[spoiler inside] Le capitaine Alatriste, d'Arturo Perez-Reverte

Forums Une escapade à la Môle – discussions diverses Le carrefour des autres mondes Autres œuvres littéraires [spoiler inside] Le capitaine Alatriste, d'Arturo Perez-Reverte

  • Ce sujet contient 5 réponses, 5 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Tristesire, le il y a 5 années et 6 mois.
6 sujets de 1 à 6 (sur un total de 6)
  • Auteur
    Messages
  • #45039
    Tomcat
    • Pisteur de Géants
    • Posts : 1045

    Amateurs de romans de cape et d’épée, courez à votre bibliothèque !

    Du fait d’une étrange conjecture associant cette jolie reco de Jean Neige et le fait que j’ai reçu le premier tome d’ El Capitàn à peu près à la même époque, je me suis lancée dans les aventures du laconique Diego Alatriste y Tenorio, narrées par son fils de coeur et compagnon Iñigo Balboa y Aguirre. On en parle pas mal dans ce fil-là, et pas mal de frères et soeurs ont l’air d’avoir apprécié cette série, du coup j’ouvre ce fil où l’on pourra spoiler allègrement sans gâcher le plaisir de futurs lecteurs.

    Pour faire simple, j’ai enfin trouvé une oeuvre en espagnol qui m’a suffisamment donné envie de la relire pour la commander en VO. Ayant appris l’anglais grâce à GRRM et son Trône de Fer, je cherchais à faire la même chose avec la langue de Cervantes, à savoir relire un livre déjà lu en VF (et pour ça je n’osais m’attaquer à Don Quichotte, qui est sur ma PAL mais en VF).

    Je ne connaissais pas Perez-Reverte, mais il est probable que je lise à l’avenir d’autres de ses oeuvres, tant le style est agréable, riche et foisonnant. Il se rapproche pas mal de Dumas, tout en allant plus loin, ce me semble, dans le côté sombre et mélancolique de ses héros.

    Pas de mauvaise surprise à la Martin ici, Dès le départ, le récit étant conté par Iñigo, qui ne cache pas dans les conditions de la mort de son maître, on sait que les deux vont survivre, et pourtant c’est prenant.

    Nous voici donc rendus dans l’Espagne de Philippe IV, alors que s’amorce le déclin d’une Espagne qui trône sur le monde, époque surnommée le siècle d’Or. Un petit tour sur le web pour en savoir un peu plus sur cette période historique (parce que j’y connais rien), et zou, en route pour les ruelles sombres madrilènes et les intrigues de Cour.

    Sept tomes ont été publiés, et il parait que Perez-Reverte en projette neuf de son capitaine (et au trou ma résolution de ne jamais au grand jamais commencer à nouveau une série littéraire pas finie, à non hein ça jamais, pas après l’attente insoutenable pour les 3 derniers Harry Potter et que dire d’ASOIAF hein, plus jamais je ne commence une série pas finie…Ahem). Mais rassurez-vous, chaque tome a une fin, on est pas trop frustré de ne pas avoir la suite (pas plus qu’à la fin d’un livre lambda qu’on a aimé et dont on ne veut pas quitter l’ambiance, les personnages, le style).

    Trêve de digressions.

    Tome I : Les aventures du capitaine Alatriste :

    Diego Alatriste a promis à son ami Lope Balboa, alors que ce dernier agonisait sur le champ de bataille, de s’occuper de son fils lorsque celui-ci deviendrait garçon. La mère du petit l’envoie donc à Madrid rappeler au spadassin sa promesse. Iñigo est recueilli par le vétéran à sa sortie de prison, alors qu’il a été réformé pour blessure.

    Ce premier tome de mise en place est peut-être moins haletant que les suivant (comme c’est souvent le cas dans les séries) mais il se lit avec bonheur. Nous découvrons des personnages haut en couleurs que nous suivrons tout au long des suivants : Iñigo et Alatriste, évidemment, Francisco de Quevedo, le poète talentueux et susceptible, Gualterio Malatesta, sicaire ombrageux et anti-héros fascinant, à la solde de Luis de Alquézar, secrétaire royal et sa nièce Angélica, qui n’a d’ange que le nom, Emilio Bocanegra, le bien nommé, inquisiteur sinistre et j’en passe.

    Alatriste, embauché pour assassiner deux touristes anglais, va se retrouver au milieu d’une intrigue de cour et se faire quelques ennemis de plus, alors qu’ Iñigo découvre la vie madrilène, ses dangers et ses délices. On découvre alors que le capitaine, qui n’est pas vraiment capitaine, a sa propre échelle de valeurs.

