[Auteur] Philippe Ébly

  • Ce sujet contient 105 réponses, 5 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par DNDM, le il y a 9 mois et 1 semaine.
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  • #165252
    DNDM
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    Marrant, j’ai pas d’assez bons souvenirs de ce livre pour juger réellement, mais à vous lire j’ai l’impression que l’on est ici dans une vision du robot androïde qui est quasi inexistante aujourd’hui, en fait: l’androïde qui est « juste » un tas de boulon qui ressemble à un humain, mais qui ne pose (et ne se pose) aucune question d’ordre morale, qui ne prévoit pas de les exterminer, qui ne se prend pas pour un humain, qui n’imagine même pas avoir une conscience ou un libre arbitre, qui ne réfléchit pas sa position dans le monde et sa sposition vis-à-vis de l’humain.

    Je sais pas si je suis clair, mais en gros, on est sur un livre ou le simple fait d’avoir un robot humanoïde, c’est en soit un ressort scénaristique suffisant, c’est ça? Pas besoin de le robot soit complexe et ouvre sur des questions, sa seule existence est créatrice de sens of wonder et d’intrigue?

    Marrant, du coup, de voir comment les choses ont évoluées.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #165256
    R.Graymarch
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    On envisage la menace physique au vu de la masse et de la rapidité des spécimens, mais c’est à peu près tout. La question de leur conscience, de leur indépendance ne se pose pas vraiment (alors que ce serait lié, s’ils se rebellaient). Cela dit à l’époque, à part les robots menaçants, on n’a pas vraiment « conscience » de ça. En littérature un peu chez Asimov mais sinon dans les oeuvres grand public… y a qu’à regarder la prélogie Star Wars (il n’y a que 20 ans) où on a des robots avec une forme avancée de conscience qui sont des esclaves des êtres vivants sans que ça ne choque vraiment grand monde (ni personnages, ni spectateurs). Je crois qu’on a beaucoup évolué là dessus, aussi car les limites entre « robot » et « humain » sont devenues moins binaires, et que la technologie a pas mal changé les choses dans notre rapport à ces limites.

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    #165260
    Lapin rouge
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    Serge montre parfois de la crainte en se disant que, s’il voulait, Haum pourrait être dangereux. Et, avec son éternel sourire poli, l’androïde est parfois inquiétant. Mais on a l’impression au final que ce n’est qu’une belle machine, sans conscience ni sentiment.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #165741
    R.Graymarch
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    S.O.S Léonard de Vinci (1979)

    Les Conquérants de l’impossible – 12

    Point de départ : Pour aider un scientifique du XXe siècle, on envoie notre trio dans le passé demander son avis à Léonard de Vinci

    Ce dont je me souvenais : J’en avais un très bon souvenir : il faut dire que voyage dans le temps, Renaissance, Italie, de Vinci, c’est quasi le carton plein. Et comme pour L’Évadé de l’an II, il y a une phrase qui m’est restée tout ce temps

    Bilan de lecture : C’était moins bien que dans mes souvenirs, y a quand même pas mal de trucs bancals un peu partout. Globalement l’intrigue reste la même que pour L’Évadé de l’an II : on va dans le passé voir un personnage historique (sauf qu’ici ce n’est pas pour changer le passé)

    Un peu plus de détails. On commence in media res, on est déjà dans le nord de l’Italie et le professeur Omegna est un ami du professeur Lorenzo. La téléportation se fait rapidement et ensuite la balade nous donne plus d’information quant à la mission. Le trio est à proximité de Milan (et en effet Léonard était là en 1490), pas loin du village de « Pademo » (Paderno Dugnanoo ?). Ils ont pensé au souci de la langue, de la monnaie et du retour. Cela dit, je ne suis pas scientifique mais je doute fortement qu’un génie du XVe siècle pourrait vraiment apprendre quelque chose à un scientifique du XXe (sur le transport de l’énergie solaire, pour info). La science a tellement progressé qu’un Newton ou Galilée serait perdu de nos jours (sauf à avoir un sacré rattrapage à faire).

    Techniquement ils arrivent au bon endroit le jour J, un mois pour récupérer l’info, ça parait large, sauf que forcément une tuile va arriver. La suite en spoiler

    Spoiler:
    Eh oui, Serge va devenir amnésique pendant plusieurs semaines, comme c’est pratique :/ Alors il se fait attaquer et recueillir en même temps, soigné à l’oeil. C’est quand même dur à avaler. Pendant ce temps là, les autres galèrent (là, c’est normal).

    Là où je me suis fait avoir, c’est qu’ils ratent le rendez-vous au lieu de l’avoir in extremis comme je m’y serai attendu. Sauf que… qu’est ce qui les empêche de repartir puis revenir ensuite chercher Serge ? Idem plus tard quand ils ont le souci de la ceinture/téléporteur volé(e), qu’est ce qui les empêche de partir à deux et venir avec une ceinture en plus ? (y a de la pénurie sur l’autinios? Au fait, on a la composition). Sans parler de la jurisprudence Pour sauver le diamant noir qui a permis de se balader et de s’autosauver. Bref y a quand même pas mal de trucs qui clochent si on creuse un peu

    Dans ce que j’ai aimé : le fait qu’ils fassent deux groupes et que Thibaut utilise son statut de noble médiéval (certes, il y a quelques siècles). Xolotl passe pour un Maure, admettons. La description de Milan est plutôt bien faite aussi, on « sent » la ville. Et bien entendu, il est difficile d’accéder au Maître. Giacomo y veille. Quant à Nicoletta, elle se lève super tôt (et plus tard, on voit que tout le monde se couche tard aussi…. ils dorment quand dans cette baraque ?)

    L’interlude avec Hugues de Saint-Yrieix m’a laissé un sentiment mitigé. J’ai bien aimé que confronter Thibaut apporte des éléments intéressants, mais ensuite après un duel avorté puis un vrai duel, cela tourne un peu court. Il aide à monter sur le toit puis on n’entend plus parler de lui. J’ai l’impression qu’on a bazardé un personnage dont on ne savait plus quoi faire, c’est dommage car il me plaisait. Au passage, rappeler que des Français (émissaires du roi de France, cough) ne sont pas très bien vus à Milan est une bonne idée.

    Très bonne idée de « réveiller » Serge en prononçant son nom « mexicain » (donné « un an plus tôt », c’est dire si on fait du surplace temporel). C’était un joli clin d’oeil et je trouve ça pas mal comme « choc »

    J’avais complètement oublié les papillons et ça m’est revenu brutalement en relisant le passage. C’est une idée originale de passer le message par là. Cela dit, à quelques heures de marche de la ville, espérer que des gens vont tomber dessus, les rapporter en ville puis en parler, c’est très optimiste. Je croyais que la chasse aux papillons allait être fructueuse mais finalement non (deux fois que je me fais avoir, c’est plutôt bon signe). Comme dit plus haut, cette chasse est un peu étrange à accepter mais ensuite, pourquoi pas. Cela permet de séparer les enjeux avec Serge (très en retrait) qui travaille avec Léonard, et les deux autres qui cherchent à revenir sans inquiéter Serge. J’ai bien aimé qu’on parle à un moment de leurs soucis d’argent et du souci d’en gagner (prof de judo ou maître d’armes… c’était bien tenté mais la technique ne fait pas tout)

    A propos de Léonard, après les péripéties pour entrer chez lui, il est très arrangeant (un inconnu dans sa chambre quand il se réveille mais ça va…) On lui dit la vérité (comme à Hugues) bon point mais ça n’a pas l’air de le titiller vraiment d’apprendre 500 ans d’avancées scientifiques. Lapin Rouge disait que les scientifiques du XXe siècle seraient prêts à beaucoup pour avoir des info sur les voyages du trio dans un monde réel, mais apparemment de Vinci est comme eux, il s’en fout un peu. Argh… Cela dit, on ne sait pas tout ce que se disent Serge et lui. On cause un peu métaux, microfilm et camera obscura pour lire ce qu’il y a dessus. Puis avant la fin, Léonard a la réponse (quel bol), comme indiqué dans le livre rapporté.

    Le trio donne quand même des informations à Léonardo sur sa vie (1515, c’est dans 25 ans, et il le fait remarquer)

    Le dialogue qui m’avait marqué était le suivant

    « Qu’est ceci, Tebaldo ? On a déchiré la feuille à cet endroit…

    — Oui, Maître. Je n’ai pas voulu que vous connaissiez la date exacte.

    — Tu as sagement agi. Celui qui sait quand il mourra ne peut vivre en paix. »

    Donc le trio a son information mais Giacomo ne lâche pas les anneaux et ça m’a étonné donc. Je pensais qu’ils seraient récupérés par dialogue, ruse ou force et en fait non.

    Reste la dernière épreuve, comment revenir. J’avais pensé aux gourmettes sous Trajan. Sauf que la composition a changé (malin, l’auteur) donc ça ne marche pas. Finalement ils font une grande ceinture, se mettent dedans et ça marche. Mwé. Tout ça pour ça. Alors qu’il aurait suffit de partir puis revenir

     

    J’ai un peu ri avec les microfilms, les chronomètres à quartz ou les 5000 watts (ça fait combien avec des LED ? )

    Une petite dédicace pour les fans de Freuxsanglant : « Un homme prudent doit avoir cent yeux, cent oreilles, et une seule bouche »

    Au final, un tome moins bien que dans mes souvenirs. Y a beaucoup de trucs bancals (rien que le but du voyage) alors qu’à la base, j’étais super partant. Un tome qui fait la part belle à Xolotl (toujours discret, un peu voleur, très attentif) et Thibaut (qui « assume » son rôle de noble) alors que Serge est vite très en retrait. Il reste quelques bonnes idées, quelques fausses pistes, quelques résolutions inattendues, hélas un peu noyées dans des éléments trop gros pour que ça passe.

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    #165743
    Lapin rouge
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    Jamais lu, mais j’en attendais beaucoup, à cause du titre, et de ce qu’en laissait entendre Gray ici. Après lecture, je trouve qu’on inverse le « schéma » habituel des Ebly : cette fois, le début est franchement pourri, mais le développement (beaucoup) et la fin (un peu) rattrape, mais pas totalement.

