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26 octobre 2020 à 12 h 24 min #143651Babar des Bois
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AGOT 60 – Catelyn IX
Au fil des pages – liste des sujets◄ AGOT 59, Eddard XV AGOT 61, Jon VIII ► L’armée de Robb arrive devant les Jumeaux, le château des Frey qui enjambe la Verfurque, pour pouvoir mettre à exécution la stratégie que le jeune Stark a adoptée (cf. chapitre de Catelyn précédant) et qui demande à ce qu’une partie de ses troupes traverse le fleuve. Mais l’armée du Nord trouve porte close, et Catelyn s’en va négocier le passage avec le maître des lieux, lord Walder Frey le Tardif. Le prix de la traversée et du soutien des Frey est acté (qu’a-t-il fait couler d’encre chez les fans !), la cavalerie de Robb passe le pont.
Armée et organisation militaire, géographie et topographie, tactique et stratégie
Le chapitre s’ouvre sur l’armée de Robb en marche :
Comme l’ost, agglutiné sur la route entre les noires fondrières du Neck, marquait le pas avant de se déverser peu à peu vers le Conflans, l’anxiété de Catelyn s’exacerbait.
As the host trooped down the causeway through the black bogs of the Neck and spilled out into the riverlands beyond, Catelyn’s apprehensions grew.
En clair : le temps est désormais à l’application du plan, et non plus à son établissement (le chapitre de Catelyn d’avant s’ouvrait justement sur l’armée qui campait à Moat Cailin : le temps était à la réflexion).
La stratégie (l’objectif à long terme, en l’occurrence battre lord Tywin Lannister en faisant la jonction avec Vivesaigues) et la tactique (l’objectif immédiat, traverser la Verfurque) s’entremêlent et sont au cœur du chapitre. Il est intéressant de voir comment Martin intègre des considérations tout à fait matérielles d’ordre géographique (arriver à traverser une rivière) à sa trame narrative : oui, une armée qui se déplace, ça ne peut pas passer aux mêmes endroits qu’une petite troupe ou un homme seul, la logistique est une considération importante. Avec la question du temps et des distances, c’est quelque chose qui apparait très souvent en toile de fond chez Martin, et qui permet de donner cet aspect « réaliste » à son monde (il ne fait pas n’importe quoi avec le temps et les distances, et même s’il n’est pas toujours précis et faits des erreurs, il y a une cohérence interne sur ces aspects). Et dans ce chapitre, ces considérations sont même au premier plan : elles intègrent le scénario.
La situation est vraiment simple en réalité, mais Martin arrive parfaitement à montrer les enjeux de façon claire et sans artificialité. Regardons la carte :
L’armée vient de Moat Cailin (Nord) et suit très probablement la route royale, elle se situe donc sur la rive gauche de la Verfurque. Dans le plan établi par Robb, le gros des troupes (infanterie essentiellement) doit descendre vers le Trident où se trouve Tywin Lannister et son armée (l’affrontement a lieu non loin de l’auberge du carrefour). La cavalerie quant à elle doit se porter au plus vite à Vivesaigues pour briser le siège mis en place par Jaime, mais il lui faut pour cela se rendre sur la rive droite de la Verfurque. Or le fleuve n’est pas guéable (Le Silure le confirme dans le chapitre), et construire des bacs (ou une structure de style pont de bateaux) prendrait bien trop de temps par rapport aux objectifs. Bref, une seule solution : emprunter le seul pont qui se trouve à proximité, les Jumeaux.
L’armée et son fonctionnement reprend des inspirations médiévales, et on sent que Martin, sur ces aspects techniques, connait le sujet et en retranscrit les grandes lignes. Le terme employé est « ost » (host en VO), terme français qui désigne une armée féodale en campagne. Et c’est ce que nous avons : l’armée du Nord est composée par les différents vassaux de lord Stark, qui ont convoqué chacun leur ban (les seigneurs féodaux avaient le droit de ban, c’est-à-dire de convoquer les hommes de leurs terres pour la guerre). La relation entre un seigneur suzerain et ses vassaux est d’ailleurs montrée dans ce chapitre : on voit Robb tenir le rôle du suzerain en chevauchant chaque jour aux côtés d’un de ses vassaux ; inversement, on voit les vassaux dans leur rôle de conseil auprès du suzerain. La thématique est très présente avec Robb et se mêle à celle de l’apprentissage du bon suzerain, qui traverse aussi ce chapitre.
