Le cycle de Conan (R.E. Howard)

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  • #133241
    Lapin rouge
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    Conan le Cimmérien, tome 1 de l’intégrale chez Bragelonne

    Cela faisait longtemps que j’avais envie de lire le cycle de Conan, de Robert E. Howard, car j’y vois l’autre grand ancêtre de la fantasy moderne avec Tolkien. J’ai enfin terminé le premier tome de l’intégrale parue chez Bragelonne (en trois tomes), et qui en compte trois au total. Il faut d’ailleurs saluer le travail de cette maison d’édition, qui a permis cette réédition de l’ensemble du cycle dans des traductions nouvelle ou revues de Patrice Louinet, avec des compléments bienvenus (préface, inédits, etc.).

    Pour ceux qui ne le sauraient pas, je précise que le cycle de Conan est composé de nouvelles, et non d’un seul cycle romanesque, et que ces nouvelles peuvent se lire indépendamment les unes des autres.

    Je dois dire que ce premier tome m’a laissé un peu sur ma faim. Howard a un indéniable talent épique, et le mélange de fantasy et d’horreur lovecraftienne (Howard entretenait d’ailleurs une correspondance nourrie avec Lovecraft) est réussi. Mais l’œuvre est parsemée de poncifs pénibles (sur le rôle de la femme), voire carrément désagréables (avec un racisme qui affleure dans une nouvelle en particulier, La Vallée des femmes perdues). Je suis le premier à refuser les anachronismes consistant à exiger des auteurs d’hier qu’ils soient conformes aux attentes de la société d’aujourd’hui, mais franchement, et même en se remettant dans le contexte des années 30, il y a des trucs qui ont du mal à passer.*

    Du coup, j’hésite à acheter le tome 2. Si vous avez lu Conan, que me conseillez-vous ? Est-ce que je passe à côté de chefs d’œuvre si je m’arrête là ?

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #133242
    Tristesire
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    Ce que tu dénonces se retrouve chez tous les auteurs de l’époque…

    Tolkien, Lovecraft, Leiber, Moorcock et autres… Après, Howard utilise ses écrits pour dénoncer la perversité de la civilisation justement. Les peuples barbares « paraissent » plus honnêtes et francs. Les femmes y sont bien souvent fières et fortes. Dans les cités, elles sont plus représentées comme faibles, soumises, calculatrices, fragiles, opportunistes… Il y a d’autres récits où l’héroïne est le personnage principal (Redgrave Sonja…). Le racisme entre les peuples… Ben, il décrit un monde antique dans le style de l’Empire romain… Je n’ose pas imaginer comment ces derniers considéraient les peuples « barbares » jadis.

    C’était même valable sur d’autres supports. Quand tu relis les premiers Tintin par exemple…

    Si cela te choque, j’ai bien peur pour toi que les autres aventures du cimmérien soient du même acabit…

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 7 mois par Tristesire.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 7 mois par Tristesire.

    On ne touche pas aux lapins !

    #133256
    no_one
    • Terreur des Spectres
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    Mais l’œuvre est parsemée de poncifs pénibles (sur le rôle de la femme), voire carrément désagréables (avec un racisme qui affleure dans une nouvelle en particulier, La Vallée des femmes perdues).

    Je lis ailleurs que cette nouvelle ne fut publiée – et, contrairement aux autres de Howard, retravaillée – de son vivant et qu’elle en est le pire exemple, si cela peut te rassurer… Des nuances quant aux rôles féminins (et aux poncifs pulp, sur la page principale) sont apportées, par ailleurs. Je n’ai rien lu de Conan, cela dit, donc je ne peux les soutenir.

    Ce que tu dénonces se retrouve chez tous les auteurs de l’époque…

    Tolkien, Lovecraft, Leiber, Moorcock et autres…

    Généralisation abusive : je ne mettrais pas le racisme patenté de Lovecraft sur la même ligne qu’un Tolkien, quand bien même son travail a quelques éventuelles implications regrettables. Quant à ça :

    Le racisme entre les peuples… Ben, il décrit un monde antique dans le style de l’Empire romain… Je n’ose pas imaginer comment ces derniers considéraient les peuples « barbares » jadis.

    Le racisme « moderne » n’a que peu à voir avec la notion de barbarie antique, qui désignait (pour la civilisation-en-chef du moment) : le marcheur blanc l’Autre – quelle que soit son ethnie…

    "It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
    "Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian

    #133259
    Pandémie
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    Le problème des intégrales, c’est qu’elles sont… intégrales. Certaines nouvelles sont vraiment bien, certaines sont très bof, et c’est vite répétitif.

    Personnellement, je conseillerais plutôt de juste lire les « meilleures » considérées comme des classiques. D’autant que certaines des plus intéressantes (Les clous rouges) ont été écrites en 1935 avant son suicide, très sombres et nihilistes, ça te fera beaucoup à ingurgiter pour les atteindre. Elles sont dans le domaine publique. Dommage pour Bragelonne, mais bon… Et si après ça tu en veux plus, y aura du rab.

    #133335
    Lapin rouge
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    Merci pour vos réponses, je vois qu’il faut que je précise mon propos.

