[Auteur] H. P. Lovecraft

  • Ce sujet contient 13 réponses, 9 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par DJC, le il y a 1 année et 1 mois.
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  • #194746
    Quintus Cularo
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    Lovecraft. Un auteur que j’aime tout particulièrement, et qui étonnamment n’avait pas encore de topic dédié sur le forum. Etonnamment surtout au vu de son impact sur les littératures de l’imaginaire. J’avais donc envie d’en parler un peu, parce que c’est un auteur qu’il est très intéressant de lire (pour diverses raisons) mais pour lequel il vaut mieux être prévenu de certains points.

    I. Le corpus de Lovecraft

    Déjà point très important, malgré son impact sur la littérature américaine (et bien plus en réalité), l’œuvre de Lovecraft est assez modeste. On y retrouve un unique roman (L’affaire Charles Dexter Ward) et surtout un ensemble de nouvelles, dont certaines flirtent parfois avec la novella. On peut y ajouter ses travaux de révisions, ou d’écrivain fantôme, mais je précise tout de suite que c’est dans ces domaines qu’on retrouve ses plus mauvaises productions.

    II. Tentacules, folie et continuité

    Lorsque l’on dit horreur lovecraftienne aujourd’hui, il y a quelques images qui viennent immédiatement en tête. On parle d’ailleurs facilement de son œuvre comme un univers partagé. Il y a en effet un certains nombre d’éléments récurrents, le plus important d’entre eux étant la ville d’Arkham (oui comme dans Batman), où se déroule un certain nombre de ses histoires et qui sert souvent d’épicentre Pourtant malgré ces récurrences Lovecraft n’a jamais perçu son œuvre comme un ensemble. En réalité il avait beaucoup de recul, voire d’humour autour de ses productions. Il est donc parfaitement possible de les lires sans respecter d’ordre particulier, les éléments communs apparaissant uniquement comme des clins d’œil. J’en profite pour le dire : malgré sa célébrité Cthulhu est loin d’être une entité majeure de l’œuvre de Lovecraft. Nyarlathotep est mentionné plus souvent et l’auteur lui-même insistait majoritairement sur Yog-Sothoth.

    III. Un écrivain problématique

    Disons le une bonne fois pour toute : Lovecraft était xénophobe. Toute personne qui tentera de le minimiser, ou de dire « c’était normal pour l’époque » soit aura tort soit vous mentira. Lovecraft était xénophobe, sans retenue et même selon les standards de l’époque. Et cette mentalité malheureusement se retrouve dans ses ouvrages, à travers des mots ou des descriptions qui peuvent mettre mal à l’aise, voire choquer. Pour faire clair, chez Lovecraft tout individu qui n’est pas WASP (White anglo-saxon protestant) sera traité au mieux avec paternalisme, au pire avec haine. La seule chose à dire pour la défense de Lovecraft sur ce sujet, et qui n’excuse ni n’atténue rien, c’est qu’il n’a jamais été un auteur militant. En somme sa xénophobie n’est pas un point central de son œuvre, pas une thématique majeure, pas un message qu’il cherche à faire passer. Cela n’enlève toutefois rien à la violence qu’on retrouve dans ses textes et il est essentiel d’être au courant de cet aspect avant de se lancer dans son œuvre.

    Alors par où commencer avec Lovecraft ?

    Voilà une petite sélection de texte de l’auteur qui me semblent personnellement de bonnes introductions pour quelqu’un qui souhaite se lancer dans sa bibliographie :

    L’appel de Cthulhu : Une des plus connues et des plus emblématiques. Une bonne première approche du style de Lovecraft.

    La couleur tombée du ciel : Certainement la plus réussie de ses nouvelles (en tout cas de son propre avis), et également une de ses plus terrifiante.

    Les rats dans les murs : Choix très personnel de ma part vu qu’il s’agit de ma nouvelle préférée. Un texte sombre et réussi, avec une plongée progressive dans la folie.

    Le cauchemar d’Innsmouth : Une excellente introduction, on retrouve beaucoup des thématiques récurrentes de Lovecraft dans une ambiance particulièrement prenante.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 1 année et 1 mois par R.Graymarch.

    N'est pas mort ce qui à jamais dort, mais en d'étranges ères peut mourir même la mort.

