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  • Ce sujet contient 908 réponses, 85 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Nymphadora, le il y a 1 jour et 13 heures.
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  • #207890
    Aerolys
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    Je serai très curieuse d’avoir ton avis !

    Je le ferais le moment venu. 😉

    Toutes les plus belles histoires commencent par une brique sur le pied.

    Si Theon ouvre un bar, c'est le Baratheon.

    Spoiler:
    #207915
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Wayward Pines, tome 1 : Révélation de Blake Crouch

    Ethan se réveille au milieu d’une ville mystérieuse, blessé et amnésique…

    J’ai beaucoup aimé cette lecture pleine de mystère, qui construit avec brio une ambiance oppressante, bizarre, disharmonieuse, par petites touches, où l’on sent confusément que quelque chose cloche sans mettre le doigt dessus. J’ai trouvé toute la première partie du roman brillante : cette ambiance se met en place avec finesse, et on se demande si le soucis vient du héros, de la ville,… on est conscient qu’il y a un soucis et un mystère à résoudre (et des indices viennent nous titiller de plus en plus, nous surprenant avec des gros « oooh ») mais on se laisse complètement balader. Ca a un côté Stephen King, mais en plus diffus.

    La seconde partie, où il y a nettement plus d’action, m’a un peu moins convaincue. J’ai trouvé les scènes d’actions confuses. Mais finalement, la résolution de l’intrigue rend le tout très satisfaisant, et conclue l’intrigue en nouant tous les fils de façon cohérente.

    Donc bref, une très chouette lecture, tout à fait appropriée pour l’ambiance automnale et halloween du moment, et qui est bourrée de qualités.

    ~~ Always ~~

    #207921
    Tristesire
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    Wayward Pines, tome 1 : Révélation de Blake Crouch .

    J’ai adoré la série avec Matt Dillon… Hâte d’avoir ton avis final Nymphadora. J’attaque la trilogie très bientôt…

    On ne touche pas aux lapins !

    #207923
    Aerolys
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    Wayward Pines, tome 1 : Révélation de Blake Crouch Ethan se réveille au milieu d’une ville mystérieuse, blessé et amnésique… J’ai beaucoup aimé cette lecture pleine de mystère, qui construit avec brio une ambiance oppressante, bizarre, disharmonieuse, par petites touches, où l’on sent confusément que quelque chose cloche sans mettre le doigt dessus. J’ai trouvé toute la première partie du roman brillante : cette ambiance se met en place avec finesse, et on se demande si le soucis vient du héros, de la ville,… on est conscient qu’il y a un soucis et un mystère à résoudre (et des indices viennent nous titiller de plus en plus, nous surprenant avec des gros « oooh ») mais on se laisse complètement balader. Ca a un côté Stephen King, mais en plus diffus. La seconde partie, où il y a nettement plus d’action, m’a un peu moins convaincue. J’ai trouvé les scènes d’actions confuses. Mais finalement, la résolution de l’intrigue rend le tout très satisfaisant, et conclue l’intrigue en nouant tous les fils de façon cohérente. Donc bref, une très chouette lecture, tout à fait appropriée pour l’ambiance automnale et halloween du moment, et qui est bourrée de qualités.

    Beaucoup entendu parlé de cette trilogie, en bien. Je pense que l’ambiance me plairait bien. ^^

    Je le rajoute sur ma pile à lire. ^^

    J’ai adoré la série avec Matt Dillon… Hâte d’avoir ton avis final Nymphadora. J’attaque la trilogie très bientôt…

    Je ne savais pas qu’il y avait eu une adaptation par contre. 😮

    Toutes les plus belles histoires commencent par une brique sur le pied.

    Si Theon ouvre un bar, c'est le Baratheon.

    Spoiler:
    #207925
    Tristesire
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    On ne touche pas aux lapins !

    #207929
    Jon
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    Trois petites lectures, trois occasions de faire de la pub pour les Manuscrits de Mestre Aemon 😀
    Fourth Wing, de Rebecca Yarros, une romantasy dans une (violente) école de dragonniers, très très sympa à lire et plébiscitée par LadyLylouh, Namande et Schrodi
    Derniers jours d’un monde oublié, de Chris Vuklisevic, roman dur à classifier, vaguement post-apo sociétal, plutôt un loupé pour moi malgré les avis positifs et la reco de Nymphadétails en profondeur avec Fl_âme et Yoda 🙂
    The only light left burning, de Erik J Brown, romance post-apo choupinette, suite (un peu en-dessous) de All that’s left in the world, qu’on avait plutôt bien aimé avec Wylla et Yoda 🙂

    #207983
    Jon
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    Noblesse ObligeDouble post car j’ai lu Noblesse Oblige, de Maiwenn Alix, dont Schrodi avait parlé et m’avait bien hypé avec ce concept de téléréalité de love story entre roturières et héritiers nobles à Versailles dans les années 2000, sous le règne de Louis XXI – tout pour plaire 😄
    Et plaisant ce fut, une lecture agréable, surtout dans la deuxième moitié, qui révèle un livre moins plat et convenu que n’aurait pu le laisser craindre la première moitié, j’ai même été surpris par quelques évolutions scénaristiques qui viennent donner du relief et de la consistance à une trame générale vite identifiée.
    L’uchronie est bien gérée, avec des suggestions intrigantes sur le fonctionnement du reste du monde, et on s’attache au personnage de Gabrielle, qui nous fait bien partager ses différents sentiments.
    Petit bémol, je pensais que c’était un one-shot, on apprend au bas de la dernière page qu’un second tome est prévu… Fichtre, on m’a bien eu ! Le livre se suffit bien à lui-même cela dit, avec une « vraie fin », donc pas trop de frustration, et il sera bien temps plus tard de décider si la suite m’intéresse ou non 🙂

    #208315
    Liloo75
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    Silo, d’Hugh Howey

    Genre : Science-Fiction.

    Première édition : 2013 en VF (Wool, 2012 en VO).

    Pourquoi ai-je tant attendu de lire ce roman ? Je l’ai dévoré ! Je précise que je n’ai pas encore vu la série télévisée, donc je ne comparerai pas.

    Dans un lointain futur, des milliers de personnes vivent enfermées sous terre, dans un silo de 144 étages. Ils perpétuent de génération en génération les savoir-faire techniques pour maintenir le silo en état de fonctionnement, et des règlements stricts régulent la vie en commun. Le tabou le plus puissant ? Désirer sortir dans le monde extérieur. Celui-ci est visible grâce à un mur d’écrans de l’étage supérieur : sol gris, ciel gris, nuages gris, ruines d’une ville fantôme. L’air y est chargé de toxines : on meurt en quelques minutes. Car dans cette microsociété, les rares condamnés — y compris ceux qui émettent le simple souhait de voir le monde extérieur — sont bannis. Un bannissement mortel : depuis l’écran mural à l’étage supérieur, on les voit avancer dans leur scaphandre et s’écrouler, tordus de douleur. Aucun scaphandre ne résiste. L’avertissement est clair pour tout le monde : sortir, c’est mourir.

    J’ai lu Silo de Hugh Howey, le mois dernier. Et je peux dire que je me suis régalée. Plus que le côté SF, je crois que c’est l’aspect thriller qui m’a happée.

    Dès le début, je me suis mise à imaginer des théories sur ce fameux silo, et ce qui peut bien se trouver à l’extérieur (monde apocalyptique ou jardin ?). Et au fur et à mesure de ma lecture j’ai pris la mesure de la complexité du système qui se déploie au centre du silo.

    Le sherif Holston, le maire Jahns, l’adjoint Marnes et Juliette, la mécanicienne, sont particulièrement bien dépeints. Ils ont une histoire, une personnalité, qui font que l’on s’attache à eux, que l’on a peur pour eux lorsqu’ils sont en danger.

    J’ai apprécié ce voyage au fond du silo, et suivre ses personnages en constante évolution.

    Hugh Howey a su créer un monde cohérent, dans lequel le lecteur peut découvrir les rouages secrets qui tournent au sein du silo (et même en deviner certains).

    J’ai aimé que le livre se termine également. Il a une conclusion et je trouve cela satisfaisant. Je vais peut-être me laisser tenter par le deuxième volet (Silo – Origines), parce que j’ai goûté l’univers.

