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- Ce sujet contient 8 réponses, 7 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Odeon, le il y a 4 années et 5 mois.
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7 mai 2020 à 10 h 19 min #134204Ezor
- Pisteur de Géants
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Deuxième intervention du troisième jour du colloque « Game of Thrones » des Imaginales, dont la thématique générale était : « Game of Thrones : influence et postérité »
« Fin de règnes ? L’après Game of Thrones, pour HBO et pour la Fantasy » par Yann Boudier
Introduction
Yann Boudier commence par définir le concept d’appropriation : il s’agit pour un dominant de se saisir d’un objet culturel appartenant à l’origine à un dominé et d’en tirer un profit, généralement plus élevé, que celui qu’en a tiré le dominé. Il l’illustre en rappelant que si les livres de Martin ont connu un certain succès, il s’agissait d’un succès de niche, qui a généré un profit modeste pour son auteur. En adaptant sa saga, HBO l’a fait sortir du domaine de la sous-culture et l’a adressé à un public plus large, ayant pour conséquence de décupler les profits générés par cette œuvre et d’élargir son public. Game of Thrones a donc permis à la culture populaire de s’approprier la saga Le Trône de Fer.
Objectif de cette communication : construire des exemples pour montrer des figures qui témoignent des évolutions qu’ont pu connaître la télévision et les genres marginaux au fil du temps.
A-A Clash of Kings
David Simon (the Wire, Treme, The Plot against America…) et George R.R. Martin sont deux auteurs qui partagent un certain nombre de caractéristiques, dont un engagement politique assez fort. Ils ont tous les deux cette volonté d’utiliser la fiction pour soutenir un propos politique (Simon habite Baltimore, une ville violente ; Martin a été objecteur de conscience pendant la guerre). Ils écrivent tous les deux en réaction à ce qui s’est fait avant eux, pour écrire quelque chose de neuf, s’éloignant des codes traditionnels. Cette volonté se manifeste par exemple chez David Simon dans la représentation des corps : celui-ci montre à la télévision (notamment sur HBO) des corps pas particulièrement séduisants, alors que le cinéma hollywoodien a plutôt tendance à présenter un idéal de corps parfait. Entre ces deux tendances, la série Game of Thrones préfère renouer avec la tradition hollywoodienne (on se souviendra des scènes de nus ou des scènes d’abdos de Kit Harington, Khal Drogo). Des œuvres qui se sont construites dans l’idée de montrer des corps différents se retrouvent à mettre en avant des corps standardisés. Il y a donc non pas une synthèse du style HBO et du style de George R.R Martin, mais plutôt une juxtaposition : on prend des éléments de la “quality TV” et des éléments qui vont, on l’espère, fonctionner chez Martin, que l’on met côte à côte pour essayer de jouer sur les deux tableaux et de plaire au plus grand nombre au risque de briser la cohérence interne de l’univers. On se retrouve donc dans une même scène avec des sauvageons secondaires sales, boueux, pas spécialement beaux (Orell, Tormund) et des personnages principaux bien propres et séduisants (Jon Snow, Ygritte). L’angle de la caméra accentue d’autant plus ce fossé en cadrant les personnages secondaires de loin et les personnages principaux en gros plan.
Yann Boudier avance que nous sommes actuellement dans un entre-deux, ou il y a une évidence du succès de ces littératures mettant en avant un réalisme boueux, mais pas encore une reconnaissance à part entière. La reconnaissance dont jouit la fantasy à l’heure actuelle est donc essentiellement marchande d’après lui, et se traduit surtout par le succès commercial auprès du grand public des adaptations populaires de certains mondes de l’imaginaire.
Selon Yann Boudier, le moment est particulier pour les fans de fantasy : ceux-ci ont l’impression d’appartenir à une culture encore marginale, qui a besoin de créer des espaces de niches pour exister, pour discuter de leurs passions ; mais dans le même temps, des séries à grands succès comme Game of Thrones au moment de sa diffusion, créent une discussion immédiate qui s’impose partout et des injonctions à regarder les épisodes au plus vite pour éviter les spoilers, pouvoir rejoindre la conversation, et donc augmenter (ou ne pas déprécier) son capital social. Des œuvres comme le Trône de Fer, autrefois apanage d’une sous-culture, d’un public à la marge, se retrouvent à appartenir brutalement au grand public, qui investit les espaces de discussion des fans : tout le monde a un avis, tout le monde peut le donner, ce qui peut donner le sentiment que l’appropriation de cet univers par le grand public entraîne une expropriation pour le public de niche.
