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5 août 2018 à 12 h 05 min #35342EreksenBloqué
- Patrouilleur du Dimanche
- Posts : 125
O surprise ! Un de mes films préférés.
Little Big Man
de
Arthur Penn
Je vais expliquer pourquoi, car aimer ou ne pas aimer est très subjectif, quel qu’en soit l’objet. J’ai un âge avancé, et mes goûts et opinions ont eu pas mal de chances d’évoluer en presque quarante ans, mais mon avis sur cette œuvre n’a pas changé globalement : un très grand film. Donc, un peu de biographie personnelle. Les lecteurs pressés peuvent sauter tout ce qui est en petits caractères.
- Sorti en décembre 1970 aux USA, année de mon entrée en quatrième. Je n’ai commencé à aller au cinéma qu’en 1972, quand j’étais interne au grand lycée de la ville préfecture, là où nous allions seulement une fois par an, parfois deux, pour la foire de printemps et éventuellement d’automne. Trente kilomètres à vol de corbeau, pensez-donc ! En car : les Rapides de Bourgogne, sur un itinéraire sinueux car c’étaient en réalité des omnibus desservant sept villages en serpentant de part et d’autre de la grand-route. Et aussi faire trois kilomètres à pied pour aller à l’arrêt officiel. Un tableau d’une vraie France écologique idéale^^. Avec enfants et poussette, la chaleur et la poussière. Lorsque l’on jouait aux cow-boys et aux indiens, ceux-ci étaient forcément les méchants ; vraiment TRÈS méchants.
- Avant d’avoir vu mon premier film au cinéma, je possédais déjà une encyclopédie historique en livre de poche, acquise patiemment lors de mes années de collège au chef-lieu de canton, où il y avait, O miracle, une librairie.
- Donc en 1972, c’était trop tard pour voir Little Big Man. Je ne savais même pas que ce film existait. Et l’ORTF avait bien assez de Western classiques et de drames et mélodrames hollywoodiens à passer avant lui. La censure.
- Et puis ce fut après quelques autres grandes villes où j’ai fait mes études, Lyon et Strasbourg, mon arrivée à la ville-capitale : Paris, en septembre 1977. Découverte du Pariscope (vendu en kiosque), avec ses programmes détaillés de spectacles et de cinéma. J’avais l’impression que tout le cinéma du monde passait en permanence à Paris. J’étais bien sûr loin du compte. Little Big Man a été à l’affiche d’un cinéma de Saint-Michel pendant des années !
- Fréquentations d’amis « vrais parisiens » aux itinéraires différents, connus deux ans auparavant… Nous parlions cinéma, bien-sûr. « Va le voir c’est super ». Pour moi, un western sans John Wayne et/ou sans James Stewart, c’était bizarre. Ma mère adorait James Stewart (et aussi Gérard Philippe). Et puis il y avait eu « la Flèche Brisée ».
Bref mes raisons… enfin !
