’en sait pas beaucoup plus. On ignore s’il n’y répond pas ou si les messages ont été interceptés ou s’il est mort… Je crois qu’on se garde toutes les possibilités.
GdN : Il nous semble que vous avez aussi une volonté de variété de représentations à travers Les 5 Terres ?
MA : Beaucoup. On voulait une société matriarcale à Lys. C’était totalement assumé. On a tâtonné pas mal pour savoir comment faire. Moi, j’aurais voulu que la domination des femmes à Lys soit moins physique et plus symbolique, que tous fassent la même taille, mais que les femmes soient supérieures aux hommes. Le pouvoir patriarcal, c’est surtout un pouvoir symbolique. Un homme ne domine pas forcément parce qu’il est culturiste, plus grand ou plus fort, il domine avant tout parce qu’il est un homme, parce qu’il appartient à ce genre. Cela suffit. J’aurais voulu la même chose, mais avec les femmes. Ça n’a pas été possible pour des raisons de représentation à l’image, pour des raisons de biais cognitifs. Il a fallu représenter des femelles grandes et baraquées, avec des mâles plus chétifs.
GdN : C’est intéressant ce que vous dites là, parce que ça nous montre qu’une œuvre est contingente de son média. C’est-à-dire que là, il y a une nécessité de s’adapter parce qu’il y a une image, parce que c’est une BD.
MA : Oui. Ce que mes co-scénaristes ont pensé, c’est que si hommes et femmes faisaient la même taille, si ça ne passait pas par l’image, on allait perdre la suspension d’incrédulité du lecteur qui va se demander à chaque moment pourquoi l’homme se laisse dominer, pourquoi il ne répond pas, pourquoi il n’agit pas. Parce que le biais cognitif que nous avons dans notre société est un biais cognitif patriarcal.
GdN : Si ça avait été un livre, un roman, ça aurait été plus simple.
MA : Oui.
GdN : Mais votre média, la BD, vous permet de jouer non seulement sur l’image, mais aussi sur l’écrit ; et vous avez décidé de jouer sur la grammaire.
MA : Ça, c’était un très bon choix de David. Il a dit qu’on allait tout genrer au féminin dans cette société… et ça changeait tout. J’étais d’accord, et en effet, ça a chatouillé les lecteurs.
GdN : En grammaire, on nous dit que le genre neutre est le masculin …
MA : Oui, mais on voit bien que le genre masculin n’est pas neutre, puisque quand on le renverse, ça n’est pas neutre. D’ailleurs, David n’arrêtait pas de nous dire « Faites attention, quand vous écrivez le cycle 2, vous laissez du masculin neutre partout. » Et lui, il repassait derrière et il faisait relire. Mais même chez les correcteurs et les correctrices, c’était difficile de mettre le féminin neutre. Mais c’était vraiment ce qu’on pouvait faire de plus fort.
GdN : Dans le cycle 3, les thématiques abordées seront différentes et notamment moins portées sur le genre ?
MA : Oui, forcément. Chaque société est censée être différente. Si on retrouvait la même chose dans les autres sociétés, ça ne marcherait pas. On veut tout le temps faire du nouveau, on veut qu’à chaque cycle, le lecteur se dise « Ah, je ne m’attendais pas à ça ! » Et qu’il soit à nouveau, comme dans le cycle 1, dépaysé, émerveillé, étonné.
GdN : Est-ce que ce renouvellement n’est pas aussi une manière de pouvoir laisser de la place à d’autres thématiques, qui auront d’autant plus d’impact qu’elles seront nouvelles pour le lecteur ?
MA : Tout à fait. À chaque fois, on a une forme de message, mais il n’est pas non plus imposé, au détriment du récit de la grande aventure. Il y a de la grande aventure et il y a un message. On est intéressé par la grande aventure, il y en a. On est intéressé par des messages sur le sens profond de la vie, il y en a aussi. Moi, je sais que la politique, ça ne me passionne pas. Les gens qui discutent de l’organisation des sociétés, de pourquoi elles sont comme elles sont, et que les forts dominent et les faibles subissent, ce n’est vraiment pas ma tasse de café. Moi, ce que j’aime, ce sont les destins individuels, qu’ils soient brisés ou pas. Je suis beaucoup plus passionnée par ce qui arrive à un personnage comme Kara ou This dans le cycle 1, que par les grandes discussions philosophiques de Médérion. Elles me passionnent beaucoup moins.