On a des structures donc très ancrées dans la féodalité (XI-XIIe siècles on va dire), ce qui est rigolo quand on sait que Martin – pour l’évènementiel en particulier – s’inspire énormément des conflits de la fin du Moyen Âge (XIVe-XVe), à un moment où les liens de féodalité sont devenus plus lâches, et où les armées emploient pas mal de mercenaires.Revenons à l’enjeu principal du chapitre : le pont des Jumeaux. Le château se situe sur un point stratégique : il contrôle à la fois les routes terrestres qui longent le fleuve, et les routes fluviales de la Verfurque. Bon, en vrai, c’est pas non plus un point de passage majeur du commerce, il n’y a pas vraiment de grands centres urbains à proximité, le château est trop au nord pour participer au commerce entre Val d’Arryn / Terres de l’Ouest. Le passage vers le Nord est rendu un peu difficile avec le Neck, et même s’il y a la route royale, elle ne passe pas à proximité directe du château. Les droits de passage et de douanes doivent surtout se faire pour des déplacements à l’échelle locale, voire régionale, mais pas forcément beaucoup plus.
La description qui est faite du château met l’accent sur les aspects militaires et défensifs :
the Water Tower rose from the center of the span, commanding both road and river with its arrow slits, murder holes, and portcullises.
En son milieu, la tour de l’Eau commandait tant la rivière que la route par le jeu de ses meurtrières, de ses archères et de ses herses.
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The Twins-two squat, ugly, formidable castles, identical in every respect, with the bridge arching between-had guarded the crossing for centuries. High curtain walls, deep moats, and heavy oak-and-iron gates protected the approaches, the bridge footings rose from within stout inner keeps, there was a barbican and portcullis on either bank, and the Water Tower defended the span itself.
Ainsi se présentaient les Jumeaux depuis des centaines d’années : de part et d’autre de la tour de l’Eau, deux châteaux identiques en tout point, d’aspect trapu, formidable et rébarbatif, retranchés derrière un haut rempart doublé de douves et percé d’énormes portes de chêne et de fer, couvraient les deux culées du pont, lesquelles aboutissaient elles-mêmes à l’intérieur d’une seconde enceinte copieusement fortifiée, avec herse et barbacane.
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Et d’autant plus qu’épées, piques et scorpions hérissaient les murs, que s’apercevaient des archers à la moindre archère, au moindre créneau, que la herse était abaissée, les portes closes et barricadées.
(bon, Jean Sola arrange pas mal l’ordre des infos )
Là encore, on note que Martin connait bien les aspects techniques, qu’il mêle avec le gigantisme qu’il affectionne tant.
La description est là pour montrer une chose : il est imprenable pour Robb.
One glance was sufficient to tell Catelyn that the castle would not be taken by storm.
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(La VF ne reprend pas tout à fait la même idée) Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre au premier coup d’œil l’inanité des présomptions de Robb
Comme l’expliquent très bien Roose Bolton et Helman Tallhart, le château n’est prenable ni par un assaut, ni par un siège (qui impliquerait entre autres la nécessité de traverser le fleuve avec une partie de son armée pour aller assiéger le château d’en face – sans quoi le siège serait inutile. C’est balot).
“That cannot be assaulted, my lords,” Roose Bolton announced. “Nor can we take it by siege, without an army on the far bank to invest the other castle,” Helman Tallhart said gloomily.
Et donc si le chapitre commence par une armée en mouvement, la suite se poursuit sur des tractations diplomatiques, qui sont l’autre facette de la guerre.
« Il nous faut coute que coute les Jumeaux »
La herse des Jumeaux est baissée, mais les Frey ne sont pas opposés au dialogue et aux tractations pour autant : un messager est envoyé, et pas le moindre, l’héritier Frey, ser Stevron. La porte est laissée entrouverte, et lord Frey qui n’a pas encore choisi son camp, cherche à voir quel pourrait être son profit.
