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  • Ce sujet contient 892 réponses, 85 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Jon, le il y a 4 jours et 13 heures.
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    DNDM
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    Couverture Derniers jours d'un monde oublié

    Derniers jours d’un monde oublié, de Chris Vuklisevic

    Plus de trois siècles après la Grande Nuit, Sheltel, l’île du centre du monde, se croit seule rescapée de la catastrophe. Mais un jour, la Main, sorcière chargée de donner la vie et de la reprendre, aperçoit un navire à l’horizon. Il est commandé par une pirate impitoyable, bien surprise de trouver une île au milieu du Désert Mouillé.
    Si la Main voit en ces étrangers une menace pour ses secrets, Arthur Pozar, commerçant sans scrupules, considère les intrus comme des clients potentiels, susceptibles d’augmenter encore, si possible, son immense fortune. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre. Qu’elle les mène à la gloire ou à la ruine, la sorcière, la pirate et le vieux marchand en seront les instigateurs, bien malgré eux.

    Premier roman d’une jeune autrice (que je connais un peu, donc je ne suis pas forcément la meilleure personne pour parler de ce livre), qui a gagné le concours organisé par Folio SF pour ses 20 ans. Roman étonnant, qui se cherche, prend des influences dans des registres de l’imaginaire très différents, tente des trucs, et au final est assez inclassable.

    Pêle-mêle, on peut y voir des bouts de Trône de Fer, d’Avatar le dernier maître de l’air, de lointains contes pour enfants, de récits de pirates. Ça donne un objet étrange, où des passages quasi enfantins cohabitent avec des scènes d’une violence extrême. Où parfois on nage en plein imaginaire et d’autres fois on se retrouve dans une intrigue qui se veut très réaliste. Où la magie est à la fois très présente dans le monde mais peu exploitée question narration. Où les personnages sont à la fois très bien campés mais ont parfois du mal à nous happer. Bref, un roman qui ne coche aucune case mais qui est un peu partout à la fois, et qui surprend régulièrement par son étrangeté, sa façon de mélanger les choses.

    J’avais lu pas mal de chroniques de blogs dessus ; j’ai l’impression que la plupart des chroniqueurs ont beaucoup plus appréciés ce livre que moi.

    Amazon.fr - Les abysses - Solomon, Rivers, Guévremont, Francis - Livres

    Les Abysses, de Rivers Solomon

    Je cherche un peu les ennuis : je n’avais pas vraiment aimé le premier livre de Rivers Solomon, et j’ai quand même tenté le second. Et sans surprise, bof (voir pire?). La quatrième de couverture raconte un peu tout, en fait.

    Lors du commerce triangulaire des esclaves, quand une femme tombait enceinte sur un vaisseau négrier, elle était jetée à la mer. Mais en fait, toutes ces femmes ne mouraient pas. Certaines ont survécu, se sont transformées en sirènes et ont oublié cette histoire traumatique. Un jour, l’une d’entre elles, Yetu, va leur rappeler.

    Du coup, pourquoi faire 200 pages alors que tout tient en quatre phrases ? Pour le voyage plus que pour la destination, diront ceux qui ont aimé. Et comme pour le premier livre, j’aurais voulu faire partie de cette catégorie. J’aurais beaucoup aimé aimer. Y’a un vrai sujet (les traumas générationnels, les souvenirs d’un peuple martyrisé), des typologies de personnages peu vus… Mais au final, on n’accroche jamais vraiment à ces personnages autistes (l’autrice elle-même est autiste) qui se plaignent tout le temps de ne pas réussir à se lier au monde, l’histoire en elle-même est tout sauf marquante et tout aussi vite oubliée (encore plus que dans le tome 1, là Rivers Solomon n’essaye même pas de faire une intrigue)… Bref, on est sur de la littérature qui, pour moi, veut faire de grandes choses mais oublie son lecteur. Dommage.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #168298
    Aerolys
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    Couverture Derniers jours d’un monde oublié Derniers jours d’un monde oublié, de Chris Vuklisevic Plus de trois siècles après la Grande Nuit, Sheltel, l’île du centre du monde, se croit seule rescapée de la catastrophe. Mais un jour, la Main, sorcière chargée de donner la vie et de la reprendre, aperçoit un navire à l’horizon. Il est commandé par une pirate impitoyable, bien surprise de trouver une île au milieu du Désert Mouillé. Si la Main voit en ces étrangers une menace pour ses secrets, Arthur Pozar, commerçant sans scrupules, considère les intrus comme des clients potentiels, susceptibles d’augmenter encore, si possible, son immense fortune. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre. Qu’elle les mène à la gloire ou à la ruine, la sorcière, la pirate et le vieux marchand en seront les instigateurs, bien malgré eux. Premier roman d’une jeune autrice (que je connais un peu, donc je ne suis pas forcément la meilleure personne pour parler de ce livre), qui a gagné le concours organisé par Folio SF pour ses 20 ans. Roman étonnant, qui se cherche, prend des influences dans des registres de l’imaginaire très différents, tente des trucs, et au final est assez inclassable. Pêle-mêle, on peut y voir des bouts de Trône de Fer, d’Avatar le dernier maître de l’air, de lointains contes pour enfants, de récits de pirates. Ça donne un objet étrange, où des passages quasi enfantins cohabitent avec des scènes d’une violence extrême. Où parfois on nage en plein imaginaire et d’autres fois on se retrouve dans une intrigue qui se veut très réaliste. Où la magie est à la fois très présente dans le monde mais peu exploitée question narration. Où les personnages sont à la fois très bien campés mais ont parfois du mal à nous happer. Bref, un roman qui ne coche aucune case mais qui est un peu partout à la fois, et qui surprend régulièrement par son étrangeté, sa façon de mélanger les choses. J’avais lu pas mal de chroniques de blogs dessus ; j’ai l’impression que la plupart des chroniqueurs ont beaucoup plus appréciés ce livre que moi.

    Je l’ai acheté le jour même de sa sortie (mais je n’ai pas encore eu l’occasion de le lire). La couverture et le titre m’ont beaucoup tapé à l’œil (le titre a fait vibrer ma passion pour les mythes et légendes sur des cités et pays (voire continent) disparus).

    Toutes les plus belles histoires commencent par une brique sur le pied.

    Si Theon ouvre un bar, c'est le Baratheon.

    Spoiler:
    #168300
    Nymphadora
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    Derniers jours d’un monde oublié, de Chris Vuklisevic

    Une interview de l’autrice est d’ailleurs disponible sur le site si vous voulez en savoir plus sur ce qu’elle dit de son bouquin :

    Entretien avec… Chris Vuklisevic

    ~~ Always ~~

    #168616
    DNDM
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    Texto, de Dmitry Glukhovsky

    Texto par Glukhovsky

    L’histoire (très réussie) d’un type qui prend le téléphone portable d’un autre et qui se fait passer pour lui, et en creux un portrait dévastateur de la Russie contemporaine.

    Difficile de parler de ce livre sans spoiler jusqu’à la page 70 (sur 400), où l’histoire commence vraiment, donc spoilons juste le début, c’est pour donner envie.

    Ilya sort de 7 ans de prison, à purger une peine dont il était innocent: un flic à qui il a tenu tête lui a mis de la drogue dans la poche. Il va directement dans la banlieue de Moscou, où l’attend sa mère, la seule personne au monde qui en a encore quelque chose à faire de lui. En arrivant, il découvre que quelques heures plus tôt, elle est décédée d’un arrêt cardiaque.

    Ilya s’achète deux bouteilles de vodka, et traque sur les réseaux sociaux Petia, le flic qui l’a envoyé en prison pour rien. Ivre et armé du couteau à saucisson qui se trouvait sur la table de la cuisine de sa mère, il le confronte. Et évidemment, Petia meurt. Mais avant de mourir, il tente de débloquer son portable pour appeler des secours, Ilya voit son code, et sans trop savoir pourquoi, il s’empare du portable.

    Sur l’écran sale apparut une notification WhatsApp:
    « Est-ce que tu vas bien? Je m’inquiète. Maman. »
    Le monde se contracta.
    Ilya gratta la fine croûte qui recouvrait le bouton d’accueil avec son ongle, puis avec l’aplomb de l’ivrogne composa le code qu’il avait vu taper ; d’abord la ligne supérieur des chiffres puis la ligne inférieure, les deux dans l’ordre. Le téléphone se déverrouilla directement sur le message. Lentement, du pouce, il composa une réponse: « Salut m’man. Tu me manques. »
    Sur l’écran tombaient des gouttes salées, qui dissolvaient le sang séché.

    Le roman commence vraiment là, page 70. La suite, évidemment, c’est Ilya qui fouille dans le portable de Petia, et qui peu à peu découvre toute sa vie, ses amours, ses parents, ses combines louches, ses secrets inavouables… et se fait passer pour lui auprès de ses différents contacts, jusqu’à parfois ne plus trop savoir qui il est.

    Ce livre attendait depuis trois ans sur ma pile à lire. Mais comme l’idée était proche d’un (les participants au premier Nanowrimo s’en souviennent peut-être…) ou deux de mes projets d’écriture, je n’avais je crois pas osé le lire avant aujourd’hui, je crois…

    Au final, j’ai découvert un polar social très réussi et très humain, avec des personnages complets et complexes, et dans lequel même le pire des salauds finit par nous émouvoir, quand on plonge dans sa vie. Mais comme souvent avec Dmitry Glukhovsky, Texto est aussi et surtout un roman qui fait le portrait sans concession de la Russie contemporaine. De lui, j’avais déjà lus ses livres de SF (Métro 2033, Métro 2034, Métro 2035). J’avais adoré le premier et beaucoup moins aimé les deux suivants, mais les trois, sous prétexte d’anticipation et parfois de fantastique léger, dressaient le portrait de la Russie (passé et présente) et de ses démons. Là, avec un polar contemporain, l’auteur peut montrer très crûment la Russie, sa corruption, et ses habitants emprisonnés par un système qui, qu’ils collaborent ou se rebellent, fini par les broyer d’une façon ou d’une autre.