    Je ne crois pas que ce qui me heurte chez Howard se retrouve dans tous les auteurs de l’époque. Quand j’évoque des poncifs sur les femmes, c’est en fait surtout le poncif de la femme fragile, apeurée et impuissante, qui se blottit contre le guerrier musclé pour qu’il la protège. Et ce poncif-là, on ne le trouve absolument pas chez Tolkien, et je n’en ai pas souvenir non plus chez Lovecraft ni chez Moorcock (je ne connais pas assez Leiber pour en parler). C’est peut-être d’ailleurs Howard qui a donné une telle fortune à ce cliché.

    Certes, ce n’est pas l’unique façon qu’il a de représenter les femmes. « La Reine de la Côte Noire » présente au contraire un personnage de reine pirate « indomptable comme un vent du désert, aussi souple et redoutable qu’une panthère ». Bon, c’est un autre poncif (la belle guerrière, évidemment séduite par le guerrier musclé), mais il est moins désagréable à lire. Il se trouve que deux des nouvelles mettant en scène des femmes fragiles sont les dernières du recueil, donc celles dont je me souvenais le mieux. C’est peut-être ce qui m’a amené à généraliser.

    Il est exact par ailleurs que Howard présente le Barbare comme un être sincère, direct, à la limite de la naïveté, mais également puissant et empli d’une vitalité débordante qui a déserté les civilisés, faibles, mais sournois. Ce n’est pas toujours très subtil, et cela s’inscrit dans une vision du monde qui a pu, chez d’autres, déboucher sur des éloges de l’« élan vital » aux sinistres conséquences, mais, là encore, gardons-nous de l’anachronisme. Après tout, Ibn Khaldoun est considéré comme un penseur de la dialectique des nomades barbares contre les citadins civilisés (je ne le compare pas à Howard, je veux juste préciser que le mythe du Barbare régénérateur peut se réclamer de sources éclairées).

    Je crois que je vais poursuivre avec le tome 2. Comme l’écrit Pandémie, l’inconvénient des intégrales, c’est qu’on y trouve tout, mais c’est aussi leur intérêt (obviously), et je ne fais pas confiance aux compilateurs. Je vous dirai ce que j’en pense.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #133343
    Kevan
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    J’ai beaucoup apprécié ma lecture des Conan, mais il faut dire qu’elle se faisait dans le cadre d’une découverte des origines de la fantasy, donc c’était plus de l’analyse que de l’appréciation premier degré.

    A mon avis, si on a lu la Tour de l’Eléphant, L’Heure du Dragon , la Maison aux Trois Voleurs, la Fille du Géant du Gel et Au-Delà de la Rivière Noire, on en a lu assez pour saisir et le schéma général et les pointes d’audaces ou d’originalité de Howard.

    Méfie toi de l'homme d'un seul livre. A tous les coups, c'est un taré qui a appris par coeur les personnages quaternaires.

    #133478
    Boney (Aiglon)
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    Je me suis essayé aux Conan et je n’ai pas été happé. J’en ai lu quelques unes avant d’arrêter. Ma lecture remonte à quelques années et dans mes souvenirs, ce souvenir plus que mitigé tient surtout en deux points. Tout d’abord la facilité scénaristique: peu importe ce qui arrive au héros, une divinité va passer par là et se délivrer. Ensuite, des comparaisons lourdes: « il bondit comme un tigre chassant le buffle mais en gardant la ruse du serpent tapi dans un jardin de fleurs à la fin de l’été. » Wooké, mais encore..

    Je caricature évidement (à peine en fait). Ma seule référence en littérature fantasy étant Asoiaf, j’en attendais peut-être trop. Sinon je reconnais la qualité de l’univers lovecraftien.

     

    Edric Dayne, aka « le vrai prince qui fut promis » au casting 2019
    Troll de père en fils depuis 1960

    Spoiler:

    #133505
    DNDM
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    Hum Howard, Tolkien, Lovecraft, Leiber, Moorcock = « les auteurs de l’époque » faut le dire vite quand même. Quand Moorcook naît en 1939, Howard est mort depuis 3 ans. LSDA parait 20 ans après le dernier Conan par Howard…

    Pour Lovecraft / Howard, ils entretenaient une correspondance suivie apparemment, et appréciaient mutuellement le boulot de l’autre. Y’a un article sur le sujet dans le mag Bifrost N°84, consacré à Howard. L’aventure de Conan « La pierre noire » est apparemment un pastiche assumé de Lovecraft.

    A mon avis, si on a lu la Tour de l’Eléphant, L’Heure du Dragon , la Maison aux Trois Voleurs, la Fille du Géant du Gel et Au-Delà de la Rivière Noire, on en a lu assez pour saisir et le schéma général et les pointes d’audaces ou d’originalité de Howard.

    Ha merci, je garde ça sous le coude pour quand j’aurais le temps de lire les Conans. ^^
    Dans cet ordre où dans n’importe quel ordre?

    facilité scénaristique: peu importe ce qui arrive au héros, une divinité va passer par là et le délivrer.