Martin montre bien qu’une guerre, ça ne se gagne pas uniquement avec la force militaire : les aspects diplomatiques et tractations sont une part importante et tout aussi essentielle, comme le rappelle Catelyn dans ce chapitre.
Did you teach him wisdom as well as valor, Ned? she wondered
(chose qu’exposera aussi Tywin de façon très cynique lorsqu’il évoquera les Noces Pourpres dans ASoS – un épisode aussi lié aux Jumeaux d’ailleurs).
Catelyn avec ce chapitre revêt une nouvelle casquette – qu’elle conservera par la suite – celle d’ « ambassadeur ». On voit avec ce chapitre le jeu diplomatique, les rouages et les arguments qui rentrent en jeux : le serment et la « légalité », le réalisme et pragmatisme, l’opportunisme. Ce sont des questions qui plus globalement traversent la saga.
Avant de voir quels sont les termes du pacte un peu plus dans les détails, voyons la situation de départ des deux protagonistes :
- Martin a tissé les enjeux stratégiques et l’urgence de façon à ce que Robb arrive à une impasse : il est pris au piège des Jumeaux, il n’a pas le choix. Son entourage en tout cas en est persuadé (le lecteur aussi). Vivesaigues a été attaquée, Edmure est prisonnier, le temps presse – et Lord Frey le sait. De toute façon, il serait dangereux pour les Stark de laisser dans son dos une forteresse à la loyauté très incertaine.
- Les Frey sont vassaux des Tully, ils ne doivent absolument rien aux Stark. Rien du point de vue « légal » ne les oblige à se soumettre à Robb, c’est même le contraire : les Frey ont aussi prêté serment auprès du roi des Sept Couronnes – et Robb est un ennemi de la Couronne. Niveau chronologie cependant je ne suis pas sûre que les Frey aient eu le temps d’aller prêter serment à Joffrey en personne (et ça joue, les relations sont personnelles). Bon, de toute façon, cet argument « légal » reposant sur le « serment vassalique » (le terme n’existe pas, mais c’est pratique pour désigner la chose), il est vraiment faible pour Lord Frey – et ça Catelyn l’a bien compris. C’est quand ça l’arrange, et c’est surtout un prétexte pour ce personnage qui manie assez habilement cet argument pour servir ses propres intérêts (Catelyn a raison, les Frey auraient dû être à Vivesaigues. mais on l’a vu aussi, l’emprise des Tully est pas hyper fort sur le Conflans, d’autant plus en temps de guerre et avec lord Hoster mourant).
- Les Frey pourraient se tourner vers une alliance Lannister. Catelyn souligne que la maison est trop proches des seigneurs de l’Ouest au gout de lord Tully, et note également le mariage entre Genna Lannister et Emmon Frey. Lord Frey au cours de la conversation avec Catelyn rappelle sa troisième épouse, une Crakehall (maison vassale des Lannister), et je ne pense pas que ce soit un hasard. Toutefois, faire miroiter une alliance avec Tywin semble à ce moment plus être un moyen de faire pression et de faire monter les enchères qu’autre chose.
- La force est en faveur des Frey. Catelyn a beau tenter de mettre cet argument en avant (c’est la première chose qu’elle oppose à lord Frey : l’armée de Robb est à ses portes), il tombe rapidement à l’eau. Robb n’a pas les moyens de faire plier militairement les Jumeaux. Et même si je suis pas sûre que lord Frey soit hyper heureux que 20 000 bonshommes campent devant son château, militairement, il a l’avantage.
Bref, Catelyn part avec de gros désavantages. L’armée de Robb met une certaine pression sur les Jumeaux en étant à ses pieds il est vrai, mais elle n’est pas suffisante pour passer gratis ; en revanche cette présence militaire permet d’ouvrir les négociations entre les deux camps. Les Frey sont clairement opportunistes – ça ne date pas de cette guerre, Catelyn rappelle la Rébellion de Robert dans ce chapitre – , et attendent de voir quel parti pourrait leur être le plus favorable. Avec les Stark, ils minimisent les risques. Si les Stark gagnent, c’est tout bénef pour eux. S’ils perdent, ils pourront toujours tenter de jouer la carte de la contrainte légale et/ou militaire.
