ASOS 45 – Jaime VI

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    Samyriana
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    ASOS 45 – Jaime VI
    Au fil des pages – liste des sujets

    ASOS 44, Arya VIII ASOS 46, Catelyn V

    L’analyse de ce chapitre a été réalisée par @emmalaure, je ne suis que l’intermédiaire!

    Après que la route d’Arya bifurque à nouveau lorsque la Fraternité lui apprend qu’elle ne trouvera plus sa mère à Vivesaigues et qu’elle se fait enlever par le Limier dans la foulée, nous retrouvons Jaime sur un nouveau départ, au sens propre puisqu’il quitte Harrenhal pour enfin retrouver les siens à Port Real, comme au sens figuré, le chapitre s’achevant sur un authentique acte chevaleresque avec le sauvetage de Brienne prisonnière des Pitres sanglants. C’est à l’occasion de ce sauvetage que Jaime passe du statut de pion ou proie dans le  « jeu » (en anglais,  « game » signifie à la fois le jeu et la chasse, ce qui va très bien ici lorsqu’on considère la convoitise dont Jaime est l’objet et le nombre de chasseurs qu’il a à ses trousses) à celui d’acteur à part entière, en accomplissant un acte digne de héros de fiction romanesque, alors que, privé de sa main d’épée, il n’en a plus la capacité physique.

    La libération de Jaime se joue sur plusieurs niveaux, dans les faits et actes du récit mais aussi dans la symbolique de renaissance, omniprésente dans tous les précédents chapitres de notre chevalier préféré. Cette naissance du nouveau Jaime sera notre fil rouge dans la présentation et analyse du chapitre, qui se divise en trois parties bien distinctes (merci GRRM de me faciliter le boulot !^^) :

    – Le départ d’Harrenhal qui se fait sous le signe des souvenirs d’une autre étape à Harrenhal, le jour où le jeune Jaime reçut le manteau blanc et épousa la Garde Royale.

    – Le rêve horrifique sur la souche de barral.

    – le retour à Harrenhal et le sauvetage de la pucelle Brienne.

    1. Souvenirs, souvenirs

    a. Du passé immédiat faisons table rase

    La ton est donné dès le premier paragraphe : sous la conduite de Walton Jarrets d’acier et d’une centaine d’hommes, Jaime est enfin en sécurité (ou presque) et quitte définitivement le maudit Harrenhal, Brienne de Tarth et les Pitres sanglants. Le danger de la septicémie est également derrière lui et si la main est définitivement perdue, il recouvre au moins la santé. Et pour couronner le tout, il va retrouver sa Cersei bien-aimée après plus d’un an de captivité, d’errances et de malheurs :

    Though his fever lingered stubbornly, the stump was healing clean, and Qyburn said his arm was no longer in danger. Jaime was anxious to be gone, to put Harrenhal, the Bloody Mummers, and Brienne of Tarth all behind him. A real woman waited for him in the Red Keep.

    L’habillement de Jaime participe de cette rupture avec le passé : pas de couleurs Lannister ni celles de la Garde royale qui crieraient son identité, mais du marron foncé qui évoque la boue bien plus que les éclatantes couleurs de la cour :

    Jaime rode with sword and dagger on his belt, shield and helm hung from his saddle, chainmail under a dark brown surcoat. He was not such a fool as to show the lion of Lannister on his arms, though, nor the plain white blazon that was his right as a Sworn Brother of the Kingsguard.

    Il s’est également choisi un écu aux couleurs d’une famille éteinte depuis des décennies :

    He found an old shield in the armory, battered and splintered, the chipped paint still showing most of the great black bat of House Lothston upon a field of silver and gold.The Lothstons held Harrenhal before the Whents and had been a powerful family in their day, but they had died out ages ago,(…)

    Comme il l’exprime lui-même, Jaime n’est plus personne :

    so no one was likely to object to him bearing their arms. He would be no one’s cousin, no one’s enemy, no one’s sworn sword . . . in sum, no one.

    Et bien sûr, comme il n’a plus de main, son habillement de chevalier est un déguisement :

    Lord Bolton had accoutred him as a knight, preferring to ignore the missing hand that made such warlike garb a travesty.

    b. Bifurcations et itinéraires bis.

    Cette  « remise à zéro » n’est cependant pas encore un choix ; en effet, jusqu’à maintenant, Jaime a toujours vécu son identité comme une définition par rapport à d’autres : il était un ennemi pour les uns, une épée jurée pour d’autres, un membre de la famille (et pour Cersei, il décroche le bingo ^^). Si la perte de sa main lui a fait perdre tout ce qui le définissait auparavant, il lui reste à se réinventer (ces nouvelles pages à écrire vont également se matérialiser quelques chapitres plus loin, quand il reprendra la suite de son histoire dans le Livre Blanc de la Garde royale) et la rupture avec le passé immédiat n’est pas tout à fait consommée : pour le moment, Jaime est impatient de retrouver les siens, essentiellement Cersei – une femme réelle qui appartient à son passé. Mais on peut déjà voir qu’il y a un risque de déception et qu’en outre les aspirations profondes de Jaime ne sont peut-être pas celles qu’il prétend : dans le premier paragraphe, Cersei n’est pas nommée mais seulement qualifiée de  « real woman », précédée d’un article indéfini (« a ») et Jaime fantasme qu’elle l’attend, ce qui ne correspond pas tout à fait à la réalité. Un peu plus loin, à propos de sa main qui repousserait, Jaime ne l’associe pas à son aspiration profonde à lui mais à celles de son père :

     « We all have fond hopes. If he grows me back a hand, my father will make him Grand Maester. »

    D’autre part, bien qu’il soit tout neuf et à l’identité encore indéterminée, Jaime reste un objet dans les mains de plus puissants : en l’occurrence, il est une monnaie d’échange entre son père Tywin Lannister et le traître Roose Bolton, et il ne bénéficie pas de sa liberté d’action. Un petit échange dont GRRM a le secret – et dont le lecteur ne comprendra que plus tard les implications – montre à quel point le dernier maîtrise sa chasse du moment et tient à se lier les personnes potentiellement utiles pour la suite :

    “(…)You will give my warm regards to your father?”

    “So long as you give mine to Robb Stark.”

    “That I shall.”