    Alors le début, franchement, envoyer trois gus dans le passé pour poser une question à Léonard sur un problème scientifique d’aujourd’hui, en supposant qu’il va trouver la réponse, j’ai pas pu avaler ça. Ca passe peut-être à 12-15 ans, mais là, j’ai pas pu.

    Après, ce qui m’a fait sourire, c’est quand un des persos pressent qu’un truc mal calculé va leur poser un problème dans leur aventure, et évidemment, ça ne rate pas, le problème se produit. Ce coup-ci, ce sont les pièces d’or.

    Spoiler:
    Après ce début mal emmanché, j’ai bien aimé le développement : il y a pas mal de rebondissements, l’amnésie de Serge permet de le mettre en retrait, et donc de mettre plus en valeur Thibaut (qui joue enfin de ses compétences de noble) et Xolotl (j’ai cru qu’il allait conter fleurette à Nicoletta), les personnages de Matteo (l’aubergiste) et de Giacomo sont bien rendus, et même des personnages tertiaires (le type louche que Thibaut et Xolotl vont voir pour tenter de localiser le voleur qui a détroussé Serge, le maître verrier qui polit la lentille) existent en quelques lignes. Le coup des voyageurs papillons temporels, qui commence avec cette phrase un peu mystérieuse qui court dans la ville (« Deuxième rencontre : trente jours après la première »), c’est bien imaginé. J’ai bien aimé aussi que la tentative d’extorsion de Giacomo tourne court, alors que, comme Gray, je m’attendais à autre chose.

    Maintenant, les points négatifs (outre le début) : comme Gray, j’ai trouvé que le personnage de Hugues de Saint-Yrieix était gâché : il formait un duo prometteur avec Thibaut, sa qualité d’agent du roi de France permettait plein de développements intéressants, et paf ! Il disparaît sans tambour ni trompette. On a l’impression que l’auteur s’est dit : « Ouh-là ! Il ne me reste que 50 pages, faut que j’aille vite fait à la conclusion et que j’élague ! »

    Mais le gros point noir, pour moi, c’est Léonard : l’auteur en fait un personnage quasi omniscient, qui devine tout du 1er coup d’œil (« Oui, je te vois assis dans ma chambre à mon réveil, et je comprends tout de suite que tu y a passé la nuit, et que tu ne me veux aucun mal… »), qui lit un micro-film sans problème, qui guérit Serge par imposition des mains (alors que, oui, le coup du nom secret de Serge utilisé par Xolotl était bien vu et aurait dû suffire)… Une sorte de savant-mage surhumain, qui en perd tout intérêt. Et l’auteur n’utilise quasiment pas son côté artiste, à part une brève allusion à la Cène qu’il est en train de peindre. Même déception que pour Saint-Yrieix, mais en plus forte : le sentiment d’un personnage à fort potentiel gâché.

    L’échange mémorable cité par Gray est en effet plein de sagesse : quoi de plus horrible que de connaître le jour de sa mort ?

    Au final, un tome plaisant, comme souvent ceux de voyage dans le temps, malgré un début franchement pas crédible, et un certain sentiment de gâchis devant de belles potentialités non réalisées.

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    #165748
    DNDM
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    Ha marrant, j’ai mélangé deux tomes dans mes souvenirs, j’étais persuadé que le coup des papillons c’était dans un tome sur la Rome antique.

    Et en fait je me demande si cette histoire n’est pas le tout premier Philippe Ebly qui me soit tombé entre les mains.

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    #165749
    R.Graymarch
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    J’attendais que DNDM nous dise qu’il l’avait lu en 1982 et que c’était très bien !!! 😀

    Je te rejoins, Lapin Rouge, c’est pire que quand on lit un bouquin un peu raté. C’est un livre avec de bonnes idées mais qui a trop de « graves » défauts pour qu’on puisse se concentrer sur ce qu’il y a de bien. Rageant

     

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    #165754
    DNDM
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    Oui bon je les relis pas donc je participe comme je peux en vous balançant un souvenir random de temps en temps, c’est ma façon de vous encourager !

    Ptête que j’en relirais un ou deux plus tard, quand j’aurais plus de temps, histoire de décortiquer la structure. J’attends que vous ayiez fini pour que vous me disiez quels sont les meilleurs tomes !

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    #165762
    R.Graymarch
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    Je te chambrais sur les souvenirs d’enfance qui des fois sont un peu bonifiés ^^

    Ton encouragement est le bienvenu mais hésite pas à tout relire quand même ! Dans le doute.

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    #165766
    Lapin rouge
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    Oui, merci DD, grâce à toi ce topic ne se résume pas à un dialogue entre Gray et moi !

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    #165794
    R.Graymarch
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    Je vois que le prochain tome se passe en l’an 2000, j’ai peur de ce que je vais devoir noter 😀

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    #165799
    DNDM
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    #166318
    R.Graymarch
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    Petite annonce pour les deux personnes qui me lisent. J’alterne entre Ébly et Langelot, comme vous avez pu le remarquer. Néanmoins, je vais un peu changer mon rythme à partir du tome 15 La Grande peur de l’an 2117, vu que c’est le premier volume d’une trilogie (qui dans ma mémoire était « mouaif »), donc je vais faire les trois à la suite avant de recommencer sur du Langelot. Vous n’êtes pas pris en traîtres

    A bientôt pour Le Naufragé des étoiles 😉

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    #166326
    Lapin rouge
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    Merci pour l’avertissement. Et après, on aura 3 Langelot de suite, j’imagine ?

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    #166327
    R.Graymarch
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    Non, je pense alterner comme avant. Vu qu’en plus il y a moins d’Ébly que de Langelot…

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    #166577
    R.Graymarch
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    Le Naufragé des étoiles (1980)

    Les Conquérants de l’impossible – 13

    Point de départ : Le professeur Auvernaux a calculé qu’un astéroïde tomberait sur Terre dans 20 ans (en l’an 2000 !!!) et envoie notre trio pour en récupérer des fragments.

    Ce dont je me souvenais : Je ne pensais pas l’avoir lu mais je devais me tromper car le « chat » sur la couverture m’est très familier. Donc j’ai dû le lire mais alors aucun souvenir.

    Bilan de lecture : J’avoue que je m’attendais au pire car la vision du « futur » (pour l’auteur), c’est souvent très casse-gueule quand le lecteur l’a vécu. Finalement pour ce côté là, ça allait (plein de trucs à côté de la plaque mais ça allait). Néanmoins, je reste perplexe sur ce livre qui est un peu « entre deux ». D’un côté, il y a une exploration de la société du futur (et des actions des personnages) mais ensuite ça prend le pas sur un récit plus fantastique avec du surnaturel à combattre (ou auquel résister). A vouloir faire les deux, le roman n’est pas vraiment satisfaisant sur aucun thème et c’est un peu dommage.

    Un peu plus de détails.Le récit commence sur Serge qui doit porter des lunettes de soleil et on sent que c’est un gros artifice pour ne pas qu’on le reconnaisse pendant le livre (bingo). Nos héros vont encore se balader dans un coin français à randonnée, cette fois ci près de Grasse et du plateau de Calern. On apprend que Serge a 17 ans (et plus tard que Le Robot qui vivait sa vie, c’était « quelques semaines plus tôt » et la Rome antique un an auparavant) et que dans 20 ans, le professeur aura plus de 60 ans donc n’est pas sûr d’être encore en vie.

    A peine arrivés, ils tombent sur Christian, 13 ans, qui les prend pour des rétros et les amène en ville où sévissent des ro-policiers, robots au service (?) des humains ne refusant pas le progrès

    Spoiler:

    Les préparatifs sont un peu lunaires. Pas de papiers d’identité, pas d’argent. De nos jours, ce serait compliqué.

    Le côté « rétro » fait très communauté hippie des années 1970 (Larzac et compagnie) où on refuse le progrès. Étonnant de penser que ce serait plus développé dans le futur (mais après tout, a posteriori c’est facile de se gausser). Cela permet aussi/surtout à notre trio d’entrer en ville avec des vêtements bizarres (mais neufs) sans que cela ne soit trop surprenant

    Le spoiler du tome… Christian est le fils de Serge (ouf, il ne le reconnait pas car il a des lunettes noires. On dirait les gens qui ne reconnaissent pas Superman de Clark Kent 😀 ). D’ailleurs, ça n’émeut pas trop Serge (qui remarque que Christian est son fils quand les autres lui disent) de savoir que dans 20 ans il aura un fils de 13 ans, ni de savoir qui est la mère etc.. Et si je me souviens bien, Christian n’est pas sur leur route par hasard non plus

    C’est plutôt bien pensé d’avoir songé à un moyen électronique de paiement (balbutiant en 1980 ?) et aussi d’avoir fait le lien avec le robot androïde vu dans le tome mentionné. En revanche, les ondes du plancher qui rechargent les robots, ouch
    Thibaut et Xolotl sentent la filiation de Christian et on apprend que le trio se voit toujours (journalistes envoyés spéciaux) et que le paternel a parlé de l’Atlandide, Mexique, Mars… Christian veut l’Aventure comme papa. Mais là on apprend que l’astéroïde est déjà tombé il y a trois jours et que tout a été ramassé. Ballot de se tromper de quelques jours…
    Serge sort car il a vu le professeur passer devant l’endroit où ils sont mais il se fait capturer par un ro-policier car il n’a pas de bracelet d’identité
    Prisonnier, il apprend quelques usages et fait la connaissance de Kari (encore une personne dont le père est médecin !). Xolotl l’aide à distance (on peut rire sur le numéro de téléphone à sept chiffres^^) et par miracle, il passe le test et peut sortir (avec un bracelet d’identité), il se demande comment. On apprendra plus tard que c’est le Serge de 2000 qui a fourni les « bons » renseignements. Moui. Habile mais casse-gueule.
    Cela dit, j’ai bien aimé la partie sur comment passer un test robotique en sachant comment le robot fonctionne et ce qu’il ne peut pas vérifier. Il sort et le lendemain les quatre partent à la recherche de l’astéroïde, au cas où il resterait des trucs.
    J’ai été surpris que Serge et Xolotl ne soient pas dans la même tente. Ensuite on a un joli paradoxe temporel

    « Comment as-tu fait pour avoir ces renseignements-là ?

