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Coulisses : un caractère de dragon !

Coulisses : un caractère de dragon !

Cette semaine, les températures caniculaires que nous subissons depuis quelques jours m’ont inspiré l’idée de vous emmener dans les coulisses de l’épisode 6 et de l’épisode 7 de la série House of the Dragon. Grâce à l’équipe de production, vous allez découvrir comment simuler le feu-dragon ! Si vous êtes prêts, enfilez sans plus attendre une bonne combinaison ignifugée et de résistantes chaussures de course. Cela pourra vous être utile.

Un peu de contexte…

Lors de l’épisode 5, nous avions quitté Rhaenyra Targaryen (Emma D’Arcy) et son fils Jacaerys Velaryon (Harry Collett) après que ce dernier a réussi à convaincre sa mère de recourir aux descendants de la maison Targaryen afin de monter les dragons sans dragonniers ou sauvages de Montdragon.

Lors de l’épisode 6, on retrouve Rhaenyra ainsi que tout son Conseil restreint dans la grande salle de Peyredragon. Elle y fait appel à ser Steffon Sombrelyn (Anthony Flanacan) et le met au courant de la situation complexe dans laquelle elle se trouve : elle n’a plus Rhaenys et sa dragonne Meleys, elle ne dispose d’aucune armée terrestre et elle ne peut elle-même se rendre au combat sur sa dragonne Syrax sans risquer de se faire capturer par ses ennemis ou de trouver la mort en combattant. La Reine Noire a donc besoin de plus de dragonniers capables de monter Fumée-des-Mers (ancien dragonnier : Laenor Velaryon), Vermithor (ancien dragonnier : le roi Jaehaerys 1er Targaryen) et Aile-d’Argent (ancienne dragonnière : la reine Alysanne Targaryen). Ser Steffon Sombrelyn, surpris par la requête, s’interroge dans un premier temps – car il considère les dragons ainsi que leur dragonnier comme des dieux – puis, dans un second temps, accepte en apprenant par sa souveraine que, selon les anciens récits, les Targaryen et les Sombrelyn pourraient avoir eu, par le passé, une ascendance commune. C’est compter sans l’opiniâtreté de Fumée-des-Mers lui-même. Non content d’avoir perpétré un barbecue humain à l’encontre du pauvre ser Steffon, il décide finalement « d’adopter » Addam de Carène (Clinton Liberty), le fils bâtard de Corlys Velaryon (Steve Toussaint), en tant que nouveau dragonnier.

Cette semaine, on retrouve à nouveau Rhaenyra qui part sur le dos de Syrax à la rencontre d’Addam après avoir été informée que Fumée-des-Mers avait été revendiqué par un nouveau dragonnier inconnu. Sur la plage, le jeune homme lui jure presque immédiatement allégeance et loyauté et lui indique – tout de même – que ce n’est pas lui qui a « choisi » Fumée-des Mers et qu’il voit cela comme un cadeau divin. Ce bref dialogue avec le jeune homme ainsi que son entretien privé avec Mysaria, plus tard dans l’épisode, font prendre conscience à la reine que, si elle veut augmenter le nombre de dragons dans son camp, elle devra appeler des bâtards issus du petit peuple et leur faire confiance.

Dès lors, elle donne l’ordre à Mysaria de faire en sorte que les bâtards targaryens de Port-Réal soient mis au courant de la nouvelle. Pour y parvenir, elle fait appel – par l’intermédiaire de Corlys – à Alyn de Carène (Abubakar Salim) pour que celui-ci transmette le message par voie maritime.
Dans la capitale, la rumeur se répand comme une traînée de poudre et il ne faut pas longtemps avant que nombre de volontaires – dont Hugh Marteau (Kieran Bew) et Ulf dit « le Blanc » (Tom Bennett) – s’embarquent pour Peyredragon. Sur place, Hugh parvient contre toute attente – à l’issue d’un nouveau barbecue-apéro gigantesque – à dompter le colérique Vermithor, et Ulf, en cherchant à s’enfuir de Montdragon fait la rencontre du magnanime Aile-d’Argent.

