ASOS 64 – Davos VI

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    Liloo75
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    ASOS 64 – Davos VI
    Au fil des pages – liste des sujets

    ASOS 63, Jaime VII ASOS 65, Jon VIII

    Exfiltration

    Dans les chapitres précédents nous avons pu constater que Mélisandre est persuadée que Stannis est la réincarnation d’Azor Ahai, le Guerrier de la Lumière, celui qui est destiné à brandir l’épée Illumination et à combattre les ténèbres.

    Forte de ses convictions, elle voudrait réveiller les dragons de pierre de Peyredragon. Dans cette optique, elle dit avoir besoin de sang royal pour accomplir ce miracle. Et du sang de roi, elle en a sous la main en la personne d’Edric Storm, le bâtard de feu le roi Robert Baratheon.

    Mais Stannis répugne à sacrifier son neveu. Jusqu’à présent, il a seulement autorisé Mélisandre à prélever un peu du sang d’Edric grâce à trois sangsues. Elle s’est alors livrée à une démonstration de magie noire en utilisant les sangsues pour prédire la mort de trois rois : Balon Greyjoy, Robb Stark et Joffrey Baratheon.

    Les morts de Balon Greyjoy et de Robb Stark étant parvenues aux oreilles de Stannis, il ne reste plus que Joffrey Baratheon pour justifier de surseoir au sacrifice d’Edric.

    Lorsque Davos apprend la mort de Joffrey lors de ses noces, il organise l’exfiltration d’Edric Storm avec la complicité de son vieil ami Sladhor Saan, et de quelques fidèles.

    Il profite d’une soirée consacrée aux prières et aux dévotions au dieu rouge pour revêtir à nouveau ses habits de contrebandier, et faire disparaître le gamin à la nuit tombée.

     

    1/ La nuit est sombre et pleine de feux

    C’est Mélisandre qui mène les oraisons à la gloire de R’hllor, devant un grand feu qui projette sa lumière orangée sur l’assemblée de fidèles réunis autour de la prêtresse, et sur la forteresse de Peyredragon.

    La reine Selyse et les autres adorateurs du dieu rouge lui répondent avec une ferveur non dissimulée dans la voix.

    Le roi Stannis est présent, mais il ne semble pas s’intéresser aux paroles de la prêtresse ni même aux pouvoirs supposés de R’hllor, qui sont censés faire de lui l’Elu. Stannis est là plus par obligation et au nom de tout ce qu’il doit à Mélisandre que par réelle piété.

    Dans les paroles de Mélisandre, il ressort que R’hllor est le dieu de la lumière ; beaucoup de mots évoquent le feu, sa couleur, sa clarté, face aux ténèbres de l’Autre dieu, celui dont il ne faut pas prononcer le nom.

    Davos les observe depuis les hauteurs de la forteresse. Il leur jette un œil lucide et sans complaisance. Mélisandre et Selyse nous apparaissent comme des illuminées, des fanatiques du dieu rouge. De même que ser Axell Florent, l’oncle de Selyse. La foi de ce dernier dissimule en réalité ses ambitions personnelles. Il souhaite devenir Main du roi et guigne la place occupée par Davos.

    Davos songe qu’avec le tour de passepasse qu’il s’apprête à commettre ce soir, la place en question sera peut-être bientôt libre.

    La petite Shôren est également présente au milieu de ses parents. Les flammes du brasier font apparaître la plaque de grisécaille, qui couvre une partie de son visage, plus sombre qu’elle ne l’est en réalité. Serait-ce un mauvais présage pour la petite fille ? Elle aussi a du sang de roi, et qui sait où s’arrêtera Mélisandre ?

    Les gargouilles qui ornent la forteresse de Peyredragon semblent pendre vie sous les yeux de Davos, éclairées par les flammes elles aussi. Mélisandre pourrait-elle réellement donner la vie aux dragons de pierre ?

    En tout état de cause, elle n’aura pas l’occasion d’en faire la démonstration, car Davos a réuni un groupe d’hommes et ensemble ils vont faire s’évader Edric Storm.

    La forteresse de Peyredragon rappelle à Davos que les Targaryen en ont été les derniers occupants, avant d’échoir à Stannis après la rébellion de Robert Baratheon :

    Cette place forte fut leur place forte, autrefois. La place forte des dragons et des sires du dragon, le siège de la maison Targaryen.