    #194761
    Sandor is alive
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    Merci pour ce sujet. J’ai lu L’appel de Cthulhu il y très longtemps (pour sa réputation et à cause d’une certaine chanson d’un certain groupe de métal). Et tu m’as donné envie de le relire.

    J’ai le souvenir d’un style assez compliqué à lire (en tout cas en français), qui peut rebuter un nouveau lecteur. L’avantage est que le format nouvelle permet de se lancer plus facilement (s’il s’était agi d’une brique de 1500 pages j’aurais peut être abandonné).

    #194764
    Amarei
    • Patrouilleur Expérimenté
    • Posts : 472

    J’ai lu pas mal de nouvelles de Lovecraft quand j’avais une quinzaine d’années et j’en garde un bon souvenir.

    “Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux.” JR.

    #194767
    DNDM
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    Idem, lu vers mes 15 ans, histoire de découvrir les classiques de l’horreur, et le gars sait y faire.

    A noter, le style Lovecraft, et la façon dont il fait travailler l’imagination du lecteur, y est pour beaucoup. Dépouillé de ce style, certaines histoires sont en fait de la simple SF vaguement maquillée, qui aujourd’hui, avec la distance, peut sombrer dans le ridicule quand on essaye de se représenter ce qui est décrit. Attention aux adaptations BD, notamment, à ce sujet. Même les meilleures (genre celles de Gou Tanabe, dont je parle ici) ne peuvent pas faire grand chose quand il s’agit de représenter des choses censées être indicibles.

    Je valide tes propositions, très bonnes (avec « La couleur tombée du ciel » à lire en priorité).

     

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #194770
    Kellhus
    • Frère Juré
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    Lovecraft était xénophobe, sans retenue et même selon les standards de l’époque.(…)

    En somme sa xénophobie n’est pas un point central de son œuvre, pas une thématique majeure, pas un message qu’il cherche à faire passer. Cela n’enlève toutefois rien à la violence qu’on retrouve dans ses textes et il est essentiel d’être au courant de cet aspect avant de se lancer dans son œuvre.

    La xénophobie de Lovecraft n’est pas militante en effet, mais je trouve qu’elle agit chez lui de façon quasi-subconsciente et qu’elle irrigue une bonne partie de son oeuvre.

    Je trouve que Le cauchemar d’Innsmouth est notamment très parlant : l’histoire synthétise sa vision cauchemardesque du métissage, et brasse toutes les notions de dégoût et d’effroi liées à un avilissement fantasmé de la bonne vieille Amérique. Houllebecq a rapproché cette peur panique de Lovecraft à son séjour à New York (ville cosmopolite s’il en est). Cette confrontation à l’étranger, son mariage avorté, et l’immense solitude qu’il y avait ressenti ont probablement contribué à renforcer ce qui me semble être une thématique majeure chez lui : la perte de sens, totale et sans retour, face à l’inconnu.

    Ses oeuvres les plus connues sont d’ailleurs postérieures à cette expérience, qui constitue une parenthèse à Providence, la riche ville WASP où il a vécu. Loin de vouloir tomber dans la justification ou le misérabilisme, je trouve au contraire intéressant de voir que cet homme, biberonné aux valeurs un peu délirantes de l’Amérique des premiers colons, a commencé sa vie dans un environnement familial hantée par la maladie et les décès qui ne lui a pas donné beaucoup de gages de stabilité. Cela explique pour moi en partie cette confrontation thématique permanente entre l’esprit conquérant et rationnel des Pères Fondateurs, et la fragilité des convictions intimes.

    Chez Lovecraft, il existe autre chose que la puissance civilisatrice des bons petits blancs, pourquoi lui est-elle si odieuse ?

    C’est que la raison morale des riches bourgeois de Providence révèle une pensée en boucle, car ce qu’elle produit de mieux (bibliothèques universitaires, pensée analytique, expéditions d’explorateurs) agit comme les murailles d’une forteresse érigée en territoire hostile : il n’est pas permis d’en sortir, sous peine de mort ou de folie. D’ailleurs, nombre de textes de Lovecraft débutent par un avertissement du narrateur, et se terminent par la tentation du déni.