     

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #208346
    Schrö-dinger
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    Deux retours de lecture :

    L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante, à ma grande surprise je n’ai pas du tout accroché, et j’ai abandonné en cours de lecture. Je ne me suis pas attaché aux enfants protagonistes, les chapitres m’ont semblé être un enchainement d’anecdotes qui ne m’ont pas intéressé, et je n’ai pas ressenti l’ambiance napolitaine. Bref, à la moitié j’ai arrêté les frais.

     

     

    Le téléphone carnivore de Jo Nesbø, lecture plus légère, première incursion (je crois) de l’auteur norvégien, qui est plutôt connu pour ses romans policiers, dans le fantastique avec l’enquête d’un adolescent sur un téléphone carnivore qui dévoré devant lui un de ses camarades. C’était chouette, on pense à Stephen King (Ça)  mais je n’ai jamais eu l’impression de lire une copie, il y a du suspense et les séquences horrifiques sont réussies. Je me suis fait surprendre par certains rebondissements, ce qui est toujours agréable dans ce genre de lecture.

    Le Kraken à la plage (ah-ouh, cha cha cha)

    #208416
    Jon
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    WolfsongJ’ai lu Wolfsong, de TJ Klune : une histoire de loups-garous gays, en très résumé :p et dont je sors un peu mitigé :/
    J’ai beaucoup aimé le début, l’ambiance très mim’s, très chaleureuse. Les personnages sont très attachants, tout le lot ; et j’ai beaucoup accroché au style, caractéristique du personnage narrateur qui a un mode de pensée et d’expression assez marqué.
    Mais j’ai trouvé qu’il y avait un énorme ventre mou, qui est justifié par le scénario et correspond au ressenti des personnages, mais qui dure trop longtemps pour moi, avec beaucoup de répétitions qui m’ont donné l’impression de meubler. Avec à la fin des décisions de personnages qui m’ont paru moyennement logiques et justifiées et qui m’ont un peu fait souffler.
    J’en ressors mitigé, donc, mais je donnerai sûrement sa chance au tome deux, pour voir comment l’histoire peut évoluer et s’ouvrir maintenant que ce premier arc semble derrière nous 🙂

    RavensongJ’ai lu Ravensong, de TJ Klune, suite de Wolfsong, et j’ai globalement le même avis que sur le tome 1 : c’est sympa, c’est « mignon » (pas forcément le bon terme vu qu’il se passe quand même pas mal de trucs plutôt traumatisants), les personnages sont très attachants, mais je pense que ça manque un peu de gestion du rythme et des enjeux – et on aimerait bien voir les persos principaux être un peu plus proactifs :p
    Dans les points positifs, on a un personnage point de vue différent de celui du tome 1, et c’est très intéressant, ça apporte une vision et un éclairage complémentaires sur les événements (une partie du tome 1 est rapidement reprise, et on en apprend aussi pas mal sur le passé), et aussi une personnalité différente dans la narration.
    Je lirai la suite, mais sans urgence, car ça reste quand même agréable à lire 🙂

    Dans cette dystopie décrite comme à la croisée de « La servante écarlate » et « Orange is the New Black« , nous suivons Frida, mère célibataire au bout du rouleau qui, dans un moment d’égarement, laisse son bébé seule pendant deux heures. Elle est dénoncée par ses voisins et s’en suivent des conséquences qui s’accumulent. Il faut lui appendre à être une bonne mère et la « redresser ».

    Pour une fois, je crois qu’on peut difficilement mieux résumer l’œuvre qu’avec cette accroche pop-culturelle qu’on doit au quatrième de couverture : en quelques mots, on ne peut pas mieux résumer qu’en disant que ce livre est l’enfant de « La servante écarlate » et « Orange is the New Black« .

    On retrouve ainsi dans le roman cet aspect dystopique où l’on nie à la femme ses sentiments, son individualité, pour en faire un ventre puis « une bonne mère » (sans se préoccuper une seconde au passage du bien-être de l’enfant qui hurle dans le noir à quel point sa mère lui manque). C’est déchirant, et glaçant : alors que la tendance des « trad wives » fait recette, et que l’on anticipe partout dans le monde l’arrivée au pouvoir de forces réactionnaires… il est assez facile de toucher du doigt ce futur proche de l’Amérique qui nous est décrit, où l’état devient implémente de nouvelles pressions envers ces femmes qu’il juge défectueuses. C’est à mon sens ce qui fait la réussite d’une dystopie : un monde ultra proche du notre, que l’on touche du doigt et qui nous glace tant on imagine facilement le chemin qui nous amènerait dans ce futur atroce.

    Ajoutons à cela un mécanisme carcéral très bien pensé, où la sororité se mêle aux rancœurs, à des tortures morales assez marquantes, au racisme et au communautarisme (l’héroïne est descendante chinoise, et l’on touche du doigt avec beaucoup de nuance ce racisme anti-chinois qui est insidieux, et dont on parle finalement très peu). Chose que j’ai beaucoup apprécié également : notre héroïne n’en est pas une, elle est loin d’être lisse. Pas spécialement sympathique ou attachante, on la suit dans son enfer d’autant plus efficacement à mes yeux qu’on ne la glamourise pas : ce n’est pas parce qu’elle est sympa qu’on est choqués par ce qu’elle vit, c’est parce qu’on ne devrait faire vivre une telle chose à personne. La galerie de personnages secondaires aurait mérité d’être étoffée, mais on s’attache également à ces bribes de personnages que l’on entrevoit au travers des yeux de Frida, ce qui permet en outre de multiplier un peu les cas de figure (et l’horreur).

    En bref, donc, une lecture qui m’a beaucoup plu, avec des thématiques très fortes. Je ne la recommanderai pas à mes copines jeunes mamans, en revanche : c’est assez flippant, et je ne suis pas sûre que ça soit à lire en plein post-partum.

    The School for Good MothersEt j’ai aussi lu The School for Good Mothers, de Jessamine Chan, dont parlait Nympha ici. C’était globalement horrible, avec cette personnage principale coincée dans un cycle infernal, avec cette frustration intense de ne pas pouvoir faire entendre raison à des interlocuteurs biaisés, sans solution, sans porte de sortie… J’ai trouvé qu’il y avait un léger creux vers les 2/3 du livre, mais ça reste une lecture intense et intéressante par son caractère dérangeant – et pas très optimiste reconnaissons-le…

    NousPuis en MMA, on a parlé de Nous, le dernier livre de Christelle Dabos. Pour celles et ceux qui auront la flemme d’écouter mais que ça intéresse quand même : j’ai bien aimé, même si…
    Petit point sur le concept, quand même, car c’est un des points forts du livre : une dystopie dans laquelle chacun·e a un Instinct, c’est-à-dire à la fois une compulsion et un talent, qui sert – censément – à servir la communauté : le Nous. Ces Instincts sont répartis en différentes catégories, et ont une portée, à laquelle ils se déclenchent et, en quelque sorte, prennent le contrôle de leur hôte. Ainsi, un·e réparateurice ayant quelque chose de cassé à sa portée ne pourra s’empêcher de le réparer – mais, en contrepartie, en aura tout à fait la capacité. Et cela ouvre plein de réflexions, sur le libre arbitre et sur le bien commun.
    L’histoire est portée par des personnages bien construits, en particulier j’ai beaucoup aimé que les différents points de vue soient bien identifiés et bien caractérisés dans leur style propre.
    Là où j’émets des réserves – et c’est très lié à mes préférences personnelles de lecteur – c’est sur la fin : j’ai été peu satisfait par la résolution / les explications / les justifications aux différents éléments de lore et aux différents événements « surnaturels » qui parsèment l’histoire. Ça m’a donné un goût d’inachevé, d’inabouti, et m’a rendu le tout un peu bancal : j’aime quand tout est bien ficelé, et là…pas vraiment 😄
    C’est dommage (à mon goût), mais ça restait une lecture agréable 🙂

    Notre-Dame des LoupsEt enfin, j’ai lu Notre-Dame des Loups, de Adrien Tomas (mon chouchou) ; on est dans une ambiance très différente des autres livres que j’avais pu lire de lui, quelque chose d’un peu plus sombre/sale, une bande de chasseurs de loups-garous dans une forêt enneigée du Canada… et j’ai beaucoup aimé !
    C’est assez court, et c’est très prenant, le rythme est très soutenu, avec des éléments qui accrochent dès le début, dont un concept de narration très intéressant. Les personnages sont tous plutôt des pourris, ou en tout cas ont de sacrés travers, mais on s’y attache malgré tout (et encore une fois : c’est court, c’est plus facile de s’attacher à des personnages moralement ambivalents quand on ne va pas se les traîner pendant dix mille pages :p ). L’ambiance sale et froide de cette expédition est bien retranscrite, on s’implique rapidement dans leur quête et dans les tensions internes au groupe…
    Une bonne expérience !