    Peyredragon était aussi le château de l’héritier du Trône de fer du temps des Targaryen. Stannis, qui a reçu la forteresse après que son frère Robert soit monté sur le trône, occupe par conséquent la place dédiée à l’héritier. Et dans les faits, c’est bien lui l’héritier du Trône de fer, puisque les trois enfants de Cersei sont des bâtards, qui ne devraient pas pouvoir régner d’après les règles en vigueur à Westeros.

    Robert a-t-il eu conscience de ce qu’il faisait en léguant Peyredragon à son frère ? Sincèrement, je ne le pense pas. Même si au moment où Stannis a été nommé seigneur de Peyredragon, il était l’héritier de Robert, puisque celui-ci n’avait pas encore d’enfants.

    Quoi qu’il en soit, c’est Stannis qui occupe le siège qui fut celui des Targaryen. Ce siège qui fut également le point de départ de la conquête d’Aegon. C’est bien de cette place que Stannis va commencer son périple pour conquérir le royaume, en partant pour le Nord.  Grâce à une missive que Davos a récupérée auprès de Mestre Pylos, et que la précédente Main n’avait pas jugé utile de montrer au roi. Nous en parlerons un peu plus loin.

    Lorsqu’ils auront rejoint le Mur et la Garde de Nuit, Stannis et Mélisandre auront l’occasion de rencontrer deux dragons en chair et en os. Le premier est Mestre Aemon, le mestre de Châteaunoir, qui est en réalité Aemon Targaryen, le fils du roi Maekar 1er Targaryen, et à ce titre, il aurait pu accéder au trône à la mort de son père. Le second est Jon Snow, fils de Rhaegar Targaryen, héritier potentiel du Trône de fer.

    Si Mélisandre veut voir apparaître des dragons, elle va être bientôt servie.

     

    2/ La nuit peut dissimuler un garçon qui s’en va

    Davos a conservé sa foi dans les Sept, il ne s’est pas converti comme l’a fait son fils Devan. Davos prie la Mère. Il croit néanmoins aux pouvoirs de la prêtresse. Mélisandre lui a montré les flammes, et il sait qu’elle est capable d’y voir l’avenir lorsque sa propre vie est en danger. Il l’a constaté de lui-même lors de la tentative d’empoisonnement perpétrée par Mestre Cressen à l’encontre de la femme rouge. C’est la raison pour laquelle il a repoussé l’offre de Lewys Poissarde qui suggérait d’éliminer Mélisandre. Davos craignait qu’elle ne devine alors tous leurs plans.

    Pour le guet-apens de la soirée, Davos s’est entouré d’hommes en qui il a confiance, et qui sont des hommes du roi, pas des proches de la reine susceptibles d’avoir été contaminés par sa ferveur religieuse. Parmi eux, l’on retrouve :

    • Rolland Storm, le demi-frère bâtard de lord Bryce Caron, mort à la Néra,
    • Ser Gerald Goüer, chevalier de sa maison,
    • Ser Andrew Estremont, apparenté aux Baratheon par la mère de Robert.

    Ce sont des hommes qui vont risquer leur vie cette nuit, car ils vont agir au nez et à la barbe du roi Stannis, fut-ce sous l’autorité de la Main. Mestre Pylos est également dans la confidence, et il se met en danger par là-même. C’est lui qui est chargé de remettre Edric à Davos et ses complices. Edric est en effet en train de prendre des cours de calcul lorsque son « escadrille » vient l’enlever.

    Edric est réticent à les suivre, même si Pylos lui a expliqué qu’il faut obéir à Davos, car lorsqu’il parle c’est avec la voix du roi qu’il s’exprime.

    Malgré tout, le gamin fait des difficultés (il fallait s’y attendre) : il veut dire au revoir à Shôren avant de partir, et il veut voir son oncle Stannis. Il ne veut pas en démordre, c’est bien le fils de Robert, têtu comme une mule.

    Il faut que Davos lui montre ses doigts tranchés pour que le jeune Edric commence à d’inquiéter de son sort si jamais il venait à déplaire à son oncle. Car Davos lui laisse accroire que c’est sous le coup de la colère que Stannis l’a mutilé.

