AGOT 25 – Bran IV

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    darkdoudou
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    AGOT 25 – Bran IV
    Au fil des pages – liste des sujets

    AGOT 24, Daenerys III AGOT 26, Eddard V

    Le Loup au réveil.

    Bran, amer, regarde les loups courir et partage la compagnie de la vieille Nan qui raconte de vieilles histoires. Mais l’arrivée de visiteurs interrompt la fin d’un conte intéressant. Tyrion reçoit un accueil glacial par Robb Stark, pourtant ses conseils pour l’équitation adaptée au handicap sont accueillis avec gratitude. Bran fait une sieste agitée, puis le soir dîne avec les hommes de la Garde de nuit qui apportent des nouvelles inquiétantes de Benjen.

    Bran le garçon brisé
    Au début de ce chapitre, Bran se montre complètement changé. Il ne montre plus sa douceur, son caractère aimable et rieur, sa curiosité des chapitres passés. Confiné dans sa chambre, la contemplation de son frère Rickon en train de courir avec les loups le met mal à l’aise, et il se plaint de la seule compagnie qui lui reste : la vieille Nan.

    J’ai trouvé une très grande similitude avec Arya dans le chapitre différent : comme elle il dit que « tout est différent ». Comme elle, il déplorera l’absence de ses parents, ses frères et soeurs, et aussi les familiers : Cassel père et fils, Vayon Poole, Hullen, Harwin, Gros Tom… Surtout, comme Arya, Bran se mettra à détester ce qu’il aimait auparavant : pour elle les repas communs, pour lui les histoires de Nan. Enfin, les deux se sentent trahis, abandonnés et confrontés aux mensonges d’êtres proches : Catelyn, Ned, la corneille pour Bran ; Sansa, Eddard, Jory, Halwin, Alyn pour Arya.

    Bran n’accepte pas sa nouvelle situation, ça se comprend aisément ; il ressasse les promesses non tenues de voyage à Port-Réal, de devenir chevalier, de voler. D’un autre côté Bran a acquis des pouvoirs extraordinaires de vision à distance : le lecteur a pu constater depuis le chapitre précédent que tout ce qu’il a vu lors de son dernier rêve correspond à des scènes réellement arrivées à Catelyn, Eddard, Sansa, Arya, Robb et Jon. Mais Bran ne montre aucune conscience et aucun bonheur de ce pouvoir émergent.

    Le summum de l’amertume advient quand Mestre Luwin interrompt l’histoire que raconte Nan et demande la présence de Bran. Celui-ci se met à gémir pour réclamer d’écouter l’histoire, alors que quelques minutes avant il maugréait contre sa solitude, les histoires, vieille Nan.

    Mestre Luwin, lui, ne souriait pas. « Nous avons des visiteurs, dit-il, et ils vous réclament, Bran.
    — J’étais en train d’écouter une histoire…, gémit celui-ci.
    — Les histoires peuvent attendre, mon damoiseau, tu les trouveras là à ton retour, intervint Vieille Nan. Les visiteurs n’ont pas tant de patience, et leurs histoires à eux sont souvent de leur cru.

    Nan et Hodor
    Vieille Nan est vraiment un personnage incroyable, je trouve, malgré son aspect ratatiné et ses apparents mélanges dans les histoires, elle se montre d’une patience inusable avec Bran, et répond pertinemment à toutes ses demandes : elle arrive même à détourner la colère de l’enfant pour le ramener vers les histoires que Bran aime et capter son intérêt, et l’intérêt du lecteur :

    « Est-ce là vraiment le genre d’histoires que tu aimes, enfant ?
    — Eh bien, répondit-il à contrecœur, oui, ce genre-là seul…

    Mine de rien, Nan est la meilleure source d’information sur les Autres et le péril blanc que nous avons croisée dans les 5 tomes. La légende du dernier héros est un récit passionnant et qui tient en haleine Bran et le lecteur, dans un beau jeu double. Et nous ressentons la même frustation que Bran de l’interruption du récit au meilleur moment!

    Nan est tellement forte pour raconter l’histoire qu’elle parvient à le mettre dans un climat de terreur, et à faire changer complètement Bran de sentiments : quand Mestre Luwin l’invite à rejoindre les invités, il voudrait rester dans la chambre !

    En opposition complète avec vieille Nan, son arrière petit-fils est colossal quand elle est chêtive, est quasiment privé de la parole alors que vieille Nan a réponse à tout. Les deux partagent pourtant, outre le sang, une joie intérieure très forte.

    Hodor est aussi (déjà) quelqu’un d’apprécié par Bran, même son aspect velu et son odeur d’écurie semblent le rassurer.

    Tyrion, un petit homme avec un grand cœur
    Tyrion à Winterfell montre de nouveau un visage sympathique : après avoir réconforté Jon sur le mur, il vient tenir la promesse faite au bâtard et il montre l’étendue de son intelligence. D’un côté il continue à mener l’enquête sur la chute de Bran en lui posant des questions pertinentes, et d’un autre il a très bien identifié les rêves secrets de Bran et a trouvé un moyen ingénieux de le rendre « aussi grand que n’importe qui ». Ce faisant Tyrion arrive à toucher le coeur des Stark (et du lecteur) qui sont bien contraints de revoir leur opinion sur lui, le Lannister atypique.

    Tyrion avait rappelé Jon à ce qu’il est : un bâtard envoyé à la Garde de nuit. De même il n’a pas peur de dire à Bran qu’il est estropié. Derrière ce mot qui fait mal sur le coup, l’intention bienveillante sera très bien perçue par Bran qui se sentira beaucoup mieux après cette scène. Surtout, la thèse de Littlefinger qui fait de Tyrion l’assassin de Bran devient fortement douteuse; les « coups de poignard » adressés par le nain sont uniquement des mots à visée thaumaturge.

    Le rêve de grimpette
    Bran pendant sa sieste fait (encore) un rêve très significatif. Il se retrouve en train de grimper, ce qui est récurrent dans les chapitres de Bran. Les deux gargouilles sont probablement Cersei et Jaime (jadis des lions, peut-être) et Bran fait bien attention de ne pas écouter leurs propos, très attentif à suivre le conseil de la corneille dans le rêve du chapitre précédent

    Pas cela ! Oublie-le, tu n’en as que faire, à présent, mets-le de côté, repousse-le. Bran III

    Cependant, même en se forçant à ne pas entendre, les gargouilles se dirigent vers lui à pas feutrés et il ne sent plus en sécurité dans ce rêve. Le cauchemar est interrompu opportunément par l’arrivée d’Hodor.

    Qui sait où est passé Benjen?
    Le repas du soir est très vite troublé par l’évocation de Benjen : est-il encore vivant? Yoren n’a pas peur de dire ce qu’il pense, Benjen est mort, nonobstant les colères seigneurales (?) de Robb ! Mais quand Bran évoque les enfants de la forêt malgré les ricanements de Theon et la réprobation de Mestre Luwin, Yoren se montre plus à l’écoute.

    « Les enfants l’aideront, balbutia-t-il, les enfants de la forêt ! »
    Theon Greyjoy ricana sous cape, et mestre Luwin murmura : « Voyons, Bran, les enfants de la forêt sont morts et enterrés depuis des milliers d’années. D’eux ne subsiste que la face sculptée des barrals.
    — Par ici, vous avez peut-être raison, mestre, dit Yoren, mais, dans le nord, au-delà du Mur, qui pourrait dire ? La frontière entre la mort et la vie, là-bas… »

    Ici nous voyons opposés la sagesse de Mestre Luwin et celle de Vieille Nan, Bran a l’intelligence d’écouter tous les points de vue, et de se mettre à l’école de l’une et l’autre. C’est un choix judicieux je trouve, alors que Westeros va se trouver confronté de plus en plus à l’irrationnel dont les symboles les plus éclatants dans AGOT sont les loups géants au premier chapitre et les dragons au dernier.

