AGOT 26 – Eddard V

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    Emmalaure
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    AGOT 26 – Eddard V
    Au fil des pages – liste des sujets

    AGOT 25, Bran IV AGOT 27, Jon IV

    Trois drôles d’oiseaux

    Avec ce chapitre, Eddard cherchant à reprendre la main entre de manière active dans son enquête sur la mort de Jon Arryn : en effet, jusqu’à présent, c’étaient les informations qui étaient venues à lui et il se doit de les confronter aux témoignages des habitants du Donjon Rouge qui ont côtoyé la défunte Main.
    Cependant, comme le propre d’une enquête policière littéraire est de brouiller davantage les pistes (pour le lecteur) et qu’Eddard n’est pas Hercule Poirot, on ressort de cette lecture comme notre héros : avec plus de questions que de réponses, et la vague sensation de se faire manipuler dans les grandes largeurs.
    Le chapitre est construit en trois parties distinctes, correspondant à trois rencontres/dialogues très différentes, mais reliées entre elles par des transitions que j’ai trouvées bien soignées. On notera une progression dans ces rencontres, qui peut se lire comme une métaphore des vaines tentatives d’Eddard de prendre en main son propre destin : la première rencontre, avec mestre Pycelle, c’est Eddard qui la sollicite, et on le voit chez le mestre, à la roukkerie; la seconde rencontre – avec Arya – est fortuite, ni Eddard ni sa fille ne l’ayant recherchée; pour la troisième rencontre, ‘on’ est venu voir Eddard chez lui. ‘On’ est Littlefinger, le joueur invétéré et notre héros a perdu la main sans s’en rendre compte.
    Tout naturellement, la présentation sera en trois parties, une partie par personnage rencontré.

    1. La vieille pie

    La première phrase du chapitre fait entrer directement dans le vif du sujet et la parole est à mestre Pycelle, dont on devine alors qu’il est interrogé par Eddard Stark, à l’origine de l’initiative.
    On avait déjà aperçu le vieux mestre lors du premier conseil improvisé dans la hâte pour mettre en place le Tournoi de la Main. Il avait alors l’air d’un vieux sage à longue barbe blanche, un peu fatigué et un peu gâteux, près de piquer du nez à l’heure de sa sieste, mais conscient de ses propres faiblesses.
    GRRM profite de l’entretien particulier avec Eddard pour approfondir le portrait du personnage, ou plutôt pour souligner davantage tous les traits déjà esquissés :
    – Pycelle est vieux et fragile de corps et d’esprit et le rappelle dès qu’il le peut :

    « Le vin, hélas, me contrarie la digestion »
    « J’étais jeune, à l’époque, je forgeais encore ma chaîne, la canicule ne m’épuisait pas comme à présent. »
    « Vous n’êtes pas venu pour que je vous assomme avec mes radotages (« foolish meanderings » en vo; meanderings exprime ici le vagabondage de l’esprit, qui fait plein de tours et détours; radotage est donc presque fidèle, même s’il sous-entend ) sur un été dont plus personne déjà ne se souvenait à la naissance de votre propre père.N’accusez de tous ces méandres, je vous prie, que l’âge. les esprits sont, hélas, comme les épées. Le temps les rouille et les émousse. » (la vf n’est pas complètement fidèle dans la formulation, plus simple en vo, mais l’esprit est bien respecté)

    GRRM, via Eddard, en rajoute une couche de son côté, avec une once d’ambiguïté, tout de même :

    Ses paupières bouffies d’oedème lui donnaient l’air de somnoler.
    La voix du vieux mestre (« aged maester ») se réduisit à un souffle (« thin as a whisper », « mince comme un murmure »).
    Les paupières assoupies s’animèrent d’un battement(…)

    – Pycelle est un oiseau particulièrement bavard, qui au lieu de répondre à la première question d’Eddard à propos de Jon Arryn, commence à épiloguer longuement sur la forte chaleur et ses propres souvenirs de jeunesse. C’est pas mal pour nous lecteurs, ça nous permet de constater que Westeros a bien une histoire passée et cela renforce l’impression de vieillesse et d’expérience de Pycelle, dont on apprend que Robert Baratheon est le 4e roi qu’il sert en tant que Grand mestre. Sa longue barbe blanche à la Merlin l’enchanteur ou à la Gandalf ne semble pas volée.

    – Pycelle est très poli et mielleux, ce que GRRM ne va pas exprimer directement (hormis les formules de politesse et les précautions oratoires dont il abuse, comme « if you/it would ‘rajouter à la suite n’importe quel verbe' »), mais par le biais du lait glacé et sucré de miel à l’excès au goût de lord Eddard.
    Ces paroles abondantes et sucrées ont une apparence de sagesse et de rationalité rassurante qui rappelle d’abord l’esprit rationnel de mestre Luwin : on est dans ce cadre lorsque Pycelle évoque la chaleur actuelle et de la différence entre le ressenti des gens (la dernière année d’été serait toujours la plus chaude) et la réalité (avec sa longue expérience, Pycelle a connu des étés plus chauds, gnagnagna); ou encore lorsqu’il attribue la mort de Jon Arryn à des causes naturelles, en l’expliquant par son âge, les fatigues de sa charge (et il est vrai que Robert n’en fichait pas une question gouvernance), les soucis liés à son fils malingre (là encore, c’est vrai). On apprend en sus que Cersei n’était pas à Port-Real au moment de la mort de la vieille Main, ce qui écarte sa participation directe à l’éventuel empoisonnement (au moins, il lui a fallu trouver un ou plusieurs intermédiaires).
    Et puis sa longue barbe qu’il aime bien caresser lui donne un air tellement sage !
    Derrière ce flot de paroles, il y a quelques phrases gênantes pour un « savant », qui ne veulent absolument rien dire. Exemple :

    La maladie, j’en ai vu bien plus de variantes que je n’ai cure de me souvenir, monseigneur, mais je vais vous dire une chose : chaque cas diffère, tous sont similaires. La mort de lord Jon ne fut pas plus bizarre qu’aucune autre.

