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[Feu & Sang] Gyldayn, auteur interdit ou oublié ?

[Feu & Sang] Gyldayn, auteur interdit ou oublié ?

Edit de septembre 2024: Évolution du canon
Dans les premières versions du livre Game of Thrones – Le Trône de Fer, les origines de la saga (2014), Gyldayn était le dernier mestre de Lestival, et l’auteur d’une chronique revenant sur la tragédie de Lestival, à laquelle il avait survécu. Cette chronique était probablement une des dernières écrites avant sa mort, selon Mestre Yandel, l’auteur fictif du livre Game of Thrones – Le Trône de Fer, les origines de la saga, qui en avait trouvé une page que de l’encre renversée avait rendu illisible.
En août 2019, une nouvelle édition de l’ouvrage (la neuvième) a été publiée en anglais, dans lequel le personnage de Mestre Corso apparaît pour la première fois dans le canon de la saga. Mestre Corso reprend le rôle qui était précédemment tenu par l’archimestre Gyldayn à Lestival, et est l’auteur du texte tâché d’encre. Le texte indique désormais que Gyldayn est un archimestre toujours vivant à la Citadelle au moment où Mestre Yandel écrit son propre ouvrage.

Cet article est donc désormais factuellement erroné, et les analyses qui en découlent se basent donc partiellement sur des éléments qui ne sont plus canon.


Article d’origine:

Fin novembre sortent en version originale le premier volume de Fire and Blood et la première moitié de sa traduction française, Feu et sang, Partie 1. Vous aurez certainement reconnu la devise de la maison Targaryen, ce qui est bien normal, puisqu’il s’agira des chroniques des rois de Westeros depuis Aegon le Conquérant. Si les mots sont bien de la plume de George R.R. Martin, ce dernier s’amuse à les attribuer à un historien fictif de l’univers du Trône de Fer, un archimestre méconnu, Gyldayn.

Image de couverture : Archimestre Gyldayn, par Doug Weathley (Fire and Blood)

Gyldayn est ce que l’on appelle un narrateur non-fiable. Son point de vue est biaisé par ses opinions personnelles et par le fait qu’il n’a pas personnellement été témoin des événements qu’il relate. Ses écrits, de par la volonté de notre auteur préféré, sont donc emplis de mystères et de jeux de pistes.

Nos chroniqueurs Pandémie et DNDM confrontent aujourd’hui leurs points de vue sur Gyldayn. Auteur très informé qui sème des mystères à chaque phrase, ou bien mestre quelconque qui consigne ses chroniques comme le veut la Citadelle, il va falloir choisir votre camp !

Qui est Gyldayn ?

Vous présenter Gyldayn est un véritable défi. Il y a extrêmement peu d’informations sur le personnage, et nombre d’entre elles sont sujettes à interprétation, ce qui ne manque pas d’alimenter les spéculations à son égard. La seule chose que l’on peut considérer comme acquise, c’est que Gyldayn était un archimestre de la Citadelle ayant rédigé un manuscrit, Feu et Sang, retraçant l’histoire de la dynastie des Targaryen. Pour le reste, on ne sait presque rien de lui. Ni son origine, ni quand il est né ou décédé, ni sa spécialité.

Pour l’heure, Gyldayn n’est brièvement cité nommément que trois fois, et quelques textes lui sont attribués, dans l’ouvrage Les origines de la saga, par l’auteur de ce dernier, mestre Yandel, qui destinait son livre à Robert Baratheon, puis à Joffrey, et finalement à Tommen. L’ouvrage nous en apprend un peu sur lui, mais mestre Yandel est également un narrateur non-fiable. De plus, il est l’émanation des collaborateurs de Martin, Elio M. García et Linda Antonsson, pas de GRRM lui-même. On ne sait donc pas trop si l’on peut se fier au peu qui est dit sur lui dans Les origines de la saga.