De même, la figure du héros mise en avant aujourd’hui évolue, et elle est symptomatique de l’instant plus que de l’évolution du genre. Yann Boudier oppose ainsi la figure de Frodon au Sorceleur : l’un est un simple hobbit, l’autre est un mage-guerrier-mutant. L’un sauve le monde, l’autre (sur certains supports de son histoire, ici le 3e opus de la saga en jeux vidéo) ne cherche qu’à prendre une retraite paisible. Si le premier symbolise donc la figure de la lutte et l’idée que même un petit homme sans pouvoir particulier peut sauver le monde, l’autre offre au contraire une image désabusée où même un personnage d’une grande puissance renonce à influencer le monde et le destin des gens.
Une autre figure classique de la fantasy connaît des distinctions notables : le dragon. Il représente le merveilleux sauvage, magique. Symbole de liberté et de pouvoir dans les classiques, il passe à un idéal de domestication et de soumission dans la culture populaire (Krokmou dans How to train your Dragon).
À travers les images proposées par la pop-culture, Yann Boudier théorise que certaines adaptations (comme Game of Thrones) se refusent à prendre des risques et retirent en conséquence les éléments de leurs univers d’origine qui pourraient ne pas plaire.
Le discours diégétique de la fiction du moment rejoint la fictionnalisation du réel : l’idée qu’il “n’y a pas d’alternative” s’impose dans les fictions. Or le fait même d’avoir des œuvres qui permettent de penser d’autres réels, d’autres possibles, est déjà une forme de résistance qu’il faut défendre à tout prix.
B-A Storm of Streaming
Le succès phénoménal de GoT s’explique d’abord par le moment où la série apparaît. La concurrence des plateformes de VoD n’étant pas lors de sa sortie en 2011 ce qu’elle est aujourd’hui, la place médiatique était disponible.
Au contraire, les Hulu, Disney+ ou autre Amazon Prime semblent désormais toutes vouloir mettre en avant leurs séries de fiction, souvent basées sur les mêmes dominantes de noirceur et cynisme qui pourraient à terme lasser les spectateurs.
Yann Boudier met également en avant que la multiplicité des plateformes risque de relancer le téléchargement illégal qui avait décliné ces dernières années, et donc engendrer une baisse de moyens pour les productions de l’imaginaire.
Il dénonce enfin l’appropriation du contenu par les dirigeants de ces chaînes à la recherche d’un profit toujours plus grand, appâtés par le succès de GoT. En faisant cela, ils imposent leurs modèles au détriment de l’originalité de la création.
Des exemples existent cependant pour éviter l’écueil de la répétition avec notamment Mrs Maisel qui utilise des éléments de comédie musicale ou Harmon Quest avec le jeu de rôle.
Conclusion
Finalement, ce qui compte dans la défense des genres dit mineurs est moins de réussir à les faire atteindre des sommets que de permettre à celles des œuvres qui n’ont pas encore rencontré de succès d’avoir leur chance.
Même si la tâche paraît ardue, il faut « imaginer Sisyphe heureux », c’est-à-dire que le chemin qui mène à ce but importe, quand bien même le résultat n’est pas assuré. Pour conclure, Yann Boudier cite un célèbre barbu à chapeau pointu affirmant que « même la plus petite personne peut changer le cours de l’histoire ».
Après un Master de Littérature Comparée (sous la direction de F. Lecercle, Paris 4) interrogeant le lien entre genre et légitimité dans le cas Game of Thrones, Yann Boudier est actuellement en thèse et travaille sur la plus large question de l’appropriation systémique des cultures marginales, et sur le rôle que l’adaptation peut avoir à jouer dans ce processus.
- Ce sujet a été modifié le il y a 4 années et 5 mois par Lapin rouge.
7 mai 2020 à 11 h 25 min #134217Eridan- Vervoyant
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J’ai bien aimé cette intervention. Je ne suis pas fondamentalement convaincu par la démonstration en elle-même, mais les portes ouvertes par sa réflexion sont intéressantes. Il y a des points où je ne suis vraiment pas d’accord :
Une autre figure classique de la fantasy connaît des distinctions notables : le dragon. Il représente le merveilleux sauvage, magique. Symbole de liberté et de pouvoir dans les classiques, il passe à un idéal de domestication et de soumission dans la culture populaire (Krokmou dans How to train your Dragon).