    Il s’agit de repousser au dehors (de l’esprit, de la maison, de l’expédition) toute influence qui créerait une brèche dans le confort d’une vision du monde très normée. Pour Lovecraft, il est préférable que la réalité, la vraie, celle qui échappe aux fourches caudines de l’esprit protestant blanc anglo-saxon, reste un rêve, ou au pire, un cauchemar.

    Son unique tentative d’échapper à Providence constitue d’ailleurs un échec dont il ne se remettra pas. Dès lors, quelle signification donner au puritanisme triomphant, sinon celui d’un idéal corrompu de l’intérieur par la simple et terrifiante réalité ?

    "On se prend souvent pour quelqu'un, alors qu'au fond, on est plusieurs."
    Raymond Devos

    #194802
    Aerolys
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    III. Un écrivain problématique Disons le une bonne fois pour toute : Lovecraft était xénophobe. Toute personne qui tentera de le minimiser, ou de dire « c’était normal pour l’époque » soit aura tort soit vous mentira. Lovecraft était xénophobe, sans retenue et même selon les standards de l’époque. Et cette mentalité malheureusement se retrouve dans ses ouvrages, à travers des mots ou des descriptions qui peuvent mettre mal à l’aise, voire choquer. Pour faire clair, chez Lovecraft tout individu qui n’est pas WASP (White anglo-saxon protestant) sera traité au mieux avec paternalisme, au pire avec haine. La seule chose à dire pour la défense de Lovecraft sur ce sujet, et qui n’excuse ni n’atténue rien, c’est qu’il n’a jamais été un auteur militant. En somme sa xénophobie n’est pas un point central de son œuvre, pas une thématique majeure, pas un message qu’il cherche à faire passer. Cela n’enlève toutefois rien à la violence qu’on retrouve dans ses textes et il est essentiel d’être au courant de cet aspect avant de se lancer dans son œuvre.

    Oui, même la carte du « racisme d’époque » ne fonctionne pas ici car, comme tu le dis, c’était hardcore même pour les standards de l’époque.

    Malgré ça, j’ai commencé à lire ses nouvelles il y une dizaine d’années. J’en ai peu lu pour l’instant mais j’essaye de m’y remettre dès que j’en ai l’occasion.

    Toutes les plus belles histoires commencent par une brique sur le pied.

    Si Theon ouvre un bar, c'est le Baratheon.

    Spoiler:
    #194804
    R.Graymarch
    • Barral
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    Lovecraft, vaste sujet, ça fait très longtemps que je n’en ai pas lu mais je le rencontre pas mal en jeu de rôle. Et depuis qu’il s’est élevé dans le domaine public, il pullule pas mal sur tous les supports.

    Je crois que dans une interview (Lire ?), GRRM disait que l’apport de Lovecraft était surtout dans le fait que les humains sont insignifiants par rapport aux créatures du Mythe. Un peu comme des fourmis pour nous. On peut donc se faire écraser et mourir pour rien, il n’y a pas de sens (ni vraiment d’espoir d’ailleurs). Toute cette part d’ombre qui est en nous se projette dans les créatures du Mythe. C’est assez vertigineux et plutôt novateur, surtout qu’il s’appuie sur des sensations plutôt que des descriptions ultra précises

    Comme indiqué plus haut, Lovecraft est en effet très raciste. J’ai écouté un podcast consacré au livre qui lui est consacré. Apparemment cela se voit surtout dans sa correspondance, pas vraiment (ou pas autant) dans sa fiction. Il faut dire qu’il a un sentiment de déclassement, venant de la « bonne » minorité du pays et étant forcé de vivre à New York dans un quasi taudis dans un quartier avec des immigrés récents (irlandais, italiens…) et cela avait un effet repoussoir énorme pour lui.

    Notons aussi que si le Mythe est très organisé, c’est moins dû à Lovecraft qu’à ses successeurs qui ont développé cela, ainsi qu’au jeu de rôle (qui crée quasiment un panthéon avec une hiérarchie etc). Faut pas espérer trouver ça dans ses écrits

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #194806
    Céleste
    • Pas Trouillard
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    La xénophobie de Lovecraft n’est pas militante en effet, mais je trouve qu’elle agit chez lui de façon quasi-subconsciente et qu’elle irrigue une bonne partie de son oeuvre.

    Je suis tellement d’accord, une fois qu’on nous met le nez dedans c’est difficile de ne pas le voir partout.