    Les loups
    Bran se satisfait d’observer qu’Eté est « le plus futé de la portée » (en V.O. smartest of the litter, le plus intelligent). Il semble qu’il y a une influence mimétique et mystérieuse entre les loups garous et les enfants Stark. Eté est aussi le compagnon privilégié de Bran, celui avec lequel il partage la joie future de pouvoir monter à cheval et de partir chasser.

    Les trois loups restent en meute dans tout ce chapitre, ils montrent deux visages : d’abord des compagnons de jeu bienveillants et attentifs pour Rickon. Ensuite, confrontés à Tyrion, ils lancent immédiatement une attaque coordonnée sur lui, l’encerclant et se montrant particulièrement aggressifs. Cependant dans les deux situations ils se montrent attentifs à ne pas dépasser certaines limites alors qu’ils pourraient tuer le bambin ou le nain d’un claquement de dents. Les loups se révèlent aussi très obéissants, chacun à son maître respectif, y compris à Rickon qui a seulement trois ans.

    Je ne suis pas sûr d’avoir compris ce qui déclenche l’attaque : est-ce l’hostilité affichée par Robb, ou une odeur de peur dégagée par Tyrion qui n’en mène pas large? Eté semble prendre l’initiative, alors que Bran ne semble pas hostile envers Tyrion à cet instant.

    Bran et Robb le Lord
    Pour mettre fin à l’attaque des loups, c’est bien Bran qui prend l’initiative de rappeler son loup, c’est encore Bran qui doit rappeler à l’ordre Rickon.

    Pendant cette scène et pendant tout le chapitre, Robb n’est pas à son avantage en comparaison avec Bran. Les initiatives de Robb sont très maladroites : il arbore une épée nue alors que Ser Rodrik lui a bien répété lors de leur dernier dialogue Ne tirez jamais l’épée que pour l’utiliser vraiment. Tyrion ne se laisse pas démonter et gagne aisément le duel de mots, en lui renvoyant sa discourtoisie dans les dents à deux reprises. Le changement de comportement à adopter vis-à-vis de Tyrion n’est pas à l’initiative de Robb qui doit être conseillé par Mestre Luwin en urgence. Bran ne se prive pas d’observer aussi que la formule débitée pour inviter les hommes de la Garde de Nuit sonne creux.

    Bran est placé symboliquement dans le fauteuil des Rois du Nord, alors que Robb n’occupe « que » celui, seigneurial de son père. Même si Bran ne l’exprime pas ouvertement, tout dans ce chapitre montre que Bran ferait un meilleur dirigeant que Robb. Mais son aspect va contre lui ainsi bien sûr que l’ordre de naissance.

    Pendant le repas du soir, Robb réagit vraiment brusquement quand il entend quelque chose qui lui déplait, il se met immédiatement en colère et porte encore la main à l’épée, sans plus impressionner Yoren qu’il n’avait impressionné Tyrion.

    Mon oncle n’est pas mort ! explosa Robb d’un ton où perçait la colère en se levant brusquement, la main à l’épée. Entendez-vous ? Mon oncle n’est pas mort ! » Sa voix résonna si durement contre les murs de pierre que, tout à coup, Bran fut pris de panique

    Même dans la dernière scène, pendant laquelle Robb porte Bran dans sa chambre, Robb n’arrive pas à trouver les mots pour réconforter Bran (pas facile), et c’est le petit frère réconforte le frère aîné qui lâche un sanglot en lui prenant la main. Il y a là encore une grande inversion entre le petit frère et le grand frère, car Bran, lui, s’est refusé de verser des larmes, se jugeant « trop vieux » pour pleurer, « à huit ans bel et bien sonnés, presque un homme fait ».

    La peur du Loup

     Est-ce qu’un homme peut être brave, demanda-t-il après réflexion, s’il a peur ? Bran I

    Tyrion se tire plutôt bien d’une situation difficile : l’hostilité de Winterfell et du Stark, puis l’attaque des loups. Il utilise son esprit, son humour et sa capacité d’autodérision pour réagir positivement.

    Dans tout ce chapitre, Bran a peur trois fois : pendant l’histoire, pendant la sieste, pendant la colère de Robb. Pourtant, en recherchant les histoires les plus terrifiantes, il montre qu’il n’a pas peur d’avoir peur. Il se prépare déjà à affronter le plus grand danger qui vient d’au-delà du mur.

    Bran, Brandon Stark, Bran le bâtisseur, Bran le dernier héros
    Ce chapitre nous met pour la première fois en présence avec le Bran intemporel par l’intermédiaire de Vieille Nan qui confond Bran avec son oncle, son grand-oncle, ou encore son grand-grand oncle.

    « Tu comprends, disait Mère, elle vit depuis si longtemps que, dans sa tête, tous les Brandon Stark sont devenus un seul et même homme… »

    Vieille Nan a-t-elle perçu une vérité que les autres ne voient pas?

    Bran, lui a un rapport au temps très particulier, il se trouve trop vieux pour pleurer, il a l’impression que son père et sa mère sont morts, ou que lui même est déjà mort pour eux. Il a un regard extrêmement mûr sur lui et ceux qui l’entourent.

    « Je pourrais te conter l’histoire de Brandon le Bâtisseur, insistait Vieille Nan. C’était toujours ta préférée. »

    Mais Bran récuse son lien avec le premier Stark mythique, même s’il connaît par coeur l’histoire de Brandon le Bâtisseur, celui qui a édifié Winterfell et, à en croire d’aucuns, le Mur.

    Ce n’est pas ma préférée, dit-il. Mes préférées, c’étaient les terrifiantes. »

    Bran n’a-t-il pas un lien avec l’histoire du dernier héros qui se met en quête des enfants de la forêt, pour combattre les Autres?

    Ainsi s’enfonça-t-il à leur recherche dans les contrées mortes avec son épée, son cheval, son chien et une poignée de compagnons. Des années dura sa quête, et il finissait par désespérer de jamais dénicher les enfants de la forêt dans leurs secrets repaires. Un à un périrent ses amis, puis son cheval, puis son chien lui-même, et son épée gela si fort qu’un jour la lame s’en brisa.

    Le chien de Bran est Eté, c’est clair, et les compagnons seront Jojen et Meera Reed. Qui est son cheval? Ne serait-ce pas Hodor le cheval docile que Bran va monter, le poulain neuf ? Il manquerait seulement une épée : pour le garçon si intelligent qu’est Bran, son arme n’est-elle pas son esprit, aussi tranchant qu’aucune épée?

    • Ce sujet a été modifié le il y a 4 années et 6 mois par darkdoudou.
    #133708
    Samyriana
    • Pas Trouillard
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    Merci pour cette analyse darkdoudou. Par rapport à Robb, je trouve que ce chapitre souligne encore, comme celui de la tentative d’assassinat sur Bran, que Robb est en train de passer de l’adolescence à l’âge adulte, de la position d’hériter à celle de Stark de Winterfell. Il n’est pas encore tout à fait à l’aise dans son costume de seigneur, il a encore des attitudes et des colères enfantines, et cela coexiste avec sa volonté d’être un bon lord: il s’enferme le soir avec Mestre Luwin pour parler argent et compulser des registres. On ne devient pas si aisément et rapidement un lord parfait…

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #133712
    Liloo75
    • Fléau des Autres
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    Merci @darkdoudou pour cette analyse très fouillée.