GdN : Et donc, j’imagine que c’est votre co-scénariste qui les a écrites ?
MA : Absolument !
↑Les spin-offs des 5 Terres
GdN : Pour le spin-off, comment ça s’est passé ? C’est dû au succès du cycle 1 ?
MA : Au terme du cycle 1, on avait un manque vis-à-vis du personnage de This. On se disait que c’était quand même dommage, car il y avait des trucs à raconter sur lui qu’on n’a pas racontés. On avait tous les trois l’envie de retravailler avec ce personnage. Et on a eu une idée : si on se servait de ce personnage pour raconter autre chose ? Sans spoiler, disons que vu comment finit le cycle 2, on avait envie d’aller voir comment ça se passait. On s’est dit que ce personnage pourrait vraiment servir à ça : offrir un autre point de vue dans cet état de crise. Du coup, on a eu tout de suite l’idée de ce qu’on pouvait raconter avec toujours peut-être la naïveté brisée, toujours peut-être la notion de héros. Je sais que c’est quelque chose qui tient à cœur à David, dans le sens où les héros sont des créations communes et le héros n’existe pas en tant que tel, qu’il reste un individu parmi tant d’autres, et que son identité de héros est une création sociale. C’est un propos qui est cher au cœur de David. Il faudra lui poser la question directement. C’est une interprétation de ma part, mais je pense qu’il aime bien ce propos-là. On s’est dit qu’on allait traiter ça. Après, on s’est dit qu’il n’y en aura peut-être qu’un. Si on n’a pas d’idée pour un autre spin-off à la fin du cycle 2, on n’en fera pas d’autre.
GdN : Dites-nous que vous avez eu des idées à la fin du cycle 2, s’il vous plaît !
MA : Je ne vous dirai pas qui ça concerne, je ne vous dirai pas ce qu’on va raconter, mais on a eu des idées à la fin du cycle 2. On a fini d’écrire le spin-off du cycle 2 en avril.
GdN : Si je comprends bien, chaque spin-off reviendrait sur un personnage du cycle correspondant. D’où l’idée de 30 plus 5 ?
MA : Une fois qu’on a eu des idées au cycle 2, on s’est dit que si on fait 2 spin-offs, on devait en faire 5. Sinon c’est ridicule.
GdN : On achète !
MA : Mais on n’a vraiment pas envie de tirer sur la corde. On a dit qu’on en faisait 30 pour la série principale, on en fera 30. On a commencé à faire des spin-offs, on en fera un pour chaque cycle. Mais on n’a pas envie de faire Les chroniques des 5 Terres dans 10 ans, Les légendes des 5 Terres dans 15, et L’Odyssée des 5 Terres dans 20… On ne va pas étirer la licence plus que nécessaire. On veut que chaque tome soit plein comme un œuf, que chaque cycle raconte quelque chose d’important, et que l’ensemble soit supérieur à la somme des parties. A la fin, avec les 30 tomes, on aura l’histoire de ces cinq continents imbriqués qui aura un sens profond. On veut que chaque spin-off ait lui aussi un sens pour le personnage sur lequel il se concentre. On ne veut pas délayer la sauce.
GdN : Ça nécessite parfois des coupures, d’aller à l’essentiel ?
MA : David passe son temps à couper dans le scénario en disant « Ça, ça tient en 3 pages ! » quand on en a fait 5. Il ne veut pas délayer la sauce. Il n’est pas ce genre d’éditeur.
GdN : Concernant le spin-off, il y a eu un changement notable, car c’est Sylvain Guinebaud qui assure le dessin, en se rapprochant du trait de Jérome Lereculey. Qu’est-ce qui a amené à ce changement-là ?
