Brandon Sanderson

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  • #188142
    Fitz
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    J’ai lu Tress of the Emerald Sea, et c’est une grande réussite pour moi !

    Dans ce livre inspiré par le film (et livre) « The Princess Bride », on retrouve Tress, une jeune femme qui vit sur une petite ile perdue au milieu de la mer de spores Emeraude. Une particularité de ce monde est que les océans sont remplis de spores de différents types selon la mer sur laquelle on navigue, spores qui s’activent au contact de l’eau (ou d’autres liquides), provoquant différentes réactions très dangereuses ou souvent mortelles.  Si la plupart des iles sont généralement sures car le sel tue les spores, naviguer est très dangereux.

    Cette histoire qui ressemble à un conte (et qui nous est d’ailleurs contée par Hoid, personnage secondaire de l’histoire et récurrent du Cosmere (il apparait dans presque toutes ses œuvres), commence ainsi : un jour, malheureusement pour Tress, elle apprend que Charlie, l’homme qu’elle aime, a été enlevé par la méchante sorcière de la mer de Minuit, qui en exige une rançon impayable. Après avoir longuement réfléchi, elle se lance dans une quête pour sauver son bien-aimé, à travers les terrifiantes mers de spores remplies de pirates.

    J’ai beaucoup apprécié cette histoire, la voix de narrateur de Hoid est très agréable, l’humour est bien dosé et m’a plusieurs fois fait rire plutôt que sourire, ce qui est très rare pour moi dans un livre.    La plupart des personnages sont vraiment attachants, et les chapitres très courts permettent de bien rythmer le livre et poussent le lecteur à toujours commencer le chapitre suivant, étant donné leur longueur. J’ai trouvé l’intrigue bonne sans être extraordinaire, avec malgré tout quelques bons twists que je n’avais pas vu venir (et un que j’avais deviné), mais comme d’habitude pour moi, c’est l’originalité du monde est du système de magie qui est la meilleure partie pour moi, j’ai beaucoup apprécié les différentes applications des spores entrevues au cours de ma lecture et j’aimerais lire un autre livre dans cet environnement.

    Sinon, en termes de références au Cosmere, il y a pas mal de références mais elles n’entravent pas l’appréciation est la compréhension de l’histoire je pense. Néanmoins, si vous voulez absolument avoir la plupart des références, il vaut mieux avoir lu Elantris et Mistborn Secret History, ainsi que Mistborn Ere 1 et 2.

    #188266
    DNDM
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    The Hero Of Ages - (mistborn Saga) By Brandon Sanderson (paperback) : Target

    Mistborn 3 – the hero of ages terminé – et avec lui se termine la trilogie Mistborn (première ère).

    Un tome 3 probablement plus réussi que le 2, et qui se termine de façon extrêmement satisfaisante, beaucoup de petits détails s’assemblant au fur et à mesure, comme les pièces d’un puzzle, pour former un tableau finalement beaucoup plus cohérent que ce que l’on pouvait attendre.

    Plus haut, je disais ceci sur Warbreaker:

    J’ai malheureusement (et sans surprise) aussi retrouvé le défaut le plus énervant qu’il y a dans Mistborn T1, à savoir quelques détails magiques finalement non-résolus, qui au final font basculer le « système de magie super logique et élaboré » en « Ta gueule c’est magique », et affaiblissent du coup l’ensemble de l’oeuvre. Bon, ce que je dis ici est valable pour Mistborn T1, mais apparement il y a des explications ensuite, pour cette oeuvre-ci

    Donc oui, y’a les explications, et elles sont très satisfaisantes.

    Ceci dit, il y a quand même quelques trucs qui me chafouinent.

    Côté détails, on pourrait par exemple parler de l’écriture, toujours un peu répétitive, avec les mêmes expressions qui reviennent sans cesse. Du monde, finalement très vide et peu fouillé. Ou, tiens, des personnages féminins, quasi inexistants l’héroïne mise à part (et pas seulement les personnages secondaires ou tertiaires, hein: même côté figurants, on a l’impression qu’il n’y a aucune femme dans ce monde ; il a fallu littérallement plusieurs centaines de pages avant qu’un autre personnage féminin que l’héroïne apparaisse au milieu de milliers d’hommes, et il n’y a je crois dans tout le livre que deux courtes scènes où plus de deux femmes un peu caractérisées sont présentes en même temps XD ). [Mais bon, il se trouve que j’ai écouté pendant ma lecture cet épisode du podcast Writing Excuses , Examining Unconscious Biases, dans lequel Brandon Sanderson dit s’être rendu compte, depuis, qu’en effet sur cette question il n’a pas été super pertinent dans ce livre, donc laissons cela de côté pour l’instant, je verrai avec d’autres livres comment il a évolué sur la question.]

    Non, le vrai gros truc qui me cafouine, c’est que certes, ce qu’amènent le tome 2 et le tome 3 complète totalement le tome 1 d’un point de vue logique et narratif, mais l’affaiblit totalement d’un point de vue thématique. Difficile d’en parler sans spoiler, mais bon, disons que ce que l’on apprend en T2 et 3 remet pas mal en question l’idée forte du T1, et c’est quand même dommage. Brandon Sanderson (et ses personnages) ont aussi la mémoire courte, quelque part – ou là encore, Brandon Sanderson ne prend pas la peine de suffisamment convaincre son lecteur de ce qu’il avance. Par certains côté, j’aime beaucoup ce qu’il a fait dans ce tome 3 ; par d’autres, c’est dommage, parce que ça casse le T1, et que le T1 est le meilleur des trois en terme d’ambiance, de rythme, de personnages (si je mets de côté les plot holes qui ne s’expliquent qu’avec le tome 3).