    Si à la première lecture on ne soupçonne pas les Noces Pourpres, ça fleure tout de même très fort la trahison : Bolton en effet, en envoyant Jaime à Port Real, n’exauce même pas le vœu de Catelyn Stark – autrement il aurait libéré Brienne avec Jaime pour qu’elle accomplisse sa mission – mais il montre qu’il a négocié directement avec Tywin Lannister. On s’attend donc au moins à ce que Bolton et les Frey lâchent officiellement Robb Stark, le roi qui a perdu le Nord (cela dit, la  « reprise » de Winterfell par Ramsay Snow et sa destruction n’augurent rien de bon pour la suite). Evidemment, Jaime ignore tout du complot qui se trame, son départ d’Harrenhal est sous le signe de l’impuissance lorsqu’il se contente de menaces à l’égard des Pitres sanglants, dont il n’a pas la capacité immédiate de se venger, sa seule satisfaction étant de faire du Jaime dans le texte, c’est-à-dire d’envoyer des punchlines (inoffensives ici) :

    Some Brave Companions had gathered in the yard to watch them leave. Jaime trotted over to where they stood.  « Zollo. How kind of you to see me off. Pyg. Timeon. Will you miss me? No last jest to share, Shagwell? To lighten my way down the road? And Rorge, did you come to kiss me goodbye? »

    « Bugger off, cripple, » said Rorge.

    La réplique courte de Rorge le renvoie brutalement à la réalité présente.

     « If you insist. Rest assured, though, I will be back. A Lannister always pays his debts. »

    De fait, Jaime va bien revenir à Harrenhal, mais pas pour se venger ni faire payer cette dette-là : c’est Brienne qui se chargera de 4 parmi les 5 sus-nommés (à ce jour, on ne sait pas ce qu’est devenu Zollo, le trancheur de main de Jaime).

    Monnaie d’échange, impuissance, à cela il faut ajouter le statut de proie, discrètement rappelé par les chemins secondaires (ou itinéraires bis) empruntés par Walton, qui mène le convoi dont Jaime est le trésor précieux :

    Walton meant to avoid the kingsroad as long as he could, preferring the farmer’s tracks and game trails near the Gods Eye.

    « The kingsroad would be faster. » Jaime was anxious to return to Cersei as quickly as he could. If they made haste, he might even arrive in time for Joffrey’s wedding.

    « I want no trouble, » said Steelshanks.  « Gods know who we’d meet along that kingsroad. »

    “No one you need fear, surely? You have two hundred men.”

    « Aye. But others might have more. M’lord said to bring you safe to your lord father, and that’s what I mean to do. »

    Enfin, si l’accoutrement de Jaime est neutre en en fait  « personne », lui-même s’est choisi un écu qui porte des couleurs appartenant à la fois aux Stark et aux Lannister : l’argenté et le doré.

    He found an old shield in the armory, battered and splintered, the chipped paint still showing most of the great black bat of House Lothston upon a field of silver and gold.

    De fait, notre chevalier est à la croisée des chemins et espère encore en son for intérieur qu’il pourra respecter d’une manière ou d’une autre la parole donnée à Catelyn Stark tout en restant fidèle à sa dame Cersei.

    c. Le voyage dans le temps

    L’échange avec Walton à propos de l’itinéraire choisi par lui pour se rendre à Port Real est l’occasion pour Jaime d’un voyage à travers les souvenirs d’un précédent départ d’Harrenhal, lorsqu’il avait 15 ans et qu’il venait d’être intronisé membre de la Garde Blanche, au cours d’une belle cérémonie de faux semblants.

    GRRM peut alors bâtir son personnage en le liant étroitement à son  « worldbuilding » général, le tournoi d’Harrenhal étant évoqué et raconté par différents protagonistes comme un fil rouge tout au long de ce tome :

    I have come this way before, Jaime reflected a few miles further on, when they passed a deserted mill beside the lake. Weeds now grew where once the miller’s daughter had smiled shyly at him, and the miller himself had shouted out,  « The tourney’s back the other way, ser. » As if I had not known.

    Et comme une anticipation de la suite du chapitre, le premier souvenir de cette route est pour une jeune fille qui lui fit remarquer qu’il se trompait de direction et que le tournoi était dans l’autre sens. Dans le passé, le roi Aerys avait délibérément privé le jeune Jaime de la gloire qu’il aurait pu acquérir et par là rendu sa nomination à la Garde Blanche encore plus amère et humiliante pour le patriarche Lannister. Pour un chevalier, un tournoi est l’occasion d’accomplir des prouesses, un endroit où il peut se montrer et justifier son existence, a fortiori en période de paix et ce qui aurait dû être une fête pour Jaime a tourné brutalement à la désillusion, condamné qu’il était à servir et protéger (et garder le silence), privé de sa liberté d’action dès ses premiers pas, comme un Garde Noir.

    Even when the White Bull offered to take that duty himself, so Jaime might compete in Lord Whent’s tourney, Aerys had refused.  « He’ll win no glory here, » the king had said.  « He’s mine now, not Tywin’s. He’ll serve as I see fit. I am the king. I rule, and he’ll obey. »

    Dans le passé, Jaime retournait contraint et forcé à Port Réal pour garder la reine et son fils héritier, sans pouvoir participer aux joutes et tenter de couronner une reine de beauté. Dans le présent, Jaime retourne sous escorte à Port Real pour reprendre sa place de Garde royal auprès de la reine-mère et de son royal fils, et il laisse derrière lui Brienne prisonnière d’un diable – la Chèvre. Et justement, entre deux souvenirs du tournoi manqué d’Harrenhal (tous deux marqués par la présence d’une fille et de son père qui ne voient que l’apparence du chevalier blanc), s’insère la nouvelle que Brienne est restée dans la forteresse maudite et que Qyburn a envoyé la fille de camp Pia à Jaime  « pour lui faire faire de l’exercice » : il n’a pas pu emmener la pucelle, mais on lui offre une pute en compensation (c’est pas contre toi, Pia !). Je me demande s’il n’y a pas là un petit parallèle à dresser avec Tyrion dont l’épouse qu’il s’était trouvé après l’avoir sauvée a été prostituée et violée par tout un corps de garde. Les déconvenues du présent rejoignent celle du passé, bien que Jaime ne l’exprime pas ouvertement. A la place, il tente de se rassurer en comptant sur la force de Brienne comme femme d’arme et sa capacité à résister…

    The news irritated him, though he supposed he should have seen it coming. The lie spared you awhile, wench. Be grateful for that much.  « If her maidenhead’s as hard as the rest of her, the goat will break his cock off trying to get in, » he jested. Brienne was tough enough to survive a few rapes, Jaime judged, though if she resisted too vigorously Vargo Hoat might start lopping off her hands and feet. And if he does, why should I care?