    — C’est tout simple, répondit Thibaut. J’ai téléphoné.

    — A qui ? »

    « A toi, voyons ! Qui d’autre m’aurait donné ces renseignements, crois-tu ?

    Thibaut eut un rire silencieux, comme si la question de Serge était très drôle – ou très inattendue. Puis il répondit.

    — Euh !…, dit Serge. Oui. Evidemment… Et on t’a répondu tout de suite ?

    — Bien sûr ! N’oublie pas que le Serge qui vit à cette époque-ci, c’est toi. Il a vécu toute l’aventure quand il avait dix-sept ans, et il n’a rien oublié. Ça ne s’oublie pas, ces choses-là. »

    Serge réfléchissait. Tout ce que disait Thibaut était logique, mais on s’habitue difficilement aux surprises d’un voyage temporel. Et Serge ne se voyait pas du tout, à trente-sept ans, occupé à recevoir cette étrange communication téléphonique… Enfin, il sortit de sa rêverie et dit à mi-voix :

    « Tu n’as pas essayé d’en savoir plus ?

    — De savoir quoi ?

    — Comment notre aventure allait finir.

    — Ah ! non ! protesta Thibaut. Je n’aurais jamais posé cette question-là. Je ne veux pas savoir comment ça va finir…

    — Bon… Bon… » dit Serge

    J’ai été un peu étonné que « plusieurs piqûres de frelons » soient traitées si légèrement. Ensuite on aborde la partie la plus fantastique quand Christian prend un « caillou » chaud qui est en fait le personnage du titre du livre. Après un passage chez le père médecin de Kari qui a une maison dans le coin, aide les rétros et a une machine à rayons X chez lui (comme tout ceci est pratique^^), on a ensuite une progression pas mal faite de « phénomènes étranges » (quand l’œuf grandit) puis il éclot et on a une créature qui empêche mentalement de partir/lui faire du mal (un mammifère qui sort d’un oeuf, ça existe non ? L’ornithorynque me vient à l’esprit).
    C’est très loin du début mais honnêtement j’ai trouvé ça bien rendu. On a une course poursuite à distance entre Christian/Xolotl (ce dernier tentant de s’en sortir mais en vain) et Serge/Thibaut qui cherchent à aider leurs compagnons sans tomber sous la coupe de l’extraterrestre le tout en se dirigeant en altitude (à Thorenc) pour chercher de la fraîcheur
    La résolution passe par un camion diffusant Les Jeux de Seize heures que Serge va utiliser pour modifier la longueur d’onde (ah s’ils avaient un téléphone portable pour émettre/transmettre des ondes^^). Un peu gros, mais ça passe. Surprise, le conducteur est un robot androïde hôm donc sur le même modèle que celui du livre précédent (Haum) et donc il peut obéir à la voix de Serge (calibrée depuis 20 ans). Un peu facile mais on apprécie l’effort de lier les tomes encore une fois 😀
    Tout s’arrange à la fin et Christian échappe au froid grâce à nos héros. Sa mère vient le chercher (!!!) et enfin Serge s’y intéresse un peu. Ainsi qu’à « lui ». Mais il reste sage et ne veut pas en savoir plus. Je ne résiste pas à vous mettre tout le passage.

    Et juste à ce moment, Serge entendit une voix qui demandait derrière lui :

    « Est-ce que je ne dérange personne ?  »

    Il se retourna, très étonné. Une femme était debout derrière son fauteuil, une femme encore jeune – elle avait au plus trente-cinq ans. Serge se leva d’instinct, et répondit :

    « Oh ! Pas du tout ! »

    La jeune femme était habillée de l’étrange vêtement aux reflets métalliques qu’avaient tous les réguliers, mais elle le portait avec beaucoup de chic. Elle était nu-tête, avec de magnifiques cheveux noirs et surtout, elle était très belle. Serge avait rarement vu une femme aussi belle.

    « J’ai remarqué que la porte n’était pas fermée à clef, et je suis entrée… » dit la jeune femme.

    Elle parlait à mi-voix, de peur d’éveiller Xolotl et Christian qui dormaient toujours – l’un dans son fauteuil, l’autre sur son divan. Et tout en parlant, elle ôtait ses gants sans se presser, d’un mouvement naturel et très simple. En même temps, elle observait Serge avec un demi-sourire.

    « Pourquoi me regarde-t-elle ainsi ? pensa Serge. On dirait qu’elle m’a déjà rencontré quelque part, et qu’elle essaie de se

    rappeler où elle m’a vu… » Il comprenait que c’était à son tour de parler, mais il ne trouvait rien à dire. En même temps, il continuait à regarder la jeune femme – vraiment fasciné par son charme et par son élégance. Alors, elle sourit franchement et dit, parlant toujours à mi-voix :

    « Je crois qu’il vaut mieux que je me présente. Je ne suis pas entrée dans cette maison par hasard… »

    Elle attendit quelques instants, continuant d’ôter ses gants, puis elle ajouta :

    « Je suis la mère de Christian.

    — Oooohhh ! » fit Serge.

    Il s’attendait à tout, sauf à cela. Son cœur se mit à battre à grands coups, et il sentit que son visage s’empourprait. « Zut ! Je vais avoir l’air idiot, à rougir ainsi », pensa-t-il. A nouveau il chercha quelque chose à dire, mais la surprise lui coupait le souffle. Et la jeune femme continuait à le regarder, en souriant toujours – comme si elle avait oublié l’existence de Christian.

    « Je suis heureuse de te voir, dit-elle enfin. Je veux dire… Heureuse de te voir comme tu étais à dix-sept ans. C’est une rencontre que je n’oublierai sûrement pas.

    — Moi non plus, je ne l’oublierai pas, dit Serge. Et maintenant que… »

    Il eut une brève hésitation. « Je pourrais la tutoyer pensa-t-il. Puisqu’elle sera ma femme plus tard, et qu’elle me tutoie aujourd’hui… » Mais en dépit de ce raisonnement, le tutoiement ne voulut pas sortir.

    « Maintenant que je vous vois, poursuivit-il, je sais que j’aurai beaucoup de chance, le jour où je vous rencontrerai

    vraiment. Plus que je n’aurais jamais osé en espérer… »

    La jeune femme eut un petit rire discret.

    « Tu es gentil de me dire ça, murmura-t-elle.

    — C’est sincère, répondit Serge. Si je l’ai dit, c’est que je le pense vraiment. Et ce sera un très beau jour, ce jour-là… »

    A présent, le premier moment de gêne était oublié. Serge avait retrouvé tout son sang-froid.

    « Veux-tu savoir quand ce sera, cette rencontre ? »

    Serge secoua la tête avec décision.

    « Non ! dit-il très vite. J’aime mieux ne pas le savoir. Je veux que ce soit une surprise pour moi. Quelque chose comme un grand cadeau qui me tombera du ciel… De toute manière, quand je vous verrai, je suis sûr de vous reconnaître. Et ce sera beaucoup mieux ainsi…

    — Je savais que tu me répondrais cela », dit la jeune femme.

    Elle resta pendant quelques instants sans parler, comme si elle avait dit tout ce qui était important. Et alors, Christian ouvrit les yeux. Tout de suite, il aperçut sa mère.

    « Oh ! M’man… » dit-il à mi-voix.

    Il se dressa sur un coude et regarda autour de lui le salon, Xolotl endormi dans son fauteuil, sa mère et Serge, debout en face l’un de l’autre. Puis il murmura :

    « Où sommes-nous ?

    — Je te raconterai ce qui s’est passé, promit la jeune femme. Mais nous devons partir, à présent. Papa nous attend dehors, et il est assez pressé.

    — Pourquoi n’est-il pas venu avec toi ? » demanda Christian.

    Très vite, il devina la réponse.

    « Il est avec l’hélico ? On rentre à la maison tout de suite ?

    — Oui.

    — Bon ! Ça va… »

    Il se leva et, d’une main, remit un peu d’ordre dans ses cheveux. Son regard s’arrêta sur Serge.

    « Tiens ! dit-il. Tu n’as plus tes lunettes ?… Ça te change drôlement. Tu n’as plus du tout la même tête… »

    Puis, sans attendre de réponse, il se tourna vers Xolotl qui dormait toujours.

    « Je vais pas le réveiller, dit-il à voix basse. Dommage. Il a été vraiment chic pour moi, mais il vaut mieux qu’il roupille…

    — Je lui dirai au revoir de ta part », promit Serge.

    La jeune femme se dirigea vers la porte, et Christian la suivit – visiblement, il ne tenait pas à s’attarder. Et en passant à côté de la corbeille à papier, il ne vit même pas Rudy qui y dormait encore, toujours roulé en boule. Serge sortit en même temps qu’eux, pour les accompagner jusqu’à la rue. Au-dehors il ne neigeait plus, et le vent avait chassé les nuages. La vallée était très belle, sous la lune.

    « Ah ! L’hélico est là… » dit Christian.

    Un petit hélicoptère s’était posé à cinquante pas de la villa, son rotor tournant au ralenti.

    « Tu ne veux pas parler à mon père ? » proposa Christian.

    Un homme était assis dans l’hélicoptère. On le devinait plutôt qu’on ne le voyait, à cause des reflets sur les vitres. Pendant un bref instant, Serge fut tenté d’aller vers cet homme, mais il se ravisa.

    « Il faut que je reste ici », dit-il simplement.

    Puis il ajouta :

    « D’ailleurs nous nous reverrons, toi et moi.

    — Bientôt ? demanda Christian.