    Edric réplique : « il n’aurait pas dû faire ça », devant les phalanges manquantes de Davos. Nous sommes bien d’accord. Davos appelle cela de l’équité, personnellement j’y vois une mutilation inutile.

    Edric finit par accepter de partir, accompagné de ser Andrew et de ser Gerald. Il s’éloigne ainsi de Peyredragon et des projets funestes de la femme rouge.

     

    Resté seul, Davos grimpe dans la tour Tambour. C’est là-bas qu’il va attendre Stannis et son jugement, qui ne manquera pas de tomber.

     

    3/ La marche du destin

    Chemin faisant, Davos se remémore son parcours de vie. Il ne peut s’empêcher de penser qu’il s’est « élevé trop haut et trop vite ». C’est bien Davos tout craché ! Il croit qu’il est indigne de ses titres de Main du roi, amiral du Détroit, et de lord du Bois-la-Pluie. Il se prend à songer à une vie plus simple, s’il venait à rejoindre sa femme, en entrainant avec lui son fils Devan. Il aspire à une vie paisible loin du tumulte de la politique et des affaires du royaume. Mais tout cela n’est qu’un rêve. Son fils Devan a embrassé la religion de R’hllor. Jamais il ne quittera la femme rouge, ni le roi Stannis dont il est devenu l’écuyer. Et ce même roi ne laissera jamais Davos s’éloigner de lui. Il a bien trop besoin de son chevalier Oignon.

    Davos ouvre les fenêtres dans la salle de la Table peinte, pour y faire rentrer l’air marin, cet air qui lui est familier, et lui permet de se sentir un peu chez lui. Il regarde les étoiles dans le ciel. Ce sont les mêmes étoiles que celles que Brandon Stark, ou Jon Snow ont pu contempler, chacun à son tour, dans les chapitres précédents. Mais ici ce sont les étoiles qui servent à guider les contrebandiers. Vont-elles lui porter chance ce soir ? Davos en aurait bien besoin.

    En bas, le brasier de Mélisandre jette une ombre sur les dragons de pierre. La prêtresse est-elle réellement capable de les ramener à la vie ?

    Daenerys est bien parvenue à transformer ces œufs de dragon calcifiés en véritables créatures vivantes. Alors pourquoi pas Mélisandre ? Déjà, les gargouilles de Peyredragon ne sont pas des œufs de dragons solidifiés. Ce sont de véritables sculptures.

    Si Daenerys est parvenue à faire naître trois dragons, c’est grâce à un sacrifice, celui de Mirri Maz Duur, et à la magie. Cette magie est liée au sang des Targaryen, le sang de Valyria. On parle alors de sang-magie. Mélisandre a beau être une prêtresse d’Asshaï-lès-L’Ombre, rien ne nous dit qu’elle maitrise cet art. Daenerys avait pour elle son sang valyrien.

    Certes, il coule du sang Targaryen dans les veines des Baratheon, mais ce sang est dilué. Il n’est pas certain que le sacrifice d’Edric Storm et la présence de Stannis Baratheon suffise à produire un miracle.

    D’autres protagonistes, comme Daenerys Targaryen ou Jon Snow peuvent se prévaloir d’être les véritables descendants de Jaehaerys II, une descendance au sein de laquelle, selon la prophétie, doit naître le Prince qui fut promis.

    Un peu comme pour la méchante reine dans Blanche Neige (Snow White), si le miroir magique pouvait parler à Stannis, il lui dirait : « Tu as bien du sang de dragon qui coule dans tes veines, mais un autre, plus jeune, et au sang mêlé de glace et de feu, est destiné à brandir la véritable épée Illumination et à combattre les ténèbres. Et il s’appelle Snow … »

    Bref, passons à la suite.

    L’ombre de Davos se projette, longue et fine, sur la Table peinte. Cette fameuse table qui représente la cartographie de Westeros. Comment interpréter cette image ? Elle signifie peut-être que Davos va être amené à voyager à travers le continent de Westeros, à le parcourir du sud vers le nord ? Et cela va se produire plus tôt qu’il ne l’imagine.

    Après une longue attente, Davos entend des pas et les voix de Stannis et Mélisandre dans les escaliers. Ils sont en désaccord apparemment. La femme rouge prétend qu’elle a vu la mort du roi Joffrey dans les flammes. Stannis refuse de la croire.

