Chers Ouestriens et Ouestriennes, en cette année 129 après la Conquête, bienvenue sur Westeros-News, première chaîne d’info des Sept Couronnes. Aujourd’hui, édition très très spéciale, le royaume est en crise ! Et nous suivrons toute la journée l’évolution de la situation. Nous avons appris ce matin la mort de notre bien aimé roi Viserys, et c’est un choc pour son entourage et pour le royaume tout entier. Mais ce n’est pas tout !
Le conseil restreint, qui est dominé par les Verts, les partisans de la reine Alicent Hightower, a tout de suite proclamé roi le jeune prince Aegon, fils cadet de feu notre bon roi. Et c’est un véritable coup de force auquel nous sommes en train d’assister ! On dit que les partisans de la reine ont caché la mort du roi pour prendre le pouvoir, alors que l’héritière officielle, celle désignée par le roi, est sa fille aînée Rhaenyra, princesse de Peyredragon. Situation inédite pour le royaume.
Nous allons retrouver dans quelques instants notre envoyé spécial à Peyredragon, le fief de la princesse Rhaenyra.
Oui en effet nous sommes sur place, devant les portes du château – château d’un goût douteux d’ailleurs, mais passons – et il semblerait que le conseil des Noirs, les partisans de la princesse soient en ce moment même en train de se réunir pour décider de la contre-attaque. L’annonce de la mort du roi et du couronnement du jeune prince Aegon a été ici très très mal reçue, on dit que la princesse serait rentrée dans une rage folle et aurait hurlé « Westeros, c’est moi ! », avant de se tordre de douleur et rentrer en salle d’accouchement. Pas beaucoup de nouvelles depuis, mais tout n’a pas l’air de s’être bien passé, la princesse est sortie en maudissant le conseil des Verts.
En tout cas ce que je peux vous dire, c’est que tous ici craignaient un affrontement ouvert et sanglant entre les deux partis, une danse des dragons, et… Ah, il semblerait que le conseil des Noirs s’est achevé, nous allons essayer d’interroger les participants. Nous avons raté le prince Daemon, l’époux de la princesse Rhaenyra, mais je vois sortir à l’instant la princesse Rhaenys, je vais essayer d’aller lui poser des quest…ions… et… elle… ne…………
Ah, il semblerait que nous ayons perdu la connexion. Il faut dire que la transmission par corbeau-satellite est quelque peu instable. Et bien… Voila. Hmm…
En attendant de retrouver notre équipe, nous vous proposons un documentaire que nous avions réalisé, il y a quelques années, sur la princesse Rhaenys, membre incontournable de la famille royale. Retour sur cette princesse qui aurait pu devenir notre reine. Un documentaire signé Dragonslines Production.
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Île de Lamarck, an 119 après la Conquête, quelque part dans le château de Marée Haute. Comme souvent, la princesse Rhaenys se trouve près de son dragon Meleys, une formidable bête aux écailles écarlates, aux ailes pâles, et aux reflets cuivrés. Il faut dire qu’elle est imposante cette créature, et nous n’allons pas beaucoup nous en approcher. La princesse nous raconte quelques chevauchées avec son dragon. Lorsque nous demandons son âge, la princesse réfléchit. « Oh, je ne saurais dire, elle est bien plus âgée que moi. C’est un des dragons les plus vieux et puissants à Westeros vous savez, et elle est particulièrement redoutable si on la tire de son sommeil. Oh bien sûr, elle n’est pas aussi puissante que Vhagar, le dragon de ma fille, mais elle ne ferait qu’une bouchée des autres dragons. Tenez, prenez Feux-du-Soleyl par exemple. Très beau dragon, mais encore jeune et pas bien gros : il ne ferait pas le poids. ». Quand on lui pose la question de savoir si le surnom de son dragon « la Reine Rouge », est une référence à son propre surnom à elle, « la Reine qui ne le Fut Jamais », elle sourit, mais ne répond rien.
