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  • Ce sujet contient 878 réponses, 85 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Schrö-dinger, le il y a 3 jours et 14 heures.
30 sujets de 721 à 750 (sur un total de 879)
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  • #196682
    FeyGirl
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    Mage de Bataille, tome 2, de Peter A. Flannery

    Une lecture toujours aussi entraînante !

    Suite directe du tome précédent (en réalité, un seul roman dans la version originale), nous sommes tout de suite plongés dans l’action. L’avancée des Possédés continue et semble inéluctable ; elle menace de submerger le monde des humains.

    Falco, le jeune mage de bataille, apprend à amplifier et maîtriser ses pouvoirs, mais il ne développe que du défensif et n’arrive pas à provoquer une attaque. Il reste rongé par la culpabilité. Cependant, il a la capacité précieuse — comme tous les mages de bataille — d’étendre un voile sur les soldats qui contrecarre la peur envoyée par les démons. En effet, ces derniers mènent les combattants à un tel niveau de désespoir qu’ils ne veulent plus se battre : c’est l’une des raisons pour lesquelles les mages de bataille sont si recherchés. Falco gagne le respect des habitants de l’Ire.

    Mais la politique s’en mêle, avec les autres royaumes égoïstes refusant d’apporter leur aide et leurs troupes à l’Ire, et surtout les thaumaturges manœuvrant en coulisse. Les thaumaturges — moins puissants mais beaucoup plus nombreux que les mages de batailles — font tout pour saper le pouvoir de la reine en aspirant, à terme, à prendre sa place. En parallèle, ils souhaitent voir Falco échouer, et manigancent pour qu’il rate le dangereux rite d’Assay, au bout duquel il sera un vrai mage de bataille reconnu et pourra invoquer un dragon qui l’accompagnera.

    Pourquoi les thaumaturges agissent-ils ainsi, alors que le royaume a tant besoin des mages de bataille pour lutter contre l’ennemi ? Ils s’inscrivent en ennemis eux-mêmes. C’est un des mystères de l’histoire, et la résolution répondra à beaucoup de questions du premier tome. Mais ce ne sera pas fini : Falco et ses amis devront encore mener la guerre contre les Possédés, les démons et leur maître, Marquio Dolor, archétype du mal.

    Les batailles sont nombreuses dans ce tome, et tous les actions et rebondissements sont palpitants. Moi qui n’aime pas beaucoup lire les scènes de combat dans les romans de Fantasy, j’ai été accrochée aux pages et j’ai dévoré. C’est captivant ; le récit ne manque pas de suspens et de morceaux de bravoure ; les combats sont intenses.

    On retrouve les éléments traditionnels d’un certain type de fantasy : le jeune qui a des pouvoirs magiques et doit apprendre à les maîtriser, les amis fidèles, le(s) mentor(s), la reine juste et majestueuse, les ennemis venus du Mal qui menacent le monde des humains, des animaux fantastiques (des dragons)… Mais ici, c’est fichtrement bien fichu.

    Racontez-moi une histoire, mais racontez-la bien !

    Cette Fantasy somme toute classique est un très grand plaisir de lecture. L’auteur possède un talent de conteur indéniable, fait vivre plusieurs personnages attachants, et a envie de faire plaisir aux lecteurs. Ça se sent. Et c’est réussi.

    #196702
    Schrö-dinger
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    J’ai lu Bpocalypse d’Ariel Holzl, dont on a beaucoup parlé pour sa trilogie Les Soeurs Carmines, et Bpocalypse avait été recommandé par Corondar.

    C’était une bonne lecture, enfin en tout cas une lecture que j’ai apprécié, une nouvelle fois on sent l’effort de l’auteur à créer un univers original, intéressant et qui donne envie d’être exploré. Ici on est dans une ambiance post-apocalypse, j’ai moins adoré que l’ambiance gothique / macabre de Grisailles, où se déroulent les histoires des soeurs Carmines, mais c’était quand même très fun. Il y a des thématiques importantes pour un ouvrage « jeunesse », la discrimination, les différences, la peur de l’autre … Cela n’a pas été un coup de coeur car je n’ai été super fan des personnages, un peu clichés et sans trop de nuances. Mais à part ça, c’était quand même bien chouette.

    J’ai également lu La séquence Aardtman de Saul Pandelakis, dont ont parlé Yoda et Jon. Cela n’a pas été non plus un coup de coeur, mais je crois que là on est vraiment sur un cas de « C’est pas toi, c’est moi ». Je me suis aventuré dans cette lecture en sachant que cela n’était pas forcément pour moi, cela s’est confirmé. Je l’ai lu sans trop me forcer, j’ai globalement trouvé cela intéressant, en picorant par ci par là des éléments qui m’ont parlé, par exemple le lien entre Roz et Alex, l’IA du vaisseau ou bien la question du lien entre le vaisseau et la Terre, le contact avec les proches, avec la question de la dilatation du temps. J’ai eu plus de mal avec Asha, pas forcément le personnage mais surtout toutes les réflexions qui émergent autour, là je crois que je suis passé vraiment à côté, et que je n’ai pas compris grand chose. Il faut aussi dire que c’est globalement assez lent, et qu’il ne se passe pas grand chose. Je ne regrette pas car cela m’aura un peu fait sortir de ma zone de confort.

    Le Kraken à la plage (ah-ouh, cha cha cha)

    #197134
    Liloo75
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    FeyGirl wrote:
    L’Affaire Crystal Singer, de Ethan Chatagnier (il vient de sortir)

    Je l’ai lu suite à ton retour qui m’avait bien donné envie et je dois dire que cela m’a bien plu, je l’ai pas mal dévoré.

    Il est arrivé ce matin à la bibliothèque. Je l’ai emprunté juste après son étiquetage (il sent le neuf 🥰).

    Je le mets dans ma PAL, juste après les enquêtes d’Andrea Cort.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 11 mois et 3 semaines par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #197297
    FeyGirl
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    Ars Obscura, tome 1 : Sorcier d’Empire, de François Baranger

    France, 1815 : Napoléon règne sur toute l’Europe !

    Soutenu par le sorcier Élégast, il a vaincu ses ennemis au fil des batailles. Mais les Anglais réfugiés au Caire espèrent un retournement, avec leurs alliés russes et tous ceux qui exècrent la France impériale trop puissante. Quand j’ai lu que l’Angleterre était sous domination française, mon sourire s’est élargi d’une oreille à l’autre. C’est mal ?

    Revenons à l’histoire : dans une France uchronique, des bulles noires apparaissent parfois, ici et là. Elles se transforment en « résurgences » d’où s’échappent de terribles « résurgions », bêtes de diverses tailles et très dangereuses. Il est difficile de les éliminer : les voyageurs traversant les bois doivent être prudents.

    Dans ce contexte, Ludwig gagne sa vie en traquant les résurgions. Personnage étrange et hors de la société qui ne se souvient plus de son enfance, il espère découvrir les secrets des bulles noires qui ont englouti sa femme et sa fille. Un jour, il secourt Éthelinge pourchassée par des Gardes Hérétiques, le corps d’armée du Sorcier Élégast qui constitue une armée dans l’armée. Éthelinge est la fille d’un savant mort pendant la campagne d’Égypte de Bonaparte, et elle est persuadée que son père a été tué. Son esprit scientifique la pousse à étudier la magie et à tenter de reproduire certains sorts. Or Ludwig se révèle avoir des dons qu’il ne comprend pas. Est-ce lié à son enfance ? Ce mystère se double d’un deuxième : ceux qui prétendent avoir des pouvoirs, en général des charlatans, sont assassinés les uns après les autres. Qui veut les éliminer ?

    Ce roman choral donne la voix à de multiples narrateurs, offrant une vue d’ensemble des contextes et des actions : en France, en Angleterre, en Russie ; dans les campagnes, les casernes ou les palais impériaux ; parmi les soldats, les fugitifs ou les hommes de pouvoirs. On voyage beaucoup avec Sorcier d’Empire, on suit une scène à travers les yeux de divers personnages qui ont leur propre compréhension des événements, de l’espion anglais à la comtesse russe séductrice mais impitoyable avec les Bohémiens ; du frère du Tsar attiré par les sciences obscures au jeune serf effrayé par la barbarie d’une confrérie rêvant de la renaissance d’un dieu maléfique qui reposerait dans un sarcophage égyptien et renaîtrait grâce à un rituel sanglant ; du noble au service de Napoléon à l’officier de terrain ; et bien d’autres. Cette richesse de points de vue brosse un tableau vivant, en contrepartie d’une longue exposition qui dévoile les personnalités et les motivations de chacun. L’action ne manque pas à l’appel, bien au contraire, et chacun est mis en danger, d’autant plus que les dissensions dans chaque camp sont nombreuses.

    Parlons de l’uchronie de fantasy : dans ce monde, la magie puissante avait disparu depuis des temps immémoriaux, même si certains se disaient dotés de pouvoirs. Ce n’était plus qu’un objet d’étude pour des lettrés et des superstitions diverses. Le point de départ de l’uchronie est l’apparition d’Élegast, présenté par Napoléon en 1803. L’empereur remporte alors des batailles grâce aux sorts et délaisse son génie militaire au grand dam des généraux qui se méfient de la Garde Hérétique et encore plus d’Élegast dont personne ne sait rien.

