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    FeyGirl
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    La Maison des soleils, d’Alastair Reynolds

    Genre : Science-Fiction.

    Première édition : 2024 en VF, (House of Suns, 2008 en VO).

    Ouaouh !

    De l’émerveillement, du sens of wonder de haute volée, des voyages à travers les millénaires et aux confins de la galaxie ; mais aussi des mystères et des rebondissements inattendus. La Maison des soleils, c’est tout cela et encore plus.

    Après la novella La Millième Nuit, nous retrouvons Campion et Purslane, frags de la Lignée Gentiane, baptisée la Maison des Fleurs. Humains nés six millions d’années plus tôt, les frags Gentiane descendent d’Abigaïl Gentian et, même s’ils sont des clones, ils possèdent une personnalité propre. Ils voyagent et accumulent les découvertes, puis se réunissent tous les deux cent cinquante mille ans lors des Retrouvailles, où ils tissent des « fils » pour montrer à leurs congénères les scènes les plus époustouflantes de leur dernier périple. Les autres Lignées font de même. Les frags peuvent modeler les planètes, créer des décors spectaculaires, déplacer des étoiles, protéger des civilisations.

    Campion et Purslane sont en retard pour la prochaine Retrouvaille de la Lignée Gentiane. Cela leur sauvera la vie. Ils vont découvrir qu’un mystérieux ennemi cherche à éradiquer leur lignée. Mais qui ? Et pourquoi ?

    Rien que ces quelques mots doivent vous donner une idée de l’univers imaginé par l’auteur, et pourtant cela reste en dessous de ce que vous lirez : des espèces intrigantes descendant d’humains mais ayant profondément divergé, une multitude de civilisations et la métacivilisation des Lignées, des planètes exotiques, des hommes-machines, des décors à couper le souffle.

    Mais aussi des combats, des courses-poursuites dans l’espace, des menaces, des mystères qui s’accumulent.

    Et Abigaïl, la créatrice de la lignée ? Chacune des huit parties commence par les souvenirs d’Abigaïl, six millions d’années plus tôt. Fillette isolée sur un astéroïde en constante reconstruction, elle se laisse happer par un jeu en réalité virtuelle avec un garçon qui lui rend régulièrement visite. Ces analepses dégagent un parfum de conte et dévoileront leur sens lentement.

    Les thématiques de la mémoire et du savoir sont intelligemment traités, mêlés à un récit mené de main de maître à travers des tableaux fascinants et une galerie de personnages mémorables.

    Ce roman offre de beaux moments poétiques grâce à l’imagination époustouflante d’Alastair Reynolds. J’en ai plein les mirettes !

    Si vous aimez le sens of wonder, ne ratez pas ce roman. Il fera date.

    (à noter : je pense qu’il est préférable de lire d’abord la novella La Millième Nuit, chez le même éditeur. C’est une première plongée dans cet univers, avec un bout de chemin en compagnie de Campion et Purslane pour mieux saisir les personnages et les enjeux.)

    #206908
    Schrö-dinger
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    Des petits retours de lecture de cet été :

    Swan Song, tome 1 : Le feu et la glace & tome 2 : La glace et le feu de Robert R. McCammon

    Encore du très bon travail de la part de la maison d’édition Monsieur Toussaint Louverture qui traduit pour la première fois en français ce livre américain sorti en 1987.

    Il s’agit d’un roman post-apocalypitique (l’apocalypse en question étant provoquée par une guerre nucléaire entre les Etats-Unis et l’URSS) où l’on va suivre des personnages aux profils divers et variés, un catcheur, une petite fille, une femme sans-abris, un adolescent.

    C’était une bonne lecture, les deux tomes forment un ensemble de plus de 1000 pages et cela se dévore, un vrai page-turner.

    J’ai pas mal pensé à The Walking Dead, notamment pour le côté « le vrai ennemi c’est l’Homme, pas les zombies », et cela donne lieu à des scènes vraiment horrifiques.

    Autant le premier tome m’a pas mal surpris dans la mise en place de l’intrigue, autant le deuxième m’a semblé un peu plus prévisible.

    Je recommande !

    Le Temps retrouvé de Marcel Proust, le tome 7 de la Recherche, le dernier. Après un petit passage à vide avec les tomes 5 et 6 (du, notamment, à un narrateur légèrement insupportable), je savais qu’il était Temps de conclure. C’est chose faite, et ce dernier tome m’a beaucoup plu.

    Le tome de la maturité, de la sagesse, où l’on trouve la scène culte du bal des têtes, où, en même temps que le narrateur, l’on revoit pour la dernière fois un grand nombre des personnages qui ont habité l’œuvre, et où le narrateur fait le constat, assez cruel, que tous ont terriblement vieilli, mais c’est aussi un tome où le narrateur et/ou l’auteur développe des idées qui m’ont beaucoup plu/parlé sur la création artistique, comme moyen de retrouver le temps perdu et sur la littérature, comme dispositif optique pour le lecteur, les livres étant des moyens de lire en nous-même.

    C’était une grande aventure que la lecture de cette œuvre assez magistrale, avec des hauts et des bas, des passages qui m’auront profondément ennuyé et d’autres qui m’ont impressionné. Cela m’a tant intéressé que j’ai écouté les + de 60 épisodes de « Proust, le podcast » sur France Culture, vaste projet de podcast en 2021 et 2022 pour les 100 ans de la mort de l’auteur, où chaque émission de la station a dédié un épisode à Proust et à son œuvre (cela va donc des analyses philosophiques, aux questions de santé, en passant par les adaptations cinématographiques) – c’était passionnant, j’ai lu l’adaptation en bande dessinée par Stéphane Heuet – c’était pas renversant, et je suis allé au théâtre voir Le côté des Guermantes, mis en scène par Christophe Honoré à la Comédie Française – c’était superbe.

    Bref je pourrai ressentir un grand vide maintenant que c’est terminé, mais en fait non, car j’ai la biographie de Proust par Jean-Yves Tadié qui m’attend, et puis Proust, roman familial de Laure Murat, et sûrement bien d’autres choses à découvrir. Ouf.

    Le Kraken à la plage (ah-ouh, cha cha cha)

    #206911
    Lapin rouge
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    Le Temps retrouvé de Marcel Proust

    Bravo pour avoir mené à bien cette grande traversée. Je crois que ce tome est mon préféré. Il donne envie de tout relire une fois arrivé à la fin, avec une nouvelle perspective.

    J’ai beaucoup aimé l’adaptation cinématographique de ce tome par Raoul Ruiz en 1999, avec une sacrée distribution (Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart, Vincent Perez, Chiara Mastroianni, Melvil Poupaud, …). Si tu as l’occasion de le voir, n’hésite pas.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #206912
    Schrö-dinger
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    J’ai beaucoup aimé l’adaptation cinématographique de ce tome par Raoul Ruiz en 1999, avec une sacrée distribution (Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart, Vincent Perez, Chiara Mastroianni, Melvil Poupaud, …). Si tu as l’occasion de le voir, n’hésite pas.

    Oui je l’avais repéré et c’est prévu, merci !!

    Le Kraken à la plage (ah-ouh, cha cha cha)

    #207011
    DNDM
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    Lectures de vacances, principalement du roman jeunesse et de l’épuration de pile à lire / livre pris en boite à livre y’a longtemps, pour la plupart assez vieux.

    Les enfants de Timpelbach (1937), de Henry Winterfeld

    Livrenpoche : Les enfants de Timpelbach - Henry Winterfeld - Livre

    Classique jeunesse, dans lequel des parents excédés par les bêtises de (une partie de) leurs enfants, décident de les abandonner une journée dans la ville déserte pendant qu’ils vont pique-niquer en forêt (et évidemment ca se complique parce qu’en Allemagne en 1937, quand on se perd en forêt et qu’on passe une frontière sans le vouloir, on repart pas aussi facilement, et du coup les enfants se retrouvent maîtres de la ville).

    J’en attendais rien, j’ai découvert un livre très bien écrit, avec des petites trouvailles de narration marrantes et un rythme parfait. Très bonne lecture.

    Johnny and the bomb (1996), de Terry Pratchett

    Johnny and the Bomb - Wikipedia

    Un Terry Pratchett qui trainait depuis très longtemps dans ma pile à lire. Pas l’un des meilleurs (c’est un livre de la série jeunesse Johnny Maxwell …, qui n’a rien à voir avec le Disque-Monde), ça se laisse lire, on reconnait bien le style, l’humour et l’engagement de Pratchett sur les questions de société, mais bon ce n’est pas un livre très marquant.