    #208429
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Corde Ardant, de Marge Nantel

    Dans un futur peu enviable, entre dérèglement climatique et déclin technologique, les principales cités se sont repliées en Forteresses et Donjons. Nous suivons un groupe de convoyeur, des mercenaires qui font le lien entre ces Forteresses. Malgré eux, ils vont se retrouver coincés dans un conflit politique qui les dépasse, et prendre sous leur aile Endah, un « ardant », un jeune homme conditionné comme un robot, qui ne sait répondre qu’à un code, a un but mystérieux, et n’a aucune conscience de lui-même.

    Un roman rempli d’humanité et de violence. S’enchaînent les course poursuites à voiture et moto, les combats au couteau et au pistolet… et les moments d’une bienveillance folle, où les traumas de l’équipe rencontrent petit à petit l’individualité d’Endah et l’éveillent au monde. J’avais été interpelée par le roman lorsqu’il a remporté le prix Utopiales, souvent gage de qualité. J’ai eu la chance de le recevoir dans le cadre d’une Masse Critique Babelio, et j’ai plutôt apprécié ma lecture, je dirais qu’il n’a pas volé son prix !

    Toutefois, je ne suis pas forcément très réceptive aux romans qui contiennent autant d’action, et j’ai trouvé cette succession de scènes de batailles tout droit sorti de Mad Max très redondantes, avec des personnages « super héros » qui réussissent tout parce que leur armure en scénarium est sacrément blindée : entre le tireur d’élite super médecin, l’ancien danseur exotique monstre du combat au corps à corps, l’arme super entraînée qui tue un homme d’un coup… c’est un poil long et peu crédible… Et comme j’ai un mal fou à visualiser les scènes de combat, vraiment, j’ai frôlé l’overdose. Le style est en plus dans la voix de nos personnages, avec leurs tics de langages et approximations grammaticales, donc ça n’a pas aidé à ma lecture, et j’ai mis un temps fou à rentrer dedans, à m’attacher, à comprendre qui était qui (il y a une grande galerie de personnages parmi nos convoyeurs, qui se donnent des surnoms à tout bout de champ ^^).

    Mais il reste, entre ces passages de batailles, des moments de lumière extrêmement réussis, qui posent de jolies questions sur l’humain et le soi. Et c’est je pense ces moments lumineux qui me resteront quand je repenserai à ce livre.

    ~~ Always ~~

    #208448
    FeyGirl
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    Rendez-vous avec la justice (Les Détectives du Yorkshire 9), de Julia Chapman

    Genre : Policier (Cosy Mystery).

    Première édition : 2023 en VF (Date with Justice, 2023 en VO).

    Un tome qui ne m’a pas fait palpiter.

    Retour à Bruncliffe pour les enquêtes policières. Nous retrouvons Samson et Delilah dans cette petite ville d’Angleterre avec le milieu des agriculteurs empêtrés dans les difficultés financières. Samson est encore à cheval entre deux mondes, entre ses missions d’infiltration puisqu’il est toujours policier à Londres, et la ville de son enfance où il envisage de s’installer auprès de Delilah. Le lecteur retrouve cette galerie de personnages variés et croquignolesques qui font le sel de cette histoire, entre les commerçants, les pensionnaires de la maison de retraite et les adolescents.

    Cette fois-ci, c’est l’un des frères de Delilah qui est accusé du meurtre d’un écologue. Will, fermier bourru et mari aimant, n’a d’autre choix que de demander l’aide de sa sœur et de celui qu’il a fort mal accueilli voici peu de temps. Quelques autres mystères mineurs parsèment le récit.

    Autant le dire tout de suite : je n’ai pas été emportée par cette lecture. Certes, on retrouve le ton cosy mystery (un policier léger) et l’ambiance d’une petite ville anglaise attachante. Mais j’ai eu l’impression que la recette fonctionnait moins, ou peut-être a-t-elle été trop utilisée. L’histoire n’est pas transcendante, et nous n’avons plus la surprise de découvrir des personnages car nous les connaissons trop bien.

    Je crains que la série n’arrive plus à se renouveler et ressemble à ces séries télévisées policières familiales qui finissent par être sans saveur, car chaque épisode recopie le précédent.

    Une lecture pour passer le temps, sans plus.

    #208541
    Nymphadora
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    Des lectures jeunesse (voire très jeunesse pour l’une 🙂 )

    Alerte tartelette de Jo Riley-Black

    Une lecture dont je ne suis absolument pas la cible xD Mais j’ai trouvé ça terriblement choupi.

    On suit une petite Pégase, Orane et son jumeau, qui vont vivre des aventures pour aider la princesse Tartelette dans un complot qui la vise. C’est rythmé, c’est plein de paillettes, c’est joliment illustré. Notre héroïne a des troubles de l’attention, est en fauteuil roulant, a deux mamans… Globalement, du coup, un livre qui mettrait probablement pas mal de fâcheux en PLS, mais qui fait la part belle à des thématiques importantes sans en faire un soucis du récit, juste un élément comme un autre, et c’est très agréable.

    Je suis moins convaincue par le style : il y a de chouettes trouvailles pour faire vivre le monde des Pégases, mais le style est très familier, essayant de faire « jeune » et je me demande qui parle comme ça, ça faisait très forcé et daté. Mais bon, n’étant pas la cible, mon avis est à prendre avec des pincettes xD J’ai également tiqué à certains moments où nos pégases agissent en bipèdes (genre portent leur plateau de cantine avec leurs pattes) pour ensuite être quadripèdes pas doués sur deux pattes, et je me suis demandé à quel point la suspension d’incrédulité marchait pour les enfants quand on change les règles toutes les deux pages… Mais bon, je pinaille, et dans l’ensemble, c’était une lecture très mims, toute sucrée et délicieuse.

    De délicieux enfants, de Flore Vesco

    Sept enfants dans une chaumière crient famine. Mais les monstres ne sont pas forcément toujours ceux qu’on croit.

    On est ici dans une réécriture du Petit Poucet très sombre, qui a des milliers de niveaux de lecture, et qui est extrêmement réussie. La plume de Flore Vesco est connue pour être très belle, et, avec ce premier roman que je lis d’elle, je confirme qu’il y a un choix des mots impressionnant de maîtrise. Je suis rarement sensible aux plumes riches (que je trouve souvent forcées, façon « oh regardez comme je tartine mon vocabulaire »). Là, non, c’est une merveille de richesse, de mots sublimes qu’on sait employer sans artifices, juste avec poésie et intention. Le tout porte en plus un message sur les contes, sur l’émancipation, sur la monstruosité… qui sont extrêmement actuels, pertinents et le tout est amené tout en métaphores, avec brio. Le parcours des personnages est fascinant, sombre, dur, on s’y croirait.

    Vraiment une très grande réussite, d’une grande intelligence. Ce n’est clairement pas le dernier livre que je lirai de l’autrice !

    ~~ Always ~~

    #208629
    FeyGirl
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    L’Ost céleste, d’Olivier Paquet

    Première édition : 2024

    Dans un monde imaginaire, le passé s’est effacé avec la Guerre Blanche, trois cents ans plus tôt : seuls des tableaux et des textes religieux racontent l’Histoire.