    Plus le lecteur avance dans le roman, plus se dessine le schéma de l’Art Obscur, venant de temps oublié. Qui est exactement Élégast ? Que veut-il ? Napoléon a-t-il perdu son sens stratégique pour céder à la facilité d’un homme dont les motivations sont à craindre ? Quel danger viendra de la Russie ? Et quel sera le rôle de l’Angleterre ? La conspiration contre Élegast va-t-elle connaître le succès ? Et Élegast lui-même, jusqu’où va-t-il aller ?

    De manière plus intimiste, on ne peut s’empêcher d’espérer pour quelques personnages attachants en mauvaise posture : le serf Pavel, Éthelinge à l’esprit scientifique, et Ludwig, qu’on devine le pilier de l’histoire.

    Parlons un peu de l’univers : Élégast entrevoit l’avenir, ce qui lui permet de développer des outils et des armes utilisant sa magie et donnant une touche rétrofuturiste au roman. Grâce à une plume très travaillée et toujours fluide, l’auteur pose des ambiances prenantes et fait vivre un passé très proche de celui que nous connaissons, avec des parcelles de surnaturel — voire parfois d’horreur — bienvenues.

    Le retournement de situation de la fin de ce tome, touchant certains des héros, donne très envie de continuer à découvrir la suite de la saga.

    #197405
    Nymphadora
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    Magic Charly, tome 1 : L’apprenti, d’Audrey Alwett

    J’ai eu un petit coup de cœur pour cette lecture. C’était adorable, et hyper réjouissant !

    Charly découvre le monde des magiciers, et se retrouve mêlé à une conspiration mystérieuse, en lien avec sa grand-mère qui a disparu depuis cinq ans et réapparaît vidée de ses souvenirs.

    Sur le papier, un truc assez classique donc, avec un adolescent qui découvre la magie… sauf que le livre est en fait bourré d’inventivité ! C’est drôle, en reprenant pleins de petits clichés des magiciens pour les détourner avec beaucoup de fun, le tout parsemé de métaphores délicieuses, rigolotes et enlevée. Un immense plaisir de lecture. A cela s’ajoute une intrigue qui tient quand même sacrément en haleine, et un personnage principal absolument adorable, loin des clichés du garçon bagarreur, tendre, doux, avec beaucoup de profondeur.

    Si vous cherchez une lecture jeunesse en cette période de fin d’année, qui vous réchauffera et réjouira, je recommande chaudement ! Ca m’a un peu rappelé (même si l’on est très loin en terme d’ambiance et d’humour noir) mon amusement et ma joie à la lecture du premier tome des Soeurs Carmines : un roman jeunesse ultra chouette, écrit avec une plume aux petits oignons, ultra visuelle et fun.

    ~~ Always ~~

    #197409
    Liverbird
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    Napoléon qui s’en est sorti et continue son bonhomme de chemin après 1815 (Waterloo, c’est quoi Waterloo ? Je ne sais pas où c’est, jamais entendu parler !) est un thème classique de l’uchronie. Là, ça à l’air rigolo et ça change des points de divergences où Grouchy est arrivé à l’heure à cette fameuse bataille dont j’ai oublié le nom, ou celles où Napy a inventé le rayon laser avant tout le monde et mis l’Europe au pas. Merci du tuyau.

    #197423
    Schrö-dinger
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    Le jour d’avant de Sorj Chalandon

    40 ans après la tragédie de Liévin (plus de quarante mineurs sont décédés après un coup de grisou), un homme est de retour, et il a une idée en tête : la vengeance.

    J’ai adoré ce roman, cela faisait 6 mois qu’il trainait dans ma PAL, et j’ai bien fait de me lancer car c’était une claque.

    Je ne veux pas trop en dire sur l’histoire mais elle m’a beaucoup plu, j’ai dévoré le roman en deux jours. Il y a à la fois l’histoire du narrateur, son combat acharné pour la justice, la question de la vengeance, mais pas que. Et puis il y a la question minière, toutes ces vies gâchées. Ce livre leur rend hommage, à défaut de rendre justice. Je conseille à 100%.

    Le Kraken à la plage (ah-ouh, cha cha cha)

    #197426
    FeyGirl
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    Napoléon qui s’en est sorti et continue son bonhomme de chemin après 1815 (Waterloo, c’est quoi Waterloo ? Je ne sais pas où c’est, jamais entendu parler !) est un thème classique de l’uchronie. Là, ça à l’air rigolo et ça change des points de divergences où Grouchy est arrivé à l’heure à cette fameuse bataille dont j’ai oublié le nom, ou celles où Napy a inventé le rayon laser avant tout le monde et mis l’Europe au pas. Merci du tuyau.

    Je te confirme que cette uchronie est très différente de ce que tu décris. Et d’ailleurs :

    Ars Obscura, tome 2 : Second Sorcier, de François Baranger

    Suite directe du tome précédent, dans la France uchronique de 1815 où Napoléon règne sur toute l’Europe grâce au sorcier Élégast. Celui-ci a permis à l’Empereur de gagner ses batailles, négligeant son propre talent de stratège, au grand dam des généraux dont certains complotent pour écarter le sorcier : ils rêvent au retour de « leur » Empereur. Le mystère place autour d’Élégast — qui est-il réellement ? — ainsi qu’autour de Ludwig, cet homme a priori peu sociable, qui ne se souvient plus de son enfance et se découvre des pouvoirs. Pendant ce temps Nicolas, frère et héritier du Tsar, a réveillé une entité puissante et maléfique en s’associant avec un comte russe et sa confrérie terrifiante qui n’hésite pas à sacrifier des serfs pour leur culte. Nicolas rêve de pouvoir ; il est persuadé que son entité permettra de faire main basse sur le monde, mais cette entité est-elle contrôlable ?

    Ce tome-ci reprend une multitude de personnages narrateurs, trop nombreux pour tous les citer ici. Ils nous font voyager dans toute l’Europe et plus particulièrement la France du début du XIXe, marquée par la réapparition de la magie disparue depuis des siècles, une magie sombre que seul Élegast maîtrise. Les actions du sorcier sont probablement la cause des résurgences (les bulles noires d’où sortent des créatures mortelles) qui menacent les campagnes. Si quelques textes demeurent, Élégast se croit l’unique sorcier, et pourtant, il fait tout pour rechercher et éliminer Ludwig, ainsi qu’Éthelinge qui l’accompagne. La résolution de certains mystères viendra au fil du tome, notamment concernant Élégast, Ludwig et Éthelinge. Au passage, nous apprendrons que le point de divergence de l’Uchronie (où l’Histoire du roman s’écarte de notre Histoire) est bien plus ancien que ce qu’on pensait. Quant à la magie elle-même, on la comprend mieux, et notamment pourquoi les « cristaux » sont si importants pour Élegast. Ajoutons qu’en plus d’éléments typiques d’une certaine Fantasy (monde parallèle, langage ancien, etc). Élegast entrevoit l’avenir et imagine des appareils inspirés de notre époque mais utilisant sa magie, comme les « parlants à distance » imitant les téléphones. Cela donne une touche rétrofuturiste à l’univers qui, curieusement, fonctionne très bien.

    L’émotion n’est pas absente et survient sans prévenir. Je pense notamment au vrai Ludwig, enfant au destin volé. L’un des points forts du roman est effectivement la profondeur et l’évolution de nombre de ses personnages : on passe suffisamment de temps avec chacun d’entre eux pour bien les connaître et prendre peur quand le danger menace.

    L’action est au rendez-vous, à travers les complots et les combats entre différentes factions : les fidèles de Napoléon, les affidés d’Élégast, les généraux insurgés et les espions, les ambitieux et les héros… Un tourbillon qui brosse un monde complexe, mais qui n’oublie jamais le plaisir de lecture grâce à des chapitres courts et des personnages très bien caractérisés, à diverses strates de la société.

    Tandis que les caves du Palais du Tsar cachent des infamies, la riposte se prépare contre Napoléon : les nations étrangères s’apprêtent à combattre les armées de l’Empereur.

    Et vient le paroxysme du roman : Waterloo. Qui va gagner cette bataille dans ce monde uchronique, où l’Angleterre est conquise par la France ? Pendant une longue, très longue journée, le lecteur va suivre une succession de rebondissements, en Belgique, en France et ailleurs, jusqu’à une conclusion que je n’écrirai pas ici, pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte.

    Et le dernier chapitre offre une surprise qui promet de corser la suite de cette saga !

    #197450
    Liverbird
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    Le jour d’avant de Sorj Chalandon 40 ans après la tragédie de Liévin (plus de quarante mineurs sont décédés après un coup de grisou), un homme est de retour, et il a une idée en tête : la vengeance. J’ai adoré ce roman, cela faisait 6 mois qu’il trainait dans ma PAL, et j’ai bien fait de me lancer car c’était une claque. Je ne veux pas trop en dire sur l’histoire mais elle m’a beaucoup plu, j’ai dévoré le roman en deux jours. Il y a à la fois l’histoire du narrateur, son combat acharné pour la justice, la question de la vengeance, mais pas que. Et puis il y a la question minière, toutes ces vies gâchées. Ce livre leur rend hommage, à défaut de rendre justice. Je conseille à 100%.