Mestre à Lestival, puis Archimestre

On y apprend néanmoins que des feuillets épars, tachés ou brûlés de Feu et Sang ont été retrouvés par mestre Yandel dans les archives de l’archimestre Gerold, un historien reconnu auquel Gyldayn aurait peut-être confié son manuscrit pour relecture. Yandel nous informe également que Gyldayn était le dernier mestre ayant exercé à Lestival, jusqu’à la tragédie ayant coûté la vie à Aegon V Targaryen et à d’autres membres de sa famille dans une très probable tentative de réveiller les dragons. On sait aussi que Gyldayn y a survécu, vu que l’un des feuillets, évidemment l’un de ceux très abîmés, relate l’événement (cf Les origines de la Saga). On peut déduire qu’il est devenu archimestre après cela, s’il n’était que mestre à Lestival, et il pourrait bien avoir vécu relativement longtemps, George Martin ayant déclaré sur son blog que Fire and Blood, second volume irait jusqu’à la rébellion de Robert Baratheon, quinze avant le début de la saga. On peut aussi présumer que Gyldayn est mort désormais, tout comme Gerold, Yandel fouillant des archives et ni l’un ni l’autre n’étant cité dans les appendices des livres parmi les archimestres en exercice.

Mestre Yandel nous dit aussi que la découverte de ce manuscrit aurait excité l’intérêt de la Citadelle. Il est possible que Tyrion en ait eu vent, puisque il dit vouloir mettre la main sur un certain livre appelé Sang et Feu dont l’unique exemplaire serait dans les cryptes sous la Citadelle (cf. A Dance with Dragons, chapitre 15, Tyrion).

Un auteur oublié, ou interdit ?

Martin ajoute dans les commentaires de son blog que Gyldayn était considéré comme « Archimestre Fun », sans que l’on sache si ce côté fun vient du fait que le personnage et ses écrits sont considérés comme risibles ou intéressants. Parce que, selon GRRM toujours, en conférence ou dans une petite vidéo, Gyldayn était tout autant un savant distingué qu’un vieux schnock pédant.

Quoi qu’il en soit, il est difficile d’avoir un avis définitif sur ce brave archimestre. Le manque d’information sur le personnage, ses écrits intrigants, le fait d’être le témoin de la tragédie de Lestival sont-ils le signe d’un auteur méconnu et marginal, ou au contraire l’indice d’un écrivain interdit pour ses écrits lourds de secrets ?

Deux rédacteurs du site vont tenter de prendre parti pour les deux options radicalement opposées.

Gyldayn, l’archimestre qui en savait trop (par DNDM)

Qui est l’archimestre Gyldayn ? Forcément quelqu’un d’important. Et de complexe. Chacun des personnages du Trône de Fer a sa vie, ses amis, ses ennemis, ses convictions, ses loyautés. Pourquoi Gyldayn ferait-il exception ? Pourquoi serait-il neutre, là où tout le monde, dans le Trône de Fer, est partial ?

Que sait-on de lui à coup sûr ? Simplement ce qui est en introduction de cet article.

Que peut-on déduire, en lisant entre les lignes de ses écrits ? Beaucoup de choses. Une en particulier : Gyldayn en savait trop.

Plusieurs titres pour un même ouvrage

Le premier texte de Gyldayn qui nous soit parvenu est La Princesse et la Reine. Et ce n’est pas un texte neutre. Selon comment on le lit, il peut se lire comme un texte historique, ou comme une tentative de révéler l’histoire cachée des Sept Couronnes au lecteur attentif.

Car il n’y a aucun doute : « l’opuscule fragmentaire, anonyme et sanglant qu’on appelait tantôt Sang et Feu et tantôt La Mort des dragons, dont l’unique exemplaire subsistant était caché, disait-on, dans une crypte verrouillée sous la Citadelle », sur lequel Tyrion aimerait tant mettre la main dans l’Intégrale 5, et le livre Feu et Sang, retrouvé par hasard par Yandel dans la Citadelle et qui comprend une version longue de La Princesse et la Reine, mais renommée pour l’occasion La Mort des dragons, ne sont qu’un seul et même ouvrage.

Il n’y avait nul besoin, d’ailleurs, d’attendre la sortie de Feu et Sang pour s’en rendre compte. Dans La Princesse et la Reine, Gyldayn prévenait déjà son lecteur dès les trois premières phrases : le terme « Danse des Dragons » est poétique et adapté à une chanson, mais grotesque et mensonger pour un travail historique.

