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12 mars 2023 à 0 h 36 min #188836Emmalaure
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AFFC 02 – Le Prophète
Au fil des pages – liste des sujets◄ AFFC 01, Prélude AFFC 03, Le Capitaine des Gardes ► Quittons Villevieille, ses nuits chaudes, ses beuveries estudiantines, ses filles qui sentent la rose et ses rêves de dragons pour des contrées plus fraîches et plus viriles, où les vrais mecs sentent la mer et la crevette, où boire la tasse ne signifie pas partager quelques gorgées de chaude eau autour d’une assiette de friandises, et où la danse du doigt consiste à risquer quelques morceaux de soi avec une vraie hache.
Nous voici donc aux Îles de Fer pour ce premier chapitre d’un nouveau tome, A Feast for Crows – un festin pour les corbeaux.
Depuis que Theon Greyjoy les avait quittées dans ACOK, nous n’y étions pas retournés. En revanche, nous avions appris dans ASOS, avant les Noces pourpres, que leur roi auto-proclamé Balon Greyjoy était mort. La nouvelle avait eu le temps de faire le tour de Westeros, de la Naine de Noblecoeur jusqu’aux oreilles de Stannis, en passant par Robb Stark et la cour de Port Real. On y apprenait au passage le retour d’un long exil d’un frère de Balon, Euron Greyjoy, et le risque de guerre de succession qui laissait un bel espoir de « libération » du Nord et de reprise en main par les Stark. Bolton&Frey étant venus doucher nos espoirs les plus fous, le Mur ayant tenu grâce au roi Stannis, Joffrey étant à son tour tombé au champ du mariage, Oberyn Martell à la montagne et Tywin Lannister au pot, les Greyjoy avaient disparu de nos radars – en tous cas des miens.
Pour commencer ce nouveau tome, ils se rappellent à nous et nous ramènent plusieurs semaines avant la fin d’ASOS, quasiment au lendemain de la mort de Balon, et nous offre quelques nouveautés : si Aeron Greyjoy n’est pas complètement un inconnu, c’est la première fois qu’il a son chapitre en point de vue et il est également le premier personnage à ne pas donner son nom à un chapitre mais à être identifié par nom commun. Avant d’être Aeron Greyjoy, il est le Prophète, ce qui ouvre de nouvelles perspectives de sens pour la saga, à la fois sur le fond et sur la forme (sur la forme, j’y vois un résultat du GRRM jardinier, qui s’apprête à récolter des graines semées bien plus tôt et qui ont mûri, mais je ne pense pas que ce choix de titre et l’idée de varier les dénominations ait été fait avant de commencer la rédaction d’AFFC et ADWD).
Un peu dans la même perspective que j’avais prise pour le dernier chapitre d’ASOS, mon angle de présentation-analyse sera d’abord de voir comment ce chapitre ouvre le nouveau tome et pose le thème donné par le titre A Feast for Crows, où cet épisode de l’histoire particulière des Greyjoy non seulement impacte les Îles de Fer mais résonne également symboliquement avec le reste de la saga (avant d’avoir une influence directe sur son cours, mais ça, ce sera bien plus tard, sur d’autres chapitres). Et bien sûr, le chapitre étant le point de vue d’Aeron Greyjoy, on ira explorer un brin ce que ce chapitre nous raconte de ce prophète bien tourmenté. Ces deux angles sont donnés dans la toute première phrase du chapitre, qui en un minimum de mots définissent un personnage et une situation :
The prophet was drowning men on Great Wyk when they came to tell him that the king was dead.
1. Le festin pour les corbeaux
a. « Le roi est mort »
The prophet was drowning men on Great Wyk when they came to tell him that the king was dead.
Si l’accroche est particulièrement brutale avec son économie de mots, la situation n’est pas nouvelle pour la saga, les morts de rois ne manquant pas. Cependant, la nouveauté est ici la place qu’elle occupe dans le chapitre et le tome : placée au début, elle est le point de départ du récit et non plus un point d’orgue succédant à tout un ensemble de péripéties faisant monter la tension. Le sujet n’est plus la mort du roi en elle-même et ce qui y a conduit, mais la réception de la nouvelle et ses conséquences. Autrement dit, après la partie de « chasse au trône », la « bataille des rois » et la « tempête d’épées », le champ de bataille laisse des morts, un festin pour les charognards.
La phrase « the king is dead » revient à plusieurs reprises dans le cours du chapitre : elle est formulée par des personnages, tout haut et en pensées, dans une sorte de course de relais qui donne sa dynamique au chapitre : au début du chapitre, nous avons le droit au rituel complet de la noyade, qui s’achève sur les paroles rituelles « what is dead can never die but rises harder and stronger »; les trois cavaliers qui viennent avertir Aeron Greyjoy attendent que ce dernier ait achevé et ne lui disent pas tout de suite pourquoi le lord du coin souhaite le voir : il semble que la nouvelle requiert le secret mais devant l’obstination du prophète, la phrase est lâchée « the king is dead » et déclenche immédiatement la réaction d’Aeron : il prend le chaval d’un des cavaliers et se rend chez le lord. La petite phrase magique commence poursuit alors son voyage après être arrivée sur des ailes de corbeau :
« Gorold’s had a bird, » said the Sparr.
« A maester’s bird, from Pyke, » Gormond confirmed.
Dark wings, dark words. « The ravens fly o’er salt and stone. If there are tidings that concern me, speak them now. »
(…)
« Tell him, » said the Sparr, and the youth in the red cloak summoned up his courage. « The king is dead, » he said, as plain as that. Four small words, yet the sea itself trembled when he uttered them.
Aeron se disait concerné par les marées et voilà que les « quatre mots » font « trembler la mer ».
Avec cette petite phrase voyage le prophète et ses phrases rituelles, un voyage physique dans les terres intérieures de Grand Wyk avant un retour dans la mer, mais aussi un voyage intérieur d’Aeron, dans l’histoire des Greyjoy et la sienne propre, avec ses zones d’ombres et ses angoisses : rituel et noires nouvelles vont se mêler et s’enrichir de sens au fur et à mesure qu’elles ponctuent le chapitre, pour s’unir à la fin et donner ceci :
« The iron king is dead! Yet a king will come again! For what is dead may never die, but rises again, harder and stronger! »
b. « Le temps est une roue… »
La phrase n’est pas dans le chapitre, mais elle sera prononcée à Harloi, par le Bouquineur, au cours d’une conversation avec Asha Greyjoy, la fille et héritière de Balon selon la volonté du défunt roi, tous deux évoqués dans le présent chapitre et moteurs hors-champ de l’action, comme on peut le constater à la fin du chapitre, lorsqu’un second lord vient demander officiellement conseil à Aeron Greyjoy après avoir reçu deux corbeaux chacun émanant d’un héritier putatif du roi mort :
« The king is dead, » the Damphair told him.
« Aye. I had a bird. And now another. » The Merlyn was a bald round fleshy man who styled himself “Lord” in the manner of the green lands, and dressed in furs and velvets. « One raven summons me to Pyke, another to Ten Towers. You krakens have too many arms, you pull a man to pieces. What say you, priest? Where should I send my longships? »
De fait, le schéma d’héritiers se disputant un trône est déjà largement connu dans la saga, dans la mesure où il a été tout l’enjeu du second tome, dans la lutte qui a opposé Joffrey, Renly et Stannis Baratheon (je ne compte ni robb ni Balon dans cette lutte, car ni l’un ni l’autre ne revendiquait le Trône de Fer). Cette lutte était elle-même précédée d’une lutte d’influence entre Stark et Lannister sur le cadavre de la défunte Main Jon Arryn, dès le premier tome. La mort soudaine de Jon Arryn, en forçant le départ pour le sud d’Eddard Stark, était elle-même le déclencheur de l’action première et de la chasse au trône (et au coupable).
En menant l’enquête sur la mort de Jon Arryn, Eddard Stark était amené à suivre ses traces et à se poser en héritier. De la même façon, Aeron Greyjoy va ici proclamer la poursuite de l’oeuvre de Balon Greyjoy à travers son futur héritier (« ce qui est mort ne meurt pas mais se relève plus dur et plus fort ») :
« My brother Balon made us great again, which earned the Storm God’s wrath. He feasts now in the Drowned God’s watery halls, with mermaids to attend his every want. It shall be for us who remain behind in this dry and dismal vale to finish his great work. »
Le tome 4 semble alors opérer un retour en arrière, une redite de tout ce qui a précédé, mais en changeant d’acteurs principaux puisque d’autres personnages sont ici mis en avant. Cependant, l’éclairage sur les Greyjoy introduit de nouvelles variations sur les thémes déjà abordés, à savoir l’héritage des morts et la question de la succession : les enjeux sont condensés en un seul chapitre et à la fin, loin d’être résolue, la situation est encore plus confuse et ouverte qu’elle n’était au début, puisque la convocation des Etats généraux de la royauté, pour élire un nouveau roi, promet d’agrandir le cercle des prétendants à la succession : en dehors d’Euron et Asha, sont évoqués Victarion (qui a la préférence d’Aeron Greyjoy mais pas le droit pour lui) puis Aeron lui-même (qui décline l’offre bien que GRRM nous ménage un petit suspense à ce propos). Comme le dit lord Merlyn, « le Kraken a trop de bras et il te met les hommes en pièces ».