    Indira devient la reine de Francheterres après la mort soudaine de son père. À peine sortie de l’enfance, elle a été préparée toute sa vie à ce rôle très protocolaire, avec plus de contraintes que de libertés, et sans grandes marges de manœuvre. Sa principale fonction est d’être la gardienne de l’Anneau, une bague d’une technologie mystérieuse qui permettrait d’appeler l’Ost Céleste si son pays était menacé. Mais personne n’en sait plus au sujet de l’Anneau. Indira se sent prisonnière en son château et coupée de son peuple, les Maccines.

    En parallèle, dans la République voisine de Jirone, le vieux Engen est un banquier qui a une influence considérable sur sa ville, évoquant les grandes familles italiennes de la Renaissance. Son vrai pouvoir, au-delà de l’argent des prêts qu’il accorde, réside dans les informations qu’il récolte sur ses concurrents, sur les anciens aristocrates déchus mais orgueilleux, sur les partenaires commerciaux, sur les autres régions. Personnage politique et machiavélique, il est sans états d’âme y compris vis-à-vis de ses enfants qui, devenus adultes, le déçoivent. Il est animé par une certaine idée de sa famille, une exigence hors norme, un talent pour voir à long terme et décrypter les plans cachés de ses ennemis. Seule humanité visible chez Engen : il défend les Mélanes, peuple ostracisé au sein de la République et condamné par la religion de l’Immatérialité et son chef, l’Archonte. Différents évènements l’amènent à correspondre secrètement avec la reine Indira du pays voisin.

    Le roman alterne entre Indira et Engen. Étonnamment, ils vont échanger et s’entraider, quand la cousine d’Indira lève une armée financée par l’Archonte pour la renverser et s’emparer du trône de Francheterres.

    L’auteur brasse divers thèmes : le poids des traditions dont on a oublié les origines, les manipulations de la religion, l’ostracisation d’un peuple, au travers d’un récit où se multiplient les complots politiques et les trahisons. Les deux États ont des régimes et des cultures différentes (République des riches familles versus monarchie immuable), mais les deux personnes les plus importantes vont se comprendre, Engen jouant le rôle de mentor d’Indira. Tous deux sont mus par le sens du devoir, et savent que l’information est la clef du pouvoir. Indira, en particulier, va sortir de la cosse fabriquée par d’autres et apprendre à gouverner en temps de guerre, et par-là même elle devra assumer les aspects les plus sombres de son rôle.

    Au début du roman, le lecteur croit entrer dans un monde imaginaire de Fantasy, sans magie et préindustriel. Pourtant quelques indices montrent rapidement qu’il y eut une technologie dont les engins sont encore exploités : les dracoptères volants utilisent des batteries radiantes dont l’énergie est fournie par les pierres de rouilles, et des objets à la mécanique sophistiquée ont survécu à une mystérieuse Guerre Blanche qui s’est déroulée trois cents ans plus tôt. Ajoutons un énorme indice dès le début du roman, pour qui connaît la bibliographie de l’auteur. Plus on avance dans le récit, plus on devine qu’on est dans un planet-opera. Je me demandais pourquoi Olivier Paquet, auteur de science-fiction, s’aventurait dans la Fantasy : en réalité, il n’est jamais sorti de la science-fiction, mais a repris ici les tropes classiques de la Fantasy (personnages, décors, sociétés) pour les exploiter et les retourner.

    L’univers décrit est riche de complexités politiques et sociales. L’auteur a beaucoup aimé ce monde, tellement aimé qu’il l’expose en détail… trop en détail. C’est une prose belle et littéraire, passionnée par son sujet, se plaisant à émerveiller le lecteur qui parcoure le palais de Giverne et les nombreux passages cachés de la ville de Jirone. Mais Olivier Paquet s’est laissé emporter : les descriptions (décors, sociétés, etc) sont intéressantes mais prennent souvent le pas sur l’histoire et les intrigues, au détriment du rythme. Notamment, le début du roman est une très longue exposition ; on se demande quand va démarrer l’histoire et quels sont les enjeux. Ensuite, le lecteur replonge à plusieurs reprises dans les arcanes de cet univers, dans la beauté de certains bâtiments, dans la complexité des relations entre les personnages, dans leurs souhaits inassouvis, dans les mystères de la politique, et il attend patiemment que le récit avance. Celui-ci accélère peu à peu, la fin est plus mouvementée et se termine de très jolie manière.

    Un bon roman avec une belle plume qui aurait gagné à être plus ramassé.

    #208632
    Liloo75
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    L’Ost céleste, d’Olivier Paquet Première édition : 2024 Dans un monde imaginaire, le passé s’est effacé avec la Guerre Blanche, trois cents ans plus tôt : seuls des tableaux et des textes religieux racontent l’Histoire.

    Olivier Paquet a été interviewé par Lloyd Chéry dans l’émission C’est plus que de la SF. Il y parle de son dernier roman.

    https://www.cestplusquedelasf.com/podcasts/ost-celeste

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #208684
    FeyGirl
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    Le Bracelet de Jade, de Mu Ming

    Genre : Fantastique (novella).

    Première édition : 2024 en VF (宛转环, 2022 en VO).

    Chine, XVIIe siècle, au moment où une guerre entraîne la fin de la dynastie Ming qui sera supplantée par la dynastie mandchoue Qing.

    Chen, encore enfant, est la fille de Qi Youwen, un fonctionnaire impérial lettré. Il l’initie aux mystères de la calligraphie et de la peinture. D’après lui, le secret d’une peinture réside dans les espaces laissés vides, et pas dans ce qui est peint. Il modèle patiemment un jardin qui représenterait le monde, et par-là il cherche à modeler la nature autour de lui.

    Un jour, Chen reçoit un bracelet de jade par un inconnu qui disparaît comme s’il n’avait jamais été là. Ce bracelet est un mystère : évoquant un ruban de Möbius, il est d’une délicatesse incroyable, et son intérieur sculpté révèle des paysages d’une finesse jamais atteinte. Le père devine qu’il a été créé par un artiste reconnu et disparu, qui aurait modelé l’espace, un espace qui s’enroule. Pourrait-on aussi modeler cet espace pour donner des terres cultivables aux paysans affamés par les affres de la guerre ? Car derrière cette nature intemporelle, le monde des hommes est impitoyable.

    Difficile de résumer cette novella, qui est toute empreinte de philosophie chinoise. Dès le début, le lecteur plonge dans une atmosphère onirique et étrange, où la réalité n’est peut-être pas celle que l’on voit, où le sombre et le clair se parlent, où le grand est dans le petit, où règne « le principe du mouvement intérieur et de l’inversion mutuelle ».

    Le dépaysement est garanti, un autre univers s’ouvre à nous : pas seulement la Chine ancienne avec sa civilisation et son environnement, mais aussi celui des possibles, où l’espace et le temps mènent à d’autres perspectives.

    À lire pour l’ambiance si particulière d’un texte qui nous offre une vision empreinte de tradition chinoise, d’amour de la nature et de mélancolie.

    #208693
    Obsidienne
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    Le Bracelet de Jade, de Mu Ming

      Très tentant, merci FeyGirl ! Je suis juste un peu inquiète pour la fin dans un univers si étrange : fin cohérente, qui  » retombe sur ses pieds  » ?

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #208704
    Nymphadora
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    Magic Charly, tome 3 : Justice soit faite ! d’Audrey Alwett

    Une charmante conclusion à la saga Magic Charly. Dans l’ensemble, tout est assez cohérent dans l’univers développé dans les deux premiers tomes, et on continue de suivre avec un grand plaisir Charly, Sapotille, June et toute la petite bande (gros coup de cœur pour Célestin notamment ^^). Et mine de rien, sous couvert d’une aventure magique, on aborde aussi beaucoup de choses importantes (comme le consentement) pour les jeunes lecteurs. Si ça peut paraître un poil forcé au bout d’un moment pour le lecteur adulte, ça reste extrêmement chouette de se dire que les jeunes lecteurs peuvent lire ce genre de choses.

    Je mettrais un bémol concernant l’amourette qui prend à mes yeux trop de place dans l’univers, et j’aurais bien aimé passer plus de temps avec Dame Carasse… Mais dans l’ensemble, je garderai de Magic Charly beaucoup de douceur, de chouettes trouvailles, et une énergie joyeuse. Une super saga jeunesse !

