La série nous a enfin, enfin, ENFIN … livré la confrontation que les fans brûlaient de voir : le fameux « Cleganebowl », l’affrontement entre les deux frères ennemis, Sandor et Gregor, de la maison Clegane. Depuis la publication du tout premier tome de la saga, théories et espoirs ont enflammé les fans autour d’un affrontement entre ces deux personnages, que tout oppose et qui semblent se vouer une haine inextinguible. Maintes fois annoncée, cette lutte cathartique a finalement eu lieu, aboutissant évidemment à la mort des deux Clegane, là où leur haine réciproque s’était allumée : dans un brasier.
Pour les spectateurs, le personnage de Gregor Clegane reste assez mystérieux, car il a été peu développé dans la série. Géant mutique et ultra-violent, il ressemble surtout à une machine à tuer dont les Lannister se serviraient à leur gré pour terrifier leurs ennemis. Dans les livres en revanche, le personnage jouit d’une aura beaucoup plus inquiétante : chacune de ses évocations est liée à l’horreur et à la monstruosité. Gregor Clegane n’a rien à envier à Ramsay Bolton Snow ou à Joffrey Lannister Baratheon … car il est lui-aussi l’incarnation du mal : infâme, sadique, pervers … inhumain.
Âmes sensible, détournez-vous ! La geste de ser Gregor Clegane, dit « la Montagne », est sur le point de débuter.
↑Grandeur et décadence
Gregor Clegane aurait pu être le meilleur chevalier des Sept Couronnes. Il a été adoubé à seize ou dix-sept ans seulement, par le prince héritier, Rhaegar Targaryen. Il mesure huit pieds de haut (soit environs 2 mètres 40), et est le personnage humain le plus grand de cet univers. Il pèse environ 180 kilos de muscles, qui lui permettent de garder sa mobilité dans une pesante armure que nul autre ne pourrait même porter. Il n’a besoin que d’une main pour manier une lourde épée à deux mains. D’après Bronn, s’il n’est pas rapide, il est plus vif qu’on pourrait s’y attendre, et il compense cette relative lenteur par une force et une endurance hors du commun. Il a une allonge incroyable et ne semble pas sentir les coups. En tournoi, il se distingue par sa férocité et sa force. Même Jaime Lannister reconnaît que Gregor Clegane fait partie de la poignée d’hommes qui le surclassent en force brute, même si lui se croit plus rapide et adroit. Solitaire, il ne quitte ses terres que pour participer à la guerre ou aux tournois. On ignore s’il a déjà remporté des joutes, mais il s’est hissé dans le dernier carré du tournoi de la Main.
Seulement… seulement Gregor Clegane est un homme altéré de sang. D’abord nous n’apprenons que de vagues rumeurs à son sujet, venant d’un Eddard Stark mal informé. (Ce qu’il nous dit n’est pas sans rappeler le conte de Barbe Bleue) :
Ser Gregor allait incessamment se marier pour la troisième fois, et de sombres rumeurs circulaient quant à la mort de ses deux premières épouses. On murmurait que sa sinistre forteresse était le théâtre d’inexplicables disparitions, que les chiens eux-mêmes répugnaient à y pénétrer. Et que penser de la sœur morte toute jeune dans des circonstances pour le moins bizarres ? du feu qui avait défiguré le frère ? de la partie de chasse au cours de laquelle avait péri le père, accidentellement… ? Comment s’expliquer que le jour même où Gregor héritait du donjon, de l’or et des domaines familiaux, le même jour, Sandor entrait comme mercenaire au service des Lannister et, de ce jour, s’il fallait en croire les mauvaises langues, n’avait plus jamais, fût-ce pour une banale visite, remis les pieds dans sa maison natale ?
Et en tournoi, le chevalier adopte une attitude moins honorable que franchement sadique : voyant le gorgeret de ser Hugh du Val mal fixé, il place sa lance de sorte à frapper le jeune homme au cou, ce qui le tue net. Et d’après son frère Sandor Clegane, Gregor l’a fait exprès : sa lance frappe toujours là où il le décide. Si Eddard pense que Gregor a agi en banneret des Lannister pour éliminer un témoin gênant, Sandor semble, lui, laisser entendre que son frère a simplement agi par passion du sang.
Quant à la guerre, elle lui sert essentiellement à justifier ses actes de sauvagerie : Gregor prend visiblement plaisir à combattre et à torturer des gens. La poursuite de fuyards désarmés se transforme en chasse à l’homme, qui semble beaucoup réjouir ses séides. Il s’est également taillé la réputation de trancher ses victimes nettes, en deux, ce qui rappelle le sort que son frère, Sandor Clegane, inflige au pauvre Mycah, le fils du boucher, dans AGOT. Il doit s’agir d’une spécialité de la maison Clegane. Gregor n’hésite pas non plus à torturer de pauvres gens, et semble même s’en délecter : il assiste à tous les interrogatoires jusqu’à la mort des victimes, et même lorsqu’il promet d’épargner quelqu’un, cette personne n’est pas assurée de ne pas être torturée le lendemain.