    Contre toute attente, c’est Davos qui va donner raison à Mélisandre en confirmant la mort du jeune roi. Il dit tenir ses informations de ses amis chez les pirates Lysiens. Ce qui est véridique.

    Joffrey est le troisième. Ce qui atteste la véracité de la prédiction de la prêtresse, au sujet des trois sangsues et des trois rois condamnés à périr. Mais Stannis n’a pas envie d’en entendre parler :

    Je sais compter, femme.

    Je note que Stannis n’hésite pas à remettre à sa place la femme rouge. Toutefois, avec elle il demeure plus mesuré, plus poli qu’avec sa propre femme. L’aurait-elle ensorcelé ?

     

    Pour l’instant Stannis préfère s’attarder sur Joffrey, qu’il ne considère pas comme son neveu, puisqu’il n’est pas le fils de Robert. Partant de là, Edric Storm est son véritable neveu, ce neveu qu’il faudrait sacrifier à R’hllor, à en croire Mélisandre.

    Il est amusant de constater que le premier souvenir qui remonte à la surface est celui de la chatte que Joffrey avait éventrée, afin de vérifier qu’elle portait bien des bébés. Une anecdote qui raconte toute la bêtise et toute la cruauté du jeune prince. Comment s’étonner que les Tyrell (la mamie, son petit- fils et/ou sa petite-fille…) aient voulu se débarrasser de lui ?

    Joffrey ne sera pas regretté. Stannis reconnaît lui-même que le royaume devrait se montrer reconnaissant envers son assassin, qui pour l’instant est désigné comme étant Tyrion Lannister. Stannis se berce alors de faux espoirs (ou bien est-ce encore un déni ?), en s’imaginant qu’il va devenir le recours pour le royaume.

    Mélisandre le rappelle à la réalité. Joffrey a un frère, Tommen. C’est lui qui va être couronné, Stannis ne sera jamais appelé.

    Aux yeux du roi Stannis, Tommen est un bâtard issu de l’inceste et, tout comme son frère, il n’a aucune légitimité pour régner.

    De plus, il affirme que le royaume a besoin d’une poigne d’homme dans ces temps troublés. S’engouffrant dans la brèche, Mélisandre lui rappelle qu’il est (selon elle) le Prince qui fut promis, qu’il est celui que la prophétie a désigné pour être son instrument.

    Pour l’accomplissement de celle-ci, il doit lui remettre Edric Storm, ainsi la prêtresse pourra réveiller les dragons de pierre.

    Cette perspective n’enchante pas Stannis ; encore une fois, il fait tout pour retarder l’inévitable. Il va même jusqu’à menacer Mélisandre, en lui disant que si sa magie ne fonctionne pas, elle le paiera de sa vie. Elle prend de sacrés risques, car rien ne l’assure de réussir à réveiller les dragons de la forteresse de Peyredragon, qu’elle ait su sang de roi ou pas à sa disposition.

    Fort opportunément, elle n’aura pas à courir ce risque, car Davos annonce tout à trac que le gamin n’est plus là. Il est parti, envolé, il vogue loin de Peyredragon à bord d’une galère lysienne.

    Davos lit la stupeur sur le visage de Mélisandre. Elle n’avait pas prévu cette évasion. Ce qui signifie que ses pouvoirs ne sont pas illimités. Les flammes ne lui révèlent pas tout ce qui se trame autour d’elle.

     

    4/ La révélation

    Il y a un moment de flottement pendant lequel Stannis est persuadé que ce sont les pirates qui ont enlevé Edric. Mais Davos finit par avouer son forfait, c’est sur son ordre que le jeune Edric a été emmené.

    Mélisandre lui demande de faire revenir l’enfant. Mais il est trop tard, Edric est loin d’eux et en sûreté. Davos dit avoir fait son devoir, Stannis appelle cela trahison. Il lui rappelle que c’est lui qui l’a élevé au rang qui est le sien aujourd’hui. Il n’était rien et le voilà lord désormais. Stannis espérait que Davos fasse montre de loyauté à son endroit.