Il reste à Catelyn une carte à jouer : celle de la fierté et de l’appétit d’alliances prestigieuses qui rongent lord Frey, qui se cherche clairement une place parmi les grands suzerains (et leur considération).
Voici le résultat :
- Les deux Walder deviennent pupilles de lady Stark et sont envoyés à Winterfell
- Olyvar Frey devient l’écuyer de Robb
- Arya doit épouser Elmar Frey
- Robb doit épouser une fille Frey
En échange les Stark obtiennent la majeure partie des troupes Frey (un peu moins de 4 000 hommes, ce n’est pas négligeable) avec leurs officiers.
Le passage coute-t-il cher aux Stark ? oui, clairement, les Frey obtiennent beaucoup, lord Walder a bien su tirer profit de la situation et exploiter sa position de force. Ils mettent un pied au Nord sur le long terme, avec deux mariages – et on sait à quel point les mariages sont au cœur de la lutte d’influence entre les maisons des Sept Couronnes. L’un de ces mariages est certes peu assuré, mais tout de même, mettre la main sur l’héritier Stark, c’est un haut niveau.
Catelyn s’est-elle faite avoir ? Ça c’est plus difficile. Parce qu’on a tendance à analyser le pacte à l’aune des Noces Pourpres, et que le jugement sévère porté sur Robb qui brise ce pacte rejaillit aussi sur Catelyn qui « signe » ce pacte. Pourtant – et je rejoins Eridan sur ce point – si le mariage de Robb avec Jeyne Ouestrelin joue certainement un rôle dans la décision des Frey de trahir Robb, il n’est clairement pas le seul (les Frey l’utilisent surtout comme prétexte). Et si cet élément avait été isolé, il n’y aurait probablement pas eu de Noces Pourpres. Donc pour en revenir à la question d’origine, peut-être. Mais se faire avoir suppose que les deux camps étaient à peu près sur le même pied d’égalité (pour que l’un puisse rouler l’autre), ce qui n’était pas le cas.
Catelyn et ses identités
Paragraphe un peu plus court, mais on retrouve dans ce chapitre les thématiques qui sont associées à Catelyn (je vous renvoie aux analyses de ses autres PoV qui illustrent bien cela) :
-La dualité Stark / Tully (You must be as fierce and hard as the north, Catelyn Tully. You must be a Stark for true now, like your son). Catelyn participe pas mal à inscrire dans la tête des lecteurs l’identité de caractère associée au Nord. Ce qui est un peu ironique quand on sait que le chapitre juste d’avant est celui où Eddard cède au chantage de Varys (la VF rend l’ironie encore plus palpable en traduisant « fierce and hard » par « inflexible »)
-Arriver à trouver sa place et un rôle auprès de son fils, qui serait un équilibre entre la mère, la conseillère, l’outil diplomatique. Elle l’infantilise toujours un peu, mais moins que dans le chapitre précédent (on voit une évolution à ce niveau-là avec tous les chapitres mis bout à bout, Robb s’affirme un peu plus par la suite).
-La peur, elle est présente dès le début du chapitre (avec une petite anaphore en rythme ternaire pour appuyer la chose) :
As the host trooped down the causeway through the black bogs of the Neck and spilled out into the riverlands beyond, Catelyn’s apprehensions grew. She masked her fears behind a face kept still and stern, yet they were there all the same, growing with every league they crossed. Her days were anxious, her nights restless, and every raven that flew overhead made her clench her teeth.
She feared for her lord father, and wondered at his ominous silence. She feared for her brother Edmure, and prayed that the gods would watch over him if he must face the Kingslayer in battle. She feared for Ned and her girls, and for the sweet sons she had left behind at Winterfell.