     

    Mon prof s’allume dans le noir, de Bruce Coville

    Mon prof s'allume dans le noir - Occasion - Bruce Coville

    Le tome 3 d’une série jeunesse (publiée entre 1989 et 1992) que je me souviens avoir vu dans la bibliothèque de mon école de CM2, et qui comprend Mon prof est un extraterrestre, Ciel ! Encore un prof extraterrestre, Mon prof s’allume dans le noir et Mon prof a bousillé la planète. Je suis retombé dessus dans une boite à livre, je savais pas que c’était le tome 3 ùmais pas grave le premier chapitre résumait l’intrigue jusque là, ça m’a occupé le temps d’un trajet de vacances, c’était rapide et rythmé et ça avait le gout de l’enfance.

     

    Ces messieurs de Saint-Malo (1983), de Bernard Simiot

    Ces messieurs de St-Malo (Ces messieurs de St-Malo, Tome 1), Bernard Simiot  | Livre de Poche
    Encore une trouvaille de boite à livres, mais cette fois-ci c’est un gros roman historique pour adulte, qui s’est révélé bien meilleur que ce que j’attendais. On y suit principalement l’ascension sociale d’une famille de petits commerçants de Saint-Malo, les Carbec. C’est une quadrilogie, si on veut tout lire, mais en fait on peut s’arrêter à chaque génération je pense, – là dans ce premier livre il y a deux générations. Ce premier tome couvre donc la période allant de 1664 (fondation de la Compagnie des Indes) à 1711 (Bataille de Rio), et commence avec un commerçant qui achète 3 actions de cette compagnie, sans trop savoir pourquoi, puis qui peu à peu s’enrichit en profitant des situations. Les personnages sont commerçants au détail, puis avitailleurs, armateurs, mousse, marins, capitaines, puis selon l’actualité et les opportunités mettent leurs billes sur la pêche à la morue, la course (au sens: corsaire), le commerce au long cours ou les trafics divers. Ils visent l’argent et des titres de noblesses, vont au bordel ou cherchent un mariage prometteur…
    Bref, tout cela avait un petit côté « chanson d’encre et de sang » (coucou @r-graymarch ) à l’air salé très entraînant, avec des persos pas mal épiciers et un peu combattants (et quelques nobles désargentés) qui cherchent à monter dans la bonne société (ou à y remonter). Ca m’a rappelé Ken Follet, aussi, avec un accent mis sur le côté commercial et financier de la chose auquel je n’ai souvent pas compris grand-chose mais c’était fun quand même.
    Au final un gros livre avec très peu de scènes d’actions (des abordages ou batailles, on ne voit bien souvent que le butin final), mais une psychologie des persos fouillée, et une galerie de personnages variés, crédibles et intéressants.
    Au passage, même si le livre a dix ans de plus que le premier tome d’ASOIAF, les persos féminins y sont divers, souvent très intéressants, et volent régulièrement la vedette aux Carbec père & fils qui sont le fil rouge du récit.

    Bref, très bonne surprise.

     

     

     

    Hellraiser (1986), de Clive Barker
    Hellraiser - Clive Barker - Babelio
    Roman court dont à peu près tout le monde a entendu parler via son adaptation cinéma. Perso pendant des années j’ai eu en tête les images des personnages en cuir avec des piercings partout vus dans les bande-annonce. Récemment, j’ai lu une ou deux critiques laudatives, et en tombant dessus en bibliothèque, je me suis dit pourquoi pas.
    Et au final, comme souvent avec les vieilles œuvres d’horreur que je connais de réputation depuis très longtemps, c’était très différent et assez peu effrayant par rapport à ce que je m’étais imaginé. Le fantastique de l’œuvre est certes présent, mais le cœur de l’œuvre est un récit de relations entre personnages contemporains. Le style (français) n’était guère marquant. Le scénario? Pas beaucoup de surprises. Lecture peu marquant, quoi.
    Autobiographie d un tueur professionnel (1987), de Francis Ryck
    Acheter Autobiographie d'un tueur professionnel (Francis Ryck) d'occasion  pas cher
    Un polar, et je suis assez peu client du genre. Pas grande surprise. On suit notre tueur en série au moment où il se demande s’il ne doit pas raccrocher, et où débarque dans sa vie sa fille qu’il avait plus ou moins oubliée. Il nous raconte ses contrats les plus marquants, et parfois c’est un peu intéressant. Un petit twist final précipité, ni vraiment surprenant ni vraiment convaincant. Passés les premiers chapitres j’ai plus parcouru en diagonal que réellement lu. Pas vraiment ma came.

    Lady astronaute, de Mary Robinette Kowal

    Amazon.fr - Lady Astronaute - Robinette Kowal,Mary, Imbert,Patrick - Livres

    La petite exception SF récente de cette liste (Bon, y’a aussi eu du Becky Chambers et du Une Heure-Lumière cet été ceci dit). Recueil de cinq nouvelles qui vont du dispensable à l’inutile, à part la plus importante, La Lady astronaute de Mars (prix Hugo de la nouvelle longue 2014). Elle est touchante mais aurait mérité d’être plus développée. On y suit une astronaute légendaire de 63 ans, installée dans une colonie sur Mars, à qui on propose une dernière mission au long cours (son rêve) alors que son mari se meurt lentement (et elle devrait donc abandonner son mari mourant pour partir).

    Note: Apparemment, le ressenti sur ce recueil peut être très différent quand on a lu au moins Vers les étoiles, le tome 1 de la série de romans Lady Astronaute, ce recueil de nouvelles étant plutôt un complément à la série de romans que quelque chose qui fonctionne réellement seul.

    Et au passage, cette série de livres semble assez proche dans son traitement et ses thématiques de la série télé For all mankind (que je n’ai pas vue).

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #207012
    FeyGirl
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    Serviteur des Enfers, d’Aliette de Bodard

    Genre : Fantasy.

    Première édition : 2011 en VF (sous le titre D’obsidienne et de sang), (Servant of the Underworld, 2010 en VO).

    Mnémos nous propose de (re)découvrir ce roman précédemment édité dans une maison disparue. Aliette de Bodard, d’origine franco-vietnamienne, n’écrit qu’en anglais et elle est connue chez nos amis anglo-saxons (elle a reçu quelques prix prestigieux).

    Empire aztèque du temps de sa splendeur. Acatl est le grand prêtre d’un dieu mineur, celui des Morts, qui facilite le passage des défunts dans le monde inférieur : Mictlantecuhtli (ouf) (il faut s’accrocher avec les noms des dieux aztèques, et vous en rencontrerez beaucoup). Il est chargé de l’enquête sur la disparition et le meurtre probable d’Eleuia, prêtresse promise à un grand avenir, alors que son propre frère Neutomoc est le premier suspect. Acatl est loyal à sa famille et veut innocenter son frère. Il doit cependant étouffer le ressentiment envers celui qui était adoré par leurs parents. En effet, Neutomoc est un valeureux combattant et surtout un grand guerrier Jaguar, position prestigieuse chez les Aztèques, et, ce n’est pas un détail, statut qui procure des richesses. Acatl a déçu en choisissant d’honorer le dieu des morts et de procéder aux rites funéraires.

    Très vite, le lecteur plonge dans un monde disparu. Habitudes quotidiennes, nourritures et boissons, plumes et vêtements colorés, urbanisme original de Tenochtitlan (Mexico), relations entre strates de la société : le dépaysement est garanti et accompagne un voyage enrichissant dans la culture précolombienne. Évidemment, le lecteur assistera à des sacrifices. Même si notre Acatl ne recherche que le sang ou le cœur d’animaux, indispensables à l’accomplissement de ses sorts, vous verrez d’autres victimes de sacrifices, au loin…

    Acatl doit jongler entre les différentes confréries religieuses — chaque dieu d’importance ayant son temple et ses prêtres — et les jeux politiques qu’il déteste tant. La peinture ne serait pas complète sans les dieux eux-mêmes car dans cet univers, les dieux et la magie existent. Acatl et ses confrères jettent des sorts et les dieux réagissent.

    Ces dieux, indifférents aux humains, connaissent une hiérarchie subtile. Les dieux anciens, ceux proches de la nature ou accueillant les défunts, ont été surpassés par les nouveaux dieux, notamment Huitzilopochtli (ouf), aussi appelé le Colibri Astral, dieu de la guerre et du soleil, protecteur de l’Empire aztèque. Le boss. Les dieux sont comme les hommes, et les rancœurs de ceux qui ont perdu du pouvoir sont tenaces. Quel rapport avec notre enquête ?

    Acatl va aller de surprise en surprise, certaines fort déplaisantes, et il se verra contraint d’affronter bien des dangers pour sauver son frère : d’autres grands prêtres ambitieux, des bêtes de l’ombre qui veulent dévorer les cœurs, le Vent des Couteaux qui punit ceux qui violent les frontières entre les mondes, des monstres marins surnaturels ou encore des dieux avides de mainmise sur le monde des vivants.

