La Garde de Nuit vous propose, pour patienter jusqu’à la parution de Fire and Blood le 20 novembre (et de sa première moitié en version française Feu et Sang, Partie I le 21 novembre), de faire plus ample connaissance avec quelques personnages emblématiques et intrigants qui devraient peupler les pages des chroniques de la maison Targaryen. Vous le verrez, les héros de l’histoire des Sept Couronnes n’ont rien à envier à nos personnages favoris de la saga. Daenerys, Rhaegar et les autres n’ont qu’à bien se tenir face à leurs illustres ancêtres !
Aujourd’hui, partons à la rencontre d’Orys Baratheon. Le fondateur de la maison Baratheon devrait en effet nous en mettre plein la vue dès les premières pages de Feu et Sang, puisqu’il est l’un des protagonistes principaux de la Conquête. La Garde de Nuit fait le point sur quelques informations croustillantes que l’on a sur lui à l’aube de la parution (toutes les informations que nous présenterons sont issues de l’ouvrage encyclopédique The World of Ice and Fire, que Feu et Sang vient compléter), à garder en mémoire pendant votre lecture.
↑Un vrai bâtard ?
Une rumeur persistante prétend qu’Orys était le fils bâtard d’Aerion Targaryen, sire de Peyredragon, père d’Aegon le Conquérant, Visenya et Rhaenys. Il serait donc le demi-frère de la fratrie légendaire qui conquit et soumit Westeros.
Cette rumeur était largement répandue. Aussi, quand Aegon déclina l’offre du roi de l’Orage Argilac Durrandon d’épouser sa fille Argella et proposa de la marier à Orys en échange, Argilac l’Arrogant en prit gravement ombrage.
[Argilac] fit trancher les mains de l’émissaire d’Aegon et les lui renvoya dans un coffret. « Voici les seules mains que votre bâtard recevra de moi », écrivit-il.
TWOIAF, La Conquête.
Ce statut de bâtard semble donc de notoriété publique et l’on doute que Feu et Sang ne le remette en cause.
↑Orys et Aegon Targaryen : Friendship is magical
Feu et Sang nous en apprendra possiblement plus sur les liens qui l’unissaient à Aegon. Bâtard ou pas, Orys a grandi avec Aegon et ses sœurs (ça vous rappelle quelqu’un ?), et c’est vers ce compagnon d’enfance qu’Aegon s’est tourné à chaque fois qu’il avait besoin d’un homme de confiance. Il était considéré comme le seul ami proche du Conquérant. Cela fait d’Orys un personnage intrigant, et l’on espère que Feu et Sang dépeindra plus en détail cette amitié exceptionnelle.
Leur amitié a été solide, puisque Orys a été tour à tour frère d’armes d’Aegon lors de la Conquête, puis la toute première Main du Roi. C’est de leur relation forte que vient le terme même de « Main ».
À ses plus anciens partisans, il attribua de grands honneurs. […] Et Orys Baratheon fut proclamé « mon bouclier, mon preux, ma ferme main droite. » Ainsi les mestres voient-ils en lui la première Main du Roi.
TWOIAF, La Conquête.
Orys n’occupa toutefois ce poste que brièvement : changé par sa période de captivité, il y renonça après quelques années. Mais nous vous renvoyons au point sur son caractère orageux pour plus de détails à ce sujet.
↑La fin de l’Orage
La Conquête débute par l’affront fait par le roi de l’Orage à Aegon, qui donna à Aegon un prétexte pour attaquer les Sept Couronnes et amorcer leur unification.
Après une telle offense, les jours de la maison Durrandon étaient comptés…
Pendant que l’armée principale d’Aegon marchait sur Harrenhal, Aegon confia à Orys le commandement d’une partie de l’armée avec pour mission de soumettre les terres de l’Orage, accompagné de Rhaenys, montée sur son dragon Meraxès.
La nouvelle de la chute d’Harrenhal parvint vite à Accalmie et le roi Argilac, ne voulant pas « mourir dans son château comme un cochon de lait avec une pomme dans la bouche » (en référence à la mort récente d’Harren le Noir, brûlé dans l’incendie d’Harrenhal), rassembla son armée hors du château pour faire face aux flammes de Meraxès. Dans la confusion de la bataille, Argilac et Orys, tous deux blessés, se retrouvèrent face à face. Orys accomplit alors le souhait du roi de l’Orage en le tuant sur le champ de bataille.
Devant la raclée prise par son père, Argella Durrandon, fille unique d’Argilac et héritière d’Accalmie, se retrancha dans le château. Mais ses vassaux ne l’entendirent pas de cette oreille et préférèrent se rendre. Ils décidèrent logiquement (non) de livrer Argella nue et enchaînée à leur ennemi. Orys se conduisit courtoisement envers sa captive, la libérant et la couvrant de son manteau… Un geste équivoque, qui n’est pas sans rappeler le rituel nuptial des Sept Couronnes, où l’époux couvre son épouse d’un manteau aux couleurs de sa maison, pour signifier qu’elle est désormais sous sa protection. Voici donc une jolie rencontre hautement romantique (toujours non) avec sa future femme… En effet, en récompense de ses hauts faits, Aegon offrit à Orys la main d’Argella Durrandon ainsi que sa demeure ancestrale, Accalmie. C’est ainsi que naquit la maison Baratheon, Orys reprenant le blason et la devise de la maison Durrandon. Feu et Sang nous en apprendra d’ailleurs peut être plus sur l’origine du nom Baratheon, qui diffère tant des noms de bâtards habituels dans les Sept Couronnes.