    C’est un livre absolument magnifique, d’une grande puissance émotionnelle, qui, comme tu le dis, rend bien hommage aux mineurs et au monde disparu de la mine.

    #197473
    DNDM
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    Notre Dame des Loups d’Adrien Tomas. J’ai beaucoup aimé Vaisseau d’Arcane de cet auteur dont j’ai parlé dans un des derniers billets de blog reco. Cette fois, j’ai plutôt bien aimé sans être transportée de joie. C’est impossible de s’attacher aux personnages à cause de la construction du roman. C’est très volontaire mais j’aime pas trop trop ça. Et en même temps, la construction en elle-même est cool alors c’est compliqué d’y trouver quelque chose à redire. C’est rapide et c’est très bien comme ça, ça aurait rimé à rien de faire 100 pages de plus et le rythme est bon. Et c’est très compliqué d’en parler sans spoiler même si on comprend vite le schéma. L’épilogue est un peu inutile à mon gout, et il termine le livre sur une mauvaise note.

    Lu également. Perso ça a plutôt bien marché. C’est un roman court (180 pages), je l’ai enfilé en une soirée.

    Non, ce n’est ni un roman où l’on s’attache à un perso et où on le voit évoluer, ni un roman ou le worlbuilding sera particulièrement détaillé (même si franchement, c’est déjà pas mal détaillé pour du 180 pages). Mais c’est pas le concept, on est clairement sur un roman choral et sur un thriller fantastique, avec un mélange d’éléments polars et d’éléments surnaturels. A ce niveau, y’a plein de similituedes avec Widjigo, d’Estelle Faye, sorti 7 ans plus tard: plus ou moins le même contexte géohistorique, plus ou moins les mêmes légendes de base, un casting haut en couleur et réduit (et qui va en se réduisant au fil des chapitres), et pas mal de rebondissements en cours de route.

    Après, tout les éléments ne marchent pas forcément aussi bien les uns que les autres. Certains rebondissements sont très prévisibles, d’autres beaucoup plus surprenants. Certains éléments s’insérent bien dans l’oeuvre, d’autres ne convainquent que moyennement. Certaines sous-intrigues marchent à fond, d’autres sont moins réussies.

    Et comme le dit @yodabor ci-dessus, l’épilogue peut sembler superflu. Mais perso je ne trouve pas, même si d’un côté il peut faire faire la moue, de l’autre il amène un twist final intéressant qui permet de creuser un personnage (et perso, sans ce twist final, le livre ce serait terminé sur un rebondissement que j’avais vu venir une bonne cinquantaine de pages plus tôt, et donc sur une mauvaise note, alors que du coup avec ce petit twist supplémentaire je reste en revanche sur une bonne impression).

    Bref, globablement, un livre qui fait très bien son job, en se concentrant sur le nécessaire et en ne se dispersant ni dans son wolrbuilding, ni dans son concept. A ce niveau, je le trouve d’ailleurs bien plus satisfaisant que Widjigo.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #197494
    Liverbird
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    Les lions d’Al-Rassan est un roman de fantasy historique sans fantasy, ou presque ! On n’y trouve en effet pas de magie, ni de créatures fantastiques ou monstrueuses, tout juste deux lunes dans le ciel et un personnage secondaire qui a quelques visions. C’est léger donc, mais il est quand même classé en fantasy, parce qu’il se déroule dans un monde vaguement imaginaire. Pourquoi « vaguement » imaginaire ? Parce que n’importe quel lecteur un tout petit peu attentif aura vite fait de reconnaître Al-Andalus derrière Al-Rassan et n’aura aucun mal à retrouver toutes les références historiques qui constituent le cadre de l’action.

    Elle se déroule en Espéragne, qui est l’Espagne qui aurait pris un virage à droite. Pas au sens politique, mais au sens géographique, puisque les montagnes, nos Pyrénées, ne sont pas au nord, mais à l’est. Pour le reste, tout y est : des royaumes jaddites (chrétiens) au nord de la péninsule, un ancien califat asharite (musulman) divisé en royaumes sur le déclin ailleurs, et des kindaths (juifs) qui vivent aux côtés des autres religions, tolérés mais menacés, toujours à la merci d’une bouffée d’intolérance religieuse ou de mécontentement populaire. Dans ce contexte, se déroule une version accélérée de la Reconquista, qui dure ici une génération, contre au moins quatre siècles dans la vraie vie (elle s’est terminée en 1492, ça c’est facile, mais on peut choisir de la faire commencer plus ou moins tôt), entrecoupée d’une intervention des asharites du désert, venus du sud du détroit pour essayer de repousser les jaddites, comme les Almoravides, puis les Almohades aux XI<sup>e</sup> et XII<sup>e</sup> siècles.

    Les personnages principaux sont Jehanne, une médecin kindath, Rodrigo et son faux air de Cid (rien à voir avec le Sid de L’âge de glace), un capitaine jaddite réputé, et Ammar, guerrier et poète asharite, lui aussi réputé. Les lions d’Al-Rassan est d’abord un prétexte pour raconter leurs aventures en s’appuyant sur les bases de la véritable histoire, sans avoir à s’encombrer avec l’exactitude historique, puisque l’imagination est au pouvoir. Sans entrer dans les détails, disons qu’il y a ce qu’il y a des chevauchés, des combats, quelques assassinats, des ruelles tortueuses de villes orientales, de l’amour et de l’amitié.

    L’auteur a la réputation d’un écrivain solide. Dans sa jeunesse, il collaboré avec Christopher Tolkien lors de la publication du Silmarillon,avant de se lancer dans des romans historico-imaginaires comme celui-ci. C’est bien écrit et bien construit et ça se lit facilement, mais ça n’est pas renversant. Il y a un côté un peu convenu et gentillet chez ces personnages et dans ce qui leur arrive, qui m’a empêché de véritablement plonger dans l’histoire. Le message principal, en gros que la tolérance religieuse et à la cohabitation pacifique, valent mieux que les affrontements et l’obscurantisme, mais que les hommes ont du mal à le comprendre, et encore plus à l’appliquer, est lui aussi gentillet, du genre robinet d’eau tiède. A lire pour l’atmosphère générale et l’exercice de style de (low) fantasy historique.

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 11 mois par Liverbird.
    #197496
    Lapin rouge
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    L’auteur a la réputation d’un écrivain solide. Dans sa jeunesse, il collaboré avec Christopher Tolkien lors de la publication du Silmarillon,avant de se lancer dans des romans historico-imaginaires comme celui-ci. C’est bien écrit et bien construit et ça se lit facilement, mais ça n’est pas renversant. Il y a un côté un peu convenu et gentillet chez ces personnages et dans ce qui leur arrive, qui m’a empêché de véritablement plonger dans l’histoire. Le message principal, en gros que la tolérance religieuse et à la cohabitation pacifique, valent mieux que les affrontements et l’obscurantisme, mais que les hommes ont du mal à le comprendre, et encore plus à l’appliquer, est lui aussi gentillet, du genre robinet d’eau tiède. A lire pour l’atmosphère générale et l’exercice de style de (low) fantasy historique.

    Entre son travail avec Christophe Tolkien et ses romans historico-imaginaires, Guy Gavriel Kay a écrit une trilogie de fantasy considérée comme un classique, La Tapisserie de Fionavar, dont j’ai dit ce que j’en pensais ici. En résumé, j’avais trouvé l’intrigue assez convenue et que le style de l’auteur était trop souvent dans l’hyperbole, mais que ces défauts étaient rattrapés par une caractérisation des personnages très réussie, beaucoup ayant des personnalités complexes aux évolutions finement décrites. A lire ta critique, j’y retrouve une partie des défauts (intrigue sans surprise) sans les qualités. Donc plutôt moyen-bof ?

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #197497
    Liverbird
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    Entre son travail avec Christophe Tolkien et ses romans historico-imaginaires, Guy Gavriel Kay a écrit une trilogie de fantasy considérée comme un classique, La Tapisserie de Fionavar, dont j’ai dit ce que j’en pensais ici. En résumé, j’avais trouvé l’intrigue assez convenue et que le style de l’auteur était trop souvent dans l’hyperbole, mais que ces défauts étaient rattrapés par une caractérisation des personnages très réussie, beaucoup ayant des personnalités complexes aux évolutions finement décrites. A lire ta critique, j’y retrouve une partie des défauts (intrigue sans surprise) sans les qualités. Donc plutôt moyen-bof ?

    C’est un peu ça, mais je dois quand même ajouter que j’ai trouvé intéressant d’avoir comme personnage principal, une femme , qui n’est ni une crétine hurlant à chaque page parce qu’elle est attaquée par un mouton ou qu’elle a marché dans une crotte de lapin, ni une ninja niveau 300 qui dézingue à tout va avec un sourire aguicheur, mais quelqu’un qui essaie de faire au mieux dans des situations difficiles et parfois déchirantes.

    J’ai ta recension de La tapisserie de Fionavar, merci.

    #197519
    Lapin rouge
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    Pour ma part, voici le moment de mon compte-rendu de lectures, qui ne couvre que deux mois, puisque le précédent en faisait quatre.

