La première saison de House of the Dragon s’est achevée dans le feu et le sang comme il se doit. L’attente va être longue d’ici 2024 pour la seconde saison. Mais pourquoi ne pas profiter de tout ce temps libre pour bouquiner un peu ?! Il nous semble que les personnages de House of the Dragon en auraient bien besoin pour ouvrir leurs horizons et se changer un peu les idées ! Nous avons donc décidé de leur recommander des livres à chacun ! Êtes-vous d’accord avec nos choix ?
↑Rhaenyra Targaryen : une héroïne qui apprend à régner
Rhaenyra va devoir bientôt faire l’apprentissage du pouvoir. Eh oui cocotte, il ne suffit pas de réclamer le trône, il faudra bien le tenir le jour venu ! Pour l’aider dans sa tâche, nous avons pensé à lui recommander : Le Prieuré de l’Oranger de Samantha Shannon (traduit par Jean-Baptiste Bernet et Benjamin Kuntzer).
Sous des dehors de fantasy épique assez classique, où s’entremêlent intrigues politiques, dragons, guerres et méchants très méchants, ce roman fait la part belle à de jolis personnages et met notamment une reine face à l’apprentissage du pouvoir, un personnage qu’adorera à n’en pas douter notre Reine Noire. Et pas de souci de luttes de légitimité en vue, qui la ramèneraient à son quotidien et lui plomberaient le moral : non, dans ce reinaume, le pouvoir passe de mère en fille, une idée que Rhaenyra voudra peut-être creuser !
Et grâce à une plume agréable, on tourne les pages avec délice. Si Rhaenyra cherche à sortir des sentiers battus de la fantasy, elle sera déçue… mais vu sa bibliothèque assez peu fournie en romans épiques et son goût pour les héroïnes fortes telles que Nymeria, on se dit qu’elle devrait trouver son compte dans ce joli roman qui reprend les codes des classiques du genre.
A cela s’ajoute le fait que l’autrice a consciemment décidé de créer son monde de fantasy en y excluant sexisme et homophobie. On retrouve donc des personnages féminins et queers qui vivent dans un univers où ils ne sont pas oppressés. Bien sûr, d’autres tensions subsistent, mais l’absence de sexisme dans un bouquin à la forme si classique, qui nous montre des personnages féminins forts et qui n’ont pas à s’affirmer en dépit du sexisme ambiant, ça fera beaucoup de bien à Rhaenyra !
↑Alicent Hightower : un roman feel-good et bienveillant
Pauvre Alicent, un peu perdue dans ce monde de Westeros bien trop méchant pour elle qui n’est qu’amour et gentillesse.
C’est pour cela que nous avons pensé à lui recommander Heartstopper d’Alice Oseman (traduit par Valérie Drouet).
Roman graphique au style assez particulier, très épuré, Heartstopper se démarque surtout par la bienveillance et la gentillesse qu’il dégage. C’est notamment assez prégnant dans le premier tome où l’on assiste à la rencontre entre Joe et Nick, deux lycéens qui apprennent à se connaitre avant de questionner leur amitié et leur sexualité. Mais ils évoluent aussi dans un environnement assez inclusif qui fait du bien.
On est surtout face à un récit universel et très réconfortant à lire et dont il est difficile de ressortir sans avoir le sourire aux lèvres.
Les personnages sont solaires et, si tout n’est pas toujours facile tous les jours, leur relation est basée sur le respect de chacun et surtout énormément de communication, ce qui, ne nous mentons pas, ferait beaucoup de bien à quelqu’un comme Alicent.
↑Viserys Targaryen : une histoire de prophéties
Viserys, son truc, c’est le mystique et les prophéties. Il lui fallait donc un livre qui place des personnages sous le joug de prophéties fatales, où la notion de destin est au coeur du récit. Nous pensons avoir trouvé pour lui le livre parfait : Que passe l’hiver de David Bry.
