[Autrice] Virginie Despentes

  • Ce sujet contient 4 réponses, 4 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Crys, le il y a 1 année et 4 mois.
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    DNDM
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    J’ouvre ce sujet en reprenant quelques bouts de conversations des fils « Vos dernières lectures » et « Vos dernières lectures graphiques ».

    Dans mes dernières lectures : King Kong Théorie de Virginie Despentes et gros coup de coeur. C’est un essai de 150 pages avec des réflexions modernes sur la condition des femmes, sur les hommes, sur le couple hétérosexuel, sur le viol, sur la prostitution, sur le porno. Le style est simple mais percutant, le propos m’a beaucoup intéressé, bref je recommande à fond.

    J’avais beaucoup apprécié à la lecture également, je suis tenté de lire ses fictions mais n’ait pas encore essayé (ne sachant pas par où commencer mais aussi par peur que ce ne soit pas aussi prenant que ses essais). Une à recommander en particulier pour ceux qui les auraient lues?

    A titre personnel, Virginie Despentes est une autrice (un genre littéraire) que je ne recommande qu’à des personnes dont je connais un peu les gouts et les limites. Aussi percutantes soient ses œuvres et sa plume (essais, romans, nouvelles, articles…) C’est pas pour tout le monde. « Cher Connard » est pas mal non plus, si tu as apprécier « King Kong Théorie ».

    La trilogie Vernon Subutex! Un peu facile car ce sont les seuls romans que j’ai lu d’elle jusqu’ici (j’ai commencé hier soir Cher Connard) mais j’ai vraiment adoré cette lecture

    A titre personnel, Virginie Depentes est une autrice (un genre littéraire) que je ne recommande qu’à des personnes dont je connais un peu les gouts et les limites. Aussi percutantes soient ses œuvres et sa plume (essais, romans, nouvelles, articles…) C’est pas le genre que l’on recommande à tout le monde. Qu’en pensez vous ?

    Ah je ne sais pas, je ne me suis pas vraiment fait cette réflexion, par exemple King Kong Théorie que l’on adhère ou pas je pense que tout le monde serait gagnant à le lire et Vernon Subutex est accessible (mais je sais bien qu’elle a écrit plus subversif que ceux-là)

    La trilogie Vernon Subutex! Un peu facile car ce sont les seuls romans que j’ai lu d’elle jusqu’ici (j’ai commencé hier soir Cher Connard) mais j’ai vraiment adoré cette lecture

    Bien noté, je m’y essaierai, merci. J’ai entendu qu’il y avait une adaptation télévisuelle également mais je ne sais pas ce que ça vaut.

    Ce n’était pas parfait mais j’avais plutôt bien aimé, le casting était bon, Romain Duris, Céline Sallette, Flora Fishbach et la BO très cool. Il y a aussi l’adaptation en BD avec Luz qui est super. Je recommande les deux plutôt après les livres

    « Bye Bye Blondie » et « Apocalypse Bébé » Moins connu mais tout aussi savoureux « C’est dehors, c’est la nuit « pas mal aussi dans son genre Despentes. .;)

     