Pour lui, peu importent le statut social ou la richesse de ses victimes. Il n’hésite pas à malmener ses prisonniers, même s’ils valent une bonne rançon : ainsi, lorsqu’il prend Darry-le-Château, il exécute toute la garnison et le jeune maître des lieux, qui n’est encore qu’un enfant (on en reparlera). Quand il s’empare de Harrenhal et capture le traître Varshé Hèvre, il l’ampute de ses membres et les donne à manger aux prisonniers (dont Wylis Manderly, héritier de la maison Manderly) et à Varshé Hèvre lui-même. Le sort réservé au reste de la population d’Harrenhal ne vaut pas beaucoup mieux : tous les occupants sont passés au fil de l’épée sauf trois. Mais leur sort n’est guère plus enviable, surtout dans le cas de Pia : elle est forcée de coucher avec les hommes de ser Gregor Clegane et un jour, Gregor lui envoie un coup de poing ganté de maille, qui ravage son nez et casse ses dents… Tel qu’il nous est rapporté, le motif de Gregor est des plus futiles : Pia aurait parlé près de lui, alors qu’il voulait qu’on se taise.
Mais n’allez pas croire que Gregor attende la guerre pour commettre des infamies : même en temps de paix, il profite de son statut de chevalier pour commettre les pires crimes. Ainsi, après le tournoi de la Main et avant le début des hostilités de la guerre des Cinq Rois, Gregor et sa troupe se trouvent dans une auberge. Son écuyer et ses hommes d’armes agressent la fille de l’aubergiste et, quand son père s’en plaint à ser Gregor, celui-ci réagit d’une manière tellement ignoble que je préfère ne pas le raconter moi-même… et laisser plutôt la parole à Chiswyck, un membre de sa bande (et future victime du « fantôme d’Harrenhal ») :
« Ser Gregor, nos petites blagues, il avait rien vu, mais, du coup, v’là qu’y regarde, comme vous savez qu’y fait, et y commande qu’on y amène la fille. Main’nant, le vieux, y faut qu’y la traîne de la cuisine, et y peut s’en prendre qu’à lui. Ser vous la toise, et y dit : « Alors, c’est ça, la putain pour qui tu te tracasses tellement ? », et ce vieux abruti de fou qui dit : « Ma Layna n’est pas une putain, ser », là, sous le nez de Gregor ! Ser, y bronche pas, juste y dit : « Maintenant, si », y jette au vieux un autre écu d’argent, vous trousse la fille et hop ! vous la prend, là, sur la table, devant son pa’, sautant et ballant comme un lapin, ’vec tous les couinements. La gueule qu’y tirait, le vieux ! je rigolais tellement que ma bière me sortait du nez ! Ça attire alors le garçon, ce boucan, le fils, j’imagine, y se précipite du cellier, que Raff est obligé d’y foutre un poignard dans le ventre. Quand Ser a fini, y retourne boire, et on a not’ tour. Vu ses goûts, vous savez, Tobbot la retourne et enfile le mauvais chemin. Quand j’ l’ai eue, la fille se débattait plus, elle y avait p’t-être pris goût, après tout, quoique franchement j’aurais pas détesté qu’elle gigote un peu. Mais c’est pas le meilleur, tout ça… Quand la chose est faite, Ser dit au vieux : « Ma monnaie. La fille vaut pas un écu », qu’y dit…, et, malédiction s’il a pas, le vioque, rendu sa poignée de liards en disant : « Pardonnez, m’sire » et « Merci pour votre pratique » ! »
Toute cette monstruosité a fait dire à GRRM que Gregor n’aurait jamais de chapitre Point de Vue dans la saga, car il n’y a rien de bon à aller chercher en lui. Contrairement à de nombreux autres personnages, plus travaillés et nuancés, Gregor est assez unidimensionnel, faisant de lui quelque chose qui s’approche d’une simple incarnation du mal absolu (cf. Conestoga (Tulsa, OK; July 15-17)).
Ce n’est donc pas par lui-même qu’il est intéressant, mais pour les problématiques qui vont lui être associées et qui vont dès lors se rattacher à des personnages plus complexes et plus intéressants.
↑Chevalier et frères ennemis
Le personnage de Gregor sert d’abord énormément à construire celui de Sandor.
À travers les frères Clegane, GRRM nous invite à une réflexion sur la monstruosité : Sandor a un aspect monstrueux, depuis que son frère a carbonisé la moitié de son visage quand il avait cinq ou six ans. Pourtant, au fond de lui-même, Sandor a hérité de valeurs assez chevaleresques, qu’il croit devoir dissimuler derrière un masque de cynisme et de sarcasme. Son expérience de la vie lui fait croire que les monstres et les hypocrites gagnent toujours et qu’il faut en devenir un pour survivre. Gregor est tout l’inverse : il se sert de sa qualité de chevalier pour donner libre cours à ses monstruosités.
