La pucelle de Goéville [chanson]

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  • #20339
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
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    C’est le titre d’une chanson populaire de Westeros, qui va me permettre d’exposer une observation perso qui à ma connaissance est novatrice (sisi!). GRRMartin emploie souvent ses chansons comme une référence cachée pour le lecteur.

    Tom des 7 la chante lorsqu’il rencontre Arya

    A Goéville, oh gai, voir la belle, oh gai
    Je lui déroberai un doux baiser, oh gai, sur le bout de ma dague, oh gai
    Je ferai d’elle mon amour, oh gai, et nous reposerons sur l’ombre, oh gai

    Cette chanson est également chantée au tout début de la première nouvelle de Dunk, où ser Arlan la chante en changeant Goéville par Cendregué. La traduction est différente, ce qui peut troubler le lecteur francophone (elle est plus fidèle aussi).

    En route pour Cendregué [Goéville] et sa belle pucelle! Halli-ho, halli-ho

    En vo, ça donne ça:

    Off to Gulltown to see the fair maid, heigh-ho, heigh-ho.
    I’ll steal a sweet kiss with the point of my blade, heigh-ho, heigh-ho.
    I’ll make her my love and we’ll rest in the shade, heigh-ho, heigh-ho.

    On remarquera que la première traduction française crée un contresens. Notamment le doux baiser n’est pas sur le bout de la dague, mais arraché à la pointe de la dague. Le traducteur a déformé le texte, créant d’ailleurs une interprétation grivoise de cette chanson qui n’a pas lieu d’être.

    La chanson raconte donc qu’un audacieux brigand a volé un baiser d’une jolie jeune fille de Goéville sous la menace d’une dague, et tout cet événement est raconté à travers un voile romantique qui écarte toute idée d’agression  sexuelle.

    Le texte semble suggérer que la Pucelle est vertueuse, d’où l’artifice de la dague pour forcer le baiser, mais la 3e ligne de la chanson semble indiquer que le couple est (ou devient) amoureux, donc tout est bien qui finit bien à croire les paroles (c’est pas très metoo tout ça…)

    Vous me direz… C’est super, mais on s’en fiche, non?

    Bah non. On ne connaît à travers toute la saga qu’une seule pucelle de Goéville, ville portuaire et commerçante du Val. Une certaine Alayne Stone, fille naturelle de Lord Baelish, qui y serait née et y aurait vécu. Le lecteur sait que Alayne Stone et Sansa Stark ne font qu’une.

    Et ça tombe bien dis-donc. Sansa Stark a été menacée d’une dague pour lui extorquer… une chanson.

    Mais lors de cette scène entre elle et Sandor Clegane, il existe une tension sexuelle sous-jacente vive, interprétée diversement par les fans. Sansa se remémore d’ailleurs plus tard d’un baiser qui n’a en fait jamais eu lieu (Ce Unkiss mériterait un sujet à part, donc je ne vais pas m’étendre).

    Sansa est une romantique férue de chansons. Même s’il n’existe aucune confirmation textuelle, il paraît probable qu’elle connaît cette chanson, qui associe une agression sexuelle sous la menace d’une arme à un geste romantique de « baiser volé ».

    Quand Sansa croit se souvenir que « Il m’a pris une chanson et un baiser, et ne m’a laissé rien d’autre qu’un manteau sanglant », on se situe là encore dans le registre du baiser volé.

    L’identité d’Alayne Stone et son origine lui a été imposée par Littlefinger. C’est donc un clin d’oeil de l’auteur lui-même sur ce faux souvenir de Sansa, peut-être pour l’expliquer. Sansa réécrit l’événement pour donner une tonalité plus romantique, et donc plus acceptable.

    #20355
    Pandémie
    • Fléau des Autres
    • Posts : 2883

    Je ne suis pas sûr que la menace à la pointe de la dague, la contrainte d’en faire son amour et de reposer dans l’ombre soit si joyeux et romantique que ça.

    Comme l’histoire de Sansa ne l’est ps non plus.

    #20398
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
    • Posts : 1289

    C’est vrai. C’est aussi une possibilité, qui ne retire rien au parallèle . C’est le côté joyeux de la chanson, avec ses heigh-oh, heigh-ho (on rentre du boulot) qui me fait penser  que la chanson se veut positive.

    Un peu comme la Belle et l’Ours, où la Belle est supposément séduite par l’ours et ne s’en plaint pas à la fin.

    Pour être sûr, il faudrait avoir les autres couplets de cette chanson.

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