    — Oui. Beaucoup plus tôt que tu ne le crois… »

    Au moment des adieux, Serge conserva la main de la jeune femme dans la sienne un peu plus qu’il n’aurait dû le faire. Puis il la regarda s’éloigner avec Christian, et resta sur le trottoir assez longtemps pour voir décoller l’hélicoptère. Assez longtemps pour le voir s’éloigner lentement dans le ciel… Il se sentait vaguement heureux et il savait, qu’après cette rencontre, rien ne serait plus tout à fait comme avant.

    Alors il retourna vers la villa, et au moment d’y rentrer, il jeta un dernier coup d’œil à la vallée toujours aussi belle sous la lune. Ce fut alors qu’il vit, au loin, Thibaut qui revenait avec les tentes.

    Le début est clairement un prétexte et je trouve ça bizarre qu’il y ait comme deux récits dans le livre : assez réussis individuellement mais la « sauce » ne prend pas vraiment. Le genre fantastique est bien rendu (même si ça n’a pas l’air de faire peur à quiconque d’avoir un animal extraterrestre…). Il y a des liens assez habiles avec des tomes antérieurs et de bonnes idées de résolution. Et la fin est assez émouvante et aborde enfin un sujet qu’on voulait voir depuis le début. Ca reste léger (on ne veut pas savoir ce qui va impacter nos vies) mais ne rien mettre aurait été bien pire. Au final, plutôt pas mal, mais pas pour l’intrigue en elle-même, plutôt pour les petits détails alentour. Serge est au coeur de l’action mais c’est Xolotl qui est plus souvent en danger et prend des initiatives en solo (il n’a pas le choix)

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    #166587
    DNDM
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    Encore un livre dont je me souviens très bien du début mais pas du tout de la seconde moitié, en fait. A croire que je n’ai lu que les débuts de ces bouquins. XD

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #166617
    R.Graymarch
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    Toujours mieux que moi qui ne se rappelait rien du tout, ah mais si le dessin de la couverture me dit quelque chose 😀

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    #166629
    Lapin rouge
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    Comme les autres depuis un moment, je ne l’avais pas lu. C’est toujours rigolo de lire un vieux bouquin de SF du XXème sicle censé décrire le futur proche, mais il faut se garder de la posture facile consistant à ricaner devant tout ce que l’auteur avait cru pouvoir annoncer, et tout ce qu’il n’a pas vu. C’est au contraire intéressant de voir que, dans les années 70-80, on pouvait raisonnablement imaginer qu’il y aurait en l’an 2000 des robots humanoïdes parfaitement autonomes et indiscernables des vrais humains, mais que ni la micro-informatique, ni Internet, ni les smartphones n’avaient été envisagés. Ca rend modeste.

    Contrairement à Gray, j’ai bien aimé que le livre prenne une toute nouvelle direction au milieu. C’est surprenant, mais ça permet de relancer l’attention. En effet, le premier objectif (rapporter des débris d’astéroïde) n’est pas très grisant, et tombe assez vite à l’eau quand on se rend compte qu’il est déjà tombé depuis deux jours. Donc le seul ressort devient l’exploration de la société future, mais ça ne pouvait pas durer 200 pages, il fallait retrouver un ressort narratif.

    Spoiler:
    La description du monde futur est sommaire et un peu flippante, avec ces ro-policiers omniprésents. Mais, quand on se rend compte que le pire qu’ils puissent infliger à ceux qui refusent l’ordre, c’est 24 h. de détention dans une « prison » plutôt cool, ça fait baisser la tension.

    Il y a un truc laissé inexpliqué (ou j’ai raté un truc), c’est quand Serge se rue hors du restaurant car il a vu le professeur Auvernaux passer dans la rue. On ne saura pas si c’était vraiment lui, et ce qu’il faisait là. C’est curieux, car, si l’objectif de l’auteur était juste de faire que Serge se retrouve seul à être arrêté, il y avait plein de moyens plus simples. Mais peut-être qu’Ebly avait prévu d’expliquer cela à la fin, et qu’il a oublié ensuite…

    Un autre truc moyen, c’est le coup du bout de papier sur lequel Serge note un truc (je ne sais plus quoi) en l’an 2000, qu’il met dans sa poche, et qu’il va ensuite ramener avec lui dans le passé, et laisser traîner des années sans y prendre garde jusqu’à ce que son fils tombe dessus par hasard 20 ans plus tard… Vous avez beaucoup de bouts de papier vieux de 20 ans sur votre bureau ?

    Sur le fait que Thibaut ne demande pas au Serge de 37 ans comment leur aventure allait finir, on peut y voir un clin d’œil au tome précédent, dans lequel Léonard refuse de connaître la date de sa propre mort. C’est le problème des voyages dans le temps, si on fait l’hypothèse d’une trame temporelle rigide (ce qui est définitivement le cas d’Ebly).

    La deuxième partie, avec le « chat » venu des étoiles, tire un peu la ficelle sur la suspension d’incrédulité (un être extraterrestre qui arrive sur un astéroïde et s’adapte quasiment sans problème à l’environnement terrestre…), mais, si on passe là-dessus, la description de son emprise psychique sur ceux qui l’approchent est assez terrifiante. La façon dont ils s’en sortent est également un peu tordue, mais, comme Gray, je trouve que ça passe. Et Serge qui croise sa future femme, c’est vrai que c’est touchant. Il avait déjà revu sa mère et la version de lui-même à 7 ans dans Pour sauver le diamant noir, là il refuse de voir son alter ego de 37 ans, il a sans doute eu raison.

    Bref, un tome plutôt sympa.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #166818
    R.Graymarch
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    Sur quelques points en spoiler

    Spoiler:

    On pourrait croire que le monde futur est fortement séparé entre les rétros et les autres avec un fort contrôle policier mais dans les faits c’est en effet assez poreux et on se tolère plutôt bien. Peut être car on est dans un roman jeunesse ?

    J’ai relu aussi le passage avec le professeur Auvernaux et ou j’ai lu trop vite ou on n’en parle pas avant que Serge quitte le bar brutalement. Pour le récit, je sais que c’est pour qu’il puisse se faire arrêter mais sinon, ça me laisse perplexe aussi.

    Le voyage dans le temps avec rencontre de gens de la trame principale, je ne suis pas fan. Il s’en tire pas trop mal mais il y a quand même pas mal de choses qui coincent un peu : la présence très active de Christian, le papier en effet, la modification de la base de données (ou truc approchant qui permet à Serge jeune de sortir de prison, en ayant une identité) La fin met un peu au second plan ces considérations

    Sinon, dans leur monde de sense of wonder, on ne s’étonne pas trop d’extra-terrestres, d’Atlandide, voyages dans le temps etc. Bande de blasés !! Surtout qu’ils font tout ça en un an (et toujours en été ?)

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    #166846
    Lapin rouge
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    et toujours en été ?

    En fait, Philippe Ebly, c’est Nino Ferrer !

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    #169203
    R.Graymarch
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    Le Matin des dinosaures (1982)

    Les Conquérants de l’impossible – 14

    Point de départ : Nos trois héros vont dans une vallée pyrénéenne fermée et qui a été vidée de sa vie, ils vont assister à une version accélérée de l’apparition des espèces vivantes sur Terre.

    Ce dont je me souvenais : La couverture me dit quelque chose mais je ne suis pas sûr d’avoir lu le livre.

    Bilan de lecture : Plutôt bien même si ça aurait pu être mieux en enlevant un élément je dirais. Surtout, le ton est assez particulier.

    (bouh, j’ai pas d’illustrations)

    Un peu plus de détails.

    Le début est bien commode. Des trucs bizarres sur une carte, on en parle au professeur multispécialiste (qui habite square Adanson à Paris et enseigne depuis 5 ans à la Sorbonne). Comme par hasard, il sait ce que c’est et les voilà partis pour les Pyrénées (encore une rando en montagne. C’est toujours l’été et les grandes vacances permanentes sans parents qui s’inquiètent ou soucis de budget). On apprend que le voyage sur Mars a eu lieu quelques mois plus tôt. Du coup, bonne pioche, on remet un lien vers l’hémochromime. En revanche le titane comme étape importante pour l’apparition de la vie, euhhh ^^ Ensuite, c’est l’entrée dans la vallée

    Avant d’aborder la partie spoiler, voici la liste des espèces reconnues (faut que je cherche si ça existe vraiment)

    Sciadophytons. 330 M années
    Psilophytons
    Ptéranodon 130 M
    Plésiosaure
    Ichthyostéga
    Cordaïte
    Moschops
    Brontosaure et ses 2 cerveaux
    Cyca
    Prêle
    Tyrannosaure
    Ptérodactyle

     

    Spoiler:

    Donc, je ne sors pas totalement satisfait du livre. Il y a plein de trucs bien (notamment l’apparition des espèces sur Terre) ainsi que le fait qu’on ne sait pas vraiment où on va (au début nos trois héros sont dans la vallée pour… être là) ce qui réserve des surprises. Du coup, j’ai du mal à voir l’intérêt de faire venir Aïtor et Alana. Surtout quand on nous indique à la fin la raison de leur présence. Je cite le but recherché

    — On voulait réunir les conditions qu’on trouvera sur la Terre, si la vie s’éteint un jour à la suite d’une pollution chimique. On y a réussi, à peu de chose près.

    — Et puis ?

    — On voulait voir comment les hommes de l’avenir pourront vivre, quand tout sera mort autour d’eux.

    Alors certes, le groupe A peut vivre ça différemment mais j’ai l’impression que leur présence dilue l’intérêt de l’intrigue ou plutôt que ça sert de remplissage pour le trio pendant qu’il ne se passe pas grand chose dans la vallée. Car l’intrigue va dans plein de directions : une vallée « morte », fermée, mais observée en même temps (de manière manuelle ou automatique ?), ça fait presque téléréalité (ou Hunger Games?). Ensuite on a l’arrivée de la vie comme prévu, mais aussi les dangers, notamment celui mis sur la couverture. Puis un grand danger final et la fuite. Le tout dans une atmosphère (^^) très anxiogène avec de la corruption qui envahit tout, et même la mort qui frappe (ce qui est fort rare). Bref, il se passe plein de trucs, bien plus qu’escompté (heureusement) et toute cette montée en puissance est vraiment bien écrite. Je pense qu’on aurait gagné à resserrer le texte.