On attend les prochains prétendants : les petites Îles de Fer vont-elles devenir un Westeros miniature ? Sont-elles suffisamment grasses pour contenter les corbeaux à leur festin ?
c. Les corbeaux, à table !
Si je voulais être absolument exacte, je devrais parler de « corneilles », puisqu’en vo il s’agit de « crows », mais dans le présent chapitre, tous les oiseaux sont traités de la même façon, qu’ils soient « raven » ou « crow », et à deux reprises simplement « birds ».
ici, sous le regard d’Aeron, les oiseaux annonciateurs de la nouvelle ne sont que des avant-goûts de la tempête qui s’annonce, personnifiée par Euron Crow-Eye, et pour Aeron, Euron est le charognard qui occupe indûment le Trône de Grès et qu’il faut chasser :
« Gorold’s had a bird, » said the Sparr.
« A maester’s bird, from Pyke, » Gormond confirmed.
Dark wings, dark words. « The ravens fly o’er salt and stone. If there are tidings that concern me, speak them now. »
(…)
« The king is dead, » he said, as plain as that. Four small words, yet the sea itself trembled when he uttered them.
(…)
He was not fond of horses—they were creatures from the green lands and helped to make men weak—but necessity required that he ride. Dark wings, dark words. A storm was brewing, he could hear it in the waves, and storms brought naught but evil.
(…)
He was born a lord’s son and died a king, murdered by a jealous god, Aeron thought, and now the storm is coming, a storm such as these isles have never known.
A ce moment-là, Aeron ne sait pas encore pour Euron, mais le lecteur qui a déjà eu l’occasion dans les tomes précédents de faire le lien entre les oiseaux, les charognards et les tempêtes qui retournent des situations (Samwell et Vère sauvés des zombies par des milliers de corbeaux, Jon attaqué et en partie défiguré par l’aigle abritant l’esprit d’un change-peau défunt, Jon encore élu lord Commandant après le signal donné par le vieu corbeau de Mormont, Lysa qui agonit Sansa d’une tempête de mots avant d’être précipitée dans le vide par un petit oiseau moqueur, etc… la liste est très très loin d’être exhaustive), est préparé à associer Euron au danger, à la tempête et à la mort.
Aeron was almost at the door when the maester cleared his throat, and said, « Euron Crow’s Eye sits the Seastone Chair. »
The Damphair turned. The hall had suddenly grown colder. The Crow’s Eye is half a world away. Balon sent him off two years ago, and swore that it would be his life if he returned.
Euron était associé à la tempête. On ajoute le froid : on retrouve une image et des mots présents dans le dernier chapitre de Sansa d’ASOS, où la grande salle où Lysa recevait Sansa devient soudainement plus froide à quelques mots prononcés qui précèdent un flots furieux et ininterrompu. Or, le froid est lié à l’hiver et aux Autres et le chapitre nous gratifie d’une formule qui est presque la devise des Stark :
(…) and now the storm is coming, a storm such as these isles have never known.
D’autre part, l’Oeil de Choucas était sensé se trouver très loin (« à l’autre bout du monde »), sous-entendant que des vents particulièrement rapides l’ont ramené dans les parages. Le danger et le lien à la mort est encore renforcé par la mention du bateau d’Euron, dont le pont est peint en rouge, prétendûment pour masquer le sang qui l’imprègne :
The decks of Euron’s ship were painted red, to better hide the blood that soaked them.
Si c’est un peu trop tard pour empêcher Euron de revendiquer la succession de Balon, rien n’est encore joué puisque les lords viennent demander davantage qu’un conseil à Tifs-trempés, lords représentés par Bonfrère (quel nom ironique !) celui qui vit à l’intérieur des terres, loin de la mer (mais près de mines de fer et dans la pierre), et lord Merlyn le riverain qui se fait bénir à l’eau de mer : pierre, fer et sel, dans cette danse du trône qui se joue à plusieurs, la hache est dans le camp d’Aeron.
Parmi les charognards et inclus dans la tempête qu’Aeron anticipe, ce dernier va compter Asha Greyjoy, qui à la fin du chapitre n’est plus nommée, mais réduite à un groupe de femmes qui complotent – « scheming women » : à Harloi, elle est en effet chez sa mère, la veuve de Balon. Bien que Balon l’ait désignée comme son héritière, Aeron se refuse à l’accepter parce qu’elle est une femme. Au long de la saga, plusieurs personnages sont qualifiés de comploteurs, mais les « schemes » s’attachent beaucoup plus particulièrement à Varys, Littlefinger et Tyrion, les deux premiers ayant une forte symbolique liée aux oiseaux. Pour Varys, il faut ajouter il faut ajouter la symbolique du petit animal rampant et vivant dans les sous-sols, comme les rats, souris ou vers, qui symboliquement sont l’inverse des oiseaux. cependant, les contraires ne sont ici qu’une apparence, car pour se situer chacun aux extrêmes, on les retrouve associés notamment via les arbres, en paticulier les barrals, dont les blanches abritent des oiseaux et dont les racines ressemblent à des vers : « sous la terre », il n’y a qu’un jeu de miroir avec « dans le ciel ».
Ce petit détour me ramène à Aeron Tifs-trempés, qui comme les « crows » entre dans la catégorie des charognards qui se précipitent sur les restes et l’héritage du roi mort et cherchent à se l’approprier avant de lui-même déclencher une tempête marine pour contrer la tempête Euron en convoquant tous les Fer-Nés à se rassembler aux Os de Nagga pour décider eux-même de la succession du roi défunt. C’est le moment de passer plus précisément au personnage d’Aeron et son portrait torturé.
2. Cheveux mouillés et voix de tonnerre, les tourments du Prophète
a. Sous les tentacules du kraken, les oiseaux de tempête.
En effet, bien qu’Euron soit le seul à assumer un surnom corvidé, notre prophète concentre sur ses actes et sa personne quelques similitudes avec son frère.
On peut relever en tout premier lieu sa voix tonnante « comme les vagues » mais aussi comme le tonnerre dans la tempête qui impose sa volonté à ses interlocuteurs.
Cela commence dans le château de lord Bonfrère d’abord, où la voix résonne comme si l’océan avait pénétré la grande salle :
« Silence! » Aeron roared. « Too long have the ironborn listened to you chain-neck maesters prating of the green lands and their laws. It is time we listened to the sea again. It is time we listened to the voice of god. » His own voice rang in that smoky hall, so full of power that neither Gorold Goodbrother nor his maester dared a reply.
A ce moment, le registre reste celui d’un fauve bien terrestre (« roared ») mêlé à celui de l’océan, mais dès qu’Aeron retrouve l’air libre, le registre passe à celui du tonnerre et de l’orage qui emporte une douzaine de futurs nouveaux convertis au passage :
His voice was as deep as the ocean, and thundered like the waves. (…) Some of those who heard him threw down their hoes and picks to follow, so by the time he heard the crash of waves a dozen men walked behind his horse, touched by god and desirous of drowning.
Enfin, le chapitre s’achève sans ambiguïté sur les paroles de notre oiseau marin qui ont réveillé l’enthousiasme d’une foule dont le bruit tonitruant répond directement à la tempête menaçante de l’Oeil de Choucas dans ses nuages :
And the clamor that they made was so thunderous that surely the Crow’s Eye heard the shouts on Pyke, and the vile Storm God in his cloudy hall. And Aeron Damphair knew he had done well.
Dans la saga, les animaux doués de la paroles ou qui portent les messages sont les corvidés et dans ce chapitre, Aeron illustre parfaitement l’adage « words are wind » – « les mots sont du vent », non pas qu’ils soient vides de sens mais au contraire par leur capacité à susciter l’action et à mouvoir les autres, comme le vent qui souffle peut faire bouger le monde en fonction de sa force.