Rhaenyra Targaryen – House of the Dragon – HBO

Dans les livres

Dans Feu et Sang, la Semaison Rouge débute à la fin de l’année 129 après la Conquête. Les Noirs, face à un manque criant de troupes terrestres, en possession de plusieurs dragons sans cavalier et de quelques dragons sauvages, lancent un appel afin d’enrôler de futurs dragonniers. L’initiative vient, à l’origine, de Jacaerys Velaryon, le fils aîné et prince héritier de Rhaenyra, bien que le bouffon de la reine Champignon revendique la paternité de l’idée. Tout homme ou femme, quelle que soit son origine, qui sera capable de chevaucher un dragon, se verra accorder par la Couronne titres et terres ainsi que l’honneur de se battre à son côté. Le Conseil Noir se dit que les bâtards targaryens doivent être nombreux sur Peyredragon; occupée depuis plus de deux siècles par les Seigneur-Dragons. Ser Steffon Sombrelyn, Hugh Marteau, Ulf le Blanc et Denys l’Argenté – le premier à être transformé en chalumeau dans l’épisode 7 de la série – figurent bien parmi les prétendants. Cependant, il est bon de noter, que la Semaison n’a pas le même déroulement dans les livres que dans House of the Dragon

Les trois dragons sauvages de Peyredragon : le Cannibale, Gris Spectre, Voleur-de-Moutons (par René Aigner, © L’ère du Dragon, 2022)

La série d’HBO a, en effet, choisi une adaptation très différente, d’abord en faisant de Jacaerys un opposant à l’idée de sa mère, ce qui justifie la discussion avec cette dernière au sujet de sa bâtardise et de sa légitimité au trône, qui n’existe pas dans les livres. Les prétendants, ensuite, se trouvent déjà à Peyredragon et ne viennent pas de Port-Réal. Enfin, aucune distinction n’est faite par les Noirs entre un prétendant noble et un prétendant du peuple, laissant loisir à chacun de venir réclamer son dragon, en solitaire – et non en groupe comme dans la série – et de sa propre initiative. Et si le résultat est peu ou prou le même – Addam, Hugh et Ulf parviennent à se lier respectivement à Fumée-des-Mers, Vermithor et Aîle-d’Argent – on note quelques différences comme l’absence de la tentative d’Alyn sur le dragon Voleur-de-Moutons, et purement et simplement, l’absence, à l’écran, d’Orties, une jeune fille de Peyredragon. Pour celles et ceux qui souhaiteraient aller plus loins, on vous laisse la découvrir.

A gauche : Steffon Sombrelyn (Anthony Flanagan) ; à droite : Denys l’Argenté (Robert Rhodes) (House of the Dragon – Inside the episode – HBO)

Derrière la caméra – Montdragon

Dans les livres ainsi que dans la série, Montdragon est le volcan qui surplombe la forteresse de Peyredragon. Au fil des siècles et du règne de la famille Targaryen, les dragons ainsi que leurs progénitures y ont élu domicile. Au moment de la Danse des dragons, il est composé d’un vaste réseau de tunnels et de galeries. Ryan Condal (le showrunner) nous explique que l’équipe artistique a voulu le rendre sombre, terrifiant et donnant une impression de gigantisme.

C’est un certain Jim Clay qui a relevé le défi en construisant, en studio, un portique de près de 10 mètres de haut. Pour y accéder et afin de pouvoir utiliser en toute sécurité des lance-flammes, une plateforme a été placée à la mi-hauteur. Pour optimiser l’immersion des acteurs et cascadeurs durant le tournage, un vaste système de sonorisation a été mis en place. Enfin, le studio était doté d’un système de capture de mouvements en temps réel afin de faciliter le travail en post-production des équipes chargées de la création des effets visuels nécessaires et des dragons.

Concept Art de Montdragon, par Kieran Belshaw (House of the Dragon – HBO)

Derrière la caméra – Reproduire du feu-dragon

Et puisqu’on parle de dragons… on va s’intéresser à l’élément principal de la série : le feu. Car si pour un dragon – n’est-ce pas Vermithor ? – un petit « Dracarys » suffit, qu’en est-il pour de vrai et comment le gère-t-on dans House of the Dragon?

Ser Steffon Sombrelyn – La torche humaine

Grâce à l’expérience acquise lors des différentes saisons de Game of Thrones, l’équipe technique et artistique a décidé de filmer le plus possible en prises de vue réelles – ce qui consiste à filmer de réelles flammes, dans différents contextes, puis à utiliser les images obtenues lors de plans incluant le Feu-dragon – ainsi qu’à réellement enflammer ses décors.

Pour la crémation de ser Steffon Sombrelyn, la scène a été tournée en plusieurs fois : d’abord avec l’acteur puis avec sa doublure ou cascadeur. Donc, à partir du moment où le spectateur le voit prendre feu et se débattre dans les flammes, il s’agit non d’Anthony Flanacan mais de son double qui porte un masque à son effigie. Rowley Irlam (le coordinateur des cascades) nous apprend que cette solution a été préférée et élaborée sur cette saison – et risque bien d’être améliorée d’ici la saison 3 – afin d’apporter une protection importante contre les flammes et la chaleur de celles-ci car il recouvre, la tête, le visage, les oreilles et la nuque de la personne qui le porte. Comme lors d’une attaque par le feu, il y a plusieurs stades et degrés de brûlures fictives à montrer, l’équipe des maquilleurs ont agrémenté les masques d’un painting adéquat.