    Car franchement, il se passe des trucs dans la deuxième moitié. Le danger de l’eau (et des psychogrammes… dont la vraie définition est autre, il me semble), le groupe inconnu (moui), la faune (on attend ça, vu la couv’ mais en fait c’est moins spectaculaire) et la flore. Mais surtout le titane qui fait tout vieillir plus vite, les tirs inconnus (en fait automatiques) et la mort du professeur.. ainsi que le vieillissement accéléré de l’autre !! De plus, il y a urgence à sortir car toute vie de gros êtres vivants va être éradiquée. On ne sait pas trop comment et on est bien loin de l’hypothèse « météorite » qui est la plus retenue de nos jours (faut dire que si on devait compter sur la chute d’une météorite dans la vallée… ce serait un sacré hasard)

    « Il y a quelque chose dont on n’a pas encore parlé, dit-il. Et c’est important…

    — Quoi ? demanda Thibaut.

    — Eh bien ! Tout ce que nous voyons dans le cirque d’Orhy, c’est une espèce de photo de ce qui s’est passé autrefois sur la Terre entière. Les dinosaures qui nous entourent aujourd’hui, ce sont ceux du jurassique et du crétacé…

    — D’accord, dit Serge. Sauf que tout va beaucoup plus vite, comme dans un film en accéléré. Et c’est quoi, cette chose importante dont tu n’as pas encore parlé ? »

    À nouveau, Aïtor regarda ses compagnons. Serge s’habituait mal à ses yeux lumineux, comme à ceux d’Alana – cela laisse toujours un certain malaise de se savoir observé par quelqu’un qu’on ne voit pas. Et il eut un mouvement d’impatience, en attendant la réponse à la question qu’il venait de poser.

    « C’est que les dinosaures ont tous disparu, dit Aïtor. Il y a soixante-quatre millions d’années…

    — Disparu comment ? demanda Xolotl. Comme ça ? Sans raison ?

    — On ne sait pas, répondit Aïtor. Ils n’ont peut-être pas disparu du jour au lendemain, mais ça s’est fait très vite. Sans doute à la suite d’une catastrophe, mais on ne sait pas laquelle. »

    Une fois de plus, on entendit le vol d’un ptérodactyle, tout proche, cette fois. Ensuite, il y eut un cri dans la nuit – une espèce de glapissement, aigu et bref. Serge frissonna, malgré la chaleur étouffante, puis il demanda :

    « On ne sait vraiment rien de cette catastrophe ? C’était sûrement quelque chose de terrible, puisque ça a tué les dinosaures sur toute la Terre. Et on ne sait rien du tout ? C’est drôle… Il y a des animaux qui ont survécu, tout de même…

    — Oui, répondit Aïtor. Les mammifères et les poissons. Et les oiseaux. Et quelques petits reptiles aussi… Mais les grands reptiles sont morts, sans exception. Tous les animaux qui ont survécu à la catastrophe étaient petits.

    — Petits comme quoi ? demanda Xolotl. Comme une fourmi ? Ou comme un cheval ?

    — C’est tout simple, répondit Aïtor. Les bêtes qui ont survécu ne pesaient pas plus de dix kilos. Tu comprends ce que ça veut dire ?

    — Bien sûr, que je comprends ! Si c’est la même catastrophe qu’autrefois, ça veut dire que nous y resterons tous les cinq. »

    Un peu cousu de câble blanc mais bien pratique pour mettre de la tension et faire sortir nos héros, qui en plus n’ont plus d’aide extérieure (car sinon elle serait intervenue à temps avant l’extinction ? Pourquoi personne n’en a parlé avant ? 😀 ).

    Ils s’échappent de tout ça, encore par un tunnel (une habitude chez eux) et leur jugeote (la flamme qui vacille). Après, la fin est un peu expédiée. Il reste un PNJ qui donne des explications sur ce qui s’est passé. Que faire des mutants ? Même Thibaut a l’air un peu blasé de l’expérience (foireuse, faut bien le dire^^) et les laisse partir

    À ce moment Aïtor releva la tête, regarda Thibaut bien en face, et poursuivit :

    « Eh bien ! Je vais te raconter ce que le professeur a dit, ce jour-là.

    — Tu peux, répondit Thibaut. Mais je ne t’ai rien demandé, moi. Si c’est un secret, tu n’es pas obligé de me le dire.

    — Je sais. Mais je tiens à t’en parler.

    — Bon. Alors, vas-y !

    — Voilà exactement les paroles du professeur : « Si tu sors d’ici, ne laisse pas partir Aïtor et Alana… » Voilà ce qu’il a dit à Serge, avant de mourir…

    — Oh ? » murmura Thibaut.

    À présent, c’était lui qui regardait le sol – il devinait déjà la question qu’Aïtor allait poser. Et Aïtor la posa, en effet.

    « Est-ce que tu nous laisseras partir, Thibaut ? »

    Alors Thibaut releva la tête, avec un demi-sourire.

    « Tu es plus costaud que moi, dit-il. Si j’essayais de te retenir, je n’y réussirais sûrement pas…

    — Je sais bien que je suis le plus fort, répondit Aïtor. Je le sais, mais je ne veux pas me battre avec toi. Si tu le demandes, nous resterons.

    — Ça veut dire que tu aimerais mieux t’en aller. Tu resteras s’il le faut, mais tu n’y tiens pas…

    — C’est bien ça », dit Aïtor.

    Thibaut ne souriait plus. Il regardait les montagnes, au loin – et il songeait au cirque d’Orhy, à cette prodigieuse expérience qui se terminait si mal. Il revoyait la mort de Martigny, les deux vieillards dans la salle d’observation, et les dinosaures au milieu des flammes. « Quel gâchis ! pensa-t-il. À quoi ça sert, tout cela ? Et ces deux-là, qui ont servi de cobayes depuis qu’ils sont nés… Est-ce qu’ils n’ont pas le droit de s’en aller, maintenant ? » Il fut tiré de sa rêverie par une question d’Alana – posée d’une voix douce, sans aucune impatience.

    « Alors ? Qu’est-ce que tu décides ? »

    Et Thibaut n’hésita plus. À son tour, il regarda les deux mutants bien en face.

    « Je n’ai pas à vous retenir, dit-il. Et si Serge et Xo étaient ici, ils parleraient sûrement comme moi… Vous avez le droit d’être libres, et personne ne peut vous enlever ce droit-là… »

    Aïtor ne répondit pas tout de suite. Mais à son regard, Thibaut comprit que la réponse l’avait ému – plus qu’il ne voulait l’admettre. Et quelques instants plus tard, le mutant parla.

    « Je savais bien que tu nous répondrais ça, dit-il. Merci, Thibaut. »

    Le vent venait du nord, et il apportait le hululement d’une sirène, sur la route de Pau…

    On suppose que sans papiers ou argent, tout va bien se passer (hum). Fin un peu en eau de boudin (mais sans explication, ça aurait été pire) d’un tome plutôt pas mal

    Je crois que ça aurait pu être mieux et c’est rageant que cela ne le soit pas. Mais ça reste bien. Et sans doute mieux si vous aimez les dinosaures.

    Rappel : après le prochain Langelot, je ferai les trois Conquérants de l’impossible à la suite vu que c’est un ensemble cohérent. Ca vous laisse le temps de lire

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    #169214
    DNDM
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    Lu en 1982, et c’était très bien.

    Nan en vrai, lu, mais les seuls trucs dont je me souvenais c’est qu’il y avait des dinosaures, et le coup du vieillissement accéléré. ^^

    Mais bon, c’était sans doute très bien.

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    #170665
    Lapin rouge
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    Comme souvent chez Ebly, un lecteur adulte a toujours un peu de mal à avaler le postulat de départ, et surtout ses déclinaisons dans l’intrigue. Un procédé accélérant le développement de la vie, bon, à la limite, mais pourquoi ce développement accéléré devrait en passer exactement par les mêmes étapes que le vrai, y compris les évènements a priori aléatoires ayant conduit à des extinctions de masse ?

    Mais si on accepte ce postulat, ce roman est encore une fois plutôt bien fait. Le thème de l’enclave isolée où une vie préhistorique se développe est assez banal (Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, Le Monde perdu de Conan Doyle, King Kong, jusqu’à Jurassic Park, dont le 1er film est sorti en 1993, après le livre d’Ebly). Mais c’est un des rôles des romans jeunesse que d’initier leurs lecteurs à des thématiques qu’ils pourront retrouver dans d’autres lectures. Ebly se tire plutôt bien de l’exercice.

    Spoiler:
    Comme dans le roman précédent, on a une deuxième phase qui commence avec l’arrivée des deux mutants, Aïtor et Alana. Là encore, le lecteur adulte ne peut que tiquer devant l’éducation qui leur a été donnée : ils ont passé leur enfance quasiment seuls, à lire des bouquins pour s’instruire. Quand on sait l’importance des relations familiales et sociales dans la construction de la personnalité, on se dit que ces deux-là auraient dû finit dans un drôle d’état. Mais bon, là encore, on peut laisser passer.

    L’avantage de leur arrivée, c’est qu’elle relance l’intrigue et permet d’enrichir les interactions entre les protagonistes. Les nombreuses énigmes à résoudre et la tension du danger qui va croissant maintiennent l’attention jusqu’au bout. Et, comme l’a écrit Gray, il y a des morts dans les protagonistes, ce qui est suffisamment rare pour être signalé. Je partage bien sûr aussi son sentiment qu’il reste pas mal de trucs injustifiés à la fin. C’est assez récurrent chez Ebly.

    J’ai tiqué sur cette phrase :

    Xolotl […] était calme et patient, comme peuvent l’être ceux de sa race.

