Comme pour le mois d’octobre, nous vous présentons aujourd’hui un panel d’œuvres qui nous ont marqués mais dans un registre différent de la dernière fois : Ce mois-ci nous partons dans l’Espaaace infini !!
↑Geoffray : Les Cantos d’Hypérion de Dan Simmons
Les Cantos d’Hypérion (ou Chants d’Hypérion) de Dan Simmons racontent en quatre volets l’histoire d’une humanité en danger dont le sort se joue sur la planète Hypérion. Composé de quatre romans (Hypérion, La Chute d’Hypérion, Endymion et L’Éveil d’Endymion) ce cycle est devenu au fil du temps un classique du genre.
Sur la planète Hypérion, les tombeaux du Temps sont en train de s’ouvrir, il est dit que ceux-ci recèlent les secrets de l’humanité et surtout son salut. Sept pèlerins, venant d’horizons différents ont été choisis et devront participer au pèlerinage vers les tombeaux et découvrir leurs secrets, et ce, sans mourir sous les griffes du Gritche monstre mi-mécanique mi-biologique doté de capacité hors du commun.
L’une des particularités de l’œuvre (surtout pour les deux premiers tomes) est que sur le chemin de pèlerinage, chaque pèlerin va raconter ce pourquoi il est là dans un style de récit différent (polar, métaphysique, guerrier, etc.) qui approfondit leurs personnalités, mais aussi l’univers constitué par Simmons.
Récit d’une humanité qui se cherche, et posant des questions pertinentes et passionnantes (politique, philosophie, métaphysique, questions sur l’intelligence artificielle voire poésie ) ne sont que quelqu’un des sujets abordé par l’oeuvre), ce cycle est vraiment un incontournable !
↑Nymphadora : Les Dieux eux-mêmes d’Isaac Asimov
Que serait une liste de recommandations d’œuvres de science-fiction sans une œuvre d’Asimov ?! Cet auteur américano-russe est, au moins à mes yeux, à la SF ce que Tolkien est au roman de fantasy… on peut probablement le qualifier de pape du genre. J’ai donc choisi aujourd’hui de vous parler d’une œuvre de l’auteur, peut-être un peu moins connue que ses chefs-d’œuvre que sont les cycles des Robots et de Fondation. Penchons-nous donc sur son roman Les Dieux eux-mêmes.
L’histoire, assez courte, est divisée en trois parties distinctes.
Dans une première partie, l’auteur narre le combat d’un jeune scientifique, Lamont, qui tente de mettre en garde ses pairs contre l’incroyable découverte d’un autre scientifique, Hallam, qui a construit une « pompe à électrons », invention qui assure à l’humanité une énergie à priori illimitée et peu coûteuse par l’intermédiaire d’un échange mutuel d’énergie entre notre univers et un « para-univers ».
La deuxième partie, beaucoup plus poétique, nous entraîne dans le para-univers, où l’on rencontre des êtres dont la substance et le système organisationnel est radicalement différent du nôtre. Leur planète, et donc leur civilisation, est mourante car leur soleil est en train de s’éteindre. Pour eux la pompe est un bienfait, même s’il prennent conscience de sa dangerosité pour notre planète.
La troisième partie se déroule sur la Lune où un autre scientifique, ex-collègue de Hallam qui partage les craintes de Lamont, entreprend des recherches sur la pompe, tout en nous présentant aux lunarites, les habitants de la Lune.
Ce roman, au final, nous présente une belle réflexion sur la science et le progrès, tout en nous plongeant dans un univers original plein de poésie.
↑Riusma : The Expanse de James S. A. Corey
« Alors, c’est une série de romans en cours d’écriture prévue en de nombreux tomes avec une narration sous forme de chapitres dédiés à différents personnages par lesquels on suit le récit qui comporte une bonne dose d’intrigues politiques entre plusieurs factions et aussi des mystérieuses créatures aux yeux bleus brillants… et elle a été adaptée en une série télé à succès… »
… mais ce n’est pas le Trône de Fer de George R. R. Martin, même si James S. A. Corey, l’auteur de The Expanse, est en fait le pseudonyme commun à Daniel Abraham (qui a écrit pour la série de romans Wild Cards édités par GRRM et coécrit avec ce dernier Le Chasseur et son ombre) et Ty Frank qui n’est autre que l’assistant de… GRRM.