    De mon côté, voici ce que j’ai relevé :

    • Comment Vieille Nan sait-elle que c’est la Corneille qui a promis à Bran qu’il volerait ? Le lui a-t-il dit ? ou bien l’a-t-elle deviné ?
    • Quel âge peut-elle avoir ? Si elle a été la nourrice du frère de Rickard Stark, elle peut avoir 80, 90 ans ? Ce n’est pas la plus vieille personne du royaume. C’est Mestre Aemon, le plus vieux Mestre et le plus vieil homme du royaume. Nous le saurons grâce à Samwell, lorsqu’il se présentera à la citadelle.
    • Vieille Nan en connaît un rayon sur les marcheurs blancs, les conditions de leur venue, et la cohorte de morts vivants qui les suivent…
    • Brandon pense que son père, sa mère et Jon sont morts, pendant qu’il dormait. Ils ne sont pas encore morts, mais cela arrivera à plus ou moins long terme.
    • L’histoire du dernier héros qui part à la recherche des enfants de la forêt pour sauver les hommes des marcheurs blancs est passionnante. Moi aussi je veux connaître la fin 😉
    • Hodor ne s’est pas toujours appelé Hodor, il s’appelle Walder en réalité. Et personne ne sait d’où vient ce nom. Spoiler série TV et suite des romans
      Spoiler:
      Hold the door ?
    • Bran ne se souvient plus des circonstances de sa chute, mais il est certain qu’il n’est pas tombé. Quelqu’un l’a donc poussé…
    • Tyrion a tenu la promesse faite à Jon d’aider Bran. Il a dessiné une selle qui puisse permettre à Bran de monter à cheval.
    • J’adore l’humour de Tyrion. Lorsque Bran proteste qu’il n’est pas un estropié, Tyrion lui répond qu’alors il n’est pas un nain. « Cette nouvelle ravira mon père ».
    • Les frères de la Garde évoquent Jon comme « le fléau de ser Alliser ». Ils en rient entre eux. Personne d’autre ne comprend, logique…
    • Benjen a disparu depuis longtemps. Ils le pensent mort. Brandon espère secrètement que les enfants de la forêt lui viendront en aide, comme dans le conte de Vieille Nan. Foreshadowing ?

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 6 mois par Liloo75.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 6 mois par Pandémie. Raison: Spoiler série

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #133722
    R.Graymarch
    • Barral
    • Posts : 10314

    Pas énormément de choses à ajouter. Le contraste entre Bran qui est encore très enfantin (à son âge, c’est assez normal) à vouloir tout, tout de suite, faire ce qu’il veut, ne pas supporter qu’on le traite de crippled etc et le Bran qui est très posé et réfléchi est assez bien vu. A propos d’âge, on quitte Daenerys en parlant de son âge et on arrive sur celui de Bran.

    Robb tente de faire le Lord mais ce n’est pas facile, heureusement qu’il est bien conseillé. Bien entendu, Tyrion n’est pas dupe, mais là avec son action généreuse (sans arrière-pensée), il continue à paraître positivement pour le lecteur. Pourtant les loups ne l’aiment pas (c’est pas juste !) et Theon joue encore au petit con qui en rajoute une couche. Notons que Bran est le premier à retenir son loup, en effet, bien avant Robb (Rickon a l’excuse de l’âge)

    Et en effet, dans son rêve, les gargouilles qui auraient pu être des lions, huhu

    The gargoyles watched him ascend. Their eyes glowed red as hot coals in a brazier. Perhaps once they had been lions, but now they were twisted and grotesque. Bran could hear them whispering to each other in soft stone voices terrible to hear. He must not listen, he told himself, he must not hear, so long as he did not hear them he was safe. But when the gargoyles pulled themselves loose from the stone and padded down the side of the tower to where Bran clung, he knew he was not safe after all. “I didn’t hear,” he wept as they came closer and closer, “I didn’t, I didn’t.”

    Quant à Benjen, pour une personne chevronnée, et donc qui en a vu d’autres (Yoren), ce serait un miracle qu’il soit retrouvé sain et sauf. Quand on vit au Mur, l’acceptation permet sans doute de mieux se remettre de toutes les morts aux alentours. L’espoir permanent peut être de l’auto-aveuglement. Yoren dit néanmoins qu’au delà du Mur, c’est différent et il n’a pas tort. Même si ce sont des superstitions pour les habitants du sud, il est très fréquent que, quand les circonstances de vie sont très éprouvantes (mer, montagne), on soit plus souvent superstitieux. Après tout, les éléments peuvent frapper fort plus ou moins n’importe quand.

    Comment Vieille Nan sait-elle que c’est la Corneille qui a promis à Bran qu’il volerait ? Le lui a-t-il dit ? ou bien l’a-t-elle deviné ?

    Si ça fait des semaines qu’elle est auprès de lui, il lui a sans doute parlé de la corneille

    Quel âge peut-elle avoir ? Si elle a été la nourrice du frère de Rickard Stark, elle peut avoir 80, 90 ans ? Ce n’est pas la plus vieille personne du royaume. C’est Mestre Aemon, le plus vieux Mestre et le plus vieil homme du royaume. Nous le saurons grâce à Samwell, lorsqu’il se présentera à la citadelle.

    Le wiki est ton ami pour ses hypothèses (née vers 200 ou 210). Quant à Mestre Aemon, Sam peut tout à fait se tromper vu qu’il n’y a pas d’état-civil à Westeros (et j’ai comme l’impression que Sam se fout de l’âge des personnes qui ne sont pas « bien nées »… Vous me direz qu’il y a peu de chances qu’elles vivent si longtemps). Il est possible (mais peu probable) qu’il ne soit pas le plus vieux après tout. Je pense que c’est surtout une figure de style pour insister sur sa longévité exceptionnelle, au service du Mur et de la Citadelle.

    Hodor ne s’est pas toujours appelé Hodor, il s’appelle Walder en réalité. Et personne ne sait d’où vient ce nom.

    Et on n’en sait pas plus à ce stade dans les livres (tome 5). Le reste est d’un autre canon qui peut, ou pas, être le même

    Bran ne se souvient plus des circonstances de sa chute, mais il est certain qu’il n’est pas tombé. Quelqu’un l’a donc poussé…

    Si je me souviens bien, ses souvenirs sont partiels et donc faux en partie. Il est tombé, on (Jaime) l’a rattrapé avant de le pousser. Tout n’est pas complètement juste

    Brandon espère secrètement que les enfants de la forêt lui viendront en aide, comme dans le conte de Vieille Nan. Foreshadowing ?

    Juste un enfant qui croit beaucoup aux histoires et qui aimerait que « magiquement » son oncle soit sauvé.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
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    #133731
    darkdoudou
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    Par rapport à Robb, je trouve que ce chapitre souligne encore, comme celui de la tentative d’assassinat sur Bran, que Robb est en train de passer de l’adolescence à l’âge adulte, de la position d’hériter à celle de Stark de Winterfell. Il n’est pas encore tout à fait à l’aise dans son costume de seigneur, il a encore des attitudes et des colères enfantines, et cela coexiste avec sa volonté d’être un bon lord: il s’enferme le soir avec Mestre Luwin pour parler argent et compulser des registres. On ne devient pas si aisément et rapidement un lord parfait…

    Je suis entièrement d’accord avec ce que tu écris Samyrania, Robb est même tellement zélé qu’il continue à s’entrainer à l’épée, à manoeuvrer la garde, et qu’il fait la tournée des fortins. J’ai seulement voulu mettre en avant dans ce chapitre, et c’est la seule fois que c’est possible il me semble, un autre POV que celui de maman Stark aka ho-il-a-bien-grandi-mon-fils.

    Brandon pense que son père, sa mère et Jon sont morts, pendant qu’il dormait. Ils ne sont pas encore morts, mais cela arrivera à plus ou moins long terme.

    c’est encore pire que ça : presque toutes les personnes que Bran cite nommément comme parties sont mortes ou supposées dans les tomes écrits : Jory et ser Rodrik et Vayon Poole, ainsi que Hullen, Harwin et Gros Tom, Jon le bâtard. Seulement Harwin est encore non-mort, il fait partie de la troupe menée par Beric / Lady Coeurdepierre.