« La Danse des Dragons est le terme fleuri pour désigner les violentes luttes intestines menées par deux branches rivales de la maison Targaryen pour s’emparer du Trône de fer de Westeros, entre 129 et 131. Définir comme une « danse » les agissements sombres, tumultueux et sanglants de cette période nous semble ridiculement déplacé. Nul doute que cette expression a initialement été créée par quelque troubadour. « L’Agonie des Dragons » serait infiniment plus approprié, mais le temps et la tradition ont peu à peu intégré la poésie aux pages de notre Histoire, nous nous devons donc de danser à l’avenant. »

(La Princesse et la Reine).

Le véritable nom de ce texte est donc L’Agonie des Dragons. Et c’est de cela que cet ouvrage parle avant tout : pas de politique, pas de guerre de succession, mais des multiples façons dont meurent les dragons des Targaryen.

De comment, en moins de deux ans, la quasi-totalité des dragons du royaume va trouver la mort, dans des conditions parfois bien étranges et mystérieuses, voire carrément loufoques.

Un livre à décrypter

Et c’est pour cela que ce texte n’avait jamais vu la lumière du jour avant que Yandel ne tombe dessus : Gyldayn n’y dit jamais clairement ce qu’il sait, mais laisse à son lecteur suffisamment d’indices pour que celui-ci commence à se poser des questions. Et le lecteur de Westeros qui parcourra ce texte et commencera à souligner les aberrations et étrangetés qu’il contient, se posera nécessairement des questions. Et ceux qui ont tué les dragons n’ont pas envie que les gens se posent des questions…

Voilà pourquoi les écrits de Gyldayn ont été opportunément « oubliés » dans les archives de la Citadelle. Oubliés jusqu’à ce que Yandel, jeune mestre un peu naïf, ne les exhume et ne commence à les publier, ce qui risque de ne pas plaire à beaucoup de monde (gageons que dans le prochain livre, Yandel va rapidement avoir droit à du poison dans son porridge…).

Un livre qui s’annonce plein de secrets

Mais alors, qu’est-ce qu’il y a, dans Feu et Sang ?

La vérité sur les Targaryen. Gyldayn semblait très proche d’eux : il leur consacre un ouvrage historique, et il était en service à Lestival, demeure des princes héritiers Targaryen. Il était forcément intime avec eux, et a pu avoir accès à des sources de première main. Pourquoi les Targaryen privilégiaient-ils les mariages incestueux ? Comment faisaient-ils pour faire éclore des dragons ? Comment faisaient-ils pour contrôler des dragons ? Toutes ces questions, de nombreuses personnes habitant Westeros tueraient – et tuent – pour en connaître les réponses.

La vérité sur la mort des dragons. Comment passe-t-on d’une vingtaine de dragons bien vivants, à quatre ou cinq, puis zéro ? Simple coup du sort ? Ou, plutôt, savante machination dans l’ombre ?

La vérité sur… pas mal d’autres mystères de la saga, probablement, tous liés au sang de dragon, et aux dragons eux-mêmes. Feu et Sang contiendra plus que probablement, pour qui saura les remarquer, des informations sur la malédiction d’Harrenhal, sur les multiples tentatives de résurrection des dragons, sur la tragédie de Lestival. Mais ces informations ne tomberont pas toutes crues sous les yeux du lecteur. La vérité sera à décrypter, en traquant les incongruités, les silences étranges, les jeux de mots, les allusions.

Feu et Sang est un livre étrange, a prévenu Patrick Marcel, son traducteur français, sur sa page Facebook.

Un livre étrange, et dont on n’a pas fini de fouiller les secrets.

DNDM

La Tragédie de Lestival (crédits : Marc Simonetti ; TWOIAF)

La Tragédie de Lestival (crédits : Marc Simonetti ; TWOIAF)

Gyldayn ? Même pas un personnage (par Pandémie)

Dans l’univers de la saga, il y a un paquet de personnages, des milliers. Si vous en connaissez 10% et que vous êtes invités tous les mercredis soirs, ne vous demandez plus pourquoi. Vous connaissez par cœur tous les mestres connus ? Pas moi en tout cas, parce que simplement, tout personnage n’est pas destiné à être au cœur d’une vaste conspiration. Certes, il n’est pas rare qu’un personnage que l’on pensait simplement croiser au détour d’une page devienne très important, prenez par exemple Aegon VI Targaryen ou Freuxsanglant, qui apparaissent soudainement et venus de nulle part dans ADWD (l’intégrale 5). Mais dans le cas présent, Gyldayn n’existe pas dans la saga, ni dans les nouvelles. Il est cité uniquement dans TWOIAF (Les origines de la saga, en français), sous la plume des assistants de GRRM.