    … puis en se disant que finalement, c’est de sa faute à elle s’ils ont tous les deux été capturés par la Chèvre et qu’il a perdu sa main.

    I might still have a hand if she had let me have my cousin’s sword without getting stupid. He had almost taken off her leg himself with that first stroke of his, but after that she had given him more than he wanted.

    Avant de retourner à la pensée d’une Brienne forte comme… un loup dont la mâchoire se refermerait sur le cou de sa victime :

    Hoat may not know how freakish strong she is. He had best be careful, or she’ll snap that skinny neck of his, and wouldn’t that be sweet?

    La halte prévue par Walton ramène à nouveau les souvenirs du tournoi manqué, mais aussi les échecs de Jaime comme chevalier : la halte doit se faire à une auberge dévastée dont le propriétaire est probablement mort (avec sa famille, représentée par une jeune fille), alors qu’il n’avait pas fait payer Jaime et comptait raconter à sa descendance – quand il serait vieux – qu’un Garde Royal s’était arrêté là. Jaime a fini par tuer son roi, et n’a pas su/pu protéger le faible et l’innocent, comme le lui rappellent ses  « fantômes de doigts ».

    Ce souvenir tourné à la tragédie pousse Jaime à son premier choix – son premier acte libre : il refuse la halte, qui se fera ailleurs, dans une forêt après avoir suivi des ornières (donc un chemin encore plus difficile à pratiquer).

    When Steelshanks said that perhaps they should have a fire and a bit of food, Jaime shook his head.  « I mislike this place. We’ll ride on. »

    By evenfall they had left the lake to follow a rutted track through a wood of oak and elm.

    Il y a possiblement un jeu de mots entre  « rutted » et  « rotted », le second signifiant  « pourri » et évoquant les vieux cadavres cachés dans les placards des Lannister en général et de Jaime en particulier. Et justement, c’est un cauchemar qui l’attend pour la nuit.

    2. Dans les abysses

    GRRM nous emmène donc dans le rêve de Jaime, dans lequel il mêle l’inconscient de son personnage, ses peurs profondes, ses désirs mais également un brin de magie de vervoyant – ce qu’on apprendra qu’au réveil, quand la souche sur laquelle Jaime s’est assoupi se révélera une souche de barral.

    Naked and alone he stood, surrounded by enemies, with stone walls all around him pressing close. The Rock, he knew. He could feel the immense weight of it above his head. He was home. He was home and whole.

    Jaime voulait rêver de Cersei, mais c’est la maison qui l’attend : nu et seul et entouré de murs de pierre oppressants, c’est  « à la maison » qu’il se croit. Sa nudité et sa solitude le fragilisent mais jouent également sur le symbolisme de la renaissance : comme au début du chapitre en quittant Harrenhal, Jaime repart de zéro, vierge d’une certaine manière.

    a. Sous les pavés, la plage.

    Le rêve prend très rapidement un tour inquiétant lorsque une douzaine de figures encapuchonnées repoussent en silence Jaime dans les profondeurs, de la pointe de leur lance :

    They gave no answer, only prodded him with the points of their spears. He had no choice but to descend. Down a twisting passageway he went, narrow steps carved from the living rock, down and down. I must go up, he told himself. Up, not down. Why am I going down?

    Sa maison se révèle une prison et les figures sombres qui l’acculent semblent sortir du  « roc vivant », comme si Castral Roc l’étouffait et voulait l’empêcher de vivre. Au bout du chemin, Jaime sait qu’il trouve sa chute et sa ruine, mais dans le rêve, ce chemin s’arrête dans une caverne pleine d’eau et tapissée de sable (il manque seulement le soleil).

    L’élément liquide est omniprésent dans les chapitres de Jaime, pas seulement parce qu’il traverse le Conflans – le pays des rivières – mais également parce qu’il sert à métaphoriser et illustrer concrètement l’accouchement difficile du nouveau chevalier (le travail est particulièrement long et douloureux !) :

    – Dans son premier chapitre, il sort de Vivesaigues à travers une porte étroite et directement par le fleuve, et les première images sont pour souligner sa difficulté à maintenir les yeux ouverts en pleine lumière (malgré son émerveillement), exactement comme un nouveau-né. La chaîne qui l’entrave matérialise le cordon ombilical qui le lie à Catelyn Stark (la libératrice) quand sa parole donnée le lie symboliquement. Dans ce même chapitre, Jaime traite Brienne de vache laitière, autrement dit de nourrice.

    – L’auberge de l’Homme à genoux, sur les bords de la Ruffurque (« Red fork »), est une croisée des chemins où Brienne abandonne le bateau pour la terre ferme et évite une première capture par les hommes de la Fraternité sans bannière.

    – La capture de Brienne et Jaime a lieu plus loin, quand ils se battent dans l’eau, non loin de Viergétang (« Maidenpool »)

    – Arrivés à Harrenhal, dans les bains, Jaime accouche pour la première fois de mots et d’une histoire qu’il n’a jamais racontée à personne, Brienne reprenant le rôle de la sage-femme, qui l’extirpe du bain/uterus et préside à son réveil.

    – Aux bains chauds et pierreux d’Harrenhal répond l’eau froide et noire du rêve du Régicide :

    The water flowed into his boots, ankle deep and bitterly cold. Beware the water, he told himself. There may be creatures living in it, hidden deeps . .

    Je ne sais pas pour vous, mais là, j’ai pensé très fort à une petite référence au Cthulhu de Lovecraft. Le splash inquiétant qui suit n’est pas celui d’un monstre, c’est Brienne qui arrive pour reprendre un bain elle aussi, dans une situation inversée à celle des bains d’Harrenhal et des eaux de Viergétang : c’est elle la prisonnière à présent, qui porte les chaînes et réclame une épée, comme si elle était Jaime. Par ailleurs, dans le cours du rêve, elle prend également la place de Cersei qui s’éloigne irrémédiablement :

    In this light she could almost be a beauty, he thought. In this light she could almost be a knight.

    Dans cette lumière, Brienne est à la fois une beauté (Cersei) et un chevalier (Jaime). Enfin, pas tout à fait, mais presque, et cela continue un peu plus loin, où il la voit avec des caractéristique physiques à la fois masculines et féminines.