« La Reine qui ne le Fut Jamais » aurait en effet pu monter sur le Trône de Fer, et succéder ainsi à son grand-père, le Vieux Roi Jaehaerys. Son père, le prince Aemon, deuxième fils du roi Jaehaerys et de son épouse, la Bonne Reine Alysanne, fut l’héritier du trône pendant de nombreuses années. Il fut tué en 92 après la Conquête, au cours d’une bataille contre des pirates myriens qui avaient envahi l’île de Torth. Une tragédie pour la famille royale, d’autant plus que le roi se faisait vieux. Il fallut dès lors choisir un nouvel héritier. La jeune Rhaenys, qui avait 18 ans à l’époque, était la fille unique du prince Aemon et de lady Jocelyn Baratheon. Sa grand-mère, la reine Alysanne la soutenait, dit-on, mais le roi préféra finalement… désigner l’oncle de la princesse, le prince Baelon, troisième fils du couple royal, ce qui créa une violente querelle entre le roi et son épouse. Celle-ci ne comprenait pas que l’héritière de la branche aînée, Rhaenys, fut écartée en raison de sa féminité au profit d’un homme. Impossible de connaître le ressenti de la jeune princesse sur cette affaire…
Mais ce surnom, Rhaenys ne le gagna finalement qu’après le Grand Conseil de 101, alors qu’à nouveau la question de la succession du roi Jaehaerys se posa. Encore aujourd’hui, nous savons peu de choses sur ce Grand Conseil – on dit d’ailleurs que nos confrères de Gyldayn-TV sont en train de préparer un très long documentaire consacré à la dynastie Targaryen, dans lequel ils aborderont très certainement cet événement fondamental dans l’histoire des Sept Couronnes. Mais on sait que la princesse fut une des candidates, et que, malgré certains soutiens de poids, comme lord Boremund Baratheon, lord Ellard Stark, ou encore les membres de la maison Manderly, elle fut à nouveau écartée. Son fils, Laenor Velaryon fut l’un des deux finalistes, mais fut en fin de compte évincé au profit du prince Viserys, le fils du prince Baelon (le précédent héritier). Beaucoup de commentateurs se sont écharpés sur ce Conseil, cette décision et les conséquences que cela entraîna, et nous ne reviendrons pas dessus. Chose étonnante encore, nous ne savons pas, une fois encore, comment la princesse Rhaenys a vécu tout cela. En garde-t-elle rancune ? Ou bien toute cette affaire est-elle définitivement derrière elle ? Peut-être aura-t-elle parlé à nos confrères de Gyldayn-TV, nous n’avons pour notre part pas osé l’évoquer en sa présence. Toujours est-il que son histoire témoigne de la difficulté (certains diront l’impossibilité) pour une femme d’accéder au Trône de Fer, ou de le transmettre. Mais notons tout de même qu’actuellement, et ce depuis l’an 105, l’héritier de notre bon roi Viserys est sa fille aînée, Rhaenyra, princesse de Peyredragon. Son accession au Trône de Fer sera une première dans l’histoire de la dynastie.
Mais revenons à notre princesse. Nous avons pu, au cours de notre enquête, interroger son époux, lord Corlys Velaryon, le Serpent de Mer, personnage ô combien riche et puissant, seigneur de la maison Velaryon, Sire des Marées, et célèbre aventurier dans sa jeunesse. Il a eu avec la princesse deux enfants, Laena et Laenor Velaryon. Lorsqu’on évoque sa différence d’âge avec son épouse (un peu plus d’une vingtaine d’années), il hausse les épaules et pointe le caractère fier et sans peur de sa femme. « Une aventurière, c’était ce qu’il me fallait. Et une beauté Targaryen en sus, qu’aurais-je voulu de plus ? », il a une lueur de fierté dans le regard quand il dit cela et semble très attaché à son épouse. Nous avons alors tenté de lui parler des rumeurs d’infidélité le concernant, mais il balaie les accusations d’un revers de la main « parce que vous pensez qu’avec l’épouse que j’ai, je m’y risquerais ? Enfin, soyons sérieux, je n’ai pas très envie de me retrouver face à Meleys ! Bon si vous n’avez pas d’autres questions, je dois vous laisser. Je dois aller voir ma fille et mon gendre, Daemon. Leurs jumelles ont hâte de voir leur grand-père ». Nous avions d’autres questions, mais tant pis, nous n’en saurons pas plus.
Lorsque nous recroisons Rhaenys, nous lui parlons de ses deux enfants, Laena et Laenor. « Ils ont fait de beaux mariages n’est-ce pas ? ». À notre question, Rhaenys reste quelque peu dubitative. « Oh oui, certainement. Le frère du roi (Daemon Targaryen) pour ma fille, et la fille du roi (Rhaenyra Targaryen) pour mon fils, disons que ça permet de réunir un peu la famille, c’est toujours plus stable. Laenor a été l’un des candidats les plus solides à la succession de son arrière-grand-père, Jaehaerys, même davantage que moi… Bref. Et Rhaenyra est l’héritière du Trône de Fer. Ça évitera toute future querelle de légitimité entre leurs descendants… Donc oui, ce sont des beaux mariages… Mais… Ça n’a pas toujours été facile, le mariage entre Daemon et Laena s’est fait secrètement, sans en informer le roi, ce qui est contraire à tous les usages. Mais mon mari l’a appuyé – elle soupire en disant cela – Finalement tout est rentré dans l’ordre. Quant à Laenor, et bien… Il est d’un caractère particulièrement doux, je ne sais pas s’il s’entend bien avec son épouse, Rhaenyra. Et il n’aime pas trop Port-Réal, il préfère rester ici, à Lamarck. Oh, ce qui ne les a pas empêché d’avoir trois beaux garçons ». À la manière dont elle nous regarde, nous n’insistons pas. Il serait imprudent pour nous d’évoquer les rumeurs autour de son fils et de ses trois petits-fils.