    ~~ Always ~~

    #208709
    FeyGirl
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    Très tentant, merci FeyGirl ! Je suis juste un peu inquiète pour la fin dans un univers si étrange : fin cohérente, qui  » retombe sur ses pieds  » ?

    Il y a une histoire au delà de l’univers présenté, mais aussi une fin qui est cohérente avec l’univers

    #208710
    Obsidienne
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    Très tentant, merci FeyGirl ! Je suis juste un peu inquiète pour la fin dans un univers si étrange : fin cohérente, qui » retombe sur ses pieds » ?

    Il y a une histoire au delà de l’univers présenté, mais aussi une fin qui est cohérente avec l’univers

    Top ! Je vais me laisser tenter; merci, FeyGirl !

    "Vé ! " (Frédéric Mistral, 1830-1914)
    " Ouinshinshoin, ouinshinshishoin " ( Donald Duck, 1934)

    #208762
    FeyGirl
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    Christmas pudding, d’Agatha Christie

    Genre : Policier (Cosy Mystery).

    Première édition : 1962 en VF (The Adventure of the Christmas Pudding, 1960 en VO – The Under Dog1926 en VO – Greenshaw’s Folly, 1956 en VO).

    Ce recueil de nouvelles réunit 3 textes (dans la version que je possède, car des éditions ultérieures en proposent 6).

    Christmas pudding : Hercule Poirot est sollicité par le conseiller d’un prince oriental, qui a imprudemment laissé une amie porter un rubis fabuleux… et elle a disparu avec cette pierre d’importance historique. Pour des raisons fumeuses, il se rend dans un château à l’approche de la fin d’année, afin de retrouver ce rubis au milieu d’une famille et ses jeunes invités qui respectent les traditions anglaises pour Noël. Si on retrouve ici avec plaisir la plume de l’auteure et son talent pour dessiner des caractères ainsi qu’une atmosphère surannée, l’histoire elle-même est alambiquée, y compris la résolution de l’énigme. Hercule Poirot bénéficie trop souvent de circonstances invraisemblables pour trouver la solution. Pas le meilleur policier de l’auteure, loin de là.

    Le retour d’Hercule Poirot : Lady Astwell fait appel aux services d’Hercule Poirot car son mari a été assassiné et le neveu de celui-ci est accusé du meurtre. Elle est convaincue de son innocence et croit fermement que le coupable est le secrétaire. Poirot va enquêter plusieurs jours dans ce microcosme, au milieu de la famille et des employés de la maison. Il obtient certaines informations bien trop aisément (avec de longues confessions et surtout une hypnose qui confine à la facilité scénaristique), et déduit des séquences complètes à part de trop peu d’éléments, ce qui n’est pas convaincant pour le lecteur. Reste la galerie de personnages et l’ambiance si particulière que sait infuser l’auteure dans ses univers.

    Le Policeman vous dit l’heure : quelque part en Angleterre, une demeure fantasque a été construite par M. Greenshaw. Sa petite fille, une vieille dame acidulée, y habite avec ses employées. Elle écrit son testament, et peu de temps après elle est assassinée. Miss Marple va aider les policiers à mener l’enquête. Là encore, elle arrive à trouver toute une séquence longue et complexe à partir de presque rien, et c’est peu convaincant pour le lecteur. Comme la nouvelle précédente, seuls les personnages et l’ambiance surannée sont dignes d’intérêt.

    En conclusion : un recueil avec des mystères dont la résolution est peu travaillée et trop rapide. Peut-être que le format court ne convient pas à l’auteure ? Mais c’est du « Agatha Christie », avec une jolie plume et un talent pour nous faire vivre tout un monde en quelques phrases.

    #208775
    FeyGirl
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    Bifrost n°116 : dossier Catherine Dufour

    Genre : Science-Fiction.

    Première édition : 2024 en VF.

    Chers amis lecteurs,

    Il arrive un moment, en fin, d’année, où vous êtes obligé de lire vos Bifrost en retard. Pourquoi les Bifrost en particulier, alors que par définition toutes vos PAL sont en retard ? Pour participer à l’élection du Prix des lecteurs Bifrost 2024 (des nouvelles parues dans les numéros de l’année), pardi !

    C’est parti pour le dernier numéro de l’année !

    Les Noumènes urbains, de Catherine Dufour : les habitants de la Lune vivent dans des « tubes de lave », où ils ont construit des immeubles de dizaines de mètres de hauteur. Ils n’ont plus aucun contact avec la Terre. Rares sont les incursions à la surface, à cause de la radioactivité. Pourtant, on y découvre les cadavres d’un couple dans leurs scaphandres. Ils sont là depuis l’ère de la colonisation et Kitz va enquêter sur ce crime. Nouvelle sympathique qui se déroule dans le même univers que son roman récemment paru Les Champs de la Lune, mais pas inoubliable.

    La Zone, de Ray Nayler : Nevada, dans un futur indéterminé où beaucoup de métiers ont été remplacés par des machines. Les transports sont automatisés, et seuls quelques humains mal payés surveillent les camions depuis des hangars ou de vieux magasins. Dans cette région abandonnée de tous et crépusculaire, Sal suit les points verts sur son écran, signe que tout va bien. Elle n’aime pas son travail et s’y astreint car il fait vivre les membres de sa famille. Un jour, un point rouge signale un incident… Une nouvelle peu optimiste (notamment sur l’impact social des nouvelles technologies) mais qui esquisse fort bien un univers désespérant et plutôt crédible, alors même que le lecteur le voit par une petite lorgnette. À lire.

    Les nuits du Vertigo, de Mélanie Fazi : de nos jours, Elliot entre dans un cabaret niché entre Montmartre et Pigalle. Il va être happé par l’étrangeté de l’ambiance et des artistes sur scène. « Bienvenue chez les bizarres. Vous allez adorer », lui dit-on. On ne saurait mieux résumer cette nouvelle, et le voyage d’Elliot dans un monde de la nuit où il se trouvera lui-même. À lire pour l’atmosphère insolite et fantastique, et une prose qui sert merveilleusement le propos. À lire.

    La symphonie des horlogers, de Ken Liu : l’auteur nous fait part de ses considérations sur le temps, ou plutôt la mesure du temps. Il accumule les exemples science-fictifs, scientifiques et historiques (futur, présent, passé), souvent sans transition, et le lecteur peine à suivre le fil directeur de sa démonstration, s’il existe. Certains passages sombrent dans un détail peu digeste, et l’ensemble est bourratif. J’ai fini par lire en diagonale, en ayant l’impression d’un étudiant qui relevait une multitude d’exemples épars pour une thèse à venir. Il manque la thèse.

    Et la suite ?

    Les avis des chroniqueurs sur les parutions récentes en SFFF : je lis toujours cette partie avec plaisir, entre les romans « dont tout le monde parle » et les titres inconnus que je découvre, objets de critiques dithyrambiques, nuancées, septiques, ou franchement acides. Allez savoir pourquoi, je retiens les dithyrambiques et les acides.

    Ensuite, vient le dossier « Catherine Dufour », auteure bien connue dans nos contrées. Ses admirateurs y savoureront une interview-fleuve de 30 pages de l’auteure (mazette). Elle parle beaucoup, la dame. Et c’est passionnant : sa vie, ses engagements, ses inspirations, ses rencontres dans le milieu, son écriture. Et traditionnellement, les chroniqueurs du Bélial poursuivent avec une analyse de l’ensemble de son œuvre (presque 20 pages). Bref, si vous aimez l’auteure, ce numéro est un must-have.

    Je n’oublie pas une interview de l’illustrateur Pascal Blanché fort instructive sur son métier et ses perspectives, suivie par un article de vulgarisation scientifique de Roland Lehoucq sur l’ingénierie climatique, qui résume ce qu’il faut savoir sur les projets pour corriger l’effet de serre (au lieu de le réduire).