    Au passage, Dmitry Glukhovsky dénonce depuis longtemps le pouvoir en place en Russie, et il a écrit dès le début de la guerre en Ukraine des tribunes dans Libération, dont celle-ci, qu’on pourrait qualifier de visionnaire (mais bon, la prophétie était facile à faire…).

    « Ceux qui gobent aujourd’hui la propagande doivent avoir à l’esprit que les Russes sont déjà considérés comme des envahisseurs dans le monde entier. Bientôt, nous serons également considérés comme des criminels de guerre. »

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #168621
    Sooyemds
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    Chronique : Nevernight, tome 1- N’oublie jamais, de Jay ...

    Nevernight tome 1 et 2  de Jay Kristoff. L’histoire d’une jeune femme, Mia, qui souhaite suivre la voie « classique » de la vengeance. On découvre un monde où 3 soleils se succèdent, où la « vrai » nuit ne survient que très rarement. L’univers s’inspire grandement de l’empire romain et ce n’est pas pour me déplaire. La magie est également présente dans l’œuvre.  Mia, le personnage principal de l’œuvre, comme toute fille qui a survécu à un drame familiale, recherche une manière de se venger définitivement des personnes qui lui ont fait du tort. Sa route va l’amener à intégrer une école d’assassin et à devenir plus léthale que jamais.

    Le livre 1 est vraiment très bon selon moi. Le monde est sympathique même si on se perd un peu dans la tonne d’explication qui nous tombe dessus rapidement. Découvrir une école d’assassin avec ses règles et ses matières, c’est un régal. Les divers personnages sont plutôt bien écrits, en tout cas ils me plaisent. Le dernier tiers du livre m’a très fortement impliqué. Impossible de décrocher.

    Le livre 2 est un peu plus classique. On continue d’explorer ce monde, de voir le développement de certains personnages, de dévoiler enfin certains mystères et en créer de nouveaux. Une fin de tome à suspens également.

    J’attends le tome 3 et la conclusion de cette trilogie et vous recommande fortement cette dernière !

    #169155
    DNDM
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    Silbermann (1922), de Jacques de Lacretelle

    Silbermann - Jacques de Lacretelle

    Roman court (novella, diraient les américains) disséquant l’amitié entre un lycéen protestant plutôt effacé et en recherche d’une cause, et un lycéen juif brillant et arrogant, dans une France pas vraiment datée (un peu avant 1922, donc) mais où l’antisémitisme à le vent en poupe.

    Roman qui arrive à caser un nombre assez hallucinant de thèmes en 124 pages: antisémitisme, évidemment, mais aussi harcèlement scolaire, amitiés adolescentes, relations interfamiliales, études des mentalités protestantes, catholiques, juives… pour ce qui est évident ; et en ce qui concerne le message plus global du roman, recherche de pureté et de missions typiques de l’adolescence, mise à mal de ces aspirations par la réalité, petites compromissions et lâchetés ordinaire de tout un chacun qui permettent de vivre confortablement plutôt que contre le monde…

    Bref, une grosse densité de thèmes, pour la plupart toujours d’actualité même 100 ans après, et pour la plupart traités avec une intelligence rare – et aussi une bonne part de cynisme. Il n’y a guère que la question de l’homosexualité sur laquelle le roman peut paraitre honteusement daté, et encore, on peut sans problème mettre ça sur le dos du narrateur plutôt que de l’auteur.

    Au final, personne ne sort grandit de ce livre, dans lequel tout le monde est à la fois grand et ridicule, admirable et vénale, mélange de grandes aspirations et de petites compromissions honteuses.

    C’est un grand livre, écrit brillamment, avec une économie de mots bienvenue, et qui analyse de façon rare les dynamiques sociales et les mentalités. Et en même temps, c’est un livre qui peut paraître trop travaillé, trop académique. C’est surtout un livre qui n’offre à aucun moment un plaisir de lecture, et dont je suis même ressorti un peu nauséeux. Grand livre, donc, mais grand livre parce qu’il dévoile la face sombre de l’humanité qu’on a pas du tout envie de regarder.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #169240
    DNDM
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    Charlotte, de David Foenkinos

    Charlotte eBook : Foenkinos, David: Amazon.fr: Boutique Kindle

    Livre qui retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre allemande et juive (1917-1943), et aussi « l’enquête » que David Foenkinos, qui est fasciné par elle, fait en se rendant sur les lieux où elle a vécu.

    Livre écrit en revenant à la ligne à chaque phrase, et en faisant des phrases très courtes (il est rare qu’elles entament une seconde ligne, même dans mon format poche.) Ca m’a un peu fait penser à À la ligne – feuillets d’usine de Joseph Ponthus, pour la forme, pour la volonté de faire un peu de poésie sans trop l’avouer. L’idée de l’auteur, ici, est la suivante:

    J’ai cité ou évoqué Charlotte dans plusieurs de mes romans.

    J’ai tenté d’écrire ce livre tant de fois.

    Mais comment?

    Devais-je être présent?

    Devais-je romancer son histoire?

    Quelle forme mon obsession devait-elle prendre?

    Je commençais, j’essayais, puis j’abandonnais.

    Je n’arrivais pas à écrire deux phrases de suite.

    Je me sentais à l’arrête à chaque point.

    Impossible d’avancer.

    C’était une sensation physique, une oppression.

    J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer.

     

    Alors j’ai compris qu’il fallait l’écrire ainsi.

     

    Livre qui de par sa forme se lit très vite et très facilement, mais qui je pense s’oubliera relativement vite aussi. Pour qui n’est pas ultra fan de Charlotte Salomon, voir ne connaissait même pas son existence avant d’ouvrir le livre et n’avait jamais vu ses oeuvres (c’était mon cas), l’adoration de David Foenikos pour ces peintures et leur peintre est sans grand intérêt. La vie de Charlotte Salomon, sa famille marquée de façon assez hallucinante par les dépressions suicidaires, son amour fantasmé avec un homme qu’elle verra très peu, ses relations avec les grands-parents, sa fuite de l’Allemagne nazie, sa probable folie, sa frénésie créatrice, sa vie en France jusqu’à être finalement rattrapée par l’horreur… Oui, tout cela ne manque pas d’intérêt, pour qui s’intéresse à l’artiste, ou tout simplement à l’histoire. Mais en fait, l’autobiographie de Charlotte Salomon « Vie? ou théâtre? » , principale source de David Foenikos, n’est-elle pas plus indiquée?

    Là, David Foenikos n’arrive jamais vraiment à communiquer la passion qu’il ressent pour son oeuvre, il nous laisse spectateur de tout cela. Le récit est suffisamment court pour qu’on ne s’ennuie pas, mais en tant que lecteur, je suis resté plus ou moins absent pendant cette lecture.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #169263
    Jon
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    Trois mois après mon dernier bilan des livres rapportés des Imaginales, et à quelques jours de la prochaine édition, il est temps pour un dernier débrief !
    (Retours écrits au fil des mois, vous excuserez le manque des cohérence stylistique 😉 )

    La ville sans vent, d’Eléonore Devillepoix : j’ai bien aimé 🙂 Je m’attendais à un truc moyen au vu des critiques d’autres membres l’ayant lu, et j’ai été agréablement surpris 🙂
    L’univers construit tient debout, l’intrigue est bien menée, l’écriture est fluide – même si je l’ai trouvée un peu « simple » par moments, surtout au début -, j’avais hâte de lire la fin et maintenant j’ai hâte de lire le second tome 😀
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    Ru, de Camille Leboulanger. Roman très étrange qui nous présente un inventaire de nombre de problématiques de société par le spectre des habitants de Ru, une sorte de gros dragon à six pattes échoué au bord de la mer. Oui, vous avez bien lu : toute une société habite dans le dragon – qui fait une taille faramineuse, probablement l’équivalent d’un département. Des villes sont donc construites dans la Tête, dans les Reins, les Cuisses, les Coeurs, etc. Mais cette situation – étrange – n’est presque qu’un prétexte pour aborder tous ces sujets de société (en vrac et de façon non exhaustive : immigration, équivalent Gilets Jaunes, justice, éducation, constitution, etc), sous les yeux de trois personnages qui sont parfois plus spectateurs qu’acteurs.
    Au final, un livre très intéressant, bien écrit (j’ai largement préféré le style que dans Le chien du forgeron que j’avais lu il y a quelques mois), mais quand même un peu perturbant : on a parfois un peu de mal à visualiser où on va, quel est l’objectif global. Mais probablement n’y en a-t-il volontairement pas, et est-on plutôt dans du témoignage et des pistes de réflexion que dans une volonté d’apporter des réponses à des sujets qui dépassent nos individualités – un peu comme Ru dépasse largement ses habitants et leurs problématiques.