MA : Jérôme ne peut pas faire 4 albums par an. Trois albums par an pour un dessinateur, c’est déjà énorme !
GdN : Vous pensez offrir une tribune à un dessinateur différent par spin-off ou est-ce que ça restera toujours le même ?
MA : On va garder Sylvain. Je crois qu’il est content de faire ça avec nous. Nous, on est tous très contents de son travail et on compte le garder pour la suite. Ce serait dommage de se priver. Je crois qu’il a été content de participer à l’aventure. Je pense qu’il apporte une vraie fraîcheur dans son trait par rapport à sa vision des personnages, d’autant que le but est de se rapprocher du style graphique de la série mère. Autant prendre quelqu’un qui s’en sort très bien, plutôt que de prendre un risque supplémentaire. Jérôme, on ne pouvait rien lui rajouter dans son assiette, elle était pleine. Je ne sais pas comment il fait, il arrive à être en festival le week-end. Il faut le laisser respirer. Sylvain, il a vraiment fait du très bon travail sur Demeus Lor.
↑Le Trône de Fer
GdN : On sent une filiation énorme entre ce que vous proposez dans Les 5 Terres et la saga du Trône de Fer.
MA : C’est même dans le cahier des charges. Au départ, David avait dit qu’il voulait faire Game of Thrones, mais avec des tigres. On a ensuite fait Peaky Blinders chez les singes. On fait encore différemment chez les ours, où ce sera plus proche de La Compagnie noire. On ne sera pas si loin du Trône de Fer. Après, on est chez les ours, c’est un univers guerrier. Pour les cycles suivants par contre, vous ne saurez pas pour le moment.
GdN : On se retiendra de demander. Du coup, quel était votre rapport personnel au Trône de Fer ?
MA : J’ai lu, vu, joué. J’ai fait un jeu de rôle grandeur nature qui a duré sept ans.
GdN : Les Ombres du Trône ? (lien)
MA : Oui, absolument. J’ai eu un personnage récurrent de la partie 1 à la dernière. C’était super. Ils faisaient un boulot génial. Pour les gens qui ont joué les Ombres, j’ai joué le personnage de Mercy Brax. La plupart du temps, j’étais invisible parce que j’assassinais des gens dans les couloirs. Je faisais peur, c’était rigolo, mais dans le même temps, les gens me recherchaient, j’étais une espèce de mythe caché, loin, derrière. J’ai eu beaucoup de mal à refaire du GN depuis parce que la chronique était formidable.
GdN : C’est donc vraiment un univers que vous appréciez. Et la série ?
MA : Je ne suis pas satisfaite de la fin de la série. J’attends la fin du bouquin. Comme tout le monde. L’univers du Trône de Fer, c’était quelque chose que je connaissais très bien. J’ai mes chouchous. J’ai mes personnages préférés. J’avais grillé certains trucs avant que la série ne nous donne la révélation.
GdN : Comme par exemple ?
MA : Jon. C’était évident2. Moi, en tant qu’auteure de romans et adepte de ce genre, j’adore les secrets de famille. Vraiment, c’était évident. Je l’avais grillé il y a très longtemps. Après, j’ai des théories qui n’ont pas été validées par la série. J’attends de voir ce qu’en dit le livre. J’aimerais bien savoir.
GdN : Par exemple ?
MA : Ce sont des théories qui sont assez communes. Tyrion Targaryen, Tyrion qui serait le fils d’Aerys et pas de Tywin3. Et partant de là, si je compte, j’ai trois Targaryen et trois dragons…
GdN : Ça n’a en effet jamais été confirmé par la série.