Yann Boudier a reconnu ne pas avoir vu dragon, et ça s’est ressenti dans son analyse ^^ Krokmou a été pensé pour ressembler à un chat, donc pour plaire au grand public, c’est entendu … Sorti de la considération physique, quelle différence fondamental y’a-t-il entre lui et les dragons Targaryen ? Réponse simple : il n’y en a pas. Dans les deux univers dont on parle, les dragons sont domestiqués (par les Vickings ou par les Targaryen), ils servent à leurs dragonniers à la fois d’armes et de monture leur permettant de s’évader … Et jusqu’à la fin des films ou de la série, qui semblent se répondre
Spoiler:Harrold libère Korkmou et le laisse retourner à l’état sauvage, même s’il reste des sentiments d’affection entre eux. Ce n’est donc pas un idéal de la domestication et de la soumission comme Y.Boudier a pu le dire. De la même manière, après la mort de Daenerys, le dernier dragon vivant, Drogo, retourne à l’état sauvage.On pourrait pinailler sur beaucoup d’autres arguments dans cette démonstration. ^^ N’empêche, sa communication est révélatrice de pleins de choses intéressantes sur les adaptations en général : la représentation des personnages, de l’univers ou même de l’idéologie d’une œuvre se retrouvent subordonnés à des considérations commerciales ( On se souviendra de certaines déclarations, entre le cynisme et la désinvolture, nous disant que « tant que les gens regardent, c’est bien la preuve que c’est de la qualité. » )
A ma petite échelle, je ne pense pas que la diffusion auprès du grand public soit mauvaise par nature. Même l’appropriation au sens où l’a défini Yann Boudier peut (peut-être ?) avoir des conséquences positives sur les conceptions et les représentations au sein du grand public. Maintenant, ce que je redoute comme lui, ce sont ces adaptations qui en voulant s’ouvrir à tout le monde, y perdent « leur âme » , leur spécificité, l’idéologie de leur auteur originelle, et ne font finalement que se fondre dans une vague tendance d’engouements éphémères, pour être aussitôt oubliés.
"Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"
7 mai 2020 à 11 h 46 min #134219Nymphadora- Vervoyant
- Posts : 8371
Entre ces deux tendances, la série Game of Thrones préfère renouer avec la tradition hollywoodienne (on se souviendra des scènes de nues ou des scènes d’abdos de Kit Harington, Khal Drogo). Des oeuvres qui se sont construites dans l’idée de montrer des corps différents se retrouvent à mettre en avant des corps standardisés. Il y a donc non pas une synthèse du style HBO et du style de George R.R Martin, mais plutôt une juxtaposition : on prend des éléments de la “quality TV” et des éléments qui vont, on l’espère, fonctionner chez Martin, que l’on met côte à côte pour essayer de jouer sur les deux tableaux et de plaire au plus grand nombre au risque de briser la cohérence interne de l’univers.
J’avoue ne pas trop comprendre le propos ici. Ceux qui étaient présent me corrigeront. J’ai l’impression qu’ici, la thèse de Yann Boudier était de dire que Martin, avec son réalisme sombre et violent, allait dans la même veine que Simon, et que GOT y a juxtaposé un filtre hollywoodien, en mettant en scène, pour schématiser, des beaux gosses et belles gosses ? J’avoue que je trouve l’exemple assez mal choisi si c’est le propos, car, pour le coup, le physique des personnages de Martin est dans l’ensemble hyper hollywoodien… Daenerys, Robb, Jon, Cersei, Jaime, Arianne et beaucoup d’autres ont des physiques d’acteurs déjà dans les descriptions livresques. Il sont beaux, grands, musclés, avec peu de défauts physiques. Il n’ont pas un physique passe-partout banal. Rien que niveau couleurs de cheveux, chez Martin, tu croise pas des gens aux cheveux châtains filasses, tu as des blonds clairs, des auburn, des rousses au teint de lait. Le pire c’est évidemment les Targaryen. Alors certes, certains personnages ont été glamourisés par la série (genre Ygrid et ses dents tordues, ou Tyrion qui est nettement plus agréable pour les yeux que sa description livresque…) mais dans l’ensemble, de base, les personnage de la saga sont plutôt glamour.
(Après c’est un truc assez commun chez les écrivains j’ai l’impression… les héros de romans sont rarement moches et gros xD)~~ Always ~~
7 mai 2020 à 12 h 20 min #134223Eridan- Vervoyant
- Posts : 6316
Comme tu le dis toi-même, je pense qu’il évoque des personnages qui ont été glamourisés, sexualisés même, alors que ce n’est pas aussi poussé dans les livres. Jon n’est certes pas présenté comme laid dans les livres, ce n’est pas non-plus une bombe : c’est juste un ado, jeune-adulte, pas encore parfaitement body-buildé (alors que les abdos de Kit Harrington sont mis en avant dès le premier épisode de la première saison). Pareil pour Robb. Il n’est pas laid, mais quand même trapu, jeune et roux, ce qui s’éloigne un peu de la vision de dieu romain proposé avec Richard Madden. 😉 On a aussi les personnages de Drogo et Daario, qui ont été énormément « standardisé » par rapport au côté exotique qu’il pouvait avoir dans les livres.