    L’auteure n’a pas oublié d’approfondir les protagonistes, dont les relations sont brouillées par l’amertume, l’ambition ou le mépris. Elle accentue ainsi le réalisme de la société décrite. Certes, Acatl n’est pas un personnage attachant, mais il est suffisamment bien construit pour qu’on suive avec intérêt ses aventures avec les antagonistes et avec les entités surnaturelles.

    Un roman très plaisant à lire, mouvementé, avec une plume fluide, et offrant des dimensions historique et culturelle enrichissantes.

    #207100
    FeyGirl
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    Dans les profondeurs du temps (Dans la toile du temps, tome 2),
    d’Adrian Tchaikovsky

    Genre : Science-Fiction.

    Première édition : 2021 en VF (Children of Ruin, 2019 en VO).

    Si le premier tome imaginait des araignées devenues une véritable espèce sapiente sur une planète terraformée, grâce à un virus développé par les humains pour accélérer l’évolution, cet opus décrit un scénario similaire avec des pieuvres. Senkovi, scientifique passionné de ces céphalopodes, injecte volontairement ce virus à ses pieuvres, pour son propre plaisir.

    Le roman alterne le passé et le présent. Le passé est le même temps que celui du roman précédent : des expéditions scientifiques explorent la galaxie pour terraformer des planètes, en prévision de colonisations humaines. Un vaisseau arrive dans un système où deux planètes sont intéressantes : une planète chaude, Nod, mais trop chargée en métaux toxiques, et une planète glacée, Damas. Pendant que l’équipe « réchauffe Damas » pour faire fondre la glace et créer des océans (grâce à des procédés qui utilisent les rayons du soleil pour libérer l’eau dans la glace et générer une atmosphère emprisonnant la chaleur), elle s’installe sur Nod. Senkovi, resté en orbite autour de Damas, s’occupe de ses pieuvres et décide de pousser leur éveil intellectuel avec un jeu de stratégie virtuel. Pendant ce temps sur Nod où patientent les autres scientifiques, rien ne va se passer comme prévu.

    Dans le présent (soit des milliers d’années plus tard), le lecteur retrouve avec plaisir les humains et les araignées de Kern. Et oui, deux générations après le premier volume, les voici à la recherche de planètes qui auraient été terraformées dans l’espoir de trouver d’autres espèces sapientes. Ils arrivent dans le système des planètes Damas et Nod.

    Concernant les pieuvres, l’auteur (qui a une formation de zoologue) a imaginé comment une telle espèce pouvait acquérir une intelligence du même niveau que la nôtre, et ce qu’elle serait (et la société ainsi créée) en extrapolant à partir de leur biologie et de leur comportement si particuliers. Le résultat est… étonnant et fascinant. Je ne vais pas vous divulgâcher, simplement vous dire que ça vaut le détour. J’ajoute que c’est l’occasion de scènes qu’on pourrait voir dans des films d’horreur, et la tension monte assez vite tant on a peur pour nos espèces préférées (humains, araignées et pieuvres).

    La difficulté de communication interespèce est mise en exergue, conséquence non seulement de différences physiques (comme vu avec les araignées), mais aussi de divergences de vision du monde et de comportement. Pauvre Helena (humaine) et Portia (araignée) qui tentent de comprendre Paul (pieuvre) !

    Le scénario mêle à la fois l’histoire de l’espèce des pieuvres sur Damas, et la rencontre avec les humains et les araignées et… autre chose. En effet, Adrien Tchaikovsky a imaginé une autre espèce, qui représente la conscience collective (une seule conscience pour des milliards d’individus). Si cette idée est déjà rencontrée en science-fiction, ici l’auteur puise dans la biologie pour nous faire une proposition franchement flippante. Vous découvrirez à la lecture !

    Toujours est-il qu’on s’attache à plusieurs personnages, même ceux qui sont des solitaires dans l’âme comme Senkovi, à la fois geek avec ses pieuvres, inconscient des risques qu’il prend et demi-démiurge.

    À noter : j’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs (déjà le cas dans le premier tome). Ce récit aurait pu être plus ramassé sans rien perdre de son intérêt. On pourra trouver aussi quelques facilités dans le scénario (en deux générations, les humains et les araignées de Kern ont développé des implants pour communiquer entre eux ?).

    En conclusion : si on n’a pas la surprise du premier tome avec l’idée d’une évolution accélérée d’une espèce, ici l’accent est mis sur les confrontations avec les autres espèces sapientes, liées surtout aux difficultés de communication. Ce roman est plaisant à lire pour découvrir ses pieuvres si impulsives, et l’autre espèce que j’évoque plus haut.

    #207168
    FeyGirl
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    Les tambours de Pern (la ballade de Pern), d’Anne McCaffrey

    ordre de parution : n°6 // ordre chronologique : n°11)

    Genre : Science-Fantasy.

    Première édition : 1989 en VF (Dragondrums, 1979 en VO).

    Piemur, le jeune apprenti harpiste déjà croisé précédemment, a grandi et a quatorze ans. Sur la planète Pern, il suit les enseignements de l’Atelier, mais surtout il possède une voix exceptionnelle. Patatras : elle mue. Piemur ne peut plus chanter pendant un temps. Apprécié des responsables et notamment du maître harpiste Robinton, il participe maintenant en secret à quelques missions tout en étant officiellement affecté aux tambours. Curieux, observateur, intelligent, débrouillard, et un brin indiscipliné, il est un atout pour son maître ; mais il est confronté à l’hostilité d’apprentis moins doués que lui. Grâce à ses fortes capacités de déduction, il devine que les Anciens — les chevaliers dragons relégués sur le continental méridional — sont présents au Nord, contrevenant aux accords.

    La première moitié de ce (court) roman poursuit une trame classique d’un élève en butte à ses camarades, car plus doué qu’eux, et dont le talent est reconnu par les professeurs. Dans une ambiance proche d’un roman pour la jeunesse (encore une fois), le lecteur comprend que les Anciens vont être un point clef du roman. Cependant, tout enjeu est absent au début, et apparaît à peine pendant un long moment. Ce n’est pas la première fois que je remarque que l’auteure met peu de tension dans ses premières parties de roman. Ici, les péripéties arrivent peu à peu, mais le lecteur se demande quand arrivera une intrigue palpitante.

    Heureusement, cela change vers le milieu, et la seconde partie est bien plus intéressante et animée : Piemur s’embarque sans le vouloir dans une aventure mouvementée, puis découvrira une Pern qu’il ignorait et qui va l’enthousiasmer (par là même, le lecteur explore la planète avec le jeune héros).

    J’ajoute que par rapport à des tomes précédents, la narration s’est nettement améliorée et est plus agréable à lire.

    Le roman n’apporte pas grand-chose au cycle (pas de changements majeurs), et s’il démarre de manière un peu poussive (à mon goût), il devient sympathique au fil des pages et met en valeur un personnage attachant.

    #207236
    FeyGirl
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    Silo, d’Hugh Howey

    Genre : Science-Fiction.

    Première édition : 2013 en VF (Wool, 2012 en VO).

    Pourquoi ai-je tant attendu de lire ce roman ? Je l’ai dévoré ! Je précise que je n’ai pas encore vu la série télévisée, donc je ne comparerai pas.

    Dans un lointain futur, des milliers de personnes vivent enfermées sous terre, dans un silo de 144 étages. Ils perpétuent de génération en génération les savoir-faire techniques pour maintenir le silo en état de fonctionnement, et des règlements stricts régulent la vie en commun. Le tabou le plus puissant ? Désirer sortir dans le monde extérieur. Celui-ci est visible grâce à un mur d’écrans de l’étage supérieur : sol gris, ciel gris, nuages gris, ruines d’une ville fantôme. L’air y est chargé de toxines : on meurt en quelques minutes. Car dans cette microsociété, les rares condamnés — y compris ceux qui émettent le simple souhait de voir le monde extérieur — sont bannis. Un bannissement mortel : depuis l’écran mural à l’étage supérieur, on les voit avancer dans leur scaphandre et s’écrouler, tordus de douleur. Aucun scaphandre ne résiste. L’avertissement est clair pour tout le monde : sortir, c’est mourir.

    Le roman était à l’origine une suite de (longues) nouvelles publiées sur internet, qui ont eu un succès encourageant l’auteur à aller au bout de son idée. Cela influence la construction (ce n’est pas une critique) : l’histoire d’Holston et Allison, l’histoire de Jahns, et enfin l’histoire de Juliette qui prend de l’ampleur qui constitue le cœur du roman. Ces trois histoires sont intimement liées et se suivent dans l’ordre chronologique.

    Holston, le shérif du silo, a subi la douleur de voir sa femme Allison condamnée au « nettoyage » : le bannissement donc la mort. Cette condamnation à mort est appelée nettoyage ainsi car toutes les victimes, une fois sorties du silo, nettoient les caméras qui filment l’extérieur retransmis sur l’écran du premier étage, avant de s’effondrer un peu plus loin. Même ceux qui juraient refuser de nettoyer les caméras le font, une fois dehors. Trois ans plus tôt, Allison aussi l’a fait. Son corps reste là, devant les caméras.