Le son de la voix n’est pas le seul signe qui rapproche Aeron d’un oiseau : sa malaisance à cheval – un animal bien terrestre – ou ses réticences face à tous les signes qu’il perçoit chez les autres de « contamination » par les « pays verts » (green lands, comprendre tout ce qui n’est pas au bord de la mer) y participent, même s’ils sont davantage des signes « par défaut », au sens où ils conviendraient aussi bien à un poisson… ou un kraken.
J’interprète cela comme le signe que dans l’usage de la symbolique littéraire, GRRM dépeint la mer et le ciel comme des reflets l’un de l’autre, avec la terre au milieu comme surface miroitante. C’est bien sûr à rapprocher des mystérieuses petites du fou Bariol, comme celle-ci :
« Under the sea, the birds have scales for feathers, » he said, clang-a-langing. « I know, I know, oh, oh, oh. » (ACOK, prologue)
Aeron n’a pas de plumes, mais il a les pieds bien calleux, et ses servants noyés ont les mains calleuses, si on veut bien me pardonner d’imaginer que le cal puisse faire figure d’écailles.
Puisqu’on est sur les chansons de Bariol, en voici un autre verset qui me permet une petite transition :
« Under the sea, smoke rises in bubbles, and flames burn green and blue and black, (…) »
Le vert et le bleu sont justement les couleurs de la robe d’Aeron et de ses prêtres noyés (et il a les pieds noirs), des couleurs marines qui ne sont en fait la plupart du temps que le reflet du ciel sur la mer. Il y a là à mon sens un parallèle à établir avec les prêtres de R’Hllor de la saga, qui regardent dans les flammes comme Aeron écoute le bruit des vagues, sont vêtus de robes rouges et pratiquent la « résurrection » par le biais d’un baiser de feu. Si chez Aeron le « réveil » des noyés n’a rien de magique et qu’il s’agit seulement d’expulser l’eau de mer qui a envahi les poumons avant la mort réelle, Thoros – lui – ranime bien Dondarrion à plusieurs reprises, Dondarrion bientôt surnommé le « Seigneur la Foudre ». Si on compte que Melisandre avec ses grandes robes est comparée à plusieurs reprise à un oiseau (et plus tard qu’on va retrouver un prêtre rouge dans le sillage d’un Greyjoy lancé à la poursuite d’une reine-dragon), cela ajoute de nouveaux éléments pour faire d’Aeron Greyjoy une bestiole non pas terrestre mais marine et comme une image en miroir de la créature « céleste » que serait Euron Greyjoy.
b. Histoire tragique d’un benjamin prisonnier de ses aînés
Le chapitre nous dévoile par ailleurs un peu plus de l’histoire des Greyjoy que nous n’en avions avec Theon : Aeron est de la génération précédente, et ses pensées et son histoire personnelle tracent quelques contours supplémentaires : trois passages introspectifs dans le chapitre nous permettent d’une apprendre davantage à ce propos.
Les deux premiers ont lieu pendant les deux trajets à cheval du Prophète : la première fois lorsqu’il se rend chez les Bonfrère à l’intérieur des terres :
As Aeron rode, his thoughts turned to his brothers.
On y apprend qu’il a eu 8 frères, de trois mères différentes. Les trois mères ont une symbolique très forte qui avait été relevée il y a déjà plusieurs années sur ce forum et semblaient illustrer l’histoire religieuse des Îles de fer : la première épouse qui a donné trois fils est une Stonetree (« arbre pierre », on pense très fort aux barrals desséchés et tournés en pierre), dont le seul fils parvenu à l’âge adulte était malade de la grisécaille et a fini coincé dans une pièce aveugle (sans fenêtres) et la bouche et la langue changés en pierre. Ils représentent les « Anciens dieux » et l’impossibilité pour les barrals et le « culte » qui leur est lié de prospérer sur les Îles de fer, bien que certains éléments transformés aient pu se transmettre et aient été oubliés : Aeron ne se souvient plus de ses deux frères aînés morts avant l’âge adulte.
La seconde épouse, une Sunderly de Saltcliff (« Tonnerre de Brest de falaise de sel ») donne cinq fils bien vivants et solides, et avec un nom pareil, elle coche toutes les cases de la religion des Fer-Nés : de la tempête à la pierre en passant par le sel de la mer. ici, c’est davantage l’abondance de fils, chaque Fer-né étant roi sur son bateau et par conséquent susceptible de revendiquer sa part de domination sur les autres bien au-delà de sa liberté propre.
La troisième épouse venait des « terres vertes » (on apprendra sa famille au voyage retour d’Aeron) et n’a donné qu’un fils très faible avant de mourir elle-même en couches en donnant naissance à une fille morte-née. Elle représente la religion des 7 qui n’a pas vraiment réussi à prendre sur les Îles de fer, ou tout au moins des proportions tout à fait négligeables.
Ce passage en revue d’une grande famille amène à développer le personnage maintenant défunt de Balon, qu’on apprend à connaître dans sa jeunesse à travers les souvenirs d’Aeron, comme s’il préparait son oraison funèbre : ce sont donc les instants de gloire qui demeurent dans un premier temps, ceux où Balon a montré sa précocité et ses succès dans toutes ses entreprises. Aeron ne cache pas son admiration pour son frère :
Aeron had been the last and least of the four krakens, Balon the eldest and boldest, a fierce and fearless boy who lived only to restore the ironborn to their ancient glory. At ten he scaled the Flint Cliffs to the Blind Lord’s haunted tower. At thirteen he could run a longship’s oars and dance the finger dance as well as any man in the isles. At fifteen he had sailed with Dagmer Cleftjaw to the Stepstones and spent a summer reaving. He slew his first man there and took his first two salt wives. At seventeen Balon captained his own ship.
A y regarder de près, Theon Greyjoy était précoce lui aussi, et audacieux, mais on peut constater qu’il lui a particulièrement manqué le soutien de sa famille de sang. Comme Theon, on apprend que le jeune Aeron n’a d’abord récolté que le mépris de son aîné :
He was all that an elder brother ought to be, though he had never shown Aeron aught but scorn. I was weak and full of sin, and scorn was more than I deserved. Better to be scorned by Balon the Brave than beloved of Euron Crow’s Eye.
L’amour du Choucas est ici une première alerte. La phrase qui suit immédiatement résume la situation présente et la manière dont Aeron se la raconte : Balon est mort par la faute d’un dieu jaloux, le dieu des tempêtes, et voilà justement la tempête qui menace, qu’il a pu sentir dans les vagues et la mer. Il est possible ici que la magie soit réellement à l’oeuvre : de même qu’Euron semble avoir des dons de change-peau et que Theon a une sensibilité particulière au « monde des esprits » (comme en témoignent ses rêves à Winterfell, puis plus tard son dialogue avec le barral), Aeron qui a connu une période de captivité dans les tréfonds de Castral Roc et un séjour plus long qu’il n’aurait fallu dans la mer perçoit réellement des choses à travers les vagues, et je ne serais pas surprise qu’il ait ici pressenti le retour d’Euron, sans avoir pu l’identifier formellement.
Après le passage près des entrailles de la terre, dans le château des Bonfrère, le retour à cheval vers la mer est l’occasion d’une seconde introspection (c’est le terme « drowse » qui l’entraîne et je releve le jeu de mot avec « drown », préparant la 3e introspection, dans la mer), cette fois concentrée sur un des épisodes traumatiques vécus par Aeron, la mort du frère dont il était le plus proche, Urri, suite à une blessure lors d’une « danse du doigt », blessure mal soignée par le mestre. Le mestre fut puni, mais pas Aeron qui avait causé la blessure. On devine derrière l’histoire qu’Aeron en garde une forte culpabilité et que toute l’histoire autour du mestre n’est là que pour la masquer. D’ailleurs, après cela, le jeune Aeron n’a pus jamais pratiqué la « danse du doigt » et s’est employé à tourner systématiquement toute la virilité Fer-né en dérision par ses excès : le concours de celui qui boit le plus (d’alcool, pas d’eau de mer, faut pas charrier), le concours de celui qui pisse le plus loin, le concours de celui qui a la plus grosse (non réalisé finalement, Balon ayant menacé de mort le petit insolent). Il est assez ironique de constater que Stannis Baratheon – ce cadet « castré » par son frère – avait à son tour « castré » Aeron en « coupant en deux » son bateau « Tempête dorée » avec sa plus grosse « Fureur ».
In the end the Golden Storm went down off Fair Isle during Balon’s first rebellion, cut in half by a towering war galley called Fury when Stannis Baratheon caught Victarion in his trap and smashed the Iron Fleet.
Le comble de l’humiliation est atteint pour Aeron lors de sa captivité consécutive à un repêchage post bataille navale :
Some fishermen took him captive and marched him down to Lannisport in chains, and he spent the rest of the war in the bowels of Casterly Rock, proving that krakens can piss farther and longer than lions, boars, or chickens.