    En somme, un tome bien dans la manière habituelle d’Ebly, toujours un peu frustrant du fait de certaines lacunes, mais plaisant.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #172729
    R.Graymarch
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    La Grande peur de l’an 2117 (1983)

    Les Conquérants de l’impossible – 15

    Point de départ : En faisant des tests, le professeur Auvernaux se rend compte que la Terre n’existera plus en octobre 2117. Nos trois héros vont voyager en septembre 2117 pour comprendre ce qu’il se passe

    Ce dont je me souvenais : Je n’avais pas trop aimé, il y avait des choses qui me chiffonnaient mais je ne sais pas vraiment quoi. Le fait que le trio s’élargisse ? Que ce soit dans le futur, mais assez proche ? Je ne sais plus vraiment mais je n’avais pas été totalement convaincu. Ah et forcément j’avais gardé en mémoire le séhôdeu

    Bilan de lecture : Dur à avoir une vue d’ensemble puisque c’est le premier volet d’une trilogie. Je suis entré dans le livre en me rappelant mon « mouaif » d’antan. Et j’ai été soufflé. Cela reste de la littérature jeunesse mais ça aborde intelligemment des thèmes majeurs. Et encore plus aujourd’hui. Je trouve ça assez dingue qu’il y a 40 ans, on trouvait ce genre de « fiction » dans la littérature jeunesse.

    Un peu plus de détails. L’intro est très accrocheuse avec les expériences temporelles qui nous expliquent le problème et nous font poser plein de questions. Surtout, on a une photo qui intrigue énormément (de nos jours, on aurait accès à un film ou en tout cas beaucoup plus d’images, ah, la technologie..). Ensuite, c’est classique, le trio qui voyage dans le temps et « atterrit » seul. Cela dit, la vision du Vercors en bord de mer est assez saisissante, grosse réussite.

    Après un passage de chenal, le trio va être incorporé à une communauté très archaïque. Cela mène à une impasse car on répond peu à leurs questions (ce qui donne certains éléments, tout de même). Le trio est séparé dans ses tâches diurnes mais rapidement on repère une personne qui sort du lot, Souhi (15 ans, très belle et on s’appesantit beaucoup sur sa beauté, tout en restant super chaste tout de même, et alors que les illustrations ne lui rendent pas forcément justice). Ensuite, les quatre quittent la communauté, retraversent l’eau et petit à petit on découvre la vérité. Quasiment tout tourne autour de Souhi, on sait qu’elle est plus importante que ce qu’elle ne veut paraître (un peu comme Xolotl dans le premier tome). Bien entendu, tout ne se passe pas comme prévu et on voit le retour de membres du premier groupe avec une alliance qui va poser souci. Finalement, tout se passera plutôt bien même si pas comme prévu. La course poursuite de la fin est pour moi un gros cran en dessous mais il reste la conclusion qui emporte tout sur son passage. Je mets beaucoup plus de détails et de citations en spoiler

    Spoiler:

    Gros coup de coeur pour ce livre, bien loin de mes souvenirs. L’intrigue est bien menée (même si la fin avant la conclusion est un peu longuette) et j’aime énormément les personnages. Dans notre trio, c’est très bien équilibré (ce qui n’est pas toujours le cas), les antagonistes sont plus subtils qu’ils n’en ont l’air, ce qui donne une alliance éphémère. Et Souhi est très mystérieuse, on le sent dès le début. D’ailleurs c’est étonnant qu’elle balance plein d’infos pointues et que personne ne se dise « mais c’est bizarre qu’elle en sache autant !! ». Elle manipule même les héros qui s’en rendent compte mais après les faits, quand ils ont été choisis et recrutés.

    Le fait qu’on souligne sa beauté très souvent m’a un peu saoulé. Mais on a un lien avec Le Naufragé des étoiles vu que Serge est sûr que c’est la même personne 20 ans plus tôt (et donc la mère de son fils, accessoirement… mais il n’y aura rien de euh relationnel de tenté).

    Autre manque de perspicacité du trio, mais c’est sans doute fait exprès, c’est quand on parle des « cannis ». Faut pas être grand clerc pour trouver un lien avec un mot du vocabulaire courant…

    J’ai bien aimé la description de la société de 2117 : une sorte de néolithique assez crédible, avec des lois basiques. Ca reste très dur (loi du Talion, en gros) mais ça ne paraît pas déconnant. Reste à savoir comment on en est arrivé là

    Et là, je vous mets toutes les révélations de Souhi pour que vous ayez un long aperçu de la teneur du livre

    « Tout ce qu’on voit aujourd’hui, dit-il. Pourquoi la mer est montée jusqu’ici. Pourquoi presque tout a été noyé. Xolotl nous a dit que tu le savais…
    — Je ne sais pas tout, répondit Souhi. Et puis, c’est vieux. À quoi bon parler de tout ça ?
    — Pour savoir, bien sûr.
    — Je sais ce qu’on m’a dit, et rien de plus. »
    Elle avait des traces de terre sur les joues et sur le front – comme si elle s’était essuyée avec des mains sales au cours de son travail – mais ces marques grises ne gâtaient pas la perfection de son visage. C’était, à coup sûr, la plus belle fille du mont Chaffal.
    « Tout de même ? insista Thibaut. Nous savons bien que personne n’en parle. Mais nous autres, nous n’avons pas peur d’en parler… Est-ce qu’on sait pourquoi la mer est montée jusqu’ici ?
    — Oui, répondit Souhi. C’est parce que les glaces ont fondu. Là-bas, bien loin…»
    D’un geste du pouce, elle montra le nord.
    « Les glaces du pôle ? La banquise ? » demanda Thibaut.
    Souhi fronça le nez, avec un geste vague – comme si elle ne comprenait pas les mots « pôle » et « banquise ». Puis elle précisa :
    « Ça s’est passé très vite. En cinq ou six jours, à ce qu’on m’a dit. C’était à l’époque des grandes marées, et le premier jour, on a cru que c’était un raz de marée. À ce moment-là, personne n’a compris que c’était très grave.
    — Pourquoi ? » demanda Xolotl.
    À nouveau, Souhi eut un geste vague. Puis elle répondit :
    « Pour croire au malheur, il faut qu’on ait vraiment le nez dessus. Tu sais, les gens s’attendent aux catastrophes qu’ils ont toujours connues : un tremblement de terre, un incendie de forêt, un ouragan, une grosse inondation. Ça, ils y croient, parce qu’ils l’ont déjà vu… Mais personne n’imagine que la catastrophe sera dix fois plus terrible. Et au moment où on comprend que c’est grave, la partie est déjà perdue…
    — Et alors ? dit Thibaut.
    — Au soir du premier jour, les eaux s’étaient presque arrêtées. Le vent a soufflé pendant toute la nuit, en renversant les arbres et en arrachant les tuiles – et les gens attendaient que l’eau s’en aille, comme elle se retire toujours après la marée haute. Ils n’avaient pas encore appris la peur…
    — Et puis ?
    — Au lever du soleil, la mer a continué à monter.
    Et c’était bien pire que le premier jour, avec des vagues plus hautes que trois maisons, si violentes qu’elles emportaient tout. Des vagues assez fortes pour arracher les ponts, assez fortes pour soulever un train tout entier…»
    Xolotl et Thibaut écoutaient cette étrange histoire, sans perdre un seul mot, et de temps en temps, l’un d’eux relançait le récit par une question bien choisie. Quant à Serge, il restait très silencieux. Il semblait inquiet, et il observait Souhi avec une attention soutenue – comme s’il était incapable de regarder d’un autre côté.
    « Au soir du deuxième jour, la partie était déjà perdue, poursuivit Souhi. Tout à fait perdue. Dans le plat pays, la plupart des routes étaient coupées. Et quand elles ne l’étaient pas, elles étaient bloquées par tous ceux qui avaient essayé de fuir et qui étaient en panne…
    — Mais les autorités ne faisaient rien ? objecta Thibaut. L’armée, la gendarmerie, les C.R.S. n’intervenaient pas ? Et le plan Orsec, ça n’a servi à rien… ? »
    Souhi secoua la tête.
    « On n’a rien pu faire, dit-elle. Essaie de comprendre… Dans une tempête où le vent souffle trois fois plus fort que le mistral, aucun avion ne peut décoller. Quand les vagues déferlent à deux cents à l’heure, il n’y a rien qui résiste. Aucun plan de secours ne tient, dans ces conditions-là… Il n’y avait plus d’électricité nulle part. Les pylônes avaient été balayés par les vagues ou par le vent…
    — Et pendant la seconde nuit ? demanda Thibaut. Est-ce que la mer s’est encore arrêtée ?
    — Oui. Mais peu de gens ont dormi pendant cette nuit, car ils avaient appris la peur. En voyant la lune se lever, ils ont deviné que c’était elle qui commandait la montée de la mer. Et ils ont compris que tout allait recommencer les jours suivants…»
    D’instinct, Xolotl leva les yeux vers la lune – et un frisson lui parcourut tout le corps. À travers le récit de Souhi, on pouvait imaginer l’épouvante de cette mer qui montait sans arrêt, jour après jour.
    « Le lendemain, les vagues étaient encore plus hautes et plus furieuses. La mer avançait toujours, sans jamais reculer pendant la nuit. Et le soir, quelques-uns des survivants avaient réussi à grimper assez haut pour vivre un jour de plus. Alors, ceux-là se groupaient autour d’un feu pour se donner du courage, et ils parlaient.
    Est-ce alors qu’ils ont compris d’où venait l’eau ? demanda Xolotl.
    — Bien peu ont compris que les glaces avaient fondu, répondit Souhi. La plupart se répétaient de vieilles prédictions qui parlaient d’un second Déluge. Ceux-là croyaient que la Terre allait mourir tout entière. Ils étaient sûrs qu’aucun d’eux ne survivrait, et ça leur ôtait la force de lutter pour vivre…»
    En regardant autour de lui, Thibaut observa que le village était calme. On voyait encore deux garçons qui se battaient – mais cette fois c’était assez loin, et nul ne s’était dérangé pour les regarder. De telles bagarres devaient se produire presque chaque jour, et à la longue, elles n’intéressaient plus personne.
    « Après, ç’a encore été plus dur, poursuivit Souhi. On n’a jamais su combien de gens se sont noyés pendant ces jours-là. Les seuls qui ont été sauvés, ce sont ceux qui ont compris très vite qu’il fallait partir vers les montagnes.
    — D’accord, dit Xolotl. Mais les montagnes n’étaient pas assez grandes pour accueillir tout le monde.
    — Bien sûr. Il n’y avait pas assez de place pour tout le monde, c’est vrai. Ni assez à manger, non plus.
    Alors, les gens se sont battus comme des bêtes féroces. D’abord pour grimper plus haut, et plus tard pour trouver à manger… C’est surtout cela qui a été terrible. Bien plus que la montée des eaux. Et puis, il y a eu les épidémies…
    — Encore plus tard ?
    — Des semaines après. On a vu renaître une maladie qu’on croyait oubliée depuis des siècles. La peste…
    — On lui donnait un autre nom, dans l’ancien temps… murmura Thibaut.
    — Oui, on l’appelait la Mort Noire. Ceux qui en étaient atteints mouraient en deux jours… On les abandonnait sans les soigner, tant on avait peur de cette maladie-là… Et on n’avait plus de médicaments, plus de sérums, plus rien du tout…»
    Souhi avait parlé plus lentement, en cherchant parfois ses mots. Elle secoua la tête, comme si elle renonçait à dire toute l’horreur de ces journées-là. Puis elle murmura :
    « Les vieux sont morts les premiers. Tous les vieux, sans qu’un seul en réchappe. Et puis les plus faibles. Et aussi tous ceux qui avaient perdu courage trop tôt…
    — Et les enfants ? demanda Thibaut.
    — Non. Pas les enfants. Partout, leurs parents les protégeaient comme ils le pouvaient. Et si les parents étaient morts, d’autres s’en occupaient à leur place. Comme si chacun avait compris qu’il fallait que les enfants vivent à tout prix, pour qu’il y ait encore des hommes plus tard…»