    D’une manière générale, dès qu’Eddard pose une question un peu précise et gênante on a le droit à un plus ou moins long laïus qui tourne autour du pot : soit Pycelle est vraiment gâteux et aime s’écouter parler, soit il se donne une contenance et laisse s’échapper les phrases toutes faites le temps de réfléchir à ce qu’il va vraiment répondre. Bref, à une stratégie… et donc à des mensonges.
    Pour finir, après l’évocation du poison, qui le met mal à l’aise, Pycelle insinue que c’est une arme d’eunuque, quand Eddard vient de dire avec de gros sabots que c’était une arme de femme. Vlan Varys, prend ça dans les dents.

    De l’entretien, on ressort cependant avec quelques éléments nouveaux :
    – on apprend les dernières paroles de Jon Arryn « la graine est vigoureuse » (« the seed is strong »). Depuis que j’ai lu Fire and Blood, je ne peux pas m’empêcher de penser à Rhaenyra et ses fils soupçonnés d’être des bâtards d’un certain Strong et le parallèle avec les trois enfants bâtards de Cersei (pourtant mariée à un « strong Robert », hi hi) est patent. Mais la phrase elle-même mérite son propre topic, par conséquent je n’en dirai pas plus.
    – On apprend que juste avant de tomber malade, Jon Arryn a emprunté à Pycelle un gros livre de généalogie (encore une histoire de graine), qu’Eddard va emprunter à son tour (attention, Eddard, depuis le Nom de la rose, les livres tuent !).
    – Cersei n’était pas à Port-Real
    – Jaime n’a pas gagné le tournoi d’anniversaire de Joffrey (ça confirme une partie de l’affirmation de Littlefinger)
    – Pycelle a renvoyé mestre Colemon qui a le premier soigné lord Arryn et le purgeait.

    J’ai choisi de comparer Pycelle à une vieille pie, et de fait, notre vieux mestre a quelques traits qui y font penser : l’amour de ce qui brille avec sa chaîne entremêlée de joyaux (ils étaient plus détaillés lors du premier conseil improvisé, mais dans ce chapitre, on rappelle qu’ils sont là), sa longue barbe blanche qui lui fait comme un ventre blanc de pie, son côté jacasseur, le fait qu’il se laisse lui aussi aller à des « chuchots » (« whispers ») comme le font d’autres oiseaux chuchoteurs. La pie fait partie de la famille des corvidés. La scène se situe dans la roukerie et justement, un corbeau (« raven ») se met à piailler lorsque Pycelle évoque le poison comme arme d’eunuque, juste avant de parler de Varys, des fois qu’Eddard n’aurait pas compris le message.
    Pour info, pie en anglais se dit « magpie ».

    Je n’ai pas parlé de la jeune servante qui prépare et apporte le lait glacé, et qu’il sonne avec une petite clochette d’argent (toujours cet amour de ce qui brille) mais cela fait partie du masque porté par le personnage.
    Pycelle, vieille pie dégoûtante et menteuse !

    2. L’oisillon sorti du nid

    La transition vers le second oiseau rencontré est faite assez habilement : Eddard se lève et sort, mettant fin à l’entretien; pendant ce mouvement, il pose sa dernière question sur Cersei, Pycelle dit qu’il l’a informée par corbeau de la mort de Jon Arryn, Eddard répond par un proverbe « noires ailes noires nouvelles » (à ce propos il y a sans doute une référence aux voiles noires de bateaux annonçant un malheur dans plusieurs récits anciens, comme la légende de Thésée et celle de Tristan et Yseult) que Pycelle contredit en évoquant celui qui a amené au Donjon rouge la nouvelle du réveil de Bran Stark. Pycelle conclut qu’il est là pour servir, et toc, Eddard dans le plan suivant croise karaté kid  Arya en mode oiseau perché sur un pied, qui dit qu’un danseur d’eau ne tombe jamais (sic). Arya qui apprendra plus tard que tous les hommes doivent mourir et tous les hommes doivent servir ^^.
    Bran est cependant omniprésent dans cette partie, et c’est à son sujet – sur son avenir – qu’Arya interroge son père.
    C’est l’occasion du seul flashback du chapitre, au cours duquel Eddard se remémore la veillée nocturne avec ses filles, au pieds de l’arbre-coeur du Donjon rouge, un très vieux chêne (mais pas un barral à face); un passage où l’écriture se fait plus ouvertement symbolique, notamment avec cette image de leur réveil :

    Dès lors, il avait poursuivi seul sa veille, sans défaillance, jusqu’à ce que, déchirant les ténèbres au-dessus de la ville, l’aurore (« dawn », « aube ») lui montrât ses filles allongées parmi la floraison sanglante de souffle-dragon (« dark red blooms of dragon’s breath »).