L’ordre des animaux de moins en moins « nobles » et guerriers est une manière de montrer à quel point Aeron a pu considérer sa jeunesse comme vaine.
Si la conversion est venue, sous la forme d’une mort et d’une résurrection – illustrant au sens propre les mots rituels de la religion des Fer-nés, Aeron n’en est pas pour autant un homme tout à fait libre comme il le voudrait.
c. Prophète du Noyé ou porteur de son propre désir de revanche ?
Tout d’abord, à son excès de vanité, répond son fanatisme absolu : le chapitre s’ouvre sur une scène de noyade fort cruelle, où un jeune converti se débat sans que Tifs-trempés éprouve à son égard la moindre empathie. Au contraire, il ne voit en lui que de la faiblesse :
The first three men had offered their lives to the Drowned God fearlessly, but the fourth was weak in faith and began to struggle as his lungs cried out for air. Standing waist-deep in the surf, Aeron seized the naked boy by the shoulders and pushed his head back down as he tried to snatch a breath. « Have courage, » he said.
Lorsqu’on arrive à la fin du chapitre, avec la connaissance du passé et de la conversion d’Aeron, on peut interpréter le rituel de noyade du jeune Emmond comme Aeron qui continue de noyer indéfiniment son ancien moi, comme si celui-ci était toujours présent au fond de lui et qu’il avait besoin de le tuer.
Le fanatisme est également perceptible dans l’autoritarisme dont il peut faire preuve, avec une pointe de mesquinerie dans les « leçons » qu’il donne en douce, et dans sa promptitude à juger les autres : quand un des triplés Bonfrère vient le chercher avec une petite escorte, Aeron repère tout de suite que le garçon est réticent à descendre de son cheval. Il imagine qu’il craint d’abîmer ses bottes, mais surtout il se sent toisé de haut et la demande insistante sonne comme un ordre. Qu’à cela ne tienne ! il va lui donner une bonne leçon (sans la lui expliquer) en lui prenant son cheval pour aller chez son père sans l’attendre.
« Where is Gormond? » Gorold asked when he saw Aeron.
« He returns afoot. (…) »
Quoi de plus humiliant pour un fils de seigneur (de l’intérieur des terres) que d’être privé de son cheval, donc de ce qui marque sa différence avec les autres Fer-nés ?
Une fois dans le château de lord Bonfrère, Aeron se montre intransigeant et donne des ordres au seigneur du lieu qui doit lui rappeler qu’il est chez lui et qu’il est le maître :
Send your women away, my lord. And the maester as well. » He had no love of maesters. Their ravens were creatures of the Storm God, and he did not trust their healing, not since Urri. No proper man would choose a life of thralldom, nor forge a chain of servitude to wear about his throat.
« Gysella, Gwin, leave us, » Goodbrother said curtly. « You as well, Gran. Maester Murenmure will stay. »
« He will go, » insisted Aeron.
« This is my hall, Damphair. It is not for you to say who must go and who remains. The maester stays. »
The man lives too far from the sea, Aeron told himself. « Then I shall go, » he told Goodbrother.
Aeron commence à partir, et de la même façon que les 4 mots annonçant la « mort du roi » – prononcés par le fils du lord – avaient décidé Aeron à écouter et à répondre à la convocation de lord Bonfrère, le mestre prononce une phrase magique qui retient Aeron :
Aeron was almost at the door when the maester cleared his throat, and said, « Euron Crow’s Eye sits the Seastone Chair. »
The Damphair turned. The hall had suddenly grown colder.
Sous le Prophète fanatique, se cache un homme plus fragile qu’il ne voudrait :
Aeron Greyjoy had built his life upon two mighty pillars. Those four small words had knocked one down. Only the Drowned God remains to me. May he make me as strong and tireless as the sea.
Euron, qu’Aeron voit comme l’incarnation du maléfique dieu des tempêtes, en guerre contre le dieu Noyé, vient donc directement menacé le second pilier sur lequel repose la vie d’Aeron. Au finale, Aeron est prisonnier de ses peurs et de ses angoisses, et si l’on ne peut que deviner ce que signifient les allusions au grincement strident des gonds d’une porte, ils résonnent également comme les gonds d’une porte de prison :
The sound came softly, the scream of a rusted hinge. « Urri, » he muttered, and woke, fearful. There is no hinge here, no door, no Urri.
Cette phrase ouvre la seconde introspection.
A la troisième introspection, dans les vagues, lorsque Tifs-trempés cherche la réponse à son dilemme et surtout ses angoisses, la phrase revient :
No mortal man could frighten him, no more than the darkness could . . . nor memories, the bones of the soul. The sound of a door opening, the scream of a rusted iron hinge. Euron has come again. It did not matter. He was the Damphair priest, beloved of the god.
Elle revient une dernière fois, comme une incantation pour conjurer la peur après qu’Aeron a « entendu » son dieu lui parler à travers ses vagues et a été rassuré au point de pouvoir trouver enfin le repos :
The night was so cold that his body seemed to steam as he stalked back toward his shelter, but there was a fire burning in his heart, and sleep came easily for once, unbroken by the scream of iron hinges.
Ce mantra, associé aux autres mantras du chapitre (« ce qui est mort ne peut pas mourir mais se relève plus dur et plus fort », « un impie ne peut pas monter sur le Trône de Grès »… Aeron est un homme bourré de mantras) n’est pas sans rappeler la jeune Arya, elle aussi une enfant cadette qui a vécu de violents traumatismes et tente désespérément de conjurer ses angoisses à travers des phrases qui sonnent comme des bouées pour sa survie mentale (« les loups ne pleurent pas », « la peur est plus tranchante que l’épée », la liste de noms, etc…) : quand tous les proches, toutes les personnes et choses auxquelles on s’attache ou voudrait s’attacher disparaissent les unes après les autres, il ne reste que les mots qu’on prononce et les histoires qu’on se raconte.
Ainsi, notre prophète tourmenté et toujours prisonnier de son passé va se lancer dans la bataille contre son démon extérieur et intérieur à la fois, représenté par Euron. Sa croyance est son point d’appui : alors qu’il a l’écoute des fer-nés qui viennent lui demander conseil, il n’a pas suffisamment de courage pour s’opposer directement et frontalement à son frère Euron. Bousculé dans son confort mental de surface par les deux nouvelles, Aeron va se débattre exactement comme le jeune noyé Emmond s’est débattu au début du chapitre et va chercher des échappatoires : Victarion au lieu de la femme Asha et de l’impie Euron ? Aeron le Prophète ? Sa meilleure idée est en réalité une non-décision, un non choix qui laisse toute responsabilité à l’ensemble des Fer-nés : les Etats généraux de la royauté, au cours desquels les Fer-nés doivent choisir le roi qu’ils désirent. C’est confortable et le tonnerre de clameurs qu’Aeron suscite en les proclamant a de quoi le rassurer, en un sens, il couvre le crissement des gonds de porte, mais le texte n’assure pas qu’il s’agisse bien de la volonté du dieu Noyé. Le texte suggère même davantage un processus par association d’idée et donc une réponse qu’Aeron a trouvée en lui-même :
Nine sons were born from the loins of Quellon Greyjoy, and I was the least of them, as weak and frightened as a girl. But no longer. That man is drowned, and the god has made me strong. The cold salt sea surrounded him, embraced him, reached down through his weak man’s flesh and touched his bones. Bones, he thought. The bones of the soul. Balon’s bones, and Urri’s. The truth is in our bones, for flesh decays and bone endures. And on the hill of Nagga, the bones of the Grey King’s Hall . . .
And gaunt and pale and shivering, Aeron Damphair struggled back to the shore, a wiser man than he had been when he stepped into the sea. For he had found the answer in his bones, and the way was plain before him.
- Ce sujet a été modifié le il y a 1 année et 9 mois par R.Graymarch. Raison: table
12 mars 2023 à 7 h 21 min #188845R.Graymarch- Barral
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A l’avenir, ce serait sympa de penser aussi au panneau de navigation, il y a le code dans le topic de répartition. Merci
Nouveau personnage dans un lieu qu’on a déjà vu (via Theon). Je ne me souviens pas de mes impressions en primo-lecture mais Aeron impressionne, à défaut d’être sympathique
La scène d’ouverture est assez violente : dans un décor lugubre, on assiste à un baptême fer-né. Un evil Saint Jean-Baptiste, en somme
“Have courage,” he said. “We came from the sea, and to the sea we must return. Open your mouth and drink deep of god’s blessing. Fill your lungs with water, that you may die and be reborn. It does no good to fight.”