    Davos énumère alors tous les sacrifices qu’il a consentis pour son roi. Il a combattu pour lui, au péril de sa vie, il a entrainé ses fils dans les batailles de Stannis et quatre d’entre eux sont morts à la Néra. Davos estime avoir donné des preuves de sa loyauté. Il a suffisamment payé cher son engagement auprès de lui. Mais cela ne suffit pas. Il sait pertinemment qu’il va devoir trouver d’autres arguments en vue de convaincre Stannis que ses actes, l’exfiltration d’Edric en l’occurrence, ne peuvent pas constituer un acte de trahison.

    Davos fait appel à son serment de Main du roi. Il a promis de défendre le peuple.  Et Edric Storm est un jeune homme qui appartient au peuple de Westeros.  L’argument va être rapidement balayé par Stannis et Mélisandre. La prêtresse invoque la longue nuit qui se prépare. Quand le froid et les ténèbres s’abattront sur Westeros, ce sont tous les enfants qui mourront. Y compris Edric Storm. Et s’il faut en sacrifier un pour sauver tous les autres, Stannis est prêt à le faire. Il invoque lui aussi ses devoirs, rappelle qu’il n’a pas demandé à être roi, et que la couronne est lourde à porter. La royauté ressemble plus à un fardeau qu’à une route pavée de roses.

    Il est vrai que Stannis est très marqué. En arrivant à Peyredragon, Davos avait remarqué que le roi paraissait avoir vieilli de 10 ans depuis Accalmie (ASOS 37 – Davos IV). Mais est-ce seulement le poids des responsabilités qui accable Stannis ?

    N’est-ce pas plutôt les sortilèges que lui a fait subir la prêtresse ? Lorsqu’elle a utilisé sa force vitale à Accalmie, pour faire assassiner Renly, le propre frère du roi ? Puis ser Cortnay Penrose, le gouverneur de la forteresse, qui refusait de lui livrer Edric Storm (ce gamin était déjà convoité par Mélisandre !) en même temps que la place forte (ACOK 43 – Davos II) ?

    Stannis a toujours nié avoir tué son frère. Il s’est même trouvé un alibi pour la nuit en question. Il était avec Devan, le fils de Davos. Mais le lecteur attentif sait que Stannis est, au mieux, dans le déni, et que cette mort pèse sur sa conscience.

    L’assassinat de ser Cortnay doit beaucoup moins le chagriner. Il en avait admis lui-même la nécessité. Mais là encore, c’est grâce à Stannis que Mélisandre a pu puiser la force de faire naître, au sens littéral du terme, une ombre tueuse. Une ombre qui avait l’apparence de Stannis. Davos a été le témoin de ce spectacle, il a assisté à la naissance de l’ombre maléfique s’extirpant du corps de Mélisandre.

    N’est-ce pas cet épisode auquel Davos fait référence lorsqu’il rétorque à Mélisandre qu’il ne comprend peut-être pas tout son discours autour de la longue nuit et de la venue de l’Autre, mais qu’il sait : « des anses secrètes, où prendre terre, ni vu ni connu. »

    Car cette nuit-là Davos avait endossé son costume de contrebandier, à la demande de Stannis, pour conduire Mélisandre dans une barque, sous les remparts de la forteresse d’Accalmie, là où la prêtresse pourrait exercer sa magie, loin des charmes anciens qui protègent Accalmie, et jeter son ombre assassine à la poursuite de ser Cortnay.

    Mais, pour le moment, Stannis est en colère contre Davos. Surtout lorsque celui-ci lui déclare tout à trac qu’il sait qu’un roi protège son peuple, sinon, il n’est pas roi.

    C’est bien la vérité qui sort de la bouche de Davos, mais à cet instant Stannis n’est pas disposé à l’entendre ; c’est pourtant bien la raison pour laquelle Stannis a nommé Davos comme Main du roi. Afin d’avoir quelqu’un à ses côtés qui lui tienne le langage de la vérité.

    Là, Davos est allé trop loin, il a remis en question l’autorité de Stannis, sa légitimité en qualité de roi.

    Comment va-t-il se tirer de ce mauvais pas ?

    Eh bien, en sortant un bout de papier de son chapeau manteau. Il le lit à la lumière d’Illumination, l’épée soit disant magique que Stannis a sortie de son fourreau, déjà prêt à rendre la justice.

    Le chapitre se termine ainsi. Le primo lecteur se souvient-il que Davos avait récupéré auprès de Mestre Pylos une lettre de la Garde de Nuit, lors de ses cours de lecture ?