    Ha bah par contre j’avais lâché Elric à cause de ça, j’avais l’impression que c’était toujours la même histoire danger – épée – invocation de divinité pour se sortir du pétrin.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #133513
    R.Graymarch
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    Assez d’accord pour dire que des auteurs des années 1920-1930 ou 1950-1960 c’est pas vraiment pareil.

    Pour Lovecraft / Howard, il entretenaient une correspondance suivie apparemment, et appréciaient mutuellement le boulot de l’autre.

    Sans être un expert, y a des points de contacts entre les deux œuvres (Hyperborée par exemple).

    Je ne crois pas avoir lu de Conan, mais ce que j’en ai entendu, c’est que ce qu’on connait de Conan n’a souvent pas été écrit par Howard lui-même mais par ses descendants. Et notamment que le film de 1982 par John Millius n’est pas ultra fidèle à l’esprit.

    Et faut garder en tête que ce qui pouvait passer pour ultra novateur il y a près de 100 ans peut être complètement éculé (ou dépassé) de nos jours, notamment car cela a été trop abondement repris par d’autres

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
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    DOH : #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #133535
    Lapin rouge
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    Je ne crois pas avoir lu de Conan, mais ce que j’en ai entendu, c’est que ce qu’on connait de Conan n’a souvent pas été écrit par Howard lui-même mais par ses descendants.

    Justement, le parti de Bragelonne est de ne publier dans cette intégrale que les nouvelles de Howard, en les débarrassant des ajouts de ses suiveurs. En plus, les nouvelles sont publiées dans l’ordre de leur écriture (qui n’est pas leur ordre chronologique interne).

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #156231
    DNDM
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    Glénat publie depuis 2018 des adaptations en BD des nouvelles de Conan Le Cimmérien, réalisées par des auteurs souvent assez connus. Les premières éditions de chaque album sont de plus agrémentées de trois pages de mise en contexte historique de la nouvelle à la fin, pages réalisées par Patrice Louinet, spécialiste d’Howard et de Conan (et traducteur des rééditions évoquées plus haut), et de divers hommages par tout un tas de dessinateurs.

    Onze albums sont pour l’instant sortis, et je viens de terminer le onzième.

    Et c’est parfois sympa comme tout. Très inégal aussi , mais sympa comme tout quand même. N’ayant pas (encore) lu les matériaux d’origine, je ne peux pas me prononcer sur la fidélité de l’adaptation. Mais certains albums BD sont très réussis. Après, ça reste du Conan, c’est-à-dire des textes qui ont quasi un siècle, et qui surprennent un peu aujourd’hui parfois. Les nouvelles d’aujourd’hui sont plus des nouvelles à chutes, les romans d’aujourd’hui sont souvent des romans de personnages (le personnage évolue au cours du roman). Là, on est plus dans des histoires à ambiance: Conan n’évolue pas en cours de nouvelle (il n’est pas toujours strictement le même d’une nouvelle à l’autre, par contre), l’histoire racontée est souvent une simple suite d’obstacles à franchir à coups d’épée, y’a pas toujours des masses d’émotions… Mais en revanche, les ambiances sont super réussies ! Et j’aime beaucoup le perso de Conan, même s’il n’est toujours cohérent d’une nouvelle à l’autre. Le Conan de Howard est en fait super franc et direct, et super rafraichissant, comme personnage.

    Un mot sur chaque album, avec des extraits pour ceux que j’aime bien:

    1 – La Reine de la Côte noire, Jean-David Morvan et Pierre Alary

    Ou Conan le pirate et la cité oubliée. Superbe ambiance dans cet album qui commence sur les chapeaux de roues avec quelques lignes et images qui résument totalement l’esprit du Conan de Howard. La suite, avec le personage de Belit la reine pirate de la Côte Noire, est sympa comme tout.

    Conan le Cimmérien – La Reine de la côte noire

     

    2 – Le Colosse noir, Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat

    Ou Conan le général guerrier contre les armées des ténèbres de la momie du désert maudit. Une splendide intro là encore, de jolies images, mais sur le fond celui-ci m’a paru très creux. C’est très boum-boum bataille (bon en même temps, Conan est ici général en chef des armées…)

    Conan le Cimmérien – Le Colosse noir

    3 – Au-delà de la rivière Noire, Mathieu Gabella et Anthony Jean

    Ou Conan le GI Joe en mission inflitration-exfiltration. L’une des nouvelles les plus réussie, de l’avis général, et celle dans laquelle la philosophie Barbarie Vs Civilisation de Howard est la plus explicite. Dessin très bon et grand public en même temps, ambiance très réussie, en mode western – conquête de l’Ouest qui tourne mal.

    Conan le Cimmérien – Au-delà de la rivière noire

    4 – La Fille du Géant du Gel, Robin Recht

    Ou Conan le viking en mode « Viens ici jolie Valkyrie ». Peut-être le plus réussi, en tant qu’album de BD. D’une nouvelle extrêmement courte (la seule que j’ai lue jusqu’à présent), Robin Recht fait un album BD splendide, à l’ambiance extrêmement réussie, et bourré ras la gueule de symbolisme freudien. Du coup ce n’est plus du tout la même expérience que la nouvelle d’origine (chute comprise, sans être différente, la façon de l’amener change les choses), mais c’est vraiment un splendide album de BD.