Either the boy could not hear him with his head beneath the waves, or else his faith had utterly deserted him. He began to kick and thrash so wildly that Aeron had to call for help. Four of his drowned men waded out to seize the wretch and hold him underwater. “Lord God who drowned for us,” the priest prayed, in a voice as deep as the sea, “let Emmond your servant be reborn from the sea, as you were. Bless him with salt, bless him with stone, bless him with steel.”
Finally, it was done. No more air was bubbling from his mouth, and all the strength had gone out of his limbs. Facedown in the shallow sea floated Emmond, pale and cold and peaceful.
Et là, trois cavaliers arrivent et Aeron s’intéresse à eux. Euh, y a un mec en train de mourir, là non ? Mais ouf il est sauvé. Le rituel est intéressant. « punch and kiss », c’est un club viriliste, un peu, non ? D’ailleurs, il n’y a que des hommes à être baptisés ainsi on dirait.
His drowned men formed a circle around the dead boy, praying. Norjen worked his arms whilst Rus knelt astride him, pumping on his chest, but all moved aside for Aeron. He pried apart the boy’s cold lips with his fingers and gave Emmond the kiss of life, and again, and again, until the sea came gushing from his mouth. The boy began to cough and spit, and his eyes blinked open, full of fear.
Another one returned. It was a sign of the Drowned God’s favor, men said. Every other priest lost a man from time to time, even Tarle the Thrice-Drowned, who had once been thought so holy that he was picked to crown a king. But never Aeron Greyjoy. He was the Damphair, who had seen the god’s own watery halls and returned to tell of it. “Rise,” he told the sputtering boy as he slapped him on his naked back. “You have drowned and been returned to us. What is dead can never die.”
“But rises.” The boy coughed violently, bringing up more water. “Rises again.” Every word was bought with pain, but that was the way of the world; a man must fight to live. “Rises again.” Emmond staggered to his feet. “Harder. And stronger.”
“You belong to the god now,” Aeron told him. The other drowned men gathered round and each gave him a punch and a kiss to welcome him to the brotherhood. One helped him don a roughspun robe of mottled blue and green and grey. Another presented him with a driftwood cudgel. “You belong to the sea now, so the sea has armed you,” Aeron said. “We pray that you shall wield your cudgel fiercely, against all the enemies of our god.”
Aeron s’intéresse aux nouveaux venus et en bon prosélyte, il propose un baptême. On apprend à l’occasion qu’ils ont déjà reçu un baptême mais plutôt « au rabais » pour Aeron
“I was drowned as a boy,” he said, “and my son upon his name day.”
Aeron snorted. That Steffarion Sparr had been given to the Drowned God soon after birth he had no doubt. He knew the manner of it too, a quick dip into a tub of seawater that scarce wet the infant’s head. Small wonder the ironborn had been conquered, they who once held sway everywhere the sound of waves was heard. “That is no true drowning,” he told the riders. “He that does not die in truth cannot hope to rise from death. Why have you come, if not to prove your faith?”
Les cavaliers viennent chercher Aeron mais ce dernier a du boulot (voire du bulot, sur les côtes). Donc après avoir dit que « these others » sont les noyés… Aeron demande l’objet de leur visite
“Tell him,” said the Sparr, and the youth in the red cloak summoned up his courage. “The king is dead,” he said, as plain as that. Four small words, yet the sea itself trembled when he uttered them.
Four kings there were in Westeros, yet Aeron did not need to ask which one was meant. Balon Greyjoy ruled the Iron Islands, and no other. The king is dead. How can that be? Aeron had seen his eldest brother not a moon’s turn past, when he had returned to the Iron Islands from harrying the Stony Shore.
Aeron appréciait vraiment son frère. D’après les circonstances de sa mort, c’est une vengeance du dieu des tempêtes (quand on est un marteau, tous les problèmes ressemblent à des clous). Aeron accepte de parler au père des émissaires et pour ça il emprunte un cheval, tout en disant que c’est vraiment pas un truc de vrai fer-né (paye ton opportunisme). Marrant aussi comme il a intériorisé la devise liée aux corbeaux même s’il déteste les mestres et ce qu’ils représentent
“One can ride faster than two. Give me your horse, and the Drowned God will bless you.”
“Take my horse, Damphair,” offered Steffarion Sparr.
“No. His mount is stronger. Your horse, boy.”
The youth hesitated half a heartbeat, then dismounted and held the reins for the Damphair. Aeron shoved a bare black foot into a stirrup and swung himself onto the saddle. He was not fond of horses—they were creatures from the green lands and helped to make men weak—but necessity required that he ride. Dark wings, dark words.
Aeron profite du voyage pour nous présenter ses frères. Quand on a lu les 5 tomes (et un chapitre preview de TWOW), cette phrase, quand même….
At seventeen Balon captained his own ship. He was all that an elder brother ought to be, though he had never shown Aeron aught but scorn. I was weak and full of sin, and scorn was more than I deserved. Better to be scorned by Balon the Brave than beloved of Euron Crow’s Eye.
Aeron arrive et joue de son prestige familial pour faire renvoyer le mestre. Mais en vain, c’est lui qui reste car on a dit le nom magique (Euron)
Aeron told himself. “Then I shall go,” he told Goodbrother. Dry rushes rustled underneath the cracked soles of his bare black feet as he turned and stalked away. It seemed he had ridden a long way for naught.
Aeron was almost at the door when the maester cleared his throat, and said, “Euron Crow’s Eye sits the Seastone Chair.”
The Damphair turned. The hall had suddenly grown colder. The Crow’s Eye is half a world away. Balon sent him off two years ago, and swore that it would be his life if he returned. “Tell me,” he said hoarsely.
On apprend que Balon voulait Asha pour lui succéder (tu m’étonnes que Theon n’a pas fait bonne impression) mais Aeron est contre parce que c’est une femme (Balon progressiste, on aura tout vu). On voit ensuite que comme pour le cheval, Aeron s’arrange bien de ses principes avec quelques arguties
“Euron is elder,” the priest said, “but Victarion is more godly.”
“Will it come to war between them?” asked the maester.
“Ironborn must not spill the blood of ironborn.”
“A pious sentiment, Damphair,” said Goodbrother, “but not one that your brother shares. He had Sawane Botley drowned for saying that the Seastone Chair by rights belonged to Theon.”
“If he was drowned, no blood was shed,” said Aeron.
Et encore une mention qui dérange (et du « Silence » qui pourrait aussi évoquer un bateau)
“I must send word to Pyke, and soon,” said Gorold Goodbrother. “Damphair, I would have your counsel. What shall it be, homage or defiance?”
Aeron tugged his beard, and thought. I have seen the storm, and its name is Euron Crow’s Eye. “For now, send only silence,” he told the lord. “I must pray on this.”
“Pray all you wish,” the maester said. “It does not change the law. Theon is the rightful heir, and Asha next.”
“Silence!” Aeron roared.
Aeron est décidé et reprend un cheval pour aller au prochain château. Cela dit, on ne peut pas dire qu’Aeron cherche le confort. L’auteur, malin, en profite pour nous donner l’origin story d’Aeron, et notamment son statut de born again. Aeron a décidé, il faut que Victarion gagne (et Euron gagne encore une réputation de grand méchant)
The decks of Euron’s ship were painted red, to better hide the blood that soaked them. Victarion. The king must be Victarion, or the storm will slay us all.
A la fin du chapitre, Aeron harangue sa foule (et lord Merlyn dans des actes très pieux, pour reconnaître l’aura d’Aeron). Celle qui le veut pour roi d’ailleurs mais lui n’est pas intéressé. Et il parle en parabole (tiens, tiens), en passant de son cas à celui d’Euron.
Aeron shook his head. “If a father has two sons and gives to one an axe and to the other a net, which does he intend should be the warrior?”
“The axe is for the warrior,” Rus shouted back, “the net for a fisher of the seas.”
“Aye,” said Aeron. “The god took me deep beneath the waves and drowned the worthless thing I was. When he cast me forth again he gave me eyes to see, ears to hear, and a voice to spread his word, that I might be his prophet and teach his truth to those who have forgotten. I was not made to sit upon the Seastone Chair . . . no more than Euron Crow’s Eye. For I have heard the god, who says, No godless man may sit my Seastone Chair!”
Et là, Aeron surprend tout le monde avec les états généraux de la royauté
He raised his bony hands on high again. “Listen! Listen to the waves! Listen to the god! He is speaking to us, and he says, We shall have no king but from the kingsmoot!”
A roar went up at that, and the drowned men beat their cudgels one against the other. “A kingsmoot!” they shouted. “A kingsmoot, a kingsmoot. No king but from the kingsmoot!” And the clamor that they made was so thunderous that surely the Crow’s Eye heard the shouts on Pyke, and the vile Storm God in his cloudy hall. And Aeron Damphair knew he had done well.