    Si je me souviens bien, ses souvenirs sont partiels et donc faux en partie. Il est tombé, on (Jaime) l’a rattrapé avant de le pousser. Tout n’est pas complètement juste

    Pour être précis, c’est seulement au moment où il vient de reconnaître la reine et que Cersei crie qu’elle la vu que Bran est pris par la panique et la précipitation. Il fait alors une (petite) chute mais se rattrape à la fenêtre d’une main. Jaime dans un premier mouvement lui tend la main et le fait remonter sur la fenêtre, avant de le pousser.

    Techniquement, Bran n’est pas tombé. Pour ma part, je crois que ses souvenirs sont complets mais  la corneille fait quelque chose pour l’empêcher de se souvenir. Pourquoi?  est-ce une intervention dans les intrigues de Westeros par Freuxsanglants? Ou ce souvenir empêcherait-il Bran d’apprendre à voler? Ou les deux à la fois, ou autre chose encore? Dans le cauchemar de Bran, on voit le traumatisme qu’il éprouve quand il commence à entendre, les gargouilles/lions accourent vers lui et il crie « je n’ai pas entendu »

    Je suis aussi tombé (hu hu) dans ce chapitre sur quelque chose que je ne savais pas trop où caser : c’est la deuxième fois qu’on entend You Starks are hard to kill à Winterfell depuis le début de la saga. La VF donne deux traductions différentes :

    Jon (à Robb) : Pas facile de vous tuer, vous autres, Stark (Jon II)
    Tyrion (à Robb, parlant de Bran) : Vous avez la vie dure, vous autres, Stark (Bran IV)

    Je rapproche ces deux phrases de la phrase de Littlefinger adressée à Eddard : For my part, I always found you Starks a tiresome lot –  En ce qui me concerne, j’ai toujours considéré les Stark comme un ramassis fastidieux (Eddard IV)

    Oui les Starks sont durs à tuer, sauf pour l’auteur, grr…

    #133734
    Mélusine
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    Beaucoup de choses ont déjà été dites, ce qui m’interpelle le plus c’est l’attaque des loups.

    Pourquoi les loups attaquent-ils Tyrion, il n’a jamais montré aucun signe d’hostilité envers les Starks. Où est-ce uniquement l’accueil glacial qui est fait à Tyrion qui produit cet effet sur les loups?

    Robb, me fait l’effet d’un enfant « qui joue à être » …. Le Lord de Winterfell, son père, il simule le même visage qu’Eddard,

    « Robb occupait la cathèdre de Père et arborait sa physionomie sévère de Lord-Maître des lieux. »

    Il copie son père surement parce qu’il est encore jeune et il n’a comme référence que celui-ci, n’ayant pas croisé beaucoup de Lords. Mais on voit qu’il s’y prend mal quand il essaie d’impressionner Tyrion avec son épée tirée au clair, c’est sans succès, de même pour Yoren. On voit aussi qu’il s’emporte très facilement.

    Si Tyrion n’a pas compris que l’on soupçonne les Lannister d’être responsables de la chute de Bran, c’est qu’il est un imbécile, ce que nous savons qu’il n’est pas.

    Si Bran a 8 ans et qu’il est presqu’un homme fait, cela se remarque dans ses commentaires, il est plus réfléchi, ce n’est plus le petit enfant du début. D’ailleurs c’est lui qui met fin à l’attaque des loups.

    Remarque sur les messages envoyés à Jon, Eddard et Catelyn, seul Jon y a répondu.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 6 mois par R.Graymarch.
    #133738
    Emmalaure
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    Merci pour la présentation, Darkdoudou !

    Je suis aussi tombé (hu hu) dans ce chapitre sur quelque chose que je ne savais pas trop où caser : c’est la deuxième fois qu’on entend You Starks are hard to kill à Winterfell depuis le début de la saga.

    Je l’ai relevé aussi. La première fois qu’il apparaissait, j’avais émis l’hypothèse que Jon (qui prononçait cette phrase) était destiné à tuer un Stark dans le futur (plus probablement à offrir le « don de merci », puisque c’est dit dans un chapitre qui se conclut sur le don d’Aiguille à Arya); cette seconde fois est à nouveau à propos de Bran, et la phrase est prononcée par Tyrion qui sert d’intermédiaire entre Jon et Bran (c’est par amitié pour Jon qu’il offre à Bran des plans pour une selle qui lui permettra de monter à cheval). Je crains que le sort de Bran ne soit en fin de compte scellé !

    Autrement, j’ai une interrogation existentielle sur Vieille Nan, la super mamie : là, elle est une petite vieille ratatinée qui n’a que peu de forces. Mais on apprend quand même qu’elle fait la toilette de Bran et le change. Bon, admettons qu’il soit très léger, c’est un enfant et son coma prolongé l’a très sûrement affaibli et amaigri. Mais enfin, dans un précédent chapitre de Catelyn, lorsqu’elle tombe inconsciente après la tentative de meurtre, c’est encore la vieille Nan qui s’occupe d’elle, de la changer et la coucher, et là ce doit vraiment être au-dessus de ses forces, en vrai. Alors non, je ne vais pas théoriser que Nan est un être magique qui cache bien son jeu, mais je vais plutôt supposer quelque incohérence de GRRM qui n’a pas encore donné toute sa dimension réaliste au personnage et n’avait au début que l’archétype de la vieille conteuse/fileuse un peu fée qu’on retrouve dans les contes de fées, variation sur les Parques/Moires/Nornes : elle tisse les destins et peut apporter bonne ou mauvaise fortune. Et là, dans sa haute tour (cf la longue ascension de Robb à la fin du chapitre), Bran a des airs de princesse endormie et tenue endormie dans ses rêves/histoires par une vieille fée. Quand la vie réelle se rappelle à lui, la douleur est particulièrement vive car il sent tout ce qu’il a perdu pour toujours. Pour moi, vieille Nan représente dans ce chapitre la tentation du rêve pour Bran, du rêve qui va lui faire oublier son propre malheur et ses limites.

    Il y a un parallèle à dresser avec le chapitre de Daenerys qui précède : les deux personnages sont chacun à un tournant de leur existence et les rêves sont révélateurs pour chacun d’eux. Là où Daenerys y puise sa force en n’hésitant pas à « mourir » pour finalement renaître, Bran craint au contraire ce moment de la mort, ce qui nous renvoie à sa première interrogation à son père dans son tout premier chapitre.

    Sur le rêve de Bran, on voit aussi comment GRRM joue sur plusieurs degrés de lecture : l’un d’eux est le rappel de sa chute après avoir surpris les deux jumeaux Lannister et le traumatisme que cette chute (poussé délibérément par un chevalier de la Garde) représente, au point d’être pour le moment inconcevable et indicible. Mais il y a des éléments qui changent par rapport à la scène de la chute : les deux lions Lannister sont à présent des gargouilles, par exemple; Tyrion est le Lannister métaphorisé en gargouille au début d’AGOT, mais pourquoi les jumeaux : est-ce un moyen de montrer métaphoriquement la laideur de leur âme, là où la laideur de Tyrion est physique (et peut-être pas dans son âme ?) ?
    Il y a aussi la présence de la lune, qui est étrange car totalement absente du rêve de la corneille et de la scène de la chute. Cette lune qui flotte en haut et que Bran grimpant une tour sans fin semble vouloir atteindre me fait dire qu’il y a un autre degré de lecture possible, qu’il soit purement symbolique et/ou qu’il révèle un autre « esprit » que la corneille qui hanterait Winterfell et serait lui aussi en contact (volontaire ou non) avec Bran. Il y a une autre scène beaucoup plus tard avec Bran, une forteresse, un barral et une lune : quand il arrive à Fort Nox, il voit une grosse branche de barral s’extraire d’une ouverture du toit des cuisines et il la compare à un bras qui chercherait à attraper la lune qu’il voit briller au dehors. Dans la saga, Daenerys est liée symboliquement à la lune et celle-ci était déjà présente dans le chapitre précédent. Concrètement, on a l’image d’un vervoyant amoureux sans espoir d’une « princesse » lunaire. Mais la lune est aussi – plus tard – associée aux loups; et la pleine lune qui transforme les hommes en loups, c’est un mythe bien connu avec lequel me semble jouer là encore GRRM. Possiblement, la lune que Bran cherche à atteindre dans son rêve représenterait la maîtrise de ses pouvoirs de change-peau puis vervoyant, ce qui prend du sens dans la mesure où le chapitre a commencé par un Bran regardant son petit frère jouant avec les loups.