    Conan le Cimmérien – La Fille du géant du gel

     

    5 – La Citadelle écarlate, Luc Brunschwig et Etienne Le Roux

    Ou Conan le Roi mais qui ne règne pas. Un Conan plus âgé, devenu roi – mais ça ne change rien vu qu’il se fait piquer son trône d’entrée de jeu. Un peu moins réussi question ambiance. Ceci dit l’image de fin (qui met en scène la toute fin de la nouvelle) me fait rire rien qu’à y repenser.

    Conan le Cimmérien – La Citadelle écarlate

     

    6 – Chimères de fer dans la clarté lunaire, Virginie Augustin

    Ou Conan le mercenaire cosaque dont l’armée s’est faite massacrer et qui s’enfuit avec une jolie fille évadée. J’adore le titre français de celle-là. Encore une fois, une intro très réussie en mode « Barbarie belle et sauvage Vs civilisation corrompue ». Et l’ambiance est très réussie, avec de très beau moments, même si on est ballotés de danger en danger sans trop de cohérence.

    Conan le Cimmérien – Chimères de fer dans la clarté lunaire

     

    7 – Les Clous rouges, Didier Cassegrain et Olivier Vatine

    Ou Conan l’explorateur à la Indiana Jones et sa pote Lara Croft chez les cinglés. Souvent considérée comme la nouvelle la plus réussie d’Howard, avec Par-delà la rivière noire. Et ouais, c’est très sympa. Un début grand spectacle avec un T-Rex, un perso féminin sympa, un décorum inca / aztèque, et sur le gros de la nouvelle une ambiance huis-clos dégénérée et poisseuse de sang très réussie. Limite, ici, on peut se demander si on est dans une ville de fantasy ou dans du post-apocalyptique avec des barbares qui explorent un vaisseau spatial abandonné, parfois. Ca change rien du tout au fond, très bon. Le dessin peut ne pas plaire à tout le monde, mais perso j’aime.

    Conan le Cimmérien – Les Clous rouges

     

    8 – Le Peuple du cercle noir, Sylvain Runberg, Park Jae Kwang

    Ou Conan le chef de guerre afghan qui se retrouve impliqué dans des querelles locales. Moins aimé celle-là, plus confuse, trop pleine de magie sans raison  – probablement parce que la nouvelle de base est longue, apparemment. Ca donne une succession de rebondissements sans qu’on sente vraiment d’âme , d’envie ou de but.
    Conan le Cimmérien – Le Peuple du cercle noir

    9 – Les Mangeurs d’hommes de Zamboula, Gess

    Conan le Cimmérien – Les Mangeurs d’hommes de Zamboula

    Ou Conan qui rejoue L’Auberge Rouge puis qui se promène avec une fille à poil sans raison . Pas aimé le dessin, pas vraiment aimé le scénario. Pas considéré comme une nouvelle marquante.

    10 – La Maison aux trois bandits, Paolo Martinello

    Conan le Cimmérien – La Maison aux trois bandits

    Ou Conan le voleur qui tombe dans un piège. Plutôt sympa, personnages marquants. Comme souvent, ça part d’une situation et ça dérive quatre fois sans trop de raisons, mais là ça marche. C’est souvent comme dans les aventures de Conan, j’ai l’impression: c’est systématiquement débile mais toujours inattendu, comme dirait l’autre – mais parfois le débile est quand même génial pour une raison ou une autre.

    11 – Le dieu dans le sarcophage, Doug Headline et Emmanuel Civiello

    Conan le Cimmérien – Le dieu dans le sarcophage

    Ou Conan le voleur qui tombe dans un piège (bis répétita). Pas du tout accroché au dessin, la narration qui passe d’un point de vue à l’autre est trop lourde en BD, et l’ambiance horreur lovecraftienne sans doute voulue ne marche pas ici.

    Bonus. En ce qui concerne le travail de contextualisation et les hommages en fin d’ouvrage, ils valent carrément le coup, et ce à chaque fois. Essayez vraiment de choper une édition avec.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 5 mois par DNDM.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #156237
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
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    Je dois dire que ce premier tome m’a laissé un peu sur ma faim. Howard a un indéniable talent épique, et le mélange de fantasy et d’horreur lovecraftienne (Howard entretenait d’ailleurs une correspondance nourrie avec Lovecraft) est réussi. Mais l’œuvre est parsemée de poncifs pénibles (sur le rôle de la femme), voire carrément désagréables (avec un racisme qui affleure dans une nouvelle en particulier, La Vallée des femmes perdues). Je suis le premier à refuser les anachronismes consistant à exiger des auteurs d’hier qu’ils soient conformes aux attentes de la société d’aujourd’hui, mais franchement, et même en se remettant dans le contexte des années 30, il y a des trucs qui ont du mal à passer.*

    Un an après… Je n’avais pas lu ton post, mais j’avais lu aussi le même ouvrage, et j’ai eu exactement le même ressenti que toi, alors que comme toi, il en faut beaucoup pour me gêner (très tolérant en matière de littérature).

    Et donc, tu t’est laissé tenter par le tome 2? Est-il meilleur?