    She was as tall and strong as he remembered, yet it seemed to Jaime that she had more of a woman’s shape now.

    La Brienne du rêve s’offre même le luxe d’un petit trait d’humour grinçant, à la manière de Jaime, en plus de reprendre exactement les mêmes mots que lui :

    In the cool silvery-blue light of the swords, the big wench looked pale and fierce.  »I mislike this place. »

    « I’m not fond of it myself. » Their blades made a little island of light, but all around them stretched a sea of darkness, unending.  « My feet are wet. »

    « My feet are wet » est une expression idiomatique pour dire qu’on commence à s’habituer à une situation, mais la phrase fonctionne également au premier degré car nos deux héros ont effectivement les pieds dans l’eau, et l’eau, ça mouille. Quant à  « I mislike this place », c’est la phrase dite par Jaime dans la journée pour refuser la halte aux ruines de l’auberge et qui finalement l’a conduit jusque dans la forêt où maintenant il dort sur la souche de barral. Autrement dit, le Régicide ne pourra pas échapper à ses fantômes, il va devoir leur faire face s’il veut gagner sa rédemption.

    b. Les fantômes du Régicide

    Dans son rêve, les mots « doom » (ruine / destin tragique) et darkness (ténèbres) reviennent à plusieurs reprises pour qualifier l’endroit où Jaime se trouve et ce qui l’attend s’il ne parvient pas à en sortir. Ce qu’il croyait d’abord être sa maison (le Roc) lui semble à présent étranger, et ce sont les autres Lannister – avec au premier rang son père, sa soeur et son fils Joffrey – qui lui répondent que c’est « son endroit à lui ».

    There were watery caverns deep below Casterly Rock, but this one was strange to him.  « What place is this? »

    « Your place. » The voice echoed; it was a hundred voices, a thousand, the voices of all the Lannisters since Lann the Clever, who’d lived at the dawn of days. But most of all it was his father’s voice, and beside Lord Tywin stood his sister, pale and beautiful, a torch burning in her hand. Joffrey was there as well, the son they’d made together, and behind them a dozen more dark shapes with golden hair.

    En primo lecture, il est impossible d’établir le lien, mais en relecture, je n’ai pu m’empêcher de faire celui avec le  « monstre de Bran » : dans ADWD, Bran se demande qui est et ce qu’est Mains-froides et celui-ci répond  « your monster, Brandon Stark ». La différence réside dans le fait que Jaime est en train de rêver (et on sait qu’il n’a pas réellement créé la caverne dans laquelle il se trouve) alors que Bran est bien éveillé et Mains-froides un être réel, la créature/création d’un Brandon Stark (on ne sait pas lequel).

    Derrière Tywin et Cersei, la douzaine de formes sombres rappelle celles qui ont précédemment poussé Jaime dans cette caverne, mais cette fois, leur chevelure d’or permet de les identifier comme des Lannister : notre Jaime porte un très lourd héritage dont il se sent prisonnier, et la seule aide qu’il a reçue de son père est une épée (= Tywin l’a fait élever en chevalier, une obligation sociale dans le monde ouestrien, mais dans un précédent chapitre de Tyrion, on a également vu qu’il comptait réellement offrir une nouvelle épée en acier valyrien à Jaime). Cersei quant à elle lui offre un avertissement : l’épée s’enflamme comme une épée magique, mais que la flamme s’éteigne, et cela signifiera la mort pour son porteur.

    Une épée qui s’enflamme, nous l’avons déjà vu avec le justicier Beric Dondarrion, mais aussi l’homme de devoir fanatique Stannis et le héros légendaire Azor Ahai. Aucune de ces trois figures n’est pleinement rassurante et toutes interrogent sur les conséquences de la place prépondérante des valeurs guerrières et patriarcales. Jaime n’y échappe pas : ironiquement, l’épée qui lui a servi à devenir chevalier l’a enfermé dans la Garde royale et l’a transformé en régicide.

    Il y a une autre interprétation possible de la flamme, qui n’est pas antinomique de la précédente : elle peut représenter le lien amoureux entre Jaime et Cersei, dont notre héros craint par-dessus tout qu’il s’éteigne et qu’il se retrouve seul. Dans cette situation, le nouveau lien tissé avec Brienne (dont l’épée flamboie aussi) apparaît comme une planche de salut.

    « I swore an oath » proclame une première fois la Brienne du rêve dans la position du Jaime prisonnier. Et Jaime a brisé un serment sacré en tuant son roi (aussi fou et criminel soit-il). Après l’arrivée de Jaime, les fantômes qui se concrétisent sont justement ses anciens frères jurés de la Garde Royale – ceux qui sont morts – accompagnés du prince Rhaegar Targaryen : Jaime a d’abord cru voir arriver Eddard Stark avec son regard de juge, mais ce sont bien ses frères jurés et Rhaegar qui viennent pour le juger… de manière un peu expéditive, bien qu’il ne soit pas seul dans l’épreuve et que Brienne s’apprête à le protéger (elle aussi a un serment à respecter).

    Five had been his brothers. Oswell Whent and Jon Darry. Lewyn Martell, a prince of Dorne. The White Bull, Gerold Hightower. Ser Arthur Dayne, Sword of the Morning. And beside them, crowned in mist and grief with his long hair streaming behind him, rode Rhaegar Targaryen, Prince of Dragonstone and rightful heir to the Iron Throne.

    « You don’t frighten me, » he called, turning as they split to either side of him. He did not know which way to face.  « I will fight you one by one or all together. But who is there for the wench to duel? She gets cross when you leave her out. »

    « I swore an oath to keep him safe, » she said to Rhaegar’s shade.  « I swore a holy oath. »

    « We all swore oaths, » said Ser Arthur Dayne, so sadly.

    L’échange qui suit entre Jaime et les six ombres rappelle l’échange dont Eddard Stark a rêvé dans AGOT, le rêve de la Tour de la Joie où il accuse trois des Gardes royaux d’avoir abandonné le roi qu’ils avaient juré de protéger avant d’engager le combat contre eux.

    Cette fois, le rêveur est dans la position de l’accusé et comme dans un cauchemard, aucun des accusateurs ne veut entendre sa défense. A la place, ils se ruent sur lui et la flamme de son épée s’éteint mais pas celle de Brienne. Ouf, il se réveille juste à temps et s’échappe de son rêve, en proie à une émotion puissante :

    Heart pounding, he jerked awake, and found himself in starry darkness amidst a grove of trees. He could taste bile in his mouth, and he was shivering with sweat, hot and cold at once.