    Disons le une bonne fois pour toute : Lovecraft était xénophobe. Toute personne qui tentera de le minimiser, ou de dire « c’était normal pour l’époque » soit aura tort soit vous mentira.

    Merci pour ça.

    Autrement c’est un auteur que j’ai un peu lu quand j’étais ado et qui n’a jamais provoqué aucune émotion de peur chez moi. Je préférais largement lire le Horla ou la Vénus d’Ille. Je l’ai très vite lâché pour du SK à l’époque ^^

     

    Je préfère le souffle du dragon à la bave de crapeau et la langue de vipère.

    #194816
    Kellhus
    • Frère Juré
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    J’en ai peu lu pour l’instant mais j’essaye de m’y remettre dès que j’en ai l’occasion.

    Quand elle arrivera, je me permets de te conseiller les traductions de François Bon, un grand môssieur de la littérature, qui rend une partie de sa dignité au style de Lovecraft, jusqu’alors assez mal traduit.

    Je crois que dans une interview (Lire ?), GRRM disait que l’apport de Lovecraft était surtout dans le fait que les humains sont insignifiants par rapport aux créatures du Mythe. Un peu comme des fourmis pour nous. On peut donc se faire écraser et mourir pour rien, il n’y a pas de sens (ni vraiment d’espoir d’ailleurs). Toute cette part d’ombre qui est en nous se projette dans les créatures du Mythe. C’est assez vertigineux et plutôt novateur, surtout qu’il s’appuie sur des sensations plutôt que des descriptions ultra précises (…)  Notons aussi que si le Mythe est très organisé, c’est moins dû à Lovecraft qu’à ses successeurs qui ont développé cela, ainsi qu’au jeu de rôle (qui crée quasiment un panthéon avec une hiérarchie etc). Faut pas espérer trouver ça dans ses écrits

    Oui, difficile de ne pas être fasciné par cet ailleurs qui pose le divin comme quelque chose qui échappe fondamentalement à la compréhension humaine. Pas de place pour la bienveillance des monothéismes, pas de possibilité d’identification comme pour les dieux des différents panthéons… Les entités lovecraftiennes sont juste là pour « être », sans qu’on sache vraiment ce que ça signifie. L’humain, lui, n’est rien, et c’est terrifiant.

    Alan Moore a fait une suite de deux albums un peu raides (c’est bien sale) avec Jacen Burrows mais qui rendent justice au vertige proposé par Lovecraft. Contrairement aux collègues et continuateurs ayant organisé le « mythe » pour lui donner une cohérence qui frise le contresens (Lovecraft s’en amusait mais était pas fan), il propose à la fois un hommage et une relecture érudite (c’est Moore, hein).

    Pour lecteurs avertis et/ou les bons connaisseurs de l’œuvre, je vous conseille donc Neonomicon et Providence.

    "On se prend souvent pour quelqu'un, alors qu'au fond, on est plusieurs."
    Raymond Devos

    #194819
    Quintus Cularo
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    La xénophobie de Lovecraft n’est pas militante en effet, mais je trouve qu’elle agit chez lui de façon quasi-subconsciente et qu’elle irrigue une bonne partie de son oeuvre.

    Il est indiscutable qu’elle se retrouve dans ces récits, (trop) souvent dans la forme, régulièrement dans le fond. Après il faut toujours se méfier des lectures trop psychologisante de son œuvre (comme pour tout les artistes au final). Par exemple on entend souvent dire que chez Lovecraft, l’horreur c’est ce qui vient d’ailleurs (ce qui est cohérent avec sa xénophobie). Mais on retrouve aussi un bon nombre de récits où l’horreur vient de familles blanches aisées (avec option consanguinité). Dans ce cas ça s’inscrit plutôt dans le thème de l’héritage maudit, aussi très récurent chez Lovecraft (et souvent associé au destin de ses parents).

    Concernant ce que tu dis sur son séjour à New York, il est reconnu que sa nouvelle qui a été le plus influencée par cette expérience est Horreur à Red Hook, une des plus ouvertement xénophobes qu’il ait écrit. Dans ce cas précis le traumatisme est très clair, d’autant qu’il a écrit justement à cette époque, et pour le coup ici la forme tant que le fond sont pourris.