    #156248
    FeyGirl
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    Je dois dire que ce premier tome m’a laissé un peu sur ma faim. Howard a un indéniable talent épique, et le mélange de fantasy et d’horreur lovecraftienne (Howard entretenait d’ailleurs une correspondance nourrie avec Lovecraft) est réussi. Mais l’œuvre est parsemée de poncifs pénibles (sur le rôle de la femme), voire carrément désagréables (avec un racisme qui affleure dans une nouvelle en particulier, La Vallée des femmes perdues). Je suis le premier à refuser les anachronismes consistant à exiger des auteurs d’hier qu’ils soient conformes aux attentes de la société d’aujourd’hui, mais franchement, et même en se remettant dans le contexte des années 30, il y a des trucs qui ont du mal à passer.*

    Un an après… Je n’avais pas lu ton post, mais j’avais lu aussi le même ouvrage, et j’ai eu exactement le même ressenti que toi, alors que comme toi, il en faut beaucoup pour me gêner (très tolérant en matière de littérature). Et donc, tu t’est laissé tenter par le tome 2? Est-il meilleur?

    Du coup, @dndm : les BD atténuent-elles voire effacent-elles les reproches régulièrement faits à Conan, comme le sexisme et le racisme, ou les auteurs ont fait le choix d’une interprétation littérale, avec le risque de critiques sur ces sujets-là ?

    #156261
    Kevan
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    Du coup, @dndm : les BD atténuent-elles voire effacent-elles les reproches régulièrement faits à Conan, comme le sexisme et le racisme, ou les auteurs ont fait le choix d’une interprétation littérale, avec le risque de critiques sur ces sujets-là ?

    En résumé : non, c’est de l’adaptation très littérale. Le pire étant probablement Les Mangeurs d’hommes de Zamboula qui reprend l’idée de départ d’une population d’esclaves noirs dévorant les voyageurs la nuit. Et le fait que le seul personnage féminin passe l’album à poil sans raison.

    Méfie toi de l'homme d'un seul livre. A tous les coups, c'est un taré qui a appris par coeur les personnages quaternaires.

    #156262
    DNDM
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    les BD atténuent-elles voire effacent-elles les reproches régulièrement faits à Conan, comme le sexisme et le racisme, ou les auteurs ont fait le choix d’une interprétation littérale, avec le risque de critiques sur ces sujets-là ?

    Très honnêtement, difficile à dire.

    Déjà, je n’ai pas encore lu les textes d’origine, à une exception près (et quelques picorages d’intro et de conclusions pour comparer des scènes précises), donc je ne peux pas avoir d’avis sur l’oeuvre d’origine, et si cet aspect de l’oeuvre est par exemple présent dans les descriptions ou dans le style Howard, l’adaptation en BD changera la donne. [Edit: bon, Kevan, qui a posté juste avant que je mette mon pavé en ligne, et qui lui si je comprends bien a lu les nouvelles et les BD, a répondu à la question plus directement ^^ ] .

    Ensuite, les BD adaptées ici ne recoupent que partiellement les nouvelles présentes dans le tome 1 de l’intégrale citées ci-dessus, si j’en crois un sommaire trouvé sur internet (7 histoires sont présentes dans les 2 corpus: La Fille du géant du gel, Le Dieu dans le Sarcophage, La Citadelle Écarlate, La Reine de la côte noire, Le Colosse noir, Chimères de Fer dans la Clarté Lunaire, La Maison aux Trois Bandits ; en gros, c’est plutôt des BD que j’ai appréciées, à l’exception du Dieu dans le Sarcophage).

    Enfin, le travail d’adaptation et le changement de médium peut parfois considérablement changer la chose, dans un sens mais aussi dans l’autre. Et ce dont je parle ici, c’est des adaptations.

    Prenons La Fille du géant du gel, puisque c’est le seul texte dont j’ai lu la nouvelle d’origine. Le texte de base est très court (17000  caractères). C’est un texte qui fait la part belle à la mythologie, au fantastique, à la poésie, et qui joue beaucoup sur sa chute. On peut aussi en dire, avec nos lunettes actuelles, que c’est un texte d’un sexisme certain, voir même quasiment une apologie du harcèlement sexuel et de la culture du viol, selon comment on lit ça (mais alors l’histoire de Daphnée et Apollon, qui l’inspire, est également lisible de la même façon).

    Voyons maintenant la BD de Robin Recht.

    Conan le Cimmérien – La Fille du géant du gel
    C’est une adaptation qui va garder la base de l’histoire, mais considérablement changer et adapter non seulement les péripéties, mais aussi le fond de l’histoire, transformant en gros un texte au frontières du fantastique en BD de high fantasy sursaturée d’un sous-texte sexuel pas forcément très subtil, mais néanmoins très intéressant.