    Pour finir, on a un Tyrion égal à lui-même, qui ne peut pas s’empêcher de faire son intéressant et l’intelligent, sans prendre aucun gant et qui encore une fois a la partie facile : Robb est un apprenti seigneur qui doit assumer des responsabilités toutes nouvelles, et Bran est un enfant brisé. Ce n’est franchement pas dur de frapper là où ça fait mal et c’était véritablement dispensable. Tyrion fait payer son bienfait assez cher – à mon sens – par des remarques déplacées et des questions intrusives, mais il manque y passer avec les loups. Catelyn n’aura pas les mêmes scrupules que Bran ou Robb.

    #133739
    Liloo75
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    Pour être précis, c’est seulement au moment où il vient de reconnaître la reine et que Cersei crie qu’elle la vu que Bran est pris par la panique et la précipitation. Il fait alors une (petite) chute mais se rattrape à la fenêtre d’une main. Jaime dans un premier mouvement lui tend la main et le fait remonter sur la fenêtre, avant de le pousser. Techniquement, Bran n’est pas tombé.

    Je suis d’accord @darkdoudou, je viens de relire le 2ème chapitre consacré à Bran. Il n’est pas tombé. Il a glissé puis s’est rattrapé d’une main. Avant d’être secouru de façon chevaleresque par Jaime Lannister 🤫

    Merci @r-graymarch pour le wiki et les infos sur l’âge probable de Vieille Nan.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 6 mois par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #133754
    darkdoudou
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    Autrement, j’ai une interrogation existentielle sur Vieille Nan, la super mamie : là, elle est une petite vieille ratatinée qui n’a que peu de forces. Mais on apprend quand même qu’elle fait la toilette de Bran et le change. Bon, admettons qu’il soit très léger, c’est un enfant et son coma prolongé l’a très sûrement affaibli et amaigri. Mais enfin, dans un précédent chapitre de Catelyn, lorsqu’elle tombe inconsciente après la tentative de meurtre, c’est encore la vieille Nan qui s’occupe d’elle, de la changer et la coucher, et là ce doit vraiment être au-dessus de ses forces, en vrai.

    Après avoir relu les détails, il y a une explication plus terre-à-terre concernant les pouvoirs de super Nanny : Bran est extrêmement amaigri et affaibli (la main squelettique relevée dans Jon II), et vieille Nan s’occupe de Catelyn avant qu’elle prenne le lait de pavot et qu’elle dorme quatre jours : Catelyn est encore consciente et s’en souvient à son réveil.

    Chère @Emmalaure, j’aime beaucoup lire tes interprétations car elles amènent un autre regard et dressent des parallèles souvent éclairants, en général je ne me sens pas les capacités de rebondir dessus ou d’y répondre.

    Je suis complètement d’accord avec ce que tu écris sur le parallèle criant entre le chapitre précédent et celui-ci, pour le faire un peu ressortir j’ai donné comme titre « le Loup au réveil » en réponse au titre que tu avais trouvé « le réveil du Dragon ».

    Par contre je ne suis pas d’accord sur ce qui empêche Bran d’aller au bout de son rêve. Tu écris que c’est la crainte de la mort, mais pour moi le blocage est plus en rapport avec la conversation surprise entre les jumeaux incestueux. C’est comme ça que j’interprète la mise en garde de la corneille que j’ai citée plus haut. Bran ne me semble pas avoir peur de la mort dans ce chapitre ni ailleurs, en quelque sorte il est déjà passé par la mort et est re-né à une nouvelle vie. Cette nouvelle vie ne lui plait pas beaucoup, ça se comprend, car elle l’oblige à faire une croix sur ses rêves d’avant.

    Pour finir, on a un Tyrion égal à lui-même, qui ne peut pas s’empêcher de faire son intéressant et l’intelligent, sans prendre aucun gant et qui encore une fois a la partie facile : Robb est un apprenti seigneur qui doit assumer des responsabilités toutes nouvelles, et Bran est un enfant brisé. Ce n’est franchement pas dur de frapper là où ça fait mal et c’était véritablement dispensable. Tyrion fait payer son bienfait assez cher – à mon sens – par des remarques déplacées et des questions intrusives, mais il manque y passer avec les loups. Catelyn n’aura pas les mêmes scrupules que Bran ou Robb.

    Je n’avais pas été fan de Tyrion et de certaines de ses interventions à Châteaunoir, mais à Winterfell je ne trouve pas de reproches à lui faire. Ses questions sont justifiées selon moi car il mène l’enquête sérieusement sur les différentes attaques dont Bran a été l’objet. Quant à ses remarques, elle sont pédagogiques je trouve : Bran en tirera profit, et peut-être même Robb qui se montrera plus habile et plus courtois dans les prochains chapitres il me semble. Et pour une fois, Tyrion n’en fait pas trop : il adopte plutôt un profil bas que je salue.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 6 mois par R.Graymarch.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 6 mois par FeyGirl.
    #133761
    Papillon de Naath
    • Éplucheur avec un Économe
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    Merci Darkdoudou et chacun d’entre vous pour l’analyse.

    A l’issue de ce chapitre, une question me taraude concernant vieille Nan. La vieille femme est elle juste une conteuse d’histoires passionnée ou aurait-elle des dons de vervue?

    Elle commence par dire que toutes les corneilles sont des menteuses. Aurait-elle elle aussi été en contact avec la corneille à trois yeux qui l’aurait finalement déçue ?
    Ensuite, malgré ses défauts de mémoire qui lui font confondre des personnes qu’elle a pourtant bien connues, elle semble connaître l’histoire de Westeros sur le bout des doigts.
    Après cela, elle dit connaître l’histoire d’un garçon qui détestait les histoires, comme si elle sous-entendait qu’elle connaît déjà l’histoire de Bran.
    Enfin elle raconte l’histoire du dernier héros et le parallèle avec le futur périple de Bran est si troublant que c’est à se demander si elle ne parle pas de son avenir…
    (Recit interrompu par une porte qui s’ouvre sur Luwin et… Hodor).
    Et elle raconte tout cela en tricotant telle une Moire tissant le fil de la vie (le destin des Hommes dans la mythologie grecque).

    En tout cas, dons de vervue ou non, le rôle de la vieille dame qui initie Bran à l’histoire du monde ressemble beaucoup au rôle qu’aura ensuite la corneille à trois yeux.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 6 mois par Papillon de Naath.
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    #133766
    R.Graymarch
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    Merci pour la précision, darkdoudou. Bran glisse parce qu’il est surpris de voir/entendre/reconnaître Cersei, puis se rattrape. Ensuite, Jaime intervient (en euh deux temps)

    La vervue me paraît aller super loin pour Vieille Nan car tout peut avoir une explication rationnelle

    Elle commence par dire que toutes les corneilles sont des menteuses. Aurait-elle elle aussi été en contact avec la corneille à trois yeux qui l’aurait finalement déçue ?

    Ou Bran la tanne depuis des jours (semaines) avec la corneille qui lui dit qu’il va voler alors qu’il est paralysé… Autant lui enlever cette idée de la tête car ça n’arrivera pas. Et faire reporter la faute sur la corneille plutôt que sur Bran

    Ensuite, malgré ses défauts de mémoire qui lui font confondre des personnes qu’elle a pourtant bien connues, elle semble connaître l’histoire de Westeros sur le bout des doigts. Après cela, elle dit connaître l’histoire d’un garçon qui détestait les histoires, comme si elle sous-entendait qu’elle connaît déjà l’histoire de Bran.