    Le souffle-dragon est une vraie fleur (la traduction a pris une petite liberté en choisissant « sanglant » plutôt que « rouge sombre »), mais ici, elle prend place à l’aube, au Donjon Rouge, lors d’une veillée pour Bran l’éveillé, et Sansa en rajoute une couche sur Bran qu’elle a vu en rêve et souriant (je ne me prononcerai pas sur la véracité de cette affirmation : à ma première lecture, j’avais la forte impression que Sansa disait cela pour faire plaisir à son père mais que c’était une sorte de mensonge pieux). La suggestion première est une bataille de l’aube à coups de dragon, et là où Eddard reste dans la nuit (meurt), ses filles vont vivre jusqu’à cette aube nouvelle et renaître ; on a au moins raccourci la métaphore de Sansa qui comme la princesse s’endort/disparaît de la circulation et qu’un souffle/baiser de dragon réveille. C’est plus ambiguë pour Arya, qui est enveloppée dans le manteau de son père.
    On peut aussi y voir un rappel de l’image présente dans le précédent chapitre de Daenerys, qui dans la Mer Dothrak voyait Port Real avec toutes ses portes et fenêtres rouges.
    Tombées du nid et séparées de leur famille, Sansa et Arya le seront toutes les deux, comme Bran. Et ni l’une, ni l’autre ne suivront ce que la société a préparé pour elle; quant à ce que les stéréotypes du conte et de la littérature épique attendent d’elles, il est encore trop tôt pour se prononcer, bien que ces deux aspects soient clairement évoqués par Arya et Ned Stark dans leur dialogue à propos de l’avenir de Bran et d’Arya : Bran estropié ne pourra pas devenir chevalier, ni connaître l’amour d’une femme, ni tenir dans ses bras ses enfants. Cependant, Eddard ne sait pas qu’avec ses pouvoirs de vervoyant, Bran pourrait rêver et vivre intensément cette vie-là en se glissant dans la peau d’autres (à titre perso, je crois que la vie de Dunk est le jardin secret de Bran, pas forcément qu’il l’ait influencée, mais qu’il l’ait suivie de près et vécue de l’intérieur).
    Il y a peut-être une autre ironie en préparation qui concerne l’avenir d’Arya, qui demande si elle peut être bâtisseuse de château ou conseillère ou Grand Septon :

    – Toi, dit-il en lui posant un petit baiser sur le front, tu épouseras un roi, tu règneras sur son château, et tes enfants seront chevaliers, princes, seigneurs, voire, oui, l’un d’eux, peut-être, Grand Septon. »
    Le visage d’Arya se ferma. « Non, dit-elle, tout ça, c’est Sansa. »

    Alors, Arya a-t-elle raison ? Est-ce vraiment ainsi que Sansa finira ? Et avec ce que nous savons à présent d’Arya et de son apprentissage chez les Sans-Visage, ne peut-on pas imaginer que cet avenir puisse tout de même s’appliquer à elle à la fin de la saga, surtout que pour sa louve, elle a choisi un nom de reine ? Vous le saurez en continuant à lire (la saga) !

    De l’évocation de Sansa, nous passons à la troisième rencontre, celle avec lord Baelish, venu solliciter Eddard dans ses appartements du Donjon Rouge.

    3. L’oiseau moqueur

    Après avoir rencontré le vieil oiseau dans un nid, puis le petit oisillon cherchant à prendre son envol, voici le dernier du trio, celui qui vient dans le nid des autres, « juché sur la banquette de la baie » (en vo « perched on the window seat », « perché sur la banquette de la fenêtre »), et observe autour de lui.
    Ses premières paroles sont pour railler Ser Barristan, qui s’entraîne avec les autres chevaliers de la Garde dans la cour du château. Barristan Selmy, Barristan le Hardi, vieux chevalier honorable et aguerri, entouré d’une aura prestigieuse et ayant participé à son premier tournoi en lice à 10 ans : il me semble représenter ici un futur qui aurait pu être celui de Bran, ce qui permet de faire le lien avec la scène précédente entre Ned et Arya.

    L’entretien avec Littlefinger est bref, mais il relance l’enquête alors qu’Eddard semblait s’être englué avec Pycelle (la chaleur étouffante, l’excès de miel, les bavardages, l’hypocrisie du vieux, toussa toussa…). Littlefinger lui offre son aide, lui donne quatre noms de gens de Jon Arryn restés à Port real, dont celui d’un écuyer, ser Hugh du Val. Ce faisant, il lui le pousse un peu plus vers la tragédie.
    Enfin, l’aide consiste à lui faire partager un peu de sa science de l’espionnage en l’amenant à la fenêtre et lui montrant un espion de Varys, puis un espion de la reine.
    Evidemment, LF a la partie facile et Ned comme le lecteur ne songe même pas à remettre en cause ses accusations parce qu’il est déjà prévenu contre Varys et contre Cersei Lannister (à raison, cela dit). En outre, LF prétend tenir une promesse faite à Cat.

    Pourtant, dans ce bref entretien, Eddard perd complètement l’initiative et se laisse manipuler, ce qui est finalement marqué par les remerciements dont il gratifie lord Petyr après s’être entendu dire qu’il ne pouvait pas faire confiance à ses propres gens ramenés du Nord.
    On notera au passage que comme Pycelle, Petyr aime bien caresser sa barbichette, qu’il a pourtant moins longue et moins blanche !