Par la suite, Orys eut au moins un fils avec Argella, Davos. La proximité de la maison nouvellement créée auprès de la maison Targaryen fut perpétuée au fil du temps, avec notamment la présence du chevalier Raymont Baratheon dans la garde royale d’Aenys Targaryen, fils aîné du Conquérant, puis plus tard (et nous le verrons là aussi dans Feu et Sang) avec lord Robar Baratheon qui fut le principal artisan de l’avènement de Jaehaerys I Targaryen et devint sa première Main.
On sait toutefois peu de choses sur la façon dont Orys fut apprécié de ses vassaux ou gouverna les terres de l’Orage. On imagine aisément que la perspective de froisser le meilleur ami d’Aegon et de risquer la colère de dragons fit de toute façon taire les velléités de révolte de vassaux mécontents.
Ironie de l’histoire (ou plutôt sens de l’humour noir de G.R.R. Martin), la maison Baratheon fondée par Orys, meilleur ami d’Aegon, finira par mettre fin à la dynastie Targaryen par l’intermédiaire de son descendant Robert…
↑Une personnalité orageuse
La conquête des Sept Couronnes ne fut pas un chemin semé de roses : la première tentative de conquête de Dorne fut un échec et, alors qu’il cherchait à passer les Osseux avec son ost, Orys fut fait prisonnier du Wyl de Wyl. Il ne fut libéré que trois ans plus tard après le paiement d’une rançon, non sans avoir été amputé d’une main par son geôlier. Orys devint amer et renfermé, avide de vengeance envers la principauté de Dorne, et il quitta alors son poste de Main du Roi, qu’il n’a donc occupé que quelques années.
En parcourant Feu et Sang, le lecteur attentif aura peut-être, à l’occasion de la narration de cette démission, le plaisir de repérer un savoureux clin d’œil à la quatrième intégrale (A Feast for Crows) : Jaime, confronté à l’ironie tragique de devenir la Main du Roi alors qu’il a été amputé de sa propre main, adresse en effet à sa sœur une phrase que l’on imagine aisément dans la bouche d’Orys face à Aegon :
Il dénoua leur étreinte en la repoussant puis leva son bras pour lui fourrer violemment son moignon sous les yeux. « Une Main sans main ? Quelle mauvaise plaisanterie, sœur. Ne me demande pas de gouverner. »
AFFC, Cersei I.
Quoi qu’il en soit, la première guerre dornienne devrait occuper de nombreuses pages du recueil de chroniques d’archimestre Gyldayn. On espère d’ailleurs également en apprendre plus sur la fameuse lettre du prince Nymor qui mit fin à cette guerre… mais ceci est un autre sujet. Ce traumatisme marqua en tous cas à jamais la vie d’Orys : on ne sait pour l’instant que peu de choses sur sa vie après la fin de sa captivité et la perte de sa main, mais il est certain qu’il resta à jamais habité par une volonté tenace de vengeance. Lorsque le prince de Dorne demanda la paix en l’an 13, Orys était d’ailleurs furieux et demanda au roi Aegon de refuser les termes de cette paix.
Orys finit par assouvir sa vengeance en l’an 37, après la mort d’Aegon. Le nouveau roi Aenys dut affronter plusieurs rebelles au cours de son règne, parmi lesquels un Dornien, baptisé roi Vautour, qui remporta plusieurs batailles contre les seigneurs des marches de Dorne. Le nouveau roi s’avérant incapable de réprimer ces troubles, c’est finalement Orys, désormais appelé Orys Une-Main, et son fils ser Davos Baratheon qui mirent fin aux exactions d’une partie de l’ost du roi Vautour commandée par… Lord Walter Wyl, le fils du Wyl de Wyl (le mec sympa qui avait coupé la main d’Orys). À Pierheaume, Orys écrasa les Dorniens. Quand on lui remit Walter Wyl, blessé mais vivant, lord Orys dit : « Ton père m’a pris ma main. J’exige la tienne en remboursement. » Sur ces mots, il trancha la main d’épée de lord Walter. Puis il prit l’autre, et ses deux pieds aussi, parlant d’« intérêts ».
Blessé durant les combats, Orys mourut sur le chemin d’Accalmie. Mais son fils Davos a toujours dit qu’il était mort satisfait, souriant aux mains et pieds pourrissants qui pendaient sous sa tente comme une guirlande d’oignons (quand on vous disait qu’il était un peu sanguinaire ^^).
(On notera d’ailleurs au passage dans ce chapitre le charmant clin d’œil à Davos Mervault et ses oignons. ^^ Vous le verrez, Martin est friand de ce genre de clins d’œil, et Feu et Sang devrait être un régal pour le fan de la saga à la recherche de petites perles.)
↑Conclusion
Nous espérons qu’en ayant fait connaissance avec Orys Baratheon, nous vous avons donné envie d’en savoir plus sur lui et ses descendants. Gardez l’œil ouvert en lisant Feu et Sang, vous nous en direz des nouvelles !