    Il constate en outre avec désespoir que sa main d’épée n’a pas repoussé pendant la nuit. Il demande alors à Qyburn s’il croit aux fantômes, et celui-ci répond par une analogie (et c’est là qu’on apprend qu’il partage des vues avec mestre Marwyn) dont Jaime et le lecteur sont libres (ou presque) de faire ce qu’ils veulent :

     « Do you believe in ghosts, Maester? » he asked Qyburn.

    The man’s face grew strange.  « Once, at the Citadel, I came into an empty room and saw an empty chair. Yet I knew a woman had been there, only a moment before. The cushion was dented where she’d sat, the cloth was still warm, and her scent lingered in the air. If we leave our smells behind us when we leave a room, surely something of our souls must remain when we leave this life? » Qyburn spread his hands.  « The archmaesters did not like my thinking, though. Well, Marwyn did, but he was the only one. »

    De fait, dans la saga, les âmes de certains vivants sont capables de voyager ailleurs que dans leur corps (les change-peaux et vervoyants), alors pourquoi de vieux esprits de gens morts depuis longtemps ne pourraient-ils pas continuer à s’attarder ici-bas ?

    En tous les cas, la réponse de Qyburn décide Jaime à passer à l’action : il force Walton à le ramener à Harrenhal où « il a oublié quelque chose ». Le nouveau départ de Jaime n’était pas le bon et cette fois, près de 20 ans plus tard, il entend bien faire ses propres choix et ne plus subir ceux des autres (juste avant, il avait refusé le lait de pavot pour l’aider à se rendormir).

    Jaime ran his fingers through his hair.  « Walton, » he said,  « saddle the horses. I want to go back. »

    Et pour mieux le marquer, c’est lui qui impose la cadence à la troupe qui l’accompagne :

    Jaime pushed his horse much harder than he had the day before, and Steelshanks and the northmen were forced to match his pace.

    Avant de repartir, cependant, Jaime a découvert qu’il avait dormi la tête sur une souche de barral. Autrement dit, ce ne sont peut-être pas seulement ses fantômes à lui qu’il a vus.

    c. Sous le roc, l’étranger

    Entre la souche de barral et le petit laïus de Qyburn sur la possible existence des fantômes, plusieurs autres indices nous poussent à nous interroger sur ce qu’a réellement vu Jaime dans son rêve : dans les profondeurs du  « songe », il est vraisemblable qu’il soit entré en contact avec un ou plusieurs autres esprits auxquels il a donné une forme qui lui était familière à lui, parce que cela prenait sens, et peut-être aussi en vertu de principes énoncés explicitement plus dans la saga, par le Bouquineur et par Tyrion : l’histoire est un cercle et les mêmes choses se répètent, et les enfants dansent au bout des fils de marionnettes au bout desquels leurs parents ont dansé avant eux et on peut remonter très loin comme ça. La souche de barral fonctionnerait comme une fenêtre ouverte sur un autre monde.

    Si la pierre qui domine le décor renvoie Jaime à Castral Roc, la caverne dans laquelle il finit par tomber lui est étrangère :

    There were watery caverns deep below Casterly Rock, but this one was strange to him.

    Ce qui nous amène à reconsidérer ces murs de pierre :

    Naked and alone he stood, surrounded by enemies, with stone walls all around him pressing close.

    Il y a un autre château dont la pierre emprisonnante est une caractéristique, c’est Winterfell : la sensation de prison est particulièrement prégnante chez Bran estropié qui ne peut plus escalader ces murs et donc les explorer et s’en échapper. L’esprit vagabond de Jaime pourrait donc s’être trouvé en contact avec celui de Bran, qu’il a balancé du haut de la fenêtre dans AGOT et définitivement estropié.

    En renfort de cette hypothèse, d’autres éléments rappellent à la fois Winterfell et l’univers de Bran – à savoir les étangs du bois sacré (et particulièrement celui au pied de l’arbre coeur dont les eaux sont noires et froides), les couleurs du nord, son père et l’idéal chevaleresque qu’il admire :

    He remembered Eddard Stark, riding the length of Aerys’s throne room wrapped in silence. Only his eyes had spoken; a lord’s eyes, cold and grey and full of judgment.

    Pas de doute, le silence et le jugement sont des caractéristiques du père de Bran.

    Brienne touched his arm.  « There are more. »

    He saw them too. They were armored all in snow, it seemed to him, and ribbons of mist swirled back from their shoulders. The visors of their helms were closed, but Jaime Lannister did not need to look upon their faces to know them.

    D’autres cavaliers rejoignent les premiers,  « tout armés de neige »,  « snow » étant une caractéristique du Nord (et un nom de bâtard dans ce même Nord, et de mort au-delà du Mur). Ce que les fantômes que Jaime identifie comme ses frères jurés et Rhaegar reprochent à notre chevalier déchu, c’est d’avoir trahi son serment. De fait, en précipitant l’enfant Bran du haut de la tour au lieu de le sauver, il a rompu le serment de base des chevaliers, celui de protéger les faibles et les innocents. Mais ce point reste un non-dit dans le rêve.

    Enfin, lorsque Brienne nouvellement libérée et armée lui demande s’il sait quels monstrent vivent dans ces cavernes, elle cite plusieurs animaux fétiches de grandes maisons (et l’ours d’Harrenhal contre lequel elle va être contrainte de se battre) :

     « Do they keep a bear down here? » Brienne was moving, slow and wary, sword to hand; step, turn, and listen. Each step made a little splash.  « A cave lion? Direwolves? Some bear? Tell me, Jaime. What lives here? What lives in the darkness? »

    « Doom. » No bear, he knew. No lion.  « Only doom. »

    Jaime répond qu’il n’y a que la ruine et en son for intérieur, il pense qu’il n’y a ni lion, ni ours, mais il ne se prononce pas pour les loups, ce qui laisse le doute : il y a peut-être bien un esprit de loup.

    Cependant, l’apparition des ombres  « tout armées de neige » nous renvoie encore à autre chose, plus loin que Bran et évoque une apparition des Autres. Comme dans le prologue, nous voyons 6 ombres.

    They were armored all in snow, it seemed to him, and ribbons of mist swirled back from their shoulders. The visors of their helms were closed, but Jaime Lannister did not need to look upon their faces to know them.