    Je reviens là-dessus, aussi:

    Et également – ce qui n’arrête pas de m’étonner, chez cet auteur mormon qui ne cache pas qu’il est très religieux – une approche assez étonnante des questions de religion et de la foi religieuse. Manifestement, le sujet le passionne, il y a beaucoup réfléchi, et il met beaucoup de ses réflexions dans ses livres. Mais pour autant, ce qu’il nous propose n’est pas un préchi-précha religieux, mais réellement une tentative de mettre à l’épreuve toutes les certitudes religieuses de ses personnages (et de ses lecteurs) pour voir ce qu’il reste quand on secoue à fond, en proposant plusieurs angles d’attaques très différents sur ces questions, et en n’hésitant pas dire du mal des religions, à présenter des personnages qui n’ont jamais eu la foi, ou qui la perde, à présenter les religions comme manipulatrices ou mensongères…

    Ce tome 3 ne fait même plus semblant, ça dégouline de partout de questions sur la religion et la foi. Quelque part, je préfère ça aux tentatives politico-économiques peu convaincantes du tome 2: ici, le thème de la religion et de la foi est clair, il est traité à fond par un auteur qui manifestement est passionné par ces questions, et les conclusions avancées ont une certaine élégance et une certaine poésie. En prenant la trilogie complète, on a vraiment une histoire qui explore la religion, la foi, leurs instrumentalisations et leurs espoirs sous de nombreuses façettes, mais sans oublier de mixer ces réflexions dans une aventure fantasy très bien menée.

    Bref, lecture que je ne regrette pas.

    Par contre, est-ce que ça dégouline toujours autant de questions religieuses dans ses autres histoires? Si je continue à m’enfiler du Sanderson au rythme actuel, je risque de faire une overdose.

    Et par quoi j’enchaine?

    Je pense tenter Skyward, parce qu’il en parle dans ses cours de Creative Writing et qu’il a même mis en ligne son plan de travail entier, et que ça sera intéressant à disséquer.

    Et ensuite?

    Les Archives de Roshar? Autant que possible j’aimerai avoir au moins le premier cycle complet avant de me lancer là-dedans, et je vois sur wikipédia que le dernier tome de ce cycle 1 est prévu pour novembre 2024. Pas si loin que ça, mais bon, je peux peut-être attendre un peu avant de me lancer dedans du coup?

    Mistborn seconde ère? Toujours aussi religieux ou pas?

    Mistborn: Secret History, c’est le bon moment?

    Autre chose? Legion, pourquoi pas. Elantris, pourquoi pas.

    Quel ordre de lecture, dans l’idéal?

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #188267
    Fitz
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    Bref, lecture que je ne regrette pas. Par contre, est-ce que ça dégouline toujours autant de questions religieuses dans ses autres histoires? Si je continue à m’enfiler du Sanderson au rythme actuel, je risque de faire une overdose. Et par quoi j’enchaine? Je pense tenter Skyward, parce qu’il en parle dans ses cors de Creative Writing et qu’il a même mis en ligne son plan de travail entier, et que ça sera intéressant à disséquer. Et ensuite? Les Archives de Roshar? Autant que possible j’aimerai avoir au moins le premier cycle complet avant de me lancer la dedans, et je vois sur wikipédia que le dernier tome de ce cycle 1 est prévu pour novembre 2024. Pas si loin que ça, mais bon, je peux peut-être attendre un peu avant de me lancer dedans du coup? Mistborn seconde ère? Toujours aussi religieux ou pas? Mistborn: Secret History, c’est le bon moment? Autre chose? Legion, pourquoi pas. Elantris, pourquoi pas. Quel ordre de lecture, dans l’idéal?

    Pour les questions religieuses et de foi, cela reste un thème récurrent dans pas mal de ses oeuvres  même si à un moindre degré (sauf Elantris, où un des personnages principaux est un prêtre corrompu qui a une relation très intéressante avec sa foi). On retrouve aussi des questionnements religieux de beaucoup plus petite ampleur dans Wax and Wayne (Mistborn Ere 2), ou les Archives de Roshar.

    Pour ce qui concerne ton ordre de lecture, je ne vais pas me prononcer sur celui des livres en dehors du Cosmere car je ne les ai pas lu (même si j’ai entendu des très bons échos de Skyward). Par contre, pour le Cosmere, je peux te proposer ceci :

    Tu peux lire Elantris quand tu veux, mais de préférence avant le 4ème tome de Wax and Wayne et avant Tress of the Emerald Sea. Attention par contre parce que c’est pour moi son moins bon livre du Cosmere, avec une histoire un peu plate qui est sauvée par un des 3 personnages principaux que je j’aime beaucoup. En tout cas ne viens pas avec d’énormes attentes, c’était le premier livre qu’il a réussi à faire publier et ça se voit.

    Ensuite, vu que tu préférerais attendre que le premier cycle des Archives de Roshar soit complété avant de les lire, tu pourrais par exemple lire les 4 tomes de Wax and Wayne.

    En ce qui concerne Mistborn Secret History, tu peux la lire juste après le tome 3 de Wax and Wayne, soit à la période à laquelle elle a été publiée.

    Par rapport à Tress of the Emerald Sea, tu peux le lire quand tu veux, mais de préférence après Wax and Wayne et Elantris. Le ton est vraiment différent des autres livres de Sanderson mais il est très réussi.

    Ensuite, tu peux lire les archives de Roshar, avec un peu de chance le premier cycle sera terminé.

    Pour les BD White Sand, sauf si tu as le moyen de les emprunter, je te déconseille de les acheter, le style d’écriture de Brandon se transcrit mal à ce format, et les dessins ne sont pas de très grande qualité.

    Enfin, Brandon a encore 3 livres (ses « Secret Project ») qui sortent cette année, dont deux situés dans le Cosmere, mais on a trop peu d’infos dessus pour le moment pour savoir quelle place ils occuperont dans l’ordre de lecture du Cosmere.

    #188412
    Yoda Bor
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    Je recommande toujours Legion, d’autant plus si tu as envie de changer un peu d’univers.

    Arys du Rouvre 💜

    #188422
    Aerolys
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    Je recommande toujours Legion, d’autant plus si tu as envie de changer un peu d’univers.

    Je rejoins Yoda à 200% !

    Toutes les plus belles histoires commencent par une brique sur le pied.

    Si Theon ouvre un bar, c'est le Baratheon.

    Spoiler:
    #189432
    Yoda Bor
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    J’ai lu Tress of the Emerald Sea, et c’est une grande réussite pour moi !

    J’ai terminé Tress de la mer Émeraude. J’y connais rien en Cosmere, j’ai juste lu Elentris il y a longtemps mais c’est pas très gênant parce que à part un (ou deux ?) personnages, y a pas de grands rapports (et je n’ai pas du tout capté le rapport à Elentris , c’est dire à quel point ça doit pas être très important ^^).
    Là c’est l’ histoire de Tress qui habite sur une planète où les mers sont constituées de spores qui s’activent à l’eau.
    Elle vit une petite vie tranquille jusqu’à ce que son amoureux soit fait prisonnier par une sorcière et elle part à sa recherche en compagnie de pirates.
    C’est assez fun, vraiment inventif, avec des personnages très cools et bien construits.
    Le seul souci pour moi c’est que je suis pas super fan des histoire maritimes du coup c’est quand même un peu longuet et je suis contente d’avoir vu arriver la fin mais l’ensemble était fort agréable.