     

    Houllebecq a rapproché cette peur panique de Lovecraft à son séjour à New York (ville cosmopolite s’il en est).

    Attention avec le livre de Houllebecq qui, même s’il est très intéressant à lire, est considéré comme un roman (une fiction donc) prenant Lovecraft comme personnage principal, plus que comme une biographie au sens premier du terme. Beaucoup d’éléments du portrait psychologique qui y est fait sont aujourd’hui rejetés par les études plus récentes. Je ne dis pas que tout est à jeter dedans, mais pour le coup on est vraiment sur une tentative de dresser un portrait très psychologique de l’auteur, ce qui est toujours un peu compliqué pour un personnage historique.

     

    Je crois que dans une interview (Lire ?), GRRM disait que l’apport de Lovecraft était surtout dans le fait que les humains sont insignifiants par rapport aux créatures du Mythe.

    C’est d’ailleurs un des grand paradoxe de Lovecraft : malgré son influence indiscutable sur la littérature horrifique et fantastique actuelle, on ne retrouve cet esprit quasiment nul part. Même chez les auteur(e) qui s’en réclament, on finit presque systématiquement par revenir à un anthropocentrisme marqué, comme s’il était indispensable de remettre l’humain au centre du récit.

    L’humain, lui, n’est rien, et c’est terrifiant.

    Voilà, à mes yeux c’est ça l’essence même de l’horreur lovecraftienne. Et c’est ça qu’on ne retrouve que trop rarement.

     

    N'est pas mort ce qui à jamais dort, mais en d'étranges ères peut mourir même la mort.

    #194835
    DNDM
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    Alan Moore a fait une suite de deux albums un peu raides (c’est bien sale) avec Jacen Burrows mais qui rendent justice au vertige proposé par Lovecraft. Contrairement aux collègues et continuateurs ayant organisé le « mythe » pour lui donner une cohérence qui frise le contresens (Lovecraft s’en amusait mais était pas fan), il propose à la fois un hommage et une relecture érudite (c’est Moore, hein). Pour lecteurs avertis et/ou les bons connaisseurs de l’œuvre, je vous conseille donc Neonomicon et Providence.

    Ha tiens j’avais parlé de Néonomicon sur ce site, y’a dix ans (déjà).

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #194889
    Kellhus
    • Frère Juré
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    Ha tiens j’avais parlé de Néonomicon sur ce site, y’a dix ans (déjà).

    Oh ! la chouette analyse !

    Bon je ne suis pas très objectif en ce qui concerne Alan Moore : les défauts m’ont moins sauté aux yeux et je trouvais justement intéressant la redondance entre image et texte  qui mimait un peu la lutte entre rêve et réalité très présente chez Lovecraft (qu’est-ce qui est le plus réel ? l’image, vécue, mais qui repose sur les sens ? La pensée, qui permet de reconstituer l’expérience mais la rationalise ?). Ce mécanisme se retrouve encore plus dans Providence, plus littéraire, qui alterne épisodes dessinés et journal intime rédigé après coup.

    Comme tu le soulignes, je dois pourtant reconnaître qu’il s’agit en effet d’un ouvrage assez pointu (je suis d’ailleurs loin d’avoir tout compris), voire déroutant. Et bien vu pour la première partie !

    "On se prend souvent pour quelqu'un, alors qu'au fond, on est plusieurs."
    Raymond Devos

    #194893
    DNDM
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    Oui, ça peut sans problème se lire sans intellectualiser le propos, comme n’importe quelle BD. Mais pour qui connait son Lovecraft et/ou a des notions concernant le « langage de la bande dessinée », il y a de quoi turbiner.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #194895
    DJC
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    J’ai découvert l’auteur ces dernières années, je connaissais le nom depuis très longtemps. Je n’ai lu que quelques oeuvres en VO + quelques adaptations de Gou Tanabe (que je pense pouvoir conseiller « pour démarrer Lovecraft »).

    J’ai trouvé très intéressante l’horreur ancrée dans les thématiques et difficultés d’explorations de l’époque, dans les déserts de sable ou de glace 🙂 En effet l’absence de motivation apparente parmi les créatures contre les humains est un gros +, elles sont juste là, et extrêmement dangereuses 🙂

    Merci à vous pour l’épaisseur donnée à l’auteur et à son oeuvre par toutes vos interventions

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