    Et maintenant, je peux voter (déjà fait à l’heure de la publication de cette chronique, puisque la date limite était ce lundi). Pour les nouvelles étrangères, j’ai choisi Le Chronologue d’Ian R. MacLeod, paru dans le n° 115, car l’univers m’a épaté et le récit en forme de conte est une réussite. Pour les nouvelles francophones, après hésitation, j’ai sélectionné Renaissance de Jean-Marc Ligny, parue dans le n° 113, pour la construction intelligente du récit, ainsi que la réflexion sur le sens d’une société où tout serait délégué aux IA, et son impact sur la psychologie humaine.

    #208793
    Jon
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    The Darkness outside usÇa commence à faire quelques semaines, mais j’ai lu The Darkness Outside Us, de Eliot Schrefer ; de prime abord une romance gay dans un vaisseau spatial, mais un peu plus que ça en fait.
    J’ai beaucoup aimé la première partie, c’est assez dérangeant, une sensation de malaise insidieuse, sans qu’on puisse toujours mettre le doigt sur exactement ce qui la cause. La seconde partie m’a paru un peu plus linéaire et moins impactante, avec quelques détails scénaristiques un peu fragiles, mais c’était quand même une bonne lecture, avec des réflexions intéressantes par exemple sur les notions d’identité et sur « le sens de la vie » !

    The FamiliarEt j’ai aussi lu The Familiar, le dernier livre de Leigh Bardugo dont je parle ici pour la version forum, et ici pour la version Manuscrits de Mestre Aemon 😀

    #209106
    FeyGirl
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    Ma dernière lecture de l’année :

    La sirène, le marchand et la courtisane,
    d’Imogen Hermes Gowar

    Genre : Fantastique.

    Première édition : 2021 en VF (The Marmaid and Mrs Hancock, 2018 en VO).

    Un roman que j’aurais aimé davantage aimer.

    Angleterre, en 1785.

    Mr Hancock est un marchand veuf, âgé de quarante-cinq ans, méprisé par sa sœur aînée alors même qu’il a recueilli la plus jeune fille de celle-ci. Il n’est ni riche ni pauvre et n’a pas de vie sociale depuis le décès de sa femme et de son fils mort-né. Il croit parfois voir son fils auprès de lui, avant de se rappeler que celui-ci n’a jamais vécu. Sa vie s’écoule sans heurts, il n’a pas d’envie notable, et ses journées sont absorbées par les résultats de ses activités commerciales. Un jour, un bateau qu’il avait affrété a disparu. Le capitaine lui annonce par courrier qu’il l’a vendu pour acheter une chose extraordinaire : le cadavre d’un bébé sirène, un vrai !

    Angelica est une courtisane dont le protecteur, un duc, vient de mourir. Elle se retrouve démunie. Cette femme égoïste, superficielle et ambitieuse, compte bien rebondir. Issue des bas-fonds, seule depuis qu’elle a quatorze ans, elle refuse de retourner dans la maison close de Mrs Chappell, son ancienne maquerelle qui la sollicite sans cesse. Or Mrs Chappell loue pour une semaine le cadavre du bébé sirène appartenant à Mr Hancock : la maquerelle va organiser des soirées où seuls ses clients privilégiés seront admis, et elle compte bien gagner beaucoup d’argent à cette occasion.

    Autant le dire tout de suite : cette histoire est parfois présentée comme un roman fantastique, alors qu’on est dans un roman historique avec une très faible part de fantastique. La sirène est un prétexte aux actions des personnages, et dans une moindre mesure l’allégorie de l’attrait de ce qu’on n’a pas, qu’on imagine forcément désirable et qui empêche de vivre pleinement le présent.

    On est plutôt dans une comédie de mœurs fort bien troussée, et il vaut mieux le prendre comme tel.

    Les deux protagonistes, le marchand et la courtisane, vont avoir une relation étrange qui va les révéler. Mr Hancock est naïf sur les « choses de la vie » alors même qu’il est un marchand habitué aux négociations. La perte de sa femme et de son fils mort-né a forgé son destin, il n’a plus de souhait ni de passion même s’il reste aimable. Homme simple aux goûts simples, il n’est pas préparé aux événements qui vont arriver, ni à côtoyer la « société » : le lecteur ne peut qu’avoir de l’empathie pour lui.

    Quant à Angelica, dont le portrait au début du roman est acide, elle va affronter avec panache des épreuves avant de se dévoiler. Avec ce personnage, l’auteure appuie sur la cruauté de la société de l’époque : les filles sans argent ni avenir sont contraintes à la prostitution pour survivre. Même si les hommes en profitent tout en les méprisant, les maisons closes sont des huis clos de femmes qui s’avèrent diaboliques. Les maquerelles sont sans pitié envers les jeunes recrues encore naïves, et elles leur mentent sans vergogne sur la réalité de leur situation.

    Le sel de cette histoire réside beaucoup dans la plume qui possède la verve de certains romans historiques aux personnages très caractérisés, tels ceux de Jane Austen, à ceci près que Jane Austen n’aurait jamais mis en scène de prostituées.

    J’ai aimé les personnages très croustillants et notamment les deux protagonistes qui ont une belle évolution. Je regrette toutefois que l’aspect fantastique n’ait pas été exploité. Il ne sert que de faire-valoir à l’intrigue (au demeurant qui prend son temps), et la sirène pourrait être remplacée par quelque chose d’existant dans le monde réel sans que ça change grand-chose (signe que le « fantastique » est mal utilisé). Même la dernière partie, qui se veut un peu plus « fantastique », pourrait convaincre sans cet élément fantastique.

    On est dans un entre-deux, un roman historique qui lorgne le fantastique sans y réussir tout à fait. À lire pour la prose élégante et les personnages touchants.

    #209215
    FeyGirl
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    Ross Poldark (Poldark, tome 1), de Winston Graham

    Genre : Historique.

    Première édition : 1945 en VO.

    J’ai eu envie de lire cette saga après avoir visionné la série Poldark. Si l’adaptation télévisée couvre les années 1783-1800 et les aventures d’une génération, la saga littéraire prolonge jusqu’en 1820 et nous raconte le destin de la génération suivante. Seconde remarque : la VF (en livres) ne concerne que la première génération (à peu près comme la série télévisée).

    Pour ce premier tome, j’ai voulu lire en même temps la VO et la VF, car l’anglais est un peu littéraire et la traduction aurait été bienvenue. Eh beh, gros coup de gueule sur la VF : elle a sabré plus de la moitié de la VO ! Des scènes entières ont disparu, d’autres sont tronquées, et des paragraphes par-ci par-là ont été coupés. Un scandale. Ce caviardage efface toute la richesse du récit et des descriptions, et elle supprime des pensées des personnages. Or, l’histoire est en partie « psychologique » : pour vous donner une idée, l’auteur est connu pour le roman Pas de printemps pour Marnie, qui n’a aucun sens sans la psychologie de l’héroïne. Bref, les romans de Poldark sont à lire en VO et surtout pas en VF.

    C’est une saga familiale historique, avec son lot de tragédies, de bonheurs, d’amours contrariés et de drames en tout genre. Elle se distingue grâce à son cadre documenté : la Cornouailles de la fin du XVIIIe siècle avec une terre peu fertile, des mines d’étain ou de cuivre où le travail est harassant, et des classes sociales marquées. La multitude de personnages ajoute un fort intérêt à l’histoire, l’auteur ayant approfondi leurs psychologies (bis repetita).

    Le premier tome couvre les années 1783 – 1787 et se déroule en Cornouailles, dans cette terre du bout de l’Angleterre, très dépendante du travail de la terre et de la mer. Ross Poldark revient chez lui, après quelques années en tant que soldat anglais lors de la guerre d’indépendance américaine. Son père Joshua, qui vient de mourir, était le second fils d’un propriétaire terrien, et avait donc hérité d’une fortune et de terres beaucoup moins importantes que son frère aîné Charles, l’oncle de Ross. Ross retrouve une maison mal entretenue, un petit domaine et une mine presque à l’abandon. Pire, Elisabeth, la jeune fille qu’il devait épouser, va se marier avec son cousin Francis, le fils de Charles qui a reçu une plus grosse part de l’héritage (je vous l’ai dit : pas de saga familiale sans amour contrarié). En résumé : Francis a la fortune et la femme, Ross est seul dans un manoir décrépi. Pour oublier, Ross s’enfonce dans le travail, répare sa maison et s’acharne à exploiter la terre avec deux vieux serviteurs qui sont restés là. De plus, il étudie les plans de la mine quasi abandonnée dont il a hérité, alors que Francis gère une mine rentable.