    Rapidement, le lecteur décrypte les indices, et devine que la vérité est différente. Ah ! Encore une histoire où on ment à un peuple enfermé, l’extérieur est différent, c’est l’histoire où Holston va découvrir qu’on peut sortir et… Ah, non. L’auteur nous a bien eus. Mais où nous mène-t-il ? Quelle est la vérité ?

    Sur une idée qui peut sembler classique, l’auteur attrape le lecteur qui ne peut plus lâcher le livre.

    Le premier point fort, c’est le côté thriller. Très rapidement, les mystères s’accumulent, et quand arrive l’histoire de Juliette, le récit tourne au polar. Peu à peu, les points de vue se multiplient, dessinant un silo complexe au fragile équilibre qui se transforme en cocotte-minute. Les rebondissements et révélations donnent une tournure épique à la dernière partie du roman.

    Le deuxième élément marquant, c’est l’attention accordée aux personnages. L’auteur n’hésite pas à creuser aux fonds de leurs âmes et mettre en exergue leurs doutes, leurs regrets et leurs espoirs. On partage leur peine et leur tristesse, puis on s’emballe avec eux quand un retournement de situation remet tout en cause. Hugh Howey n’hésite pas à tuer des personnages auxquels on s’était attaché, infusant des moments d’émotions qui marquent le lecteur. Et on veut connaître la suite.

    Hugh Howey s’empare des clichés de ce type d’univers pour en jouer ou les malmener. Au-delà de la surprise initiale (on ment au peuple du silo, l’extérieur n’est pas ce qu’on raconte, hein ?), il explore la thématique des villes de science-fiction : promiscuité, strates sociales. Ici, le haut est classiquement la direction et le fond celui des travailleurs, mais pour des raisons fonctionnelles. La notion de classe sociale est floue et les enfants ne suivent pas systématiquement le métier de leurs parents, en revanche le mépris des intellectuels pour les « graisseux » (les techniciens) des derniers étages est palpable, et réciproquement. Les relations sont le fruit de méfiance et méconnaissance mutuelle, chacun étant convaincu d’être le rouage qui fait tourner le silo.

    Dès le démarrage, on sait qu’une insurrection a surgi plusieurs décennies auparavant. Tout le système est fait pour que cela ne se reproduise pas. L’auteur reprend un autre trope qu’aiment nos amis anglo-saxons : la figure de l’organisation aux motifs cachés, qui constitue un pouvoir de facto, un État dans l’État. Et c’est bien fichu. On y croit. Son dirigeant est un personnage bien construit, tout comme l’ensemble des membres qui tourne autour de lui. En réalité, tous les personnages sont intéressants et possèdent leurs caractères, leurs défauts, leurs espérances parfois divergentes : une vraie société au bord du gouffre.

    On plonge avec délice dans un roman qui commence doucement puis s’accélère jusqu’à être trépidant.

    Excellent.

    #207247
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Après une lecture du premier tome en mai dernier qui m’avait beaucoup plu, j’ai achevé la duologie Confluence de Sylvie Poulain.

    Confluence, ça raconte les aventures d’un équipage de sous-marin dans un monde immergé post-apocalyptique, entre conflits politiques- et guerres menaçantes, questions de survie, et questionnements sur la place de l’humain dans le monde. On reprend tous les codes du Space Opéra, mais sous l’eau, et ça fonctionne du tonnerre ! Les personnages sont hyper attachants, l’intrigue politique fonctionne bien, et mine de rien, en creux, se posent des questions très intéressantes sur la place de la violence, sur la façon dont on se reconstruit après des évènements traumatiques.

    J’ai donc retrouvé avec énormément de plaisir l’équipage du Grondin. L’histoire se poursuit ici sur les bases posées dans le tome précédent, et l’intrigue se tient très bien, avec une fin totalement satisfaisante, qui ouvre des perspective tout en donnant une fin aux personnages qu’on a aimé suivre, et qui résout les enjeux avec beaucoup de cohérence.

    Bref, pour les amateurs de SF : sans révolutionner le genre, c’est une duologie très plaisante que je conseillerais.

    ~~ Always ~~

    #207265
    FeyGirl
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    Bifrost n°113 : dossier Intelligence artificielle

    Genre : Science-Fiction.

    Première édition : 2024 en VF.

    Après avoir démarré un abonnement avec le n° 114, je me suis précipitée pour commander le numéro précédent puisqu’il est consacré à l’intelligence artificielle !

    On y retrouve les chroniques des dernières parutions (je suis un peu surprise par la faible proportion d’avis négatifs ou simplement mitigés chez les chroniqueurs du magazine. J’aime bien quand ça dézingue. Pourtant, j’vous jure que dans la vraie vie je suis gentille), quatre nouvelles et un long dossier sur l’IA.

    Commençons par les nouvelles.

    Le charme discret de la machine de Turing, de Greg Egan : titre ironique quand on lit la nouvelle. Même si elle n’est pas révolutionnaire, c’est la première fois où je lis un texte de l’auteur sans me sentir larguée par ses explications scientifiques (parce qu’il n’y en a pas). Dans un futur immédiat, Dan travaille efficacement. Il est licencié, et comprend qu’une IA a appris son métier et son savoir-faire en l’étudiant, puis l’a remplacé. Mais ce n’est pas grave, il va trouver un autre emploi. Il va se reconvertir dans un autre métier ! Croit-il. Si le sujet est classique, la nouvelle effraie car c’est notre actualité et le lecteur sait que ça arrive maintenant. La crainte est renforcée par un cadre réaliste, dans l’Amérique — presque — contemporaine. Bref, ce n’est plus vraiment de la science-fiction.

    Renaissance, de Jean-Marc Ligny : dans un futur indéterminé, le narrateur lit un discours devant un auditoire, discours dans lequel il retrace des événements passés. Il est né à Renaissance, une des villes-grotte où se sont réfugiées quelques familles après la destruction de la planète. Les IA pilotent tout. Non seulement elles gèrent la ville et les besoins des humains, mais aussi elles font naître les bébés dans « Mère ». Les humains, eux, vivent dans la « Haute Réalité » (réalité virtuelle améliorée) et ne se rencontrent plus. Mais ne plus avoir de contrainte et de responsabilité provoquent des problèmes que les IA vont chercher à résoudre. L’auteur (que je n’avais jamais lu) s’interroge sur le sens d’une société où tout serait délégué aux IA, et son impact sur la psychologie humaine. La construction du récit (un discours relatant le passé, avec quelques arrêts où l’orateur s’adresse directement à son auditoire) est intelligente pour donner du recul et de la profondeur à sa réflexion. En ce qui me concerne, une jolie découverte.

    RêveVille de Thierry Di Rollo : une courte nouvelle, difficile à résumer car on divulgâcherait inévitablement, et où la science-fiction se mêle au fantastique. Pessimiste mais bien amené.

    Rayée, d’Audrey Pleynet : les derniers humains vivent la fin de l’apocalypse. Une maladie détruit lentement leur esprit (notion du temps, relation sociale, etc), avant leur décès inévitable. Les IA (et tout ce qui s’apparente à de l’informatique) ont été détruites dans un élan de fureur, puisqu’elles pouvaient tout faire mais pas combattre cette épidémie. Agathe se lance dans une quête éperdue : apprendre à une IA l’art. Se rend-elle compte qu’elle espère perpétuer l’œuvre de son mari disparu ? Une nouvelle bien écrite.

    Ensuite, ce numéro propose un dossier sur l’Intelligence artificielle (en précisant que les robots sont écartés des analyses présentées). Après une revue du thème dans la littérature et le cinéma, en passant par les œuvres qui ont renouvelé la réflexion, on a le plaisir de lire des interviews d’acteurs du monde SFFF (deux illustrateurs français, un éditeur américain et un écrivain chinois) : ils passent en revue les avantages et les inconvénients de l’irruption des IA pour les images et les textes.

