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17 octobre 2023 à 23 h 40 min #195707CorbeauRouge
- Frère Juré
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A chaque lieue parcourue en longeant le lac, les cinq tours du sinistre château d’Harren semblaient grandir. Elles conservaient néanmoins cet aspect de quasi-ruines, dont la pierre avait fondu au contact du souffle brûlant de la Terreur noire. Harrold commençait à apercevoir les milliers de tentes qui s’y dressaient, formant une ville éphémère où se tiendrait durant les prochaines semaines l’un des événements les plus important de l’Histoire du Royaume : un Grand Conseil qui désignerait l’héritier du Vieux Roi.
Peu de temps après son retour d’Orient, les cales de son Soleil Noir chargées de richesses qu’il revendit à prix d’or sur les marchés de Port-Lannis, son frère aîné lui demanda de venir à Kayce et lui annonça la convocation par Jaehaerys de ce Grand Conseil à Harrenhal :
« Il faut que la maison Kenning soit dignement représentée en ces lieux, et qui mieux que toi qui a visité le vaste monde pour accomplir cette mission ? Rapproche-toi des puissants, obtiens la faveur de notre futur souverain, et ainsi tu serviras au mieux nos intérêt. Tu es intelligent et érudit, et tout cet or que tu as ramené d’Orient te sera probablement fort utile ! Je te fais confiance pour cette tâche, ne me déçois pas ! »
C’est ainsi qu’il partit pour l’Œildieu, sans vraiment savoir à quoi s’attendre. Il faut dire qu’un tel Conseil n’avait pas de précédent dans la jeune histoire de la dynastie Targaryen. D’autres exemples d’élections royales existaient pourtant : les Fer-nés des temps ancestraux, et parmi eux les premiers Kenning de Harloi, choisissaient leur souverain lors d’Etats généraux de la royauté. Dans sa jeunesse, Harrold avait lu L’Histoire des Fer-nés d’Haereg, dont sa famille conservait un exemplaire à Kayce en souvenir de son lointain passé sur les îles de Fer. Il y avait probablement là quelques leçons à garder en mémoire en anticipation de l’élection à venir, tout comme il devait y en avoir dans les souvenirs de l’élections des triarques de l’antique Volantis à laquelle il avait assisté il y a quelques mois déjà.
Les allées qui sillonnaient l’immense champ de toile s’étendant aux pieds des tours calcinées d’Harrenhal fourmillaient de monde, et Harrold pouvait déjà y déceler l’odeur du complot et des tractations secrètes. C’est en cherchant un emplacement où il pourrait s’installer en compagnie de la demi-douzaine de chevaliers qui constituaient son escorte qu’il entendit une voix douce et familière crier son nom. Il se retourna, et les battements de son cœur accélérèrent, comme cela avait déjà été le cas lorsqu’il avait aperçu pour la première fois cette magnifique créature dans une maison de plaisir de Volantis.
« Iphigaenys ! Que fais-tu là ?
– Que penses-tu que je sois venue faire en ces terres ? Je viens réclamer mon héritage légitime bien sûr ! »
Il faut dire qu’Iphigaenys, comme ses yeux mauves et ses cheveux d’argent le suggéraient, était la fille de Saera Targaryen, et par là-même la petite-fille du Vieux Roi. Ses prétentions avaient donc une certaine légitimité, mais étaient néanmoins le signe d’une certaine naïveté : jamais les fiers seigneurs de Westeros n’accepteraient de voir une prostituée volantaine s’asseoir sur le Trône de Fer pensait Harrold. Iphigaenys le prit alors par la main, ce qui accrut encore plus le rythme de son cœur :
« Viens mon ami, lui dit-elle, je dois te présenter mes frères !»
Dans cette situation, Harrold était bien incapable de refuser une telle proposition. Il prit néanmoins le temps d’ordonner au chevalier qui dirigeait son escorte de continuer de chercher un emplacement où dresser sa tente.
Iphigaenys l’entraîna alors en direction d’une immense tente à l’apparence extrêmement luxueuse où de nombreux courtisans s’affairaient déjà. Au milieu de la tente, deux jeunes hommes aux cheveux d’argent étaient en pleine discussion. La jeune femme les interrompit afin d’effectuer les présentations :
« Mes frères, je vous présente ser Harrold Kenning, le frère cadet du seigneur de Kayce, dans les Terres de l’Ouest, que j’ai rencontré il y a quelque mois alors qu’il visitait Volantis. Je suis sûre qu’il nous sera d’une grande aide lors de ce Grand Conseil : il connaît personnellement le sire de Castral Roc, lord Tylond Lannister ! »
Pour dire vrai, cette dernière assertion était un mensonge qu’il avait inventé de toute pièce afin de se faire mousser auprès de la belle Iphigaenys, mais il ne pouvait décemment pas la contredire en cet instant.
« Par rencontrer, tu veux dire que tu l’as attiré dans ton lit en échange de quelques pièces d’or ? demanda avec un ton méprisant le plus âgé des jeunes hommes, ce qui fit rougir le jeune Ouestrien. Néanmoins, ma demi-sœur n’a pas tort, poursuivit-il en s’adressant cette fois directement à Harrold, le soutien des Lannister pourrait nous être fort précieux, et si tu es capable de nous l’apporter, nous t’en serions particulièrement reconnaissant. Nous n’avons pas encore suffisamment d’amis ici. Mais je ne me suis pas encore présenté ! Mon nom est Bellaqo Maegyr, petit-fils de votre Vieux Roi et seul héritier légitime à votre Trône de Fer. Et le jeune homme timide que tu vois à mes côtés est mon demi-frère Naeron. Il a passé toute son enfance au Grand Temple de R’hllor, mais ses supérieurs ont jugé utile de l’envoyer ici afin qu’ils puissent répandre la foi envers le seul vrai dieu à Westeros.
-C’est un honneur de vous rencontrer ! répondit Harrold »
Il connaissait déjà le nom de Maegyr, qui appertenait à l’un des trois hommes qui avaient été élus à comme Triarque lors de son passage à Volantis. Un éléphant, croyait-il se souvenir. Quant au plus jeune des deux frères, le chevalier oustrien avait rencontré ses semblables, prêtres du Maître de la Lumière, au cours de son voyage, et avait pu constater leurs pouvoir, ce qui avait bouleversé sa vision du monde et même sa foi. Mais le regard déterminé du jeune Naeron le mettait mal à l’aise, comme s’il était embrasé par un feu améthyste.
« Bien ! reprit Iphigaenys d’un ton enjoué. Maintenant que les présentations sont faites, je suis sûre que notre cher Harrold fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire monter l’un d’entre nous sur le Trône de Fer ! »
Alors qu’elle prononçait ces mots, ses doigts vinrent frôler en une caresse le dos de la main du chevalier ouestrien, dont le visage s’empourpra encore un peu plus.
« B-b-biensûr ! balbutia-t-il. Je vous promets que je ferai de mon mieux ! »
Et après tout pourquoi pas ? On raconte que le premier Kenning de Kayce, Sarocq, était surnommé « Fils de Putain ». L’un de ses descendant pourrait dès lors très bien faire couronner un autre « Enfant de Putain »…
[HRP : Harrold Kenning, frère cadet du seigneur de Kayce, annonce son soutien à la faction volantaine]
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