    Vernon Subutex (tome 1/2), de Virginie Despentes et Luz

    Vernon Subutex (BD) tome 1 - BDfugue.comhttps://images.bfmtv.com/kj3IO-E7zqZj8rH6X9KsXjMpcrE=/0x0:1535x2047/600x0/images/Une-planche-de-Vernon-Subutex-de-Luz-et-Virginie-Despentes-478148.jpg
    Première partie d’une adaptation en deux tomes de la trilogie de Virginie Despentes, par le dessinateur Luz (l’un des ex Charlie Hebdo, s’il faut encore le présenter).
    Je savais pas trop à quoi m’attendre, Virginie Despentes, c’est pas trop mon univers, à la base, et Luz, sur 300 pages grand format, j’avais un peu peur que ce soit illisible.
    Et finalement, ça passe, et c’est même très bon. Faut un petit temps d’adaptation, à la fois sur le fond (les histoires de camés parisiens riches et pauvres, c’est pas trop mon rayon) et sur la forme (le trait de Luz est pas forcément grand public, même s’il est très lisible), mais on entre dedans sans trop de problème, et on apprécie même le voyage graphique, Luz utilisant plein de petites astuces graphiques qui font que cette BD est une vraie BD diablement bien pensée, et pas juste un roman illustré.
    L’histoire? Vernon, disquaire de 50 ans, se retrouve au chômage, puis en galère de thune, puis à la rue. Il renoue avec d’anciens copains et copines pour essayer de s’incruster sur leur canapé, une nuit ou deux, le temps de trouver une solution. Il squatte chez les uns, chez les autres, on découvre une galerie de personnages très clichés parisiens cocaïnomanes (scénariste beauf, bourgeoise paumée, trader friqué, ex star du X trans, gamine voilée…). Peu à peu, Vernon s’enfonce dans les galères. Mais dans le même temps, en arrière-plan, un fil rouge se noue, qui relie tous les personnages autour de la mort par overdose d’un de leur ancien pote, devenu star du rock, et de mystérieux enregistrements qu’il a laissé à Vernon. Des enregistrements qu’un producteur de cinéma est prêt à payer très cher.
    Bref: des références rock, un Paris plein de persos que certains diront réalistes, que d’autres verront clichés, une histoire qui commence comme un roman social plein de personnages illustrant un certain parisianisme branché, cool et cocaïné, qui se déroule peu à peu et fini, à la fin de ce tome 1, par rejoindre une certaine veine polar assez classique mais toujours efficace. Bien plus accrocheur que ce que j’imaginais, en fait. Le tome 2 sort dans quelques mois, je le lirai.

    [18 mois plus tard…]

    Tome 2 lu, donc. Amazon.fr - Vernon Subutex (BD) - Seconde partie - Despentes, Virginie, Luz - Livres Et grosso modo ça continue bien dans la veine du premier. Il m’a fallu un petit temps de réadaptation (ma lecture du tome 1 datait d’il y a plus d’un an, je n’avais plus forcément les personnages en tête), mais l’intrigue principale qui était arrivée (un peu tardivement dans la première partie m’a rapidement raccroché.

    Après, il y a un petit problème de rythme, IMHO, consécutif au fait que les 3 livres de Virgines Despentes ont été ici adaptés en seulement deux grosses BD de 300 pages. Les résumés Wikipedia me confirment ce que je subodorais: le climax du tome 2 en livre arrive en début de la seconde partie en BD. Ca donne l’impression d’un faux départ, il se passe beaucoup de choses fortes en début de livres, puis la tension retombe, pour finalement repartir lentement. Bref, si vous lisez les BD, essayez de lire tout d’un bloc, pas en deux tomes séparés, je pense que ça évitera cette impression de rythme raté.

    Le dos de la BD contient la mention suivante, signée Virginie Despentes:

    « La quasi-totalité de cette seconde partie est originale. Il y a un plaisir fou à faire évoluer un texte publié – de façon à ce qu’il trouve la meilleure forme possible dans l’imagination d’un autre. »

    Après comparaison rapide avec les résumés Wikipedia, il semble en effet y aavoir quelques évolutions, mais peut-être plus dans les détails que sur les grandes lignes, relativement similaires. La fin, surtout semble assez différente – ou en tout cas coupée un peu avant ce qui est probablement l’épilogue du livre. Ca change pas mal la perception de la chose.

    En fait, si j’ai apprécié la partie « polar social » assez classique mais très réussie de l’histoire, les délires musico-mystiques, qui sont un autre pan de la chose, me sont totalement passés au-dessus – même si en BD, avec Luz au crayon, ça fait de fort jolies pages – et sans cette fin qui leur fait semble t-il la part belle, la perception gobale de l’oeuvre n’est pas la même.

    Mais en effet, Luz met pas mal sa patte sur l’histoire dans cette seconde partie, j’ai l’impression. Tout son travail graphique, sur cet album, est très intéressant, avec des pages superbement pensées et travaillées. Et sur la fin, on a de plus en plus ses propres traumatismes consécutifs à l’attentat contre Charlie Hebdo qui remontent (la page 342 est transparente, à ce sujet). Bref, c’est réellement une adaptation par Luz, qui se lirait probablement de façon très différente si quelqu’un d’autre avait tenu le crayon.