Sans spoiler l’intrigue, celle-ci se déroule dans notre système solaire colonisé par les humains dans un futur pas si lointain. La colonisation du système solaire a débuté 150 ans avant les romans suite à la mise au point d’un réacteur qui a rendu les trajets possibles avec des durées n’excédant pas quelques mois pour les plus longs. L’espace du système est parcouru par des vaisseaux de plus ou moins gros tonnage acheminant biens et personnes entre la Terre, Mars et les différentes stations situées autour ou sur les lunes des différentes planètes et les astéroïdes de la ceinture principale (située entre Mars et Jupiter). Le fragile équilibre politique de la paix au sein du système s’articule autour des Nations Unies de la Terre, la République martienne et les « planètes extérieures » (dont la population réside principalement sur la ceinture principale) qui ont des velléités d’indépendance malgré leur situation précaire… ainsi que des compagnies privées trans-planétaires qui veillent à leurs propres intérêts. La promesse de la « science fiction version space-opera » est au rendez-vous puisqu’on retrouve au menu des vaisseaux spatiaux, des escarmouches et des batailles avec des flottes, des sorties angoissantes en combinaison dans le vide spatial, des pirates, des stations spatiales, des enquêtes, des mafieux, des fusillades, des marines en exo-armure, de la diplomatie et de la politique spatiale, des contraintes technologiques et physiques (les communications sont contraintes par la vitesse de la lumière), une étrange molécule d’origine inconnue… et des personnages qui entre idéalisme et cynisme tentent de trouver leur indépendance en étant au prise avec des événements qui les dépassent et qui menacent de déclencher une guerre qui pourrait être fatale à l’humanité. Pas vraiment d’ingrédient original mais un mélange très bien dosé où l’on retrouve l’ambiance de « vie spatiale » des films Alien, les « intrigues policières » des romans d’Issac Asimov (dont Nymphadora parle plus haut) et de Franck Herbert (ce que cela a évoqué à ma maigre culture SF), et un futur très actuel au final qui questionne notre propre présent.
J’ai découvert The Expanse sur le tard cet été (le premier roman date de 2011 en version originale et 2014 en version française, la série télévisée a débuté à la toute fin de 2015) et il est assez probable que j’arrive après la bataille pour beaucoup. Je n’ai lu pour l’instant que les deux premiers tomes, en version française (les deux premiers sont déjà disponibles en poche, et le quatrième bientôt traduit, le septième tome – sur neuf, pour l’instant – étant prévu sous peu en version originale), et je n’ai pas regardé la série télévisée (dont on m’a dit le plus grand bien), mais j’ai pour l’instant vraiment bien aimé The Expanse et je suis curieux de lire la suite ! Je vous dirais bien de commencer par les bouquins puisqu’ils ont encore de l’avance en version française sur la série télévisée et que le dernier (?) tome de la série est prévu pour 2019 (fin de l’année) en version originale (le rythme d’un tome par an a été tenu jusque là) ! 🙂
↑Pandémie: L’Aube de la nuit de Peter F. Hamilton
Quel dilemme de parler de science-fiction et d’espace… Quel auteur choisir ? Des grands classiques, comme Mars, de Kim Stanley Robinson ou Dune, de Frank Herbert ? Un Français avec Laurent Genefort et Omale ? Mon livre du moment, Carbone modifié de Richard Morgan (un bijou !) ? Au final, j’ai opté pour le cycle de L’Aube de la nuit qui avait occupé d’interminables soirées d’hiver il y a quelques années. Ses trois tomes en version originale, tous traduits en français, sont à eux seuls presque aussi touffus que les cinq du Trône de Fer sortis dès à présent, mais l’histoire est terminée, pas besoin d’attendre 6 ou 7 ans la suite ! Hem… Je m’égare.