    Le chant des Fenjicks, de Luce Basseterre. Roman de SF (ça change de la fantasy, et même des dystopies/uchronies/etc : là on est vraiment dans de la SF, de la vraie, avec empire galactique, diverses races sur diverses planètes, voyage spatial et tout le tintouin), j’étais content de m’y attaquer, ça faisait longtemps que je n’avais pas lu ce genre de trucs, mais au final j’en ressors avec un avis assez mitigé… :/
    Le pitch en bref : on suit deux individus à deux bouts de la galaxie, un Imbtu (une sorte de félidé vivant dans une société matriarcale) et un.e Chaleck (sorte de camélénoïde hermaphrodite, la race dominant l’Empire), aux prises avec des problématiques qui leur sont propres (au départ) mais qui conernent, de près ou de loin, des cybersquales : des Fenjicks (sortes de grosses baleines de l’espace capables de sauter en hyperespace) modifiés, trépanés, dirigés par des IA, et servant de vaisseaux spatiaux.
    J’ai pas mal accroché à la première partie du roman : les problématiques à niveau « humain » des protagonistes, les thèmes abordés (en gros, l’Empire Chaleck essaie plus ou moins d’imposer l’hermaphrodisme sur les planètes qu’il domine, ce qui donne lieu à plein de réflexions intéressantes, surtout sur une planète violemment matriarcale comme celle des Imbtus, avec un questionnement sur le genre (une bonne partie du boquin est écrite au neutre), sur le libre-arbitre, et sur tout un tas de trucs). J’ai bien aimé également une petite partie vers la fin qui revenait sur des thèmes intéressants comme la participation à la société, la mémoire, ce genre de trucs. En revanche, assez vite, on passe à des enjeux beaucoup plus énormes, qui sont mal amenés, tombent un peu comme un cheveu sur la soupe, enlèvent tout intérêt à ce qu’il s’était passé jusque là, et sont en plus plutôt mal traités à mon goût. Le caractère « extra » de tout ce qui arrive est très mal transmis, j’ai ressenti très peu d’impact et d’émotion alors que certains passages auraient dû être épiques. La faute peut-être à une distance dans la narration, ou à un rythme trop rapide et morcelé – avec en plus des difficultés à suivre la notion du temps qui passe.
    Bref, c’est plutôt loupé pour moi, et c’est dommage, car beaucoup de thèmes abordés m’intéressent pourtant beaucoup…

    Le garçon et la ville qui ne souriait plus, de David Bry. Si je devais résumer le livre en un mot : gentillet.
    À Paris, dans un 19ème siècle uchronique, les Lois de la Norme, inspirée par l’Eglise, interdisent les « anormalités », c’est-à-dire les différences physiques ou mentales, au motif qu’il faut être semblables pour faire société. Tous les anormaux sont rejetés sur une île sur la Seine, et y forment la Cour des Miracles. Romain, fils du chef de la police et d’une aristocrate, secrètement gay, étouffe dans le carcan de sa bonne famille et va en secret la nuit épier les anormaux qui font la fête sur leur île miséreuse. Je ne vous raconte pas la suite, d’une part car c’est le livre et que ce serait du spoil, d’autre part car vous l’avez probablement immédiatement imaginée et que vous avez probablement raison, au moins dans les grandes lignes. Clairement, on n’est pas sur un scénario surprenant ; il y a un message dans le livre, et ce message n’est pas caché x) Ce n’est pas forcément dérangeant, d’autant plus que le livre est assez court et se lit vite, on suit les péripéties de Romain et ses ami-e-s sans jamais vraiment s’inquiéter mais sans déplaisir. Le tout laisse quand même une impression très « jeunesse » – y compris dans le style. On est quand même bien lui de la poésie et de la mélancolie de Quand passe l’hiver – et j’ai été assez surpris de voir que ce dernier avait été écrit avant, j’aurais pensé l’inverse après ma lecture…
    Bref, comme je le disais : gentillet :p

    Zone Tampon, d’Isabelle Bauthian
    Dans un monde post apocalypse climatique (donc dans une cinquantaine d’années, quoi 9_9), une ville a trouvé un moyen de s’en sortir, à base de recyclage et d’optimisation technologique des matériaux etc. Évidemment, tout cela repose sur un équilibre très calculé, et donc tou•te•s les habitant•e•s doivent faire leur part et respecter les consignes, et la ville est protégée par de très larges murs derrière lesquels on laisse tranquillement mourir les Déplacés climatiques, dans ce qu’on appelle la Zone Tampon. Bien sûr, un beau jour, tout cela va basculer, et notre héroïne va se retrouver bon gré mal gré en excursion dans la fameuse Zone Tampon.
    Disons-le tout de suite : j’aime toujours autant le style d’Isabelle Bauthian. C’est rapide, efficace, agréable à lire.
    Les sujets abordés sont intéressants, et le sont intelligemment. Toute la réflexion sur la ville technologique à moitié progressiste et à moitié dictatoriale m’a beaucoup plu, les réflexions sur les modes de vie et les gouvernances alternatives qu’on va croiser en Zone Tampon sont intéressantes également, et le tout est approché de façon plutôt nuancée, sans qu’une solution ne soit présentée comme la bonne ou la mauvaise, sans que le trio de personnages principaux ne soient parfaitement d’accord (on sent un accord de principe sur le volet social de la chose, hein, mais disons qu’il existe des points de divergence).
    Deux petits bémols toutefois : j’ai trouvé qu’on ressentait assez peu la chaleur, alors que la Zone Tampon est globalement un désert (et, globalement, qu’on ressentait assez peu la difficulté du trajet) ; et j’ai trouvé la fin un peu abrupte, avec une conclusion très ouverte et peu satisfaisante de tout l’arc narratif. C’est probablement au moins en partie à dessein – l’autrice n’apporte pas des réponses, mais ouvre des pistes de réflexion -, mais j’ai quand même trouvé ça un peu rapide, et pas forcément très cohérent pour tous les personnages (ou alors, je n’ai pas eu le temps de trouver et comprendre la cohérence car c’était soudain déjà fini…)
    Une lecture quand même très agréable et intéressante dans l’ensemble 🙂

    Le recueil « Nos futurs », dont le concept est de proposer dix paires de textes, l’un scientifique, l’autre une nouvelle, chacune basée sur un « ODD » (Objectif de Développement Durable) et un levier d’action qui lui est associé.
    Le résultat est assez inégal, surtout pour moi qui ne suis pas spécialement fan de nouvelles ^^ j’aurais probablement mieux fait de les lire espacées plutôt que de tout enchaîner ^^’ au final, j’ai eu beaucoup de mal avec les trois premières, ce qui m’a bien refroidi ; les cinq suivantes pourtant étaient plutôt très sympas ! Et les deux dernières un peu plus neutres…
    Et voilà un énorme pavé de mes avis rédigés au fur et à mesure pour chaque nouvelle, je vous le mets sous balise spoiler parce que franchement je suis pas sûr que ça mérite d’être lu 😬

    Spoiler:
    Le premier texte scientifique est très intéressant, à propos de l’enjeu des sols, que ce soit pour nourrir une population grandissante ou pour servir de puits de carbone. Les problématique sont clairement exposées, sur un sujet évident et pourtant peu abordé (il me semble).
    La nouvelle (de Raphaël Granier de Cassagnac), en revanche, est décevante – ou plutôt, sans intérêt. La problématique des sols est très brièvement abordée à travers une idée de sortes de panneaux solaires dans le Sahara qui permettraient, en réduisant le gradient de température, d’abriter une végétalisation (en gros), mais c’est très mineur au sein de l’histoire, qui est globalement un papi dans une communauté post-apo qui raconte des anecdotes de sa vie d’avant.

    Le second texte scientifique m’a paru un peu plus brouillon (ou un peu moins bien vulgarisé ^^’), ça parlait des enjeux de l’évolution génétique des plantes, des microbes, des virus, d’immunologie et de plein d’autres trucs auxquels j’ai pas tout à fait tout compris ^^’
    Dans la lignée, la nouvelle (de Claude Ecken) est un peu complexe mais quand même assez intéressante, proposant des solutions à base de pluri cultures et de mélanges génétiques basés sur autres chose que la seule productivité pure pour résister à un futur dans lequel les plantations meurent de nouvelles maladies en pagaille, d’eaux polluées, de sécheresses, etc ; à travers le personnage sympathique d’une agronome rendant visite à de nombreux agriculteurs pour leur proposer sa solution alternative.

    Troisième texte scientifique, on est plus sur un petit bilan de l’écoféminisme, ce que c’est et pourquoi ça existe – en gros. J’ai trouvé ça assez clair et efficace.
    La troisième nouvelle (de Sylvie Lainé) se passe au Congo, la société se divise entre procréants mâles, procréants femelles, et non procréants ; et le langage est devenue exclusif : les procréants mâles sont genrés dans un nouveau masculin qui consiste globalement en des terminaisons en ï, tandis que les non procréants sont genrés au neutre, notre actuel masculin. Le concept est intéressant, mais je suis en train de me rendre compte que le genre « nouvelle » n’est probablement pas fait pour moi, je trouve toujours ça trop rapide, un peu superficiel, et du coup très artificiel : « tenez regardez cette situation potentielle, hop je mets mes concepts et c’est fini » ^^’

    Quatrième texte, sur l’eau, très intéressant. C’est un peu de la chimie au début, et c’est parfois un peu rude à suivre, mais même en comprenant un mot sur deux c’était intéressant 🤣
    La quatrième nouvelle (d’Estelle Faye) quant à elle est très belle, poétique, efficace. Le décor est posé efficacement, l’enjeu n’est pas trop ambitieux, bref une nouvelle réussie 🙂

    Cinquième texte parle d’économie c’était un peu compliqué à suivre, des histoires de croissance et de prix du pétrole j’ai pas tout compris ^^’
    La cinquième nouvelle (de Laurent Genefort) réfléchissait à un outil de suivi/surveillance des habitudes individuelles et de comment clarifier les impacts de chaque action quotidienne sur l’empreinte écologique, c’était assez intéressant comme réflexion et fait efficacement !

