ASOS 06 – Davos I

  • Ce sujet contient 8 réponses, 9 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Lord Blimme, le il y a 9 mois.
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    Hizieł
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    ASOS 06 – Davos I
    Au fil des pages – liste des sujets

    ASOS 05, Tyrion I ASOS 07, Sansa I
    Après nos retrouvailles avec un Tyrion mal en point lors du chapitre précédent, nous prenons aujourd’hui des nouvelles de Davos, dont le sort n’est pas plus enviable (même si le primolecteur doit sans doute déjà être rassuré de savoir qu’il a, pour l’instant, survécu après la bataille de la Néra). Son sort était en effet inconnu depuis la bataille – contrairement à d’autres, comme Tyrion par exemple, dont nous savions qu’il avait survécu dès la fin d’ACoK – et c’est un euphémisme que de dire qu’on n’avait pas quitté notre cher ex-contrebandier dans les meilleures conditions.

     

    Ce chapitre est assez court et il ne s’y passe pas grand chose, mais il trouve son intérêt en se présentant sous une forme de huis-clos tout à fait particulière. Procédé très utilisé au théâtre et au cinéma, le huis-clos a la particularité d’enfermer les personnages physiquement (dans un unique lieu, dont ils ne peuvent sortir), ce qui renforce généralement le côté psychologique de ces œuvres.

     

    Ici, Davos est en effet bloqué dans un lieu, perdu sur son îlot rocheux en plein milieu de la baie de la Néra, puisque même s’il aperçoit d’autres écueils rocheux, ils lui sont inaccessibles.

     

    Ce que j’apprécie tout particulièrement ici, ce sont les conditions spécifiques de ce huis-clos qui le rendent intéressant :
    • Déjà, je tords (volontairement) un peu ce concept de huis-clos – qui signifie littéralement « portes fermées » – puisqu’ici c’est exactement le contraire. Autour de cet îlot, il n’y a que la mer qui s’étend à perte de vue : et là où la mer est souvent vue comme un symbole de liberté : ici elle enferme Davos sur son bout de rocher. Dans ce chapitre, si l’on voulait absolument se raccrocher aux critères du huis-clos « classique », on pourrait aussi éventuellement voir la mer comme la porte (fermée ?) entre la vie et la mort, mais j’y reviendrai.
    • Ensuite, si le huis-clos renforce souvent le côté psychologique des œuvres / scènes qui l’emploient, c’est car il se repose moins sur l’action que sur les interactions entre les différents personnages pour faire avancer l’intrigue. Or ici, Davos est seul avec lui-même (et ses démons) pendant presque tout le chapitre ; mais qu’y-a-t-il de plus psychologique que cet intense dialogue intérieur ? (bien renforcé par ailleurs par le procédé de PoV de la saga)

     

    Nous sommes propulsés dans ce huis-clos (comme très souvent dans la saga) par un début in medias res avec Davos qui aperçoit une voile, au loin, qui se rapproche. Tout au long du chapitre, l’évocation de cette voile va nous ancrer dans le temps présent au sein d’un chapitre qui nous projette principalement dans le passé : passé proche avec la survie toute relative de Davos sur son rocher depuis « des jours et des jours » ; et moins proche (la bataille de la Néra et les événements qui l’ont précédée).

     

    Cette alternance entre scènes du passé (longues) et du présent (brèves) correspond également aux atermoiements de Davos entre la mort (qui hante ces scènes du passé) et la vie, symbolisée par cette voile : avant un choix final pour la vie, en fin de chapitre.

     

    Justement dans la littérature, la mer a souvent une symbolique duelle, ambivalente entre naissance et mort, voire (re)naissance ; et justement pour un marin comme Davos, je trouve particulièrement approprié et intéressant que cette scène de remise en question se déroule lorsqu’il est perdu et isolé en pleine mer.