    Un jour, Ross (qui a 23 ans au moment des faits) sauve et recueille une fille de 13 ans qui était maltraitée par son père. Rassurez-vous, rien ne se passera pendant des années ! Ou plutôt, si : Ross est un maître juste mais exigeant. Demelza apprendra peu à peu le travail pour tenir une ferme et les champs, auprès des autres serviteurs, mais sa personnalité solaire lui permettra, insensiblement, de prendre une place de plus en plus importante. Tandis que les gens chuchotent des ragots à son sujet (une jeune fille seule chez un petit propriétaire terrien ?), elle a honte de ses origines sociales, alors que Ross n’en a que faire (Ross, malgré son manque crucial d’argent, appartient à la gentry britannique, et il a le droit au nom de gentleman). Le sentiment d’infériorité de Demelza la poursuivra longtemps.

    Ross est un personnage complexe et attachant : né dans la gentry, il accorde peu d’importances aux préjugés de sa classe envers les plus pauvres, d’autant plus qu’il est lui-même contraint de travailler dur pour faire fructifier sa terre et sa mine. Les relations compliquées qu’il a avec son ancien amour Elisabeth, son cousin Francis et Demelza sont passionnantes à suivre. Le lent flétrissement du couple Elisabeth/Francis est très bien exposé, parallèle à la chute de Francis qui s’enfonce insensiblement dans les dettes de jeu.

    En parallèle, le roman offre une galerie impressionnante de personnages et beaucoup d’autres intrigues : les mineurs, les aristocrates appauvris, les banquiers qui sont les nouveaux riches de l’histoire, et j’en passe. L’auteur rend vivante cette société disparue, où les classes sociales étaient infranchissables. Il décrit sans fard la pauvreté avec des familles impuissantes à nourrir leurs enfants, la maladie qui frappait ceux qui étaient dénutris, et la cruauté d’une partie de l’aristocratie envers les pauvres qu’ils méprisent. Il esquisse la fin des mines de Cornouailles, prises en étau entre les banques et les sociétés de fonderies qui entraînent dans la misère de familles entières. Les trames secondaires sont riches de relations complexes entre les personnages dont l’évolution est convaincante et traitée avec sensibilité. Les éléments historiques solides et instructifs ajoutent à l’intérêt du roman.

    Un très bon premier tome.

    #209227
    Jon
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    Paresse pour tousParesse pour tous, de Hadrien Klent. Une réflexion / fiction autour de la candidature, en 2022, d’un prix Nobel d’économie défendant le fait de ne travailler que 3h par jour, soit la semaine de 15h – et tous les concepts qui en découlent : décroissance, temps libre, vie plus saine, etc. On va suivre, globalement, sa « campagne », de sa prise de décision de se présenter jusqu’au premier tour de l’élection.
    L’écriture est agréable, les thématiques et réflexions, évidemment, intéressantes ; on pourrait reprocher un poil d’idéalisme et de « comme par hasard tous ces gens sont super », mais c’est le principe de la fiction et ça ne m’a pas dérangé :p
    On est complètement dans un rêve de gaucho, j’ai trouvé ça à la fois très intéressant, et à la fois un poil blasant/déprimant par moments : pourquoi cela n’est-il qu’une fiction ? 😢 Mais bon, on peut toujours garder espoir ^^’

    Et ils meurent tous les deux à la finEt ils meurent tous les deux à la fin, de Adam Silvera.
    Je suis un peu mitigé sur ce livre. Le concept est intéressant (chaque jour, entre minuit et ~2h du matin, toutes les personnes qui vont mourir ce jour là reçoivent un appel pour les prévenir. Elles ne savent pas comment elles mourront, ni à quelle heure, mais c’est inévitable. Et on va suivre deux ados (17 et 18 ans), du moment où ils reçoivent l’appel à…leur mort, forcément.), mais l’exécution n’est pas complètement convaincante. Je trouve qu’il reste beaucoup de zones d’ombre ou d’incohérences sur le fonctionnement d’une telle société (même s’il y a aussi certains apports bien trouvés, des applications et des lieux dédiés à celles et ceux qui vivent leur dernière journée).
    Quand aux personnages… J’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à eux, surtout au début, or tout le livre repose un peu sur eux ^^’ Heureusement, ça allait mieux sur la fin, ils finissent pas devenir choupis, ce qui m’a permis de terminer le livre, mais toute la première moitié environ fut assez compliquée et longue pour moi – d’autant plus que j’ai trouvé le style assez simple et plat…
    Bref, pas vraiment convaincu, même si je finis plutôt sur une note positive :/

    #209293
    FeyGirl
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    La Brume l’emportera, de Stéphane Arnier

    Genre : Fantasy.

    Première édition : 2024.

    Un joli roman au titre si bien trouvé !

    Dans un monde imaginaire, la brume recouvre peu à peu le monde et dissout les êtres vivants, hommes et animaux, depuis huit ans.

    Keb est un vieux berger du peuple Dak, des humains petits et noirs de peau vivant dans les montagnes. Il fuit la brume en s’échappant vers les hauteurs. Il a failli être dissous par la brume et il se rend compte qu’il peut remonter le temps pendant un court instant, précisément huit ans plus tôt, au moment de la guerre contre les Ta’maaza et avant que la brume n’apparaisse sur les océans. Il atteint une citadelle qui ouvre l’accès à un chemin vers d’autres montagnes, plus élevées. Il s’y retrouve confronté à Mara, du peuple ennemi Ta’maaza venu des archipels. Grande, forte et à la peau cuivrée comme tous les siens, elle sort Keb d’une mauvaise passe. Ils vont être des compagnons de fortune lors d’un long voyage vers les origines de la brume. Mais qu’est-ce que cette brume ? Va-t-elle s’arrêter un jour ?

    Keb est le narrateur. Vieil homme qui ne manque pas de saveur, il a perdu sa femme enceinte, dissoute dans la brume. Il pense souvent à elle, comme si elle était encore près de lui. L’un des attraits de ce roman est la voix mi-ironique mi-familière et parfois touchante de Keb, le berger pris dans un périple qui le dépasse et obligé de côtoyer Mara du peuple Ta’maaza. Mara, quant à elle, est une guerrière qui a vécu et a conscience de ses responsabilités. C’est le récit d’un duo improbable, où chacun explore le monde pour le sauver et se sauver lui-même.

    Keb découvrira des contrées lointaines, lui qui ne s’était jamais éloigné de la terre de ses parents. Très vite, il sera pris dans un dilemme éthique tout au long du roman (que je ne détaille pas pour ne pas divulgâcher), dilemme porté par un désir déraisonnable et à l’opposé des objectifs de Mara.

    Le système de magie est à la fois simple et efficace : des fileurs, comme Mara, peuvent s’attacher avec des liens invisibles aux objets ou aux êtres vivants. D’autres personnes peuvent revenir dans le passé à une époque déterminée, comme Keb, sans qu’il comprenne pourquoi. Jusqu’à ce que Mara lui apprenne que la brume est le souvenir du passé. Tous ces éléments vont très bien se marier par la suite.

    Le récit aurait pu être plus condensé pour davantage de dynamisme : en effet, j’ai aimé l’histoire, j’ai aimé Keb et Mara, j’ai aimé la plume ; pourtant je l’ai lu lentement alors qu’il ne manque pas de péripéties et d’actions.

    Ajoutons que la fin est parfaite !

    Un roman qui mérite d’être découvert.

    #209401
    FeyGirl
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    La Branche Romine (Les Chemins de Ji, tome 1), de Pierre Grimbert

    Genre : Fantasy.

    Première édition : 2025.

    Dans un monde imaginaire de type médiéval, des personnes qui ne se connaissaient pas vont affronter de multiples antagonistes et partir à la recherche d’un secret sur l’île de Ji.