    Arys du Rouvre 💜

    #189603
    Yunyuns
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    J’ai lu aujourd’hui les deux articles suivants sur Brand Sanderson : Brandon Sanderson is your God, par Wired, et Welcome to Brandon Sanderson’s Fantasy Empire, par Esquire.

    Les deux articles vont dans des directions très différentes, mais les deux sont très intéressants et nous apprennent pas mal de choses.

    Le premier est plutôt à charge, dans le sens où l’auteur de l’article en tire que Sanderson n’est pas un bon écrivain du tout, il est juste un bon « worldbuilder » ; tandis que le deuxième ne juge que très peu des qualités d’écrivain de Sanderson pour se concentrer plutôt sur le développement de son business.

    Fan n°1 de Victarion Greyjoy, futur Roi des Sept Couronnes.

    "Yunyuns le pourfendeur de Tolkien."

    #189606
    Nymphadora
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    Le premier est plutôt à charge, dans le sens où l’auteur de l’article en tire que Sanderson n’est pas un bon écrivain du tout, il est juste un bon « worldbuilder »

    Oh il est surtout d’une impolitesse rare cette article ^^ L’auteur ne se contente pas de dire que Sanderson a un style tout naze (chose avec laquelle je suis on ne peut plus d’accord #déso pas déso) il l’attaque sur son mode de vie, le déclare ennuyeux, mégalo, l’attaque même sur ses fringues parce que pourquoi pas…, et est d’une condescendance ultime envers ces nerds fans de Sanderson qui vont à des conventions où ils parlent de ses livres… C’est un peu désespérant sur le mépris et le pseudo-élitisme d’une « bonne littérature » qui perpétue à l’envi le cliché du mec nerd fan de fantasy à cheveux gras qui joue avec sa fausse épée ^^ (Et accessoirement tu sens l’énorme click-bait pour faire réagir la horde de fans de Sanderson.)

    ~~ Always ~~

    #189673
    Pandémie
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    Alors il y a clairement de ça, l’article transpire le mépris du type branché de LA envers le plouc de l’Utah. Cependant, ce n’est pas un texte putaclic lambda pondu par un stagiaire grâce à chatGPT. Il y a un vrai travail de journalisme et d’enquête. Qui aboutit sur un long texte mal foutu pour plaire au public, ce qui est assez paradoxal quand c’est un des principaux reproches faits à Sanderson. Cependant, l’article pose quand même des questions qui interpellent. La première, c’est la relation de Sanderson envers l’église mormonne et comment ses « valeurs » transpirent dans ses textes. La seconde, c’est la relation particulièrement mercantile avec ses fans: convention à sa gloire et son profit, merchandising à outrance et Kickstarter à 40 millions de $ pour « s’autoéditer ». Ce n’est pas pour autant le Ron Hubbard de la fantasy mais on est clairement au-delà de l’enthousiasme un peu débordant entre un artiste et ses fans.

    Finalement, il y a son écriture, qui est plus une addiction qu’autre chose. Se lever à 1h, écrire toute la journée, s’abrutir de jeux vidéos et de somnifères pour faire taire son imagination. Ne pas aimer se relire et pondre deux romans par an…

    Bref, l’article est vraiment moisi, mais je comprends un peu mieux pourquoi je n’ai pas accroché à cet auteur.

    #189681
    Emmalaure
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    Finalement, il y a son écriture, qui est plus une addiction qu’autre chose. Se lever à 1h, écrire toute la journée, s’abrutir de jeux vidéos et de somnifères pour faire taire son imagination. Ne pas aimer se relire et pondre deux romans par an…

    Bref, l’article est vraiment moisi, mais je comprends un peu mieux pourquoi je n’ai pas accroché à cet auteur.

    Tu m’ôtes les mots du clavier. J’ai essayé plusieurs livres de lui (merci la bibliothèque municipale !), à cause de l’engouement qu’il suscite, et je n’ai jamais réussi à dépasser une cinquantaine de pages dans le meilleur des cas, que ce soit en vf ou en vo.

    Pourvu qu’on ne lui confie pas l’écriture de la fin d’ASOIAF.

    #189813
    DNDM
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    J’avais lu aussi ces articles.

    Le premier, celui de Wired, est un très bon exemple d’un journaliste qui rate son article, mais qui néanmoins dit quelques trucs pertinents dedans. Le gars se plaint pendant tout son texte qu’il n’a rien à raconter, que Brandon Sanderson, en tant que sujet, est hyper plat ; et ça, c’est juste le signe que le type ne sait pas trouver d’angle.

    (Et accessoirement tu sens l’énorme click-bait pour faire réagir la horde de fans de Sanderson.)

    +1

    Mais bon, tout cela c’est plus des problèmes inhérents à Wired, en tant que média, ou à ce journaliste et à sa conception du journalisme, qu’à Brandon Sanderson, en fait.

    Ce que je retiens d’intéressant de cet article, néanmoins:

    • Son rapport à l’écriture, quasi pathologique, avec cet étrange mix de graphomanie et d’insensitivité physique et émotionnelle (première fois que je lis ça à son sujet). Au final, son rythme de vie étrange (se lever à 1 h de l’après-midi, se coucher à 5h du mat avec un somnifère puissant) ne fait pas forcément super sain. Après, ça à l’air de marcher, tant mieux pour lui s’il est heureux ainsi (et il l’est plus que probablement).
    • La façon dont sa culture de naissance et sa religion ont en fait infusé totalement son imaginaire. Je ne connaissais pas grand-chose aux Mormons avant, mais après avoir fouillé un peu, très clairement cet aspect est fondateur dans le succès de Sanderson. Grosso modo, avec le Cosmere, Sanderson nous fait une fanfic de certains aspects de sa propre religion.