    Le fil rouge se poursuit, à savoir le cycle de l’inquisiteur Eymerich, de l’écrivain italien Valerio Evangelisti, lu en VO. Dans Rex tremendae maiestatis, notre sympathique dominicain part à la poursuite de son ennemi juré, Ramón de Tàrrega, juif converti au christianisme, mais resté secrètement adepte de pratiques hérétiques et alchimiques. Cette poursuite va l’amener de Barcelone en Sicile, alors déchirée par les rivalités entre les grands féodaux, puis à Naples. Parallèlement, au XXXIème siècle, la Terre n’est plus habitée que par des hordes d’humains devenus malades mentaux, les seules personnes encore à peu près saines d’esprit résidant sur une base lunaire, où sont conservées les « champs vitaux électromagnétiques » de nombreux humains décédés, dont celui d’Eymerich…
    Dans Eymerich risorge, le pape Grégoire XI demande à l’inquisiteur d’enquêter sur un mystérieux conseiller du roi d’Aragon, qu’Eymerich va prendre en chasse de la Provence au Val d’Aoste, de village en village, de château en abbaye. Sur un autre plan temporel, un scientifique non conformiste est conduit dans un observatoire astronomique utilisé par des jésuites, qui espèrent sauver l’Humanité du chaos qui la menace. Et sont intercalés les pages d’un mystérieux « évangile de la Lune », venu d’un lointain futur, dans lequel un étrange Magister expose à sa fille et à ses disciples sa conception de la résurrection des corps…
    On est presque à la fin du cycle (encore un dernier roman), et je trouve que l’auteur fatigue, et moi aussi. Les intrigues sont assez répétitives, on a un peu l’impression de relire toujours le même roman. Contrairement aux trois romans précédents, il n’y a quasiment plus de personnages féminins, et les autres personnages secondaires sont de vieux complices qui n’apportent pas grand-chose de neuf.

    Un autre cycle italien, mais que je lis en français, c’est celui qu’Antonio Scurati consacre à la vie de Mussolini : M, Les derniers jours de l’Europe (traduction Nathalie Bauer). J’ai parlé du premier tome en 2020, du deuxième en 2022, et voici donc le troisième consacré aux années 1938-1940. Je rappelle le principe : un texte à mi-chemin du roman historique et de la biographie romancée, avec une grosse documentation historique, des chapitres très brefs et des extraits de documents d’époque corroborant la reconstruction romanesque. Donc, si on est bien dans la fiction (avec des dialogues et des pensées reconstituées), on est très proche de l’histoire. Ce tome s’ouvre et se ferme sur deux infamies : l’alignement sur la politique antisémite nazie avec les lois raciales pour commencer, et l’entrée de l’Italie dans la guerre avec l’attaque contre une France à genoux en juin 1940. Entre les deux, la plongée dans les illusions d’un Duce complètement dépassé par son ancien disciple allemand, et qui, bien que conscient de l’état catastrophique de son armée, s’auto-illusionne sur sa maîtrise des évènements, alors qu‘il n’en est plus que le jouet. Toujours aussi captivant, mais j’ai regretté que l’auteur ait pris le parti de moins suivre Mussolini, alors que c’est justement lors de cette période que cela aurait été le plus riche d’enseignements (mais peut-être aussi le plus difficile) pour s’intéresser plutôt à son gendre et ministre des affaires étrangères, le brillant mais futile comte Ciano.

    Changement de cadre et d’époque avec Conquest, de Nina Allan (traduction Bernard Sigaud). Le jeune Franck, petit génie du code informatique et grand amateur de Bach, fréquente des forums conspirationnistes et est traversé de pensées paranoïaques. Un beau jour, alors qu’il n’a jamais quitté sa ville natale, il part à Paris pour rencontrer un groupe qui partage ses obsessions et prétend avoir besoin de ses compétences, et il ne donne plus signe de vie à sa petite amie, Rachel. Celle-ci embauche une détective privée et ancienne policière, Robin, dont les recherches l’amènent à s’intéresser à une novella de SF des années 50, « La Tour » (intégralement insérée dans le roman), qui raconte comment l’Humanité décide de célébrer sa victoire sur une civilisation extraterrestre en construisant une tour gigantesque.
    Je suis complètement passé à côté de ce roman. Je lis sur internet que ce roman « confronte le lecteur à une expérience hors concept, sans coordonnées narratives claires, l’embarquant au cœur d’un périple halluciné […] Avec Nina Allan, si la vérité éclate, c’est en une myriade de fragments qui en rendent la connaissance impossible. Conquest est un roman sur la quête obsessionnelle du Vrai, sur sa problématique essence » (François Angelier, Le Monde des livres). J’aime bien ce que fait Angelier sur France Culture, et je partage son analyse sur ce livre, mais pas son appréciation. Je suis sans doute trop terre-à-terre, trop classique dans mes lectures…

    Restons dans la fiction avec le Goncourt 2023, Veiller sur elle, de Jean-Baptiste Andrea. Vous trouverez facilement plein de résumés sur internet, donc je donne juste la trame : en 1986, un sculpteur de génie, mais atteint de nanisme, Michelangelo Vitaliani, revoit sa vie passée alors qu’il va mourir, son amour partagé, mais impossible avec l’aristocrate Viola Orsini, et sa traversée du XXème siècle. Contrairement àConquest, on est là dans du solide, du classique, de la narration de bon aloi. Mais j’ai trouvé le tout finalement désincarné. Le contexte historique n’est qu’effleuré, les mouvements artistiques inexistants, les évolutions technologiques à peine mentionnées, et les personnages restent les mêmes du début à la fin, sauf les deux principaux. Ça se lit sans difficulté, mais c’est beaucoup de pages pour pas grand-chose au final. Je suis sans doute trop exigeant, trop à la recherche de l’originalité dans mes lectures…

    Et ensuite un peu de « narration non fictionnelle », avec Les Naufragés du Wager, de David Grann (traduction Johan-Frédérik Hel Guedj). L’auteur est un journaliste qui s’est spécialisé dans ces récits d’évènements réels, qu’il raconte de manière romancée, tout en s’appuyant sur une documentation rigoureuse, comme en témoignent les nombreuses notes. Comme son titre l’indique, Les Naufragés du Wager est un récit de naufrage, mais il ne s’y limite pas. Nous assistons ainsi à l’affrètement d’une escadre anglaise en 1740 dans le cadre de la « guerre de l’oreille de Jenkins », qui opposa la Grande-Bretagne à l’Espagne. Confiée au commodore Anson, cette escadre a pour mission de traverser l’océan Atlantique et de passer le cap Horn pour aller harceler les possessions espagnoles du Pacifique. Le livre décrit avec précision les conditions de vie des marins et des soldats, les mécanismes de promotion qui motivent les officiers, et la complexité effroyable du fonctionnement d’un grand navire à voiles. On embarque ensuite, et, après la traversée de l’océan, vient le moment d’affronter le cap Horn, dont la réputation n’est plus à faire… Je ne vais pas plus loin, mais j’ai trouvé la lecture très plaisante, à la fois vivante, pleine de détails et d’informations sans être pesante. La vie des marins de l’époque était vraiment dure. Il paraît que Scorsese va adapter ce livre au cinéma (après Killers of the Flower Moon, autre ouvrage de Grann).

    Enfin, un peu d’histoire avec Une autre histoire des samouraïs, de Julien Peltier. L’auteur n’est pas un historien universitaire, mais un passionné du Japon et des samouraïs, sur lequel il a écrit de nombreux livres et articles. Ce bouquin fait la synthèse de la question en retraçant près de douze siècles du parcours de ces guerriers nobles sujets de tant de phantasmes. Évidemment, de nombreux clichés en font les frais. Par exemple, les samouraïs n’étaient pas des escrimeurs à l’origine, mais des archers montés, dans la grande tradition des combattants des steppes. Quant au bushido, il s’est épanoui au moment où le Japon vivait en paix, et donc quand l’utilité sociale de ces spécialistes de la guerre était remise en question. Le livre ne fait pas l’impasse sur l’héritage des samouraïs après leur disparition, que ce soit dans la politique militariste du Japon des années 30 ou dans le cinéma et les mangas. Finalement, une lecture agréable et instructive, et l’occasion d’aborder bien des personnalités étonnantes.

    C’est tout pour ce bimestre. Le bilan est mitigé : pas de grandes découvertes ni de coups de cœur, au mieux des lectures agréables, mais sans surprise, et quelques ratages. On va tenter de se rattraper en 2024 (j’ai le dernier Jaworski en ligne de mire…). Je vais à présent m’attaquer à mon bilan de lecture 2023.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #197678
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    Les Facétieuses, de Clémentine Beauvais

    Les Facétieuses - Éditions Sarbacane

    Clémentine Beauvais a perdu son job d’enseignante-chercheuse en sociologie et philosophie de l’enfance à l’université d’York, ce qui l’a obligé à retourner vivre à Paris. Sa vie sentimentale hoquette inexplicablement, et le bouquin de Fantasy qu’elle est censée écrire pour le lancement d’une nouvelle collection chez son éditeur préféré n’avance pas. Bref, rien ne va. Cerise sur le gâteau, une metteuse en scène dont elle ne se souvient que vaguement vient lui proposer un projet d’abord alléchant (écrire une partie d’un spectacle pour enfants), mais finalement aussi pourri que farfelu (écrire une partie d’un spectacle pour enfants… dont le thème est « les enfants morts célèbres… et elle serait en charge de Louis XVII, le fils de Louis XVI et Marie-Antoinette, mort peu après la révolution seul dans un cachot »).

