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La visite de George R.R. Martin à Oxford (2 août 2024)

La visite de George R.R. Martin à Oxford (2 août 2024)

George R.R. Martin était à Oxford pour une rencontre publique le vendredi 2 août 2024 (il l’a évoqué dans son billet de blog du 9 juillet dernier). L’événement, organisé par la Oxford Writers’ House, association regroupant les écrivains d’Oxford, s’intitulait Writing Fantasy (écrire de la Fantasy) et devait le confronter à Philip Pullman, l’auteur de À la croisée des mondes (His Dark Materials), lui-même très lié à Oxford. Malheureusement, celui-ci a dû annuler pour raisons de santé. Mais notre envoyé spécial DNDM était bien là pour nous en rapporter la substance.

C’est donc sans Phillip Pullman que George R.R. Martin a assuré cette rencontre devant une salle comble (le lieu réservé était le prestigieux Sheldonian Theatre, au cœur d’Oxford). L’auteur n’était ceci dit pas seul sur scène : Carolyne Larrington, autrice de Winter is coming: Les racines médiévales de Game of Thrones et enseignante en littérature anglaise médiévale au St John’s College d’Oxford, était là pour l’interroger.

Sans Philip Pullman, l’événement s’est révélé sans grande surprise, George R.R Martin répondant principalement à des questions de fans (envoyées à l’avance et lues par Carolyne Larrington ou posées en direct par le public présent), et évoquant des choses dont il avait le plus souvent déjà parlé lors de précédentes interventions. Tout juste aura-t-on appris qu’HBO prévoit sept séries dans l’univers de Game of Thrones à l’heure actuelle. Elles en seraient à différents stades de développement. Martin précise que quatre séries seraient sous forme de dessins animés et trois seraient en prises de vue réelles.

Systèmes de magie, adaptations télévisuelles et hommages

Pour le reste, George R.R. Martin a évoqué les systèmes de magie utilisés dans la fiction, en gardant ses distances vis-à-vis des systèmes particulièrement codifiés souvent mis en avant ces dernières années, disant préférer que sa propre magie garde une part d’ombre et de mysticisme. Il a également parlé du processus d’adaptation d’une œuvre littéraire pour l’écran, en évoquant sa propre expérience en la matière dans les années 80, et l’anecdote (déjà souvent racontées) de l’adaptation de l’œuvre de Roger Zelazny The Last Defender of Camelot dans la série The Twilight Zone (La Cinquième Dimension en VF), où il lui a fallu choisir, pour une scène, entre avoir des chevaux, ou avoir un décor recréant Stonehenge, les deux n’étant pas compatibles (les chevaux ne comprenant apparemment pas très bien le concept de décors en papier mâché qu’il ne faut pas toucher). Pour trancher, et puisqu’il avait le numéro de téléphone de Roger Zelazny, il lui avait directement posé la question sur ce qu’il préférait. Le propos de Martin s’est conclue par une petite pique envers les scénaristes de télévision ou de cinéma qui pensent pouvoir faire mieux que l’œuvre qu’ils adaptent, même quand celle-ci est signée de Shakespeare, Dickens ou Tolkien, mais n’y arrivent jamais. Ni Benioff & Weiss, les créateurs de Game of Thrones, ni Ryan Condal, showrunner de House of the Dragon, n’ont été évoqués directement, mais chacun est libre d’interpréter cette sortie comme il l’entend.

Il a également parfois profité de questions vagues pour dévier sur des sujets qui lui tenaient à cœur. Une question sur les conseils qu’il donnerait à un aspirant auteur s’est ainsi transformée en un constat que la situation est aujourd’hui très différente de celle qu’il a connu à ses débuts, puis sur l’idée que chaque écrivain est différent et a ses propres buts et façons de qualifier le sujet, avant de citer en exemple son ami Howard Waldrop, récemment décédé, dont il adapte actuellement plusieurs histoires en court-métrage. George R. R. Martin l’a décrit comme un auteur qui est resté pauvre toute sa vie, mais qui est resté fidèle aux histoires étranges et uniques en format court qu’il voulait écrire, refusant de travailler sur les romans qui auraient pu être plus lucratifs ou qui auraient pu lui amener un lectorat plus important. Une autre question lui a permis d’évoquer le cas de Gene Wolfe et de son œuvre en quatre volumes, The Book of the New Sun (Le Livre du second soleil de Teur), que Gene Wolf a entièrement écrite avant de la proposer à des éditeurs, un choix éditorial qu’il a pu faire parce qu’il avait un emploi rémunérateur en parallèle de son activité d’écriture – et un choix dont George R.R Martin n’avait pas le luxe quand il a commencé Le Trône de Fer, mais qui lui aurait permis peut-être d’économiser quelques arcs narratifs ou personnages, s’il avait pu travailler ainsi, et aurait ainsi facilité l’écriture des derniers tomes de sa propre œuvre.

Finalement, interrogé sur ce qu’il aimerait éventuellement changer dans ses livres publiés, l’auteur a soupiré en répondant qu’il aimerait « les avoir terminés ! » (et nous donc !).

La discussion est disponible en ligne pour les curieux anglophones :

La séance de questions (d’une durée d’une heure) a été suivie par une séance de dédicaces. George R.R. Martin a par ailleurs profité de son séjour à Oxford (où il venait pour la première fois) pour visiter les archives de J.R.R. Tolkien et l’Exeter College, où J.R.R. Tolkien et Phillip Pullman ont étudié.

Il a également pris le temps de visiter la partie historique de la bibliothèque Bodléienne, notamment l’historique bibliothèque Duke Humfrey, fondée en 1488. Un lieu que les fans de fantasy connaissent, puisque c’est cette bibliothèque qui a servi de décor pour la réserve (restricted section) de la bibliothèque de Poudlard dans les films Harry Potter.


L’occasion pour George R.R.R Martin de glaner des idées pour la citadelle de Villevieille, peut-être ?

Il aurait bien aimé aussi aller prendre une bière au célèbre pub « The Eagle and Child », repaire de Tolkien et de sa bande des Inklings, mais l’endroit est fermé pour rénovation. Ce sera pour une prochaine fois.

Pour votre humble serviteur de la Garde de Nuit, l’événement a été l’occasion de remettre à George R.R. Martin un exemplaire des Mystères du Trône de Fer tome 2: la clarté de l’histoire, la brume des légendes – livre que le maître a tenu à payer, avec une pièce de sans-visage. 😉

Le voyage a également permis de renforcer les liens entre fans internationaux, puisque les fans italiens étaient présents (Matteo Barbagallo du Martin International Studies Network, Beatrice Sironi et Chiara Mendola du Podcast del Ghiaccio e del Fuoco, et Giandomenico Ferrazza), et ont été suffisamment accueillants pour recueillir le pauvre corbeau français esseulé venu au dernier moment participer à l’événement, et lui faire faire le tour des meilleurs pubs de la ville. Un grand merci à eux !

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1 Comment

  1. Merci pour ce compte-rendu de patrouille, DD.

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