    Je passe sous spoiler ici, sans entrer spécifiquement dans tel ou tel livre, on arrive là sur un vague spoiler du Cosmere, dans les grandes lignes, j’ai l’impression:

    Spoiler:

    Je cite l’article:

    Then let’s talk about Mormonism in another way. Let’s talk about it as it relates to fantasy. Because it’s no secret: Mormonism is the fantasy of religion. “The science-fiction edition of Christianity,” I’ve heard it called, with its angels and alternative histories, embodied gods, visions and plates made of gold. I ask Sanderson if I’ve got the ultimate promise of the religion right—the ultimate promise being, as I understand it, that we humans will, if we’re good, and marry well, and memorize the passcodes, eventually pass into the highest kingdom and come into our divine inheritance. We’ll become gods, in other words, and get our own planets.

    Et même hors Cosmere. La nouvelle Parfait Etat, par exemple, est aussi une autre approche de cette idée.

    Après, ce n’est pas neuf, loin de là, on peut trouver pas mal de discussions à ce sujet sur internet. Suite à ma lecture de cet article, il y a quelques jours, j’étais tombé sur ce texte, par ex, dans lequel Sanderson assume totalement cette idée:

    Questioner: So how then, does Mormonism affect, like you said– In what way would you say your books are fundamentally Mormon?

    Brandon: Well if the philosopher in me steps aside, and the writer in me just wrote what the writer is passionate about. If the trained english major says– One of the biggest fundamental tenets of Mormonism is deification of normal people, right? Mormonism believes that we are gods in embryo and we are here to learn and have experience so we will be better in the afterlife, and growing and we’ll eventually– Joseph Smith taught “What Man is God once Was, and what God is Man may Become” maybe not “will be” but “may become” That’s what he said. And so if you look at my books there’s a whole bunch of deification going on, right? That’s like fundamental to the cosmere is “What do people do with the power of the gods when they’re given it?” And I would say that’s totally my upbringing that made me fascinated about that. Does that make sense?

    Questioner: Yeah, i never thought about that. Fantasy really lends itself to that.

    Brandon: Yes, it does. But I mean deification of a normal person is a very Christian tenet also, it’s just one person did it, and it was a person who was God before, but it is still part of that whole thing which is part of why I think Christianity and Fantasy ended up kind of hand in hand.

    En soi, ce n’est pas un problème. L’idée que toute la fantasy à base d’élu & de prophétie est en fait une fanfic plus ou moins déguisée de la religion chrétienne existe depuis longtemps ; là Sanderson ne fait qu’adapter ça à sa sauce. Et c’est même intéressant à savoir. Mais quelque part, ça atténue un peu l’idée qu’il est particulièrement imaginatif: sa grosse idée, celle qui (semble t-il, je n’ai pas encore lu assez de livres de lui pour être catégorique) sous-tend sa cosmogonie principale, n’est pas de lui, elle est directement tirée de sa religion.

    Le second article, celui d’Esquire, a en revanche un angle clair: le Sanderson-buisnessman, l’empire éditorial que Sanderson est en train de construire, l’entreprise qu’il a du mettre en place pour que cela marche, et les objectifs qu’il a en faisant cela. A ce titre, c’est très intéressant. Au final, j’ai l’impression que Sanderson a réussi, grâce à une conjonction de facteurs personnels (son personal branding permament et sa productivité monstrueuse) et de facteurs extérieurs (montée en puissance de l’autoédition & du crowfunding), à faire ce que d’autres avaient tenté mais raté. Je me souviens vaguement d’une tentative de Stephen King, aux débuts d’Internet, qui avait voulu s’affranchir des éditeurs, et qui avait fait un gros flop, les « outils internet » en question n’étant alors pas suffisants.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #189816
    Pandémie
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    Ca pose quand même aussi le manque de cadre, de transparence et d’éthique de la pratique. Sanderson est déjà multimillionnaire et n’a pas besoin de 40 millions pour s’autoéditer. De plus, on ne sait pas quelle part de cet argent est reversée comme « dîme » aux Mormons. Enfin, faire payer des centaines de dollars pour des cérémonies, des bouquins et des statuettes en plastique made in China dans une structure pratiquement le népotisme, ca ne passerait pas si c’était un gourou. Mais là, comme c’est un écrivain de fantasy et des fans… J’hésitais à acheter un autre de ces livres pour lui laisser une chance mais là, je ne suis vraiment pas sûr d’avoir envie que mon argent serve à je ne sais pas quel investissement.

    #189819
    Yoda Bor
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    Sanderson ne s’est jamais caché qu’il était Mormon il me semble. En tout cas, pour un auteur que je connais très peu et dont j’ai lu à peine 3 livres, c’est quelque chose que je savais et qui se voit particulièrement dans son oeuvre.

    Arys du Rouvre 💜

    #189856
    DNDM
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    Son rapport à l’écriture, quasi pathologique, avec cet étrange mix de graphomanie et d’insensitivité physique et émotionnelle (première fois que je lis ça à son sujet).

    Tiens, du coup Brandon Sanderson a développé cela dans une note de blog publiée ce matin.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #192874
    Fitz
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    J’ai lu Yumi and the Nightmare Painter de Brandon Sanderson.

     

    Cette histoire parle de Yumi, une jeune femme qui est une Yoki-Hojo (une sorte de chaman), celle qui appelle les esprits. Elle vit dans un monde au sol brûlant et où les arbres flottent dans les airs.

    De l’autre côté il y a Nikaro. Dans un monde perpétuellement plongé dans les ténèbres (à part quelques lignes énergétiques) et entouré par un brouillard impénétrable, il exerce la profession de « peintre de cauchemar »(Nightmare Painter). Dans son monde, les cauchemars ont pris vie et s’aventurent régulièrement depuis le brouillard afin d’essayer de se nourrir de l’âme des gens. Nikaro sait utiliser la peinture pour les repousser.

    Un jour, Yumi et Nikaro vont se retrouver liés d’une manière très étrange.

    J’ai beaucoup aimé ce livre, qui est vraiment centré sur les personnages de Yumi et Nikaro leurs interactions, ainsi que sur l’art et les différentes formes par lequel il peut être perçu par différentes personnes, l’histoire (bien qu’intéressante) passant finalement au second plan. Même si je ne suis pas un esprit très créatif, en tant qu’amateur et consommateur d’art, j’ai apprécié que ce livre m’ait un peu fait réfléchir sur mon rapport à l’art et aux bonnes histoires, un thème que je retrouve peu en général dans mes lectures.