« Et pour la gardienne des dragons qui se tranche la gorge durant la scène ? » Eh bien, il s’agit du même procédé, à une différence près. Sur le masque, au niveau du cou, on colle une petite tubulure remplie d’hémoglobine que la cascadeuse n’a plus qu’à sectionner durant la scène à l’aide de son couteau factice.

Hugh Marteau – Le survivant

Si vous vous êtes déjà intéressé à un plateau de tournage et à son fonctionnement, vous savez sans doute qu’un décor ne ressemble vraiment pas à ce que l’on verra à l’écran : la post-production sera passée par là. En effet, en général il s’agit de courtes scènes qu’on met bout à bout afin de créer l’illusion d’un endroit dans son ensemble.
Je vous explique cela car je vais ici aborder la notion de « plan séquence ». Ce terme est utilisé pour définir une scène durant laquelle il n’y a pas de cut et où l’on suit d’un point A à un point B le personnage comme si on faisait, en temps réel, ce qu’il est en train de faire. Petit exemple pour illustrer mon propos : rappelez-vous – durant l’épisode 6 de la saison 1 – la scène où l’on suivait Rhaenyra et Laenor dans les couloirs du Donjon Rouge alors qu’ils allaient présenter leur nouveau-né à la reine Alicent et au roi Viserys. On les voit sans interruption marcher des appartements de Rhaenyra jusqu’à ceux du couple royal.

Dans le cas qui nous occupe, à savoir l’attaque de Vermithor, il s’agit en réalité d’un faux « plan séquence » :  même s’il en a bien l’apparence, il  n’en est pas un. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’a pas été filmé en une seule et unique prise. Ce que nous voyons à l’écran est le résultat d’un travail conséquent ayant nécessité plusieurs étapes :

  • La première, nous explique Loni Peristere (producteur exécutif et réalisateur de l’épisode 7), a lieu durant la pré-production : il s’agit d’établir un storyboard plan par plan afin que tout le monde ait, par la suite, une vision d’ensemble. C’est Addam Pescot qui en est chargé. Si vous souhaitez jeter un coup d’œil à son travail, il a justement publié quelques planches de l’attaque de Vermithor.
  • Ensuite vient le tournage. La rencontre entre les malheureuses victimes et le dragon a été filmée en plusieurs fois et dans un ordre disparate en présence des acteurs et/ou de leurs doublures. Ces derniers sont entourés par un décor agrémenté de feu et de divers effets pyrotechniques; c’est aussi là qu’on utilise le fameux lance-flammes sur les doublures. Et puis – afin de permettre à l’équipe technique et aux comédiens d’avoir des repères visuels – c’est aussi là qu’on introduit la doublure du futur dragon virtuel. Cette dernière ressemble à la tête de la créature mais n’en a ni les dimensions, ni l’aspect.
  • La dernière étape, qui est aussi la plus importante est la post-production. Il s’agit de monter la scène en choisissant les prises souhaitées, d’y ajouter les effets visuels (dragon, fumée, flammes, etc) et sonores. D’ailleurs si vous voulez creuser un peu plus le sujet, il existe un podcast (en anglais), dans lequel la Sound Designer Paula Fairfield parle de son travail sur les cris des dragons; un savant mélange de sons tels que les cris de dauphins, d’oiseaux et de baleines.

Vous l’aurez compris, la scène résulte d’un énorme travail d’équipe dans lequel tous les protagonistes se sont investis à 200%. Le réalisateur nous dit qu’il souhaitait que la scène ait un côté oppressant et terrifiant… Qu’en pensez-vous ? A-t-il réussi ?

Rhaenyra Targaryen (Emma D’Arcy), devant « Vermithor », ou plutôt son double (House of the Dragon – HBO)

Conclusion

L’univers de G. R. R. Martin est assurément un savant mélange d’intrigues politiques et de magie. Si je fais partie des personnes qui ont été déçues par la tournure qu’avait pris les dernières saisons de Game of Thrones, je suis ravie que House of the Dragon ait su revenir aux sources.

Mais ce qui me met le plus en joie, c’est le traitement apporté aux dragons eux-mêmes. La série a su leur donner une image et une personnalité qui leur est propre. En lisant Feu et Sang, je m’étais demandé ce qui faisait qu’un dragon choisit tel ou tel dragonnier. Leur ressemblance de caractère peut-être ? Toujours est-il que Ryan Condal le voit également de cette façon ce qui prouve son amour et sa connaissance du lore.

Comme pour les articles précédents concernant les coulisses, je me suis inspirée des vidéos Inside the episode que vous pouvez retrouver ici ou sur la plateforme Max.

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