C’est justement parce qu’il sait que « chevalier » est un titre vide, porté par des êtres ignobles qui ne le méritent pas, que Sandor refuse de devenir chevalier :
« Épargne-moi tes petits compliments creux, fillette… et tes ser. Je ne suis pas chevalier. Les chevaliers et leurs serments, moi, je crache dessus. Mon frère est chevalier, lui.
Lorsqu’il révèle à Sansa Stark l’histoire de son visage, le Limier associe les onguents qu’on lui a donné pour cicatriser à l’onction qu’a reçu Gregor en tant que chevalier. Pour lui, les deux histoires sont intimement liées et il rejette autant les chevaliers que son frère, comme il le fait comprendre lorsqu’il se retrouve devant la Fraternité sans Bannière :
« Se pourrait que vous êtes chevaliers, après tout. Vous mentez comme des chevaliers, peut-être bien que vous assassinez comme des chevaliers. […] Un chevalier n’est qu’une épée montée. Le reste, tout le reste, les vœux et les huiles sacrées et les faveurs de dames, rien d’autre que de la soie pour enrubanner cette épée. Il se peut que l’épée soit plus jolie sous ces papillotes, mais ça ne l’empêche pas de vous étendre raide mort. Pouvez vous les foutre, vos rubans, je dis, et vous les fourrer dans le cul, vos épées. Je suis pareil que vous. La seule différence est que je ne mens pas sur ce que je suis. Alors, tuez-moi, mais ne me traitez pas d’assassin, là, quand vous ne faites que vous dire les uns aux autres que votre merde ne pue pas. Pigé, ce coup-ci ?»
Pour Sandor, les chevaliers ne valent guère mieux que les assassins ordinaires. Dans une société où le statut de chevalier est prisé, où les chansons et les contes vantent exploits guerriers et chevaliers héroïques, le rejet des chevaliers et de ce qu’ils incarnent détonne. Pourtant, si Sandor Clegane rejette le statut de chevalier, il semble avoir acquis malgré tout un fond chevaleresque, même envers son frère qu’il déteste et qu’il ne rêve que de tuer…
Un début de Cleganebowl a été amorcé dans la première intégrale, lorsque Gregor, furieux d’avoir perdu la joute, se jette sur Loras Tyrell pour le tuer. Sandor intervient immédiatement pour s’opposer à son frère. Et bien que son seul rêve avoué soit de tuer son frère, ce combat singulier laisse entrevoir la noblesse de Sandor Clegane :
À trois reprises, Ned surprit ser Gregor à viser férocement le heaume à museau de chien, alors que, pas une seule fois, Sandor ne tenta d’atteindre la tête découverte de son aîné.
C’est également à travers ses relations ambiguës et complexes avec les deux sœurs Stark qu’on pourra découvrir chez Sandor Clegane des attitudes chevaleresques. Il est dès lors intéressant de noter que l’une comme l’autre ont un lien avec Gregor Clegane. Il apparaît très tôt dans la liste des gens qu’Arya veut tuer. Quant à Sansa, elle est celle qui recueille le récit du Limier sur la brûlure de son visage, et qui dès lors, renie la qualité de « vrai chevalier » à Gregor Clegane.
« Il n’est pas un vrai chevalier », murmura [Sansa Stark].
Le Limier rejeta sa tête en arrière et poussa un rugissement. D’un bond, Sansa s’écarta de lui, mais il lui attrapa le bras. « Non, petit oiseau, non, grogna-t-il à son adresse, il n’est pas un vrai chevalier. »
Pour approfondir un peu plus la relation entre Sansa et Sandor, nous vous renvoyons à l’article « Le souvenir d’un baiser », par Nymphadora.
↑Vassal et raisons politiques
Le personnage de Gregor permet également de construire ceux des Lannister, en particulier Tywin.
Gregor Clegane est un chevalier fieffé des terres de l’Ouest, sous la suzeraineté des Lannister. Sa maison est récente, comme nous l’apprend Sandor Clegane lui-même. Son grand-père était le maître du chenil de Castral Roc. Pour avoir défendu lord Tytos Lannister contre une lionne, il se vit récompenser avec des terres et un manoir. Son fils devint écuyer au Roc. Modeste maison de chevalier fieffé, les Clegane ne s’illustrent ni par la richesse de leurs terres, ni par la puissance de leur forteresse, ni par la taille de leur armée…
Pourtant, au cours de la saga, lord Tywin Lannister prend le parti de protéger Gregor Clegane de ses ennemis, alors même qu’il éprouve à son encontre des sentiments ambigus :
– Un type qui ne voit rien n’a que faire de ses yeux, gronda la Montagne. Arrachez-les-lui et donnez-les au suivant en l’avertissant qu’avec un peu de chance quatre vaudront mieux que deux… mais que, dans le cas contraire, son successeur en aura six. »
Lord Tywin daigna tourner sa noble tête pour scruter ser Gregor et, dans ses prunelles où jouait à présent la lumière, Tyrion vit pétiller de l’or, mais sans parvenir à déterminer si c’était répugnance ou assentiment.