    #193553
    Jon
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    Du coup je rattrape petit à petit les nouveaux Sanderson, j’ai lu Tress et j’ai beaucoup aimé 🙂
    C’est marrant, j’ai vu plus haut que Yoda disait qu’elle l’avait lu sans rien connaître au Cosmere, tant mieux que ça n’ait pas gêné, mais c’est quand même son livre le plus « Cosmere-aware » et le plus relié à d’autres j’ai trouvé ^^ (Et j’ai trouvé ça très amusant à lire du coup 🙂 )
    J’ai trouvé que c’était assez original aussi par l’aspect très « conte », en plus de l’univers « pirates », c’était très sympa à lire, même si j’ai regretté qu’on ne détaille pas plus les différentes mers et les différentes spores ^^

    #195480
    Fitz
    • Patrouilleur Expérimenté
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    J’ai lu The Sunlit Man.

    Dans ce livre, nous retrouvons un homme qui se surnomme Nomad (et qui accessoirement est actuellement un personnage secondaire des archives de Roshar, même si ce livre se déroule longtemps après les Archives et qu’il apparaît sous son vrai nom dans cette série). Nomad donc, passe de planète en planète dans le Cosmere, toujours en mouvement, toujours poursuivi par la Night Brigade, un groupe de mercenaires interplanétaires qui en veulent à sa vie et surtout à son âme.

    Cette fois, il se retrouve sur une minuscule planète baignée par un soleil mortel, au point que ses habitants sont sans cesse en mouvement, cherchant toujours à devancer le soleil. Comme dans beaucoup d’histoire, un tyran à émergé sur cette planète, le Cinder King, qui peut transformer ses concitoyens en « Charred », des sortes d’esclaves auquel il a brûlé le cœur (littéralement) et qu’il contrôle apparemment la pensée. Nomad, en quête d’une source d’énergie suffisamment puissante pour changer de planète et échapper encore et toujours à la Night Brigade, va il pouvoir sauver ces gens du Cinder King ? Plus important, va il le vouloir ? Des décennies de fuite constantes ont fait de lui l’ombre de l’homme qu’il était, le poussant à fuir des situations semblables plus souvent qu’à son tour.

    Ce fut une très bonne lecture, j’aime beaucoup les personnages torturés et Nomad est un très bon exemple. Sinon, le concept d’une civilisation entière en perpétuel mouvement pour échapper à la mort est très intéressant et je ne l’avais pas encore lu ailleurs (même si ça doit sûrement exister), ça donne une vraie sensation d’urgence tout au long de sa lecture, j’ai vraiment senti le soleil mortel toujours présent sur les talons du lecteur que je suis.

    J’ajoute également que si il n’est pas nécessaire d’avoir lu les autres livres du Cosmere pour comprendre et apprécier ce livre, des références à pratiquement toutes les œuvres du Cosmere sont disséminées dans ce livre et les avoir lu précédemment augmentera probablement votre appréciation du bouquin.

    En particulier, je recommande d’avoir lu la nouvelle Shadows for Silence in the Forests of Hell ainsi que les archives de Roshar (en particulier la nouvelle qui fait suite au tome 4, Dawnshard).

    #201811
    Schrö-dinger
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    Je continue ma découverte / lecture du Cosmere et cette fois-ci j’ai lu Warbreaker ! L’histoire me semblait un peu banale au départ, une princesse envoyée en tant qu’épouse dans le royaume voisin auprès d’un Dieu-Roi mystérieux, sa sœur qui décide de partir la chercher / la sauver. Mais finalement je me suis fait surprendre à plein de niveaux, et le scénario a pris des directions que je n’attendais pas forcément. Les personnages m’ont également surpris, avec plus de complexité que je ne le pensais au départ. Comme d’habitude, le  système de magie est original et j’ai pris plaisir à le découvrir. Bref, encore une lecture bien sympa !

    Le Kraken à la plage (ah-ouh, cha cha cha)

    #202204
    Jon
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    J’ai lu à mon tour Yumi and the nightmare painter, et j’ai encore beaucoup aimé 🙂
    C’est rare de voir de la romance dans Sanderson, et ça se combine bien avec son écriture des personnages. C’est pas le livre du Cosmere le plus détaillé (même si on nous parle quand même d’une Shard, c’est l’avantage d’avoir Hoid en narrateur, + spéciale dédicace à Design <3 ), et comme je le suggère dans mon commentaire complet, j'ai trouvé que l'explication du shroud et des "mystères" de l'histoire était un peu compliquée, mais ça ne m'a pas fait bouder mon plaisir 🙂

    #209075
    FeyGirl
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    J’ai enfin lu un roman de Sanderson. OK, ce n’est « que » son premier roman, mais j’ai du mal à comprendre comment il a commencé son ascension dans le monde de la fantasy avec ça (pas taper ! pas taper !) Mon avis désappointé sur Elantris :

    Je lis — enfin — ce célèbre auteur prolifique de fantasy. J’ai profité d’une Lecture Commune pour découvrir son premier roman publié.

    Dans un monde imaginaire, Elandris était autrefois la plus belle cité du pays Arelon, celle où s’installaient ceux qui avaient été touchés par le « Shaod » (une transformation surnaturelle). Devenus hommes et femmes à la peau argentée et aux chevaux blancs, ils étaient capables de dessiner des aons dans l’air, à savoir des signes qui avaient une fonction magique.

    Mais dix ans avant le début du roman, le Reod s’est abattu : les Elantriens sont devenus pourrissants, ils ne « vivent » plus et ressemblent à des morts-vivants. La magie des aons elle-même a disparu. Si auparavant, n’importe quel habitant pouvait être touché par le Shaod, aujourd’hui c’est le Reod qui frappe au hasard. Les victimes sont confinées à Elantris, aujourd’hui une cité putréfiée où la vie est épouvantable.

    Un jour, la princesse Sarène arrive d’un royaume voisin pour épouser le prince héritier du pays, Raoden. À son arrivée, elle apprend que le prince vient de mourir. Ce qu’elle ignore, c’est qu’en réalité son fiancé Raoden a été touché par le Reod et il a été enfermé dans l’enfer d’Elantris. En parallèle, le gyorn Hrathen, grand prêtre de la religion Shu-Dereth, est envoyé à Arelon pour préparer la conversion — par tous les moyens — des habitants, sinon le pays sera envahi et converti par la force.

    Nous suivons alternativement les trois narrateurs : Raoden (le prince enfermé à Elantris), Sarène (la princesse, sa fiancée) et Hrathen (le grand prêtre).