    Ces interviews furent mon passage préféré. Les quatre interviewés détaillent, selon leur point de vue, les menaces (et les opportunités) pour la création artistique et sa diffusion. Une des pierres d’achoppement est évidemment la protection des droits d’auteurs pour les œuvres sur lesquelles ces outils s’appuient et « apprennent ». Je pense que sur le plan éthique, nous serons tous d’accord : ça pue. Reste à trouver les moyens légaux et surtout techniques, dans une industrie qui évolue rapidement, plus rapidement que ceux qui aimeraient une régulation. J’ai notamment relevé une remarque de Marc Simonetti : si les IA remplacent la majeure partie des illustrations, alors les jeunes artistes n’arriveront pas à se faire connaître. Il faut des années pour affiner son art et espérer percer, mais les IA risquent d’entraîner un assèchement du vivier des jeunes talents contraints d’abandonner si les opérateurs privilégient les IA pour des raisons économiques. Je fais le parallèle avec une inquiétude exprimée anonymement par des responsables de mission de cabinet de conseil, dans un article de la presse grand public. Ils voient les postes de juniors être supprimés par les associés au profit de l’IA, pour réduire les coûts, sous la pression des clients qui pointent l’arrivée d’une technologie « faisant le travail Excel ». Ces responsables de mission s’interrogent sur l’avenir : les tâches remplacées par les IA sont celles qui permettaient aux jeunes diplômés d’apprendre les bases du métier. Si plus de juniors, on condamne le secteur car il n’y aura pas de seniors expérimentés demain. Cette remarque, je crois, vaut pour nombre de métiers « intellectuels », et Marc Simonetti souligne que la création artistique n’y échappe pas.

    Le dossier se clôt avec Ada Palmer qui se veut optimiste. Je crains les cris outragés de ses admirateurs à la lecture de ce qui suit : j’ai trouvé qu’elle passait à côté du sujet. Elle commence par réduire l’avènement des IA que nous connaissons aujourd’hui à une révolution de l’information dont nous profiterions tous. Au passage, elle oublie qu’avoir accès à une masse d’informations est inutile sans la capacité à les comprendre, les relier entre elles et les hiérarchiser. Quant à la menace économique sur les auteurs dont les manuscrits seraient écrasés par l’afflux de textes générés par ChatGPT ? Bah, ils sont déjà miséreux, ça ne changera donc rien (si, si, c’est son argument, même si elle tente de nuancer ensuite en militant pour un renforcement des droits d’auteurs). Les exemples qu’elle cite ensuite sur les bénéfices de l’IA ne m’ont pas convaincue, comme les films que les collégiens créeraient facilement ou les textes générés par IA qui permettraient aux étudiants d’aller plus loin dans leur réflexion (gneuh ?). Son analyse escamote les processus d’apprentissage. Là encore, quid de la réflexion personnelle, la créativité, les tentatives ratées dont nous tirons des leçons pour nous améliorer, tout cette mécanique longue et complexe où notre esprit essaie, tâtonne, apprend lentement, pose des questions, prend un chemin puis un autre, fait des erreurs et tout d’un coup trouve une réponse satisfaisante ? De l’apprentissage jusqu’à la maîtrise ? De l’expérience conduisant à trouver sa voie et sa voix ? J’ai eu l’impression de réflexions du même niveau que « pas la peine d’apprendre l’histoire/la géographie/(n’importe quelle matière scolaire nécessitant de retenir des informations), car Wikipédia nous dit déjà tout ». Ouaip. M’enfin. Une affirmation que les spécialistes en « science de l’apprentissage » avaient contredite en son temps, et ils s’opposeraient tout aussi bien à l’optimisme d’Ada Palmer sur l’apport de l’IA pour les collégiens ou les étudiants. Les neurosciences nous apprennent deux ou trois trucs sur l’apprentissage, voire un peu plus, mais l’auteure élude ce champ d’expertise. Recevoir une analyse prémâchée n’a pas la même valeur que la conduire soi-même pour la construction de nos savoirs. Ça prend des années, c’est parfois pénible et répétitif, parfois passionnant et source de fierté, mais c’est bien le chemin à prendre — selon les scientifiques — pour être un adulte qui sait et qui pense. Je la cite : « Un outil qui enseigne à mes étudiants les droits civiques et les aide à proposer des projets plus ambitieux qu’une simple dissertation est un bon outil. » Donc ChatCPT « enseigne » aux étudiants à faire mieux qu’une « simple dissertation ». Ada Palmer est adulée dans le milieu SFFF ; je n’ai pas encore lu sa saga Terra Ignota réputée « science-fiction philosophique », mais maintenant je m’interroge sur cette auteure.

    Je réalise que j’ai écrit une bien trop longue critique : c’est la preuve que ce numéro n’est pas seulement intéressant, mais aussi source de réflexion.

    #207274
    Lapin rouge
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    Je réalise que j’ai écrit une bien trop longue critique

    Longue, c’est sûr, mais pas trop, et très intéressante. Merci, ça me donne envie d’acquérir ce numéro de Bifrost.

    They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.
    #207280
    FeyGirl
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    Je réalise que j’ai écrit une bien trop longue critique

    Longue, c’est sûr, mais pas trop, et très intéressante. Merci, ça me donne envie d’acquérir ce numéro de Bifrost.

    Ce qui est pratique, c’est qu’il est publié par un éditeur, donc tu peux le commander dans la librairie près de chez toi (ou en numérique sur le site de l’éditeur, ou sur les plateformes habituelles de vente d’ebook). Bonne lecture

    #207283
    Liloo75
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    Longue, c’est sûr, mais pas trop, et très intéressante. Merci, ça me donne envie d’acquérir ce numéro de Bifrost.

    Le magazine est disponible dans ma bibliothèque. Je pense que je vais emprunter ce numéro 😇

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 mois et 4 semaines par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #207377
    FeyGirl
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    Silo, Origines (Silo, tome 2), d’Hugh Howey

    Genre : Science-Fiction.

    Première édition : 2014 en VF (Shift, 2013 en VO).

    Préquelle du tome précédent, l’auteur nous propose de découvrir comment et pourquoi les silos ont été construits, et surtout comment la Terre a été détruite.

    Washington, 2049 : le jeune député Donald, architecte de profession, a été élu grâce au soutien de son mentor et deuxième père, Thurman. Si Donald entame son mandat avec sens du devoir, Thurman lui demande de participer à un projet de quelques mois : construire près d’Atlanta des refuges enfouis autour de zones de stockage de déchets radioactifs. Son ami Mick est également sur le projet, et malheureusement aussi son ex Anna, la fille de Thurman. Donald est de plus en plus mal à l’aise en présence d’Anna, alors qu’il est amoureux de sa femme Helen et culpabilise d’être à Washington, loin d’elle.

    En parallèle, nous en connaissons plus sur l’histoire du silo 18 (celui au cœur de l’intrigue du premier tome), nous avalons les siècles pour arriver sur un personnage secondaire du premier tome : Solo/Jimmy.

    Les deux arcs narratifs avancent en parallèle, avec des chapitres courts qui accentuent l’aspect page-turner. Les deux histoires finiront par se rejoindre, et donner envie de poursuivre sur le tome 3 qui conclut la saga.

    Le côté trépidant est sans doute moins marqué ici que lors du premier tome : un peu moins thriller, un peu plus psychologique. Et cette exploration de la psychologie est réussie. En premier lieu, l’auteur accentue à nouveau la profondeur des personnages, leurs doutes et hésitations, leurs interrogations et espoirs. Il confirme un certain talent pour creuser l’âme des protagonistes ; c’est encore mieux dans ce tome avec des protagonistes plus gris (Donald, et dans une moindre mesure Solo qui a l’excuse de l’adolescence). La veine psychologique continue quand Hugh Howey met en évidence des hommes normaux amenés à prendre des décisions génocidaires. Même les personnages secondaires s’avèrent moins manichéens qu’au premier abord. Il continue sur la même veine en détaillant l’Ordre (le livre des lois des silos), entièrement écrit pour prendre en compte la psychologie humaine. Et c’est cruel.

    Ensuite, les émotions naissent des histoires de Donald et Solo. Des émotions nées non pas des moments spectaculaires, mais des pertes subies et du sentiment de manque que ces deux êtres partagent. Le chagrin de l’un et la confusion de l’autre les amèneront à s’éloigner du chemin des héros, avec crédibilité.

    Pour finir, évidemment, le lecteur aura quelques réponses à ses questions. La première « grande » révélation, qui arrive assez vite, sur la raison de la destruction de la Terre, est effrayante. Cependant, quand on y réfléchit bien, plusieurs de nos contemporains en seraient capables. Le pouvoir sans contre-pouvoir, le pouvoir aux mains d’un seul homme, la folie de se croire investi de la sauvegarde de l’humanité : ces thèmes, somme toute classiques, sont exploités pour accroître la tension.

    En revanche, j’ai été beaucoup moins convaincue par la révélation finale sur le système des silos, qui m’a semblé exagérée et peu probable. C’est ma seule vraie critique de ce tome.

    Quoi qu’il en soit : hâte de lire la suite et fin !

    #207474
    FeyGirl
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    Rendez-vous avec Rama, d’Arthur C. Clarke

    Genre : Science-Fiction.

    Première édition : 1975 en VF (Rendez-vous with Rama, 1973 en VO).

    Arthur C. Clarke à son meilleur niveau !