Depuis le sac de Port-Réal, Gregor a fait partie de toutes les guerres de lord Tywin, qui lui offre systématiquement une place de choix dans son armée. S’il ne s’est pas particulièrement illustré contre les Greyjoy, il est en revanche plus actif au cours de la guerre des Cinq Rois. On apprend grâce à Jaime et à Tyrion pourquoi lord Tywin trouve Gregor Clegane si utile.
Jaime n’avait pas plus cure d’une telle engeance que d’un Gregor Clegane ou d’un Amory Lorch. Sous la dénomination globale de chiens, c’est en chiens que Père les utilisait pour traquer ses proies et les terroriser.
Gregor est utile à lord Tywin, indépendamment de son appréciation personnelle de l’homme, car rien ne semble passionner la Montagne plus que la mort et la violence. Les crimes abominables que Gregor est capable de commettre en temps de guerre sont autant d’horreurs qui valent à la maison Lannister d’être crainte… Seulement, un de ses crimes va revenir hanter les Lannister, encore des années plus tard : le meurtre d’Elia Martell de Dorne et de ses enfants. Alors que les Lannister trahissait le Roi Fou Aerys II et mettaient à sac la ville, l’épouse et les enfants du prince héritier Rhaegar Targaryen étaient tués au cours de l’assaut mené par les Lannister. Les circonstances de ces morts n’ont jamais été officiellement élucidées : des simulacres d’enquêtes ont été organisés pour complaire aux Dorniens, mais jamais les meurtriers issus des rangs Lannister n’ont eu à faire face à la justice, alors même qu’Eddard Stark l’avait réclamé… mais Robert répondait qu’il s’agissait d’un acte de guerre, non d’un meurtre, trop satisfait de ne pas avoir à tuer lui-même les enfants de son ennemi mortel.
Dans son livre The World of Ice and Fire (Les origines de la saga en vf), mestre Yandel s’égare en conjectures farfelues et théories absurdes pour expliquer ces morts, qu’il impute au Roi Fou, ou à Elia Martell elle-même… Yandel semble surtout vouloir dissimuler la vérité, car les rumeurs qui circulent dans les Sept Couronnes sont pour une fois unanimes sur le rôle qu’a joué Gregor Clegane : Eddard Stark, Tyrion Lannister, Oberyn Martell, tous donnent la même version des faits : Gregor Clegane s’est emparé d’Aegon Targaryen, le fils de Rhaegar, qui n’avait qu’un an et a éclaté son crâne contre un mur, avant de violer et d’assassiner la mère de l’enfant.
Ce meurtre est un acte politique complexe pour les Lannister, car d’un côté, elle permet de se rallier tardivement au camp des rebelles vainqueurs, mais d’un autre, elle crée un précipice de rancune entre les Lannister et les Martell. Lorsque Tyrion prétend qu’il aurait mieux valu laisser Robert assumer seul ces meurtres, Tywin lui-même s’en justifie… révélant au passage qu’il n’avait pas prévu la sauvagerie de ses hommes :
Lord Tywin le dévisagea comme on dévisage quelqu’un qui aurait perdu l’esprit. « Tu mérites ta livrée bariolée, dans ce cas. Nous nous étions tardivement ralliés à la cause de Robert. Il était indispensable de prouver notre loyauté. Après que j’eus déposé ces cadavres au pied du trône, plus personne ne put douter que nous n’eussions abandonné pour jamais la maison Targaryen. Et le soulagement de Robert fut palpable. Tout stupide qu’il était, même lui savait que, pour la sécurité de son trône, les enfants de Rhaegar devaient périr coûte que coûte. Seulement, il se voyait sous les espèces d’un héros, et les héros ne tuent pas d’enfants. » Il haussa les épaules. « Je te l’accorde, l’exécution pécha par excès de brutalité. Elia aurait dû s’en tirer sans une seule égratignure. Par elle-même, elle n’était rien. Ce fut folie pure que de la tuer.
– Pourquoi la Montagne l’a-t-il fait, alors ?