- Un film iconoclaste, très mal reçu par beaucoup de critiques américains et par les oscars car il s’attaquait au mythe du Général Custer ;
- La confirmation d’un très grand acteur : Dustin Hoffman que je connaissais déjà à l’époque avec Le Lauréat, Macadam Cowboy^^, Papillon, Les Hommes du président, Marathon Man ; donc déjà un Grand ;
- Un très bel acteur en la personne de Geswanouth Slaholt dit Chief Dan George ;
- La performance d’acteur de Dustin Hoffman ; et d’autres aussi ;
- Un film d’Arthur Penn dont je connaissais La Poursuite impitoyable ;
- Un titre génial ;
- L’idée énoncée dès le départ par le vieil homme : il fait table rase de ce que lui suggère le petit journaliste, il va énoncer des faits, témoigner… idée intéressante pour un scientifique, et déjà historien dans l’âme ;
- L’humour qui à tout instant perle malgré l’aspect tragique qui revient sans cesse ;
- Un film qui a pu à sa sortie paraitre une simple parodie, mais qui à la lumière de la Guerre du Vietnam, accentuée sous Lindon Johnson puis sous Nixon ( qui par la suite est finalement contraint au retrait ; puis de démissionner) pouvait être perçu comme une trahison de l’idéal américain en s’attaquant au mythe Custer ;
- L’idée que l’homme blanc détruit tout (ici le dit civilisé^^ WASP) ;
- Celle que les hommes blancs à la peau noire peuvent être plus beaux, mais tout aussi fous que ceux à la peau blanche^^ ; ayant vécu, mais pas compris vraiment à l’époque l’assassinat de Martin Luther King cela me parlait vraiment en 1977 ;
- Une idée associée à celle de l’homme blanc qui détruit tout : WASP contre Rouges ; et sa cristallisation dans la guerre froide, l’affrontement est-ouest, le mouvement des non-alignés et la menace nucléaire, omniprésente dans les conversations de lycée à l’époque ;
- Qu’il y avait des gens différents dont j’avais entendu parler toujours de façon haineuse, et appréciés par les cheyennes tels que le petit garçon qui voulait rester avec les filles ;
- La place de ce très très vieux^^ Mister Crabb (humour ?) dans une maison de retraite, un mouroir, et le final, qui m’a ému aux larmes… Et celle aussi du très très âgé Old Lodge Skins ;
- Des personnages croqués et hauts en couleur : l’associé, le charlatan, le pasteur, la femme du pasteur, le shérif Wild Bill… les retours de ces personnages à différents stades de leur vie ;
- Les réactions de certains spectateurs à la sortie (rarement) « Complètement idiot ce film, quelqu’un n’a pas pu faire tant de choses… » et autres perles « c’est faux parce que… » ;
- Oui, dans mon souvenir, la place des femmes n’est pas très reluisante… mais il faudrait que je réétudie spécialement la question ; cependant, qui dans ce film a une place vraiment reluisante ? En fait il y a une sorte d’équilibre entre Jack et sa soeur, Jack et son épouse…
- L’idée définitive que dans une vie on ne peut être résumé à un verbe et un mot : TU ES CELA ! Ou sa variante : tu es comme untel !
Voila pourquoi, à mon humble avis, il était nécessaire que je voie trois fois ce film en 1977-78, et au moins cinq autres fois depuis. Et à chaque fois voir ou entendre (anglais ou français) quelque chose de plus. Et il faut que je le revoie car un truc m’a échappé.
Pour les adeptes de GRRM et des jeux inspirés qui ont la vedette sur ce forum (CES et DOH) :
J’espère que vous apprécierez cet extrait. Je mettrai plus tard la traduction en VF.
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Purée j’ai mis trois heures à écrire cela ! La vieillesse est un naufrage.
- Je me trouvais auprès d'elle quand elle est morte, rappela Ned. Elle souhaitait revenir chez elle, ici, près de père et près de Brandon. » Il l'entendait encore retentir son cri - Promets-moi -, dans la chambre où l'odeur du sang se mêlait au parfum des roses. « Promets-moi, Ned ! »... il revoyait enfin la paume s'ouvrir et répandre, noirs et fanés, les pétales de roses.
(AGOT, Tome 1, Chapitre 5, Eddard)5 août 2018 à 20 h 28 min #35396Chat-qui-boite- Patrouilleur Expérimenté
- Posts : 380
Tu as tout dit et je ne peux qu’approuver . Je l’ai vu je ne sais combien de fois et lu aussi. J’ai gardé l’image du « grand-père » qui se plante dans ses visions et qui répète « c’est un beau jour pour mourir ». L’humour et le tragique à la fois, à chaque passage de Jack Crabb d’une civilisation à l’autre ce n’est pas glorieux pour l’envahisseur blanc. Il est vrai que c’est la période de » Soldier blue »: J’ai entendu des spectatrices américaines sangloter au moment du massacre de Sand Creek. De cette époque j’ai gardé le livre « enterre mon coeur à Wounded Knee, mais depuis, les historiens tiennent comptent du fait que l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs.
Mieux vaut être en retard au paradis qu'en avance au cimetière
Reste assis au bord de la rivière et tu verras passer le corps de ton ennemi -
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