Elle est conjuguée à son sentiment d’impuissance, qui est récurrent dans ses chapitres, et qui paradoxalement la pousse à agir et à peser véritablement.
Narration : comment créer un personnage antipathique
Un exemple intéressant de comment on construit un personnage – et une maison – détestable. On a déjà eu quelques rumeurs sur les Frey avant ce chapitre, on sait qu’ils ont mauvaise réputation. Ce chapitre de Catelyn rajoute une couche par dessus : le lecteur a appris à détester les Frey avant même de les avoir rencontré. Et la confrontation avec lord Frey vient parachever le tableau ; ce n’est que progressivement que le lecteur apprendra à faire des différences entre les Frey, et à voir leur valeur (bon, pas tous, mais des personnages comme Stevron ou Olyvar sont souvent sympathiques aux yeux du lecteur).
C’est une technique narrative que Martin utilise souvent, et ça a déjà été soulevé : créer une mythologie autour d’un personnage (Euron Greyjoy, Tywin Lannister) ou d’une maison/d’une région (Dorne, Astapor, les Frey, etc..) avant même qu’on ne les ai rencontré.
Lorsque Robb passe le Rubicon
For good or ill, her son had thrown the dice
Alors que la cavalerie franchit la Verfurque, Catelyn a cette pensée, et cette phrase clôture le chapitre. J’en mets ma main à couper : c’est un clin d’œil à César franchissant le Rubicon en 49 av. J.-C., au tout début des guerres civiles qui entraînent la fin de la République Romaine. Selon Suétone (que GRRM connait et a lu), au moment où César franchit le Rubicon (un fleuve au nord de l’Italie qui marque la limite du territoire romain) pour se porter contre Pompée et le Sénat, il prononce cette phrase : alea jacta est, « le sort en est jeté » (en anglais : the die is/has been cast). L’expression est synonyme de « plus de retour en arrière possible » ou bien « mon destin est entre les mains de la fortune ».
Plusieurs façons de l’interpréter :
- Tout comme cet épisode historique marque le début des guerres civiles romaines et les premiers affrontements, Robb mène son armée vers les premiers affrontements militaires contre les Lannister (les batailles arrivent juste après).
- Robb, en acceptant ce pacte, scelle son destin. Même si on a vu que ce n’était pas cet élément tout seul qui menait aux Noces Pourpres, dans la construction symbolique et narrative du récit (Martin sait où il va en écrivant ce passage), ce moment est marquant, et les fils se nouent autour de Robb, progressivement.
- Ce sera aux Jumeaux qu’il sera massacré : il scelle son destin en ce lieu même.
Dans les chapitres de Catelyn, on a je trouve souvent des éléments de rouages narratifs aux lourdes conséquences qui se mettent en place : la lettre de Lysa et tout ce qu’elle entraine, l’arrestation de Tyrion et ses suites ; par la suite, la libération de Jaime, etc…. Et ce chapitre ne fait pas exception : les Noces Pourpres qui se mettent tout doucement en place.
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Oualou, c’est déjà très long, il y aurait encore beaucoup à dire (par exemple, on a un petit indice lié à l’assassinat de Jon Arryn : lorsque Walder Frey évoque l’histoire de Robert Arryn qui devait être envoyé comme pupille auprès de Stannis Baratheon. Je vous renvoie à ce décryptage pour en savoir plus ^^). Mais ça fait déjà beaucoup à lire
#hihihi
Co-autrice : "Les Mystères du Trône de Fer II - La clarté de l'histoire, la brume des légendes" (inspirations historiques de George R.R. Martin)
Première Prêtresse de Saint Maekar le Grand (© Chat Noir)26 octobre 2020 à 13 h 46 min #143659R.Graymarch- Barral
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C’est un chapitre un peu étrange. L’auteur nous montre que c’est bien joli de partir la fleur au « fusil » pour sauver Papa, mais qu’il y a des contraintes matérielles (déjà entrevues à Winterfell pour nourrir tout ce petit monde). Dans la tête des jeunes garçons, la guerre c’est souvent héroïque, mais dans les faits, c’est bien plus complexe (et en général, tout le monde y perd quelque chose mais ça on le verra plus tard). Un chapitre entier à exposer le problème : les Jumeaux, la famille Frey et notamment Walder qui, comme le dit Babar au dessus, est encore plus détestable qu’on l’imaginait. GRRM décrit super bien mais en effet, c’est gigantesque. Imaginer de bâtir un tel pont avec des techniques médiévales…. Personne pour relever que « to storm a castle » serait lié aux bâtards des terres de l’orage ? ^^
On expose le problème mais on apporte la solution, tout en escamotant une partie des tractations. Car si on a le début de l’affrontement verbal entre Cat et Walder, on n’a pas l’intégralité. Sans doute pour nous éviter une joute pénible à lire (ou dure à écrire). On a le résultat, qui comme toute négociation, n’est pas totalement satisfaisant
Heureusement qu’il y a des mecs sûrs comme Roose Bolton
Roose Bolton nodded. “Go in there alone and you’re his. He can sell you to the Lannisters, throw you in a dungeon, or slit your throat, as he likes.
Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
MJ par intérim de Les Prétendants d'Harrenhal (2024-), rejoignez-nous
DOH : #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais26 octobre 2020 à 21 h 02 min #143694Eridan- Vervoyant
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Merci Babar pour ce CR très complet et très expert ! ^^
Perso, j’ai surtout relevé quelques anecdotes à la relecture :
Ce n’est pas nouveau, mais Brynden le Silure a un bijou d’obsidienne (déjà évoqué dans un chapitre précédent) … La couleur du caillou s’harmonise parfaitement avec son surnom de Blackfish (poisson noir), mais au delà du côté esthétique, on voit une fois de plus mêlé le nom de Brynden, la couleur noire et l’obsidienne, ce qui rappelle sacrément Brynden Rivers, dit Freuxsanglant, celui-là même à qui Brynden Tully doit (possiblement) son nom.
Roose Bolton qui, en bon banneret, donne de bons conseils à Robb, comme l’a relevé Graymarch … C’est assez savoureux.
Je me rends compte que si on passe sur la brutalité et la vulgarité du propos, Walder Frey dit des choses assez justes et révélatrices (c’est un peu « la reine des épines version beauf » !), comme le portrait qu’il brosse de Tywin, ou le fait qu’il sait que sa descendance n’attend que sa mort. Bon, par contre, le bonhomme est tellement mesquin et malveillant, que ça en devient comique.
« Quand j’ai reçu sous mon toit trois rois et autant de reines […] »
Par curiosité, j’aimerais bien savoir lesquels. ^^ Mais Robert et Cersei à l’aller ou au retour en font sûrement partie.
« J’aurai un fils d’elle, l’année prochaine, à pareille époque, ou je me trompe fort. »
Il se trompe fort, et c’est tant mieux.
« Et si je le désignais, lui, pour mon héritier, dites, voilà-t-y pas qui mettrait les autres gentiment hors d’eux ? »
J’aimerais beaucoup voir ça, tiens ! ^^Par curiosité, je me demande un peu quelle fille Walder Frey prévoyait de faire épouser à Edmure …
GRRM va jouer avec les conditions qui ont été imposé à Catelyn par la suite : les pupilles de Winterfell (du gâteau, pas tapageurs, polis) se révèleront tout l’inverse de ce qu’en dit Walder ; la romance Elmar – Arya va rapidement tourner court ; et le mariage de Robb avec une Frey … Je ne reviens pas dessus. ^^
La seule condition imposée par le Tardif qui aura peut-être à terme des conséquences positives pour les Stark, c’est donc essentiellement la plus anodine : son fils Olyvar devenu écuyer personnel de Robb."Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"
26 octobre 2020 à 21 h 45 min #143698Pandémie- Fléau des Autres
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Là encore, on note que Martin connait bien les aspects techniques
Mwoui, GrrM a de la peine avec la physique et les matériaux. L’immense arche qui surplombe le fleuve avec une immense tour au milieu, c’est joli, mais c’est impossible (et contrairement au Mur où on peut expliquer la glace se comporte bizarrement à cause de sortilèges, là il n’y en a pas dans la pierre, a priori). Pareil pour le position stratégique. Si on reporte la distance du Mur et qu’on compare à la distance Jumeaux-Trident, ça revient à se dire qu’il n’y avait pas de pon^t, de gué ou de bacs entre Genève et l’embouchure du Rhône, ou pas de passage de la frontière franco-allemande sauf à Bâle. Ça arrange bien les bidons littéraires de GrrM, mais techniquement, c’est pas vraiment ça.