– Parce que j’avais omis de lui dire de l’épargner. Je doute même l’avoir seulement mentionnée. J’avais des soucis plus pressants. L’avant-garde de Ned Stark dévalait du Trident vers le sud, et je craignais que nous n’en venions à la lutte ouverte. Et puis il était bien dans la nature d’Aerys d’assassiner Jaime, sans autre motif que le dépit. C’était ça, ma pire crainte. Ça, et les agissements éventuels de Jaime lui-même. » Il serra l’un de ses poings. « Et je n’avais pas encore compris quel genre d’être je tenais en Gregor Clegane, je voyais seulement qu’il était gigantesque et un combattant formidable. Le viol…, j’ose espérer que, cet ordre-là, tu répugneras toi-même à m’accuser de l’avoir donné. Ser Amory se montra presque aussi bestial avec Rhaenys. Je lui demandai par la suite comment il se faisait qu’il eût fallu une cinquantaine de coups pour tuer une petite fille de… deux ans ? trois ? Il prétendit qu’elle lui avait donné des coups de pied et n’arrêtait pas de crier. Il aurait eu seulement la moitié de l’intelligence que les dieux concèdent au navet, il la calmait avec quelques phrases câlines et se servait d’un oreiller de soie bien douillet. » Sa bouche se tordit de dégoût. « Il avait la manie du sang. »
Malgré les allégations de Tywin, il y a des fans qui pensent, comme Oberyn Martell, que Tywin a donné des ordres pour faire tuer Elia : le patriarche des Lannister aurait cherché par là à se venger de celle qui avait pris la place de sa fille Cersei comme épouse de l’héritier du Trône… Pourtant, quand on le relit, l’aveu de Tywin semble sincère : il admet implicitement sa responsabilité dans le meurtre d’Aegon et Rhaenys, mais prétend que la mort et le viol d’Elia n’étaient pas de son fait. N’oublions pas que Gregor Clegane a montré plusieurs fois qu’il était hermétique à l’intérêt financier ou politique, quand il pouvait obtenir du sang : ne tue-t-il pas le dernier des Darry en même temps que toute sa garnison ? Un simple bambin, qui aurait pourtant pu lui rapporter une rançon conséquente ?
Gregor Clegane est donc utile pour les Lannister, car il est le genre d’homme qui peut accomplir les plus basses, les plus répugnantes besognes… Pourtant, face à l’alliance avec les Martell et la paix du royaume, même Tywin Lannister commence à se demander si le fauve lui est vraiment indispensable :
« Ser Gregor a son utilité comme son frère en avait une. Tout seigneur a besoin d’un fauve, de temps en temps… » […]
« Les bois pullulent de fauves, rappela [Tyrion] à son père. Les venelles autant.
– Vrai. Peut-être d’autres chiens seraient-ils aussi bons chasseurs. J’y réfléchirai.
Tywin est confronté à un choix très intéressant : se montrer honorable, livrer Gregor Clegane à la justice alors qu’il l’a protégé depuis tant d’années, se priver de son meilleur fauve… ou se mettre les Dorniens à dos encore plus fermement et plus durablement qu’auparavant.
Le choix qu’il fait résume bien le personnage de Tywin : il veut tout avoir en même temps, et pense pouvoir l’obtenir par la ruse. Aussi décide-t-il de ne pas sacrifier ser Gregor, car il le juge trop efficace, trop utile et trop fidèle pour être abandonné aux Dorniens. À la place, il prévoit de leur mentir, comme il l’explique à Tyrion : Oberyn ne sait pas vraiment ce qui s’est passé. Tywin espère lui faire avaler que ce fut un autre chevalier qui tua Elia Martell et ses enfants : Amory Lorch. Ce n’est qu’un demi-mensonge, puisque ser Amory est effectivement celui qui a tué Rhaenys. Tywin espère ainsi sauver son fauve à peu de frais : ser Amory est déjà mort, offert en pâture à un ours à Harrenhal, une fin suffisamment macabre pour amadouer les Dorniens. Quant à sa propre responsabilité, Tywin compte bien l’éluder en faisant croire à Oberyn qu’Amory a agi de son propre chef, espérant s’attirer les faveurs de Robert Baratheon en assassinant la famille de son pire ennemi. Tywin ne pourrait donc pas être tenu pour responsable ni des meurtres d’Aegon et Rhaenys (qu’il a bel et bien commandités), ni de celui d’Elia (qu’il n’avait apparemment pas prévu). Tywin a d’ailleurs trouvé un bon moyen pour éviter que Gregor lui-même révèle quoi que ce soit à Oberyn :
« Ser Gregor n’est sûrement pas près de se confesser à lui. J’entends d’ailleurs le tenir à bonne distance de Port-Réal aussi longtemps qu’y séjourneront les Dorniens. »
La suite, on la connaît : Joffrey est assassiné le jour de ses noces. Tyrion est accusé par Cersei, qui se sert de son autorité de régente pour rappeler Gregor Clegane à Port-Réal. Oberyn décide alors d’être le champion de Tyrion, afin d’avoir une occasion d’affronter la Montagne et de lui faire avouer ses crimes… et de qui il tenait ses ordres. Bien que Tyrion lui ait révélé la vérité concernant les circonstances de la mort d’Elia et ses enfants, il a persisté à mentir en disant que lord Tywin n’avait lui même donné aucun ordre.
