L’épisode 10 a livré son lot de surprises (oui Aemond et ton gros pélican, c’est toi qu’on regarde). Parmi celles-ci, on trouve la scène où Daemon susurre à l’oreille d’un dragon une douce berceuse. L’identité du dragon en question n’ayant pas été révélée directement dans la série (le réalisateur de l’épisode a finalement confirmé dans une interview qu’il s’agissait de Vermithor, le vieux dragon du roi Jaehaerys), le débat sur la chanson a rapidement été ouvert. D’autant qu’elle est complètement originale, contrairement aux Pluies de Castamère, à La chanson de Jenny ou encore à La Belle et l’ours. Ces dernières étaient en effet issues directement des livres de George R. R. Martin, au même titre que Hands of Gold, entonnée par Ed Sheeran.
Il s’agit ici d’une co-création de Ti Mikkel, assistante littéraire de George R. R. Martin, consultante sur House of the Dragon et de David J. Peterson, le linguiste qui travaille sur les langues pour HBO depuis la première saison de Game of Thrones. On lui doit notamment le dothraki et le haut valyrien utilisé ici, mais, depuis, ses talents de créateur de langues ont été allègrement sollicités à Hollywood, puisqu’il a entre autres participé au Dune de Denis Villeneuve.
On peut toutefois se demander si cette mélodie reviendra dans la série ou si elle ne servait que pour cette scène. Ramin Djawadi est-il à l’origine de la composition ou bien n’a-t-il aucunement participé à cela ? Pour rappel, la mélodie des Pluies était par exemple de son fait, ce qui a exigé de sa part de composer en amont du tournage, puisque les soldats Lannister la chantent avant la bataille de la Néra.
Enfin, sur le sens de la scène, qui ressemble presque à une séquence prévue pour faire du teasing en post-générique, on peut noter qu’elle renforce le lien de Daemon avec les dragons. Celui-là semble en effet obsédé par ces derniers, persuadé de leur toute puissance (le dialogue controversé qui oppose les rêves aux bestioles dans le même épisode en atteste), quitte à aller chercher des œufs au moindre prétexte. En effet, on l’a rarement vu attendri par sa propre progéniture (il ne tient même pas ses propres enfants dans les bras en épisode 8) alors qu’on lui a connu des gestes de tendresse envers Caraxès (épisode 1), un refus de le mettre en danger (épisode 3) ou encore une connexion presque télépathique (épisode 2 face à Otto où le dragon arrive presque sur demande et dans l’épisode 10 où il réitère le stratagème face aux Gardes royaux). Il est donc logique que ce soit lui qui aille voir les dragons dépourvus de maîtres pour les réhabituer à l’homme en leur chantant une berceuse (musicalement parlant, le texte est… bien plus offensif !) qu’il aurait tout aussi bien pu destiner à des héritiers.. ou en chantant la sérénade dans un flirt avec un autre dragon en faisant une infidélité à Caraxès. Cette dernière hypothèse n’est pas de notre fait , c’est Ryan Condal qui en parle dans sa dernière interview.
Mais que dit le texte ? En voici trois versions, en haut valyrien d’abord, puis en anglais et enfin en français (traduction de la Garde de Nuit, puisque la chanson n’était pas sous-titrée).
Hāros Bartossi Drakari pykiros Tīkummo jemiros Yn lantyz bartossa Saelot vāedis Hen ñuhā elēnī: Perzyro udrȳssi Hae mērot gierūli: |
With three heads Fire breather Winged leader But two heads To a third sing From my voice: With words of flame As one we gather |
Avec trois têtes Cracheur de feu Meneur ailé Mais deux têtes Chantent à la troisième Entends ma voix : Avec des mots de feu Nous nous unissons |