MA : Au début de la saison 6, je pense qu’on sait encore où on va, car Martin a déjà commencé à écrire. Les showrunners ont eu de la matière : le Burn them all, et ensuite l’explosion du septuaire de Baelor. Ça me semble avoir été construit en amont. Je pense qu’on pourra le retrouver dans les livres. Pareil, la mort des enfants de Cersei, c’est dans la prophétie. C’était acquis. On a bien eu la révélation sur Jon. Par contre, les révélations autour de Tyrion, je les attendais et ça n’a pas eu lieu. Les résolutions concernant Bran, la corneille, les enfants de la forêt et les Marcheurs m’ont aussi laissée insatisfaite. Ils ont traité les Marcheurs comme une armée de zombies alors que le lore indique que c’est bien plus que ça. C’est un thème qui n’a pas été assez exploré.
GdN : La série a déçu vos attentes ?
MA : J’attends surtout la fin des livres. Après, il y a quand même eu des trouvailles de la série que j’ai vraiment bien aimées.
GdN : Par exemple ?
MA : Une série peut se permettre des situations qui arrive « comme par hasard » beaucoup plus qu’un roman. Dans le genre, j’ai beaucoup aimé Arya devenue aide-de-camp de Tywin Lannister à Harrenhal.
GdN : Ça faisait plaisir à voir, et en même temps c’était complètement incohérent.
MA : Oui, mais ça marchait bien. Il faut ramener les personnages, on ne peut pas oublier un personnage pendant plusieurs saisons. En plus, ça permettait d’humaniser un peu les deux par la même occasion. Arya a toutes les raisons de le mettre sur sa liste, et en même temps, au moment où il la rencontre, il la comprend et il l’accepte. C’est une fille qui cherche à voyager en sécurité. Tywin se rend compte que c’est une clever girl : « Tu es intelligente, tu vas être mon aide de camp ». Du coup, il la sort de ce rôle dont elle voulait sortir. Je suis une fille, donc je suis cantonnée à une certaine place. Et là, j’ai quelqu’un qui me reconnaît pour mon intelligence. Il y a cette espèce d’ambivalence qui était très intéressante à traiter. On a eu des bonnes surprises comme ça.
↑Les liens entre Les 5 Terres et Le Trône de Fer
GdN : Si on revient aux 5 Terres, de quoi vous vous seriez inspirée de Game of Thrones ou du Trône de Fer ?
MA : Tout le monde peut mourir. Si ça sert à l’histoire, si c’est justifié, peu importe la valeur du personnage, il peut mourir, et il meurt.
On a aussi cette dynamique dans l’écriture où un personnage d’arrière-plan, quasi dans le décor, peut prendre de l’importance et devenir un personnage de premier plan. C’est notamment ce qui s’est passé avec le personnage de Goromio, qui n’était pas du tout parti pour avoir cette importance-là. Finalement, il s’est révélé. On en avait besoin. Son rôle s’est épaissi et on s’est dit « On va s’en servir. »
Il y a aussi des inspirations qui ont eu lieu malgré nous. Après les avoir écrit et après les avoir dessinés, on a fini par réaliser que certains de nos personnages avaient des équivalents dans Le Trône de Fer. C’est notamment le cas pour le personnage de Kirill, qui a une trame proche de celles d’autres personnages du Trône de Fer. On a eu une vrille involontaire, aussi : au départ, on ne voulait surtout pas mettre en rouge la famille des tigres. Gryffondor, les Lannister, les Plantagenêts… c’est trop vu, tout simplement. On a décidé qu’ils seraient en vert ! Et on ne sait pas à quel moment, il y a eu une vrille. Et, bazar ! La couverture du tome 6, elle est en rouge ! On n’a pas été assez vigilants !
GdN : Et ça, vous ne pouvez pas le changer après ?
MA : Non, c’est trop tard. Une fois que la couverture est sortie, tant pis ! C’est arrivé parce que notre source d’inspiration était toujours proche de nous.
GdN : Il y a peut-être un point aussi qui était encore plus marqué pour le deuxième cycle : l’importance que vous donnez au fait qu’un petit détail peut faire tout vriller, et qu’un personnage qui est un grand stratège peut avoir pensé à tout, sauf au truc qui finit par lui tomber sur le coin de la tête.
MA : Nous, on aime bien ça, un micro-événement, lambda et anecdotique pour un personnage, va avoir des conséquences sur d’autres personnages et finalement sur le destin du royaume.