    Bam.

    Ils quittent le village et je me suis marré quand l’auteur justifie le fait qu’il y ait des loups alors que selon Thibaut  » Il y a longtemps qu’on ne voyait plus de loups en France. Comment se fait-il qu’on en retrouve maintenant ? ». En fait, ce sont de grands chiens repassés à l’état sauvage. Amusant que l’auteur trouve un moyen d’ « inventer » les loups alors que depuis l’écriture du livre, ils sont revenus. Au passage Xolotl dit qu’il connait les autres depuis un an. Que d’aventures en un an !!!

    c’est un peu avant la moitié qu’on nous parle du séhôdeu !!

    « Tout a commencé bien avant 2067, dit Souhi. C’était un danger qui a grandi en restant caché jusqu’au dernier jour… Si tu veux, c’est un peu comme un animal mauvais qui est d’abord très petit, et qui grandit lentement, en restant toujours invisible. Et un jour, il devient un monstre, plus gros que cent maisons, et il détruit tout ce qui est autour de lui. Sans aucune pitié… Tu me comprends ?
    — Oui, dit Thibaut. Continue. C’était quoi, ce danger ?
    — Le séhôdeu. »
    Les trois garçons se regardèrent, assez perplexes. Ce mot bizarre ne leur disait rien – absolument rien.
    « Je vous avais prévenu que c’était compliqué, dit Souhi. Écoutez bien…»
    Elle montra le feu qui achevait de s’éteindre.
    « Si nous brûlons du bois pour cuire des lapins, le feu consomme un peu d’oxygène de l’air.
    — Euh… Bien sûr ! dit Serge.
    — Et le bois que nous brûlons contient du carbone. Beaucoup de carbone… qui s’unit à l’oxygène de l’air pour former du dioxyde de carbone…»
    Souhi prit un bout de bois à moitié brûlé, et en se servant de l’extrémité noircie comme d’un crayon, elle dessina quelques signes sur la paume de sa main gauche – en la tenant de manière que chacun pût la voir aisément.
    « Voilà ! dit-elle. Un atome de carbone… (et elle traça un C sur sa main gauche) et deux atomes d’oxygène…, (elle dessina un O et, juste à côté, un tout petit 2). C’est ça, le dioxyde de carbone… O, ça représente l’oxygène, bien sûr.
    — Ah ! Oui ! dit Serge. C’est ça, le CO2…»
    À présent, il comprenait le mot étrange qui l’avait étonné quelques minutes auparavant : « séhôdeu ». Tout devenait clair, avec cette explication très simple… Mais Souhi savait donc écrire ? Qui avait pu lui donner des leçons, dans cette forêt sauvage ?
    « Oui. Le C02, répéta Souhi. Chaque fois qu’on brûle du bois ou du charbon quelque part, on fabrique un peu de C02. En temps normal, ce n’est pas grave, parce que les plantes et les arbres transforment le C02 en oxygène. C’est un gaz, le C02. J’oubliais de le dire. Donc, si on en fabrique un peu, il se mélange à l’air et il disparaît en quelques heures.
    — Bien sûr ! dit Serge, machinalement. C’est la photosynthèse. »
    À chaque nouvelle phrase que prononçait Souhi, l’étonnement de Serge augmentait. Ce qu’elle expliquait ainsi, cela ne ressemblait pas à une leçon apprise par cœur. Non. Souhi parlait de choses qu’elle avait bien comprises, et qu’elle connaissait parfaitement… Mais où avait-elle appris tout cela ? Et surtout, qui le lui avait appris ?
    « Bon ! dit Thibaut. Alors, comment est-il devenu dangereux, ce C02 ? Qu’est-ce qui s’est passé ?
    — C’est tout simple, répondit Souhi. On en a produit beaucoup trop. Ça a commencé avec le début de l’ère industrielle, vers 1860, et ça a augmenté d’année en année. Après deux siècles, c’était la catastrophe…
    — Attends ! dit Serge, en levant la main. N’allons pas trop vite… Si je comprends bien, la civilisation du XXe siècle a produit beaucoup trop de C02, et la photosynthèse n’a pas réussi à l’absorber. Parce qu’il y en avait trop, tout simplement. C’est bien ça ?
    — Oui », dit Souhi.
    Elle mouilla légèrement deux doigts, du bout de sa langue, et commença d’effacer le « C02 » qu’elle avait tracé sur sa main gauche. Puis elle poursuivit son explication.
    « Je t’avais bien dit que c’était compliqué… Bon. On a donc produit trop de C02 pendant deux cents ans. Il fallait qu’il s’en aille quelque part, ce C02… Et c’est dans la haute atmosphère qu’il est allé. Peu à peu, il s’est formé une couche de C02, de plus en plus dense. Et ça, c’était très grave…
    — Pourquoi ? » demanda Serge.
    Souhi répondit par une autre question.
    « Tu sais ce que c’est, une serre ?
    — Oui, répondit Serge. C’était un bidule tout en vitres, où on faisait pousser des plantes, dans l’ancien temps. Des plantes qui demandaient beaucoup de chaleur. Il fait toujours chaud, dans une serre.
    — D’accord ! dit Souhi. Et sais-tu pourquoi il y fait si chaud ?
    — Non.
    — C’est simple. Tout a tendance à se réchauffer pendant le jour, et à se refroidir pendant la nuit… Eh bien ! Dans une serre, les vitres laissent entrer la chaleur pendant le jour, et elles l’empêchent de sortir pendant ‘la nuit. Le vitrage, c’est un piège à calories. Ça les laisse passer dans un sens, mais pas dans l’autre. »
    Serge se frappa le front.
    « Compris ! dit-il. La couche de C02 a joué le rôle d’un vitrage qui aurait couvert toute la Terre.
    — C’est bien ça.
    — Et la température a dû s’élever de plus en plus, jusqu’à faire fondre toute la glace des pôles… Fantastique ! C’est ça, la cause de la catastrophe ?
    — Oui. »
    Serge resta songeur pendant quelques instants. Certains détails l’étonnaient un peu, semblait-il – et il réfléchissait.
    « Minute ! dit-il. Pourquoi la chaleur passe-t-elle dans un sens, et pas dans l’autre ? Ce n’est pas normal, ça…
    — Si, c’est normal, répondit Souhi. La chaleur solaire, celle qui entre pendant le jour, c’est du rayonnement visible, et la couche de C02 ne l’arrête pas. La chaleur qui pourrait sortir pendant la nuit, c’est de l’infrarouge… Et ce rayonnement-là, ça ne traverse pas le CO2. Ça reste à l’intérieur. C’est à cause de ça que la chaleur est piégée…
    — Ah ! Bon…» dit Serge.
    Visiblement, le problème le passionnait. Il en venait à oublier tout ce qui l’entourait – la barbarie du mont Chaffal, le mystère des cannis, la solitude et les dangers de la forêt de Lente. Il ne pensait même plus aux questions qu’il s’était posées sur Souhi, deux jours plus tôt… Il resta ainsi rêveur pendant une longue minute, puis il demanda encore :
    « Pourquoi la catastrophe est-elle venue en cinq ou six jours ? Pourquoi les glaces polaires ont-elles fondu si vite que ça ? »
    Souhi eut un geste vague.
    « Faut pas trop me demander, dit-elle. Je ne sais pas tout. C’est déjà beau que j’aie pu te raconter tout ça.
    — C’est vrai, reconnut Serge. Avec ce que tu nous as dit, nous en savons déjà beaucoup. Merci, Souhi…»

    Cela dit, c’est vrai qu’on ne sait pas pourquoi ça fond si vite^^

    Cela dit, Thibaut pose une vraie question en se rappelant le motif de la mission

    « Dis-nous, Souhi… Tu nous as répondu très gentiment, c’est vrai. Mais tout ce que tu nous as raconté : la couche de C02, la fonte des glaces et la montée de la mer, c’est du passé. Il y a plus important que cela…

    — Quoi ? » dit Souhi.

    Il y avait une certaine méfiance dans la voix de Souhi. Serge eut l’impression, très nette, que le dialogue ne tournait pas rond et que Thibaut allait aborder un sujet interdit – mais il était trop tard pour l’empêcher de parler.

    « L’avenir est plus important que le passé, dit Thibaut.