La raison en est toute simple et on la comprend très vite lorsque l’on voit ou entend George Martin parler de Gyldayn. On remarque rapidement qu’il s’est forgé un alter ego qui rédige son histoire des Targaryen, qu’il avait besoin d’une telle incarnation pour changer de style, pour un ton plus professoral et désincarné que celui des personnages point de vue de la saga. Donc ne vous y trompez pas : quand un Gyldayn surgit hors de la nuit, et que son nom, il le signe à la pointe de sa plume, c’est un G. C’est un signe qui veut dire George.

On s’enflamme plus vite que du grégeois

Archimestre George, heu Gyldayn, est donc une source d’informations inédites et précieuses, un mestre témoin potentiel de la tragédie de Lestival et un total inconnu sur lequel on peut spéculer sans être contredit. Il n’en faut donc pas plus pour le mettre au centre de théories du complot. Mais la tragédie de Lestival, les personnages en parlent naturellement, comme d’un événement bien connu. Certes, ils ne l’analysent pas en détail, mais ils n’ont aucune raison de le faire, tout comme vous n’analysez pas en détail la prise de la Bastille à votre pause déjeuner. Et Gyldayn, lui, après la tragédie, a tranquillement continué sa vie d’érudit et gravi les échelons de la Citadelle pour devenir archimestre, où il était connu comme « Archimestre Fun ». Pas vraiment le parcours d’un témoin gênant.

Et si l’on regarde ses écrits, soit les nouvelles publiées jusqu’à maintenant, si on constate que Feu et Sang est cryptique et sulfureux, on n’y trouve aucun lourd secret capable d’incriminer de mystérieux agents de l’ombre. S’il a pu mettre mal à l’aise et que certains se sont sans doute réjouis de le voir traîner au fond des archives, c’est surtout parce qu’il fait plus que frôler le crime de lèse-majesté. Gyldayn décrit sans complaisance les Targaryen non comme des demi-dieux beaux, nobles et puissants, mais comme un ramassis de jaloux prêts à toutes les vilenies pour le pouvoir. Et pas que les seigneurs aux dragons ! De nombreuses maisons nobles en prennent pour leur grade.

Les Mestres nickelés

Si Gyldayn a bien été un témoin gênant et qu’il peut causer du tort par ses écrits, il est quand même difficile de comprendre comment fonctionnent les comploteurs. Si certains sont prêts à commettre la tragédie de Lestival, voire à tuer des dragons, pourquoi diable Gyldayn vit-il et écrit-il tranquillement jusqu’à sa mort ? Pourquoi son texte si dangereux est-il archivé ? S’il a échappé à toute surveillance, pourquoi laisse-t-on Yandel le publier quand un incendie ou un accident est si vite arrivé ? Un tel amateurisme paraît indigne du groupuscule capable d’étaler la disparation de monstres et de rois au travers des siècles.

Bref, si Feu et Sang est sans aucun doute un livre plein de mystères, son auteur, archimestre « Fun » Gyldayn ne semble en rien un lanceur d’alerte susceptible de mettre à genoux la multinationale du crime et du complot, mais apparaît plutôt comme la langue de vipère qui balance sur les grandes figures du passé. Et c’est déjà pas mal.

Pandémie

Les Sphinx gardant la Citadelle de Villevieille (crédits : Juan Carlos Barquet)

Les Sphinx gardant la Citadelle de Villevieille (crédits : Juan Carlos Barquet)

Conclusion

Who Won? Who’s next? You decide!
Epic Rap Battle of Westeros*!

* Marque déposée par la chaîne Youtube Epic Rap Battle of History (où l’on retrouve d’ailleurs un auteur connu 😉 )

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