    Tout d’abord, j’ai été surprise par le ton du roman : c’est beaucoup plus « jeunesse » ou « young adult » que ce que je pensais. Sarène est une « Mary Sue » (personnage féminin idéalisé, qui ne commet jamais d’erreurs), et aussi, dans une moindre mesure, le prince Roaden. Leur bienveillance confine parfois à la naïveté, alors qu’ils sont destinés à être des dirigeants d’Arelon. C’est aussi le cas d’une série de personnages secondaires qui les entourent. On a les gentils, on a les méchants.

    Le méchant en chef est censé être Hrathen, qui est missionné pour convertir Arelon, avant une potentielle invasion (la religion Shu-Dereth a son chef suprême Wulf qui est aussi le dirigeant de l’Empire voisin Fjordell : la politique et le religieux sont ici fusionnés, alors que les autres religions n’ont pas cet aspect politique). Mais Hrathen est plus intéressant que les autres protagonistes, car il est rationnel et secondé par Dilaf, un intégriste exalté et dangereux. À son contact, Hrathen se pose des questions sur sa propre mission et sur la religion. C’est clairement le personnage le plus nuancé, avec une profondeur et des hésitations dont sont dépourvus tous les autres.

    Mais l’ensemble du roman est parsemé de bons sentiments, et parfois, j’ai soupiré. Les héros sont tous bons et valeureux, portent en étendard de belles valeurs et ne font que de bonnes actions pour les meilleures raisons qui soient. Ouf. Et à part le grand prêtre Hrathen, les méchants sont affreusement méchants.

    Ensuite, si le roman commence bien, très rapidement il patine. La première moitié est loooooongue, quelqu’un aurait dû prendre une hache pour couper des passages entiers. Même s’il se passe des choses, la plume ne met rien en valeur. Quand c’est la première moitié d’un pavé de 800 pages (édition poche), eh beh, on doit s’accrocher pour ne pas abandonner.

    Heureusement, les rebondissements arrivent — enfin — et les chapitres raccourcissent pour se concentrer sur l’action. Mais là aussi, ça pêche parfois, et ça se termine avec quelques retournements magiques TGCM (Ta Gueule C’est Magique) pour sauver nos héros.

    D’autre part, le style est quelconque, les actions sont trop rapidement décrites (c’est dingue pour un tel pavé), et j’ai trouvé dommage d’avoir un univers imaginaire sans descriptions.

    Bref, une déception en ce qui me concerne. Peut-être parce que c’est son premier roman ? J’ai du mal à imaginer que Brandon Sanderson a pu avoir un tel succès avec des romans de ce genre.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 semaines et 4 jours par FeyGirl.
    #209080
    Fitz
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    J’ai enfin lu un roman de Sanderson. OK, ce n’est « que » son premier roman, mais j’ai du mal à comprendre comment il a commencé son ascension dans le monde de la fantasy avec ça (pas taper ! pas taper !) Mon avis désappointé sur Elantris : Je lis — enfin — ce célèbre auteur prolifique de fantasy. J’ai profité d’une Lecture Commune pour découvrir son premier roman publié. Dans un monde imaginaire, Elandris était autrefois la plus belle cité du pays Arelon, celle où s’installaient ceux qui avaient été touchés par le « Shaod » (une transformation surnaturelle). Devenus hommes et femmes à la peau argentée et aux chevaux blancs, ils étaient capables de dessiner des aons dans l’air, à savoir des signes qui avaient une fonction magique. Mais dix ans avant le début du roman, le Reod s’est abattu : les Elantriens sont devenus pourrissants, ils ne « vivent » plus et ressemblent à des morts-vivants. La magie des aons elle-même a disparu. Si auparavant, n’importe quel habitant pouvait être touché par le Shaod, aujourd’hui c’est le Reod qui frappe au hasard. Les victimes sont confinées à Elantris, aujourd’hui une cité putréfiée où la vie est épouvantable. Un jour, la princesse Sarène arrive d’un royaume voisin pour épouser le prince héritier du pays, Raoden. À son arrivée, elle apprend que le prince vient de mourir. Ce qu’elle ignore, c’est qu’en réalité son fiancé Raoden a été touché par le Reod et il a été enfermé dans l’enfer d’Elantris. En parallèle, le gyorn Hrathen, grand prêtre de la religion Shu-Dereth, est envoyé à Arelon pour préparer la conversion — par tous les moyens — des habitants, sinon le pays sera envahi et converti par la force. Nous suivons alternativement les trois narrateurs : Raoden (le prince enfermé à Elantris), Sarène (la princesse, sa fiancée) et Hrathen (le grand prêtre). Tout d’abord, j’ai été surprise par le ton du roman : c’est beaucoup plus « jeunesse » ou « young adult » que ce que je pensais. Sarène est une « Mary Sue » (personnage féminin idéalisé, qui ne commet jamais d’erreurs), et aussi, dans une moindre mesure, le prince Roaden. Leur bienveillance confine parfois à la naïveté, alors qu’ils sont destinés à être des dirigeants d’Arelon. C’est aussi le cas d’une série de personnages secondaires qui les entourent. On a les gentils, on a les méchants. Le méchant en chef est censé être Hrathen, qui est missionné pour convertir Arelon, avant une potentielle invasion (la religion Shu-Dereth a son chef suprême Wulf qui est aussi le dirigeant de l’Empire voisin Fjordell : la politique et le religieux sont ici fusionnés, alors que les autres religions n’ont pas cet aspect politique). Mais Hrathen est plus intéressant que les autres protagonistes, car il est rationnel et secondé par Dilaf, un intégriste exalté et dangereux. À son contact, Hrathen se pose des questions sur sa propre mission et sur la religion. C’est clairement le personnage le plus nuancé, avec une profondeur et des hésitations dont sont dépourvus tous les autres. Mais l’ensemble du roman est parsemé de bons sentiments, et parfois, j’ai soupiré. Les héros sont tous bons et valeureux, portent en étendard de belles valeurs et ne font que de bonnes actions pour les meilleures raisons qui soient. Ouf. Et à part le grand prêtre Hrathen, les méchants sont affreusement méchants. Ensuite, si le roman commence bien, très rapidement il patine. La première moitié est loooooongue, quelqu’un aurait dû prendre une hache pour couper des passages entiers. Même s’il se passe des choses, la plume ne met rien en valeur. Quand c’est la première moitié d’un pavé de 800 pages (édition poche), eh beh, on doit s’accrocher pour ne pas abandonner. Heureusement, les rebondissements arrivent — enfin — et les chapitres raccourcissent pour se concentrer sur l’action. Mais là aussi, ça pêche parfois, et ça se termine avec quelques retournements magiques TGCM (Ta Gueule C’est Magique) pour sauver nos héros. D’autre part, le style est quelconque, les actions sont trop rapidement décrites (c’est dingue pour un tel pavé), et j’ai trouvé dommage d’avoir un univers imaginaire sans descriptions. Bref, une déception en ce qui me concerne. Peut-être parce que c’est son premier roman ? J’ai du mal à imaginer que Brandon Sanderson a pu avoir un tel succès avec des romans de ce genre.