     

    C’est donc par ce prisme vie / mort charrié par la mer, que je vous propose d’observer ce chapitre ; dans lequel notre cher Davos doute, à l’image de la première phrase du chapitre :
    « Il regarda la voile grandir, longuement, ne sachant trop s’il avait plutôt envie de vivre ou de mourir »

     

    Dans la première séquence du chapitre, qui suit immédiatement cette phrase introductive, Davos nous y décrit ses derniers jours, depuis son arrivée sur l’îlot, caractérisés par sa précarité : il ne fait alors aucun doute que la mort rôde, toute proche, et qu’elle peut l’emporter à tout moment.

     

    « Soif, faim, froid : tels étaient ses compagnons fidèles, à chaque heure de chaque jour, si bien qu’à la longue il en était venu à les considérer comme des amis »
    En plus d’être désespérément seul, il est en effet dans un état d’extrême faiblesse : ne pouvant boire à sa soif (obligé d’attendre la pluie, ou à défaut de lécher le suintement de la roche), ses possibilités de se nourrir (en suçotant les crabes rejetés par les flots) sont également très limitées. Du fait de la petitesse de son rocher, et des embruns (sans parler des caprices du temps automnal), il est constamment trempé et donc transi de froid, ce qui n’est pas pour arranger sa fièvre et au contraire, fait empirer sa toux. De fait, ses forces s’amenuisent à vue d’œil alors même que l’insécurité de son îlot le contraint à rester vigilant aux marées pour ne pas être emporté.
    Dans ce contexte, on ne peut que souligner la force mentale dont il fait preuve malgré sa condition : étant toujours lucide et se refusant de s’abandonner à la solution de facilité qu’offrirait la mort : même si elle occupe une grande partie de ses pensées (« mourir serait plus simple assurément » ; « c’en sera bientôt terminé » ; « les dieux abyssaux m’ont assez attendu, il n’est que temps d’aller à eux« , etc.)

     

    Cette première séquence se clôt avec la nouvelle incursion de la voile dans le récit, ce « point sur l’horizon, mais qui grandissait« . Sa présence à portée de voix de Davos, bien que surprenante dans cet environnement dangereux pour tout capitaine sensé, représente pour lui le salut, la vie : là où quelques instants auparavant, l’unique dénouement possible était la mort. Mais se pose alors pour lui la question de savoir s’il désire réellement vivre, après les récents événements qui se sont produits, ce qui ouvre la 2e séquence de retour en arrière, nous emmenant cette fois-ci à la Bataille de la Néra, là où on l’avait laissé à la fin d’ACoK.

     

    « Pour quoi vivrais-je ? »
    La mort occupe également cette deuxième séquence puisque celle-ci s’ouvre justement lorsque Davos songe avec tristesse à ses quatre fils décédés lors de la Bataille : Dale, Blurd, Maric et Matthos. J’étais pour ma part surpris de voir à quel point il est persuadé de leur mort. Certes, ils occupaient tous les quatre des positions très exposées lors de la bataille (et dans le récit qu’il donne ensuite, leurs bateaux sont tous en très mauvaise posture), mais Davos également : et il a réussi à en réchapper (même si ce n’était pas une mince affaire). Finalement, les événements lui donnent malheureusement raison puisqu’ils ont effectivement tous les quatre péri.
    Pour Devan, qui était aux côtés de Stannis sur la berge, il n’en est cependant pas sûr : et on apprendra plus tard sa survie.

     

    Dans son récit des événements de la bataille, on retrouve les mêmes champs lexicaux funestes qui habitaient son chapitre de fin d’ACoK (et ceux de Tyrion), avec les nombreuses évocations de la noyade, des cris, du feu et la couleur verte, caractéristique de cet affrontement.