Voyez plutôt le quatrième de couverture :
Stig vient d’avoir vingt ans, l’âge de porter une épée et de se rendre enfin sur le Wegg, l’étrange montagne où réside son souverain, le roi de la Clairière. Mais son premier solstice d’hiver ne se déroule pas comme il l’avait imaginé. À peine le jeune seigneur est-il arrivé que la mort répond aux augures néfastes et que les fils enchevêtrés du destin tissent un avenir que personne, ni homme ni dieu, semble pouvoir prédire. Menacé sans qu’il en comprenne la raison, Stig aura fort à faire pour découvrir ce qui se trame dans l’ombre des festivités, protéger ceux qu’il aime… et même survivre. Y parviendra-t-il ? À la croisée de l’ode initiatique et du huis-clos, »Que passe l’hiver » raconte le destin d’un jeune homme au pied bot et d’un roi aux longs bois de cerf, pris dans le maelström d’un monde qui se meurt, peut-être…
Un joli récit de fantasy initiatique qui peut paraître assez classique, mais qui est avant tout bercé par une atmosphère fascinante. Le monde de Stig est poétique et onirique. On y retrouve une dimension tragique envoûtante, et une réflexion sur la notion de destin en filigrane qui est bien menée et qui saura charmer Viserys. Le tout dans un huis clos où les événements s’enchaînent et vous accrochent presque autant que les dramas familiaux des descendants du roi malade. L’univers proposé par l’auteur rappelle les contes nordiques, pleins de dieux tristes et de magies oubliées, et l’écriture amène une atmosphère imprégnée d’étrangeté, un peu cotonneuse comme la Clairière de l’Hiver qu’elle décrit, tantôt froide et sombre, tantôt poétique et touchante. Et en parallèle des errances de Stig, on assiste à la fin possible d’un monde, encore une thématique forte aux yeux de notre roi. Viserys ne peut qu’aimer ce roman !
↑Daemon Targaryen : une histoire avec deux frères
L’histoire de deux frères qui ont perdu leur mère et qui restent soudés dans les difficultés, se chamaillant parfois mais toujours là l’un pour l’autre, voilà qui pourrait être utile à Daemon.
Dans Fullmetal Alchemist, de Hiromu Arakawa, traduit par Fabien Vautrin, on suit les aventures de deux frères, Edward et Al, qui ont perdu tout ou partie de leurs corps dans une tentative d’utiliser l’alchimie pour ressusciter leur mère morte. Edward a promis à son frère qu’il lui rendrait son corps et il est prêt à tous les sacrifices pour trouver la pierre philosophale qui l’aiderait à le faire, y compris intégrer l’armée, ce qui va entrainer les deux frères au milieu d’un plus grand conflit.
Al et Edward sont autant différents qu’ils sont inséparables, et leur relation fraternelle, qui est un des nombreux thèmes du manga, est particulièrement réussie. Ils sont toujours là l’un pour l’autre, que ce soit dans la joie comme dans les difficultés, et le lien entre eux est indéfectible. Ils sont en plus très complémentaires, que ce soit dans la vie de tous les jours comme dans les combats qu’ils mènent.
Autant dire que Daemon pourrait y trouver quelques leçons pour calmer ses accès de colère, son besoin de reconnaissance à tout prix et son manque d’éthique.
↑Criston Cole : déconstruire son ego masculin fragile
Criston a quelques soucis d’ego. Se faire repousser le lance dans une spirale toxique de haine, et dix ans après il ne s’en est toujours pas remis ! Il est temps de se remettre en question et de déconstruire un peu ses préjugés. Bien sûr, il serait probablement vain de mettre directement un essai féministe entre les jolies mains du chevalier blanc, on va essayer de faire passer le message avec plus de douceur, par le filtre d’une fiction qui lui ouvrira les yeux. On a le livre parfait pour cela : Circé de Madeline Miller.