    Conclusion

    C’est un chapitre assez curieux, où l’enquête d’Eddard est coupée en deux par un épisode familial qui n’a a priori rien à voir, car le ton n’y est pas à l’enquête. Pourtant, la chute de Bran, qui occupe la place centrale, est au coeur de la tragédie, puisque Bran a été poussé pour avoir découvert le secret de la reine. Jon Arryn avait lui aussi découvert ce même secret. Ensuite, Littlefinger a utilisé la seconde tentative de meurtre contre Bran pour attiser le feu entre Stark et Lannister. Pour Ned, les Lannister sont ceux qui s’en prennent physiquement à sa famille, père adoptif (Jon Arryn) et enfants (Bran, puis Arya, puis les louves).
    Trois oiseaux, un secret mortel de bâtardise et de légitimité dynastique, un livre de généalogie très ennuyeux, un écuyer fraîchement propulsé chevalier, et je crois qu’outre des pièces posées pour le futur du drame, GRRM laisse entrevoir à travers le voile de la narration le schéma d’une histoire passée qui reprend les mêmes thèmes : un vieil oiseau retors (une vieille reine ?), un jeune oiseau qui a fui (une « princesse » spoliée de son héritage ?), et un oiseau observateur plein d’amertume et possiblement avide de revanche et d’amour (un vervoyant malgré lui ?).

    • Ce sujet a été modifié le il y a 4 années et 7 mois par R.Graymarch.
    • Ce sujet a été modifié le il y a 4 années et 7 mois par FeyGirl.
    #134128
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
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    Merci beaucoup Emmalaure pour cette belle lecture, les 3 oiseaux sont très bien trouvés je trouve!

    Sansa en rajoute une couche sur Bran qu’elle a vu en rêve et souriant (je ne me prononcerai pas sur la véracité de cette affirmation : à ma première lecture, j’avais la forte impression que Sansa disait cela pour faire plaisir à son père mais que c’était une sorte de mensonge pieux)

    A peu près en même temps, Bran partage un moment de joie avec son loup (Bran IV), dans l’espoir de monter un jour à cheval et de sortir bientôt de son confinement. Pour ma part j’accorde le bénéfice du doute + rêve vert à Sansa : quand elle prie, je la crois sincère. Et je ne vois pas pourquoi elle aurait menti.

    Littlefinger lui offre son aide, lui donne quatre noms de gens de Jon Arryn restés à Port real, dont celui d’un écuyer, ser Hugh du Val.

    C’est autre une différence entre Eddard Stark et le célèbre détective belge : Hercule Poirot n’aurait pas négligé d’interroger lui-même les trois autres « petites gens » restées sur place. Les livres d’Agatha Christie montrent que les domestiques savent beaucoup plus de choses que d’autres protagonistes. Pour une affaire d’empoisonnement, la fille de cuisine et l’échanson a peut-être des choses à dire. Et le palefrenier en sait peut-être plus que l’écuyer sur les déplacements et les habitudes de Lord Jon Arryn?

    Il y a deux choses remarquables dans Littlefinger concernant Jon Arryn : comment se fait-il qu’il connait autant de détails sur la maison de Jon Arryn et son devenir? On dirait qu’il y avait ses aises. D’autre part il se montre très intéressé par la suite de l’enquête d’Eddard Stark. Dès que la Main lui dit qu’il va faire venir les quatre personnages, LF lui montre les « espions » qui fourmillent, et il s’intéresse fortement à la personne « de confiance » qui va mener l’enquête à sa place ; Littlefinger montrera plus tard qu’il suit ses faits et gestes :

    je me ferais un plaisir de vous mener dans ce bordel que votre Jory cherche en vain depuis si longtemps. Eddard VIII

    Ceci dit, il y a une vérité derrière tous ces mensonges : Cersei est véritablement inquiète de l’enquête de Eddard Stark, et elle va véritablement agir pour contrecarrer cette enquête (ou les enquêtes ultérieures). Sauf que la reine n’a pas véritablement d’espions à elle, il me semble. Les seules araignées sont LF et Varys, qui distillent leurs histoires dans différentes oreilles, non? au mieux de [leurs] propres buts et intérêts.

    #134129
    R.Graymarch
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    Il y a deux choses remarquables dans Littlefinger concernant Jon Arryn : comment se fait-il qu’il connait autant de détails sur la maison de Jon Arryn et son devenir?

    Littlefinger vient du Val (mais a grandi chez les Tully) et son ascension depuis 10 ans (débuts à Goëville, Val d’Arryn) est liée à Jon Arryn. Ca ne parait pas ultra déconnant qu’il soit au courant de la maison de Jon Arryn et de son épouse Lysa née Tully.

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    MJ par intérim de Les Prétendants d'Harrenhal (2024-), rejoignez-nous
    DOH : #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #134133
    Liloo75
    • Fléau des Autres
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    Merci @emmalaure pour cette belle présentation. J’aime beaucoup ta façon d’imager les situations, et les liens que tu arrives à trouver avec la mythologie ou les contes.