    Spoiler:

    La nouvelle de base: Conan est le seul survivant d’une bataille sur un lac gelé. Il est épuisé, à une blessure à la tête. Une jolie fille irréelle et vêtue uniquement d’un fin voile transparent apparait, le chauffe et l’encourage à la poursuivre, ce qu’il fait, à moitié délirant de fatigue, de douleur et de désir. C’était un piège, ses frères, deux géants de glace type Marcheurs Blancs XXL, l’attaquent. Mais Conan est trop fort, il les dégomme. La jeune fille, jusque là moqueuse et sûr d’elle, prend peur. Conan finit par l’attraper, lui arrache son voile, et il y a assez peu de doute sur le fait qu’il s’apprête à la violer. Elle appelle son père à l’aide. Le ciel s’embrase, boumbadaboum effets spéciaux divers, la fille disparait, Conan tombe dans les pommes. Il est réveillé par des guerriers qui étaient en retard pour la bataille, leur raconte son histoire. Ils concluent que c’était un rêve, le délire d’un homme quasi à l’agonie. Mais soudain, Conan se rend compte qu’il tient toujours le voile de la fille du géant du gel en main.

    La BD: La fille du géant du gel apparait avant Conan, observant la bataille, cherchant un héros digne d’elle. A ses côtés, deux ours polaires géants, ses frères. Conan est le seul survivant de la bataille sur le lac gelé, de peu. Le but final de la bataille était apparemment, assez clairement, qu’il n’en reste qu’un, pour que celui-ci rencontre la file du géant du gel. Elle lui apparait, vêtue uniquement d’un fin voile transparent apparait, le chauffe comme pas permis, et l’encourage à la poursuivre, ce qu’il fait, surtout motivé par le désir, la fatigue et la douleur de sa blessures n’étant pas vraiment rappelées. La poursuite prend des pages et des pages, et ils discutent pas mal (notamment de son père, le géant du gel, décapité et dont le sang a créé le monde). Le désir monte en même temps qu’ils gravissent la montagne. Arrivé au pic des deux, elle fait chuter Conan dans une faille, avec au fond un lac, dans lequel se trouvent les corps animés des autres héros qu’elle a leurré jusqu’ici. Elle se masturbe pendant qu’il se débat dans l’eau et dans les cadavres animés. Conan, animé de sa force et de sa pulsion de vie surhumaine, les vainc, et remonte jusqu’en haut de la faille. La fille est aussi surprise qu’effrayée. Conan se jette sur elle, elle s’enfuit, il a rattrape, et leur position est, disons, très suggestive, au moment où elle appelle son père à l’aide. Le ciel s’embrase, boumbadaboum effets spéciaux divers, un géant décapité dont le sang jaillit en geyser apparait en fond (il est énorme et en même temps peu visible, je ne l’ai vu qu’à la relecture), Conan saute dans le vide, pour se jeter sur lui.

    Il est réveillé par des guerriers qui étaient en retard pour la bataille, leur raconte son histoire. Ils concluent que c’était un rêve, le délire d’un homme quasi à l’agonie. Mais soudain, Conan se rend compte qu’il tient toujours le voile de la fille du géant du gel en main.

    Au loin, la fille du géant du gel pleure.

    Bref. On peut faire plein de lectures différentes de la BD, ce qui fait que c’est une excellente BD. Il y a surtout, graphiquement, un splendide travail de dessin, de composition, de mise en page. Et aussi une vraie poésie dans les dialogues et dans les pensées des personnages. Ce n’est pas stricto census la même histoire. Mais sur le fond, les thématiques sont identiques, et tout est extrêmement bien adaptées au médium BD. Regardez juste les premières pages dans la liseuse ci-dessus, quoi. C’est splendide, et c’est comme ça tout du long. Est-ce que c’est sexiste? Je laisse chacun en juger.

    A côté de cela, d’autres albums, je pense, collent je pense beaucoup plus au texte d’origine. Mais c’est pas forcément une bonne idée.

    Les Mangeurs d’hommes de Zamboula, par exemple.

    Conan le Cimmérien – Les Mangeurs d’hommes de Zamboula

    Outre que je ne trouve pas la représentation graphique sympa (première page mise à part), le fond est, en effet, assez bas de plafond, et on est là beaucoup plus sur le genre d’histoire cliché qui a fait la mauvaise réputation de Conan. [Edit: on est raccord, @Kevan ^^ ]

    Spoiler:
    Les « mangeurs d’hommes » sont des esclaves noirs (et ne sont en fait pas très importants dans l’histoire), le personnage féminin se balade à poil pendant toute l’histoire sans raison…

    Et enfin, y’a des albums très bons, ni sexistes ni racistes, avec des personnages féminins très intéressants, des scènes pleines de poésie, des ambiances de folie. Ceux que j’ai évoqués plus haut, en gros: La Reine de la Côte noire par Jean-David Morvan et Pierre Alary, le Chimères de fer dans la clarté lunaire de Virginie Augustin, Les Clous rouges par Didier Cassegrain et Olivier Vatine (ne pas s’arrêter à la couverture, qui est plus un hommage aux clichés et à l’iconographie classique de Conan qu’autre chose).