    — Ah ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »

    La voix de Souhi s’était durcie. Serge eut à nouveau l’impression d’un danger, et comprit qu’il fallait agir – très vite. Il chercha quelque chose qui pût détourner Thibaut de son idée, mais il ne trouva rien.

    « Est-ce que les gens d’ici n’ont pas peur ? dit Thibaut. Est-ce qu’on n’entend parler de rien ? Est-ce qu’il ne va pas arriver une catastrophe, avant la fin du mois ? »

    Souhi ne dit pas un mot, ne fit pas un geste. Elle semblait paralysée, tout d’un coup, comme si les questions de Thibaut cachaient une menace terrible, comme si un rideau de glace s’était élevé autour d’elle. Elle regarda d’abord Thibaut – et il y avait de la colère et de la peur dans son regard – puis ses yeux se portèrent sur Serge, et enfin sur Xolotl. On pouvait croire qu’elle allait se lever, s’en aller tout de suite. Mais non… Elle respira lentement, deux ou trois fois, comme si elle cherchait à maîtriser sa colère. Puis elle dit :

    « Personne ne m’a parlé de rien… Mais il est temps de dormir, à présent. Nous ne savons pas ce qui peut arriver demain. »

    Cela nous fait enquiller sur la suite car Souhi révèle petit à petit ses secrets (et Dieu sait qu’elle en a). En fait, Souhi vient du futur et elle connaît le trio : elle sort un « petit magnétophone à piles – plus miniaturisé que tout ce qu’il [Serge] avait vu auparavant. »

    « C’est à la fin du XXe siècle qu’on a découvert les voyages temporels. Deux garçons qui portaient, l’un et l’autre, une gourmette d’autinios, ont été soumis à un champ magnétique intense, au cours d’un orage. Ils ont été transportés dans l’Empire romain, où ils ont vécu pendant deux mois. Ce fut le tout premier des voyages temporels, entièrement dû au hasard.

    Ils sont habitués à se débrouiller à n’importe quelle époque.

    « Ces deux garçons ont été ramenés sains et saufs à leur époque, et la technique du voyage s’est améliorée. Très vite, on a réglé le champ magnétique pour choisir l’époque où on voulait aller. En outre, les gourmettes, qui étaient beaucoup trop visibles, ont été remplacées par des ceintures d’autinios, bien cachées sous les vêtements.

    « D’autres voyages temporels ont été entrepris, et l’équipe a été complétée par un troisième personnage qui désirait aussi courir l’aventure…»

    Souhi lança un regard en coin vers Thibaut – et elle avait un sourire ironique sur les lèvres.

    «… On sait qu’un de ces voyages s’est fait sous la Terreur, et un second à l’époque de Léonard de Vinci. On n’en sait pas davantage, mais on est à peu près sûr qu’il y a eu d’autres voyages. Ces trois garçons ne sont pas à leur coup d’essai, et ils sont habitués à se débrouiller à n’importe quelle époque. On croit qu’ils ont réussi à faire évader Louis XVII de la Tour du Temple. Ils peuvent être dangereux s’ils sont contre toi.

    « Voici leur signalement…»

    C’est un peu fan-service mais c’est sympa. Mais tout s’assombrit quand revient Muto (et ses potes). Et Serge s’allie avec eux avec un moyen très enfantin (échange de sang). Ah, si Souhi avait tout dit

    Car en fait, elle vient de l’an 4203 et sa mission est de changer le climat (avec Ronan qui est mort entre-temps). On obtient la quête de fin de jeu : faire lancer des fusées. Mais les gens du coin sont contre car ils ont peur. On apprend aussi le pourquoi du « néant » d’octobre 2117 (il n’y a plus de champ magnétique terrestre indispensable pour faire fonctionner l’autinios)

    Et après une baston, on apprend l’existence des Émissaires du Futur. Pfiou, tant de révélations !! Mais bon envoyer des gens de 15 ans, euhhh. Après, c’est la fuite que je trouve assez longuette. Et la décision de revenir avec Souhi au XXe siècle… qui permet de comprendre ce qu’il va se passer avec la fille de Serge, j’imagine

    Mais heureusement, il y a le débriefing qui est époustouflant

     

    Le professeur Auvernaux regardait Souhi, comme s’il réfléchissait à d’autres questions. Puis il dit :

    « Il faut empêcher cette catastrophe. Il n’est peut-être pas trop tard. Il faut agir à tout prix…

    — Qu’est-ce que vous comptez faire, professeur ? demanda Serge.

    — Je vais parler du danger aux sociétés scientifiques, et lancer des appels partout… On évitera peut-être ce Nouveau Déluge. Qui sait ? Il faut essayer…

    — Comment ?

    — Il faut réduire la quantité de C02 en consommant moins de pétrole et moins de charbon. Il faut développer d’autres sources d’énergie. Il faut planter de nouvelles forêts… Il y a beaucoup de choses à faire…»

    Souhi secoua la tête.

    « Excusez-moi, professeur… Mais j’ai eu un cours d’histoire, quand j’étais gosse. Alors, vous pensez si je la connais à fond, l’histoire de la fin du XXe siècle…

    — Oui, dit le professeur. Et alors ?

    — Eh bien, c’est vrai qu’on a lancé un appel à cette époque-là. Un professeur à la Sorbonne, qui a parlé du danger du C02… Et son appel a été soutenu par toutes les sociétés savantes. Exactement ce que vous venez de nous dire…»

    Souhi laissa passer quelques instants, puis elle ajouta :

    « Je suis désolée de vous dire ça, professeur. Vraiment désolée… Mais votre avertissement ne servira à rien. Quand vous lancerez votre appel, on ne vous écoutera pas…

    — Ah ? » murmura le professeur.

    Il eut d’abord un geste découragé, comme s’il abandonnait la lutte. Puis il réfléchit, et dit à mi-voix :

    « J’essaierai quand même…»

    Fin du livre, publié en 1983…

    L’histoire n’est pas finie, elle se continue en 2159 !

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    #173683
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    Alors mon avis sera plus mitigé. D’abord, parce que ça fait un peu redite de La Voûte invisible, en moins sympa, parce que la société décrite dans La Grande Peur… est pas vraiment agréable (une vie collective, sans beaucoup d’intimité ni aucun lien familial, sous l’autorité de chefs imposant seuls leurs décisions). Et puis, on a une impression d’inachèvement, qui vient sans doute du fait que c’est le premier volet d’une trilogie, mais rien ne permet au lecteur de le savoir.

    Du côté des points positifs, on a une intrigue assez efficace, avec deux énigmes à résoudre dès le début (pourquoi la submersion marine, et pourquoi la disparition de la Terre dans le néant). Mais il y a un personnage qui a toutes les réponses, ce qui est un peu facile. Autre point positif, un personnage de « méchant », mais pas trop quand même, qui est un peu complexe.

    Spoiler:
    Les deux énigmes sont en effet réglées par Souhi, dont en effet on se demande pourquoi nos héros ne se demandent pas plus vite d’où elle tient tout ce qu’elle sait. Et les raisons exposées pour justifier qu’elle ne dise pas tout trop vite m’ont semblées un peu tirées par les cheveux. A la fin du bouquin, on sent bien qu’elle est soulagée de ne pas pouvoir rentrer « chez elle », mais, sans savoir si cela sera tiré au clair dans un tome ultérieur, on reste sur sa faim, d’autant plus qu’on sait qu’elle deviendra la compagne de Serge adulte.

    Reste le gros point positif du bouquin, abondamment cité par Gray, la clairvoyance assez bluffante de l’auteur, annonçant le risque de réchauffement climatique par l’effet des gaz à effet de serre. J’avais lu que les données scientifiques de base étaient déjà connues au début des années 70, et qu’il avait alors été discuté des mesures préventives à prendre, mais que les grandes compagnies pétrolières avaient réussi à noyer le poisson et à faire en sorte que le débat ne débouche sur rien (ce n’est pas du complotisme, tout ça a été établi par des travaux sérieux et non contestés). Il faut croire que Philippe Ebly se tenait au courant de l’actualité scientifique, et qu’il y avait vu un bon sujet d’intrigue, et sans doute aussi la nécessité de tenter d’alerter ses lecteurs.

    Donc chapeau bas à l’auteur. Mais ça ne suffit pas à faire un bon bouquin. Je ne dirai pas qu’il est mauvais, mais je m’y suis un peu ennuyé.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #173763
    DNDM
    • Fléau des Autres
    • Posts : 3086

    Pas étonné de ton retour, @graymarch (mais content de ton retournement de veste). Ce bouquin m’a vraiment marqué quand j’étais jeune, pour les raisons que tu cites. Aucun souvenir de l’intrigue/ du méchant par contre. Mais les thèmes étaient totalement novateurs.

    Je me souviens également très bien du tome suivant. Par contre spontanément je ne vois pas quel est le tome 3 de la trilogie. On verra si vos retours me font faire tilt.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #173914
    R.Graymarch
    • Barral
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    Merci pour vos retours

    J’ai abondamment cité pour éviter à DNDM de tout relire 😀

    Oui c’est clair que la valeur du livre réside surtout dans son côté prédictif (et didactique) et c’est réhaussé par le fait que j’avais un sentiment mitigé de ma première lecture. Pour moi ça occulte complètement les faiblesses du personnage qui sait tout et qu’on interroge uniquement au compte-gouttes, pour préserver l’intrigue.

    Je retiens aussi l’entrée en matière qui est très accrocheuse et j’ai l’impression aussi que le trio est mieux équilibré : on a moins Serge en leader et les autres en arrière plan.

    J’ai lu la suite, faut que je rédige mon message mais ça prend du temps, mine de rien 😀

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    MJ par intérim de Les Prétendants d'Harrenhal (2024-), rejoignez-nous
    DOH : #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #181348
    R.Graymarch
    • Barral
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    J’ai pas oublié (j’ai même lu les deux suivants, mais ça prend du temps à rédiger) mais j’ai beaucoup de projets en même temps

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    #181385
    Lapin rouge
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    J’en ai juste lu un en avance, mais ça commence à dater, je vais sûrement oublier des trucs !

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