Ce chapitre est un de ceux qui m’avaient tiqué à la lecture sur ce genre de questions (y aura aussi beaucoup à dire sur la bataille de la Verfurque, problèmes tactiques chez GrrM ou chez ses personnages).
28 octobre 2020 à 22 h 39 min #143798Athouni- Patrouilleur Expérimenté
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En regardant la carte de Westeros, on voit pas bien ce qui justifierait qu’il y ait d’autres ponts, en tout cas des ponts suffisamment grands pour faire traverser une armée. A fortiori, je ne vois pas l’intérêt des Frey à multiplier les ponts sur leur territoire alors qu’ils tirent leurs revenus de leur monopole.
Ce n’est pas évident de trouver une carte avec les territoires des différents vassaux mais les Frey ont l’air incontournables dans le coin. Leur territoire semble même descendre assez loin au sud. Et c’est sans compter le coût de ce type de construction qui sont sans doute inabordables pour des maisons mineures.
Avec un peu de bonne volonté, on trouve sans mal de quoi justifier la situation telle qu’elle est décrite ^^. Après tout, on est pas franchement au coeur du royaume et sur des voies commerciales est-ouest importantes….
« When dead men come hunting in the night, do you think it matters who sits the Iron Throne »
29 octobre 2020 à 10 h 19 min #143821Pandémie- Fléau des Autres
- Posts : 2889
Moins au coeur du royaume que le Conflans, je ne sais pas ce qu’il te faut… C’est une des régions connue pour être la plus au coeur des échanges et des conflits et une des plus peuplées (c’est juste que GrrM ne peut pas mettre chaque bled sur la carte). De toute façon, ce n’est pas réaliste pour tout un tas de raisons.
Déjà, économiquement, on ne construisait pas des ponts prioritairement pour du commerce à longue distance, mais on construisait des ponts juste pour ne pas se priver de toutes les ressources de la rive en face, même pour aller y faire paître des vaches. On construisait justement des ponts ou des bacs en bois emportés régulièrement, parce que consacrer de l’argent et du temps à les rebâtir coutait moins cher que de regarder l’autre côté en se morfondant de ne pas pouvoir aller y bosser ou y vendre ses biens. De ce point de vue là, Westeros est plutôt avantagé avec des saisons qui durent plus longtemps, donc paradoxalement il devrait y avoir plus de ponts et de bacs et autres structures en bois.
Mais même pour des structures en pierre, il devrait y avoir plusieurs emplacements possibles. J’ai pris le Rhône ou le Rhin comme exemple mais j’aurais pu prendre le Pô ou la Tamise. Ce n’est pas l’Amazone au coeur d’une forêt pluviale ni le Colorado dans un canyon ni l’Amour au fin fond de la Sibérie. Les fleuves à l’époque ne ressemblaient pas du tout aux grandes avenues canalisées, ils n’étaient pas domestiqués et au contraire, la navigation était un problème car c’était une succession de rapides ou de hauts fonds, et des périodes de hautes eaux et de débit minimal (estivage). Sur une telle distance, il y aura forcément d’autres passages, gué ou place ou faire un pont de pierre. D’ailleurs, autres paradoxes, il y en a au gué des rubis, mais sur le Trident après que les trois fleuves se sont réunis (donc avec un débit bien plus important), et on est en plein estivage, en fin d’été, donc une période avec un débit moindre.