    Après, on peut toujours voir du racisme ou de l’apologie du colonialisme partout. Au-delà de la rivière Noire, par Mathieu Gabella et Anthony Jean, n’a pas de personnage féminin, mais comme dit plus haut, c’est une transposition très claire de la conquête de l’Ouest américaine dans le monde hyperboréen. Du coup, on peut voir ça comme une histoire sur le colonialisme, en dire qu’Howard est raciste parce que les natifs sont considérés comme des « barbares », ou tout du moins qu’il fait dans l’ethnocentrisme total… Après, la notion de « Barbarie » et de « Civilisation » chez Howard est très particulière, la première étant en fait synonyme de pureté, de puissance de vie, de relations saines, et la seconde étant très souvent associée à la décadence, à des mœurs vils et dégénérés, à une vie trop complexe pour en valoir la peine. Voir par exemple les premières pages de Chimères de fer dans la clarté lunaire, très direct sur ce sujet.
    Conan le Cimmérien – Chimères de fer dans la clarté lunaire

    Enfin, et c’est pour cela que j’insiste sur les bonus en fin de BD dans les premières éditions, le travail de contextualisation éditoriale et historique de Patrice Louinet me parait absolument essentiel à la compréhension de l’oeuvre. Au-delà de la rivière Noire et Les Clous Rouge, par exemple, deux des meilleures nouvelles d’Howard, parlent en fait bien plus de la naissance des Etats-Unis que de fantasy médiévale européenne, mais difficile de le voir ou de le savoir aujourd’hui sans son aide. Pas mal d’autres nouvelles sont écrites avec des scènes pensées pour que Margaret Brundage, illustratrice attitrée des Conan dans le magazine Weird Tales, puisse dessiner une femme nue à mettre en couverture du magazine. La ligne éditoriale du magazine, les nouvelles qu’ils achètent ou qu’ils refusent, les éventuels besoin d’argent d’Howard, jouent en fait beaucoup dans ce qui est écrit et publié. Si j’en crois Patrice Louinet (lire notamment les bonus de Le colosse Noir et de Les Mangeurs d’Hommes de Zamboula, de mémoire) Howard est  en gros un féministe réaliste et cynique: féministe sur le fond, mais qui n’hésite pas à écrire, en pleine conscience, « ce qui fait vendre ».

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #156267
    Prydain
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    Conan le Cimmérien ! Une de mes lectures préférées. J’aime le souffle épique de ses aventures  et la découverte des royaumes Hyboriens; pour avoir souvent lu et relu les écrits d’Howard, je tiens à défendre le Cimmérien. C’est un personnage qui évolue, il n’est pas contrairement à ce qu’on pourrait penser un bloc monolithique. En effet, Conan commence ses aventures, comme une matière brut; il a son code d’honneur qu’il  va confronter avec les valeurs des sociétés qu’il parcourt. Il va observer  et apprendre. En effet le langage cru et certaines situations peuvent indigner, mais Conan met souvent l’accent sur la cruauté et la lâcheté des hommes et des femmes, en particulier les êtres avides pouvoir, de luxure, de richesse ; on découvre avec lui toutes sortes de personnalités et de situations, typiques d’un monde semi-barbare et décadent. Hyboria n’est pas la Terre du Milieu, c’est je dirais un cousin germain de Westeros, avec un supplément : la magie et la sorcellerie sont intensément utilisés. Martin a eu je pense, dans son esprit, deux axes référentiels, deux lignes rouges opposées : d’un côté la Terre du Milieu et de l’autre, Hyboria. Westeros est parfaitement entre les deux, en terme d’univers cohérent, imprégné de magie et de mystère mais aussi de réalisme. Howard est en quelque sorte le pionnier de la démarche littéraire de Martin. C’est pour cela qu’on ne peut pas juste dénigrer ce personnage et les écrits d’Howard, son rôle littéraire est trop important dans la construction même de la pensée de l’auteur du Trône de fer. Howard voulait faire une sorte d’uchronie, un récit  sur un passé mythique qui aurait pu être; Tous les ingrédients utilisés par Howard, sont réutilisés par GRRM ( les sociétés d’hyboria ressemblent à pleins de civilisations et de royaumes ayant existé; la dureté des relations humaines et la cruauté qui en est malheureusement le corollaire sont parties prenantes des nouvelles, tout autant que des moments de grâce et de pure générosité ; le Royaume des Sept Couronnes de Westeros est en quelque sorte, une  grande Aquilonie qui aurait conquis tous ses voisins limitrophes).

    Les cités de l’est me font tant pensé à la Zamora, et à l’empire Koth, et l’empire de Turan tout autant qu’à la Stygie, pour Sothoryos, le continent du Sus. Les Dothrakis sont les féroces Zuagirs, en quelque sorte.

    J’ai adoré certaines des nouvelles, et celles aussi complétées et écrites par Lin Carter et Sprague de Camp. Pour moi l’apothéose de la saga, ce sont deux tomes : Conan l’usurpateur, et conan le libérateur qui fait suite où enfin Conan devient Roi.  Conan L’usurpateur montre un personnage mûr, qui a bien changé depuis ses débuts; il est général Aquilonien, et fomente la rébellion contre le tyran grotesque Numédidès, une sorte de Néron.  Ce tome particulier, Conan l’Usurpateur, est construit comme un petit roman. On est dans une construction presque « martinienne » de chapitres points de vue. Bref c’est le tome que je préfère. Le second   » Le Libérateur » est le triomphe ultime de son parcours de héros errant et mercenaire.