    Comme les Autres, ces ombres sont faites de brume, et si les Autres ne portent pas de casque lors de leurs apparitions, ils n’ont pas davantage de visage visible. La fin du rêve, lorsqu’elles se précipitent sur Jaime pour le tuer après lui avoir reproché le meurtre du roi, reprend la scène de la mort de Waymar Royce, dans le prologue de la saga : Waymar Royce s’était lancé dans la bataille en criant  « pour Robert », ce qui avait fait rire les Autres.

    Mon hypothèse suivante, c’est que la souche de barral se souvient d’un événement bien antérieur au passé de Jaime, à mon sens lié à la Longue Nuit et un des élément déclencheurs de cette Longue Nuit : des gardes/frères/fidèles/proches auraient trahi leur  « roi » d’une manière ou d’une autre et auraient participé à sa mise à mort. Au reste, c’est aussi sur le départ d’Harrenhal des Frey et de Bolton que s’ouvre le chapitre : ceux-ci vont aux Jumeaux pour les Noces Pourpres, sous un ciel « gris ».

    En ce sens, le retour de Jaime à Harrenhal, pour  « récupérer une chose qu’il a oubliée », fonctionne comme une tentative de réparation voire de changement du cours du  « destin » (« doom ») : pour Jaime, il s’agit de recouvrer son honneur de chevalier (au moins à ses propres yeux et ceux de Brienne à défaut de celui des autres), mais d’un point de vue plus général de la saga, il s’agirait de participer à mettre un point final à la Longue Nuit et à ses chances de retour, afin que l’histoire ne se répète pas encore et encore. Le choix de Jaime, sa liberté en acte, prend alors une importance qui peut dépasser son seul arc narratif mais avoir des incidences sur les autres.

    Je n’ai malheureusement pas le temps de développer la dernière partie, celle du retour à Harrenhal, ce sera à mon retour, mais avec tout ce que j’ai déjà écrit, vous devriez avoir une petite idée ^^.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 années et 3 mois par R.Graymarch.

    "Des chefs de guerre, y en a de toutes sortes. Mais une fois de temps en temps, il en sort un, exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, y en a presque jamais. Et tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles."

    #175643
    R.Graymarch
    • Barral
    • Posts : 10332

    Un chapitre pivot dans l’histoire de Jaime et dans toute la saga. J’avais oublié plein de détails.

    Au début, Jaime a hâte de partir retrouver sa soeur bien aimée

    A real woman waited for him in the Red Keep.

    Quand on sait de quoi il rêvera, c’est assez ironique

    J’avais complètement oublié Walton alors que pourtant il s’en sort super bien. Déjà niveau littéraire quand on le présente, bien entendu
    Steelshanks Walton commanded Jaime’s escort; blunt, brusque, brutal, at heart a simple soldier.
    Puis quand on le décrit : un mec dur qui obéit mais qui n’est pas un taré comme Gregor, Varshé ou leurs cliques. Ca m’a fait penser à Capitaine Conan, avec les dommages psychologiques en moins (Jaime s’en fout un peu)
    Men like Walton would kill at their lord’s command, rape when their blood was up after battle, and plunder wherever they could, but once the war was done they would go back to their homes, trade their spears for hoes, wed their neighbors’ daughters, and raise a pack of squalling children. Such men obeyed without question, but the deep malignant cruelty of the Brave Companions was not a part of their nature.
    Bien entendu, personne en primolecture ne note cet échange et tout le monde le remarque à la relecture !!!

    “You will give my warm regards to your father?”

    “So long as you give mine to Robb Stark.”

    “That I shall.”

    Comment j’ai pu être aussi aveugle ? (comme tout le monde^^)
    L’escorte part. Ah quand même, ils sont 200 !!!!
    Jaime wheeled his horse around and rejoined Steelshanks Walton and his two hundred.

    Jaime déguisé en chevalier (sans compétence vu qu’il lui manque une main) et avec un bouclier Lothston. Notons que Jaime est « no one »

    The Lothstons held Harrenhal before the Whents and had been a powerful family in their day, but they had died out ages ago, so no one was likely to object to him bearing their arms. He would be no one’s cousin, no one’s enemy, no one’s sworn sword . . . in sum, no one.

    En chemin, Jaime a le temps de penser à Harrenhal (où forcément une fille de meunier (pourquoi y a que des enfants de meuniers dans cette saga ?) lui fait un joli sourire…) et à sa nomination à la Garde royale, belle sur le papier mais moins glamour en vrai

    That was the first time that Jaime understood. It was not his skill with sword and lance that had won him his white cloak, nor any feats of valor he’d performed against the Kingswood Brotherhood. Aerys had chosen him to spite his father, to rob Lord Tywin of his heir.

    Even now, all these years later, the thought was bitter. And that day, as he’d ridden south in his new white cloak to guard an empty castle, it had been almost too much to stomach. He would have ripped the cloak off then and there if he could have, but it was too late. He had said the words whilst half the realm looked on, and a Kingsguard served for life.

    On apprend que la nuit avant son départ, il a reçu la visite « surprise » de Pia (j’ai déjà mal pour elle pour la suite, snif). Et de quoi elle lui cause : du tournoi où il était si beau. Le truc qui le poursuit, quoi 🙂

    Quant à Qyburn….

    “Do you send girls to everyone you leech?” he asked Qyburn.

    “More often Lord Vargo sends them to me. He likes me to examine them, before . . . well, suffice it to say that once he loved unwisely, and he has no wish to do so again. But have no fear, Pia is quite healthy. As is your maid of Tarth.”

    Du coup, ça dévie sur Brienne et on a des nouvelles. Au début, Jaime se dit qu’il s’en fout de ce qui va lui arriver mais finalement au fond de lui…. (Jaime, l’ado grognon)

    “We had a bird from Lord Selwyn. In answer to mine. The Evenstar offers three hundred dragons for his daughter’s safe return. I had told Lord Vargo there were no sapphires on Tarth, but he will not listen. He is convinced the Evenstar intends to cheat him.”

    “Three hundred dragons is a fair ransom for a knight. The goat should take what he can get.”

    “The goat is Lord of Harrenhal, and the Lord of Harrenhal does not haggle.”