    Je ne sais pas si l’article de notre encyclopédie est complet (et quand bien même, on ne connaît pas toutes les histoires racontées par Vieille Nan hors livres) mais elle parle plus souvent du Nord (logique) et affabule pas mal (sans doute sincèrement). Cela dit, les meilleurs mensonges ont un fond de vérité et une légende est souvent un joli mensonge. Donc « tout » n’est pas vrai, mais « rien » n’est totalement faux.

    Enfin elle raconte l’histoire du dernier héros et le parallèle avec le futur périple de Bran est si troublant que c’est à se demander si elle ne parle pas de son avenir…

    Elle a dû aussi raconter cette histoire à Ned, à Robb, à Sansa… 😉

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    #133807
    FeyGirl
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    Moi aussi, le passage décrivant l’hostilité (et le début d’attaque) des loups contre Tyrion me laisse perplexe. Theon suggère que ce serait à cause de l’odeur de Tyrion, or nous apprenons plus tard dans le même chapitre que le personnage qui sent fort est Yoren.

    Je ne sais pas ce qu’il faut penser de l’attitude des loups envers Tyrion.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 6 mois par FeyGirl.
    #133815
    John Lon Bickel
    • Patrouilleur du Dimanche
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    Sur Tyrion, deux points me semblent intéressants. Primo, c’est une confirmation qu’il ne manque pas de cran. Les Lannister se savent détestés à Winterfell, je doute qu’ils auraient été bien reçus en s’invitant hors des bagages de Robert. Pourtant, Tyrion ose se jeter dans la gueule du loup juste pour faire un présent à un infirme, sur une promesse faite à un bâtard à moitié au bagne. Dans cet univers, je pense que peu l’auraient fait.

    Secundo, c’est l’une des premières fois qu’il joue un rôle actif. Il a passé le gros de sa vie à boire, trousser des jupons, jouter en paroles avec un peu tout le monde. Pour le moment, son érudition le servait lui, c’était un moyen d’autodéfense qui lui permettait surtout de s’occuper et de s’aiguiser la langue. L’épisode indique au lecteur que ce n’est pas qu’un beau parleur, ses compétences sont très réelles et d’application tout à fait concrètes.  La chaîne de la Néra est sous la selle de Winterfell, GRRM prépare le lecteur à le voir prendre les manettes à Port-Réal.

    Moi aussi, le passage décrivant l’hostilité (et le début d’attaque) des loups contre Tyrion me laisse perplexe. Theon suggère que ce serait à cause de l’odeur de Tyrion, or nous apprenons plus tard dans le même chapitre que le personnage qui sent fort est Yoren. Je ne sais pas ce qu’il fait penser de l’attitude des loups envers Tyrion.

    C’est d’autant plus curieux que la dernière apparition de Tyrion, c’était au sommet du Mur en compagnie de Jon. Fantôme était là et n’a pas lâché un grognement…

    En tant que relecteur, à ce stade, voilà ma moins mauvaise hypothèse. Comportement bizarre des trois loups simultanément ? Vervoyant possible, tout le monde y a songé. Pourquoi ? L’arrestation de Tyrion par Catelyn est imminente, et par voie de conséquence la fin des Stark est en germe. Mobile faible, mais j’ai pas mieux. Si Vervoyant il y a, qui ? Comme indices, il y a le fait qu’Été est le premier à montrer de l’hostilité comme le premier à passer à l’attaque. J’aurais tendance à dire Bran plutôt que Freuxsanglant. Cela expliquerait pourquoi l’attaque a avorté : Été a obéi à un ordre d’un Bran futur et s’est naturellement calmé quand le Bran présent le lui a ordonné.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 6 mois par John Lon Bickel.
    #133828
    Emmalaure
    • Exterminateur de Sauvageons
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    Moi aussi, le passage décrivant l’hostilité (et le début d’attaque) des loups contre Tyrion me laisse perplexe. Theon suggère que ce serait à cause de l’odeur de Tyrion, or nous apprenons plus tard dans le même chapitre que le personnage qui sent fort est Yoren.

    Je ne sais pas ce qu’il faut penser de l’attitude des loups envers Tyrion.

    Theon, à mon avis, fait du Theon ici, et se paye juste la tête de Tyrion qui vient de faire dans son froc parce qu’il a eu vraiment peur. A proprement parler, les loups n’ont pas été attirés par l’odeur de Tyrion. En revanche, la colère et l’hostilité de Bran et de Robb sont palpables dans toute la scène et nous avons une manifestation du lien particulier qui unit les loups géants à leurs maîtres (on a vu ceux des filles qui « ressemblaient » à Sansa et Arya, dans ce chapitre on passe à ceux des garçons) : ils réagissent à leurs émotions, ce qui est « naturel » lorsqu’on considère que tous les enfants Stark sont des change-peaux en puissance.

    Je reviens sur Tyrion, parce que je crois qu’il ne faut pas se laisser abuser par son intelligence et son geste généreux envers Bran : le lecteur sait qu’il n’a pas poussé Bran et qu’il ne porte pas spécialement sa famille dans son coeur, et on a donc tendance à trouver que c’est un bon Lannister. Pourtant, dans son entretien avec les Starks, il ne fait jamais preuve de la moindre empathie réelle et trouve le moyen de tout ramener à lui – en bon égocentrique qu’il est : Bran l’intéresse parce qu’il peut lui montrer que son frère et sa soeur malgré leur beauté sont des monstres à l’intérieur (surtout sa soeur), et c’est pour cela qu’il lui pose des questions sur sa chute; il l’intéresse aussi parce qu’il est devenu infirme, à son image, et c’est pour cela qu’il peut lui répondre « tu n’es pas infirme et moi je ne suis pas nain ». Mais il ne montre pas d’empathie véritable pour lui : il aurait pu se contenter de lui présenter son cadeau fait à la demande de Jon et juste attendre sa réaction, attendre que Bran s’exprime le premier et l’écouter. Mais Tyrion est avide de reconnaissance et d’attention, quelle qu’elle soit, et il ne s’intéresse jamais aux émotions et ressentis des autres avant de rencontrer la naine Sol et de cohabiter de manière forcer avec elle (et un petit peu avec Jon, qui le prend à revers en lui proposant son amitié).

    Je pense qu’on a le regard biaisé par la série sur Tyrion, qui a été transformé en grand gentil un peu dépressif et totalement incompris, alors que dans la saga il est très ambigu et bien gris : il n’en est que plus intéressant narrativement, car il est capable du meilleur comme du pire.

     

    #133846
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
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    Je pense qu’on a le regard biaisé par la série sur Tyrion, qui a été transformé en grand gentil un peu dépressif et totalement incompris, alors que dans la saga il est très ambigu et bien gris : il n’en est que plus intéressant narrativement, car il est capable du meilleur comme du pire.

    J’ai très certainement le regard biaisé sur Tyrion mais pas du tout par la série, et pour cause : le seul écho de la série que j’ai, outre les photos de l’acteur (bon casting), c’est les comptes rendus des dernières saisons par la Garde de Nuit, se plaignant qu’il est présenté comme un alcoolique inutile. D’où ma réaction à la relecture : ah oui quand même, c’est vrai qu’il boit beaucoup. Dans mes souvenirs de primolecture en 2003, j’ai commencé à apprécier Tyrion dans ACOK, le voyant à l’oeuvre à Port-Réal « rendre justice » (Janos Slynt!) et se fritter avec Cersei et Joffrey. Mon biais est pro-Stark je suppose.

    Je te rejoins sur le fait qu’il est ambigu et bien gris, donc très intéressant narrativement, et aussi sur ce que tu dis à propos de son besoin d’attention et de reconnaissance et son manque d’intérêt aux émotions et aux ressentis – je crois qu’on peut dire ça de beaucoup d’hommes, moi y compris avant beaucoup d’années de mariage – qui me semblent en cohérence avec son histoire : rapport au père, pas d’affection reçue par père et soeur, un peu par son frère, mère morte (et dans quelles conditions!) expérience de l’amour en couple finie de manière traumatisante.