    Bessaris, notaire d’une cinquantaine d’années de la ville marchande de Lorelia, reçoit la visite de Liorenim, un client de longue date. Il lui demandait régulièrement des recherches généalogiques sur les descendants d’une expédition sur l’île de Ji, et cette fois-ci il souhaite retrouver l’héritière de l’île. Le soir même, l’auberge où loge Liorenim est attaquée et incendiée. Le jeune Tristan, qui venait d’ouvrir l’auberge, est catastrophé et accuse Juline, une jeune membre de la Guilde, la mafia locale qui rackette les commerçants. Tristan rencontre la notaire Bessaris et se met en colère : c’est sa mère, qui a abandonné son fils et son mari huit ans plus tôt. Mais Bessaris cache un secret. Quant à Juline, elle a été recueillie enfant par un des malfrats de la Guilde, et elle ne se rend pas compte qu’elle est asservie par ceux qu’elle croit être sa seconde famille.

    Ces quatre protagonistes vont être contraints de s’unir, malgré les méfiances réciproques, car ils sont pourchassés par plusieurs ennemis : des brigands, des sorciers, et des fidèles d’une secte d’assassins. Liorenim a un espoir, et pour le réaliser il doit se rendre sur l’île de Ji. Nos quatre compères vont se lancer dans ce voyage, tout en combattant leurs poursuivants qui ne manquent pas de ressources.

    C’est le premier roman de Pierre Grimbert que je lis, et ce fut plaisant. On entre dans un univers de high fantasy classique et vivant, avec ce qu’il faut de mystères à résoudre et de magie. Les gentils affrontent plusieurs clans de méchants aux objectifs opposés, les protagonistes sont très caractérisés et l’intrigue mouvementée. J’ajoute que la plume est fluide et agréable, et le rythme trépidant.

    Même si ce roman ne manque pas de dangers et de combats, l’ambiance est légère : on est ici à l’opposé de la dark fantasy sale et pessimiste. Au contraire, l’histoire convient aux adolescents et aux adultes en quête d’un moment d’évasion et d’aventure, sans prise de tête.

    Idéal pour la détente !

    #209479
    Nymphadora
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    Excaliber, tome 2 : La guerre des couronnes, de Gabriel Katz

    J’avais déjà beaucoup apprécié le premier tome, et ce deuxième et dernier tome confirme la qualité de l’ensemble.

    On est ici dans une revisite de la geste arthurienne cynique, ancrée dans un univers réaliste, où l’on voit des chevaliers violents, des dirigeants arrivistes et calculateurs, parfois très incompétents. On reprend les éléments arthurien, pour les mettre en perspective dans un cadre « crédible » (loin des magiciens et des épées magiques), et le lecteur arrive très bien à projeter le réel sous la légende et la façon dont l’Histoire pourrait, de ce point « réaliste », donner naissance à une légende de chevaliers blancs et de quêtes mythiques. Une façon très intéressante d’aborder la légende !

    L’écriture est très fluide, imagée et efficace. Je ne suis pas convaincue que découper l’intrigue en deux tomes était particulièrement nécessaire, l’histoire se serait très bien tenue en un seul tome, et heureusement que j’ai lu les deux tomes sans trop attendre parce que sinon j’aurais tout oublié.

    Mais en tout cas, l’ensemble se tient très bien, se termine de façon très satisfaisante, l’aventure est très agréable à suivre. Une réussite donc !

    ~~ Always ~~

    #209538
    FeyGirl
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    Mascarade silésienne (Honor Harrington, Tome 6), de David Weber

    Genre : Science-Fiction.

    Première édition : 2003 en VF (Honor among Enemies, 1996 en VO).

    Quel plaisir de retrouver Honor Harrington !

    En prime, Honor va lutter contre les pirates de l’espace. Beau programme.

    Depuis trois ans, Honor développe son domaine sur la planète Grayson et aide le gouverneur Benjamin à moderniser la société graysonnienne, pour le plus grand bonheur des femmes de Grayson. Elle est soudainement rappelée dans les Forces Spatiales de Manticore, son État multistellaire d’origine.

    La guerre fait rage entre le Royaume de Manticore et la République du Havre, mais cette femme officier talentueuse n’est pas affectée au théâtre d’opérations. Près de ces deux méga-États est située la Confédération de Silésie, un ensemble de systèmes planétaires indispensable à la prospérité du commerce mais dont le gouvernement central est faible. Manticore dépend en partie du commerce et a plus que jamais besoin des taxes prélevées sur les bénéfices pour financer la guerre contre Havre (pareil pour Havre). Problème : justement parce que le gouvernement de Silésie est faible, des pirates labourent l’espace et s’emparent des cargaisons si ce n’est des vaisseaux eux-mêmes avec leur équipage. Manticore et Havre sont contraints d’affecter des vaisseaux armés à l’escorte des navires marchands. Mais les flottes militaires des deux belligérants ont des besoins croissants avec la guerre et accaparent les ressources en hommes et en matériel, les escortes en Silésie deviennent insuffisantes, et le danger n’est plus supportable pour la navigation civile qui menace de s’arrêter.

    Honor est chargée de commander quatre navires-Q, des cargos reconfigurés pour cacher de l’armement lourd et surprendre les pirates. Ces navires-Q sont nouveaux pour Manticore : charge à Honor de mettre au point de nouvelles tactiques gagnantes. Ce commandement apparaît comme une sous-utilisation de Honor, puisqu’il s’agit de seulement quatre vaisseaux dont le recrutement des équipages est difficile (tous les bons éléments sont déjà affectés à la guerre). En réalité, il permet à la Flotte manticorienne de réintégrer en douceur un de ses meilleurs officiers, après le ramdam des précédents tomes où elle s’est fait de solides inimitiés (dont certaines ont suggéré Honor comme responsable des opérations en Silésie, en espérant qu’elle soit tuée par les redoutables pirates).

    Si vous connaissez un peu la saga, vous savez déjà que Manticore est calquée sur l’Angleterre du début du XIXe siècle, que Havre est un mélange de la France Révolutionnaire et de l’URSS, et que les batailles spatiales sont inspirées des batailles navales, avec des stratégies qui évoluent en même temps que la technologie. Dans ce tome, nous partons (presque) pour les Caraïbes infestées de pirates. Ceux de David Weber sont très loin de l’image romanesque qu’on peut avoir : ils pillent, ils violent, ils tuent.

    David Weber est encore un auteur formidable. Pour commencer, il excelle à poser des situations politiques complexes. La Confédération est le terrain de jeu des pirates qui corrompent les gouverneurs locaux, et des grandes puissances ennemies qui aimeraient à terme s’emparer de la région (Manticore, Havre, et un troisième acteur qu’on découvre ici : l’Empire andermien). Tout le monde se surveille et se combat au détriment des habitants. Au sein de chaque faction, le tableau est très nuancé : nous rencontrons beaucoup de personnages qui ont des caractères divers et parfois à l’opposé des convictions de leurs chefs. L’équipage même du vaisseau d’Honor est une microsociété réglementée par la vie militaire, avec une majorité d’éléments loyaux et reconnaissants, et quelques pommes pourries.

    Le roman retrouve quelques teintes hard-SF, avec la description de la technologie embarquée et des voyages spatiaux (possibles grâce à des trous de vers et des ondes gravitationnelles, surfées avec des voiles Warshawski). David Weber est l’un des rares auteurs à réussir à me rendre captivants le fonctionnement d’un vaisseau spatial et les difficultés à réparer les avaries consécutives aux combats. De plus, les batailles sont virtuoses ; les différences de technologies et de stratégies font la différence malgré l’infériorité numérique.

    Pour terminer, les personnages sont passionnants, en premier lieu Honor Harrington. Femme officier de talent (je l’ai déjà dit), militaire dévouée à sa patrie et attachée à ses hommes et femmes, elle est dotée d’un fort sentiment de justice tout en respectant les règles. Enfin, presque. Ses capacités exceptionnelles de stratège font souvent la différence. Tous ceux qui l’entourent sont attachants (en premier lieu son chat sylvestre Nimitz, qui capte les émotions des interlocuteurs d’Honor, avantage indéniable pour notre héroïne qui sait donc ce que ressentent réellement ceux s’adressent à elle). Mais les combats emportent les soldats. La mort peut survenir à tout instant.

    Ce tome, très dense, riche de surprises, se dévore.

    Vive la suite !

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