     

    Mais outre la mort des autres, c’est aussi sa propre mort qui est évoquée et l’on voit à travers son récit qu’il n’y est pas passé loin. Comme dans la première séquence, on peut remarquer la perspective obsédante de la mort dans ses pensées, qui serait plus simple (« Il n’avait qu’à s’abandonner« ) contrecarrée par sa volonté de survivre, sa combativité (il se bat jusqu’au bout pour s’en sortir, toujours parfaitement lucide). C’est notamment illustré brillamment par le texte – la répétition de « rua » dans la phrase ci-dessous, le montrant donner ses toutes dernières forces pour remonter à la surface : « Il griffa l’eau, rua, se démena en tous sens, pivota et, les poumons hurlant leur besoin d’air, rua, rua, totalement égaré désormais dans les flots opaques, rua, rua, rua jusqu’à ne plus pouvoir ruer« . J’ai également trouvé intéressant que rien que le souvenir de sa proximité (passée) avec la mort, provoque chez lui (dans le présent cette fois) des effets associés à la mort : « son cœur s’arrêtait à nouveau, rien que d’y penser« .

     

    Alors que son récit tisse désormais le lien temporel entre la bataille de la Néra et son arrivée sur l’îlot rocheux, Davos retrouve la pensée fataliste de sa mort prochaine : « lorsqu’on découvrira mon corps sur cette île« .

     

    Cette deuxième séquence se referme ensuite comme elle s’était ouverte, avec l’évocation de la mort de ses fils, dans laquelle il reconnaît une première fois sa participation : « ses garçons, lui, il les avait emmenés dans le feu« .

     

    Ce faisant, il reformule la question posée plus haut : ce n’est plus « pour quoi vivrais-je« , mais désormais :

     

    « Comment vivrais-je ? »
    Là encore dans cette 3e séquence, la voile qui passe est évoquée prestement (« la voile était presque sur lui« ), associée une fois encore au salut, mais Davos essaie à nouveau de se convaincre de ne pas se laisser tenter, et de laisser arriver ce qu’il pense mériter : « Quelques moments encore […] Davos n’aurait plus qu’à mourir« .
    Il replonge ensuite dans ses pensées sombres en se rendant compte que sa bourse porte-bonheur (contenant les restes de ses 4 doigts coupés, qu’il gardait constamment autour du cou) lui a également été confisquée par le feu.
    Justement, ce feu dont il estime qu’il lui a tout pris, ce feu dans lequel il a emmené ses garçons (pour reprendre sa formule), il réalise qu’il a en fait lui-même contribué à le nourrir. Il est aidé pour cela par la Mère / mer (l’homonymie a du bon), qui lui rappelle que c’est son camp qui a initialement appelé le feu, en brûlant les Sept.

     

    Davos, pointant au premier chef la responsabilité de Mélisandre, se remémore l’ascension de cette dernière : par Selyse, puis en gagnant, progressivement – et symboliquement – les faveurs de Stannis : le poussant à se détourner de son blason, de ses dieux puis des deux, en brûlant le bois sacré – et le barral – d’Accalmie, sa forteresse familiale.
    Il reconnaît ensuite pleinement sa propre inaction, voire participation à ces actes qui l’ont mené à renoncer à ce qu’il croyait (bon).

     

    Une fois encore, la voile passe : « La voile n’était plus qu’à une centaine de pas« , mais cette fois-ci, contrairement aux précédentes : Davos privilégie l’action à la pensée. Or comme on l’a vu dans les séquences précédentes : là où sa pensée laissait une grande place aux perspectives mortifères, ses actions, elles, étaient tournées entièrement vers la survie. Ce revirement est parfaitement résumé par cette phrase, qui en explique également la raison : « En cas de chute, c’était la mort, et il avait le devoir de vivre. De survivre encore un peu, du moins. Pour accomplir la tâche qui l’attendait« .

     

    « Les dieux me gardent, je sers Stannis »
    A partir de ce point, son destin s’éclaire : le bateau qui s’est aventuré dans ces eaux hostiles (dont la présence était déjà miraculeuse) s’avère être une galère Lysienne, donc alliée. Il y voit donc un signe : Stannis, son roi, est vivant : et il a désormais une mission, confiée par les dieux, miséricordieux. Ses pensées, jusqu’alors orientées vers le passé et le souvenir de ses fils décédés, se dirigent alors vers l’avenir, vers ses autres fils et sa femme, toujours vivants.