    De mon côté, voici ce que j’ai noté:

    • Alors que Lord Eddard interroge Mestre Pycelle sur la mort de Jon Arryn, Pycelle commence par endosser la robe de la modestie : « Je vous ferai, dans les limites de mes moyens, le récit de son agonie ».
    • Il joue également au petit vieux (il a un peu plus de 80 ans) affaibli par la chaleur et qui se remémore sa jeunesse. Il semble radoter. Il raconte à Eddard qu’il a connu un été si long que l’on croyait que l’été éternel était arrivé. En réalité, Pycelle se perd en conjectures pour éviter de répondre aux question de Ned, et tenter d’éluder le sujet Jon Arryn.
    • Pycelle ne manque pas une occasion de rappeler qu’il est un mestre compétent (il a oublié qu’il jouait au modeste). Il évoque qu’il a vu tout de suite que Jon Arryn n’allait pas bien (mais il a mis cela sur le compte de la fatigue et du souci lié à sa charge de Main du Roi), qu’il a congédié Mestre Colemon, trop jeune pour comprendre la maladie d’un vieux monsieur, et trop prompt à vouloir le purger.
    • Quand Pycelle énonce les dernières paroles de Jon Arryn : « la graine est vigoureuse », il l’interprète tout de suite comme des mots destinés à son fils Robert Arryn. Il leur donne la signification qui l’arrange et ne laisse pas le temps à Ned Stark de se forger une opinion. Il ne faudrait pas que l’on devine les soupçons de Jon Arryn quant à la légitimité des enfants royaux…
    • Pycelle rappelle qu’il a 40 années d’ancienneté comme Mestre, et qu’il a servi 4 Rois. Ce qui peut être le signe d’une grande expérience, ou bien démontrer sa capacité d’adaptation et son sens politique…
    • Il réfute l’idée que Jon aurait été empoisonné. Avec ses connaissances, il l’aurait décelé tout de suite ! Quel savant ce Mestre Pycelle. Et quand Lord Eddard évoque la possibilité qu’une femme l’ait empoisonné, Pycelle répond presque immédiatement que le poison est l’arme préférée des eunuques également, jetant le doute sur Varys.
    • Quand Ned demande à voir l’ouvrage que feuilletait Jon Arryn avant de mourir, Pycelle fait tout pour retarder l’échéance : le livre est sans intérêt, et puis il doit le rechercher et enfin comme Ned insiste, il promet de le lui remettre dès qu’il l’aura trouvé.
    • Nous apprenons que Ned se méfie de Varys, qu’il n’a guère plus confiance en Pycelle (avec raison). Et que la Reine était absente au moment de la mort de Jon (serait-elle donc forcément innocente ?)
    • En retournant dans sa chambre, Ned tombe sur sa cadette Arya, qui s’entraine comme le lui a enseigné Syrio Forel. Quand Ned lui fait remarquer que dans cette position au bord de l’escalier, elle risque de tomber, elle réplique qu’un danseur d’eau ne tombe jamais. Bran non plus ne pensait pas tomber un jour…
    • Le père et la fille évoquent Bran et son avenir. Il ne pourra pas devenir chevalier de la Garde, mais Ned pense qu’il pourra tenir une place forte, être membre du Conseil du Roi ou Grand Septon. Il pense, pour lui-même, que Bran ne connaîtra jamais l’étreinte d’une femme ni la joie de tenir son enfant dans ses bras. Ironiquement, s’il était devenu Chevalier de la Garde, il n’aurait pas pu prendre de femme, ni avoir d’enfant…
    • Ned se souvient de leur veillée familiale (avec ses deux filles) le soir où la nouvelle du réveil de Bran leur est parvenue. Sansa et Arya ont fini par s’assoupir au pied de l’arbre, et à l’aube les deux filles étaient « allongées parmi la floraison sanglante de souffle-dragons ». Je me suis demandée ce que cachait cette formulation. Sansa et Arya vont-elles connaître les dragons de Daenerys ? Vont-elles assister à l’avènement d’une aube nouvelle ?
    • Arya répète encore à son père qu’elle ne veut pas devenir une dame. Que ce rôle-là est échu à sa sœur.
    • Le dernier entretien est pour Petyr Baelish, qui demande à voir Lord Eddard. Il a des informations à lui communiquer. Il prétend venir par amour pour Catelyn qu’il a promis d’aider. Il lui dit que l’écuyer de Jon Arryn est resté à Port-Réal et a été élevé au rang de chevalier. Il lui conseille d’envoyer un homme de confiance, mais pas trop proche de lui, pour l’interroger.
    • Littlefinger montre à Ned, depuis sa loggia tous les espions qui travaillent pour lui, la Reine ou Varys. De quoi le rendre parano…
    • Et alors que Ned commence à s’excuser auprès de Petyr de s’être montré méfiant envers lui, celui-ci lui rétorque que c’est ce qu’il a fait de mieux depuis son arrivée à Port-Réal. Sans doute, Ned aurait-il dû continuer à rester soupçonneux envers Baelish.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 7 mois par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #134160
    Obsidienne
    • Pisteur de Géants
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    Merci, @Emmalaure, pour cette analyse, qui, comme toujours, ouvre bien de perspectives !
    Juste une petite question ( c’est mon côté « Colombo » ! ) tu dis que le « souffle-dragon » est une vraie fleur.
    Ne la connaissant pas, j’ai cherché et trouvé qu’il s’agit d’une drogue destinée à anéantir la volonté https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/souffle-du-diable-quel-est-l-effet-de-la-drogue-des-voleurs-sur-le-cerveau_29563
    Est-ce vraiment à ceci que tu pensais ?
    Je ne vois pas trop ce que ça pourrait signifier pour l’un ou l’autre des trois personnages…