Comme son titre le laisse deviner, ce roman (traduit par Christine Auché) est une réécriture du mythe de Circé, fameuse magicienne mythologique dont l’un des principaux faits d’armes est d’avoir changé les compagnons d’Ulysse en cochons. Un sort qui pourrait attendre le beau Criston s’il croisait Circé, ça le fera peut être réfléchir à ses actes !
On suit donc dans le roman la magicienne Circé de sa naissance dans les palais de son père Helios à son exil sur terre. Solitaire, mal-aimée, et soumise à la cruauté des « grands » dieux et à un patriarcat étouffant, elle trouve sa voie, avec une sensibilité et une force de caractère très joliment écrites par l’autrice. Elle découvrira ses pouvoirs de sorcière, et le roman nous présente les héros, dieux et demi-dieux qu’elle croisera (ainsi, nous croiserons tour à tour le Minotaure et Dédale, Médée et Jason, Ulysse bien sûr…), nous faisant vivre une épopée fantastique à travers ses rencontres. Mais elle nous permettra surtout d’avoir un regard désillusionné sur ces héros fous de guerre et qui ne veulent pas reconnaître l’aide que les femmes autour d’eux leur ont apportée : ils ont un Destin, ils sont des héros et ne le doivent qu’à leur grandeur, jamais il ne reconnaîtront qu’une femme a été l’instrument décisif de leurs actions victorieuses. Criston devrait en prendre de la graine, lui qui veut construire sa gloire !
L’autrice apporte un regard très moderne et féministe sur le mythe antique avec beaucoup d’intelligence et de subtilité, et nous offre un personnage de femme complexe, libre, sensible et attachante. Tellement attachante que même Criston ne pourra s’empêcher d’être dans son camp, ce qui lui permettra peut-être d’ouvrir un peu les yeux sur son comportement d’ex toxique qui ferait bien de passer à autre chose !
↑Larys Fort : un livre avec un méchant riche et complexe
Dans Le diable boiteux d’Alain-René Lesage, Cléofas Leandro Perez Zambulo, pour échapper à celle qui veut l’épouser de force, se dissimule dans un grenier. Il y découvre et libère Asmodée, un démon boiteux (tiens !) qui, en échange de sa libération lui révèle tous les secrets (tiens tiens !) dissimulés sous les toits de Madrid.
Alicent Cléofas découvre ainsi que les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent : des héritiers qui s’impatientent du décès d’un vieil avare, un soupirant qui ignore que sa belle en aime un autre, des courtisanes qui montent les enchères, mais aussi quelques amoureux fidèles et des amis loyaux… une recommandation pour Larys Fort qui pourrait ainsi découvrir que tout secret n’est pas forcément destiné à un mauvais usage !
↑Rhaenys Targaryen : un essai féministe
Culottées, c’est une série de petites BD, en deux volumes, dans lesquelles Pénélope Bagieu raconte l’histoire de ces femmes qui sont allées contre les règles des sociétés patriarcales dans lesquelles elles vivent pour obtenir le pouvoir, rétablir la justice, exercer un métier ou un sport, ou plus simplement pouvoir vivre selon leurs goûts et leurs capacités.Recommandons en particulier à Rhaenys l’histoire de Wu Zetian, la seule femme ayant réussi à prendre le pouvoir en son nom de toute l’histoire de la Chine… comme quoi c’est possible !
↑Corlys Velaryon : un roman de voyage
Corlys Velaryon est devenu célèbre et riche grâce à ses neuf voyages effectués sur son navire Le Serpent de Mer, sur des terres rarement explorées. Pour lui rappeler ses aventures, mais aussi lui suggérer de se reconvertir dans le militantisme écologique, nous lui conseillons Mers mortes d’Aurélie Wellenstein.
Ce roman nous raconte le voyage d’un exorciste, Oural, dont la mission est de repousser les fantômes de cadavres marins qui hantent la Terre depuis que les mers ont disparu, sur un bateau fantôme, le Naglfar, dirigé par une bande de pirates.