    Même si je suis un peu plus positif que toi concernant Elantris, cela reste effectivement pour moi un des plus faibles romans que j’aie lu de Brandon Sanderson. (Il n’y a que les BD de White Sand et le Manuel de survie du sorcier frugal dans l’Angleterre médiévale que j’aie moins apprécié). Je rejoins globalement ton avis dessus, et je pense que si j’avais commencé Brandon Sanderson par Elantris et pas par Fils-des-Brumes, je n’aurais sans doute pas continué.

    En ce qui concerne la publication d’Elantris, il faut savoir que si ce n’est techniquement pas son premier roman, mais le premier roman qu’il a réussi à faire publier par une maison d’édition (en 2005), il me semble que son succès a été assez mineur à l’époque. Le premier vrai succès de Brandon Sanderson est venu en 2006 (puis 2007 et 2008) avec la trilogie Fils-des-Brumes. Le style reste assez quelconque (mais de manière plus intentionnelle cette fois, histoire de rendre ses histoires accessibles), mais tout le reste (intrigue, personnages, concepts, univers), se sont à mon opinion grandement améliorés. Le succès de Fils-des-Brumes attire l’attention de la veuve de Robert Jordan, qui, séduite par la trilogie, lui demande de terminer la Roue du Temps. Il accepte et réussit à conclure la saga de manière apparemment assez satisfaisante  (en se basant en partie sur les notes de Jordan). Par ricochet, cela attire l’attention sur ses propres oeuvres, principalement sur Fils-des-Brumes et sur le tome 1 de son Magnum Opus, Les Archives de Roshar, dont le tome 1 vient de sortir. Dans les années à venir, il enchaine les succès commerciaux, bien aidé par une très bonne communication, et ses talents d’auteurs continuent à s’affiner. Tout cela, couplé à une productivité presque sans égale (32 romans, 27 nouvelles et 4 BD entre 2005 et 2024), lui a donné à mon avis le succès et la renommée qu’il possède aujourd’hui dans le paysage de la Fantasy anglo-saxonne.

    #209082
    DNDM
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    Pas lu celui-là, mais il me semble que beaucoup de gens considèrent qu’il est très long à démarrer et loin d’être marquant. C’est plutôt à partir de Fils-des-Brumes qu’il se fait remarquer. Notamment pour ses systèmes de magies et ses « sandervalanche » (une escalade dans la tension vers la fin du bouquin). Par contre question style, ne t’attends pas à ce que ca change…

    Hrathen est plus intéressant que les autres protagonistes, car il est rationnel et secondé par Dilaf, un intégriste exalté et dangereux. À son contact, Hrathen se pose des questions sur sa propre mission et sur la religion. C’est clairement le personnage le plus nuancé, avec une profondeur et des hésitations dont sont dépourvus tous les autres.

    Ca c’est une constante chez Sanderson de ce que j’ai vu: il peut etre très simpliste sur un tas de sujets qu’il ne maîtrise pas (politique, économie…) mais sur les questions de religion et de foi il peut être passionnant et nuancé de façon étonnante. Parfois (souvent?) le sujet prend trop de place. Mais au moins il le traite plutôt bien.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #209083
    Yunyuns
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    ses « sandervalanche » (une escalade dans la tension vers la fin du bouquin)

    Ahah, merci pour ce terme que je ne connaissais pas. Ça décrit à la perfection sa façon de construire ses romans (du moins ceux que j’ai lu). Le rythme est souvent très pépère, il ne se passe pas grand chose, puis lorsqu’on franchit le palier des dix derniers pourcents du livre, ça part en cacahuète total.

    En tout cas c’est exactement ça dans Warbreaker ainsi que dans chaque tome des Archives de Roshar, et c’est encore le cas dans Fils des Brumes que je viens de finir.

    Fan n°1 de Victarion Greyjoy, futur Roi des Sept Couronnes.

    "Yunyuns le pourfendeur de Tolkien."

    #209085
    DNDM
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    Le terme consacré c’est « Sanderlanche » en fait, pardon. ^^
    Vous trouverez pas mal de discussions sur le sujet si vous tapez ce mot-clé dans google (et plein de spoilers aussi, évidemment).

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #209089
    FeyGirl
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    @fitz  @dndm  ha ha ha, promis, un jour j’essayerai un autre de ses romans ^^

    #209093
    DNDM
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    Evite peut-être Warbreaker, que j’ai trouvé bof. Fils-des-brumes est plus convaincant.
    Ou alors ses nouvelles, déjà. Celle dans Dangerous Women est très bien je trouve.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #209273
    JN
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    Alors il y a clairement de ça, l’article transpire le mépris du type branché de LA envers le plouc de l’Utah. Cependant, ce n’est pas un texte putaclic lambda pondu par un stagiaire grâce à chatGPT. Il y a un vrai travail de journalisme et d’enquête. Qui aboutit sur un long texte mal foutu pour plaire au public, ce qui est assez paradoxal quand c’est un des principaux reproches faits à Sanderson. Cependant, l’article pose quand même des questions qui interpellent. La première, c’est la relation de Sanderson envers l’église mormonne et comment ses « valeurs » transpirent dans ses textes. La seconde, c’est la relation particulièrement mercantile avec ses fans: convention à sa gloire et son profit, merchandising à outrance et Kickstarter à 40 millions de $ pour « s’autoéditer ». Ce n’est pas pour autant le Ron Hubbard de la fantasy mais on est clairement au-delà de l’enthousiasme un peu débordant entre un artiste et ses fans.