Qu’est-ce qu’il a créé ce fanatique d’Aeron ? Car tout ne va pas bien se passer….
Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
MJ par intérim de Les Prétendants d'Harrenhal (2024-), rejoignez-nous
DOH : #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais12 mars 2023 à 10 h 07 min #188848Eridan- Vervoyant
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Merci Emmalaure pour cette ouverture, c’était une lecture intéressante.
Je ne me souviens pas de mes impressions en primo-lecture mais Aeron impressionne, à défaut d’être sympathique
Moi si ! ^^ « Holala ! L’intégrale 4 commence mal ! Après un premier chapitre cryptique, où on ne retrouve aucun personnage connu ou intéressant [1], voilà que le second chapitre porte sur un fanatique, et fer-né en plus ! Tout ce que je déteste [2] ! J’espère que le prochain chapitre portera sur un personnage plus passionnant [3]. »
- En définitive, entre l’alchimiste, le mystère Pat, Alleras, les mystères des mestres … Ce prologue fait partie de mes préférés.
- Grave erreur là encore !
- Areo Hotah … Pas passionnant en lui-même, mais Dorne et son intrigue me passionnent depuis le début.
Donc finalement, cette intégrale 4 commence pas si mal ! ^^
J’ai mis beaucoup de temps à apprécier ce chapitre, il n’y a pas si longtemps, il faisait encore partie de ceux qui me repoussaient profondément. Aujourd’hui, j’y trouve nombres de pépites, notamment dans les relations de pouvoirs complexe des îles de Fer, qui tanguent entre les influences historiques et modernes citées par Emmalaure : anciens dieux quasiment disparus, dieu Noyé trop bien implanté, et l’influence minoritaire mais perçante des terres vertes. Le point culminant de cette lutte d’influence dans le chapitre, c’est le passage chez Gorold, qui congédient les femmes (Ben tiens ! On va parler politique, ça ne les concerne pas. Asha est mal barrée !) mais garde à ses côtés le prêtre et le mestre pour le conseiller. Et pour tous ceux qui pensent que les règles de succession sont claires, précises et indiscutables … Aeron et Murenmure vont prouver que non :
« Pour parler en termes de légitimité, le trône de Grès est l’apanage de Theon, s’il vit toujours, ou d’Asha, dans le cas contraire. Telle est la loi.
– Loi de contrée verte, riposta dédaigneusement Aeron. En quoi nous concerne-t-elle, nous autres ? Nous qui sommes fer-nés, les fils de la mer, élus du dieu Noyé ? Nulle femme n’est admise à régner sur nous, non plus que ne l’est un sans-dieu.
[…]
– Etant donné qu’Euron prévaut par son statut d’aîné… », commença le mestre.
Aeron lui imposa silence d’un simple regard. […] « L’âge joue peut-être en faveur d’Euron, lui opposa-t-il, mais, à coup sûr, c’est en faveur de Victarion que joue la piété.
[…]
– Priez tant qu’il vous plaira, repartit le mestre, la loi n’en demeure pas moins ce qu’elle est. Theon est l’héritier légitime, et Asha vient juste après lui.
– Silence ! rugit Aeron. Vous autres, mestres à la chaîne au cou, les Fer-nés ne vous ont déjà que bien trop longtemps entendus jacasser sur les contrées vertes et leurs lois. Il est temps que nous nous remettions à écouter la mer. Il est temps que nous écoutions la voix de notre dieu. »Parfois, la loi doit céder. ^^
Sinon, la remarque de Graymarch sur evil Saint Jean-Baptiste est très juste ^^ Certes, les Fer-nés ont une forte inspiration viking (ne serait-ce que les sirènes qui accueille les défunts valeureux pour un banquet sans fin dans les demeures liquides du dieu Noyé, on voit bien d’où ça vient ^^). Mais on retrouve aussi une très forte influence chrétienne dans la religion du dieu Noyé, de façon tout aussi tordue que dans la religion de R’hllor : c’est une religion dualiste, il y a des baptêmes (extrêmes), des phrases rituelles, des prophètes (pas de livre ou de temples, par contre). Et certaines phrases sont construites en miroir de citations bien connues, histoire de venir confirmer le parallèle :
Mieux valait être méprisé par Balon le Brave qu’adoré par Euron le Choucas.
On croirait entendre l’écho de la célèbre maxime « mieux vaut régner en enfer que servir le ciel. » / Better to reign in Hell, than serve in Heaven. (Le Paradis perdu, John Milton)
Qu’est-ce qu’il a créé ce fanatique d’Aeron ? Car tout ne va pas bien se passer….
Quand Theon a le droit traditionnel pour lui, qu’Asha dispose de la volonté du défunt et qu’Euron a pour lui l’aînesse, l’aura et la situation (il est déjà assis sur le Trône) … De quel droit peut se prévaloir Victarion pour déloger son frère du Trône ? ^^
Bien sûr, c’est une non-décision, mais Aeron est aussi forcé de faire avec la situation présente et les contraintes contextuelles. La solution qu’il trouve n’est pas la pire du point de vue de l’urgence de la succession ou de l’unité des îles. Susciter une guerre contre Euron, avec un candidat n’ayant qu’une faible légitimité (que ce soit Asha, Victarion ou lui-même) ou carrément absent (Theon) aurait été tout aussi vain. Et surtout, ça irait à l’encontre d’un principe fer-né très important, sur lequel GRRM passe rapidement je trouve dans ce chapitre, mais qui pourrait être important pour la suite :
– Les Fer-nés ne sauraient se permettre de verser du sang de Fer-nés.
– Sentiment pieux, Tifs-Trempes, admira Gorold, mais d’un genre auquel votre frère ne sacrifie point. Il a fait noyer Sawane Botley pour avoir tout bonnement dit que le trône de Grès appartenait de plein droit à Theon.
– Si c’est bien par noyade qu’on a procédé, alors, il n’y a pas eu d’effusion de sang », proféra le prêtre.TWOIAF nous confirme qu’il s’agit d’une règle sacrée chez les Fer-nés. (D’où d’ailleurs les modus operandi d’Euron pour se débarrasser de ses frères ?) Est-ce que ce sera à nouveau important et utilisé pour la suite ? Je n’en suis pas sûr, mais c’est possible.
Un autre point qui a suscité des questions chez moi : le nom du premier navire d’Aeron.
En fin de compte, Le Typhon d’or avait coulé corps et biens au large de Belle Ile, coupé en deux, lors la première rébellion Greyjoy, par La Fureur, une monstrueuse galère de guerre, le jour où Stannis Baratheon était arrivé à refermer sa nasse sur Victarion et à écraser la flotte de Fer.
En vo, c’est encore plus clair : Golden Storm. Le premier mot fait penser aux Lannister, le second aux Baratheon. Là où ça me fait réfléchir, c’est que le dieu des tempêtes, ennemi du dieu Noyé, est appelé Storm God, en vo. Ca soulève plein de questions. J’y vois bien sûr la vanité de la jeunesse dont parlait Emmalaure, un appel vers les contrées vertes également … mais n’y a-t-il pas aussi une marque d’impiété juvénile à nommer son navire d’après l’élément du shaytan de ton dieu officiel ?
Les autres questions que ça suscite chez moi, c’est le lien entre Greyjoy et Baratheon … Les storm king (roi de l’Orage) régnant sur les Greyjoy, n’était-ce pas dès le départ impossible ?"Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"
12 mars 2023 à 10 h 58 min #188849Emmalaure- Exterminateur de Sauvageons
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Mais on retrouve aussi une très forte influence chrétienne dans la religion du dieu Noyé, de façon tout aussi tordue que dans la religion de R’hllor :
Pour la petite histoire, dès ma première lecture du chapitre, j’avais pensé çà une vieille blague de Coluche qui disait qu’heureusement que Jésus n’était pas mort noyé, sinon on porterait des aquarium autour du cou. J’avoue que je me suis retenue de faire la blague à l’envers, parce que je me suis rappelée qu’il y a de gens qui imitent pour de vrai et très sérieusement la mise en croix et tout le chemin de croix dans certains rituels religieux.
Ca soulève plein de questions. J’y vois bien sûr la vanité de la jeunesse dont parlait Emmalaure, un appel vers les contrées vertes également … mais n’y a-t-il pas aussi une marque d’impiété juvénile à nommer son navire d’après l’élément du shaytan de ton dieu officiel ?