On se souvient tous de ce terrible combat, où Oberyn harcèle son adversaire avec la phrase « Tu l’as violée. Tu l’as tuée. Et tu as tué ses enfants. » Chose incroyable (et épouvantable), Gregor ne semble même pas se souvenir d’Elia dans un premier temps… Mais par la suite, il livre une confession encore plus glaçante :
« Elia de Dorne, entendirent-ils tous Gregor dire, quand l’affreux couple en fut arrivé presque au bouche à bouche. Je l’ai tuée piaulant pour sa portée. » Il jeta sa main libre au visage découvert du prince Oberyn et lui enfonça dans les yeux des griffes d’acier. « Puis je l’ai violée. » Il lui enfourna violemment son poing dans la bouche, ravageant les dents. « Puis j’ai écrabouillé sa putain de gueule. »
À l’issue du duel judiciaire, la dette de sang des Lannister envers les Dorniens s’est alourdie : en plus du meurtre d’Elia que Gregor a avoué, il a également tué le prince Oberyn Martell. Le fait que cette mort se soit faite dans un cadre légal (le prince Oberyn savait ce qu’il risquait en participant à un duel judiciaire) ne change rien à l’affaire : les Dorniens vont exiger réparation. Tywin en a conscience et il envisage même qu’ils finissent par s’allier avec Stannis Baratheon, qui a récemment quitté Accalmie. Son fauve a été gravement blessé et empoisonné durant le duel… Une seule option s’offre désormais aux Lannister pour tenter de calmer le courroux de Dorne : offrir aux Martell la tête de Gregor… mais en y mettant les formes :
« La mort du prince Oberyn va nous valoir bien assez d’ennuis avec Lancehélion. Je n’ai aucunement l’intention d’empirer les choses en retenant captifs ses compagnons.
– Dans ce cas, ser Gregor périra, je crains.
– Indubitablement. J’en ai du reste juré mes grands dieux dans la lettre que j’ai adressée au prince Doran en lui renvoyant le corps de son frère. Il faut toutefois s’assurer que sa mort, il la doive non pas à une pique empoisonnée mais à l’épée de la Justice du roi. Débrouillez-vous pour le guérir. »
À travers le personnage de Gregor Clegane, George R.R. Martin construit donc aussi le cynisme et la violence de la real politik de Tywin. Le seigneur Lannister est capable de mentir habilement, de magouiller pour garder cette pièce utile dans son jeu… mais il est aussi capable de la sacrifier lorsqu’elle devient trop embarrassante et en l’occurrence, inutile (Nymeria Sand fait remarquer à juste titre que Tywin a de toute façon peu de mérite de leur livrer un homme mort).
On voit ici comment, selon l’évolution d’une situation politique, Tywin est amené à s’adapter en fonction des intérêts de sa maison et de son camp : tant que Gregor est un vassal obéissant et utile, Tywin assure sa protection en bon suzerain. Mais dès lors qu’il devient un obstacle à la conciliation avec la maison Martell, Tywin l’abandonne… comme un chien.
↑Monstre et expériences interdites
Les derniers personnages qui sont développés grâce à Gregor Clegane, ce sont bien entendu Cersei et à travers elle, Qyburn.
Après le duel judiciaire, Gregor hurle de douleur, jour et nuit. Même les opiacés ne parviennent plus à le calmer, malgré les doses considérables qu’il ingurgite. Confié aux soins du Grand Mestre Pycelle, aucune cure, aucun remède ne semble efficace pour le sauver du poison dont le prince Oberyn avait enduit sa lance. Pycelle arrive tout au mieux à le maintenir en vie, mais pas à le guérir. Après la mort de Tywin, Cersei songe à en finir et à le faire décapiter par la Justice du Roi, ser Ilyn Payne. Cependant, Qyburn parvient à la persuader qu’il est capable de soigner Gregor. Et le discours qu’il tient pour la convaincre est très évocateur :
Les archimestres sont tous des pleutres, au fond. Des moutons gris, comme les qualifie Marwyn. J’étais un guérisseur aussi brillant qu’Ebrose, mais j’aspirais à le surpasser. Pendant des centaines d’années, les hommes de la Citadelle ont disséqué les corps des macchabées pour étudier l’essence de la vie. Moi, comme je souhaitais pénétrer l’essence de la mort, j’ai disséqué les corps des gens en vie. C’est en raison de ce crime que les moutons gris m’ont frappé d’indignité et contraint à l’exil. Mais je connais l’essence de la vie et de la mort mieux que n’importe lequel de nos beaux sieurs de Villevieille.
Par la suite, Qyburn va conduire Gregor Clegane dans les oubliettes, où il va mener des expériences douteuses. Le mestre défroqué va d’ailleurs requérir de Cersei des personnes vivantes, afin de mener une série d’expériences parallèles. Si Cersei elle-même ignore quelles expériences mènent Qyburn, leur nature devrait lui apparaître au vu des demandes qu’il formule régulièrement :
– [Les marionnettistes] sont quatre. Peut-être Votre Grâce consentirait-Elle à m’en concéder deux pour mes propres desseins ? Une femme serait tout spécialement…
– Je vous ai déjà donné Senelle, le coupa sèchement la reine.