    Tome II : Les bûchers de Bocanegra : 

    Ce tome nous emmène dans les affres de l’Inquisition espagnole, ses cachots et son hypocrisie. Iñigo est capturé par Bocanegra, aidé de Malatesta, lors d’une attaque d’un couvent visant à libérer une jeune fille des exactions qui y sont perpétrées. Quevedo et Alatriste vont faire tout leur possible pour libérer le petit des griffes des inquisiteurs, pendant que ce dernier subit de son côté la torture, malgré ses 13 ans, et résiste, restant loyal jusqu’au bout à son maitre. Angélica, plus ou moins manipulée par son oncle, aura sa part de responsabilité dans les malheurs du jeune Balboa. Big up pour la scène de la bataille entre Angélica, Alatriste et Aiquézar.

    Tome III : Le soleil de Breda :

    Suite à l’affaire du couvent, Alatriste s’engage à nouveau dans l’armée, s’éloignant un temps de Madrid et ses pièges. Iñigo l’accompagne en Flandres, sous le feu et le fer ennemi, lors du siège de Breda, où les fiers espagnols ne se mutinent pour leur solde impayée depuis des mois qu’après la bataille, pour qu’on ne dise pas qu’ils sont lâches.

    Tome IV : L’or du roi : 

    De retour à Madrid, Alatriste est embauché pour déjouer une conspiration visant à s’emparer de l’or d’une galère royale, dans le plus grand secret. Voilà l’occasion de rencontrer des personnages savoureux et dangereux et de voir de plus près ce fameux roi qu’Alatriste et Iñigo servent avec tant de loyauté pour si peu de reconnaissance. Mention spéciale à l’excipit « Et tandis qu’à côté de moi don Francisco de Quevedo continuait d’improviser les vers de son nouveau sonnet, je sus, ou j’eus l’intuition, que cette chaine du roi pesait autant au capitaine Alatriste que si elle eut été de fer. »

    Tome V : Le gentilhomme au pourpoint jaune : 

    Peut-être mon favori, à ce stade, je ne sais si cette préférence résistera à la relecture, après tout « souvent femme varie ». Et justement, les femmes constituent le noeud de ce tome. La liaison d’Alatriste avec une célèbre actrice, sur laquelle le roi jette aussi son dévolu, va lui valoir des ennuis, de même que la liaison d’ Iñigo avec la belle Angélica, aussi belle que venimeuse. Mais point d’eau de rose, entre intrigues, liaisons dangereuses et régicide, l’ombre de Bocanegra, de de Alquézar et de Malatesta planent sur les destinés des rois comme des hidalgos que sont nos deux comparses. Iñigo grandit, Alatriste vieillit et on est happé par ce récit, à la fin fort réjouissante.

    Tome VI : Corsaires du levant : 

    Retour à la vie de soldat, ou de marins plutôt. Moins romantique qu’une balade sur l’Hermione, entre batailles navales, abordages lucratifs et résistance acharnés, les espagnols, fiers au point de préférer la mort à la rame, croisent en Méditerranée l’été, font escale à Oran où ils retrouvent un compagnon d’armes et passent l’hiver à Naples, profitant de ses plaisirs. Iñigo, devenu un jeune homme avenant et quelque peu arrogant, se rebelle parfois contre son maître, qui retrouve à Naples des souvenirs de son jeune temps. La vie et l’avenir des soldats du pays le plus puissant de l’époque, leur solidarité dans la misère et leur courage, au bout de l’enfer.

    Tome VII : Le pont des assassins :

    Le bien nommé. Dans une Venise dangereuse et sombre, une conjuration vise à faire tomber le Doge. Alatriste va retrouver son vieil ennemi Malatesta, sorti des geôles de l’Inquisition contre toute attente. Quelques cicatrices et cheveux blancs en plus, le sicaire est toujours aussi létal et la haine d’Iñigo aussi vivace. Le complot va les obliger pour un temps à mettre de côté leur envie d’en découdre, jusqu’à leur escale sur l’île des squelettes.

     

    El capitàn Alatiste, c’est bien plus que des romans de cape et d’épée.

    C’est l’histoire de l’Espagne à son déclin, d’un jeune homme qui grandit, d’un soldat-spadassin d’élite qui vieillit, d’amour, de trahison, de loyauté, de bonheur d’une nuit et de mélancolie d’une vie que l’on noie dans l’alcool ou l’écriture.