    2130 : l’humanité a colonisé plusieurs planètes de notre système solaire. Les astronomes repèrent près de Jupiter un astéroïde qui a une trajectoire différente des autres : il va s’approcher du soleil puis continuer son chemin plus loin dans la galaxie. Il est baptisé du nom du dieu hindou Rama, puisque les mythologies occidentales sont épuisées depuis longtemps. Quand Rama est plus près de la Terre, les scientifiques stupéfaits s’aperçoivent que c’est un cylindre parfait, de 20 km de diamètre sur 50 km de long. Un objet artificiel gigantesque.

    L’humanité découvre qu’elle n’est pas seule dans l’univers, et que pendant quelques jours elle pourra observer un appareil âgé d’au minimum 200 000 ans, si on se fie à sa trajectoire et à la dernière fois qu’il était près d’une étoile. Immédiatement, le vaisseau Endeavour — le seul qui soit dans les environs — est missionné pour aborder Rama. Son équipe arrive à pénétrer à l’intérieur, et entre dans un monde artificiel. Le temps presse : quand Rama sera tout près du soleil, l’Endeavour ne pourra pas supporter les températures, et ensuite Rama continuera son chemin très loin vers les étoiles.

    L’essentiel du roman est l’exploration du monde de Rama, un monde vide qui semble mort, sans vie. Cela n’empêche pas les humains de s’émerveiller devant les prouesses de ses constructeurs. Tout est plus énorme ou étrange que les productions humaines. Tout est objet à spéculation. Et toujours, une question lancinante : qui étaient les Raméens ? Quel était leur but ? Peut-on deviner leur technologie grâce à la configuration de Rama et ses aménagements ?

    Arthur C. Clarke a écrit ici un magnifique exemple de la hard-SF : Rama est imaginé selon des théories scientifiques, les hypothèses des spécialistes examinant les découvertes transmises par l’équipage sont basées sur des hypothèses réalistes ; et pourtant, c’est avant tout un roman d’aventures et de découvertes. Les personnages sont mus par l’envie de savoir et de comprendre, ils explorent et analysent, ils s’émerveillent des prouesses technologiques apparentes ou s’effraient d’ingénieries inconnues. Ils ont l’impression de rencontrer une civilisation bien plus avancée que la nôtre, en entrant dans une ruine d’un million d’années, mais une ruine qui semble avoir été construite hier, car tout est en parfait état, comme neuf. L’ensemble propose un sense of wonder de haute volée, basé uniquement sur la spéculation scientifique.

    Si le récit se concentre sur la découverte et l’exploration scientifiques, il faut admettre que les personnages sont accessoires et souvent réduits à une fonction, aussi bien l’équipe du Endeavour que les commissions diplomatiques ou scientifiques du système solaire. J’ai toutefois noté un soupçon de sexisme, particulièrement chez le commandant du Endeavour (personnage le plus développé), qui rappelle que ce roman a été publié en 1973. Cependant, ce n’est pas le cœur du récit.

    La lecture est rendue agréable par une plume très fluide et, de temps en temps, des piques d’humour bienvenues. Arthur C. Clarke va à l’essentiel, et il le dit bien.

    Rendez-vous avec Rama a reçu nombreux de prix, dont les prestigieux prix Hugo (à l’époque où il valait quelque chose), prix Nebula et prix Locus. Soit le grand chelem de la SF, et c’est bien mérité.

    Arthur C. Clarke a écrit 16 ans plus tard des suites, mais j’ignore si elles sont du même tonneau que les suites de 2001, l’Odyssée de l’espace (que j’ai abandonnées au milieu d’un des tomes, ce qui m’arrive rarement).

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 mois et 2 semaines par FeyGirl.
    #207484
    Schrö-dinger
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    Deux retours de lecture, qui n’ont malheureusement pas été des coups de cœur.

    D’abord La maison aux pattes de poulet de GennaRose Nethercott, recommandé par Feygirl, auquel je n’ai pas vraiment accroché. Il y a beaucoup d’idée, et de l’originalité, mais je n’ai pas adhéré au folklore du récit, ni aux flash-backs qui me coupaient dans mon élan pour rentrer dans l’histoire, et puis les personnages m’ont un peu laissé de marbre. Intéressant car ne ressemblant à pas grand chose que je connais, cela n’a toutefois pas vraiment été une lecture pour moi !

    Et puis il y a eu Runborn tome 1 : Tyr d’Ariel Holzl. Il est toujours plaisant de retrouver la plume de l’auteur, c’est fluide, et agréable à lire. L’univers, celui de la mythologie nordique, semble maitrisé par l’auteur, il y a sûrement eu beaucoup de travail de documentation, et l’on sent que l’auteur s’amuse avec les différents éléments de celui-ci, les personnages, les mythes, les créatures, etc.

    Cependant, je n’ai pas trop accroché aux personnages,

    Spoiler:
    et puis bon, j’avoue que si on me présente un trio, je ne m’attends pas à ce que l’un (ou l’une) soit un.e traitre et que l’autre meurt aussi rapidement

    et l’histoire a pris des directions qui ne m’ont pas trop plu.

    Je ne pense donc pas que je lirai la suite.

    Le Kraken à la plage (ah-ouh, cha cha cha)

    #207501
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Age tendre de Clémentine Beauvais

    Dans un futur proche, chaque adolescent reçoit une assignation pour un service civique à l’autre bout de la France. Le jeune Valentin est envoyé en stage dans une unité mnémosyne, un centre pour personnes âgées atteintes de démence où l’on recrée l’environnement de leur jeunesse. Il est dans l’unité années 60-70, en mode « Salut les Copains » et yé-yés.

    Nous allons suivre, au travers de son rapport de stage, la façon dont ce stage et les personnes qu’il rencontre vont le faire grandir. Maladroit, anxieux, légèrement non-neurotypique, il va petit à petit prendre en assurance, apprendre à pardonner, et tomber amoureux de la musique de Françoise Hardy. Et, non, il ne va pas rencontrer un vieux mentor qui va lui apprendre la vie pour mourir à la fin dans les larmes douces amères : on est très très loin des clichés sur ce genre de récit où les générations se rencontrent, dans ce roman quasi-épistolaire. Et j’ai trouvé ça formidable ! L’histoire est tendre, douce, et c’est hyper émouvant sans le moindre pathos. Et par moment extrêmement drôle ! C’est très joliment écrit, avec un style très à part, où l’on retrouve les mots d’un ado un peu engoncé dans son monde, et certaines réflexions et métaphores qui, tout à coup, ressortent pour t’envoyer dans un monde de poésie.

    Bref, une parenthèse enchantée, qui m’a émue et touchée, et m’a fait beaucoup rire.

    DNDM nous avait déjà parlé de Brexit Romance et des Facétieuses, et Wylla des Facétieuses.

    ~~ Always ~~

    #207510
    Jon
    • Pas Trouillard
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    Du coup récemment, j’ai lu trois suites que j’ai beaucoup aimées : le tome 3 de Scholomance (Naomi Novik) ; He Who Drowned the World, de Shelley Parker-Chan, suite et fin de She Who Became the Sun ; et l’Affaire Circé, d’Adrien Tomas, suite des Dossiers du Voile.
    Golden EnclavesHe Who Drowned the WorldL'Affaire Circé
    Et une suite que je n’ai hélas pas vraiment aimée, Nous serons l’incendie, de Jeanne Mariem Corrèze, suite du Chant des Cavalières :/
    Nous serons l'incendie
    (On a d’ailleurs fait des émissions des Manuscrits de Mestre Aemon sur Scholomance et sur Nous serons l’incendie !)

    Et sinon j’ai aussi lu La Mandragore de Piet Legay et ça n’avait strictement aucun intérêt ^^’
    La Mandragore

    #207531
    DNDM
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    [Note de modération: Création du sujet Arthur C. Clarke et déplacement de la conversation afférente dedans.]

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #207536
    FeyGirl
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    Bifrost n°115 : dossier James Tiptree Jr.

    Genre : Science-Fiction.

    Première édition : 2024 en VF.

    Et hop, le dernier numéro du Bifrost, avec les critiques des dernières parutions en SFFF.

    Puis un dossier complet sur James Tiptree Jr., une auteure de science-fiction peu traduite chez nous : une vie pas banale, des publications sur le tard avec un nom de plume masculin, la reconnaissance grâce à des prix prestigieux, la crainte d’être moins appréciée quand il fut révélée qu’elle était une femme, une fin de vie difficile. Quant à ses textes, très féministes pour l’époque et dotés d’une forte sensibilité écologiste, ils semblent empreints de noirceur. Bref, une femme qui sort des sentiers battus de son époque.

    Passons aux quatre nouvelles :

    Les Objets savent… de Jean-Claude Dunyach : dans un futur proche, les IA ont du temps pour penser, après avoir exécuté les tâches que les humains leur demandent. Un taxi apprend d’un passager policier qu’un meurtre vient d’avoir lieu. En secret, le taxi prend contact avec les autres IA pour mener l’enquête de son côté. Une nouvelle très plaisante à lire, avec des IA anthropomorphiques à leur façon.