– Hélas. La pauvre petite est complètement… épuisée. »
Il répugnait à Cersei de repenser à cela. La jeune fille s’était présentée sans se douter de rien, s’imaginant n’être mandée qu’afin de passer les plats et de servir à boire. Même quand Qyburn lui avait fait claquer la menotte autour du poignet, elle avait eu l’air de ne pas comprendre. Le souvenir en donnait encore des haut-le-cœur à Cersei. Il faisait un froid, mordant dans les oubliettes. Même les torches grelottaient. Et les hurlements de cette chose immonde dans les ténèbres…
Est-ce que vous avez encore besoin de femmes pour votre… travail ?
– Oui, Votre Grâce. Les marionnettistes sont totalement hors d’usage.
A Feast for Crows, Chapitre 33, Cersei.
Puis elle envoya quérir Qyburn. « Lady Falyse est-elle encore vivante ?
– Vivante, oui. Peut-être pas entièrement… à son aise. […] Hélas, dit Qyburn, j’ai peur que lady Falyse ne soit plus capable de gouverner Castelfoyer. Ou, en fait, de s’alimenter elle-même. J’ai appris d’elle des tas de choses, je me plais à le reconnaître, mais les leçons n’ont pas été totalement gratuites.
Senelle, les marionnettistes et Falyse Castelfoyer sont ainsi victimes des expériences contre-nature de Qyburn. Cersei développe ici une thématique complexe sur la déontologie scientifique : au nom du progrès du savoir, peut-on opérer tout types d’expériences, même les plus inhumaines ? Cersei reprend, à travers Gregor, la thématique qui habitait déjà Tywin : la fin justifie-t-elle tous les moyens ?
Assez vite, le but de ces expériences apparaît… Dans le chapitre 18, Cersei annonçait la mort de Gregor Clegane et expédiait son crâne à Dorne, pour apaiser les Martell… Toutefois, on se souviendra que Qyburn a fait transféré la Montagne dans les oubliettes (où il pratique toutes ses expériences) parce qu’il hurlait constamment de douleur. L’évocation de cette « chose immonde » hurlant dans les ténèbres (cf. citation plus haut) pourrait-elle se rapporter à Gregor et signifier sa survie ? Possible. Quoi qu’il en soit, dès le chapitre 33, Qyburn dit à Cersei qu’il pourra bientôt lui proposer un nouveau champion pour la Garde Royale, si Loras Tyrell devait mourir. S’il ce champion n’est pas héroïque, Qyburn promet cependant à la reine un sujet parfaitement dévoué : « Il protégera votre fils, tuera vos ennemis et taira vos secrets, et aucun homme actuellement en vie ne sera capable de lui résister. »
La dernière phrase sonnerait presque comme un prophétie, rappelant la prophétie du Roi-Sorcier d’Angmar, qui « ne pouvait être tué par aucun homme » … Mais ne précipitons pas les choses. ^_^
Cersei semble à peine consciente que l’imposante armure qu’elle fait forger à la demande de Qyburn pourrait être pour Gregor Clegane. Après qu’elle a été mise en prison par le Grand Moineau, Qyburn lui promet que son champion est prêt à défendre son honneur en duel judiciaire… mais comme elle est reine, la tradition oblige qu’il entre d’abord dans la Garde Royale. Comprenant qu’elle ne pourra pas se reposer sur Jaime, Cersei demande à son oncle Kevan, devenu régent du royaume, de donner un manteau blanc à Qyburn, afin qu’il l’attache aux épaules du champion qu’il lui a préparé.
À la fin de sa marche de la honte qui l’a épuisée, Cersei est recueillie par un géant de huit pieds de haut, que Qyburn lui présente comme son nouveau champion, ser « Robert Fort ». C’est donc (très ironiquement) un « Robert » qui défendra l’honneur de Cersei, alors que la Foi l’accuse justement de crimes contre son époux, Robert Baratheon.
Qyburn lui explique que ser Robert Fort a juré de ne point parler tant que les ennemis de Tommen ne seront pas morts et que le mal subsistera dans le royaume… Une formule qui permet de justifier son mutisme et lui vaut rapidement le surnom de « géant silencieux ». Bien vite des questions se posent le concernant : pourquoi personne n’a jamais entendu parler de lui auparavant ? Pourquoi ne parle-t-il pas ? Pourquoi ne le voit-on jamais sans son heaume ou sans son armure ? Est-il bien chevalier ? Kevan Lannister partage avec nous des doutes encore plus sombres.
Nous ne savons même pas s’il est vivant. Meryn Trant prétendait que Fort ne prenait ni nourriture ni boisson et Boros Blount n’hésitait pas à affirmer qu’il n’avait jamais vu l’homme user du cabinet d’aisances. Pourquoi le devrait-il ? Les morts ne chient point. Kevan Lannister avait de puissants soupçons quant à l’identité réelle de ce ser Robert au-dessous de sa brillante armure blanche. Un soupçon que Mace Tyrell et Randyll Tarly partageaient sans doute. Quel que fût le visage caché sous le heaume de Fort, il devrait demeurer caché pour le moment. Le géant silencieux était le seul espoir de sa nièce. Et prions pour qu’il soit aussi formidable qu’il le paraît.