Les circonstances qui amènent Oural sur ce bateau, la personnalité des pirates à bord et le but du voyage, nous laissons Corlys les découvrir, mais nous lui souhaitons d’apprécier autant que nous ce magnifique livre dur et inspirant à la fois, peut-être porteur d’un peu d’espoir.
↑Mysaria : une histoire de fantôme
Mysaria, aka l’ex de Daemon, aka personnage quelconque, aka la légende urbaine, a traversé la première saison d’House of the Dragon telle un fantôme. Il est temps de lui montrer que ce statut n’est pourtant pas rédhibitoire et qu’il existe de très bonnes histoires avec des gens qui traversent les murs.
On a donc choisi de lui recommander Libération de Patrick Ness (traduit par Bruno Krebs), un livre dans lequel deux personnages sont à un point de bascule dans leur existence.
D’un côté, nous avons Adam, qui doit faire face aux sentiments contraires qui l’habitent et apprendre à faire des choix. De l’autre côté, il y a Katie, une jeune fille en quête de vengeance et de libération.
On est dans un mélange très réussi de fantastique et de contemporain, dans un récit parfois déroutant mais qui porte bien son titre. Adam comme Kate doivent se libérer, apprendre à lâcher prise et aller de l’avant.
Mais où est donc le fantôme là-dedans ? Et bien Katie est morte et elle hante une reine qui doit absolument récupérer son corps avant la fin de la journée. Et malgré son statut de fantôme, elle tient un rôle important et central, comme quoi rien n’est perdu pour Mysaria qui peut encore remonter la pente et réussir à être utile et exister !
↑Aemond : une histoire sur le harcèlement scolaire
Aemond, harcelé devenant harceleur, aurait beaucoup à apprendre d’une histoire qui porte sur le harcèlement scolaire : pour se reconstruire en tournant le dos à la violence, nous lui recommandons A silent voice, de Yoshitoki Oima (traduit par Géraldine Oudin).
Dans ce livre, Aemond découvrira l’histoire de Shoya et Shoko, deux élèves de primaire japonais. Le premier est un garçon un peu benêt et extraverti. Il vit sa meilleure vie de jeune garçon turbulant quand, dans sa classe, arrive Shoko, sourde. Propulsée dans une classe d’élèves tous valides après avoir changé d’école à cause du harcèlement qu’elle subissait, elle va faire de son mieux pour s’intégrer, mais ses nouveaux camarades, menés par Shoya, s’avèrent aussi méchants que les anciens. Shoya et toute la classe se lancent dans une série de brimades, sous le regard d’un professeur qui ne réagit pas. Une situation qui force Shoko à changer une nouvelle fois d’école, et pour cette raison, toute la classe se retourne contre Shoya (bien que les autres enfants soient aussi fautifs que lui…). Shoya sera harcelé jusqu’à la fin de son parcours scolaire, étiqueté comme « celui qui a harcelé une handicapée ».
A Silent Voice décrit un long chemin vers la rédemption pour Shoya, et surtout, décrit les mécanisme du harcèlement scolaire de façon sensible et fine. S’ajoute une description sans condescendance du handicap. Une série de mangas qui ferait, à n’en pas douter, beaucoup de bien à Aemond.
↑Aegon : une BD sur le consentement
Les crocodiles de Thomas Mathieu, c’est une succession de BDs qui racontent des histoires vraies : harcèlement, agressions, insultes, sexisme,… Et même si représenter tous les hommes comme des harceleurs (sous les traits des crocodiles) et toutes les femmes comme des victimes peut être jugé réducteur, l’ensemble du Projet crocodiles permet de faire réfléchir sur le sexisme ambiant, et pas toujours conscient, de la société. Une prise de conscience plus que nécessaire pour Aegon !
↑A l’ensemble de la famille Targaryen : le guide des prénoms
Parce qu’il y a un peu trop d’Aegon et de Rhaenys/Rhaena/Rhaenyra dans cette famille…