     

    Et ainsi s’achève cette renaissance de Davos dans son environnement de cœur, la mer. Ses tout nouveaux plans seront pourtant très vite déjoués et il ne sera malheureusement pas au bout de ses peines, mais nous n’y sommes pas encore …

     

    HS : Un dernier élément qui traverse ce chapitre (mais pour lequel je n’arrive pas à trouver d’angle d’analyse pertinent, sans doute n’y en a-t-il pas), c’est le rapport – évolutif – de Davos avec les crabes :
    • Au début du chapitre, ils sont ses proies et constituent ainsi sa seule possibilité de survie : « Ils lui pinçaient cruellement les doigts avant qu’il ne les écrase contre un rocher pour suçoter la chair des pinces et la tripaille de la carcasse« 
    • Puis, alors qu’il se demande « pour quoi vivrais-je« , il se compare à « une carapace creuse, le crabe est mort, plus rien dedans« 
    • Enfin, envisageant de se laisser mourir, il imagine les « crabes [qui] s’empiffreront de [sa] barbaque« . Les rôles se sont ainsi totalement inversés, ses proies étant devenues ses prédateurs, comme il le reconnaît lui-même : « Tu t’es suffisamment adjugé la leur, tu leur dois la tienne« .

    Si cela vous inspire quelque pensée ou analyse, n’hésitez pas à la partager, j’ai en tout cas hâte d’avoir votre ressenti sur ce chapitre !

    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 années et 9 mois par R.Graymarch.

    De mestre passionné d'archi à archimestre déprimé dans DOH 8 - "Dans l'ombre de la Chat-rpie"
    L'incompris Winni Naz Puur dans DOH 9 - "Tous ceux qui veulent changer Meereen"

    #165789
    R.Graymarch
    • Barral
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    Pas grand chose à dire sur ce chapitre. Il sert surtout à remettre Davos en « selle » (de mer, bien entendu). Du coup, on est content pour lui mais c’est surtout broder pour raconter son sauvetage. Ca a le mérite de donner de ses nouvelles. Car en effet, en primolecture, on n’était pas sûr de sa survie

    Enfin, au début, il n’est pas en très bon état, faut le reconnaître. On nous donne encore un « résumé des épisodes précédents » (d’ACOK) mais ça parait plus court et plus centré sur des choses qu’on ne connaissait pas en détail. Je note que Davos sait nager (et qu’en vo « ruer » c’est « kick ») ce qui ne va pas de soi car dans notre monde à l’époque moderne, il valait mieux mourir de suite plutôt que de nager des heures avant de mourir, donc les marins en général ne savaient pas nager.

    On a quand même une sacrée ellipse entre sa fuite et son arrivée sur le rocher

    When he opened his mouth to scream, the water came rushing in, tasting of salt, and Davos Seaworth knew that he was drowning.

    The next he knew the sun was up, and he lay upon a stony strand beneath a spire of naked stone, with the empty bay all around and a broken mast, a burned sail, and a swollen corpse beside him. The mast, the sail, and the dead man vanished with the next high tide, leaving Davos alone on his rock amidst the spears of the merling king.

    J’ai trouvé aussi très touchant qu’il pense à ses fils (et à leurs morts). Je note que le Père protège autant que la Mère

    The Father protects his children, the septons taught, but Davos had led his boys into the fire. Dale would never give his wife the child they had prayed for, and Allard, with his girl in Oldtown and his girl in King’s Landing and his girl in Braavos, they would all be weeping soon. Matthos would never captain his own ship, as he’d dreamed. Maric would never have his knighthood.