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #134162
    Emmalaure
    • Exterminateur de Sauvageons
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    Merci, @emmalaure, pour cette analyse, qui, comme toujours, ouvre bien de perspectives !
    Juste une petite question ( c’est mon côté « Colombo » ! ) tu dis que le « souffle-dragon » est une vraie fleur.
    Ne la connaissant pas, j’ai cherché et trouvé qu’il s’agit d’une drogue destinée à anéantir la volonté https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/souffle-du-diable-quel-est-l-effet-de-la-drogue-des-voleurs-sur-le-cerveau_29563
    Est-ce vraiment à ceci que tu pensais ?
    Je ne vois pas trop ce que ça pourrait signifier pour l’un ou l’autre des trois personnages…

    Non, je pensais à ces fleurs-là (la rouge), qu’on connait en français sous le nom célosie ^^: https://www.alamyimages.fr/photos-images/celosia-plant.html

    edit : les anglo-saxons la nomme aussi « dragon’s breath » . Pas que les anglo-saxons, au fait, c’est la variété rouge qui est appelée « dragon’s breath » (et dragon’s breath est la vo de « souffle-dragon »)

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 7 mois par Emmalaure.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 7 mois par Emmalaure.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 7 mois par Emmalaure.
    #134182
    R.Graymarch
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    C’est joli ces trois oiseaux 🙂

    Ce chapitre est édifiant car on est dans les « pas » de Ned Stark et comme lui on apprend

    Tout commence par Pépé Pycelle. Il règne une atmosphère de faux confort (la chaleur, le lait trop sucré…) et Pépé qui radote gentiment et surtout évite de répondre aux questions en déviant sur d’autres choses (certaines sont intéressantes, cela dit). Là où l’auteur est fort, c’est que le seul mestre qu’on connaisse c’est Luwin et ce dernier nous a paru comme étant un mec bien (anti magie, un peu rabat-joie avec Bran mais tout de même avec la volonté d’aider). Là, on a un autre mestre, vénérable, sage, qui veut aider (même s’il parait un peu aux fraises). On a plutôt tendance à lui faire confiance surtout qu’il oriente vers certains usual suspects (Varys), même s’il en disculpe d’autres (Cersei).

    Ned n’est pas un idiot trop naïf comme on peut le lire si souvent. Il « n’achète » pas vraiment ce qu’on lui dit, et il se pose la vraie question.

     “Come to me as often as you like, Lord Eddard. I am here to serve.”

    Yes, Ned thought as the door swung shut, but whom? /

    « Venez me voir aussi souvent que vous le souhaiterez, lord Eddard. Je suis en ces lieux pour servir. »

    Oui, songea Ned tandis que la porte se refermait, mais qui ?

     

    J’avais complètement oublié la 2e partie, pas tant Arya qui est à fond dans la posture de danseuse d’eau que le récit de la nuit blanche où Sansa s’endort bien avant Arya (when the moon rose vs several hours later). Ce qui est dit sur le futur de Bran est optimiste mais sans mensonge, un équilibre pas toujours facile à trouver. On voit bien à nouveau qu’Arya n’a pas des rêves de Sansa princesse.

    Vient ensuite l’entrevue avec Littlefinger. C’est là que Ned devrait se poser plus profondément la question qu’il avait à la fin de son entrevue avec Pycelle. Car même si Littlefinger dit certaines vérités (il est trop malin pour ne faire que mentir), est-ce-que cela sert vraiment Eddard ou y a-t-il des buts cachés ? Car Littlefinger, comme un bon illusionniste, sait très bien donner des gages de bonne foi (les espions de Varys et de la reine), de bons conseils (les espions surveillent Ned mais pas toute sa maisonnée) pour gagner la confiance de son interlocuteur, chose qu’il travaille depuis l’arrivée de Cat puis Ned.

    Avec toute sa bonne volonté (et aussi parce qu’il a tant besoin d’amis à Port-Réal et que Littlefinger paraît le plus solide et le plus capable), Ned rend les armes.

    “Lord Petyr,” Ned called after him. “I… am grateful for your help. Perhaps I was wrong to distrust you.” / « Lord Petyr ? le rappela Ned. Je… je vous sais gré de votre aide. Peut-être avais-je tort de me garder de vous. »

    Et là, Littlefinger prend des risques énormes en dévoilant la vérité tout en espérant que son interlocuteur n’y croit pas. C’est un pari fou, qu’il tente très souvent (et qui à force va lui revenir en pleine gueule, j’espère).

    “You are slow to learn, Lord Eddard. Distrusting me was the wisest thing you’ve done since you climbed down off your horse.”/ « Vous êtes lent à apprendre, lord Eddard. Vous n’avez rien fait de si pertinent, depuis que vous avez mis pied à terre en ces lieux, que de vous garder de moi. »

    Tel un simili Raskolnikov, Petyr sort la vérité toute nue. On ne connait pas la réponse d’Eddard car c’est le point final du chapitre.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 7 mois par R.Graymarch. Raison: + vf

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    #134188
    Samyriana
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    Merci pour cette analyse Emmalaure! Je n’ai pas grand chose à ajouter, sauf une petite remarque.