GdN : On a l’impression que les cycles 1 et 2 se terminent avec ce genre de retournement de situation.
MA : C’est-à-dire que tout recalculé, la décision finale de la nouvelle monarque d’Angléon vient de ce qui lui arrive dans le tome 4. Et cet événement du tome 4 ne lui arriverait pas si dans le tome 2 les neveux de feu le roi ne prennaient pas la décision qu’ils ont prise. Leurs propres décisions viennent de ce qui s’est passé dans le tome 1 et avant… Tout est une chaîne de conséquences en fait. Tout s’imbrique. Tous les événements sont liés les uns aux autres.
GdN : Vous nous disiez tout à l’heure ne pas vous intéresser plus que ça aux grands discours politico-philosophique de Médérion. Pourtant, s’il y a bien un personnage qui reprend des thématiques du Trône de Fer, c’est lui.
MA : C’est ça, mais dans le Trône de Fer, je suis beaucoup plus Arya Stark que Tywin Lannister. Je suis beaucoup plus le Limier que la cour. Moi, j’aime la grande aventure.
GdN : Vous avez envie de vous perdre dans la boue du Conflans ?
MA : Oui, tout à fait ! Je suis rôliste, je suis GN-iste. J’aime les personnages qui ont un objectif, des règles de conduite, comment concilier les deux, et comment, en suivant ses principes, son objectif, ses règles de conduite, on peut se retrouver à faire tout à fait ce qu’on n’avait pas envie de faire à la base. Comme, par exemple, tuer des gens.
GdN : Comme pour Le Trône de Fer, Les 5 Terres semblent refuser à leurs protagonistes des happy ends : on voit arriver des événements heureux, ça pourrait bien se passer… Et tout s’effondre d’un coup.
MA : Je suis parfois encore naïve, j’espère souvent que ça va bien finir, mais mes co-scénaristes arrivent … et le récit prend une direction tragique. Il paraît que les gens heureux n’ont pas d’histoire. Pour le coup, c’est comme dans Le Trône de Fer : on est contents ou satisfaits que certains événements se produisent… Mais ce n’est jamais la fin des ennuis.
↑Dernières petites questions.
GdN : Qui serait votre personnage préféré dans Les 5 Terres ?
MA : Dans le cycle 1, c’est This. Définitivement. C’est vraiment mon personnage favori, chouchou. Dans le cycle 2, j’ai beaucoup d’amour pour Alyssa. Pareil, j’ai été mise en minorité à plusieurs moments, elle n’a pas suivi la voie que j’aurais voulu qu’elle prenne. Peut-être que moi, j’aime vraiment les destins brisés, mais en fait, tel qu’il est écrit dans le cycle 2, le destin est brisé très tôt et physiquement. Moi, je l’aurais fait monter très haut, et tomber très bas.
GdN : Un peu à la Scarface, peut-être ? Ou à la Peaky Blinders ?
MA : Absolument. J’avais un personnage complètement associable, psychotique, cassé de la vie, et qui résout ses insécurités et les problèmes de communication par la violence. A la place, on l’a cassé dès le début. Du coup, son arc traite plutôt de comment on se reconstruit après ça : quand l’intégralité de son langage est basée sur la violence et la domination physique, une fois qu’on est brisé, qu’est-ce qu’on fait ? Ce qui est intéressant aussi, mais ce n’est pas ce que j’aurais choisi de prime abord. Ce n’est pas le même propos. Donc à chaque fois, on a tous des micros deuils comme ça.
Dans le cycle 3, je ne peux pas vous dire qui est mon personnage préféré, parce que vous ne l’avez pas encore lu … Mais ce sont souvent les personnages qu’on écrit.
Propos recueillis par Eridan et Nymphadora
↑Notes
- 1 SFFF : sigle pour science-fiction, fantasy et fantastique.
- 2 Lire à ce sujet notre article De la parenté de Jon Snow.
- 3 Lire à ce sujet notre article Tyrion : Lion ou Dragon ?