Sarah Ash

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  • #108728
    Chat-qui-boite
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    On parle du Drac en Occitanie, maintes légendes suivants les régions et autant d’apparences. Le mot vient du latin ( draco draconis) tout comme le mot dragon, et le latin vient d’une racine grecque, ce qui fait qu’on retrouve ce mot dans les langues celtiques, germaniques et scandinaves. Dans le sud de la France c’est une créature hybride, serpent ailé en rapport avec l’eau, un « monstre ailé et amphibie » (F.Mistral). En pays Catalan le Drac est un dragon combattu par St Georges, saint patron de la région. On retrouve bien sûre le dragon dans la toponymie, je me limite à Draguignan et Mondragon.

    Cette intro pour aborder une auteure qui peut partager les lecteurs. N’ayant pas moi-même une grande culture de Fantasy on ne peut me soupçonner de parti pris. C’est comme pour la voix de Michel Jonasz: Ce qui rebute au premier abord devient  une qualité et un charme. Je parle de l’univers de Sarah Ash dont je viens de lire la trilogie  » Les Larmes d’Artamon ». Voilà un univers qui à première vue peut paraître simplet:la carte et les noms de lieux ont une grosse ressemblance avec une Europe concentrée et privée de Grande Bretagne, mais je soupçonne que la langue commune qui permet aux différentes cours de communiquer a quelque chose à voir avec l’anglais. Cela donne des détails amusants, par exemple une dame de compagnie de la reine douairière de Francia se nomme Mme de Romorantin ( cela doit sonner très français aux oreilles d’une anglaise!).

    Dans cet univers un peu fourre-tout on reconnait la Francia et plus au sud un autre royaume très hispanisant. C’est le domaine de la religion poussée à son comble, un mélange de l’inquisition sous Isabelle de Castille et de la cour de France sous la régence de Catherine de Médicis. L’Ennemi est au Nord: Le Prince Eugène qui gouverne le royaume de Tielen à des allures germaniques et des aspirations Napoléoniennes qui l’opposent aux autres royaumes dont les noms font penser à la Scandinavie, la Russie, la Mongolie et l’Europe Centrale. La politique et les tactiques militaires sont donc présentes mais pas que. C’est qu’il y a aussi science/alchimie/magie dans cet univers. Un personnage n’est pas gâté:Gavril Andar hérite du trône de son père et du titre Drackaon (ça commence comme Drac et ça finit comme pharaon) et ce n’est pas une sinécure, il va le découvrir rapidement. Car ce titre fait de lui un être hybride possédé par un Drackaoul qui décuple ses forces mais il s’agit là de magie de sang qui se paie: Après chaque exploit, pour se refaire une santé le Drackaon doit se repaitre de sang d’une vierge ( et pourquoi pas d’un puceau? On ne sait pas).

    Artamon est l’ancêtre commun à tous ces rois et bâtards ambitieux qui veulent le pouvoir total quitte à y perdre leur âme. Je n’en dirai pas plus sur la trilogie qui se lit avec plaisir, les noms des personnages sont souvent originaux ce qui permet de s’y retrouver. J’ai commencé par le préquelle « La Traque de l’Ombre » où l’action se situe entre le royaume de Francia et une terre-sainte défendue par une population de guerriers et de magiciens, Anges déchus qui s’unissent (corps et âmes) avec des rapaces. Dans ce préquelle on voit la montée en puissance de l’inquisition et l’apparition de personnages que l’on retrouvera dans la trilogie. J’avoue que ces histoires d’anges bienheureux et d’anges déchus me rebutaient un peu, mais le talent de l’auteure c’est d’en faire quelque chose d’esthétique sans oublier l’affectif très présent, et moteur des actions des héros [].

    Je sais que le livre n’est pas tout récent et j’y ai relevé un détail qui m’a fait penser à Christelle Dabos: Ici aussi il y a une savante d’age mûr qui s’appelle Hildegarde. Si vous avez d’autres ressentis sur ces livres, je suis toute ouïe (oui,oui)

    Mieux vaut être en retard au paradis qu'en avance au cimetière
    Reste assis au bord de la rivière et tu verras passer le corps de ton ennemi

    #108751
    Tizun Thane
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    Tout cela a l’air bien sympathique! Sur ton préambule sur le Drac, ce genre de légendes locales sur les dragons abondent partout en France, et pas uniquement en occitanie. J’adore ce genre de légendes que je trouve fascinantes!

    On a la Tarrasque de Tarrascon, mais aussi la Gargouille de Rouen (sisi!), le Graoully à Metz, ou la Grand’Goule de Poitiers.

    #109234
    Chat-qui-boite
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    Oui, moi aussi j’adore les légendes locales qui n’ont pas été que des légendes pour les gens dans un temps reculé. Je me suis trouvée à visiter le Prieuré de Serrabone, petit prieuré roman perdu dans les montagnes des PO, dont les chapiteaux sculptés dans le marbre rose fourmille d’animaux fantastiques. La fiche explicative du site étant bien faite, on apprend à reconnaître dans certains animaux les apôtres et d’autres, plus affreuses les unes que les autres, des représentations du mal, du démon. On sait qu’il faut voir nos cathédrales comme d’immenses bandes dessinées depuis la petite statue de la vierge pieds nus sur un serpent jusqu’à la moindre gargouille. De ce message destiné au peuple, nous avons un peu perdu les codes mais il reste l’image du dragon parlante pour tout le monde. Comme beaucoup d’animaux de l’ère pré-chrétienne, il a été récupéré par le christianisme. Il renait avec la Fantasy: Plantez un dragon dans le décor, vous savez dans quel style littéraire vous vous trouvez. Les dragons de Robin Hobb crachent de l’acide, ceux de Sarah Ash une espèce d’arc électrique qui brûle tout, quant au dragon de Dany c’est la version à la fois moderne et ancienne. Ancienne parce qu’il crache tous les feux de l’enfer, moderne parce qu’il est à commande vocale, le bouton ON c’est « Dracarys ».

    Finalement Sarah Ash nous fait revenir aux sources chrétiennes du phénomène dragon avec l’ambiguïté d’une créature qui donne du pouvoir et sème la destruction. J’aimerais beaucoup en apprendre un peu plus sur la figure du dragon en Asie si des frères et soeurs ont des connaissances à partager. Personnellement je ne connais que le dragon du zodiaque chinois qui parait-il est le meilleur signe, quelque soit l’attention qu’on prête à l’astrologie, et quoique puisse dire « le meilleur signe ».

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