[Auteur] Jack Vance

Cugel l’astucieux n’est pas le mieux, pour apprécier l’oeuvre de Jack VANCE. Je te conseille le cycle de Tshai, que j’ai souvent relu avec plaisir. C’est un récit à la marge de la sf et de la confluence avec la fantasy.  Et dans le genre purement fantasy, du même auteur, le cycle de Lyonnesse, une belle saga  aussi. A sa manière il a aimé bousculer les codes de la fantasy.

Je viens de lire le premier tome du cycle de Tschaï, le Chasch. C’est un vrai roman d’aventure qui se lit tout seul ! Le héros est le seul survivant d’un vaisseau spatial qui échoue sur une planète isolée… qui se révèle très peuplée ! J’ai hâte de lire la suite.

Le bémol étant Jack Vance fait partie de cette génération d’auteur qui ne savait pas construire de personnage féminin crédible (disons les choses ainsi…).

J’adore Vance, c’est sans doute mon auteur de SF favoris. C’est celui qui, à mes yeux, est le plus fertile en terme de création d’univers et de mondes étranges, et je lis avec beaucoup de plaisir ses romans et nouvelles.
Le Cycle de Tschaï est un incontournable – à mes yeux – à cheval entre la SF et la fantasy.

Après, soyons honnête : ses personnages sont au mieux médiocres et ses personnages féminins.. Mon Dieu, qu’est-ce qu’on sent le poids de son époque avec ses personnages féminins… Ca évolue un peu avec le temps (suffit de voir la différence entre le premier et le dernier opus de la Geste des Princes Démons) mais ça reste pas formidable.

Mais voilà, y’a un truc qui moi me parle. Je en sais pas trop si c’est dans le style, dans la façon de faire, dans l’ambiance… Mais vraiment, j’aime cet auteur.
C’est peut-être juste parce que le cadre m’intéresse toujours plus que l’histoire, que la civilisation me passionne là ou le héro, globalement, je m’en moque. Mais je trouve un talent fou à ce mec pour créer en quelques pages un univers dont on veut en savoir plus.
(A ce niveau, j’avais particulièrement aimé une de ses nouvelles ou il décrivait un monde ou les gens communique autant par la parole qu’à l’aide de différents instruments de musique… )

Parfaitement d’accord avec « lelapin ». J’ai aimé tout l’imaginaire et le BG  de la planète, ses civilisations, ses mystères ; mais aussi tout le périple. Je connais les Maisons d’Iszm : une planète aux maisons arbres ( des maisons de rêve) vendues au plus offrant. C’est un roman écologique et clairement dénonciateur des méfaits du profit économique au détriment de la nature et de la vie.

Sur la planète Iszm, on cultive des maisons vivantes exportées dans toute la galaxie. Ce monopole excite bien des convoitises, et les Iszmiens surveillent les visiteurs de près, comme Farr l’apprend à ses dépens. Il est vrai qu’il est botaniste ! Ses hôtes sont méthodiques, dépourvus d’humour et armés de techniques de pointe : ils peuvent même endormir Farr et le sonder pendant son sommeil. Tôt ou tard, on saura tout de lui ; son atout principal, c’est qu’il n’a pas de plan. Il ne sait même pas dans quel camp il est. D’un côté, les Iszmiens l’irritent en refusant obstinément d’exporter des maisons femelles. De l’autre, ils vivent en artistes — un Iszmien élève sa maison, il est élevé en elle, il la protège, elle le protège. Tout cela est plutôt énigmatique — mais le mystère principal, c’est encore Farr : est-il un piégeur piégé ? Un piège vivant et inconscient ? Combien de joueurs le manipulent ? Qu’a-t-on fait de sa liberté ? En somme, qui est-il ?

Son cycle de sf  » la planète géante » est aussi très plaisant, c’est un monde baroque, foisonnant – je dirais Vancien- , là encore aux frontières de la sf et de la fantasy, un brin steampunk, un brin  de Jules Verne ; si vous avez aimé le style du monde de Tshai, vous aimerez celui-là. C’est un monde tellurique géant ** chose étonnante, car les récentes découvertes de planètes ont  révélées qu’il y a des telluriques géantes, dans d’autres systèmes solaires, des planètes terrestres ayant des diamètres entre 20 000 et 50 000 kilmètrres de diamètre).. qui sait, l’intuition de l’auteur pourrait s’avérer..je me laisse griser par la rêverie.

Après avoir lu le Cycle de Tschaï (cf mon commentaire plus haut), j’ai lu celui des Aventuriers de la Planète Géante, composé de deux romans écrits à vingt ans d’écart :

• La Planète Géante : bof. Ecrit 10 ans avant le cycle de Tschaï, on y trouve tous les prémisses, mais en beaucoup moins développés. La construction de l’univers (BG) est imaginative (Jack Vance est vraiment très fort dans ce domaine) mais pas assez décrite, les personnages sont peu voire pas du tout travaillés, est l’intrigue est vraiment plate. Je l’ai lu peu après le Cycle de Tschaï, est la comparaison est sévère. J’ai été gênée par les personnages de deux adolescentes : des hommes soi-disant civilisés (car venant de la Terre) sont ravis de les prendre pour compagnes, dans une relation maître / servante. Si je fais le lien avec une adolescente qui apparaît dans le dernier tome du Cycle de Tschaï, je ne peux pas m’empêcher de penser que Jack Vance avec un « problème » avec les adolescentes.
• Les Aventuriers de la Planète Géante : là, je me suis régalée (et il n’y a pas d’adolescentes). Ce roman est indépendant du premier : ce n’est pas la même région sur la planète, ni les mêmes personnages (et l’auteur écrit en guise de prologue un « guide » qui rappelle ce qu’il faut savoir de la planète). Donc mon conseil de lecture est de sauter le premier roman et d’aller directement au deuxième, qui décrit les aventures de troupes de théâtre. L’écriture est plus mature, l’univers est intéressant, les personnages sont à la fois humains, théâtraux et drôles, certains dialogues savoureux dans leurs sous-entendus, l’atmosphère parfaitement rendue au détour d’une phrase, on a parfois du comique de situation, et souvent des retournements. Du théâtre au propre comme au figuré. J’ai beaucoup aimé.

Le Lapin wrote:

Le truc avec Vance, c’est qu’il aurait été un super auteur de jeu de rôle, en fin de compte. Ses univers sont balaises, même en quelques mots. Par contre, ses personnages… Sont un peu comme des personnages de jeux de rôle : pas très subtils, pas très fins et parfois franchement véhicules de fantasmes cheloux.

D’ailleurs, il y a eu des adaptations rôlistes comme par exemple :

La Terre Mourante et le Monde de Tschaï