    #133874
    Yoda Bor
    • Pisteur de Géants
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    Je ne trouve pas que Bran soit particulièrement hostile à Tyrion dans ce chapitre, ce qui explique encore moins la réaction de son loup.

    Arys du Rouvre 💜

    #134241
    Hizieł
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    Merci pour toutes vos observations et analyses poussées qui ont déjà abordé beaucoup des points de ce chapitre.

    Une première chose qui m’a frappée c’est la première phrase du chapitre « Depuis son siège près de la fenêtre, Bran regardait de tous ses yeux« . Je ne sais pas ce que ça donne en VO, et c’est vrai que c’est une formulation plutôt courante, mais dans le cas de Bran qui va en développer progressivement un troisième, je trouve ça particulièrement adapté ^^^

     

    Sinon, à propos de l’attitude de Robb, je ne sais pas pourquoi, mais je ne peux pas m’empêcher de penser à Viserys à chaque fois que lui reprend sa manie de se saisir de son épée quand il est contrarié. Ça m’avait déjà frappé la première fois dans le PoV de Catelyn et le fait que – malgré la leçon de ser Rodrik – de nouveau à deux reprises dans ce chapitre (devant Tyrion puis au dîner avec les frères de la Garde) il la pointe ou y porte la main,  ça me semblait intéressant de le noter.

    Comme Viserys, dont les doigts tour à tour « taquinaient la garde de son épée d’emprunt » et « se crispent sur la poignée de l’épée » respectivement lorsqu’il s’imagine conquérir Westeros avec 10 000 Dothrakis, et qu’il rentre dans la résidence de Drogo [AGoT 04, Daenerys I] ; l’épée est instinctivement ce à quoi Robb se rattache en premier.

    Dans les deux cas également, l’effet de cet attitude est plutôt raté (que ce soit pour les personnages présents ou pour nous lecteurs), puisque du côté de Robb ni Tyrion, ni Yoren ne s’en émeuvent plus que ça (sans parler de la leçon professée par ser Rodrik quelques chapitres plus tôt) et pour Viserys, Daenerys commente mentalement : « Comme s’il s’était jamais battu pour de bon ».

    C’est d’ailleurs pour ça que le parallèle s’arrête là puisque Robb sait au moins la manier – et sa manie de la dégainer à tout bout de champ peut s’expliquer, comme vous l’avez dit, par l’ardeur de son jeune âge (d’autant plus qu’à côté de ça il n’a pas tous les vices dont Viserys peut se targuer d’avoir).

    Enfin, Robb peut bénéficier des conseils et de l’apprentissage de ses proches qui n’hésitent pas à le reprendre plus ou moins publiquement (comme on l’a vu avec ser Rodrik, avec Luwin et plus tard auprès de sa mère), là où Viserys est entouré de personnes qui le dédaignent et se moquent de lui dans son dos ou sans l’exprimer.

     

    Toujours est-il qu’en effet, Robb n’est pas du tout discret et fin sur son antipathie vis à vis de Tyrion, et pour toutes les personnes qui ne faisaient pas partie du conciliabule de Catelyn (qui rassemblait Robb, Rodrik, Theon et Luwin et dans lequel elle accuse les Lannister et leur demande de le garder pour eux), ils doivent quand même se demander ce qui provoque cette attitude. Même Bran, qui pourtant « savait ce que signifiait d’accueillir un hôte avec de l’acier dégainé », ne semble pas trop se poser la question de ce qui pousse son frère à agir ainsi.

    Mais d’ailleurs, est-ce que vous pensez qu’on lui a dit que quelqu’un avait essayé de l’assassiner pendant son sommeil ?  J’imagine que non, mais en fait je ne me suis jamais posé la question, et est-ce qu’il l’apprend un jour ?

    De mestre passionné d'archi à archimestre déprimé dans DOH 8 - "Dans l'ombre de la Chat-rpie"
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    #134245
    Mélusine
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    Mais d’ailleurs, est-ce que vous pensez qu’on lui a dit que quelqu’un avait essayé de l’assassiner pendant son sommeil ? J’imagine que non, mais en fait je ne me suis jamais posé la question, et est-ce qu’il l’apprend un jour ?

    Étant donné que Catelyn est partie à Port Réal à cause de ça, pour moi c’était une évidence qu’il le savait.

    #134247
    R.Graymarch
    • Barral
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    Aucune idée pour la tentative d’assassinat…. mais c’est vrai que Bran est curieux et pose des questions (et tout le monde sait ce qu’il s’est passé), donc ça paraîtrait bizarre qu’il ne sache pas.

    A propos (ou presque), est-ce qu’il sait un jour de manière sûre ce qui lui est arrivé quand il a escaladé la tour ? Car pour le moment, il  refoule la cause de sa chute (bien aidé en cela par la corneille car ça le distrairait dans son apprentissage) ce qui est un processus assez normal je crois quand on parle de traumatisme. Mais après ?

    « Depuis son siège près de la fenêtre, Bran regardait de tous ses yeux«

    Bran watched from his window seat.

    La VO est plus plate (et je ne sais pas si le traducteur savait déjà que Bran aurait un 3e œil pour être honnête^^)

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #134248
    Mélusine
    • Pas Trouillard
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    A propos (ou presque), est-ce qu’il sait un jour de manière sûre ce qui lui est arrivé quand il a escaladé la tour ? Car pour le moment, il refoule la cause de sa chute (bien aidé en cela par la corneille car ça le distrairait dans son apprentissage) ce qui est un processus assez normal je crois quand on parle de traumatisme. Mais après ?

    Plus tard dans ACOK (chapitre 17, normalement) , Bran rêve de ce qui s’est passé

    Et le spectacle lui arracha un hoquet de terreur. La tour à laquelle il se cramponnait avait des lieues de haut, et ses doigts glissaient, glissaient, ses ongles éraflaient la pierre, ses jambes l’entraînaient inexorablement, des jambes vaines, des jambes stupidement mortes. « A l’aide! » Cria t-il. Dans le ciel, là-haut, parut un homme doré qui lui tendit la main, le hissa, le hissa. « Ce que me fait faire l’amour quand même! » murmura t-il d’une voix douce en repoussant Bran dans le vide.

    #134249
    Emmalaure
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 996

    Bran en rêve, mais il ne met pas de nom sur l’homme doré qui le pousse et il n’est pas du tout certain qu’il l’identifie. Il est probable que l’identification arrive plus tard. J’imagine bien GRRM la dramatiser à fond et la faire intervenir à un moment où il « ne faudrait pas » qu’elle intervienne, et produire une nouvelle « chute ». La Corneille à 3 Yeux demande explicitement à Bran de ne pas chercher à voir/savoir de ce côté, par conséquent, je ne serais pas surprise que le prix à payer pour cette « reconnaissance » soit encore plus élevé du fait qu’il a été différé.

    #134371
    Ser Aemon Belaerys
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 896

    Merci darkdoudou pour l’analyse, et aux autres pour les compléments, j’ai l’impression de mieux avoir compris l’attaque des loups sur Tyrion alors qu’après avoir relu le chapitre j’étais plutôt comme FeyGirl

    Je ne sais pas ce qu’il faut penser de l’attitude des loups envers Tyrion.

    .

    Je pense que Robb en accueillant Tyrion acier dégainé a créé une tension, et les loups sont très sensibles à l’humeur et au contexte qui l’entoure.

    Tyrion a eu deux fois déjà à faire avec Fantôme, la première fois sur le trajet de Winterfell vers Châteaunoir, Jon se méfie aussi de Tyrion et Fantôme fait tomber Tyrion. La seconde fois en haut du mur, les deux personnages ont appris à se connaitre et s’apprécie, et Fantôme est plus calme. (Ca vaudrait presque un sujet sur les relations entre les 6 loups et les non-Stark).

    je crois qu’on peut dire ça de beaucoup d’hommes, moi y compris avant beaucoup d’années de mariage

    De quoi tu parles ? :-p

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 6 mois par R.Graymarch.