    Louis XVII, comme je l’ai appris sur cette terrasse où j’avais commandé une nouvelle boisson (un abreuvoir de thé glacé), est mort d’une mort atroce, laissé littéralement à pourrir dans la prison du Temple ; mort de maladies épouvantables, d’un chagrin gigantesque lié à sa vie sinistre, et de désespoir terrible, impossible à décrire.

    (…)

    Et surtout, je suis bouleversée par le sort du petit prince ; et surprise d’être bouleversée, et même désarmée et un peu honteuse. Car attention:

                                                  (je précise pour que cela soit clair pour la suite)

    Je ne suis pas du genre à être bouleversée par la mort de membres d’une famille royale il y a deux-cent ans…

    … il me semble qu’il y a d’autres choses plus graves actuellement, qui méritent davantage nos larmes ; et puis d’ailleurs bon débarras, je ne suis pas monarchiste, moi, je suis très correctement de gauche, progressiste, et j’ai une foi indéboulonnable en la démocratie (…)

    – Ha! En lisant ça, on se dit: le pauvre petit Louis XVII, le pauvre petit! Les fées ne se sont pas penchées sur son berceau.

    (…)

    – Mais j’y pense… C’était qui, justement, la marraine la bonne fée du prince Louis XVII? C’était qui, cette incompétente, qui a échoué à le sauver, qui l’a laissé mourir comme ça, sans le moindre réconfort?

    Et il se trouve qu’elle ne trouve nulle part le nom de la Marraine la Bonne Fée de Louis XVII, personnage qui quand même a dû être sacrément important à son époque. Elle décide alors d’enquêter plus en profondeur, et de raconter son enquête dans un livre – celui que nous, lecteurs, tenons entre les mains. Et de proposer ce livre à l’éditeur pour qui elle doit écrire un roman de fantasy.

    Sa réaction :

    – Clémentine, enfin. Les marraines la bonne fée, c’est un sujet de fachos.

    Mais Clémentine Beauvais n’arrive pas à lâcher le sujet.

    – Après tout, j’ai été universitaire. Réhabiliter une figure historique réac en argumentant qu’elle était en réalité très féministe, c’est tout à fait à ma portée.

    Et ça tombe bien, la copine de son père l’oriente vers un jeune homme qui consacre sa thèse à une « relecture queer de l’histoire des marraines la bonne fée entre la Renaissance et la Révolution française », en arguant que « des kilotonnes de marraines la Bonne Fée étaient lesbiennes », et qu’on pouvait même trouver quelques femmes trans dans le lot. Et dans le même temps, une libraire spécialisée l’oriente vers un historien tout aussi caricatural, pendant réac (auteur de « Dindons, demoiselles, domestiques: les responsabilités morales de l’homme du XVIIIe siècle »), mais qui semble avoir des réponses, ou au moins des questions pertinentes.

    Des questions du genre:

    – Vous méritez vos succès, madame Beauvais?

    Bref, je pourrais enfiler les citations plutôt drôles, mais je finirais par raconter tout le bouquin, et je pense en savoir suffisamment dit pour que vous puissiez décider si ce livre est pour vous ou pas. Comme les plus aux faits des dramas et questionnements politico-littéraires de ces dernières années l’auront compris, Les Facétieuses est plus ou moins un roman à clés, bourré de questionnements sociaux et sociologiques, et dans lequel Clémentine Beauvais, autrice à succès, enseignante-chercheuse en sociologie et philosophie de l’enfance à l’université d’York, et traductrice (notamment de L’Ickabog, livre d’une certaine J. K. Rowling), se pose pas mal de questions sur elle-même, sur la littérature, et sur l’impact politique de celle-ci, tout en ayant l’intelligence ne pas se prendre trop au sérieux. Elle le fait donc de façon plutôt drôle, et sans le côté sentencieux et péremptoire de bon nombre d’autres auteurs et autrices qui surfent sur ces questions de matière bien plus lourdingue, voir marketing.

    Pas le roman du siècle, mais clairement un roman très ancré dans son époque (paru en 2022), plutôt intelligent, assez drôle et léger, et qui peut parler à certains et certaines d’entre vous.

     

    Mentir aux étoiles, Alexandre Chardin

    Mentir aux étoiles par Chardin

    Léon fait sa rentrée en 6e, et il a décidé de la faire sans son assistante de vie scolaire. Sa mère, pour le protéger, cherche à régenter toute sa vie, et il va devoir conquérir peu à peu sa liberté vis-à-vis d’elle, et faire face aux dangers de la cour de récré. Heureusement, une mystérieuse fille de 3e vient à son secours.

    Un roman jeunesse (mais vraiment jeunesse, pas young adulte) qui traite de sujet fort, parfois durs, de façon assez littéraire. Sympatoche, mais du même auteur, j’ai préféré Ma Fugue dans les arbres.

    Dix jours avant la fin du monde, de Manon Fargetton

    Dix jours avant la fin du monde - broché - Manon Fargetton - Achat Livre | fnac

    Une ligne d’explosions se déclenche soudain de l’autre côté de la planète, d’un pôle à l’autre. Elle se divise en deux murs d’explosions qui avancent inexorablement de chaque côté, ravageant tout sur leur passage sans que quiconque puisse les comprendre ou les arrêter. Avant que toute la technologie moderne ne devienne inopérante et que tout le monde ne démissionne pour aller rejoindre ses proches / baiser avec des inconnus, les journalistes calculent que ces deux murs mortels devraient se rejoindre sur une ligne traversant l’Angleterre, la Bretagne et la corne de l’Afrique, dans dix jours. L’exode massif vers cette dernière frontière de l’humanité commence, chacun essayant de grappiller quelques jours de survie supplémentaires, espérant un miracle.

    Un roman choral dans lequel on suit une poignée de personnages, assez différents, qui se retrouvent liés par le hasard et qui vont, au cours de ce périple, se découvrir, et chercher à rester fidèles à eux-même. Ça se lit très bien, mais en même temps c’est un roman qui me fait faire la moue, au final. C’est vraiment un roman de personnages, et ceux-ci ne m’ont pas tous convaincus (et sur les passages ou ce n’est pas un roman de personnages, c’est plus que bof).

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 10 mois et 3 semaines par Lapin rouge. Raison: Louis XVII, pas Louis XVIII

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
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    #197787
    Obsidienne
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    Je viens de commencer « Les Dieux Sauvages » de Lionel Davoust.
    C’est une saga de 5 tomes qui, à mon avis, mériterait un sujet dédié.
    Je n’ai rien trouvé dans la liste des sujets ni dans celle des auteurs mais savez-vous si ce roman a déjà fait l’objet d’une discussion ?
    Si non, je pourrais créer le sujet !

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 10 mois et 3 semaines par R.Graymarch.

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #197788
    Nymphadora
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    Je viens de commencer  » Les Dieux Sauvages  » de Lionel Davoust.
    C’est une saga de 5 tomes qui, à mon avis , mériterait un sujet dédié.
    Je n’ai rien trouvé dans la liste des sujets ni dans celle des auteurs mais savez-vous si ce roman a déjà fait l’objet d’une discussion ?
    Si non, je pourrais créer le sujet !

    Effectivement, la saga n’a pas son sujet 🙂 N’hésites pas à le créer 🙂
    (Tu as mon avis et l’avis de Crys qui trainent sur le forum par contre ^^)

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    #197911
    FeyGirl
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    Les Sentiers de recouvrance, d’Émilie Querbalec

    Année 2036 : la Terre subit les conséquences du réchauffement climatique ; l’eau est rare à l’intérieur des terres, des feux géants ravagent des forêts et les réfugiés s’entassent dans des tentes.

    Nas est une adolescente d’une région isolée d’Espagne, au milieu d’un environnement qui devient désertique tant l’eau manque. Très proche de son père, elle escalade avec lui les magnifiques paysages autour de la ferme tandis que sa mère peine à gagner de l’argent avec des traductions. Nas vit une enfance presque rêvée, entourée de la nature. Lors d’une noyade, elle est sauvée par un ange.

    Ayden, lui, grandit dans un habitat plus difficile, une banlieue de béton en France, et est très — trop — attiré par le feu. Un jour, il se blesse grièvement en franchissant les interdits et en tirant des feux d’artifice.

    C’est un vrai plaisir de retrouver la plume d’Émilie Querbalec, qui brosse ici le portrait de deux adolescents solitaires dans un futur proche en pleine mutation, et qui prend le temps d’évoquer le quotidien de ses héros que rien ne destinait à se rencontrer.

    Survint une rupture au milieu du roman dont je ne peux pas vous parler sans vous gâcher le plaisir de la découverte.

    Disons simplement que l’auteure explore le thème des rêves, de l’adolescence en perdition, de la difficulté de surmonter la dépression, avec une très grande sensibilité. Les rêves, ici, sont le domaine de l’enfance, mais ils amènent aussi un espoir thérapeutique, idée parfois étudiée en SF. Évasion, exutoire, échappatoire ou voyage initiatique, les rêves façonnent la réalité de ces jeunes gens handicapés par un mauvais coup du destin, rêves qu’ils devront dépasser pour justement revenir à la réalité.