    Le sixième texte est assez clair, écrit par une meuf du Shift Project, il explique le principe et les enjeux d’une « carte carbone » (en gros : répartir le budget carbone national sur les individus et leur décompter pour chaque dépense carbonée en transport / logement, + une réflexion sur les enjeux sociaux que ça implique). C’était plutôt intéressant 🙂
    La nouvelle (de Chloé Chevalier) associée est très sympa, probablement ma préférée pour le moment ! Le mise en place de la dystopie n’est pas trop ambitieuse, c’est justement une application de la carte carbone, l’enjeu principal est individuel, ce qui rend ça plus facile à suivre et à conclure sur une nouvelle, et c’est bien écrit et intéressant 🙂

    Le septième texte expliquait globalement les enjeux d’adapter les villes au changement climatique. C’était intéressant sur les raisons pour le faire, mais ça manquait peut-être un peu de propositions ^^’
    La nouvelle (de Catherine Dufour) associée se plaçait dans un Paris futur, inondé, qu’on découvre via un garçon qui va chercher sa grand-mère super riche dans son appartement de riche du vieux monde dans La Défense transformée en bunker pour riches pas écolos ; c’était court mais efficace, le décor est bien posé et c’est intéressant à regarder 🙂

    Le huitième texte réfléchit à la problématique de la recherche éperdue de croissance à tout prix, au mythe de la croissance verte, et à des manières de mettre en place un peu de sobriété alors que la surproduction est un enjeu majeur. Pas mal de chiffres évocateurs et de propositions productives, c’était intéressant !
    La huitième nouvelle (de Jeanne-A Debats) présente une société post apocalyptique intéressante, avec une partie des humains qui sont dans une sorte de « matrice » et les autres qui vivent dans des cavernes et luttent contre les rudesses du monde. L’histoire est intéressante, et le final féministe inattendu était une petite cerise sur le gâteau très agréable 🙂

    Le neuvième texte décrit le principe et le fonctionnement de l’enfouissement de CO2 (puits de carbone géologiques). J’avoue que ça ne m’a pas passionné ^^’
    Et j’ai trouvé la nouvelle (de Jean-Marc Ligny) associée assez mauvaise ; on a d’abord des extraits de blog d’un mec travaillant sur un de ces puits de carbone justement, qui globalement nous résume ce que l’article racontait déjà ; puis on a un saut de 300 ans et une vieille qui raconte au village comment elle s’est enfuie de son ancien village car tout le monde y tombait asphyxié ; ça n’a aucun intérêt, on voit exactement où le récit va malgré un faux suspense, et c’est en plus un peu étrange d’avoir une telle nouvelle après l’article qui essayait justement d’expliquer que c’était une méthode globalement sans danger et sans risque…

    Le dernier texte parle de biodiversité, sous un angle plutôt philosophique et éthique.
    La nouvelle (de Pierre Bordage) associée est très courte, deux adolescents en ~2100 se rendent dans un « sanctuaire », une zone biologique préservée ; ça n’a pas grand intérêt mais c’est mignonnet ^^

    Le sang de la cité, de Guillaume Chamanadjian (le premier tome de la double trilogie, s’il y en a qui n’ont pas tout suivi 😉 )
    C’était très sympa 🙂 l’écriture est très fluide, très agréable ; les personnages sont sympathiques ; l’intrigue met un peu de temps à démarrer, mais il finit par se passer des trucs 😱😱😱
    C’est marrant parce qu’au final ça m’a pas mal fait penser à Un long voyage, je sais pas si j’ai été influencé par le fait de savoir que Chamandjian et Duvivier sont en couple, mais j’y ai retrouvé un quelque chose, dans le rythme assez tranquille, dans l’introduction progressive du fantastique et d’éléments inexpliqués dans une histoire qui n’en contenait au départ pas, dans l’ambiance générale… ^^
    .
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    After, d’Auriane Velten
    Que dire de ce livre, plébiscite de la Garde lors des dernières Imaginales, ayant depuis reçu le prix Utopiales, mais que l’autrice elle-même admet ne pas savoir pitcher sans spoiler ?
    Je me contenterai de m’ajouter à celles et ceux ayant aimé cette lecture : le scénario est bien construit, les réflexions amenées sont intéressantes, et le style est très agréable 🙂 (et le système de narration est bien compris, ça paraît évident mais après certaines de mes lectures ça me frappe de nouveau à chaque fois que c’est bien fait 😬)

    Et cela conclut mon auto-challenge de lire tout ce que j’avais acheté avant la prochaine édition ! 😀

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 7 mois par Jon.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 7 mois par Jon.
    #169408
    Yoda Bor
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    Prisme de Noha D. Charles

    Un livre dont il est un peu compliqué à parler parce que les débuts sont (volontairement) confus et qu’après j’ai peur de spoiler. Mais on suit un personnage qui navigue entre trois réalités parallèles qui se mettent en pause quand il en quitte une pour aller dans l’autre.
    Ca fait longtemps qu’il vit comme ça et il aurait pu continuer encore longtemps jusqu’à ce que les membres d’une organisation qu’il trouve louche essaient de lui mettre la main dessus dans toutes les réalités.
    Il va alors se rendre compte qu’il est un Vagabond et qu’il a une mission donnée par le Prisme qui consiste à retrouver des éléments dans chacune des dimensions avant qu’elles ne s’effondrent.
    J’essaie de rester la plus vague possible possible parce que j’ai peur d’en dire un peu trop, et il y a beaucoup de révélations qui s’enchainent.
    J’ai bien aimé ce livre, qui se lit très vite et qui est très entrainant. Je regrette juste un début un peu trop rapide à mon gout parce que, dès le premier chapitre, Valence rencontre les gens qu’il trouve ça louche et j’aurai préféré qu’on passe un peu de temps à le voir tourner dans les différents dimensions pour mieux les connaitre.

    Arys du Rouvre 💜

    #169411
    Jon
    • Pas Trouillard
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    Lore, Alexandra BrackenLore, d’Alexandra Bracken.
    Il y a des siècles, Zeus a puni neuf dieux en les bannissant de l’Olympe et en les condamnant tous les sept ans à devenir mortels pendant sept jours. Et il a créé l’Agon, une compétition entre les descendants de neuf héros antiques : pendant ces sept jours, quiconque parvient à tuer un dieu prend ses pouvoirs et devient dieu à sa place (jusqu’à se faire tuer à son tour…).
    De nos jours, on suit Lore, la dernière des Perséides, qui cherche à s’affranchir de l’Agon et de ses violences, mais qui s’y retrouve embarquée une nouvelle fois malgré elle.
    J’ai bien aimé ce livre ; j’ai trouvé le concept intéressant, et entre les neuf dieux, les neuf familles de héros, et les personnages tous élevés dans cet univers de tradition « grecque antique », il y a pas mal de références à la mythologie que j’ai appréciées 🙂
    Il y a quelques rebondissements auxquels je ne m’étais pas attendu, et quelques réflexions intéressantes sur le sexisme mythique – en particulier avec Lore, qui reproche par exemple aux déesses d’avoir participé au système patriarcal de Zeus au lieu d’avoir tenté de s’y opposer, avec des héros toujours hommes et des femmes toujours victimes et/ou monstres ; une remise en question intéressante et pertinente !

    #169507
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Je pose ça là :

    [Imaginales 2022] Quels sont les livres qui ont fini dans nos valises ?

    Vous verrez probablement un certain nombre de ces bouquins passer sur le forum ^^ Je ne sais pas si certains d’entre vous ont lu des pépites de notre pile mais hésitez pas à nous donner vos avis !

    ~~ Always ~~

    #169540
    FeyGirl
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    Dans votre liste :

    • J’ai lu
      • Un long voyage, de Claire Duvivier : j’avais beaucoup apprécié la plume et l’ambiance de cet univers imaginaire. Lecture que je recommande.
      • Widjigo, d’Estelle Faye : pareil, j’ai beaucoup apprécié ce roman fantastique et historique. Lecture que je recommande aussi.
      • Boudicca, de Jean-Laurent del Socorro : beaucoup de lecteurs ont adoré, je fais partie des déçus (j’avais beaucoup d’attente car je connaissais ce personnage historique, ça a dû jouer. Ne jamais mettre trop d’attentes dans une lecture). On m’a conseillé d’insister avec ses romans plus récents.
    • Je suis en train de lire
      • Sous la lune brisée, Anne-Claire Doly : dystopie avec une plume littéraire. J’aime bien la plume très travaillée de l’auteure, mais ce n’est pas léger-léger.
    • Je compte lire un jour (huhu)
      • Le Bâtard de Kosigan, de Fabien Cerutti
      • Capitale du Sud, de Guillaume Chamanadjian – Capitale du Nord, de Claire Duvivier
      • Les Dieux sauvages, de Lionel Davoust
      • Les Jardins de la lune, de Steven Erikson
      • L’héritage des rois passeurs, de Manon Fargetton
      • L’enterrement des étoiles, de Christophe Guillemain
      • Qui a peur de la mort ?, de Nnedi Okorafor
      • Les sentiers des astres, de Stefan Platteau
    #169636
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    J’ai terminé le second tome du sentier des astres de Stefan Platteau : Shakti. J’avais adoré Manesh, le premier tome, et j’ai encore adoré Shakti !