Pour moi c’est effectivement le cas : après la mort d’Urrigon, Aeron pendant une assez longue période est en révolte contre tout ce qui fait les Fer-nés, leur virilisme (qui avec ses jeux violents a conduit à la mort de son frère et ami) et leur religion, et tous ses actes ont une portée symbolique à mon sens très consciente : la virilité réduite au fait de pisser le plus loin possible, l’or (la richesse admise uniquement si elle est issue des pillages) changé en pisse, les baptêmes-noyades transformés en beuveries, le produit des pillages incarné par des chèvres dont il se goinfre pendant un an (en gros, les Fer-nés ont beau se la raconter, c’est la seule richesse qu’ils arrivent à ramener, des troupeaux de chèvres !). En résumé, avant de se voir comme un jeune vaniteux et de devenir plus royaliste que le roi, Aeron a vu et voulu révéler la vanité des valeurs fer-nées. Il ne fait que passer d’un extrémisme à l’autre, sans doute aussi parce que la mort d’Urrigon n’est pas le seul traumatisme subi, mais que plane comme une ombre un lourd secret familial : le ou les viols commis par Euron (c’est comme ça que j’ai interprété les allusions aux gonds crissants dès la première lecture, ma seule interrogation était si Urrigon en avait été la seule victime ou pas, Aeron étant au moins témoin silencieux et rongé de culpabilité).
Bien qu’Aeron soit un personnage hautement antipathique à mon goût, je le trouve extrêmement crédible dans sa construction psychologique et pour une fois, j’ai préféré dans ma présentation partir du symbolisme pour arriver à l’humain Aeron, plutôt que l’exercice inverse, pour changer.edit : dans la vo, à propos du bateau « Golden Storm » coulé par la « Fury », il y un autre détail qui manque dans la traduction : la galère de Stannis est dite monstrueuse en vf, mais dans la vo, c’est le mot « towering » qui est utilisé, avec tout ce que cela suggère : la « Fureur » est comme une tour dominant la Golden Storm, un symbole phallique, mais à mon sens c’est également un des éléments du chapitre qui renvoie en filigrane à des thèmes qu’on retrouve à Winterfell : ici les hautes tours dont la foudroyée habitée par les corneilles.
- Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 9 mois par Emmalaure.
12 mars 2023 à 12 h 23 min #188854Céleste- Pas Trouillard
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Vos reflexions sont super intéressantes ^^
Les autres questions que ça suscite chez moi, c’est le lien entre Greyjoy et Baratheon … Les storm king (roi de l’Orage) régnant sur les Greyjoy, n’était-ce pas dès le départ impossible ?
Peut-être un conflit lointain, au temps où les fer-nés dominaient les côtes de Westeros grâce à leur technologie (les navires). A quel point « storm king » est un abus de langage ? Avec leur cerf et leurs andouillers, ils évoquent les seigneurs à cornes (ou étalon, la constellation) et Accalmie est l’endroit où la tempête s’arrête. Et si on veut trouver un lien lointain, il existe au travers d’une légende :
Accalmie fut bâtie par Durran, premier roi de l’Orage, amant d’Elenei, fille du dieu des mers et de la déesse des vents. Cette union provoqua l’ire des parents de la jouvencelle, mais les deux amants défièrent les dieux.
(Source : wiki)
On remarquera que dans cette légende le dieu des mers et la déesse des vents étaient plutôt alliés ^^
Je préfère le souffle du dragon à la bave de crapeau et la langue de vipère.
12 mars 2023 à 13 h 35 min #188857Eridan- Vervoyant
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On remarquera que dans cette légende le dieu des mers et la déesse des vents étaient plutôt alliés ^^
Yup. On a d’ailleurs plusieurs légendes ou croyances religieuses chez les insulaires ou les habitants des côtes, qui associent le ciel et les tempêtes à la mer :
- la légende de la fondation d’Accalmie, avec le dieu des mers et la déesse des vents ;
- la religion fer-née, avec le dieu Noyé et le dieu des Tornades ;
- l’ancienne religion sœurois, avec la Dame des Vagues et le Seigneur des Cieux ;
Perso, le mythe de l’origine commune, je n’y crois pas trop, surtout dans ce cas de figure. Ces trois peuples connaissent et côtoient la mer, c’est d’elle que vient leurs ressources mais aussi leurs peurs. Je n’y vois pas un indice de grand chose, ce sont des légendes/religions séparées, développées séparément par des peuples différents, mais qui réagissent de manière assez identique, assez humaine finalement à des phénomènes semblables. Mais certains ont d’autres interprétations 😉
Peut-être un conflit lointain, au temps où les fer-nés dominaient les côtes de Westeros grâce à leur technologie (les navires). A quel point « storm king » est un abus de langage ? Avec leur cerf et leurs andouillers, ils évoquent les seigneurs à cornes (ou étalon, la constellation) et Accalmie est l’endroit où la tempête s’arrête.
Même à leur apogée (à l’époque des Premiers Hommes), les Fer-nés ne semblent pas avoir particulièrement ennuyé les Orageois. Ils hantaient et dominaient toute la façade ouest de Westeros, sur les côtes des Mers du Crépuscules, mais globalement, ils ne semblent pas avoir particulièrement poussé au-delà de Dorne et être remonté dans le détroit. Par la suite, ils ont pu jouer les pirates dans les Degrés de Pierre à la recherche de fortune et de gloire, mais même alors, je crois que les contacts avec les Orageois n’ont pas été nombreux. A vérifier.
Storm King ou « roi de l’Orage » , c’est le titre officiel porté par les Durrandon, présumément depuis Durran Dieux-deuil. Bon, c’est sûrement un titre venu plus tardivement, en réalité. N’empêche, les Durrandon ont bien porté ce titre pendant des siècles. Lyonel Baratheon ressuscite le titre à l’époque d’Aegon V pendant quelques temps, d’ailleurs. 😉 Ceci dit, j’abuse peut-être, en effet … Il semble que personne n’appelle ni Robert, ni Stannis, ni Renly Storm King, car leurs prétentions ne se limite plus aux terres de l’Orage, mais bien à l’ensemble des Sept Couronnes.
Le Seigneur aux Cornes est un personnage sauvageon ancien, qui a tenté (vainement ?) de passer le Mur. Je ne pense pas qu’il soit en lien avec les Durrandon ou avec les Baratheon. D’autant qu’il y a une différence entre les cornes évoqué par son nom et les bois des cerfs … Horned Lord, je pense qu’il faut plus cherché du côté de la corne, du cor … Du genre de « celui qui réveille le dormeur » ou de « celui qui réveille les géants de la Terre » , m’voyez !? ^^
"Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"
12 mars 2023 à 14 h 08 min #188861Yoda Bor- Pisteur de Géants
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J’aime beaucoup les chapitres PDV Fer Nés et Aeron est un personnage dont la trajectoire est intéressante. Un enfant qui reste en arrière pendanr que ses frères vont à la guerre, un adolescent qui aime s’amuser, un jeune adulte prisonnier et un adulte qui revient complètement changé après la guerre.
I ne veut pas de Theon, pas d’Asha, pas d’Euron, Victarion est son choix presque par défait mais il ne choisit pas et lance cette idée d’Etats généraux de la Royauté pour laisser le choix reposer sur d’autres.
Vraiment intéressant ce personnage.Arys du Rouvre 💜
12 mars 2023 à 14 h 24 min #188865Céleste- Pas Trouillard
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erso, le mythe de l’origine commune, je n’y crois pas trop, surtout dans ce cas de figure.
Moi non plus pour le moment, je préfère une interprétation plus terre à terre de cette légende : la Cassure a provoqué des tsunamis et modifié le climat pour donner des tempêtes. Cette légende serait alors une façon de décrire ces conséquences. Toutefois il peut y avoir des doubles sens, niveaux de lecture, etc.
Ceci dit, j’abuse peut-être, en effet …
Ah non, je ne parlais pas de toi mais dans la saga ^^. Tu as raison, ils sont les rois des terres orageuses on va dire, et il y a plein de lien avec « storm », Robert porte le marteau
de Thor, il y a l’assaut de Peyredragon (coucou Gray) ou la tempête, si on préfère, de la naissance de Daenerys.Le Seigneur aux Cornes est un personnage sauvageon ancien, qui a tenté (vainement ?) de passer le Mur. Je ne pense pas qu’il soit en lien avec les Durrandon ou avec les Baratheon. D’autant qu’il y a une différence entre les cornes évoqué par son nom et les bois des cerfs … Horned Lord, je pense qu’il faut plus cherché du côté de la corne, du cor … Du genre de « celui qui réveille le dormeur » ou de « celui qui réveille les géants de la Terre » , m’voyez !? ^^
Je parle de la constellation. Cornes au sens large et je ne pense pas que ça exclue ce que tu dis non plus sur les cors ^^. Tu penses vraiment qu’il y a une différence avec les bois de cerf ? ^^ Horned God
Je préfère le souffle du dragon à la bave de crapeau et la langue de vipère.