Peter F. Hamilton construit un univers riche et dense. Dans le futur, l’humanité a définitivement usé la Terre, et s’est répandue dans l’espace. Dans le processus, elle s’est scindée en deux, les Adamistes, humains comme vous et moi ayant emmené avec eux leurs travers : religion, guerre, capitalisme effréné, colonialisme, xénophobie et autres génocides à l’antimatière… et les Édenistes, descendants de scientifiques et autres utopistes éclairés qui eurent la bonne idée de doter de conscience leurs habitats et vaisseaux spatiaux, même s’ils ont eux aussi leur dissidents. Durant leurs pérégrinations, ils ont croisé la route d’espèces extraterrestres ou de leurs ruines, chaque rencontre étant plus ou moins exotique et mettant à mal la conception anthropocentrique de l’univers. Dans ce décor très riche, et dense, évolue une galerie de personnages plus ou moins attach(i)ants : une capitaine de vaisseau vivant, un écumeur d’épaves aliens, une scientifique en exil, une famille de colons, un déporté sataniste, une journaliste, un fêtard dépravé dépressif, un agent du gouvernement, des clones, une jeune fille innocente sur son monde patriarcal rétrograde, des gangsters des années 1930… Certains sont caricaturaux, d’autres plus fouillés. Ils suivent tout d’abord leur propre intrigue avant de tous trouver leur place dans l’intrigue principale, un peu lente à démarrer mais assez jouissive.
Bref, une lecture quand même assez loin des grands classiques du genre, mais qui en terme de divertissement et de richesse de contenu saura meubler les interminables et froides journées de l’hiver.
↑Célilune : Des milliards de tapis de cheveux de Andreas Eschebach
L’empire n’est plus, les planètes rebelles se libèrent du joug oppressant et omniprésent de l’Empereur Immortel. Mais la nouvelle n’est pas parvenue partout…
Sur une planète tellement excentrée qu’elle semble isolée de tout, la Guilde des tisseurs continue, génération après génération, à tisser des tapis de cheveux. Le travail est si minutieux et titanesque qu’il faut une vie entière pour qu’un tisseur puisse finir un seul tapis. Il s’endette sur la génération suivante afin de pouvoir faire vivre sa famille tandis qu’il confectionne son précieux tapis pour rembourser la dette de son père. Son épouse est choisie pour la qualité de ses cheveux, ses filles fournissent leur chevelure pour la gloire de l’Empereur et son légendaire Palais des Étoiles. Sauf que les rebelles ne trouvent aucune trace de ces de tapis de cheveux au Palais des Étoiles…
Il s’agit d’un recueil de dix-sept nouvelles, écrit en 1995 ayant reçu le Grand Prix de l’Imaginaire en 2001. L’auteur écrit avec beaucoup de poésie et de grâce. Chaque nouvelle semble prendre davantage de recul par rapport à la précédente et permet, au fur et à mesure de la lecture, d’appréhender la société de cet immense empire galactique. Le lecteur, comme les personnages, s’interroge sur le pourquoi de cette absurde tradition ancestrale et mène une quête pour découvrir la vérité.
J’en avais déjà parlé sur le Forum ( c’est d’ailleurs un Frère Corbac qui me l’avait recommandé), et croyez-moi, ce livre est une petite perle qui mérite d’être lue. Certaines nouvelles sont dures, d’autres font réfléchir ou émeuvent. Et la fin… Ahlala, quand vous lirez la fin, venez qu’on en discute !
↑Conclusion
Comme le mois dernier, nous espérons que nos propositions vous plairont. 🙂
Lascaris
Merci pour ces super recommandations !
The Expanse est, à mes yeux, un véritable petit bijou de divertissement. Difficile de ne pas enchainer les tomes une fois qu’on entre dans l’univers.
Dudul Rivers
Je n’ai pas lu les livres The Expanse mais j’ai vu la série est c’est vraiment incroyable. D’une qualité d’écriture impressionnante, où même le plus petit personnage est fourni, intéressant et crédible. Pas de PNJ pour remplir l’écran.
Intriguant le recueil « Des milliards de tapis de cheveux », je vais le lire, tu l’as bien vendu ^^