    Pour tout avouer, j’ai tout de même eu du mal à rentrer dans l’histoire : j’ai regretté d’avoir autant attendu entre les deux tomes, car, avec son atmosphère si particulière, lente et poétique, le livre prend du temps à apprivoiser, et le rythme déroutant demande une certaine immersion. Il m’a fallu un peu de temps pour me remettre dans l’état d’esprit de Manesh, alors que, je pense, si j’avais moins attendu, ça serait venu plus naturellement. Mais bref.

    On est dans la continuité du premier tome, et l’on découvre un peu plus Shakti, et son récit poignant est tout en nuance et en subtilité. Une vraie réussite. La première partie du livre, qui met en scène un combat, est, elle, haletante et prenante. J’ai maintenant hâte de lire la suite (même si j’ai aussi très peur de ce que ça va donner, le personnage titre étant assez détestable… et en dédicaces, Platteau m’a prévenue : ça sera le tome le plus sombre ! Bref, je ne ferai pas l’erreur d’attendre autant entre les deux tomes, mais je ne m’y attaquerai pas dans une période de déprime xD).

    En tous cas, je recommande toujours la saga, pour le moment 🙂

    ~~ Always ~~

    #169658
    Prydain
    • Frère Juré
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    Les chroniques de Majipoor de Robert Silverberg, dont j’ai lu les deux premiers tomes et dont je compte bien lire la suite. C’est une saga-monde, qui dépeint les soubresauts politiques d’une planète géante habitable, dirigée par de singulières puissances capables de s’insinuer dans les rêves de ses citoyens, pour réguler les tensions sociales et leur adresser des messages personnalisés, afin de les guider dans leur vie. La paix et la concorde règnent depuis des milliers d’années, en apparence du moins..

    On découvre avec le personnage principal, Valentin et ses compagnons de route, ce monde gigantesque, sa faune et sa flore terrible, ses coutumes et ses peuples. C’est un récit initiatique pour Valentin, qui va découvrir en lui des pans insoupçonnés, mais aussi des secrets menaçants la paix civile et l’ordonnancement de ce monde. Ce n’est pas de la fantasy, mais ce n’est pas tout à fait de la sf, je dirais que c’est à rapprocher de la Ténébreuse de Marion Zimmer Bradley, ou de Tshai de Jack Vance, ou bien encore de Anne Mac Caffrey, le cycle de Pern.

    Cet auteur a écrit  pas mal d’uchronies et de romans dystopiques. Quelques titres que j’ai lu, Roma Aeterna, ou les Monades Urbaines.. j’en ai lu d’autres comme les déportés du cambrien, l’homme dans le labyrinthe, le livre des crânes, l’homme stochastique, Tom O’Bedlam. Il en a écrit bien d’autres, que je lirais aussi j’espère avec intérêt.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 6 mois par R.Graymarch.
    #169667
    Jon
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    ÂhniJ’ai fini le premier tome de Âhni, de Myrtille Bastard (un livre à la couverture horrible (la faute à la maison d’édition a priori), mais que l’autrice nous avait super bien vendu, on avait parlé presque une heure avec elle avec Yoda aux Imaginales le dimanche ^^). J’ai eu un peu de mal au début ; probablement en partie des difficultés à m’habituer au style (ça me fait souvent ça quand je lis en français + à la première personne), en partie aussi parce que le personnage-central-pov-narrateur de la première partie n’est pas ultra attachant (en plus l’autrice me l’avait vendu comme « pas très sympathique » donc ça a probablement accentué le trait x) ), et parce que l’histoire est assez simple et pas passionnante (que de points positifs décidément 😛 ).
    Dans la deuxième partie, ça va mieux. La série est basée sur quatre personnages dont les narrations ont vocation à se croiser et se compléter, avec les deux premiers tomes étant une sorte d’introduction à chaque personnage avec son histoire jusqu’aux événements clefs du moment ; dans ce tome 1, on a donc deux personnages introduits. C’est intéressant comme écriture (c’est un peu comme si on avait un seul PoV de GRRM pendant tout un demi-tome, puis un autre), et les deux personnages se croisant et interagissant, chacun interprète à sa façon les événements et les actions de l’autre, et c’est plutôt bien fait (même si sur certains points c’est assez évident dès la première lecture ce que sera l’autre vision). Ils sont suffisamment séparés, et leur histoire couvre une suffisamment grande période, pour qu’il n’y ait quand même pas d’effet lassant de répétition.
    Bref tout ça pour introduire que donc oui, la deuxième partie m’a plus plu, le second personnage est plus intéressant, même si ses problématiques sont très axées sur le sexe XD
    Au final, c’était sympathique à lire, et surtout, si on considère ça comme une (longue) introduction, ça donne assez envie de lire la suite : il y a quelques mystères intrigants, une histoire générale dans laquelle on commence à s’impliquer, et les deux autres personnages que je suspecte d’être les futurs narrateurices m’intéressent bien (et viendront probablement apporter un éclairage très complémentaire à ce qu’on sait jusque là).

    #169726
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Le Tribut des Dieux, tome 1 : Octavia, de Bleuenn Guillou

    Les Dieux ne sont pas immortels ! Tous les cent ans, chaque dieu choisit l’héritier qui prendra sa place parmi les magiciens. Et tous les magiciens sont, eux, formés à l’académie de magie. Octavia, une jeune fille qui vient de perdre sa famille dans des circonstances atroces, se retrouve à l’académie et se retrouve soudain au cœur des manipulations des magiciens et des dieux. Et elle est prête à tout pour ressusciter sa famille.

    Comme vous vous en doutez peut-être avec ce résumé foisonnant, on est sur un livre divertissant qui se lit vite façon Young Adult. Et j’ai lu le livre très vite, sans m’ennuyer, c’est efficace. Toutefois, si l’univers est original, j’ai trouvé le tout un peu too much à mes yeux : j’ai eu l’impression qu’on essayait de caler trop d’éléments hétéroclites dans cette histoire, à l’image de ce panthéon de dieux qui convoque des dieux grecs, des dieux celtes, des dieux slaves, des dieux mayas… La mixture est parfois un peu trop riche. A cela s’ajoute un style pas très heureux (des phrases un peu bancales et une langue assez moyenne), et des personnages qui manquent de texture. L’héroïne, Octavia, est « une fille en colère ». Elle est traumatisée, prête à tous les mensonges et atrocités… mais manque cruellement de fond au delà de ça. Pensez Arya Stark, mais sans le talent de Martin pour la faire vivre. Ses compagnons ne sont pas beaucoup plus convaincants, avec notamment Clémence, la jeune fille naïve, douce et innocente… qui se révèle surtout complètement vide et peine à émouvoir. On a parfois un peu l’impression de cocher le bingo des clichés de personnages, sans qu’il vivent vraiment dans notre esprit.

    Je pense que le livre trouvera son public, parce qu’il a quand même une grande efficacité. Et en plus le travail éditorial est à saluer, le livre est très joli. Mais malheureusement, c’était pas pour moi !

    ~~ Always ~~

    #169753
    Tizun Thane
    • Pisteur de Géants
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    avec notamment Clémence, la jeune fille naïve, douce et innocente… qui se révèle surtout complètement vide et peine à émouvoir.

    Au moins, son prénom est raccord avec son comportement ^^. L’autrice a probablement voulu mettre en opposition deux archétypes de la féminité (la fille en colère contre l’ingénue), mais à te lire, aurait peiné à convaincre.

    Merci Nympha de ce retour. Le titre est assez classe « le Tribut des dieux », mais ta mini critique ne donne pas envie. Si je le lis, je ferai un retour pour comparer nos notes ^^

    #169957
    Crys
    • Terreur des Spectres
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    Pour ma part, je viens de terminer Malboire de Camille Leboulanger. Pour rappel, Nymphadora avait plutôt beaucoup aimé et DNDM moins. Pour ma part, si j’ai eu un peu de mal à accrocher complètement par moment (le manque d’enjeux dont parlait DNDM, je comprends), il se dégage une atmosphère assez « apaisante » du roman. C’est un trait qu’il partage avec d’autres histoires inondées, à mon sens, comme La Belle Sauvage de Pullman ou bien la première partie des Chiens et la Charrue de Dewdney. Après on reste dans le cadre d’un roman qui traite d’écocide donc ce n’est pas non-plus du contemplatif, mais y a quelque chose dans l’ambiance qui est de ce goût-là.
    Pour rappel, on y suit un personnage principal qui, extirpé de la boue toxique dans laquelle il vit, va découvrir le monde post-apo aqueux (y a du Mad Max, y a du Waterworld, y a d’autres choses aussi) dans lequel il habite. Le tout fait très quête initiatique, ça ne se prend pas trop la tête. L’évolution psychologique du héros est au cœur du récit et il y a franchement de beaux passages (un second passage près d’un étang est parmi les plus élégantes leçons sur l’amour que j’ai lue). L’intrigue est certes parfois un peu facile, mais sans que cela gêne le plaisir de lecture. Par certains côtés, on retrouve un peu de la Horde du Contrevent, mais avec un final plus satisfaisant, et de la branlette intellectuelle étalée à tous les étages en moins !

    Bref, je recommande !
    A noter que j’ai mis 1 semaine pour le lire car j’ai été bien occupé, mais en une journée voire deux jours, ça peut s’avaler, car comme le soulignait DNDM, le roman est court !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 6 mois par Crys.
    #169980
    Yunyuns
    • Terreur des Spectres
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    De mon pack des Imaginales j’ai lu Fortune Cookies, de Silene Edgar.