12 mars 2023 à 18 h 39 min #188884DJC- Pas Trouillard
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« Holala ! L’intégrale 4 commence mal ! Après un premier chapitre cryptique, où on ne retrouve aucun personnage connu ou intéressant [1], voilà que le second chapitre porte sur un fanatique, et fer-né en plus ! Tout ce que je déteste [2] ! J’espère que le prochain chapitre portera sur un personnage plus passionnant [3]. »
1 En définitive, entre l’alchimiste, le mystère Pat, Alleras, les mystères des mestres … Ce prologue fait partie de mes préférés.
2 Grave erreur là encore ! Areo Hotah …
3 Pas passionnant en lui-même, mais Dorne et son intrigue me passionnent depuis le début.
Donc finalement, cette intégrale 4 commence pas si mal ! ^^
Hahaaaa a bit the same ! C’est quoi tous ces nouveaux persos et leurs intrigues complexes, on veut savoir ce qu’il arrive aux Stark et aux Lannister haha (déjà que j’avais du mal à suiiiiiiiiiiiivre) (ah oui et Daenerys aussiiiiiiiiii) (han je vais tout oublierrrrrrrrrr) (déjà queeeeeeee 😀 😀 😀 ) (à quoi bon un univers si largeeee si ce n’est pour perdre le lecteur, ou parce qu’il ne sait pas où aller avec ses autres persos.. peut-être pour faire créer des assoss et des wikiiiiiiiis)
huhu
Alors grace au Wiki justement (que j’utilise beaucoup pour ce tome et ADWD), je me rappelle qu’on a déjà croisé Aeron précédemment dans 2 chapitres de Theon : il l’accueille à son retour sur l’île, et lors d’une razzia il s’occupe du sort de Benfred Tallhart. Et que suite aux Etats Généraux, il est introuvable. Et qu’un sort funeste semble l’attendre dans TWOW..
Vos présentations me redonnent de l’intérêt dans ces chapitres, je suis particulièrement friand du décodage du nom du tome en « un festin pour les CHAROGNARDS » 🙂 et de tous les autres. Je vais m’accrocher pour la suite (Doooorne..), me dire que l’auteur a construit un univers aussi large que Warhammer qu’on découvrirait au fur et à mesure, et qu’il sera plaisant justement de découvrir « le reste » maintenant que les intrigues Stark et Lannister sont « digérées » 🙂
The sound came softly, the scream of a rusted hinge. « Urri, » he muttered, and woke, fearful. There is no hinge here, no door, no Urri.
Ma petite contribution : je note un petit jeu de mot en V.O. avec Urri & Hurry
13 mars 2023 à 8 h 51 min #188899Sandor is alive- Patrouilleur du Dimanche
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Merci à tous pour vos analyses, toujours aussi intéressantes.
Dans la famille Greyjoy je voudrais… le prêtre fanatique. J’avais peu de souvenirs de ce chapitre, peu chargé en action, mais j’ai pris plaisir à le relire.
On apprend pas mal de choses sur Aeron, même si certaines informations ne sont que suggèrées (surtout dans les relations avec ses frères). Et les prémisses des états généraux de la royauté sont plantés.
Petite réflexion: avec ce quatrième tome la religion prend une place beaucoup plus grande dans la saga. Elle a toujours été présente, mais auparavant il n’y avait pas vraiment de prophètes ou de meneur charismatique ,si ce n’est Melisandre. A partir d’ici viennent s’ajouter Aeron, puis le grand septon (et qui sait on aura peut-être aussi un représentant des anciens dieux…).
13 mars 2023 à 17 h 19 min #188929Worgen Stone- Terreur des Spectres
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Merci Emmalaure pour ton analyse très intéressante, ainsi qu’aux commentateurs pour leur retour sur ce chapitre.
14 mars 2023 à 21 h 58 min #189011Tybalt Ouestrelin- Pas Trouillard
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Juste un mot pour dire mon admiration pour ton analyse Emmalaure ; une fois de plus !
Rien à ajouter, si ce n’est que vous pensez qu’il s’abreuve vraiment d’eau de mer seulement ? Parce que c’est pas viable très longtemps, ou alors la mer n’a pas la même salinité que la nôtre..!
DOH 8&10 : Tybalt Ouestrelin, acolyte loyaliste devenu Mestre ; Or, Argent et Bronze.
DOH 9 : Lazzara zo Ghazîn, Grâce Bleue devenue Sénéchale. Miraculée devenue Conseillère. Pas Miraculée deux fois.15 mars 2023 à 16 h 59 min #189044Liloo75- Fléau des Autres
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Merci Emmalaure pour cette brillante présentation du chapitre consacré à Aeron Greyjoy, et merci à tous pour vos commentaires.
Je dois avouer que, comme pour certains d’entre vous, je n’avais pas gardé un grand souvenir de ce chapitre. J’appréhendais un peu sa relecture.
Et puis finalement, j’ai bien aimé retrouvé ce « vieux fou » d’Aeron avec ses lubies (noyer les gens, quelle idée !), ses manies et son histoire personnelle. En fait, ce chapitre nous en apprend beaucoup sur les coutumes des fer-nés, et nous donne des clefs de compréhension pour aborder les autres chapitres consacrés aux Greyjoy.
J’avais oublié à quel point Aeron est marqué par la disparition de son frère Urri, et toute la culpabilité qu’il porte depuis sa mort. Ce rappel à l’histoire familiale nous montre l’humanité et la fragilité de celui qui se dit prophète et qui pourrait apparaître bien arrogant au premier abord, notamment quand on observe de quelle façon il parvient à s’imposer face aux membres de la famille Bonfrère (il pique le cheval du fils et voudrait imposer sa loi chez le père ).
La réalité est plus nuancée, Aeron a ses doutes et ses faiblesses. A la première lecture je n’avais pas perçu le traumatisme relatif aux gonds rouillés et le lien avec Euron.
Je sens que cette relecture va nous mener vers une redécouverte des Îles de Fer (une idée pour les vacances ?).
- Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 9 mois par Liloo75.
- De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
- Grâce aux êtres de votre espèce.
- Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.21 mars 2023 à 11 h 21 min #189164Yunyuns- Terreur des Spectres
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Cette phrase d’introduction m’a fait penser à A Storm of Swords, Chapitre 63, Jaime, qui commence par la phrase suivante :
The king is dead, they told him, never knowing that Joffrey was his son as well as his sovereign.
Il y a certainement des parallèles à faire entre les deux (l’un est ébranlé par la mort d’un frère qui le méprisait, tandis que l’autre est assez indifférent à la mort d’un fils qui l’ignorait), mais vous êtes bien meilleurs que moi pour ça ^^.
Fan n°1 de Victarion Greyjoy, futur Roi des Sept Couronnes.
"Yunyuns le pourfendeur de Tolkien."
24 mars 2023 à 20 h 52 min #189302Céleste- Pas Trouillard
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J’ai trouvé que le thème de la virilité est très présent dans ce chapitre. Au travers notamment de la corne (horn) symbole de puissance et de virilité.
On a également un Aeron jeune qui joue à qui pisse le plus loin et le plus longtemps, la Golden Storm, ce qui lui permet de gagner tout un troupeau d’animaux à cornes. Il voulait même remplacer la jouvencelle de fer (j’imagine) à la proue du navire par un bélier, ce qui agace fortement Balon.C’est la virilité infantile et rigolote que nous propose cet Aeron jeune. La version âgée nous propose tout autre chose : une virilité excessive et toxique qui rappelle Lord Tarly de Corcolline (Horn Hill) avec cette phrase qu’il prononcera au sujet des mestres à Cornmartel (Hammerhorn) :
Pas un homme digne de ce nom ne choisirait une existence de servitude ni ne forgerait de ces chaînes d’esclave pour s’en étrangler le gosier.
On a aussi une image à son arrivée des cornes de fer qui déchiquettent le croissant de lune :
Il faisait noir depuis un fameux bout de temps quand il finit par discerner les murailles de Cormartel qui, hérissées de piques en fer, déchiquetaient le croissant de lune.
Qu’on peut interpréter comme une supériorité de la virilité masculine sur la féminine dans son référentiel. Ce qui sera manifesté lorsqu’il refusera de dire qu’Asha était l’héritière désignée par Balon et s’exprimera en pensée et verbalement sur le fait qu’une femme n’est pas une option.
Je préfère le souffle du dragon à la bave de crapeau et la langue de vipère.
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