    Davos remonte le fil des coupables : feu grégeois, feu puis Mélisandre. Et donc sa faute à lui un peu aussi

    Ensuite, par miracle il y a une voile et le bateau le voit. Dommage, Davos ne sait pas lire

    From up here, he could see her more clearly; the lean striped hull, the bronze figurehead, the billowing sail. There was a name painted on her hull, but Davos had never learned to read.

    Solidarité des gens de la mer (qu’est ce qu’ils foutent là d’ailleurs ?), on pense qu’il est sauvé. Sauf que comme Ulysse à la toute fin de L’Odyssée qui pense avoir vaincu toutes les épreuves, il en reste une. Et elle n’est pas facile (pour info chez Homère « bouger le lit » à la demande de Pénélope). Mais Davos reconnaît un bateau lysien donc il donne la bonne réponse, qui est en plus celle qui lui correspond le mieux (vous aussi vous vous demander ce qui se serait passé s’il avait donné la bonne réponse à un niveau de l’autre camp ?^^)

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
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    #165859
    Sandor is alive
    • Patrouilleur du Dimanche
    • Posts : 213

    Merci pour ton analyse Hiziel.

    J’avais très peu de souvenirs de ce chapitre et, avant relecture, je ne l’aurais certainement pas choisi pour le présenter. Et en fait j’ai adoré le relire. Il ne se passe quasiment rien (quelques précisions sur le sort post-Néra de Davos et surtout le fait qu’il survive), mais le mélange tragédie, fatalité et mysticisme m’a fait forte impression.

    Et puis, surtout il y a Davos lui-même. Peut-être le personnage le plus humain (par sa simplicité, ses émotions, ses défauts aussi) de la saga.

    Enfin ce dénouement, moment de suspense très bref (de quel bord sont ces marins ?) et qui se termine bien.

    GRRM aurait pu laisser mourir Davos dans la Néra ou sur son caillou. Il ne l’a pas fait. Je crois que lui aussi il l’aime bien.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 9 mois par R.Graymarch.
    #165921
    Obsidienne
    • Pisteur de Géants
    • Posts : 1093

    Bravo à Hiziel d’avoir vu tant de choses dans ce chapitre !
    J’avais simplement eu plaisir à apprendre que Davos, personnage attachant, avait survécu ainsi que d’avoir quelques détails sur la bataille.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 9 mois par R.Graymarch.

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #165938
    Yfos
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1994

    Merci pour l’analyse de ce chapitre – monologue au sujet duquel je n’aurais eu pas grand chose à écrire.

    Dans son récit des événements de la bataille, on retrouve les mêmes champs lexicaux funestes qui habitaient son chapitre de fin d’ACoK (et ceux de Tyrion), avec les nombreuses évocations de la noyade, des cris, du feu et la couleur verte, caractéristique de cet affrontement.

    Il sert en effet à rappeler au lecteur étourdi  ce qui s’est passé durant la bataille

    Après nos retrouvailles avec un Tyrion mal en point lors du chapitre précédent, nous prenons aujourd’hui des nouvelles de Davos, dont le sort n’est pas plus enviable

    Les deux chapitres se répondent en effet. Celui-ci peut permettre de relativiser ce qui est arrivé à Tyrion. Certes, Davos n’est pas défiguré mais, à part cela, il a tout perdu, quatre de ses fils sont morts. Pourtant, il se plaint moins de son sort et, à la fin, ses pensées

    se dirigent alors vers l’avenir, vers ses autres fils et sa femme, toujours vivants.

    #165948
    Anita
    • Éplucheur avec un Économe
    • Posts : 33

    Merci pour cette belle présentation. En primo lecture, je me souviens avoir eu très peur pour Davos. Après le plaisir ressenti à le retrouver, même en mauvaise posture, on craint pour le personnage confronté à des « sauveteurs » dont on ne sait trop s’ils sont là pour l’aider ou sont des ennemis, venus s’assurer de la présence de rescapés pour les conduire à Joffrey. En deuxième lecture, on est effectivement plus attentif à l’environnement de Davos, par son isolement et plus conscient aussi de sa desespérance en pensée versus ses actions toutes tournées vers sa survie. En primo lecture, j’étais surtout attentive à ce que quelqu’un (Stannis ?) vienne le sauver. En seconde lecture, on prend plus conscience de tous les efforts faits par Davos pour survivre, malgré ses déboires.