Je trouve pour le coup que le propos de Yann Boudier est essentiellement valable pour des personnages comme Ygrid (un peu Osha, aussi). Dans le livre, elle a quelques « défauts » physiques : (wiki) « De petite taille, elle a le visage rond, les yeux gris-bleu et écartés, le nez camus, les dents blanches mais un peu de travers et crochues, les mains menues et les jambes arquées. Elle a une voix rauque et un sourire chaleureux. » alors qu’en comparaison, Rose Leslie est une gravure de mode. Pareil pour un personnage comme Missandei, enfant de 10 ans avec un visage rond et plat, là où Nathalie Emmanuel est une femme mâture, qui pourrait faire du mannequinat.On retrouve aussi ce lissage à travers le fait qu’Arya est devenu un personnage beaucoup plus fun et comique avec l’interprétation de Maisie Williams que ce qu’elle est dans les livres, il me semble.
"Si l'enfer est éternel, le paradis est un leurre !"
7 mai 2020 à 12 h 27 min #134224Liloo75- Fléau des Autres
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Ceux qui étaient présent me corrigeront. J’ai l’impression qu’ici, la thèse de Yann Boudier était de dire que Martin, avec son réalisme sombre et violent, allait dans la même veine que Simon, et que GOT y a juxtaposé un filtre hollywoodien, en mettant en scène, pour schématiser, des beaux gosses et belles gosses ? J’avoue que je trouve l’exemple assez mal choisi si c’est le propos, car, pour le coup, le physique des personnages de Martin est dans l’ensemble hyper hollywoodien… Daenerys, Robb, Jon, Cersei, Jaime, Arianne et beaucoup d’autres ont des physiques d’acteurs déjà dans les descriptions livresques. Il sont beaux, grands, musclés, avec peu de défauts physiques. Il n’ont pas un physique passe-partout banal. Rien que niveau couleurs de cheveux, chez Martin, tu croise pas des gens aux cheveux châtains filasses, tu as des blonds clairs, des auburn, des rousses au teint de lait. Le pire c’est évidemment les Targaryen. Alors certes, certains personnages ont été glamourisés par la série (genre Ygrid et ses dents tordues, ou Tyrion qui est nettement plus agréable pour les yeux que sa description livresque…) mais dans l’ensemble, de base, les personnage de la saga sont plutôt glamour. (Après c’est un truc assez commun chez les écrivains j’ai l’impression… les héros de romans sont rarement moches et gros xD)
Je te rejoins Nymphadora sur l’idée que les personnages des romans sont déjà beaux. En dehors d’Ygrid pour qui l’actrice est beaucoup plus « glamour » que son double des romans, les principaux personnages sont plutôt dans le standard hollywoodien.
Toutefois, je trouve que certains acteurs ne collent pas vraiment avec la description des personnages dans les romans. Jon par exemple nous est décrit comme mince et félin. Il n’a pas la carrure de gladiateur de Kit Harrington. De même pour Daenerys. Dans les romans je la perçois plus grande et plus mince que l’actrice qui a été choisie (très belle, avec des atouts féminins certains, mais plus petite que le personnage de roman).
- Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 6 mois par Liloo75.
- De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
- Grâce aux êtres de votre espèce.
- Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.7 mai 2020 à 14 h 50 min #134231DNDM- Fléau des Autres
- Posts : 3087
Pour être très honnête, cette communication était loin d’être la plus claire du lot. Après une intro en mode « ça va être ultra-précis je vous donne la définition de chaque terme que je vais utiliser pour qu’on parle bien de la même chose » l’intervenant est parti bien plus en roue libre, commençait parfois une idée sans la finir ou sautait des étapes dans son raisonnement. Y’a plein d’idées dans ce qu’il avançait, mais c’était franchement dur de voir où il voulait en venir, et souvent assez discutable, tel que c’était présenté. Il y a aussi je pense le syndrome « j’ai tenté de résumer le truc sur lequel je bosse depuis 2 ans en 25 minutes ». Au final, ça sera sûrement beaucoup plus clair dans les Actes du colloque. Mais le CR s’en ressent, faut ptête mieux éviter de se faire trop d’avis à partir de ce texte que Ezor et moi avons résumé comme on a pu à partir d’une communication ou pour certaines phrases, il était assez difficile de comprendre si l’intervenant faisait une blague ou était sérieux…
Pour ce passage:
Cette volonté se manifeste par exemple chez David Simon dans la représentation des corps : celui-ci montre à la télévision (notamment sur HBO) des corps pas particulièrement séduisants, alors que le cinéma hollywoodien a plutôt tendance à présenter un idéal de corps parfait. Entre ces deux tendances, la série Game of Thrones préfère renouer avec la tradition hollywoodienne (on se souviendra des scènes de nues ou des scènes d’abdos de Kit Harington, Khal Drogo). Des oeuvres qui se sont construites dans l’idée de montrer des corps différents se retrouvent à mettre en avant des corps standardisés. Il y a donc non pas une synthèse du style HBO et du style de George R.R Martin, mais plutôt une juxtaposition : on prend des éléments de la “quality TV” et des éléments qui vont, on l’espère, fonctionner chez Martin, que l’on met côte à côte pour essayer de jouer sur les deux tableaux et de plaire au plus grand nombre au risque de briser la cohérence interne de l’univers. On se retrouve donc dans une même scène avec des sauvageons secondaires sales, boueux, pas spécialement beaux (Orell, Tormund) et des personnages principaux bien propres et séduisants (Jon Snow, Ygritte). L’angle de la caméra accentue d’autant plus ce fossé en cadrant les personnages secondaires de loin et les personnages principaux en gros plan.
Je pense à nous relire ça qu’il y a un contresens et qu’il serait en fait plus juste de dire « Il y a donc non pas une synthèse du style HBO et du style de George R.R Martin, mais plutôt une juxtaposition : on prend des éléments de la “quality TV” et des éléments qui vont, on l’espère, fonctionner chez Martin, que l’on met
côte à côteà côté d’éléments typiques HBO pour essayer de jouer sur les deux tableaux et de plaire au plus grand nombre / aussi bien à ceux qui veulent la qualité et à ceux qui veulent le divertissement bling-bling HBO au risque de briser la cohérence interne de l’univers.L’idée est moins d’opposer les livres et la série que de montrer que dans sa façon de tourner, la série fait semblant de faire du réalite-crade mais fait en fait surtout du bling-bling. De ce que j’en ai compris, dans sa thèse, il a travaillé de façon très précise sur les questions de cadrages, colorimétries, valeurs de plans… avec tableaux comparatifs et tout pour argumenter là-dessus.
Mais bon. De façon générale, les notions maniées auraient méritées d’être un poil plus recontextualisées je crois (perso je ne suis pas sûr de valider, dès le début, la façon dont il conçoit « l’appropriation » en fait…), où la communication plus resserrée sur un thème précis. Là ça partait quand même dans tous les sens, et entre le titre de la communication et le contenu y’avait quand même un gouffre. Après, encore une fois, ça sera sûrement plus clair dans les Actes…
Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/7 mai 2020 à 15 h 09 min #134234Liloo75- Fléau des Autres
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@dndm, c’est déjà formidable qu’avec @ezor vous ayez réussi à résumer l’intervention de Yann Boudier. C’est vrai que son propos paraissait parfois décousu.
J’aurais été incapable d’en faire la synthèse.
Merci à tous les deux.
- De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
- Grâce aux êtres de votre espèce.
- Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.8 mai 2020 à 12 h 09 min #134278Amarei- Patrouilleur Expérimenté
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Merci pour ce compte-rendu.J’ai également trouvé que ce n’était pas toujours très clair, même si ça soulevait plusieurs idées intéressantes.
“Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux.” JR.
26 mai 2020 à 16 h 06 min #135853Odeon- Pas Trouillard
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Une autre figure classique de la fantasy connaît des distinctions notables : le dragon. Il représente le merveilleux sauvage, magique. Symbole de liberté et de pouvoir dans les classiques, il passe à un idéal de domestication et de soumission dans la culture populaire (Krokmou dans How to train your Dragon).
J’avoue avoir tiqué sur cette phrase qui pour moi commet un véritable contre-sens.
Dans la culture classique le dragon me semble à l’inverse plus la représentation des forces de la nature que le héros doit terrasser. Chez Tolkien malgré sa forte sensibilité à l’écologie il reste une figure destructrice et maléfique car outil de puissance.
A contrario How to train you’re dragon s’adresse à une sensibilité moderne qui aimerait relier ses liens à la nature et trouver des moyens de cohabiter avec elle. Dans les films dragon et dragonnier sont montré sur un pied d’égalité, les méchants étant ceux qui entendent les soumettre.Merci pour avoir retransmis cet échange. 🙂
N'est pas mort ce qui à jamais dort et au long des ères étranges peut mourir même la Mort .
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