    Finalement, il y a son écriture, qui est plus une addiction qu’autre chose. Se lever à 1h, écrire toute la journée, s’abrutir de jeux vidéos et de somnifères pour faire taire son imagination. Ne pas aimer se relire et pondre deux romans par an…

    Bref, l’article est vraiment moisi, mais je comprends un peu mieux pourquoi je n’ai pas accroché à cet auteur.

    J’arrive un peu après la bataille mais je dois avouer que peu de ces choses reprochées à Sanderson me choquent réellement. La convention autour d’un auteur ou créateur de contenu vivant, c’est super commun aux States. De même que les Kickstarter même si évidemment on peut remettre la pratique en question. Quant à l’insertion de ses valeurs religieuses dans ses livres, on est plus proche de Tolkien que de C.S. Lewis, et il arbore aussi suffisamment de valeurs progressistes pour que beaucoup se demandent comment il peut bien être Mormon (ou quelque soit sa dénomination exacte).

    J’imagine que son Église n’en tient pas rigueur car, et c’est là le vrai seul point où je pense qu’il y a une critique solide à faire, il me semble que c’est un très gros donateur de son Église? Une Église qui n’es clairement pas aussi progressiste que lui. Je me souviens avoir lu quelque part que, lui nous semble comme étant le Mormon de service, mais qu’au sein de sa communauté religieuse il est plutôt vu comme un weirdo du fait de ses opinions politiques plutôt libérales/progressistes et de ses goûts en matière de fiction (fantasy, sf, horreur). Je ne m’inquiète pas trop de ce qu’il met dans ses bouquins. Où va son argent en revanche c’est bien plus sujet à débat et quelque peu décevant de sa part. Je peux comprendre l’envie de ne pas acheter ses livres en neuf pour ça.

    « Edmond Dantès. Nice name. It’d look great in print, you know? Although ‘Le Comte de Monte-Cristo’ would make a better title for a novel. » - Dumas, Fate/strange fake

    #209276
    Lapin rouge
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    Où va son argent en revanche c’est bien plus sujet à débat et quelque peu décevant de sa part. Je peux comprendre l’envie de ne pas acheter ses livres en neuf pour ça.

    Je n’ai rien lu de Sanderson, mais je réagis sur ce passage : en quoi ce que fait un auteur de son argent doit-il rentrer en compte dans le fait d’acheter ou non ses livres ? Hors de cas extrêmes (l’auteur qui financerait des actions très problématiques, et je laisse chacun mettre ce qu’il veut sous cette expression), je ne vois pas trop en quoi cela regarde le lecteur. Cela rejoint l’éternel débat sur la distinction entre l’auteur et l’œuvre. Je suis très content que GRRM consacre une partie de ses revenus à des actions philanthropiques, mais s’il se gardait tout pour lui, j’achèterais quand même ses bouquins. Donc que Sanderson finance l’église mormone avec ses droits d’auteur, c’est son choix, et j’estime que ça ne me regarde pas, quoi que je pense de cette religion par ailleurs.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #209279
    JN
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    Je n’ai rien lu de Sanderson, mais je réagis sur ce passage : en quoi ce que fait un auteur de son argent doit-il rentrer en compte dans le fait d’acheter ou non ses livres ? Hors de cas extrêmes (l’auteur qui financerait des actions très problématiques, et je laisse chacun mettre ce qu’il veut sous cette expression), je ne vois pas trop en quoi cela regarde le lecteur. Cela rejoint l’éternel débat sur la distinction entre l’auteur et l’œuvre. Je suis très content que GRRM consacre une partie de ses revenus à des actions philanthropiques, mais s’il se gardait tout pour lui, j’achèterais quand même ses bouquins. Donc que Sanderson finance l’église mormone avec ses droits d’auteur, c’est son choix, et j’estime que ça ne me regarde pas, quoi que je pense de cette religion par ailleurs.

    Oui?

    Un lien logique: si tu n’a pas envie de donner de l’argent à l’église Mormonne de façon indirecte, et que tu sais que l’auteur que tu paies indirectement, tu vas peut-être préférer ne pas acheter pas son livre. ça se comprend, fin de l’histoire. ça ne te gêne pas mais ça peut en gêner d’autres. Chacun ses sensibilités et préférences de consommation.

    Il n’y a pas de jugement de ma part envers les gens qui achètent du Sanderson. J’ai acheté ses livres lol. J’exprimais le fait qu’il me semble compréhensible qu’on ne veuille pas le soutenir financièrement si on n’apprécie pas ce qu’il finance. Où est le mal dans ça? Le consommateur a le droit d’acheter ou non selon s’il est confortable avec la destination de son argent. Certains considéreraient justement cette église comme une organisation faisant la promotion de valeurs discutables/ »problématiques », quand bien même Sanderson ne les partagerait pas lui-même. L’église Mormonne, comme toute église (mais surtout celle-ci), ce n’est pas juste une religion, c’est aussi une institution politique, idéologique. ça ne va pas convenir à tout le monde de savoir que leur argent finit là-dedans. Qu’il y ait des débats idéologiques autour de ça (pas ici, c’est pas le lieu, je veux dire en principe), pourquoi pas.

    La position exprimée par Pandémie me semblait légitime, celle de ne pas avoir envie que son argent « serve à je ne sais pas quel investissement. », je voulais juste l’exprimer malgré ma défense de l’auteur (que j’apprécie). Je ne comprends pas en quoi ça te gêne si des gens choisissent de ne pas lire cet auteur car ils n’apprécient pas ce qu’il fait de son argent. C’est leur choix, il est compréhensible, même si tu ne fonctionnes pas ainsi. Je n’ai pas dit que cela « DOIT » rentrer en compte, juste que cela peux, et je le comprends. Ton post me rend donc perplexe, je ne vois pas où est le souci.

    « Edmond Dantès. Nice name. It’d look great in print, you know? Although ‘Le Comte de Monte-Cristo’ would make a better title for a novel. » - Dumas, Fate/strange fake

    #209286
    Lapin rouge
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    Chacun achète ou non les livres de qui bon lui semble pour toutes sortes de raisons. J’ai exprimé mon propre avis à ce sujet, mais je ne voulais pas critiquer ta position ni celle de Pandémie. Que tu n’achètes pas les livres de Sanderson parce que tu désapprouves ce qu’il fait de son argent, c’est ton droit le plus strict. J’ai juste voulu exprimer que ce n’était pas ma position.

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