     

    #165971
    Tybalt Ouestrelin
    • Pas Trouillard
    • Posts : 622

    Merci pour cette belle analyse. En primo lecture j’avais été surpris de retrouver Davos là et m’étais dit que les dieux (et GRRM) devaient avoir un plan pour lui…

    DOH 8&10 : Tybalt Ouestrelin, acolyte loyaliste devenu Mestre ; Or, Argent et Bronze.
    DOH 9 : Lazzara zo Ghazîn, Grâce Bleue devenue Sénéchale. Miraculée devenue Conseillère. Pas Miraculée deux fois.

    #166612
    darkdoudou
    • Pas Trouillard
    • Posts : 733

    Merci beaucoup Hizieł pour ton analyse : j’aime beaucoup ton analogie avec le huis clos et aussi, bien vu pour les crabes !

    Justement dans la littérature, la mer a souvent une symbolique duelle, ambivalente entre naissance et mort, voire (re)naissance ; et justement pour un marin comme Davos, je trouve particulièrement approprié et intéressant que cette scène de remise en question se déroule lorsqu’il est perdu et isolé en pleine mer.

    Oui l’eau a cette symbolique de mort et de vie dans la littérature, à commencer par la Bible et probablement aussi d’autres récits religieux ou mythologiques. Davos vit une expérience de seconde naissance, un peu comme Bariol ou dans une moindre mesure les fer-nés. Il se croit donc appelé à une nouvelle vie et une nouvelle mission, même si il doutera quelques instants suite aux paroles de Sadhor Slaan :

    Serait-il vrai ? La mer qui vous engloutit vous aurait recraché ! »
    À ces mots, Davos se rappela Bariol, le fou délirant cher à la princesse Shôren. Lui aussi, la mer ne l’avait englouti que pour le recracher, mais le recracher dément. Suis-je moi-même atteint de démence ? ASOS Davos II

    Ce qui me frappe c’est que Davos a perdu « sa chance » matérialisée par la bourse en cuir. Comme un membre perdu, il va continuer à chercher à toucher sa bourse en cuir mais sans la trouver par la suite. Bizarrement, il ne se dira jamais qu’il a eu de la chance, énormément de chance d’être encore en vie après le désastre de la Baie de la Néra. Et ce bateau qui arrive là où il ne devrait pas y avoir de bateau, il ne le qualifie pas de chance. Pourtant aucun capitaine sensé ne devrait s’approcher de ce lieu périlleux et inhospitalier. Davos à partir de ce moment croira et dira qu’il a perdu sa chance alors que, si l’on regarde son parcours ultérieur, sa chance ne l’a pas quitté et il va continuer son ascension sociale et sortir indemne des dangers à venir.

    #198448
    Lord Blimme
    • Frère Juré
    • Posts : 96

    Intéressant, l’analyse sous l’angle de huis-clos en plein mer. Merci !

    Rien à dire non plus mais j’étais fort étonné que Davos, malgré son état de extrême faiblesse, a pu survivre, surtout pour son âge. Respect à sa force mentale !

    Pour l’inversement du rôle avec les crabes, je me dis que c’est un foreshadowing lié à son destin probablement funeste à l’île de Skagos, dans AWOW.

    "Même si les Ténèbres se sont insinuées en toi, n'oublie jamais tu es. Tu dois combattre les Ténèbres en toi ! Ce ne sera pas facile, je le sais. Mais surtout, n'oublie pas... que même au cœur des Ténèbres, subsiste toujours une petite lumière."

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