    Cette lettre, c’est l’appel au secours de la Garde, rédigé par Bowen March, de Châteaunoir. La lettre avait été adressée aux cinq rois, et disait ceci :

    « Le roi d’au-delà du Mur vient au sud. Il mène une immense armée de sauvageons. Lord Mormont a expédié un corbeau de la forêt hantée. Il s’y trouve attaqué. D’autres oiseaux sont arrivés depuis, sans aucun message. Nous craignons que Mormont n’ait été tué avec tout son détachement (ASOS 55 – Davos V).»

    Davos sait que cette missive va toucher Stannis et Mélisandre. Car c’est Stannis lui-même qui a vu dans les flammes des hommes en noir qui se battent dans la neige. Ils sont sur une colline abrupte dans la forêt. Des formes se déplacent derrière les flocons de neige.

    Le lecteur sait qu’il s’agit du Poing des Premiers Hommes et de l’attaque du camp de Mormont par les Autres. Et c’est très probablement cette scène que Stannis a vu dans les flammes. Si la Garde de Nuit s’est battue contre les Autres, cela vient conforter la théorie de Mélisandre sur la venue de la longue nuit, et cela va possiblement calmer la fureur de Stannis à l’encontre de Davos.

    Affaire à suivre.

     

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    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #184997
    R.Graymarch
    • Barral
    • Posts : 10333

    Un petit chapitre en relecture mais qui nous permet d’apprendre l’acte de Davos et l’exfiltration d’Edric

    Ca commence par un feu de joie, organisé par Mélisandre, suivie par ses adeptes (dont la reine)… et quasi ignoré par Stannis qui fait acte de présence mais n’est pas très fervent

    Queen Selyse led the responses, her pinched face full of fervor. King Stannis stood beside her, jaw clenched hard, the points of his red-gold crown shimmering whenever he moved his head. He is with them, but not of them, Davos thought.

    Davos ne le sent pas trop…

    When he was a boy, the septons had taught Davos to pray to the Crone for wisdom, to the Warrior for courage, to the Smith for strength. But it was the Mother he prayed to now, to keep his sweet son Devan safe from the red woman’s demon god.

    Davos s’en va, comme un contrebandier avec son équipage. Mais il se demande ce que Mélisandre peut voir… ou ne pas voir. Et il est bien plus à l’aise quand il s’agit d’être pragmatique

    “Fire is a living thing,” the red woman told him, when he asked her to teach him how to see the future in the flames. “It is always moving, always changing . . . like a book whose letters dance and shift even as you try to read them. It takes years of training to see the shapes beyond the flames, and more years still to learn to tell the shapes of what will be from what may be or what was. Even then it comes hard, hard. You do not understand that, you men of the sunset lands.” Davos asked her then how it was that Ser Axell had learned the trick of it so quickly, but to that she only smiled enigmatically and said, “Any cat may stare into a fire and see red mice at play.”

    He had not lied to his king’s men, about that or any of it. “The red woman may see what we intend,” he warned them.

    “We should start by killing her, then,” urged Lewys the Fishwife. “I know a place where we could waylay her, four of us with sharp swords . . .”

    “You’d doom us all,” said Davos. “Maester Cressen tried to kill her, and she knew at once. From her flames, I’d guess. It seems to me that she is very quick to sense any threat to her own person, but surely she cannot see everything. If we ignore her, perhaps we might escape her notice.”

    “There is no honor in hiding and sneaking,” objected Ser Triston of Tally Hill, who had been a Sunglass man before Lord Guncer went to Melisandre’s fires.

    “Is it so honorable to burn?” Davos asked him. “You saw Lord Sunglass die. Is that what you want? I don’t need men of honor now. I need smugglers. Are you with me, or no?”

    They were. Gods be good, they were.

    Pylos amène Edric qui a du mal à être convaincu de venir. Mais Davos tient tout de même à « affronter » Stannis au lieu de partir. Il s’installe au coeur du pouvoir et attend… puis Stannis arrive et on rappelle le deal du chapitre passé lié aux événements de Port-réal, et au futur (ainsi que le passé de Joffrey… la partie avec les chatons, ouch). Davos crânement est vainqueur, pour le moment, grâce à son fait accompli

    He heard their boots on the stone steps as they ascended. The king’s voice went before him. “. . . is not three,” he was saying.