    The news irritated him, though he supposed he should have seen it coming. The lie spared you awhile, wench. Be grateful for that much. “If her maidenhead’s as hard as the rest of her, the goat will break his cock off trying to get in,” he jested. Brienne was tough enough to survive a few rapes, Jaime judged, though if she resisted too vigorously Vargo Hoat might start lopping off her hands and feet. And if he does, why should I care? I might still have a hand if she had let me have my cousin’s sword without getting stupid. He had almost taken off her leg himself with that first stroke of his, but after that she had given him more than he wanted. Hoat may not know how freakish strong she is. He had best be careful, or she’ll snap that skinny neck of his, and wouldn’t that be sweet?

    Petit détour par les Lannister pour nous parler très brièvement de Tytos et des Tarbeck.

    Et là, on revient dans une auberge (qu’on connaît déjà ?) et hop, Jaime est encore reconnu avec une bonne (?) réputation.

    A dark-eyed serving wench brought him cheese and apples, but the innkeep had refused his coin. “It’s an honor to have a knight of the Kingsguard under my roof, ser,” the man had said. “It’s a tale I’ll tell my grandchildren.” Jaime looked at the chimney poking out of the weeds and wondered whether he had ever gotten those grandchildren. Did he tell them the Kingslayer once drank his ale and ate his cheese and apples, or was he ashamed to admit he fed the likes of me? Not that he would ever know; whoever burned the inn had likely killed the grandchildren as well.

    Cela ne l’incite pas à rester…

    “I mislike this place. We’ll ride on.”

    Et là, c’est le rêve chelou. J’avais complètement oublié que c’était aussi long.

    Jaime est encore « il me faut mon épée pour être complet »

    Jaime tried to halt, but their spears prodded him on. If only I had my sword, nothing could harm me.

    On a une jolie famille dysfonctionnelle et toujours Jaime obsédé par son épée

    “What place is this?”

    “Your place.” The voice echoed; it was a hundred voices, a thousand, the voices of all the Lannisters since Lann the Clever, who’d lived at the dawn of days. But most of all it was his father’s voice, and beside Lord Tywin stood his sister, pale and beautiful, a torch burning in her hand. Joffrey was there as well, the son they’d made together, and behind them a dozen more dark shapes with golden hair.

    “Sister, why has Father brought us here?”

    “Us? This is your place, Brother. This is your darkness.” Her torch was the only light in the cavern. Her torch was the only light in the world. She turned to go.

    “Stay with me,” Jaime pleaded. “Don’t leave me here alone.” But they were leaving. “Don’t leave me in the dark!” Something terrible lived down here. “Give me a sword, at least.”

    “I gave you a sword,” Lord Tywin said.

    It was at his feet. Jaime groped under the water until his hand closed upon the hilt. Nothing can hurt me so long as I have a sword. As he raised the sword a finger of pale flame flickered at the point and crept up along the edge, stopping a hand’s breath from the hilt.

    Brienne sort de plus ou moins nulle part, entravée. Et elle est plutôt belle. Et Cersei l’abandonne (ouch) qui fait un parallèle entre sa vie à lui et le feu (ça l’a marqué Port Réal)

    The steel links parted like silk. “A sword,” Brienne begged, and there it was, scabbard, belt, and all. She buckled it around her thick waist. The light was so dim that Jaime could scarcely see her, though they stood a scant few feet apart. In this light she could almost be a beauty, he thought. In this light she could almost be a knight. Brienne’s sword took flame as well, burning silvery blue. The darkness retreated a little more.

    “The flames will burn so long as you live,” he heard Cersei call. “When they die, so must you.”

    Sister!” he shouted. “Stay with me. Stay!” There was no reply but the soft sound of retreating footsteps.

    Et du coup, qu’y a-t-il dans cette caverne ?

    “A cave lion? Direwolves? Some bear? Tell me, Jaime. What lives here? What lives in the darkness?”

    “Doom.” No bear, he knew. No lion. “Only doom.”

    Jaime reste toujours attaché à sa soeur

    “We could go back the way they brought us. If you climbed on my shoulders you’d have no trouble reaching that tunnel mouth.”

    Then I could follow Cersei. He could feel himself growing hard at the thought, and turned away so Brienne would not see.

    Et là, des fantômes arrivent !

    Five had been his brothers. Oswell Whent and Jon Darry. Lewyn Martell, a prince of Dorne. The White Bull, Gerold Hightower. Ser Arthur Dayne, Sword of the Morning. And beside them, crowned in mist and grief with his long hair streaming behind him, rode Rhaegar Targaryen, Prince of Dragonstone and rightful heir to the Iron Throne.

    Ah, cette conversation Brienne-Arthur Dayne dans la tête de Jaime

    “I swore an oath to keep him safe,” she said to Rhaegar’s shade. “I swore a holy oath.”

    “We all swore oaths,” said Ser Arthur Dayne, so sadly.

    Et Rhaegar lui fait des reproches (sale karma)

    Prince Rhaegar burned with a cold light, now white, now red, now dark. “I left my wife and children in your hands.”

    “I never thought he’d hurt them.” Jaime’s sword was burning less brightly now. “I was with the king . . .”

    “Killing the king,” said Ser Arthur.

    “Cutting his throat,” said Prince Lewyn.

    “The king you had sworn to die for,” said the White Bull.

    The fires that ran along the blade were guttering out, and Jaime remembered what Cersei had said. No. Terror closed a hand about his throat. Then his sword went dark, and only Brienne’s burned, as the ghosts came rushing in.

    “No,” he said, “no, no, no. Nooooooooo!

    Et là, il se réveille et je me dis qu’on a jamais parlé de barral. En revanche « stump », c’est à la fois le moignon et aussi la souche sur laquelle il s’endort

    Oh là là mais en fait, c’était un barral !!!

    The moss covered it so thickly he had not noticed before, but now he saw that the wood was white. It made him think of Winterfell, and Ned Stark’s heart tree.

    Du coup, Jaime parle un peu de fantôme avec Qyburn. Argh, la mention de Marwyn en relecture….

    “ If we leave our smells behind us when we leave a room, surely something of our souls must remain when we leave this life?” Qyburn spread his hands. “The archmaesters did not like my thinking, though. Well, Marwyn did, but he was the only one.”

    Du coup, Jaime veut revenir à Harrenhal mais il faut convaincre Walton ! Merci Tyrion !

    Once Jaime might have countered with a smile and a threat, but one-handed cripples do not inspire much fear. He wondered what his brother would do. Tyrion would find a way. “Lannisters lie, Steelshanks. Didn’t Lord Bolton tell you that?”

    The man frowned suspiciously. “What if he did?”