    Réparer la terre, réparer les âmes, tel est le thème de ce roman, ancré dans une anticipation proche avec un soupçon de fantastique où l’enfance peine à entrer dans un monde saccagé par les adultes. Émilie Querbalec nous offre une ballade touchante, teintée de poésie et de tendresse envers ces deux adolescents.

    #197921
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    Brexit Romance, de Clémentine Beauvais

    Brexit romance - Takalirsa !

    Comme j’avais beaucoup aimé Les Facétieuses, j’ai tenté un autre roman de Clémentine Beauvais, censé être une comédie romantique  à l’anglaise, sur fond de Brexit, dans laquelle on suit plusieurs personnages trempés dans des affaires de mariage arrangés.

    J’en suis à 50 pages sur 450, et je crois que je vais m’arrêter là. J’ai été lire les critiques les plus négatives sur quelques sites et réseaux sociaux littéraires connus, et j’y retrouve ce que je ressens. C’est long, avec des tonnes de digressions qui rendent la chose encore plus longue. C’est censé être drôle mais l’humour ne marche pas sur moi. Les persos sont gonflants. Clémentine Beauvais maîtrise très bien la langue anglaise, mais elle aime un peu trop s’en vanter, en utilisant les réflexions de ses personnages pour en décrypter les subtilités, et c’est relou. L’intrigue ne démarre pas (ou en tout cas, pas avant la moitié voir les deux tiers du roman, apparemment).

    Bref, c’est ptêt juste pas pour moi (80 000 exemplaires vendus, traductions en 12 langues, 2 adaptations théâtrales, me dit la 4e de couverture, donc il doit bien y avoir des gens qui ont adoré). De mon côté, je vais probablement aller lire les dernières pages puis passer à autre chose, et je tenterais un autre Clémentine Beauvais à l’occasion.

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    #198083
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    Sirius, de Stéphane Servant

    Une jeune fille (Avril) vit avec son petit frère de 5-6 ans (Kid), isolés dans une cabane dans un grand arbre au beau milieu de la forêt. Autour d’eux, le monde a été dévasté par un virus, qui a rendu stériles humains, animaux et végétaux, entrainant la fin de la civilisation.

    Tout se passe plutôt bien… Jusqu’à ce que le passé d’Avril la rattrape, les obligeant à fuir. Dans leur fuite, ils trouvent un porcelet noir avec une étoile blanche sur le front, comme Sirius, le chien qu’Avril avait avant la fin du monde. Et Avril a toujours dit à Kid que quand Sirius reviendrait, ils iraient à la Montagne, retrouver leurs parents.

    Un road-trip postapocalyptique jeunesse, avec de très bonnes critiques public et professionnels, et pas mal de prix (Prix Imaginales des collégiens 2019, Prix Sorcières 2018, Prix Chapitre Nature 2018 catégorie roman jeunesse…).

    Et perso, bof. C’est lent,  c’est long (500 pages…), c’est ultra vu et revu pour qui a déjà expérimenté n’importe quelle histoire de postapo, quel que soit le médium (livre, film, jeu vidéo), c’est très étalé par rapport à ce que ça raconte finalement, la fin est un peu décevante… Bref, bof.

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    #198086
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    Emily Wilde’s Encyclopaedia of Faeries, de Heather Fawcett

    Emily Wilde est universitaire, spécialiste des fées. Elle rédige une encyclopédie des fées et on lit son journal de bord, alors qu’elle part dans une île nordique à la recherche des Hidden Ones, une espèce de fées liées à la neige et au froid. Introvertie et taciturne, elle est accompagnée par son collègue volubile et charmant. Ils sont comme chien et chat, ce qui conduira à des disputes et débats enflammés pour le grand plaisir du lecteur ^^.

    Un livre charmant. Ce ne sera pas ma lecture de l’année, mais c’est le genre de livre que tu ouvres et refermes le sourire aux lèvres, qui fait la part belle à un chouette folklore magique (on est sur des inspirations féériques proches des légendes celtiques et nordiques, d’elfes cruels, de lutins farceurs, de change-peaux…. ça marche extrêmement bien). L’histoire prend son temps, on se perd dans cette ambiance glacée et dans ces légendes oubliées. Les personnages sont assez attachants, Bambleby faisant un chouette contrepoint à Emily sans qu’on tombe dans la romance lourdingue.

    Bref, un livre mignon et cozy. Je risque de l’oublier très vite, mais j’ai passé un chouette moment.

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    #198090
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    Le Vol du dragon, d’Anne McCaffrey (la ballade de Pern, Tome 7, ordre de parution 1)

    Ce roman est le premier écrit et publié de la célèbre saga de Science-Fantasy La Ballade de Pern. Ce genre littéraire est mon péché mignon, pourtant je n’aborde que maintenant cette série, la faute à une PAL qui déborde.

    Fix-up de 4 longues nouvelles, il m’a permis de découvrir cet univers et constitue une bonne entrée en matière !

    Planète Pern, dans un lointain futur : colonisée des siècles ou des millénaires plus tôt, les descendants des premiers arrivants ont oublié leur origine terrienne. Ils ont fondé une société médiévale (grand classique de la Science-Fantasy), avec… des dragons. Tous les deux cents ans, un astéroïde du système planétaire pénètre dans l’atmosphère de Pern (astéroïde dénommé l’Étoile Rouge), et ses « Fils » tombent sur Pern. Ces Fils sont des organismes filaires attirés par les matières organiques, et ils brûlent tout sur leur passage. Seuls les dragons permettent de les détruire, grâce à des pierres qu’ils broient et qui crachent un gaz dévastateur contre les Fils. La société s’est construite autour des dragons et surtout autour de leurs chevaliers-dragons.

    Ces chevaliers dragons constituent une caste à part, en partie télépathique (du moins avec leurs dragons). Au fil des siècles leur importance s’est décrue, d’autant plus que la dernière attaque a eu lieu il y a quatre cents ans, et non deux cents ans (on comprendra pourquoi au fil de la lecture). Les Seigneurs, propriétaires de vastes domaines, en sont venus à mépriser les chevaliers et rechignent à donner les dîmes qui leur sont dues. En parallèle, les traditions permettant de lutter contre les Fils se sont perdues, les dragons ont presque disparu, ce monde est déliquescent… Jusqu’au jour où les Fils reviennent, mais Pern n’est plus prête.

    Ce tome retrace les prémisses de cette nouvelle attaque, qui promet de durer plusieurs années comme les précédentes.

    Lessa est une héritière dépossédée de son Fort et vit comme domestique, utilisant son pouvoir pour saboter celui qui a pris le domaine de sa famille. Démasquée par F’lar à la recherche de la nouvelle Dame du Weyr, destinée à devenir le binôme de la jeune reine-dragon, Lissa va peu à peu prendre ses marques tout en conservant un esprit peu soumis et rebelle aux traditions quand elles ne sont pas justifiées à ses yeux. Les quatre nouvelles présentent des étapes clefs de sa vie et de celle de son dragon-reine, ainsi que la préparation du Fort au prochain passage des Fils. C’est aussi l’occasion de pénétrer cette société médiévale, de découvrir quelques personnages secondaires parfois archétypaux mais dessinant un monde aux relations complexes, entre les seigneurs, les chevaliers-dragons, les artisans, et les différents types de dragons (qui ont une hiérarchie interne).

    L’auteure exploite à fond la thématique de la perte des savoirs au fil du temps, les archives incomplètes qui frustrent les personnages (ici F’lar), et elle s’offre le luxe du voyage dans le temps (rapprochant la série de la SF).

    Un tome pour la détente, qu’on lit avec plaisir, et qui donne envie de découvrir la suite de la saga. J’ai passé un bon moment (et le tome est relativement court, ce qui aide !), même si la narration est un peu moins maîtrisée que ce qu’on publie aujourd’hui : un peu trop rapide et explicative.

    Un mot sur la saga : les romans ont été réunis en intégrale (1 ebook ou 5 tomes en édition poche) sauf La Chute des Fils qu’il faut se procurer en livre d’occasion, et c’est bien dommage pour l’harmonie de la bibliothèque. Le billet de Nevertwhere donne une idée du cycle complet, et comme elle je préfère découvrir une saga dans l’ordre d’écriture (ici différent de l’ordre chronologique), pour mieux suivre le développement de l’univers tel qu’imaginé par l’auteure, l’évolution des thématiques mais aussi l’écriture qui, sans doute, va gagner en maturité au fil du temps.

    #198093
    DNDM
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    Vu qu’ils sont un peu pastichés dans le tout premier tome des Annales du Disque-monde, j’ai ces livres sur ma Pile à Lire virtuelle depuis bientôt 25 ans… Je vais suivre tes retours avec attention, voir si ça me motive pour me lancer dedans.

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #198096
    R.Graymarch
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    J’ai lu 4-5 tomes il y a une éternité, je m’en souviens peu à part que c’était « OK sans plus »

    Je sers la Garde et c'est ma joie. For this night, and all the nights to come
    MJ de Chanson d'Encre et de Sang (2013-2020) et de parties en ligne de jeu de rôle
    MJ par intérim de Les Prétendants d'Harrenhal (2024-), rejoignez-nous
    DOH : #TeamLoyalistsForeverUntilNow. L’élu des 7, le Conseiller-Pyat Pree qui ne le Fut Jamais

    #198097
    FeyGirl
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    Pour le moment (mais je n’en suis qu’au début), je ne prétendrais pas qu’il faut absolument les lire .