    On apprend en sus que Cersei n’était pas à Port-Real au moment de la mort de la vieille Main, ce qui écarte sa participation directe à l’éventuel empoisonnement (au moins, il lui a fallu trouver un ou plusieurs intermédiaires).

    Si Cersei n’était pas là lors de la mort, on pourrait supposer, sans la confession de Lysa, qu’elle fait partie des suspects principaux pour la mort de Jon Arryn, car elle était là au moment où il tombe malade selon ce même Pycelle:

    « Oui, pleurnicha-t-il, oui, Colemon le purgeait, alors, je l’ai congédié. La reine exigeait que lord Arryn meure, elle ne l’a pas dit, c’était impossible, avec Varys qui écoutait, qui écoutait à tout moment, partout, mais je l’ai compris en la regardant. Mais ce n’est pas moi qui ai administré le poison, je le jure.

    (ACOK, chapitre 26, Tyrion VI)

    Sur le moment, en lisant le chapitre, j’ai cru à une erreur de GRRM. Mais je suppose qu’il s’écoule du temps entre le moment où Jon Arryn est empoisonné et le moment où Cersei part pour Castral Roc. D’ailleurs, pourquoi la reine et ses enfants quitteraient-ils la capitale?

     

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #134196
    Obsidienne
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    Non, je pensais à ces fleurs-là (la rouge), qu’on connait en français sous le nom célosie ^^: https://www.alamyimages.fr/photos-images/celosia-plant.html edit : les anglo-saxons la nomme aussi « dragon’s breath » . Pas que les anglo-saxons, au fait, c’est la variété rouge qui est appelée « dragon’s breath » (et dragon’s breath est la vo de « souffle-dragon »)

    Je ne connaissais par leur surnom mais, effectivement, elles évoquent bien un jet de flammes !
    On peut donc en penser n’importe quoi pour le récit, depuis une simple introduction au fait que les dragons auront une importance pour les personnages, jusqu’à leur disparition finale dans les flammes !

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #134214
    Mélusine
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    Pycelle rappelle qu’il a 40 années d’ancienneté comme Mestre, et qu’il a servi 4 Rois. Ce qui peut être le signe d’une grande expérience, ou bien démontrer sa capacité d’adaptation et son sens politique…

    Un mestre sert ou/et dévoué à un château peu importe la personne qui vit sous le toit.

    J’aime bien la notion des 3 oiseaux dans ce chapître.

    Pycelle n’est pas aussi habile que ne le sont Varys et Littlefinguer, on voit tout de suite qu’il est gêné par certaines questions, qu’il tourne autour du pot.

    Mais il est pas loin de la vérité lorsqu’il présente la folie de Lysa Tully, dommage qu’il croit que ce soit Cersei qui ait tout manigancé cela va induire en erreur beaucoup de monde jusqu’à la révélation de Lysa. Je pense que Ned n’entend pas, n’imagine pas que Lysa ait perdu la raison (une noble famille, sa femme, la sœur est saine d’esprit, cela ne se peut), et il ne remet pas en doute le message reçu.

    Moment où on se dit que Ned reprend l’avantage avant de le perdre devant Littlefinger, c’est lorsqu’il demande l’ouvrage demandé et lu par Jon Arryn avant sa mort. Dommage c’était bien parti!

    Le passage par Arya: « un danseur d’eau ne tombe jamais« , ça sent le déjà vu, entendu et réfuté. Jamais, mais parfois avec de l’aide …

    « il voulait devenir chevalier, disait à présent Arya. Chevalier de la Garde. Il peut encore?

    -Non », dit-il. A quoi bon mentir? » Mais rien ne s’oppose à ce qu’un jour il tienne une place forte importante et siège au Conseil du roi. Ou bien construise des châteaux, à l’instar de Brandon le Bâtiseur; ou bien fasse , à bord d’un vaisseau, la traversée des mers du Crépuscule; ou encore adopte la religion de Mère et accède à la dignité de Grand Septon. »

    Première question: a- t-on bien expliqué aux filles que Bran ne pourrait plus marcher? La question semble tellement incongrue alors qu’elle même est en train de faire la grue sur un pied, pour apprendre l’équilibre.

    Deuxième question: « A quoi bon mentir? », n’est-ce pas un joli mensonge de penser que Bran pourrait s’élever si haut ou réaliser de si grande chose, surtout à Westeros.

    Et puis voilà Littlefinger, qui apprend à Eddard Stark, Main du Roi, qu’il est surveillé, et celui-ci semble tomber tout droit des nues. Comment cela se peut-il? Quand Eddard, rencontre sa femme au bordel, il lui est bien expliqué que Varys sait tout et qu’il a des informateurs partout. Comment peut-il croire qu’il n’est pas surveillé par Varys et autres.

    Eddard ne tombe pas dans les filets de l’araignée mais il est aux mains de Littlefinger.

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 7 mois par Mélusine.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 7 mois par R.Graymarch.
    #134246
    Liloo75
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    @emmalaure, j’aimerais revenir sur l’échange entre Ned Stark et Arya sur l’avenir de cette dernière. Ned explique à sa fille qu’elle pourrait épouser un Roi, posséder un château et que ses fils seraient chevaliers ou princes. Arya réplique que cette destinée est pour Sansa.