    Le Chronologue, d’Ian R. MacLeod : épatant. Dans une ville étrange, l’horloge municipale ne fait pas que marquer le temps : elle le dirige. Elle s’est déréglée, et les conséquences sont délétères : l’été n’en finit pas, les récoltes sont menacées et le bétail souffre. Le chronologue vient pour réparer l’horloge. Une nouvelle incroyable aux allures de conte, avec un univers de Fantasy simple mais épatant, une ambiance hors du temps, et un petit garçon qui devrait se méfier de ses vœux.

    Un Après-midi à l’@rboretum de Reykjavík, de Thomas Day : une courte nouvelle sur un futur désenchanté, et qui lorgne vers le fantastique. Difficile d’en parler sans la divulgâcher, disons simplement que l’auteur imagine une solution radicale pour les jeunes terrifiés par l’avenir de la planète. « On faisait peser un poids incroyable sur les individus en oubliant que les industries consommaient et polluaient bien plus qu’eux. » Tellement juste. A lire pour son ambiance, tantôt décoiffante, tantôt mélancolique.

    Ces femmes que les hommes ne voient pas, de James Tiptree Jr. La nouvelle de l’auteure du dossier de ce Bifrost nous plonge dans le Mexique des années 70. Le narrateur, Don, un Américain baroudeur et misogyne, prend un petit avion qui longe la côte mexicaine, avec deux Américaines quelconques, une mère et sa fille, et le pilote maya. A cause d’un accident de moteur, ils s’échouent dans des marais éloignés de tout. Don regarde avec un œil d’homme ces femmes sans grand intérêt pour lui, sauf comme objets sexuels. Le tout est écrit avec un réalisme convaincant (avant qu’arrive l’élément SFFF, je me serais crue dans les marais) et un événement qui bouleverse tout. La conclusion confirme la noirceur, ou plutôt ici la désespérance de l’auteure sur la vie des femmes de son époque.

    Bref : l’ensemble du numéro est de très bon niveau.

    #207553
    FeyGirl
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    Silo, Générations (Silo, tome 3), d’Hugh Howey

    Genre : Science-Fiction.

    Première édition : 2014 en VF (Dust, 2013 en VO).

    Suite immédiate du tome précédent, qui conclut cette saga postapocalyptique. Ce qui suit divulgâche inévitablement quelques éléments des tomes précédents : ne continuez pas si vous ne les avez pas lus !

    Spoiler:
    Donald est aux manettes du Silo 1, sous une fausse identité. Seul contre ses collègues et avec des moyens limités, il tente de saper le programme de Thurman et d’aider les autres silos. Mais il doit leur cacher la cruelle vérité, aussi se montre-t-il inflexible envers eux.

    Juliette, quant à elle, s’est promis d’aider les enfants du silo 17, et conduit le creusement d’un tunnel. Mais l’état de grâce s’est envolé. Bien des habitants du silo 18 sont opposés à son projet, voire ils ne croient pas à l’existence des autres silos. C’est contraire à tout ce qu’ils ont appris, c’est contraire à la religion. Pire : elle est tenue pour responsable de la révolte où beaucoup des ouvriers des Machines sont morts.

    Ce dernier tome mêle les deux arcs narratifs avec brio. La lente prise de conscience de Donald va au-delà de ses découvertes : il culpabilise pour les morts dont il est responsable. Personnage gris, l’auteur réussit à nous le faire apprécier malgré les crimes qu’il a commis. Sa recherche de rédemption va de pair avec celle de Juliette, qui se reproche elle aussi les disparus, mais elle retourne sa colère contre l’ensemble des habitants du silo 1.

    En filigrane, le thème de la haine conduisant à la vengeance irraisonnée est exploité sans fard par l’auteur, tout comme l’obscurantisme religieux qui aveugle une partie du silo, ou encore, plus sombre, l’obéissance des dirigeants du silo 1 à un plan sanglant. Car peu de membres du silo 1 se révoltent contre le système machiavélique ou contre le chef du moment qui détruit un silo. Même si tout n’est que mensonge, même si leur pilule leur fait oublier le passé, leur absence de questionnement n’en est pas moins frappante et l’attitude soumise à celui-qui-sait-ce-qu’il-fait est malheureusement crédible.

    Encore une fois, les dimensions psychologiques sont fouillées, avec une galerie de personnages bien brossés. C’est un des points forts de Hugh Howey : approfondir l’âme de ses protagonistes, pourtant pas tous héroïques, et nous faire partager leurs hésitations, leurs regrets, leurs espoirs. On ressent leurs pertes avec eux.

    Peu à peu, le tome reprend le rythme d’un thriller, avec une lutte pour la survie dans un monde condamné. Son aspect page-turner m’a une nouvelle fois emportée. Même si la conclusion offerte par l’auteur n’est pas une grande surprise dans ce genre littéraire, il sait réserver suffisamment de bouleversements et de suspens pour qu’on lise avec entrain jusqu’à la fin. Et là, on se dit : déjà la fin ? J’en redemande.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 mois et 2 semaines par FeyGirl.
    #207556
    Liloo75
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    Silo, Générations (Silo, tome 3), d’Hugh Howey

    Genre : Science-Fiction.

    Première édition : 2014 en VF (Dust, 2013 en VO).

    Suite immédiate du tome précédent, qui conclut cette saga postapocalyptique. Ce qui suit divulgâche inévitablement quelques éléments des tomes précédents : ne continuez pas si vous ne les avez pas lus !

    Je viens de trouver le tome 1 de Silo à la bibliothèque (enfin disponible !).

    Je lirai tes avis après ma lecture ^^

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #207557
    FeyGirl
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    Je viens de trouver le tome 1 de Silo à la bibliothèque (enfin disponible !). Je lirai tes avis après ma lecture ^^

    Je te souhaite une très bonne lecture

    #207630
    Jon
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    The Voyage HomeJ’ai lu The Voyage Home de Pat Barker, suite de The Silence of The Girls et de The Women of Troy. La guerre de Troie est terminée, le vent s’est levé, les grecs peuvent rentrer chez eux. On change de PoV pour suivre maintenant Ritsa, esclave-suivante de Cassandre, elle-même esclave/concubine d’Agamemnon ; et on suit donc le retour d’Agamemnon à Mycènes, attendu impatiemment par Clytemnestre…
    C’est probablement le tome qui m’a le moins touché des trois, je pense que j’ai eu du mal à m’attacher à Ritsa. On a quelques chapitres du point de vue de Clytemnestre qui sont très agréables, mais dans l’ensemble j’ai trouvé le tome un peu plat, il y a encore moins d’enjeux que d’habitude (on connait toujours l’histoire, mais là, en plus, les personnages eux-mêmes sont « à peu près » au courant via les prophéties de Cassandre, même si seule elle y croit), et j’ai trouvé que les thématiques étaient moins développées. Ça reste une lecture agréable mais je trouve que ça aurait mérité un point de vue un peu plus marqué 🙂

    #207638
    Liloo75
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    J’ai lu Les Etoiles sont légion de Kameron Hurley.

    Pioché un peu au hasard dans le rayon SF de ma bibliothèque (qui fermait dans 20 minutes), ce livre fut une bonne surprise.

    Dans une galaxie fort fort lointaine, une armada de vaisseaux-mondes glisse lentement. L’ensemble se nomme la Légion, et il semble qu’aucun vaisseau n’est capable de s’extraire de cette flotte en état de décomposition. Sauf peut-être la Mokshi. Elle représente le seul espoir pour ces peuples condamnés.

    Mais il est bien difficile de s’emparer de ce vaisseau. La guerrière Zan s’y essaie encore et encore. Les Katarzyna la détiennent, elle ressemble à une prisonnière, et dans le même temps, la fille de la reine Anat, Jayd, prétend qu’elles sont sœurs.

    Il y a quelque chose qui cloche dans cette histoire. D’autant plus que Zan a perdu la mémoire. Elle est obligée de croire ce que lui raconte Jayd, avec qui on sent tout de suite une complicité marquée. Tout ne peut pas être que mensonges ?

    Une chose apparait comme certaine, si elles veulent quitter leur monde pourrissant, il va leur falloir s’emparer de la Mokshi, et seule Zan en a la possibilité. Alors, elle va y retourner encore une fois.

    Le livre s’articule autour de deux points de vue : celui de Zan, la guerrière amnésique, et de Jayd, la fille préférée de la reine des Katazyrna. Ensemble, elles ont concocté un plan.

    L’alternance des PoV donne une dynamique au récit, permet au lecteur de découvrir petit à petit les mondes de la Légion et comment Zan et Jayd ont décidé de s’allier pour atteindre leur but.