    Ensuite j’ai bien apprécié les tomes : « Conan le vagabond, Conan l’aventurier », « Conan le flibustier, le justicier, le sabreur ».. mais aussi les suites écrites par d’autres auteurs, comme Robert Jordan  » le triomphant » , John Maddox Roberts et  ceux écrits dans la collection fleuve noir.

    C’est un héros que j’apprécie car ce fut l’une de mes premières découvertes de la fantasy, à l’adolescence.

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    #168440
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    Glénat continue de sortir des adaptations de Conan en BD, je continue de les lire.

    L’heure du Dragon, adapté par Julien Blondel et Valentin Sécher

    Conan le Cimmérien – L’Heure du Dragon

    Ou Conan le Roi mais qui ne règne pas, bis répétita. Je peux en dire la même chose que la BD 5 – La Citadelle écarlate (voir plus haut): une histoire avec un Conan plus âgé, devenu roi, qui se fait piquer son trône d’entrée de jeu par une conjuration de traitres aidés par un sorcier, et qui va devoir le reconquérir.

    Apparemment l’histoire de base est une des meilleure de Conan. L’adaptation en BD sont je parle ici est, je trouve, très dispensable. Si on retrouve la poésie de certains formulations Howardienne, l’histoire en elle-même est à la limite du compréhensible. Tout va beaucoup trop vite, Conan est baladé dans de nouveaux décors à chaque page, il rencontre des personnages qui sont oubliés deux pages plus loin, on a même des personnages qui popent tellement sans raison qu’ils donnent une impression de Deus ex Machina…

    L’histoire éditoriale explique tout cela (une fois de plus, les 3 pages de contextualisation en fin de BD sont  plus intéressantes que la BD elle-même).

    Ici, ce n’est pas une nouvelle qui est adaptée, mais un roman entier, le seul dans lequel Howard met en scène Conan. Et caser tout un roman dans une BD de 88 pages, c’est un poil ambitieux, ce qui au final donne cette impression de survoler l’action sans jamais s’y plonger. A trop vouloir respecter le texte de base et tout caler en une seule BD, on obtient une BD ratée.

    Et si Howard a écrit ce roman, c’est parce qu’un éditeur anglais lui a écrit qu’il ne publierait pas ses nouvelles, les recueils de nouvelles étant difficiles à vendre, mais que s’il écrivait un roman complet il serait prêt à le publier. Du coup, Howard écrit en deux mois L’heure du Dragon (mais manque de pot, l’éditeur fait faillite, et donc finalement cette histoire sera publiée en 5 épisodes dans le magazine Weird Tales). Ce qui explique probablement pourquoi le début de L’heure du Dragon me rappelle autant La Citadelle écarlate (écrit avant) mais aussi par petites touches d’autres histoires de Conan, notamment celles avec des méchants sorciers: il a en fait reprit ses meilleurs moments, ambiances et personnages, pour écrire cette histoire qui était censée s’adresser à un public tout neuf qui ne lirait jamais ses nouvelles.

    Bref, BD dispensable (mais fort possible que le roman soit mieux).

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    #170266
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    Conan le Cimmérien – Xuthal la Crépusculaire

    Ou Conan qui explore une cité perdue avec sa pote esclave, et qui y rencontre des cinglés et un peu de Lovecraft.

    Là encore, si ça vous rappelle quelque chose, c’est normal: on est sur une histoire qui dans les grandes lignes est très proche de Les clous rouges. Mais en moins bien, en plus cru.

    Cette phrase que je mettais plus haut:

    Pas mal d’autres nouvelles sont écrites avec des scènes pensées pour que Margaret Brundage, illustratrice attitrée des Conan dans le magazine Weird Tales, puisse dessiner une femme nue à mettre en couverture du magazine.

    … s’applique totalement ici, avec notamment une scène de « Woman whipping woman » totalement pensée pour satisfaire un fantasme masculin BDSM de l’époque (là encore, les 3 pages de contextualisations à la fin sont les plus passionnantes).

    Bref, à lire si vous avez ce genre de fantasmes, ou éventuellement pour le côté Lovecraftien de la nouvelle (et pour voir les passerelles entre Howard et Lovercraft), mais franchement pas indispensable. Lisez plutôt Les clous rouges.

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    #207339
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    J’ai oublié de parler de celui-là, lu cet été:

    14 – Le Maraudeur noir, adaptation de Jean-Luc Masbou

    Conan le Cimmérien – Le Maraudeur noir

    Un « bon Conan », selon la postface de Patrice Louinet, parce qu’il y a des relations entre persos plus poussées que d’habitude. Pas forcément une bonne BD, selon moi, parce qu’on n’accroche pas à cette narration trop rapide, avec trop de personnages, trop d’éléments disparates, et pas assez de Conan. Le trait de Jean-Luc Masbou (De Cape & de Croc, notamment) m’a aussi paru ici assez peu engageant.

    Le scénar nous amène sur la côte picte (ceux de Au-delà de la rivière Noire) mais on y côtoie plutôt des pirates de la grande époque, issus de la culture voisine, pour une histoire de chasse au trésor.

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