Dans d’autres romans du genre, les héros ne se seraient pas posés la question, ils auraient eu un pont ou gué là où ils en avaient avaient besoin. Dans ASOIAF, les héros n’ont pas ce qu’ils ont besoin et doivent réfléchir (c’est déjà un peu le cas dans le cycle des l’Arcane des Epées de Tad Williams qui l’a inspiré). Mais GrrM le dit lui même, il n’écrit pas l’histoire ni la réalité, ça reste de la fiction et donc dès qu’on creuse, on tombe sur des éléments qui ne vont pas fonctionner mais qui sont utiles à l’intrigue. Ici, il a mis des obstacles réalistes (négocier un passage) dans un contexte de rivière fictive irréaliste. Il se démarque des autres parce qu’il essaie de mettre une couche superficielle de réalisme
30 janvier 2021 à 0 h 24 min #150354Yoda Bor- Pisteur de Géants
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Un chapitre que j’ai beaucoup apprécié, surtout dans sa partie avec la découverte des Frey. Le vieux Lord n’apparaît pas du tout sympathique mais il a le chic pour bien appuyer sur ce qui fait mal et je trouve amusante le parallèle avec Olenna qui n’hésite pas à dire ses vérités. Le privilège de la vieillesse peut-être.
Arys du Rouvre 💜
4 décembre 2021 à 18 h 00 min #164065darkdoudou- Pas Trouillard
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En lisant les métamorphoses d’Ovide, j’ai trouvé un parallèle frappant avec l’histoire de Niobé, fille de Tantale et bru de Jupiter, qui jalouse Latone à qui le peuple rend un culte. Comme Walder Frey, Niobé a la bouche pleine de sa nombreuse progéniture et méprise ouvertement Latone qui n’a que deux enfants. Comme Walder, elle dit que même en perdant deux enfants, il lui en resterait plus.
Dans mon palais, de quelque côté que se portent mes yeux, ils rencontrent d’immenses richesses ; enfin, ma beauté peut faire envie à une déesse. Ajoutez à tant de gloire sept filles, autant de fils dans la fleur de l’âge, et bientôt sept gendres et sept brus. Cherchez maintenant d’où peut naître mon orgueil ; osez me préférer la fille de Céus, je ne sais quel Titan, Latone, qui jadis ne put trouver, sur le vaste sein de la terre, un peu de place pour mettre au monde ses enfants. […] Latone devint mère de deux enfants, à peine la septième partie de ceux que mes flancs ont portés. Je suis heureuse ; qui pourrait le nier ? Je serai toujours heureuse ; qui oserait en douter ? C’est l’abondance de mes biens qui assure mon bonheur ; je suis trop haut pour que l’adversité puisse m’atteindre. Quelque bien qu’elle puisse m’ôter, elle m’en laissera toujours beaucoup plus encore ; au point où elle est montée, ma fortune est au-dessus de la crainte des revers. Supposez que de ce peuple d’enfants quelques-uns me soient enlevés, cette perte ne saurait me réduire à deux comme Latone ; avec une pareille postérité, est-elle bien loin de ne pas en avoir ?
Mais en s’attaquant à Latone et à son culte, elle s’attaque aux dieux et sa punition sera terrible : les enfants de Latone, Diane et Apollon, vont exécuter d’abord les fils de Niobé. Devant les corps de ses enfants elle continue encore à défier Latone :
Elle en détache ses bras livides, et les élevant au ciel : « Repais-toi de ma douleur, ô cruelle Latone ! s’écrie-t-elle ; repais-toi de mes larmes, assouvis ton cœur impitoyable ; je meurs sept fois : triomphe, implacable ennemie ! applaudis-toi de cette victoire ! Mais où donc est cette victoire ? Dans mon malheur je suis encore plus riche que toi dans ta prospérité : après tant de funérailles, je l’emporte encore ! »
La suite de la punition ne tarde pas : elle parle, et déjà la corde a résonné sur l’arc qui se tend avec force. Les sept filles de Niobé sont abbatues rapidement. Enfin accablée par le chagrin, Niobé se transforme en une statue de pierre d’où coulent des larmes innombrables qui rappellent celles d’Alyssa Arryn.
Est-ce que les enfants de Walder Frey vont connaître un destin similaire à ceux de Niobé de la main des enfants de Catelyn ?
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