    “Three is three,” came Melisandre’s answer. “I swear to you, Your Grace, I saw him die and heard his mother’s wail.”

    “In the nightfire.” Stannis and Melisandre came through the door together. “The flames are full of tricks. What is, what will be, what may be. You cannot tell me for a certainty . . .”

    “Your Grace.” Davos stepped forward. “Lady Melisandre saw it true. Your nephew Joffrey is dead.”

    If the king was surprised to find him at the Painted Table, he gave no sign. “Lord Davos,” he said. “He was not my nephew. Though for years I believed he was.”

    “He choked on a morsel of food at his wedding feast,” Davos said. “It may be that he was poisoned.”

    “He is the third,” said Melisandre.

    “I can count, woman.” Stannis walked along the table, past Oldtown and the Arbor, up toward the Shield Islands and the mouth of the Mander. “Weddings have become more perilous than battles, it would seem. Who was the poisoner? Is it known?”

    “His uncle, it’s said. The Imp.”

    Stannis ground his teeth. “A dangerous man. I learned that on the Blackwater. How do you come by this report?”

    “The Lyseni still trade at King’s Landing. Salladhor Saan has no reason to lie to me.”

    “I suppose not.” The king ran his fingers across the table. “Joffrey . . . I remember once, this kitchen cat . . . the cooks were wont to feed her scraps and fish heads. One told the boy that she had kittens in her belly, thinking he might want one. Joffrey opened up the poor thing with a dagger to see if it were true. When he found the kittens, he brought them to show to his father. Robert hit the boy so hard I thought he’d killed him.” The king took off his crown and placed it on the table. “Dwarf or leech, this killer served the kingdom well. They must send for me now.”

    “They will not,” said Melisandre. “Joffrey has a brother.”

    “Tommen.” The king said the name grudgingly.

    “They will crown Tommen, and rule in his name.”

    Stannis made a fist. “Tommen is gentler than Joffrey, but born of the same incest. Another monster in the making. Another leech upon the land. Westeros needs a man’s hand, not a child’s.”

    Melisandre moved closer. “Save them, sire. Let me wake the stone dragons. Three is three. Give me the boy.”

    “Edric Storm,” Davos said.

    Stannis rounded on him in a cold fury. “I know his name. Spare me your reproaches. I like this no more than you do, but my duty is to the realm. My duty . . .” He turned back to Melisandre. “You swear there is no other way? Swear it on your life, for I promise, you shall die by inches if you lie.”

    “You are he who must stand against the Other. The one whose coming was prophesied five thousand years ago. The red comet was your herald. You are the prince that was promised, and if you fail the world fails with you.” Melisandre went to him, her red lips parted, her ruby throbbing. “Give me this boy,” she whispered, “and I will give you your kingdom.”

    “He can’t,” said Davos. “Edric Storm is gone.”

    “Gone?” Stannis turned. “What do you mean, gone?

    “He is aboard a Lyseni galley, safely out to sea.” Davos watched Melisandre’s pale, heart-shaped face. He saw the flicker of dismay there, the sudden uncertainty. She did not see it!

    Mélisandre tente de mettre Davos aux abois.. mais ce dernier a des arguments et ne céde pas.

    Her red eyes made him squirm. “I should have left you to the dark, ser. Do you know what you have done?”

    “My duty.”

    “Some might call it treason.” Stannis went to the window to stare out into the night. Is he looking for the ship? “I raised you up from dirt, Davos.” He sounded more tired than angry. “Was loyalty too much to hope for?”

    “Four of my sons died for you on the Blackwater. I might have died myself. You have my loyalty, always.” Davos Seaworth had thought long and hard about the words he said next; he knew his life depended on them. “Your Grace, you made me swear to give you honest counsel and swift obedience, to defend your realm against your foes, to protect your people. Is not Edric Storm one of your people? One of those I swore to protect? I kept my oath. How could that be treason?”

    Stannis ground his teeth again. “I never asked for this crown. Gold is cold and heavy on the head, but so long as I am the king, I have a duty . . . If I must sacrifice one child to the flames to save a million from the dark . . . Sacrifice . . . is never easy, Davos. Or it is no true sacrifice. Tell him, my lady.”