    Dystopie à base de scénario catastrophe de ce qui pourrait arriver en France/Europe, ce livre est très dur à juger en 2022, car  les éléments qui constituaient un scénario catastrophe à l’époque sont aujourd’hui dépassés.

    Oui, ce livre a été écrit en 2013 (publié janvier 2014), donc bien avant les attentats du Bataclan, les lois sur l’État d’urgence, l’instauration de couvre-feux, le retour de la guerre en Europe… L’impact sur le lecteur est en énormément modifié, et ce en plusieurs sens, car certes on se dit que le scénario présenté n’est pas si incroyable que ça, mais est-ce que relativiser tout cela n’est pas en soit une catastrophe ?

    L’autrice me disait à Épinal qu’elle avait voulu le modifier, mais qu’il aurait en fait fallu tout changer et que ce serait donc une toute autre histoire.

    Bref, difficile de juger ce livre autrement que par son contexte. Reste que l’écriture est simple mais efficace, qu’on se laisse facilement emporter par le récit et que les 140 pages se lisent donc très vite. Petit bémol sur les dialogues qui sont souvent brouillons lorsqu’il y a plus de deux personnages.

    Au final j’ai assez apprécié, notamment par les questions qu’il fait nous poser sur ces dernières années.

    Fan n°1 de Victarion Greyjoy, futur Roi des Sept Couronnes.

    "Yunyuns le pourfendeur de Tolkien."

    #170074
    Jon
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    The Ruin of KingsThe Ruin of Kings, de Jenn Lyons, premier tome de A Chorus of Dragons.
    Disons-le tout de suite : j’ai beaucoup aimé 🙂 C’était pour moi un retour à de la fantasy “classique” et ambitieuse/exigeante, avec un univers riche et une histoire complexe. Le genre de livre un peu exigeant, pendant la première moitié (au moins) duquel on est un peu perdu, à essayer de comprendre qui sont ces gens dont on nous parle, quelle est leur histoire, que veulent-ils ; avec des références à des personnages et des événements historiques dont on n’a pas encore saisi toutes les facettes et les implications ; etc.
    Ajoutez à ça que l’histoire nous est (majoritairement) racontée par deux de ses protagonistes principaux, donc forcément avec leurs biais, leurs erreurs d’interprétation, et leurs connaissances limitées (en particulier lorsqu’ils relatent des dialogues dans lesquels on leur ment, les personnages avec lesquels ils interagissent eux-mêmes n’étant pas toujours honnêtes et ayant chacun-e leurs objectifs) ; et que l’une de ces protagonistes pourrait être qualifiée elle-même de menteuse compulsive : il faut donc rester attentif, ne pas tout prendre pour argent comptant, et essayer d’analyser la cohérence de ce qu’on nous raconte.
    En dehors de ça, le scénario aurait pu être typiquement quelque chose que je n’aime pas : on a un personnage principal de type “élu”, projeté soudainement au milieu des personnages les plus puissants du monde, qui tous soudainement s’intéressent à lui, avec en rab des prophéties pour parfaire le tableau ; et lui un peu perdu dans tout ça, qui semble avoir peu d’impact sur les événements qui l’entourent et le ballotent de tous les côtés. Cela aurait pu être un archétype qui me rebute un peu, “le héros providentiel auquel arrive l’histoire”, mais au final ça ne m’a pas fait cet effet là, peut-être en partie parce que le personnage lui-même se débat contre ça.
    L’univers en lui-même est assez classique sur la forme au premier abord (un Empire basé sur la conquête et l’esclavage, des maisons nobles aux caractéristiques physiques reconnaissables en lutte d’influence, une race de “pseudo-elfes” presque éteinte, des mages aux pouvoirs plus ou moins extrêmement puissants, un panthéon divers, des démons (c’est déjà moins fréquent, les démons, mais mettons-les là)), mais a quelques éléments particuliers assez intéressants, dont je ne parlerai pas car leur découverte fait partie des enjeux du livre, mais qui viennent piquer la curiosité.
    Pour finir, le style est fluide et agréable. Les différents personnages ont une façon de raisonner et de raconter différente ; le tout est en fait un rapport présenté par encore un troisième personnage qui vient rajouter de temps en temps des notes de bas de page pour donner son avis sur ce qui est relaté ; et j’ai trouvé beaucoup d’humour dans les dialogues, en particulier le personnage principal a un humour un peu sarcastique, un peu tête à claques, qui a très bien marché sur moi 😀

    #170127
    Nymphadora
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    Symphonie atomique, d’Etienne Cunge

    « Soyez écoresponsable, suicidez-vous »
    Une accroche marquante pour un livre à éviter si vous souffrez d’éco-anxiété. Contrairement à beaucoup de livres de « climate fiction » qui sont de plus en plus nombreux dans les librairies, on n’est pas ici dans du post-apocalyptique où les hommes ont détruit leur environnement, mais dans un thriller qui se passe pendant l’apocalypse… Mais une apocalypse très lente, et – malheureusement – très crédible : on se place dans une grosse cinquantaine d’années dans le futur et les calamités climatiques se sont enchaînées et s’enchaînent toujours, mais l’humanité est résiliente et s’accroche. Les puissances internationales ont chacune leur politique face aux désordres climatiques, mais un évènement va venir chambouler l’équilibre instable entre les nations, faisant craindre une guerre nucléaire en sus de la catastrophe climatique. Le gros du livre va se concentrer sur ce conflit, et laisser au lecteur le soin de comprendre les tenants et aboutissants de cette crise internationale.

    Un livre donc très anxiogène. Surtout au début, où l’on met le lecteur face à cet univers chamboulé, où les ressources sont rares, où la violence fait rage, mais où les humains vivotent quand même toujours (sans évènement d’extinction de masse, les humains sont nombreux, dans un environnement de plus en plus hostile). Une photo hyper réaliste glaçante. Chaque chapitre débute avec des témoignages de « radio collapse » : des tranches de vies partout sur le globe de la façon dont vivent les gens. Et j’en ai fait des cauchemars (ce n’est pas une métaphore : une nuit je me suis réveillée en hurlant parce que je luttais contre le réchauffement climatique). Je n’arrivais pas à lire plus d’un chapitre d’affilée tant ça me stressait. Une fois que l’histoire principale façon thriller prend plus d’ampleur, ça va mieux ceci dit.

    Néanmoins, si l’ambiance glaçante est donc, vous l’aurez compris, vraiment très bien faite à mes yeux (peut être un peu trop bien faite du coup pour mon petit cœur sensible xD), les personnages principaux du roman, dont on suit les aventures façon « chapitres point de vues » qui s’enchaînent, sont assez peu intéressants et manquent d’ampleur. Le grand complot nucléaire est en conséquence assez facile et peu impactant au vu des enjeux du début du livre tellement glaçant. L’écriture est efficace, mais les personnages n’arrivent pas à porter suffisamment l’intrigue pour qu’on s’y intéresse vraiment.

    In fine, je ressors du coup partagée sur ma lecture : d’un côté, cette photo d’un monde en plein effondrement est marquante et je pense que je porterai longtemps avec moi le bouquin… mais d’autre part, l’intrigue du livre en lui-même, et ses personnages, sont faiblards en comparaison. Je pourrais difficilement jeter aux orties un bouquin qui m’a autant remuée. Malgré ses défauts, et si vous n’êtes pas trop déprimé, je pense que pour les curieux, il mérite la lecture.

    ~~ Always ~~

    #170140
    Sooyemds
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    "Harry Potter et l'enfant maudit" une pièce de théâtre dans l'univers HP.L’enfant maudit ou plutôt l’enfant mal aimé de la saga Harry Potter. Je me suis refait les 7 tomes et j’ai conclu cette relecture avec un livre décrié et que je n’avais pas encore lu. Et bien, j’ai plutôt apprécié cette découverte sous la forme d’un script de pièce de théâtre. Ce livre propose une suite potentielle à l’épilogue du 7ème volume. Par contre, j’ai détesté le premier tiers avec l’introduction des personnages. Albus Severus Potter est extrêmement antipathique, Harry et surtout Ron sont des personnes inintéressantes. Il y a certains points pour faire avancer l’intrigue qui m’ont fait froncer les sourcils tellement ils sortaient de nul parts. Mais la suite du livre, une fois qu’on est vraiment plongé dans l’action, est intéressantes. Les auteurs ont eu certaines idées plus ou moins bien mises en place, mais elles ont le mérite d’exister. Certaines scènes en film seraient incroyables. Ça reste maladroit par moments et certains éléments n’ont pas été assez bien pensé mais j’ai fini par être content durant mes lectures. Je vous conseille d’essayer cette petite aventure et de vous faire votre avis sur cette fan fiction plus ou moins officielle.

    #170614
    Yunyuns
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    De mon pack des Imaginales j’ai lu Noir est le sceau de l’enfer, de Jean-Laurent Del Socorro (ou J-Lolo pour les intimes).

    Une lecture extrêmement courte, le roman faisant moins de 70 pages… On se retrouve dans le même univers que Royaume de Vents et de Colère, avec une capitaine de compagnie de mercenaire qui part dans une mission en lien avec un objet magique. L’histoire est sympa, mais vu le nombre de pages vous vous doutez bien que tout va trop vite et fait presque un peu bâclé. En soit le roman ne sert que d’excuse pour développer un jeu de rôle (qui couvre l’autre moitié des 140 pages) à destination des débutants.