    Perez-Reverte oscille entre les points de vue d’Iñigo (le principal) et d’Alatriste. Il dépeint des personnages attachants et imparfaits, qui évoluent sans se renier. Il arrive à faire d’Iñigo un critique lucide de son époque qui reste pour autant fidèle à son roi et à son dieu, et d’Alatriste un homme dangereux et admirable, qui semble à la fois maudit et pourtant capable de se sortir de situations en apparence insolvables. Le tout avec une plume magnifique, un humour décapant et beaucoup de panache. Magistral. J’ai hâte d’avoir la suite, et vos avis.

     

     

    "When I'm king in my own right, I'm going to outlaw beets." Tommen. Best manifesto ever.

    #45091
    Lapin rouge
    • Fléau des Autres
    • Posts : 4364

    Bravo pour ces résumés précis ! J’ai lu ces volumes au fur et à mesure de leur parution (en VF), du coup je n’en ai pas un souvenir très à jour, mais je retrouve bien dans tes résumés les impressions que j’en ai gardé : des aventures trépidantes, et un arrière-plan mélancolique. Il y a plein d’autres romans de Perez-Reverte recommandables (notamment Le Tableau du maître flamand, Le Maître d’escrime et Le Club Dumas).

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #45105
    Crys
    • Terreur des Spectres
    • Posts : 1685

    J’avais beaucoup aimé le premier tome de ces aventures, mais j’avoue qu’au moment d’entamer le second, quelque chose s’était perdu en route dans mon intérêt. J’en garde un très bon souvenir, ceci dit, mais je n’ai jamais passé le cap du prologue du tome 2.

    A noter également, une belle adaptation avec Viggo Mortensen, qui couvre les deux-trois premiers tomes de mémoire, avec un sens du rythme un peu contemplatif et un vrai parti pris en matière de photographie 🙂

    #87117
    Tristesire
    • Patrouilleur Expérimenté
    • Posts : 309

    Un must read pour tous les fans de romans historiques dont je fais partie…

    Une très belle plume…

    On ne touche pas aux lapins !

    #90783
    DNDM
    • Fléau des Autres
    • Posts : 3092

    J’ai fini le Tome 1 hier soir, suite aux différentes recos de ce forum. Sur le papier, y’a absolument tout pour que ça me plaise: cape et épée, bretteurs poètes, espionnage, background historique fouillé…

    Et bon pourtant… Pas enthousiasmé, pour tout vous dire. J’ai peiné à la lecture.

    La double narration, notamment, me laisse perplexe. Ça mêle des passages qui m’ont totalement fait bailler (ceux avec pour narrateur le petit Iñigo, qui font des digressions historico-littéraires qui pourraient être intéressantes à petites doses, mais sont là beaucoup trop pesantes, et beaucoup trop de teasings des futurs tomes) et ceux beaucoup plus romanesques où auteur (Perez-Reverte) et narrateur sont confondus, et qui me plaisent beaucoup plus parce que c’est là que se joue l’action et l’intrigue.

    Et bon, si on ne garde que les passages ou Perez-Reverte nous raconte l’intrigue du Capitaine, tout cela commence très tard, met beaucoup de temps à se mettre en place, et se termine très rapidement. En gros, Alatriste se fait embaucher comme assassin, foire son contrat pour des raisons morales, raconte l’histoire à son pote puissant qui arrange temporairement les choses, se fait interroger par ses commanditaires qui cherchent à comprendre ce qui s’est passé, échappe à une première tentative d’assassinat, échappe à une seconde tentative d’assassinat parce que le touriste anglais était dans le coin, et du coup toute cette histoire remonte tellement haut que tout se démêle et se résout. A lire ça comme ça la résolution est plutôt satisfaisante, mais Alatriste subit quand même beaucoup (le personnage, d’ailleurs, m’enthousiasme moyen. Trop taiseux, je crois), et bon, ça fait plus une nouvelle qu’un roman.

    Mais dans le même temps, la fin de ce tome 1 regorge réellement de tonnes de possibilités alléchantes…

    Du coup je viens de lire le post de Tomcat, sans me spoiler la suite.

    Ce premier tome de mise en place est peut-être moins haletant que les suivant (comme c’est souvent le cas dans les séries)

    Est-ce que ça vaut quand même le coup que je continue à l’occasion? Iñigo se calme un peu? Y’a plus de Capitaine et moins de blabla, sur la suite?

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #90791
    Tristesire
    • Patrouilleur Expérimenté
    • Posts : 309

    Je trouve que cela accélère par la suite…

    AMHA, tu peux poursuivre sans soucis… 😉

    On ne touche pas aux lapins !

6 sujets de 1 à 6 (sur un total de 6)
  • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.