    Globalement, lecture très intéressante, même si c’est pas trop mes délires. Mais le travail de Luz fait que j’ai probablement plus accroché à ce qui, en livre pur, m’aurait probablement gavé.

     

    A titre perso, j’ai également lu Baise-moi il y a quelques années, c’était court et percutant, oeuvre à lire pour le simple fait de voir comment, quand on met des femmes à la place des hommes, dans certaines situations, le ressenti est tout de suite totalement différent (Baise-moi avec des hommes en personnages principaux n’aurait absolument aucun intéret et serait considéré comme un immonde nanard, alors qu’avec des femmes, le propos est tout de suite beaucoup plus subtil et politique).

    Je pense lire King Kong Theorie un de ces jours. Si vous avez des conseils de lecture, n’hésitez pas.

     

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #192691
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    J’ai lu Cher Connard, de Virginie Despentes.

    Mon premier Despentes. J’en ressors un peu mitigée : il y a des phrases hyper percutantes, de vrais uppercuts, et quelques réflexions qui me resteront longtemps, je pense. Mais au delà de ça, j’ai trouvé la forme assez mal exploitée, et beaucoup de blabla très vain.

    L’idée de Cher Connard, c’est de partir d’une correspondance épistolaire : une actrice vieillissante répond à un romancier qui a trollé sur son physique et est en parallèle empêtré dans un scandale me too. Un postulat que j’ai déjà trouvé assez bancal, la conversation épistolaire n’ayant rien de naturel, tu piges pas bien pourquoi ces deux-là commencent à se raconter leur vie. Mais soit. Ce qui m’a plus gênée, c’est que dans un roman épistolaire, tu devrais entendre deux voix, qui se répondent et s’entremêlent. Là on n’entend qu’une et unique voix : Despentes, dans un dialogue à sens unique, où aucun des deux personnage ne répond à l’autre. Globalement, deux monologues qui ne se mêlent pas, et ont la même voix (et avec la même absence de virgule… apparemment ne pas utiliser de virgules c’est punk et ça fait « vrai », mais perso ça me crispe et je trouve juste ça fake ^^)… J’ai trouvé l’exercice de style pas abouti.

    Au delà de la forme, sur le fond, j’attendais bien plus de discussions autour du patriarcat, de la place de la femme dans la société… Mais en fait très vite, on dévie sur des réflexions autour de la drogue et des transfuges de classe. Pas des thèmes qui me passionnent outre mesure et une bizarre glamourisation de la drogue qui me touche assez peu. On brasse beaucoup de sujet sans vraiment toucher du doigt de thème fort. A trop vouloir en dire, on ne dit rien et on tourne un peu en rond.

    Je pense que je n’ai clairement pas commencé par le meilleur Despentes, je prends vos recos pour un meilleur départ avec elle à l’occasion ^^

    ~~ Always ~~

    #192692
    DJC
    • Pas Trouillard
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    Ah yes King Kong Theorie aurait été une première plongée + adéquate dans son univers et ses reflexions sur les thèmes mentionnés, patriarcat notamment.

    #192694
    DNDM
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    une bizarre glamourisation de la drogue qui me touche assez peu

    Clairement c’est un des éléments qui m’a aussi fait tiquer sur Vernon Subutex. Si j’ai bon souvenir y’a absolument aucun des personnages qui n’y touche pas. Ca donne l’impression d’une banalisation/glamourisation totale des drogues dures, qui sont totalement intégrées à son univers mental.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #192715
    Crys
    • Terreur des Spectres
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    une bizarre glamourisation de la drogue qui me touche assez peu

    Clairement c’est un des éléments qui m’a aussi fait tiquer sur Vernon Subutex. Si j’ai bon souvenir y’a absolument aucun des personnages qui n’y touche pas. Ca donne l’impression d’une banalisation/glamourisation totale des drogues dures, qui sont totalement intégrées à son univers mental.

    Assez d’accord avec ce constat sur la première partie de l’histoire de Subutex… sauf qu’à la fin plus personne n’en prend, du coup ! Y a une émancipation par la musique (qui devient la nouvelle drogue, ok). Après bon, ça va un peu avec son parcours, et aussi la génération dont est issue Despentes, je trouve. Y a pas que chez elle qu’on trouve ça.

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