    Pourtant, la louve d’Arya porte un nom de Reine : Nymeria. Et quand l’on connaît le lien que les enfants Stark entretiennent avec leur loup, on peut s’imaginer Arya devenant Reine.

    Même si pour le moment sa formation de Sans-Visage semble incompatible avec une  vie de « lady ».

    Ce serait prendre le lecteur par surprise. Mais n’est-ce pas ce qui plaît à Martin justement ? surprendre celui qui tient ses livres entre ses mains ?

    Quelle style de Reine pourrait être Arya ? Une Reine gouvernant son royaume seule, sans homme à ses côtés, telle Elisabeth 1ère d’Angleterre.  Arya Stark Reine du Nord ?

    Ou bien, elle pourrait être la femme d’un Roi. Il faudrait qu’il soit exceptionnel ce Roi pour la faire changer d’avis. Elle tient tant à son indépendance (c’est comme cela que j’entends « je ne veux pas être une lady »). Peut-être un Roi qui l’aimerait suffisamment pour lui laisser plus de liberté que celle dont jouissent les femmes à Westeros ?

    Comme tu le dis si bien @emmalaure nous le saurons en lisant la suite de la saga 😉

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #134288
    Hizieł
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 180

    Merci pour cette analyse très intéressante @emmalaure, j’ai moi aussi beaucoup aimé le rapprochement fait avec les 3 oiseaux !

    J’ai apprécié dans ce chapitre ce que plusieurs d’entre vous ont relevé, à savoir l’opposition entre un premier échange dans lequel Ned est à son avantage et se montre un enquêteur plutôt minutieux et un deuxième échange avec Littlefinger au cours duquel il est baladé par son interlocuteur et perd finalement la face. Les deux dernières répliques sont un aveu terrible de l’inexpérience de Ned dans les intrigues lorsqu’il joue face à des grands comploteurs (encore plus pour les relecteurs que nous sommes, qui connaissons la suite).

    Ce que je trouve intéressant dans cette opposition, c’est que l’on voit bien que Ned enfile ce rôle d’enquêteur qui, et c’est logique, est nouveau pour lui. Dans la première partie, il s’en tire bien parce que j’imagine qu’il s’y était préparé, il savait quels points aborder pour vérifier le peu d’infos dont il disposait, il se méfiait à raison de Pycelle (comme de tous ceux du Conseil Restreint) et explorait minutieusement chaque piste (quel est le fameux livre emprunté par Jon Arryn, est-ce que c’était vraiment une mort naturelle, on sait où était Robert mais alors où était sa femme, etc.).

    Une fois l’échange fini, qui s’est déroulé dans une chaleur étouffante (encore plus pour le Nordien qu’il est) et qui lui a demandé une minutie – et donc une concentration – importante (d’autant plus qu’il est plutôt novice en la matière) il se détend, évacue les intrigues de son esprit et « rentre chez lui » (tant grâce à sa discussion avec Arya qui la ramène dans le terrain connu de la famille ; qu’en termes de localisation puisqu’il retourne dans « sa » tour de la Main pour se rafraîchir).

    Sauf que justement, ce n’est pas totalement chez lui et la fin du chapitre le lui prouve : la venue de Littlefinger le replonge dans les intrigues de la Cour (sans que cette fois-ci il n’y soit préparé) et il perd totalement le contrôle et la minutie qu’il avait pu montrer face à Pycelle. Certes il est face à un interlocuteur bien plus expérimenté (et retors) que le Grand Mestre, mais surtout il n’est plus dans les habits d’enquêteur du début du chapitre (au figuré aussi bien qu’au sens propre puisque juste avant de voir Littlefinger il s’est tour à tour « dépouillé de ses vêtements » puis s’est habillé de « linge frais, du lin le plus léger possible« ).

    La suite, avec l’échange entre les deux protagonistes, montre les limites d’Eddard, qui n’a pas encore intégré le fait (et n’arrive juste pas à se faire à l’idée) qu’à Port-Réal, il n’est chez lui nulle part, c’est à dire qu’il doit être prêt, faire preuve de minutie et être concentré à chaque instant, et dans chaque lieu, puisque comme Petyr Baelish lui montre : les espions sont partout, tout le temps ; ce qui implique également de ne faire confiance à personne.

    Et malheureusement, la dernière réplique d’Eddard à Littlefinger « Peut-être avais-je tort de me garder de vous » montre que cette leçon n’est toujours pas apprise par Lord Stark, et pour nous relecteurs cela ne peut que nous désoler de le constater ….

    De mestre passionné d'archi à archimestre déprimé dans DOH 8 - "Dans l'ombre de la Chat-rpie"
    L'incompris Winni Naz Puur dans DOH 9 - "Tous ceux qui veulent changer Meereen"

    #135232
    Ser Aemon Belaerys
    • Exterminateur de Sauvageons
    • Posts : 896

    J’étais passé à côté du fait que Cersei avait quitté Port Real au moment de la mort de Jon Arryn, même si elle était encore présente quand il tombe malade.

    Elle va à Castral Roc c’est ça ? Sous quel motif ? Avec qui ?

    Si je comprends bien, elle revient après la mort de Jon Arrn, car Robert lui aurait demandé de revenir pour l’accompagner à Winterfell ?

     

    -"Comment veux-tu mourir, Tyrion, fils de Tywin ?"
    - "Dans mon lit, à l’âge de 80 ans, le ventre plein de vin et ma queue dans la bouche d’une pute. "

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