    Melisandre said, “Azor Ahai tempered Lightbringer with the heart’s blood of his own beloved wife. If a man with a thousand cows gives one to god, that is nothing. But a man who offers the only cow he owns . . .”

    “She talks of cows,” Davos told the king. “I am speaking of a boy, your daughter’s friend, your brother’s son.”

    Joli moment de bravoure ensuite

    “There’s much I don’t understand,” Davos admitted. “I have never pretended elsewise. I know the seas and rivers, the shapes of the coasts, where the rocks and shoals lie. I know hidden coves where a boat can land unseen. And I know that a king protects his people, or he is no king at all.”

    Stannis’s face darkened. “Do you mock me to my face? Must I learn a king’s duty from an onion smuggler?”

    Davos knelt. “If I have offended, take my head. I’ll die as I lived, your loyal man. But hear me first. Hear me for the sake of the onions I brought you, and the fingers you took.”

    Le final est joli mais me parait un peu trop too much voire irréalisate (elle brûle toute seule en sortant du fourreau, Illumination ? Et même si c’est le cas, c’est un peu cheap comme effet scénique). Ensuite, imaginer que Stannis va garder patience le temps que Davos lise la lettre de la Garde et que Stannis va avoir une épiphanie pour oublier Edric et aller ailleurs. Moui. C’est très romanesque.

    Stannis slid Lightbringer from its scabbard. Its glow filled the chamber. “Say what you will, but say it quickly.” The muscles in the king’s neck stood out like cords.

    Davos fumbled inside his cloak and drew out the crinkled sheet of parchment. It seemed a thin and flimsy thing, yet it was all the shield he had. “A King’s Hand should be able to read and write. Maester Pylos has been teaching me.” He smoothed the letter flat upon his knee and began to read by the light of the magic sword.

    J’aime beaucoup Davos et il fait le choix juste et le choix du coeur (alors que Stannis allait tomber dans une logique tywinesque délétère) mais je n’aime pas trop comment l’auteur éclipse (^^) la fin.

    .

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
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    #185029
    Ysilla
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    Merci Liloo pour cette présentation analytique du chapitre dont je n’avais que de très vagues souvenirs, mise à part l’exfiltration d’Edric Storm.

    Comme toujours, avec la relecture, même si du point de vue de l’action pure, nous assistons à deux événements d’ampleur seulement – la fuite d’Edric et la révélation de la lettre de la Garde de nuit en cliffhanger final – le chapitre pourtant est prenant par la peinture de l’atmosphère qui baigne tout le récit et des pensées de Davos.

    Ce que je n’avais pas vu en première lecture, c’est tout ce que relie et oppose ce chapitre au précédent de Jaime.

    On passe d’un Sans-Patte (comme dira plus tard Tyrion) à un Sans-Doigt : pas mal comme transition.

    Plus sérieusement, on passe d’un chevalier qui a jusqu’à récemment répudié tout comportement chevaleresque et a voulu assassiner un enfant à un chevalier de fortune qui se révèle paré de vertus chevaleresques en sauvant un enfant. Même si Jaime pourrait faire remarquer à Davos qu’ils ont en commun la déloyauté envers leur roi. Mais comparaison n’est pas raison : le coup de poignard dans le dos invoqué par Stannis n’est pas celui reçu vraiment par Aerys !😂

    En parlant de thèmes qui se font écho, on peut aussi remarquer que la fuite nocturne d’Edric de Peyredragon n’est pas sans rappeler une autre fuite, seize ans auparavant, celle de Viserys et de Daenerys Targaryen : même lieu et surtout même antagoniste : Stannis Baratheon que le récit associe avec insistance au meurtre d’enfant. ( J’dis ça, mais j’dis rien !😂)

    On est dans le chapitre des « bons gars » entre un Davos et ses complices qui s’exposent à un risque mortel pour sauver un innocent et Edric Storm lui-même qui me semble paré de belles qualités – c’est le prénom qui veut ça ? Edric Dayne est lui aussi un gentil garçon. et je suis curieuse de ce qu’il va advenir des deux Edric, le Storm comme le Dayne.

     

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 11 mois par Ysilla.

    "L'imaginaire se loge entre les livres et la lampe...Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire."

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