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- Ce sujet contient 2 réponses, 2 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Nymphadora, le il y a 3 années et 8 mois.
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8 mars 2021 à 14 h 33 min #152229Nymphadora
- Vervoyant
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@noone en parlait récemment en bien sur le blog, et, ayant reçu le livre par l’intermédiaire d’une masse critique Babelio, je me permets d’ouvrir ce sujet et d’ajouter un avis complémentaire ^^
Pour commencer, petit point de contexte : Les pouvoirs de l’enchantement, d’Anne Besson, est un essai avant tout à visée universitaire à destination de chercheurs et étudiants. Il ne s’agit pas de vulgarisation à l’usage du grand public, et, à ce titre, c’est un livre exigeant. Avec ma formation scientifique, je ne possède pas les codes du « genre ». J’ai de facto été parfois perturbée par la prose d’Anne Besson, complexe par son vocabulaire, mais surtout par ses constructions de phrases très longues et peu linéaires : avec des phrases de plus de cinq lignes, j’avais parfois l’impression d’idées juxtaposées sans transition et lien logique au sein d’une même phrase. J’imagine que ça vient de moi à qui il manquait les liens logiques implicites que je ne maîtrise pas, mais du coup, le propos m’est apparu confus et manquant de transitions pour mon petit cerveau de lectrice qui n’a pas tous les codes et n’est pas rompue à la lecture d’ouvrages universitaires.
Il n’en reste pas moins que les idées développées dans ce livre sont hyper riches et passionnantes. Si l’on s’intéresse aux genres de l’imaginaire et à leur réception et politisation, c’est un incontournable.
Le livre est, comme l’indique No-One avec brio dans sa chronique (qui est très détaillée et résume grandement ce que vous trouverez dans l’ouvrage^^), construit en deux temps : d’une part le pouvoir, l’impact, de la fiction, et bien sûr en particulier des genres de l’imaginaire, sur son lecteur. Grâce à l’expérience de pensée qui permet de se mettre à la place d’un autre, dans une situation complètement autre, l’imaginaire prend toute sa pertinence. L’autrice analyse également la dimension politique que le genre permet de développer, en revenant sur l’histoire de la SF et de la fantasy, et en rappelant notamment à quel point l’imaginaire s’inscrit dans une vision instantanée (au risque de mal vieillir d’ailleurs).
La seconde partie développe ensuite le pouvoir que donne la fiction à son lecteur quand il se l’approprie : un pouvoir sur le monde (« Imagine better » : au travers notamment d’exemples d’activisme qui prend sa source dans un amour commun de Harry Potter, Anne Besson nous montre comment les lecteurs s’emparent de la fiction dans le réel à des fins politiques) et un pouvoir sur le texte lui-même (on pense alors aux fan-fictions, aux débats de fans pour définir le canon, ou encore aux mouvements face aux fins contestées d’œuvres).
J’ai été particulièrement sensible à la seconde partie : forcément, vu mon expérience de ce qu’est la communauté de fans, j’étais passionnée par ce qu’en disait Anne Besson, et elle a mis des mots sur certains points hyper pertinents qui ont résonné en moi. La première partie m’a parue plus absconse (déjà parce que je ne vois qu’assez peu l’intérêt de développer ce qui fait des littératures de l’imaginaire quelque chose de pertinent… perte de temps de cerveau ou expérience qui me rend meilleure en temps que lectrice, j’ai déjà fait mon choix depuis des années : lire m’apporte du bien-être, qu’un littéraire érudit considère ce que je lis comme pertinent ou non…). Mais son développement restait néanmoins très enrichissant, et notamment toute la partie sur le discours politique des fictions m’a passionnée.
Au final, donc, un livre exigeant, mais d’une grande richesse d’idées (et encore, doit y avoir un paquet d’idées que je n’ai pas comprise^^). Si le sujet vous intéresse, que vous avez les neurones un peu échauffées (évitez si vous êtes d’humeur pour un bouquin reposant et facile à lire^^), je pense que vous trouverez plein de trucs dans votre lecture.
~~ Always ~~
8 mars 2021 à 20 h 26 min #152242no_one- Terreur des Spectres
- Posts : 1720
Pour commencer, petit point de contexte :
De même. ^^ J’ai fait des études supérieures dans le domaine, et étais en outre familier avec des concepts et textes centraux du livre via des lectures persos (effet de distanciation, « Du conte de fées » in Faërie et autres textes, mémoire sur les fanfics comme terrain d’expérimentation queer…), du coup je fus sans doute plus à l’aise à la lecture de cet ouvrage que l’adelphe lambda de la Garde. Je suis porté sur les phrases
interminablescomplexes, en sus – comme peuvent en témoigner celleux qui lurent les premiers jets de ce compte-rendu, certes influencé par la complexité du style (et du propos) de l’œuvre qu’il présentait. 😛Toutefois, cela faisait un petit moment que je n’avais écrit sur le sujet, j’ai tendance à assumer que ce qui m’est connu doit l’être par celleux qui me lisent (on va dire que c’est mieux que de « mansplainer » à tout-va mais), j’ai donc produit une première recension tardive, assez absconse et qui résumait plus qu’elle ne critiquait parce que je ne me sentais pas légitime. La version finale a nuancé un peu tout ça, encore merci à tou-tes celleux qui m’y ont aidé. Et maintenant vous avez le retour de Nympha pour vous faire une idée plus complète !
Je suis content que le bouquin t’ait plu, même s’il est effectivement ardu à lire je l’ai trouvé vraiment bien construit et enrichissant. Comme écrit sur le blog, il y a des points qui méritaient peut-être davantage d’être développés, des analyses (depuis les positionnements politiques des genres de l’imaginaire aux interprétations des réactions des publics) qui ne me paraissent pas toujours complètes/fondées, et (pour les résumer grossièrement) la partie « Histoire » m’a paru plus carrée que la partie « sociologie », mais ça reste un super travail, parfaitement référencé – et à travers sa bibliographie, et ses notes, on aperçoit un état enthousiasmant de la production et la recherche dans le domaine de l’imaginaire aujourd’hui. Je partage les aspirations de Besson et ne peux que souhaiter que cela continue de la sorte. Côté activisme aussi.
En revanche, les « et/ou », c’est le Mal ! Dédicace à @lapin-rouge 😀"It's both possible, and even necessary, to simultaneously enjoy media while also being critical of its more problematic or pernicious aspects."
"Damsel in Distress: Part 1", Tropes vs. Women in Video Games, Anita Sarkeesian9 mars 2021 à 9 h 43 min #152253Nymphadora- Vervoyant
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Comme écrit sur le blog, il y a des points qui méritaient peut-être davantage d’être développés, des analyses (depuis les positionnements politiques des genres de l’imaginaire aux interprétations des réactions des publics) qui ne me paraissent pas toujours complètes/fondées
Oui, on ne peut pas tout écrire et être exhaustifs sur tout ^^ Typiquement, sur le positionnement des communautés, je pense qu’elle avait en tête les fandoms Harry Potter / Star Wars / MCU – avec un biais assez anglo-saxon de surcroît – et je pense que certaines de ses conclusions sont très liées à ça, sans être très universelles. Typiquement, sur la notion de canon, ou sur le rapport à la fanfiction, ses conclusions s’appliquent assez mal à notre petite Garde de Nuit je pense. Mais ça n’empêche qu’il y a pleins de points très pertinents à en retirer dans le tas aussi.
~~ Always ~~
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