    On est sur un texte facile à lire, pour un moment de détente, pas trop long. Je verrai bien comment ça évolue.

    #198122
    FeyGirl
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    La Maison aux pattes de poulet, de GennaRose Nethercott

    Comment résister à un roman avec ce titre et cette couverture ?

    États-Unis, de nos jours. Bellatine et son frère Isaac reçoivent un étrange héritage : une maison aux pattes de poulet, léguée par une aïeule d’Ukraine.

    La maison réagit à son environnement, marche, prend peur et court… De quoi a-t-elle peur ?

    Pas loin de là, Ombrelongue, mystérieux personnage venant de Russie, pourchasse la maison que le frère et la sœur ont surnommée Pied-de-Chardon. Pendant son périple, Ombrelongue sympathise avec des inconnus au hasard des rencontres, leur propose de partager un verre du flacon qu’il garde sur lui… alcool qui est un poison. Les malheureux, pendant quelques heures, sont sous l’emprise d’une fumée maléfique et cherchent à éliminer ceux dont ils ont peur ou qu’ils envient. La peur, encore une fois.

    L’univers qu’a imaginé l’auteure (qui est aussi une poétesse, et le texte le démontre souvent) est à la fois l’Amérique si familière qu’on connaît, et un monde accueillant le merveilleux. Les maisons peuvent « vivre » pour survivre (après l’ouragan Katrina, celles de La Nouvelle-Orléans ont développé des branchies). Donc Pied-de-Chardon ne détonne pas dans ce paysage.

    Revenons à Bellatine et Isaac. Héritiers d’une famille de marionnettistes, ils se sont tous deux éloignés de leurs parents. Isaac est un homme pas fiable, roublard, enjôleur, et qui arrive à imiter à la perfection ceux qu’il rencontre, à devenir eux. Il en profite pour dérober leur portefeuille, avant de partir à nouveau sur les routes. Bellatine, elle, est la jeune sœur plus posée et plus stable. Elle a un don avec ses mains. Devenue menuisière, elle aime créer avec ces mains-là. Mais son don vient de plus loin, et provoque l’Embrasement… Elle peut animer des objets. Bella rejette son pouvoir, qu’elle vit comme une malédiction, et le lecteur comprendra rapidement pourquoi.

    Et maintenant, d’où vient la maison Pied-de-Chardon, mi-maison mi-animal, si sensible ? Pendant quelques courts chapitres parsemés dans le roman, la maison s’adresse aux lecteurs. Elle nous raconte son histoire, choisit les versions qui lui plaisent, et nous parle de sa première propriétaire, l’ancêtre de Bellatine et Isaac : Baba Yaga et ses deux filles. Nous voilà projetés dans les contes slaves, avec la sorcière Baba Yaga et sa maison aux pattes de poulet. Une des idées de génie de l’auteure est d’avoir fait de Baba Yaga une femme vivant en Ukraine dans une communauté juive entourée de goys, après la Première Guerre mondiale. La vie y est encore paysanne, les contes sont la réalité pour la maison qui nous relate ses souvenirs, et peu à peu on comprend que la tragédie de l’histoire va frapper ce shtetl (village juif).

    Bellatine — très attachée à la maison — et Isaac vont vivre une course poursuite à travers les États-Unis, dans une ambiance mi-féérique mi-polar, fuyant Ombrelongue, ce démon du passé. Un autre point fort est les personnages : j’ai beaucoup aimé Isaac, qui pourtant n’a que des défauts ; Bellatine est son miroir ; Ombrelongue est un bon modèle de monstre terrifiant ; et Winnie (que je vous laisse découvrir) est l’équivalent du robot s’éveillant à la conscience et à l’humanité. Sans oublier la maison, bien sûr. Quelques autres thèmes typiques de l’imaginaire sont habillement repris, comme l’importance des noms dont il faut se souvenir, ou les héritages de pouvoirs qu’on accepte ou qu’on rejette.

    La tension monte crescendo, et il y aurait beaucoup à dire sur la suite du roman, mais je ne veux pas vous gâcher le plaisir de la découverte. Sachez seulement que j’ai plongé dans l’histoire, et j’ai été parfois très touchée.

    Ce livre qui possède une puissance inattendue, puisant dans le folklore traditionnel pour le renouveler. L’auteure n’a pas oublié que les contes servent aussi, et surtout, à transmettre une morale.

    Plus que le devoir de mémoire, c’est ici à un besoin de mémoire que nous sommes invités, mais une mémoire à dépasser pour trouver sa voie. Une histoire poétique, où le merveilleux s’oppose au tragique, et où le passé dont on hérite donne les clefs pour affronter le présent.

    Un excellent roman pour ce début d’année : original, poétique, puissant, marquant.

    #198222
    Nymphadora
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    La Malédiction d’Argile, de Jeanne Bocquenet-Carle, à paraître le 15 février chez Scrineo (que j’ai reçu via Netgalley, merci à eux)

    Un roman assez singulier, qui risque de diviser.

    Nous sommes plongés dans un monde mystérieux, où les rêves et prédictions ont une importance essentielle, et nous suivons les points de vue de plusieurs personnages, venus de peuplades différentes, qui se dirigent vers un point de bascule dans leur Histoire.

    Très sombre et violent, bourré de symbolique et à la plume assez poétique, ce roman m’a un peu déstabilisée. Le récit est un peu cotonneux, entre le rêve et le cauchemar, et on ne comprend jamais tout à fait vraiment ce qui fait ce monde maudit, dévasté. On saisit des bribes de compréhension au vol, au fil des pages, mais, en ayant refermé le bouquin, je serai bien en peine de vous dire ce qu’il s’est passé, ce qu’est tout à fait cette fameuse malédiction d’Argile, ou ce que sont les rêves qui parsèment l’ouvrage. On est plongés dans cette ambiance assez dérangeante (certaines scènes sont vraiment choquantes, n’hésitez pas à regarder les trigger warnings, il y a vraiment des moments très glauques), on suit des personnages dans un genre de mythe païen, où chacun est le jouet d’un destin qui le dépasse et où tous semblent converger l’un vers l’autre, mais on ne comprend pas très bien vers où il vont, et ils se dévoilent au travers d’un voile un peu onirique.

    J’aurais aimé me laisser emporter par la poésie et la symbolique, mais du coup, je suis restée perplexe, à côté de l’histoire, ne comprenant pas du tout où on m’amenait. Certaines sensations me resteront, je pense, plus que l’histoire en elle-même (notamment liées à mon choc à la lecture de scènes perturbantes, notamment avec des enfants déshumanisés et cannibales – c’est glaçant et la lecture met vraiment tous les sens en éveil, la plume de l’autrice étant particulièrement évocatrice). Il aurait probablement fallu que je me laisse voguer, mais je suis une lectrice plutôt terre à terre et ce côté très métaphorique m’a vraiment perdue. Mais je pense qu’il parlera probablement à des lecteurs plus poètes que moi… et que d’autres vont vraiment détester : c’est le genre de roman qui laisse difficilement indifférent et qui est un peu hermétique.

    ~~ Always ~~

    #198276
    FeyGirl
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    Légendes & Lattes, de Travis Baldree

    Viv est une orc qui veut raccrocher. Elle est fatiguée de ces années à courir après les monstres avec son épée Noiresaignée : elle veut changer de vie.

    Viv veut ouvrir un café. Un quoi ? Un café, dans la ville de Tuine où personne ne connaît le café. Elle s’est entichée de ce breuvage découvert par hasard dans une ville de gnomes.

    Elle va investir toutes ses économies, fruits de la chasse aux monstres, pour acheter une vieille écurie croulante et la transformer en café. Elle y met tous ses espoirs. D’ailleurs, elle s’est emparée d’une pierre d’écailleverte lors de sa dernière mission, donc ça devra bien se passer.

    Viv est déterminée, futée, mais seule et peu habituée à la vie civile. Elle va attirer autour d’elle une galerie de personnages, dont certains très croustillants. Si la succube Tandry devient son adjointe (succube qui ne veut pas être traitée comme une succube !), j’ai particulièrement apprécié Cal le hobgobelin et surtout Bouton le ratelin, génie de la pâtisserie. Ces deux-là sont « trognons ». D’ailleurs, j’ai préféré les personnages secondaires aux protagonistes Viv et Tandry.

    On est très loin de ce qu’on lit habituellement en fantasy, et le terme cosy fantasy souvent employé à propos de ce roman est assez juste. Le lecteur est plongé dans un univers croustillant ; l’intérêt réside plus dans l’ambiance et les comparses de Viv (et de fréquentes pointes d’humour) que dans une intrigue où on aurait peur pour les héros. Ici, foin de grandes batailles, même si une bande locale rackette les commerçants et on sent le conflit arriver. Viv et ses nouveaux amis forment rapidement une communauté avec les clients aux tics marqués mais bien sympathiques. Qui se retrouvent tous dans le café, évidemment.

    Une lecture-douceur plaisante, que j’ai terminée avec le sourire.