    “Unless you take me back to Harrenhal, the song I sing my father may not be one the Lord of the Dreadfort would wish to hear. I might even say it was Bolton ordered my hand cut off, and Steelshanks Walton who swung the blade.”

    Walton gaped at him. “That isn’t so.”

    “No, but who will my father believe?” Jaime made himself smile, the way he used to smile when nothing in the world could frighten him. “It will be so much easier if we just go back. We’d be on our way again soon enough, and I’d sing such a sweet song in King’s Landing you’ll never believe your ears. You’d get the girl, and a nice fat purse of gold as thanks.”

    “Gold?” Walton liked that well enough. “How much gold?”

    I have him. “Why, how much would you want?”

    And by the time the sun came up, they were halfway back to Harrenhal.

    On revient sur place en une phrase et ils arrivent à entrer

    He had been worried that the goat might not admit them, but it seemed as if the Brave Companions still thought of them as allies. Fools.

    On savait que Jaime était irréfléchi mais là il se laisse porter par euh… son instinct

    All of a sudden, he knew what was happening. Have we come too late?

    Et là, Jaime défend Brienne

    “Lord Bolton said the wench was theirs, to do with as they liked.”

    “Her name’s Brienne.”

    Et là, scène de péplum ou presque, Brienne est contre un ours !! (Gregor en plus malin)

    The bear was eight feet tall. Gregor Clegane with a pelt, he thought, though likely smarter. The beast did not have the reach the Mountain had with that monster greatsword of his, though.

    Jaime ronge son frein mais est inutile (et surtout il ne s’est pas encore rendu compte qu’elle a une épée de tournoi)

    “Kill him!” he shouted, but his voice was lost amongst all the other shouts.

    Et là, tout bascule

    The beast turned clumsily, too far and too fast. Quick as a cat, Brienne changed direction. There’s the wench I remember. She leapt in to land a cut across the bear’s back. Roaring, the beast went up on his hind legs again. Brienne scrambled back away. Where’s the blood? Then suddenly he understood. Jaime rounded on Hoat. “You gave her a tourney sword.”

    The goat brayed laughter, spraying him with wine and spittle. “Of courth.”

    I’ll pay her bloody ransom. Gold, sapphires, whatever you want. Pull her out of there.”

    “You want her? Go get her.”

    So he did.

    Quel bourrin, ce Jaime… Il fonce… 😀

    Jaime scrambled to one knee. Well, what in seven hells do I do now? He filled his fist with sand. “Kingslayer?” he heard Brienne say, astonished.

    “Jaime.” He uncoiled, flinging the sand at the bear’s face. The bear mauled the air and roared like blazes.

    “What are you doing here?”

    “Something stupid. Get behind me.” He circled toward her, putting himself between Brienne and the bear.

    You get behind. I have the sword.”

    “A sword with no point and no edge. Get behind me!

    Là, c’est Brienne qui l’appelle Régicide et il corrige.

    Bon cela dit, c’est mignon son action mais heureusement que son escorte était là sinon ils mourraient tous les deux connement (mais bravement, ça oui. On n’est pas loin de « L’héroïsme, c’est encore la meilleure façon de devenir célèbre quand on n’a pas de talent. » (Desproges)

    Mais le scénario les sauve (un bon point pour Walton)

    “You thlew my bear!” Vargo Hoat shrieked.

    “And I’ll serve you the same if you give me trouble,” Steelshanks threw back. “We’re taking the wench.”

    “Her name is Brienne,” Jaime said. “Brienne, the maid of Tarth. You are still maiden, I hope?”

    Her broad homely face turned red. “Yes.”

    “Oh, good,” Jaime said. “I only rescue maidens.” To Hoat he said, “You’ll have your ransom. For both of us. A Lannister pays his debts. Now fetch some ropes and get us out of here.”

    Une fois à l’abri (heureusement qu’ils étaient en surnombre), Walton engueule Jaime (à raison)

    Not until they were half a league from Harrenhal and out of range of archers on the walls did Steelshanks Walton let his anger show. “Are you mad, Kingslayer? Did you mean to die? No man can fight a bear with his bare hands!”

    “One bare hand and one bare stump,” Jaime corrected. “But I hoped you’d kill the beast before the beast killed me. Elsewise, Lord Bolton would have peeled you like an orange, no?”

    Enfin ce sont les retrouvailles entre Brienne et son sauveur comme dans un film et euh non pas vraiment en fait

    “Ser Jaime?” Even in soiled pink satin and torn lace, Brienne looked more like a man in a gown than a proper woman. “I am grateful, but . . . you were well away. Why come back?”

    A dozen quips came to mind, each crueler than the one before, but Jaime only shrugged. “I dreamed of you,” he said.

    C’est très enlevé et passionnant. Un peu gros quand même mais bon Jaime est un héros, quoi (pauvre ours :/)

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    MJ par intérim de Les Prétendants d'Harrenhal (2024-), rejoignez-nous
    DOH : #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #177882
    Tybalt Ouestrelin
    • Pas Trouillard
    • Posts : 622

    Je suis un peu en retard à la lecture, mais que dire qui n’ait été dit ?

    Quelle analyse @emmalaure ! On en redemande. Merci beaucoup.

    DOH 8&10 : Tybalt Ouestrelin, acolyte loyaliste devenu Mestre ; Or, Argent et Bronze.
    DOH 9 : Lazzara zo Ghazîn, Grâce Bleue devenue Sénéchale. Miraculée devenue Conseillère. Pas Miraculée deux fois.

    #200122
    Lord Blimme
    • Frère Juré
    • Posts : 96

    Merci pour l’analyse, toujours intéressant avec l’experte en symbolisme !

    Parmi les points de vue de Jaime, celui-là m’a marqué assez pour s’en souvenir. Il est en quelque sorte d’une réminiscence à la visite de Daenerys à l’Hôtel des Nonmourants : ténèbres, lois physiques inverses (Jaime veut monter mais il descend), les spectres du passé, une prophétie (Brienne et l’ours). On peut dire que Jaime est dans la bonne voie et Daenerys, celle mauvaise. Un lion chaud et un dragon froid… Ces rêves absurdes me font penser que Martin s’est probablement inspiré d’Alice au pays des merveilles.

    "Même si les Ténèbres se sont insinuées en toi, n'oublie jamais tu es. Tu dois combattre les Ténèbres en toi ! Ce ne sera pas facile, je le sais. Mais surtout, n'oublie pas... que même au cœur des Ténèbres, subsiste toujours une petite lumière."

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