    J’aurais certainement beaucoup plus apprécié si ça avait été dans un recueil de nouvelles plutôt que dans un stand-alone à 20€… Un peu déçu donc, parce que j’aurais aimé en avoir plus.

    Fan n°1 de Victarion Greyjoy, futur Roi des Sept Couronnes.

    "Yunyuns le pourfendeur de Tolkien."

    #170667
    DNDM
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    La familia grande, de Camille Kouchner [audiolivre]

    La familia grande Livre audio de Camille Kouchner - 9791036616631 | Rakuten Kobo France

    Récit véridique de la vie de Camille Kouchner, marquée par l’inceste dont son frère jumeau a été victime, inceste perpétré par leur beau-père, Olivier Duhamel. Si vous avez suivi un minimum l’actualité, vous n’avez pas pu manquer cette histoire (c’était en janvier 2021).

    Livre bien écrit, bien posé, qui analyse très bien les différents mécanismes à l’oeuvre dans cette histoire, et dans beaucoup d’autres histoires similaires: silence des enfants qui ne savent comment réagir, impression de complicité, renversements de culpabilité, et tant d’autres choses.

    Livre qui en plus de cela à son intérêt pour la façon dont il décrit les coulisses d’une certaine histoire de France, celle dans laquelle la gauche révolutionnaire se transforme peu à peu en gauche caviar. Livre qui du coup montre peu à peu comment au fil du temps, le réseau se substitut aux idéaux, et comment les reliquats de réflexes libertaires deviennent laisser-aller complice.

    Livre intéressant, marquant, qui arrive à sortir de sa spécificité (intéressante en soi) pour atteindre une forme d’universalité  en ce qui concerne ces affaires.

     

    Le discours, de Fabrice Caro [audiolivre]

    Livre: Le Discours, Fabrice Caro, Gallimard, Écoutez lire, 9782072842733 - Librairie DialoguesLivre humoristique qui je crois ne m’a malheureusement pas fait rire une seule fois. :-/

    Pourtant, ça partait avec de grandes promesses: à la plume, Fabrice Caro, auteur de bande dessinée connu et reconnu, notamment pour sa BD Zaï Zaï Zaï Zaï ; à la voix, puisque j’ai pris l’audiolivre, rien de moins qu’Alain Chabat. Deux grands de l’humour, des promesses de rigolade…

    Et pourtant, je me suis ennuyé comme rarement pendant les 3h20 minutes de ce livre. L’impression de lire le texte d’un mauvais one-man-show, mais sans l’émulation, la chaleur et les rires qui peuplent une salle de théâtre. Du coup, cette déambulation dans les méandres mentaux d’un type qui essaye de survivre à un diner de famille dominical m’a laissé très froid.

    Y’a deux fils directeurs au texte (son futur beau-frère vient de lui demander d’écrire un discours pour leur futur mariage, et il vient d’envoyer un sms à la fille qu’il aime, mais qui a mis leur relation en pause quelques semaines auparavant sans donner de nouvelles depuis). aucun n’arrive à faire décoller les choses. On se perd dans les digressions mentales sans fin d’un type falot qui suranalyse et surinterprète tout, et on s’ennuie autant que lui s’ennuie pendant son dîner.

     

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #170673
    Tizun Thane
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    On se perd dans les digressions mentales sans fin d’un type falot qui suranalyse et surinterprète tout, et on s’ennuie autant que lui s’ennuie pendant son dîner.

    C’est bien dommage, parce qu’un audiolivre lu par Alain Chabat, le concept est porteur ^^

    #170772
    Schrö-dinger
    • Pas Trouillard
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    Un retour sur des lectures récentes qui pourraient vous intéresser.

    Beautiful world, where are you de Sally Rooney

    Après avoir lu Normal People et Conversations with Friends (qui, déjà, comportent un certain nombre de similitudes), je m’attendais peut-être à un peu plus d’originalité et de renouvellement. Mais la lecture de ce livre m’a tout de même été agréable.

    On y parle ici d’amitié et d’amour, de relations humaines de manière générale, des thèmes assez universels qui résonnent facilement en nous.  Le point fort de Sally Rooney c’est son écriture, malgré la simplicité des intrigues l’autrice nous emporte avec elle et ses personnages. Je recommande.

    En prime je laisse une citation d’un passage qui m’a énormément touché.

    I tell myself that I want to live a happy life, and that the circumstances for happiness just haven’t arisen. But what if that’s not true? What if I’m the one who can’t let myself be happy? Because I’m scared, or I prefer to wallow in self-pity, or I don’t believe I deserve good things, or some other reason. Whenever something good happens to me I always find myself thinking: I wonder how long it will be until this turns out badly. And I almost want the worst to happen sooner, sooner rather than later, and if possibile straight away, so at least I don’t have to feel anxious about it anymore.

    To Paradise d’Hanya Yanagihara

    J’ai découvert le précédent roman de cette autrice A little life l’été dernier et ca a été un coup de coeur énorme, une de mes meilleures lectures de 2021 alors forcément l’attente était grande pour son nouveau roman et … j’ai été décu. Je crois que je suis passé complètement à côté de ce livre.

    C’est un grand pavé, de plus de 700 pages, qui nous raconte 3 histoires à 3 époques différentes d’une Amérique alternative. Ces histoires, racontées à la suite dans l’ordre chronologique (en 1893, en 1993 puis et 2093) se répondent, comportent des similitudes, des clins d’œil avec les mêmes prénoms qui sont réutilisés dans les 3 histoires (à cet égard j’ai un peu pensé à La cartographie des nuages / Cloud Atlas, que, pour le coup, j’avais beaucoup aimé, tant le film que le livre).

    Des thèmes émergent de ces histoires, l’amour (toujours), la famille, la mort, la maladie, la rébellion face à un ordre établi (moral, politique, etc).

    Une fois cela dit, c’est un peu le vide pour moi car honnêtement je ne sais absolument pas quoi en retenir, la lecture m’a semblé longue et j’ai vite décroché. J’ai fait l’effort de finir ce livre mais sans grand plaisir. Je vais donc rester sur le fort effet qu’a eu A little life sur moi.

    Camarades de Pékin de Bei Tong

    Une très bonne lecture. Il s’agit, de ce que j’ai compris, d’une traduction française d’un texte américain, lui-même traduction du texte original chinois, qui serait censuré dans son pays d’origine.

    Ce livre nous raconte la relation amoureuse entre deux hommes à Pékin dans les années 80, et l’on suit leur histoire interdite dans un contexte politique complexe. C’est un récit émouvant, assez bouleversant et souvent sulfureux.

    La double traduction n’est pas un avantage pour le texte je pense mais je retiens surtout cette histoire et ses personnages.

     

    Cobayes : Olivier de Yvan Godbout

    Un peu d’horreur après toutes ces histoires d’amour avec le tome Olivier de la série de livres d’horreur Cobayes. C’est le premier tome que je lis de cette série et j’ai bien aimé. Il est noté comme étant le 5ème tome (sur 7) mais ils peuvent être lus dans le désordre. Chaque tome est écrit par un auteur différent.

    Chaque tome suit un personnage qui décide de répondre à une annonce des laboratoires AlphaLab pour devenir cobaye et suivre leur traitement expérimental contre rémunération. Dans Olivier, on suit un jeune homme mal dans sa peau, dans sa vie, qui pense avoir trouvé la solution à ses problèmes en suivant un protocole expérimental avec les laboratoires AlphaLab. Sans grande surprise, puisque vous avez vu la couverture et que j’ai précisé qu’il s’agissant de livres d’horreur, cela va très mal se passer pour lui.

    J’ai bien aimé cette lecture, sans prise de tête, c’est violent, effrayant, perturbant, et je vais continuer avec les autres tomes de la série.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 6 mois par Schrö-dinger.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 6 mois par Schrö-dinger.

    Le Kraken à la plage (ah-ouh, cha cha cha)

    #170831
    Crys
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    De mon côté, j’ai terminé Le Complot des Corbeaux, le premier tome de la trilogie Les Sœurs Carmines d’Ariel Holz. C’est un livre destiné à un public plutôt jeunesse/young adult (c’est publié dans la collection Naos Jeunesse chez Mnémos), mais c’est quand même un peu plus que cela. On y suit le trio de frangines Merryvère, Tristabelle et Dolorine, toutes seules dans leur manoir qui suite à un vol qui a mal tourné de la part de Merryvère, vont se retrouver avec tout un tas d’ennuis sur le coin du râble. Au programme : vampires, ville gothique, assassins, reine (qui n’est pas sans évoquer Victoria), brouillard et mille jeux de mots. L’auteur a créé un univers urbain à la Tim Burton (et où le destin des gens n’est pas sans rappeler une partie de Gloom), mais en ayant parfaitement conscience de ses références. Résultat, pour les adultes, l’univers est parsemé de jolies trouvailles plutôt rigolotes, les dialogues sont assez savoureux et il n’y manque finalement qu’une intrigue qui soit plus étoffée. Attention, ce n’est pas le livre de l’année, mais c’est très divertissant sans que ça fasse gotho-dark-premier degré. Et rien que ça, c’est déjà pas mal 🙂

    #170870
    Thistle
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    Bien d’accord avec l’analyse de Crys sur le tome 1 des sœurs Carmines !
    Perso la simplicité de l’intrigue ne m’a pas gênée, ça reste un roman jeunesse et c’est pas cucul pour autant. Mais surtout l’univers, l’écriture et l’humour m’ont vraiment conquise, je me suis bien poilée. Lecture très agréable et pas prise de tête.