    #198336
    Lord Blimme
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    Imaro de Charles R. Saunders

    Je voulais vous partager ma dernière lecture dont j’ai cité son titre dans ma présentation en tant que nouveau membre de la Garde.

    C’est une œuvre assez méconnue. J’ai chopé son existence lors d’une rumeur de son adaptation en une série télévisée dans laquelle G.R.R. Martin serait impliqué dans son développement. La rumeur a disparue, il y a belle lurette.

    Bref, par curiosité, je me suis jeté dans ce récit. Imaro est une série de quatre livres, regroupés en une intégrale, éditée et publiée par Mnémos en 2013. Charles R. Saunders, auteur de ses aventures, plonge le personnage éponyme dans des aventures de dark fantasy, où la magie noire, dite le mchawi, le traque jusqu’à la conclusion finale, douce-amère.

    Les trois livres (1: Imaro, 2 : La route du Cush, 3 : La piste de Bohu) sont du type aventure-action, avec des moments de batailles. Le quatrième, La guerre du Naama, est une succession de guerres.

    Le récit se passe au cœur de Nyumbani, une Afrique parallèle qui, selon Saunders, l’auteur, voit la magie exister et contient une variété de sociétés développées. Imaro, c’est l’histoire d’un enfant qui va être délaissé par sa mère, Katisa, au tribu originaire de cette dernière, les Ilyassai. Le tribu ne fera pas de cadeaux à Imaro, nommé fils d’aucun père. Fortement méprisé, l’enfant va apprendre les rudes épreuves pour être prêt au rite du passage à l’adulte. De là, il va quitter le Tamburure, le royaume des herbes jaunes qui l’a vu grandir pour voyager à travers la lutte entre le Bien et le Mal, les Arpenteurs de Nuages et les Mashataan, qui se révèlera être nuancée et grise.

    Imaro est, à mon sens, un anti-héros. Il a une force surhumaine et a des astuces de ruse plutôt audacieux mais c’est un être grossier et antipathique, sans la bonne foi en l’humanité. On suit son parcours à la rencontre de la faune sauvage, la magie, la sorcellerie et la mythologie africaine fictive.

    Le point fort, ce sont les personnages secondaires et tertiaires, alliés qu’ennemis. Avec Imaro, l’action avance et les autres le servent mais parfois, ils sont là comme une pause. Leur point de vue personnel est exposé. Parfois, ils sont principaux pour un moment dans le récit. Leur intérêt est là pour humaniser Imaro.

    Je me suis habitué à prêter l’attention aux détails du paysage, les décors derrière les personnages pour m’immerger. Là, dans l’intégrale, certains paysages sont moins descriptives et je suis déçu. Je m’attendais trop aux descriptions martiennes, ha ha.

    Néanmoins, l’ambiance et la rencontre avec certaines créatures et des êtres magiques sont lovecraftiens. Leurs traits sont horribles et grotesques. De vrais monstres. La violence graphique est omniprésente dans les phrases. Les phrases sont parfois sèches. Elles font souvent des analogie.

    La noirceur parsème l’histoire d’Imaro mais elle traite plusieurs thématiques : la famille, la corruption, le pouvoir, l’esclavagisme, le traitement envers les animaux, la tolérance, l’amour, la guerre, les différences culturelles entre royaumes, etc…

    Mon passage favori est la rencontre entre Imaro, sa copine et son ami (un simili-Tyrion, c’est une pygmée à l’intelligence redoutable comme arme) avec les Bana-Gui, peuple difforme et maudit, conséquence d’une complicité forcée avec les étrangers lors d’une guerre de conquête.

    Charles R. Saunders a écrit Imaro comme une antidote aux œuvres de Burroughs. Bien que Saunders, lui-même, afro-américain, appréciait l’étendue de l’imagination de l’autre, le racisme dans les aventures de Tarzan le mettait mal à l’aise. Il était frappé par ses lectures de Conan de Robert E. Howard. D’où cette partie de ses influences dans Imaro. Saunders était ami de Karl Wagner, auteur de Solomon Kane et ils ont pensé de la même manière pour écrire autrement un récit d’heroic fantasy, plutôt qu’une montagne de muscle combattant le dragon et une femme gémissante. Imaro est une œuvre de décolonisation, laissant parler le jeune homme en colère en Saunders.

    Imaro contient de nombreuses références à la réalité africaine, telles que : les Tutsis, la prophétie tristement célèbre de Nongqawuse, l’opération de conquête de Chaka et son demi-frère, Dingane, la colonisation des étrangers hors de l’Afrique, etc…

    Dernière chose, malheureusement, l’intégrale est en rupture de stock. Il y en a en vente d’occasion mais au prix exorbitant. Chaque livre coûte moins cher mais La Guerre du Naama existe uniquement dans l’intégrale. Par contre, on peut trouver l’intégrale chez les médiathèques municipales comme à Marseille, par exemple. Désolé pour ce long pavé ! Sur ce, bonne lecture si vous êtes curieux comme je l’ai été !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 9 mois et 2 semaines par Lord Blimme.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 9 mois et 2 semaines par Lord Blimme.

    "Même si les Ténèbres se sont insinuées en toi, n'oublie jamais tu es. Tu dois combattre les Ténèbres en toi ! Ce ne sera pas facile, je le sais. Mais surtout, n'oublie pas... que même au cœur des Ténèbres, subsiste toujours une petite lumière."

    #198361
    FeyGirl
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    Je poursuis la saga découverte grâce à @Fitz :

    Une guerre victorieuse et brève (Honor Harrington, Tome 3), de David Weber

    Quel plaisir de retrouver cette série !

    Un an après le tome précédent, Honor se remet de ses blessures. La femme officier supérieure du Royaume de Manticore ne rêve que d’une chose : reprendre le service.

    Manticore, regroupant plusieurs planètes, s’attend à ce que la République du Havre déclenche la guerre, aussi Honor est rappelée et affectée au commandement du croiseur de bataille HMS Victoire. Cette nomination prestigieuse marque une nouvelle étape dans sa carrière. En effet, Honor est de plus en plus reconnue comme talentueuse et stratège, sa réputation se répand… même si certains restent suspicieux sur son comportement.

    Pour la première fois, nous voyons Honor intégrée dans une escadre, avec des chefs présents au-dessus d’elle : elle n’est plus isolée au fin fond de la galaxie, à devoir diriger seule son vaisseau. Le lecteur va suivre un détachement d’armée en mouvement, et non plus uniquement un navire spatial.

    Parlons de la situation politique : la République du Havre, calquée sur la France de la Révolution, est dans une fuite en avant de conquêtes. Elle a besoin de piller de nouvelles ressources pour son peuple dont la majorité ne travaille plus et dépend des subsides de l’État. Après s’être emparé de petites planètes, sa cible est le Royaume de Manticore qui maîtrise le nœud central des vers (les vers permettent de voyager au-delà de la vitesse de la lumière). Manticore est non seulement un objectif stratégique en raison de sa géographie, mais aussi riche grâce aux routes commerciales. Inspirée de l’Empire britannique, Manticore a une armée calquée sur la Royal Navy, jusque dans son fonctionnement hiérarchique et l’influence de la noblesse, même si une officier douée comme Honor est reconnue et gravit les échelons. Les poids du protocole et de l’ancienneté ont des conséquences jusque dans les chaînes de commandements ou les promotions, et c’est intéressant d’en voir les impacts.

    Le Havre possède plus de bâtiments, Manticore une technologie plus avancée : les asymétries entre les adversaires sont un des enjeux de la série. Dans ce contexte, la course aux nouvelles techniques et aux tactiques innovantes (qu’Honor excelle à inventer) fait bouger les équilibres. À ce propos, rappelons que l’auteur s’est très fortement inspiré des batailles navales d’antan, et ça se sent.

    Revenons à l’intrigue : Manticore sait que la guerre est imminente car Havre en a besoin. Elle se prépare, imagine des scénarios, surveille son ennemi… Ennemi qui fait de même. Un des sels du récit est le décalage d’informations entre chaque adversaire, et même entre les différentes composantes d’un adversaire : la distance entraîne de longues durées pour la transmission d’informations, mais aussi pour se déplacer. Les stratégies se comptent en semaines. La plus grande partie du roman est l’avant-guerre, et c’est passionnant car l’humain en est le rouage majeur : parfois la composante clef, parfois la faille. Chaque ennemi essaie de manipuler l’autre. David Weber sait dresser des portraits crédibles et fouillés, et la complexité des relations entre les officiers donne une profondeur à l’intrigue. Honor elle-même, héroïne presque sans défauts et capable de retourner le cours d’une bataille, dévoile un peu de sa faiblesse en privé, en c’est tant mieux car elle était proche de devenir une Mary Sue.

    Quant au Havre, même si moins de chapitres sont consacrés à sa situation interne, son évolution préserve le suspens. Quelques personnages dont le nom fleure bon la Terreur (de la Révolution française, oui oui ! Avec Robert S. Pierre et Saint-Just) sont de fins politiques et conspirateurs. Le destin de la République du Havre sera sans doute une des choses qui m’intéressera le plus dans les tomes suivants.

    Et maintenant, je connais le schéma de l’auteur : une bataille finale époustouflante, où les réactions humaines comptent autant que les prouesses technologiques.

    Un roman que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire, riche et passionnant.

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