    -"Comment veux-tu mourir, Tyrion, fils de Tywin ?"
    - "Dans mon lit, à l’âge de 80 ans, le ventre plein de vin et ma queue dans la bouche d’une pute. "

    #134376
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
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    @Ser Aemon Belaerys : je parle du besoin d’attention et de reconnaissance, et aussi du manque d’intérêt aux émotions et aux ressentis qu’Emmalaure attribue à Tyrion.

    Je suis d’accord avec ce qu’Emmalaure dit, je généralise à une partie de la gent masculine, en m’incluant. Je pense avoir évolué – lentement –  grâce à mon épouse, et aussi après l’arrivée des enfants.

    #201618
    Frère du Khan
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    Je me suis toujours demandé pourquoi Tyrion avait aidé Bran. En fait, je me pose la question pour chacun des actes du nain. Depuis le début du récit, il se comporte comme un étudiant en vacances, ce qui est assez étonnant pour un fils de Tywin. Si je sais que dans la série, il n’affiche que peu de chaleur ou d’estime pour son fils, je suis étonné qu’il le laisse vagabonder ainsi à sa guise. S’il peut en effet espérer un accident, voire que son fils découvre une vocation et s’enterre dans la Garde de Nuit, il reste cependant beaucoup trop vulnérable à un enlèvement de la part de maraudeurs, voire (et c’est sans doute son plus grand crime), totalement improductif.

    J’ai évidemment le recul de la série, et ce recul rend le roman parfois un peu mécanique. Il faut que Tyrion se fasse capturer et donc se retrouver comme par hasard en pleine cambrousse face à Catelyn, dont on doit absolument le faire lambiner. Je ne peux pas reprocher à Martin d’avoir une structure – même si ça me fait beaucoup rire quand il prétend ne pas avoir de plan. Mais cela a la saveur d’un tour de magie : une fois les rouages exposés, on entre moins dans l’émotion et plus dans la dimension technique.

    Le personnage a une autre utilité : celui de soutien. Du fait de son côté flou, il n’a pas vraiment d’arc, servant avant tout de support pour les autres protagonistes. Tout d’abord, il sert à accentuer la situation de proscrit dans sa propre famille que ressent Jon. Pendant que notre « héros » se rate constamment et nous impose de longues scènes d’introspection, le cynisme de façade du Lutin permet de devenir une boussole morale, remettant l’ado sur le droit chemin.

    J’ai déjà expliqué pourquoi je trouvais que le personnage de Tyrion n’était qu’une façade, face à quelqu’un de beaucoup plus idéaliste et impliqué qu’il n’y paraît. Dès le départ, il est dit qu’il n’avait aucune attache à Winterfell. Durant le banquet, il s’était isolé, ne s’y trouvant pas à sa place. La suite, après la tension liée à l’accident et l’ambiance qu’a fait peser Lady Cate, n’a pas aidé. Il y serait sans doute retourné, le lieu étant sur sa route, mais n’aurait pas salué pour autant les hôtes et resté dans une auberge. S’il revient, c’est clairement pour Jon : il s’est attaché à l’ado rejeté, et va finalement trouver un lien avec l’enfant estropié.

    Le dernier article de DroZo pose une question en sous-texte qui est celle du militantisme dans le handicap. C’est une question où j’étais en désaccord avec lui. Pour moi, ces actions étaient vaines pour deux raisons : Tout d’abord, face à des ressources limitées pour les soins où la recherche il y a souvent une compétition implicite entre les syndromes, voire les causes. On retrouve d’ailleurs légèrement cette idée dans les retours qu’a eu l’article hors la communauté, certains commentateurs soulignant qu’à l’inverse, les mouvements queers avaient pris la lumière, au détriment d’autres minorités. La deuxième raison est plus profonde. De nombreux malades expriment le malaise venant de l’idée qu’il est difficile de se résumer à un handicap auquel les gens veulent vous résumer, alors même que le souhait le plus inavouable est d’en sortir. Cependant, DroZo aurait fait remarquer que cette position est plus facile à tenir dans le cas d’un handicap peu voyant.

    Durant son voyage, Tyrion va devoir accepter sa condition. Ce qu’il fera ici par un simple geste d’entraide. Le monde ne s’adaptant pas aux invalides, ils doivent souvent faire avec des détournements, des adaptations non prévues par le créateur. Et face à cette difficulté constante, la meilleure solution reste l’échange de conseil. C’est un acte purement altruiste fait par quelqu’un qui a surmonté un problème, mais quelque chose de bien plus profond se joue ici.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 5 mois et 3 semaines par R.Graymarch.

    Ke-mo Sah-bee

    #201628
    R.Graymarch
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    Puisque la série a son propre canon, on la cantonne à son sous-forum dédié. Je dis ça pour les futurs posts vu que cela revient parfois sous ta plume

    Quant à Tyrion. Déjà, sa chronologie pour rejoindre l’auberge du carrefour est très bizarre si je me souviens bien. Ca arrange bien le scénario, on n’est pas trop dupe^^ Mais à part ça, en effet, il est purement altruiste car il fait partie des « broken » qu’évoque GRRM et cela développe un sentiment d’entraide. Petit bémol, c’est « broken chez les nobles » comme Bran ou Jon donc il y a quand même une classe sociale en commun. Je ne suis pas sûr que Tyrion serait altruiste avec un paysan muet par exemple (mais on en reparlera beaucoup plus tard dans la saga). Ajoutons que Tyrion se fait peu d’illusions et beaucoup de « broken » non-nobles sont tués à la naissance, donc durs de les aider s’ils sont déjà morts.

    Mais outre la selle pour Bran, Tyrion est le seul à dire la vérité à Jon sur le Mur (qui n’est pas vraiment un régiment prestigieux mais plutôt un rassemblement de puinés et de voleurs, voire pire) ou sur comment se défendre en tant que bâtard. Sur ce plan là, il est sincère et veut aider. Avec des « non-broken », il cultive son cynisme et son « même pas mal » qui n’est que la facette qu’il veut montrer, pour se protéger.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    MJ par intérim de Les Prétendants d'Harrenhal (2024-), rejoignez-nous
    DOH : #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #201629
    Frère du Khan
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    Navré, R. Gray, mais pour le moment, ce que je lis est assez fidèlement retranscris dans la saison 1.

    • Or si on m’a proposé de laissé des impressions de lecture, celle-ci n’est pas vierge. Déjà car j’ai pas quelques chapitres d’avance (écrire ces posts prend du temps et ce temps dépend d’un planning rempli de manière très variable). Je suis obligé de souvent me référer à la série car, à cause de ce modeste travail d’analyse et de mes connaissances de l’intrigue, je vois beaucoup trop la structure, comme les contours d’un tour de magie.

    À partir d’un moment, les œuvres vont dévier. Je pense qu’il me sera plus facile de me détacher du support audiovisuel. Comme je marche beaucoup par association, ce sera remplacé par d’autres œuvres ou références culturelles, dont certaines se trouveront peut-être aussi traité dans le carrefour des autres mondes.

     

    Ceci étant, merci beaucoup pour ton retour. Je note la remarque sur la condition nobiliaire. J’ai cru voir un truc passer dessus dans le topic sur du handicap dans la fiction et suis impatient d’arriver à ce point de l’intrigue.

    Je note cependant que l’aide qu’il apporte à Jon ne contrevient pas à l’attitude de cynique qu’il se plaît à afficher. Dire à quelqu’un une vérité horrible pour le déniaiser renforce le mythe du dur que rien n’arrête, tout en étant effectivement utile. Je ne pense pas que son comportement change de prime abord, tout juste développe-t-il pour lui de la pitié, puis de la compassion.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 5 mois et 3 semaines par Frère du Khan.

    Ke-mo Sah-bee

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