    J’avais lu Peine-Ombre d’Ariel Holzl qui m’a moins plu. Le roman se veut plus sérieux, c’est bien écrit, mais l’intrigue reste également assez classique et on n’a pas cette touche en plus apportée par l’humour. Je l’ai lu sans m’ennuyer, mais sans être à fond du tout.

    Bon sinon je venais pas parler de ça !

    J’ai lu Grish-Mère, roman de la série Les Rhéteurs d’Isabelle Bauthian. Il fait suite à Anasterry dans l’ordre d’écriture, mais l’autrice a confirmé qu’on peut le lire en premier, et comme il avait été recommandé par @nymphadora, c’est par lui que j’ai décidé d’entrer dans cet univers. On suit Sylve, « factotum » (homme à tout faire, sorte de garde du corps sur-qualifié) qui a fait une légère boulette et cherche désespérément à rattraper les dégâts.
    J’ai beaucoup apprécié cette lecture, de tout les points de vue, la forme comme le fond.
    Sylve est un mec qui pourrait être le héros badass beaucoup trop balèze et cynique… s’il ne se prenait pas ses propres préjugés et les limites de son « expertise » en pleine gueule. Le voir lutter avec ça, lui qui pourtant est si puissant et si instruit, c’est assez jouissif. La confrontation avec ses préjugés m’a particulièrement intéressée, car forcément on peut très facilement faire des parallèles avec des sujets de la vraie vie.
    Au-delà des rebondissements de l’intrigue, bien foutue, et du contraste très divertissant entre les pensées de notre perso point de vue et la façon dont il s’exprime, c’est vraiment l’évolution du personnage, notamment à travers ses relations avec Constance (un de mes persos féminins préférés du monde) qui m’a fait accrocher tout du long. On est presque sur de la low fantaisie : la magie et les non-humains c’est underground. Donc ça peut accrocher un public qui kiffe pas les elfes et les magiciens barbus.
    En négatif, on est sur du détail : j’ai trouvé que les analyses intempestives de Sylve, même si elles sont tout à fait logiques du point de vue du perso, nuisent un peu à l’enchaînement et la spontanéité de l’action, et en particulier des dialogues : Sylve analyse tout, touuuut le temps, et du coup entre 2 répliques qui se répondent on a parfois 5 lignes d’analyse qui peuvent faire perdre un peu le fil. C’est complètement cohérent avec le perso, mais du point de vue du lecteur ça oblige parfois à remonter de quelques lignes pour revoir ce qui se disait avant que Monsieur nous livre son analyse ^^’ Mais encore une fois, c’est 100 % cohérent avec le bonhomme…
    Je me joins donc à Nympha pour recommander ce livre.

    Trop Dark. Trop Piou. #teamcorbeauxerrants

    #170915
    DNDM
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    Le vicomte pourfendu (1955), d’Italo Calvino

    « Le Vicomte pourfendu » d’Italo Calvino : Le manichéisme fait homme

    Livre d’un auteur plus que connu, qui ouvre une vague « trilogie héraldique » intitulée Nos Ancêtres, dont les volumes suivants sont le très connu Le Baron perché (1957), puis Le Chevalier inexistant (1959).

    Livre qui oscille entre la fable pour adulte et le roman allégorique: le Vicomte Medardo, parti pour la guerre, n’en revient qu’à moitié: il a été littéralement fendu en deux verticalement par un boulet de canon. Il est surtout, désormais, mauvais comme jamais – c’est la mauvaise moitié du vicomte qui est revenue.

    S’ensuit un conte pas forcément haletant ni passionnant, qui vaut plus pour les quelques traits d’humour et les scènes pleines d’imagination qui parfois égayent le récit que pour son scénario global ou pour sa fin assez attendue. La dimension allégorique du roman  est assez réussie, mais une fois posées les bases du récit les péripéties paraissent parfois un peu gratuites. Il y a néanmoins une vraie plume, une vraie vision du monde, et un ton assez rare, avec des scènes digne du « Trône de fer » mais écrites par un Terry Pratchett ou un membre des Monty Python.

    Les premières pages du livre, notamment, m’ont renvoyé à Jaime Lannister arrivant sur les champs de bataille du Conflans (je mets sous poiler pour réduire la taille de ce post, mais c’est littéralement le tout début du livre:

    Spoiler:

    Il y avait une guerre contre les Turcs. Le vicomte Medardo di Terralba, mon oncle, chevauchait sur la plaine de Bohême vers le  ampement des chrétiens. Il était suivi par un écuyer répondant au nom de Curzio.
    Les cigognes volaient bas, en bandes blanches, traversant l’air opaque et immobile.
    « Pourquoi toutes ces cigognes? demanda Medardo à Curzio. Où volent-elles? »
    Mon oncle venait d’arriver, il s’était tout juste enrôlé, pour faire plaisir à certains ducs qui étaient nos voisins et qui se trouvaient engagés dans cette guerre. Il s’était muni d’un cheval et d’un écuyer dans le dernier château aux mains des chrétiens, et il allait se présenter au quartier impérial.
    « Elles volent vers les champs de bataille, dit l’écuyer, sombre. Elles vont faire toute la route avec nous. »
    Le vicomte Medardo avait appris que dans ces régions, le vol des cigognes est un signe de bon augure ; et il voulait se montrer heureux de les voir. Mais il se sentait, malgré lui, inquiet.
    « Qu’est-ce qui peut donc attirer les échassiers sur les champs de bataille, Curzio? demanda-t-il.
    — Désormais eux aussi mangent de la chair humaine, répondit l’écuyer, depuis que la famine a rendu les campagnes arides et que la sécheresse a tari les fleuves. Là où il y a des cadavres, les cigognes et les flamants et les grues ont remplacé les corbeaux et les vautours.»
    Mon oncle était alors dans sa prime jeunesse : l’âge auquel les sentiments se trouvent tous mêlés dans un élan confus, sans distinction entre le mal et le bien; l’âge où toute nouvelle expérience, fût elle macabre et inhumaine, est encore trépidante et chaude d’amour pour la vie.
    « Et les corbeaux ? Et les vautours? demanda-t-il. Et les autres rapaces? Où sont-ils allés? »
    Il était pâle, mais ses yeux scintillaient. L’écuyer était un soldat noiraud, moustachu, qui ne levait jamais le regard. « À force de manger les cadavres morts de la peste, la peste les a pris eux aussi », et il indiqua de sa lance quelques buissons noirs, qui, à un regard plus attentif, se révélèrent être faits non de branches, mais de plumes et de pattes de rapaces séchées.
    « On ne peut plus savoir de l’oiseau ou de l’homme qui est mort le premier, et qui le premier s’est jeté sur l’autre pour le déchiqueter »,
    dit Curzio.
    Pour échapper à la peste qui exterminait les populations, des familles entières avaient pris la route à travers les campagnes, et l’agonie les avait saisies là. En carcasses entassées, épars sur la plaine rase, on voyait des corps d’hommes et de femmes nus, défigurés par les bubons, et chose de prime abord inexplicable, emplumés : comme si de leurs bras et de leurs côtes émaciés des plumes et des ailes noires avaient poussé. C’étaient les charognes de vautours mélangées à leurs restes. Déjà le terrain portait les traces disséminées de
    batailles passées. L’allure s’était faite plus lente parce que leurs deux chevaux se braquaient en faisant des embardées et en se cabrant.
    « Qu’est-ce qui leur prend à nos chevaux ? demanda Medardo à l’écuyer.
    — Monseigneur, répondit-il, rien ne déplaît tant aux chevaux que l’odeur de leurs propres entrailles. »
    La bande de plaine qu’ils traversaient alors était en effet jonchée de charognes équines, les unes sur le dos, les sabots tournés vers le ciel, les autres sur le ventre, leur ganache enfoncée dans la terre.
    « Pourquoi tous ces chevaux tombés à cet endroit, Curzio? demanda Medardo.
    — Quand le cheval sent qu’on l’éventre, expliqua Curzio, il essaie de retenir ses viscères. Certains posent ventre à terre, d’autres se renversent sur le dos pour qu’ils ne pendouillent pas. Mais la mort ne tarde pas à les prendre également.
    — Ce sont donc surtout les chevaux qui meurent dans cette guerre ?
    — Les cimeterres turcs semblent faits exprès pour fendre leur ventre d’un seul coup. Plus loin, vous verrez les corps des hommes. C’est d’abord le tour des chevaux, puis celui des chevaliers. Mais voilà, le camp est là. »

    Un conte réussi sur le manichéisme, une dimension allégorique et imagée très réussie, mais tout cela manque de peps et a un peu vieilli, quoi.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #170938
    Lapin rouge
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    Livre d’un auteur plus que connu, qui ouvre une vague « trilogie héraldique » intitulée Nos Ancêtres, dont les volumes suivants sont le très connu Le Baron perché (1957), puis Le Chevalier inexistant (1959).

    Lu la trilogie (pourquoi « vague » d’ailleurs ?) il y a fort longtemps. « Le vicomte pourfendu » et « Le chevalier inexistant » sont très courts, plutôt des nouvelles que des romans. Mon souvenir du « vicomte » est assez proche de ton ressenti. Le « chevalier » est, dans mon souvenir, assez parodique (il aurait pu être écrit par un Sandor Clegane doté d’humour). Le « baron » est plus charpenté, mais mon souvenir en est trop distant pour aller plus loin (sauf que j’avais apprécié l’ensemble).

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
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