Kevan l’évoque, le lecteur l’a compris : ce géant silencieux, ce « mort qui ne chie pas » n’est autre que Gregor Clegane. Qyburn a réussi à empêcher sa mort, et à en faire une marionnette, visiblement docile. Ce n’est pas sans rappeler une des toutes premières visions de Bran :
Au-dessus [de ses sœurs] s’esquissait un géant de pierre tout armé. Mais lorsqu’il releva sa visière, il se révéla creux, seulement empli de ténèbres et de noire sanie.
Cette vision peut être interprétée de multiples façons, comme toujours chez Martin. Selon certaines acceptations, il pourrait s’agir de Gregor : un géant de pierre renvoie tout autant à sa carrure qu’à son surnom de Montagne. Les « ténèbres et la noire sanie » font penser à son sang, devenu noir à cause du poison d’Oberyn Martell, et le fait qu’il soit « creux » peut renvoyer à bien des choses…
Cersei a envoyé aux Martell le « crâne de Gregor Clegane » pour les apaiser : certains fans pensent depuis que Robert Fort n’aurait plus de tête. Bon, à titre personnel, j’en doute fortement : le crâne que reçoit Doran a beau avoir des proportions énormes, on sait que la traque que Cersei a lancé contre Tyrion lui a permis de récolter un grand nombre de crânes de nains. Qui plus est, les Martell n’ont reçu que l’os : comme ils le font eux-mêmes remarquer, rien ne permet d’identifier avec certitude Gregor Clegane. Beaucoup d’autres arguments (pour ou contre) ont été échangés à ce sujet sur le forum de la Garde de Nuit.
Le « creux » peut aussi faire penser que Gregor a perdu sa personnalité pour n’être plus qu’un être docile, si on en croit Qyburn. Mais on peut se demander si le mestre ne se leurre pas sur les qualités de sa créature… Qyburn a joué à l’apprenti-sorcier avec ses expériences sur la vie et la mort. Tel le docteur Frankenstein, il a créé un monstre (moins bavard, cela dit) … Et Gregor pourrait bien être à Qyburn, ce que le monstre est à Frankenstein : tout à la fois son aboutissement et sa malédiction. La série a en tout cas jugé judicieux de faire de Gregor le meurtrier de Qyburn, comme une punition du destin ou des dieux, pour s’être adjugé un pouvoir sur la vie que personne ne devrait détenir. Peut-être les livres iront-ils aussi dans cette direction ?
↑Et dans la suite ?
Difficile de deviner quel sera le rôle de Gregor Clegane dans la suite des romans : la série l’a présenté en zombie coopératif, défendant Cersei et obéissant aux moindres ordres… jusqu’au Cleganebowl, où, surmontant son conditionnement, il finit par assassiner Qyburn et par préférer affronter Sandor plutôt que de continuer à défendre Cersei.
Dans les livres, un destin similaire est toujours possible, bien qu’il soit sûrement compliqué à réaliser : Sandor Clegane a semble-t-il survécu, mais il mènerait désormais une vie paisible et retirée dans une communauté monastique. On vous renvoie à ce propos à l’article « De la survie de Sandor Clegane » par Werther.
Est-il vraiment souhaitable de le voir reprendre le chemin de la violence, de la haine et de la vengeance ? Quitte à commettre l’acte qu’il n’a jamais pu se résoudre à commettre jusque-là : le fratricide ? Chacun est libre de juger.
Si on laisse de côté Sandor, il n’est pas impossible que d’autres personnages reprennent la thématique initiale de la vengeance : les Dorniens ont un ressentiment profond envers Gregor Clegane pour les meurtres d’Elia, de ses enfants et d’Oberyn. Les filles de ce dernier, les Aspics des Sables, sont tout particulièrement remontées contre lui. Or justement, le prince Doran a envoyé à Port-Réal deux d’entre elles pour être ses yeux et ses oreilles : Nymeria Sand, auprès du roi Tommen, et Tyerne Sand, auprès du Grand Moineau. Chacune aura l’occasion de rencontrer Robert Fort… et de comprendre, comme tant d’autres personnages, de qui il s’agit réellement. Et dès lors, malgré les recommandations avisées de Doran, ne risquent-elles pas, comme leur père, de se mettre en danger pour avoir la satisfaction de mettre fin aux jours de la Montagne ? On peut le penser… Et craindre pour elles, car leur chance de victoire face à la Montagne semblent très réduites.
Oiseleur
À noter quun trosième chien (semi-canonique), Mors Westford servait les Lannister, mais devant le refus d’assassiner et la fuite de ce dernier par vœu de Garde de Nuit, Tywin Lannister élimina l’épouse et la fille de Mors Westford.