Personnalité encore bien mystérieuse, « la Reine qui ne le Fut Jamais » marque en tout cas son entourage par son charisme. Nous lui avons demandé si nous pourrons revenir, un jour. Dans quelques années nous a-t-elle dit, quand tous ses petits-enfants seront plus grands, et qu’elle aura davantage de temps.
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Voila donc pour ce bref portrait qui avait été mené par nos collègues il y a une dizaine d’années. Malheureusement, nous n’avons jamais pu revenir, l’année suivante, la fameuse Année du Printemps Rouge qui marque encore les esprits aujourd’hui, a durement frappé la princesse Rhaenys et ses proches. En quelques mois seulement, ses deux enfants Laena et Laenor disparurent tragiquement, dans des circonstances pour le moins troublantes… Plusieurs enquêtes avaient été lancées et des noms de personnages importants avaient été évoqués… Mais personne ne put jamais établir la vérité sur ces faits.
Dans les années qui suivirent, les Velaryon, très liés au prince Daemon, restèrent proches de la princesse Rhaenyra. Jusqu’à ce jour où…
Ah ! Notre envoyé spécial nous contacte, peut-être a-t-il pu avoir davantage d’informations.
Oui tout à fait, nous avons pu nous entretenir quelques minutes avec la princesse sur la situation, et elle nous a dit qu’elle se tenait prête, avec son dragon, à soutenir les prétentions de Rhaenyra. « J’aurai la peau d’Aegon » nous a-t-elle confié, « il apprendra à respecter ses aînés ». Il est clair que les années n’ont pas émoussé son caractère, et nous lui souhaitons en tout cas bonne chance dans les troubles qui s’annoncent.
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Crédits photographiques : ser Jordi Gonzales Escamilla (The World of Ice and Fire) ; Meleys face à Feux-du-Soleyl, pendant le siège de Repos-des-Freux.
Esclarmonde de Foix
Bonjour,
Je vois qu’ici Jocelyn Barathéon s’appelle toujours Jocelyn
comme dans La Princesse et la reine
comme dans Les Origines de la Saga
comme toutes les autres Jocelyn de cet univers (Penrose, Stark, etc…).
J’imagine que la coupable est la traduction de Feu et Sang (que je n’ai pas encore : j’attends l’intégrale du tome 1), et je comprends, mais…. est-ce vraiment irrémédiable ? Y a-t-il eu réflexion, controverse, et si oui, peux-tu m’en dire deux mots ?
Moi, chaque fois que je lis « JocelynE », c’est comme s’il y avait Josiane, Monique, Danièle ou Françoise… ça m’extrait de l’univers. Et ce n’est pas cohérent avec les autres Jocelyn de la saga.
Bon, c’est vraiment pas grave. Mais j’aimerais en savoir plus si tu peux.
Merci.
Esclarmonde
Eridan
Bonjour Esclarmonde.
Le blog ne notifie pas aux auteurs des articles les commentaires qui y sont laissé. Du coup, je crains que ton commentaire passe inaperçu ici. Je te conseille de te diriger plutôt vers le forum et éventuellement de « tagger » les personnes qui pourraient te répondre.
Et sinon, oui, il s’agit bien d’une nouvelle traduction liée à F&S. « Jocelyne » n’avait pas été traduit jusque là, mais F&S l’emporte en terme de canon sur les nouvelles (publiées séparément et sans traduction uniforme) et sur les Origines de la saga (dont le canon a été pas mal entaché par F&S). D’où la mise en conformité de l’encyclopédie … Les articles de blog en revanche, on n’y retouche habituellement pas.
Ce n’est pas la première fois qu’un traducteur décide de traduire un prénom ou un nom qui n’avait jusque là pas été traduit. Ce genre de choix dépend de son appréciation (et de celle de l’éditeur). Nous pouvons critiquer et faire remonter à l’éditeur les principaux défauts de la traduction, mais le choix final leur revient.