    Je classerai ce roman plutôt en fantasy qu’en SF. Il ne faut pas s’attendre à un space opera. En lisant les critiques, j’ai vu que les descriptions des vaisseaux organiques pouvaient être dérangeantes. Franchement, cela ne m’a pas refroidie.

    J’ai eu l’impression de lire un thriller de fantasy, avec un suspens maintenu jusqu’au bout, des personnages fouillés et une immersion totale. Bref un régal.

    Spoiler:
    Juste un dernier point, tous les protagonistes de ce roman sont des femmes!
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 mois et 1 semaine par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
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    #207654
    DNDM
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    Petite fournée de lecture spéciale copinage (je connais -pas très bien, mais un peu quand même- les trois autrices ci-dessous).

    Ruth Wolff, pirate – entre chien et loup, de Sandra Basso (2021)

    Ruth Wolff, pirate T1 Entre chien et Loup

    Ruth Wolff, fille de prostituée, survit dans les bas-fonds du Londres de 1715 en rêvant d’ailleurs. Jusqu’à ce que le hasard s’en mêle et lui donne deux ou trois raisons, certaines plutôt pressantes (ne spoilons pas) d’aller voir de l’autre côté de l’atlantique si le soleil brille davantage. Son destin va l’amener à croiser les grandes figures de l’âge de la piraterie, et va s’entrelacer avec pas moins de deux chasses au trésor différentes.

    Un roman maritime historique, écrit par une camarade qui est marin, et qui a fait plusieurs vieux gréements (dont L’Hermione, et on fait difficilement plus gros que celui-là). Bref, quand elle parle de bateaux, et de vieux bateaux, elle sait de quoi elle parle, et ça se sent. Pour être très honnête, c’était même quelque chose qui me faisait un peu peur en ouvrant le livre: m’embarquer pour une longue litanie de termes maritimes et de manœuvres incompréhensibles pour qui n’est pas du sérail. Le fait que ce roman soit publié par un éditeur spécialisé dans les ouvrages maritimes renforçait encore cette crainte.

    Et en fait non seulement pas tellement (y’a un peu de geekeries maritimes, mais ça reste totalement compréhensible), mais en plus, le bouquin m’a surpris en bien à plein de moments, et pas seulement pour cela. Les personnages sont crédibles et bien campés, les dialogues fluides, les ambiances ultra réussies, les scènes d’action prenantes, y’a un gros gros gros travail de recherche historique mais qui ne prend jamais le pas sur le scénario… Bref, le tout est franchement d’un excellent niveau pour quelqu’un dont c’est le premier bouquin, et je rouvrais chaque soir le livre avec un grand plaisir.

     

    Se perdre à l’orée des songes, de Tess Corsac (2024)

    Se perdre à l'orée des songes : Corsac, Tess: Amazon.fr: Livres

    Eole est onironaute professionnelle : son métier est d’entrer dans les rêves des mourants, pour y obtenir des informations. Un métier nouveau mais relativement tranquille, qui se pratique en hôpital, et qui lui laisse le temps de s’occuper de son petit frère mineur. Mais un beau jour, on lui demande d’infiltrer les rêves d’un criminel, qui pourrait bien être lié à son passé, et cette tranquillité de façade bascule…

    Un roman écrit par une autrice jeune en âge (25 ans, pensez à elle pour l’item « moins de 30 ans » du challenge de lecture) mais qui a déjà quasiment dix ans d’expérience dans le monde éditorial (elle a publié son premier roman quand elle était encore mineur, et elle en a actuellement une dizaine en librairies, publiés dans des collections jeunesse ou Young Adult) chez des éditeurs très connus. D’elle, j’ai lu le tome 1 de A Cheval Joséphine (jeunesse), que j’avais adoré, et ce roman Young Adult, sur lequel j’ai un tout petit peu moins accroché mais principalement pour des questions d’univers qui ne me parlait pas trop. Mais côté plume, c’était absolument top: bien écrit, super rythmé et efficace, avec des persos attachants qu’on a envie de suivre jusqu’au bout, et un petit goût d’Inception bien agréable.

    (Au passage, l’objet-livre est superbe, avec sa couverture pleine de gaufrages et de brillants)

    Un monstre à l’école, de Delphine Gosset (2022)

    Un monstre à l'école

    Gaspard voit un monstre dans son école. Et le problème, c’est qu’il est le seul à le voir. Comment s’en débarrasser, dans ces conditions?

    Un beau roman jeunesse (9-12 ans) bourré d’amitié et d’enfants perdus. Vous n’êtes pas dans le cœur de cible, mais si vous cherchez un cadeau pour un CM1-CM2, ça marche à fond, j’ai vu la fille d’un couple d’amis le dévorer en une soirée. 😉

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #207774
    Nymphadora
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    Excaliber de Gabriel Katz

    Une réécriture de la légende arthurienne très très agréable à lire.

    J’étais ravie d’apprendre que Gabriel Katz revenait à ses premières amours : la fantasy, en publiant un nouveau livre chez Scrineo. (Ca fait des années que j’attends la suite de son Serment de l’orage mais il semblait être parti vers d’autres horizons – le polar. Je suis contente de voir qu’il revient aux littératures de l’imaginaire !) Et donc je me suis penchée avec délice sur cette nouvelle parution. Et j’ai passé un très chouette moment de lecture.

    Le procédé est assez classique : on revient sur les « passages obligés » de la geste arthurienne, et on les recontextualise, on réécrit en questionnant les intentions des protagonistes, en leur insufflant une nouvelle vie… Et ma foi, l’exercice est maîtrisé par Katz : les personnages sont bien campés, les descriptions sont très évocatrice, et on lit sous la légende une volonté politique à grande échelle de placer des pions et de marquer les esprits avec des symboles. Une vision assez cynique du mythe, qui salit la gloire de ces chevaliers blancs, mais place un contexte très intéressant aux pérégrinations guerrières d’Arthur et des ses chevaliers de la Table Ronde. Arthur lui-même en prend pour son grade d’ailleurs, il est imbuvable, et ça a un côté très jouissif ^^

    J’aurais peut être préféré un angle un peu plus percutant pour l’intrigue, qui a un côté très linéaire et classique dans la réécriture, mais c’est extrêmement bien réalisé. La lecture est fluide (j’ai dévoré le livre en moins de 24h c’est dire !) et on n’a finalement qu’une seule frustration : que ce soit seulement un tome 1 et qu’on ne reste pas plus longtemps en Bretagne avec Lancelot, Merlin, Viviane… Vivement la suite !

    ~~ Always ~~

    #207775
    Aerolys
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    Excaliber de Gabriel Katz Une réécriture de la légende arthurienne très très agréable à lire. J’étais ravie d’apprendre que Gabriel Katz revenait à ses premières amours : la fantasy, en publiant un nouveau livre chez Scrineo. (Ca fait des années que j’attends la suite de son Serment de l’orage mais il semblait être parti vers d’autres horizons – le polar. Je suis contente de voir qu’il revient aux littératures de l’imaginaire !) Et donc je me suis penchée avec délice sur cette nouvelle parution. Et j’ai passé un très chouette moment de lecture. Le procédé est assez classique : on revient sur les « passages obligés » de la geste arthurienne, et on les recontextualise, on réécrit en questionnant les intentions des protagonistes, en leur insufflant une nouvelle vie… Et ma foi, l’exercice est maîtrisé par Katz : les personnages sont bien campés, les descriptions sont très évocatrice, et on lit sous la légende une volonté politique à grande échelle de placer des pions et de marquer les esprits avec des symboles. Une vision assez cynique du mythe, qui salit la gloire de ces chevaliers blancs, mais place un contexte très intéressant aux pérégrinations guerrières d’Arthur et des ses chevaliers de la Table Ronde. Arthur lui-même en prend pour son grade d’ailleurs, il est imbuvable, et ça a un côté très jouissif ^^ J’aurais peut être préféré un angle un peu plus percutant pour l’intrigue, qui a un côté très linéaire et classique dans la réécriture, mais c’est extrêmement bien réalisé. La lecture est fluide (j’ai dévoré le livre en moins de 24h c’est dire !) et on n’a finalement qu’une seule frustration : que ce soit seulement un tome 1 et qu’on ne reste pas plus longtemps en Bretagne avec Lancelot, Merlin, Viviane… Vivement la suite !

    Il n’en faut pas plus pour me convaincre. ^^ (Influençable ? Moi ? Fan de la Table Ronde ? Moi ?)

    Toutes les plus belles histoires commencent par une brique sur le pied.

    Si Theon ouvre un bar, c'est le Baratheon.

    Spoiler:
    #207776
    Nymphadora
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    Il n’en faut pas plus pour me convaincre. ^^ (Influençable ? Moi ? Fan de la Table Ronde ? Moi ?)

    Je serai très curieuse d’avoir ton avis !

    ~~ Always ~~

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