Ce résumé vous est proposé par Kevan. S’il s’agit avant tout pour lui de vous narrer les événements capitaux de cet épisode, il n’est pas impossible que sa fameuse circonspection pour la série refasse surface de temps à autre. La Garde de Nuit ne cautionne évidemment pas de tels dérapages. Si le pinaillage devait atteindre un niveau excessif, nous recommandons l’usage d’un eunuque à arbalète, d’un épluche-patates en acier valyrien ou d’une tourte au feu grégeois. Ou tout ça en même temps.
↑Le Dernier Azor Ahai qui fut promis
L’épisode commence alors que le tonnerre gronde sur Peyredragon, et Daenerys en profite pour en faire autant sur ses proches conseillers, notamment Varys, dont elle vient de se rendre compte que le plan à long terme n’avait aucun sens. Dany soulève pas mal de bons points (presque assez pour nous faire oublier que ce sont les scénaristes qui sont à l’origine de ce plan). Varys ne s’en sort qu’en en appelant aux vagues penchants égalitaristes de la reine et en lui promettant qu’il ne pense qu’au bien du peuple, aux licornes gentilles, et à briser la roue. Daenerys Targaryen, première du nom, reine des Andals, des Rhoynars et des Premiers Hommes, Typhon-née, l’Imbrûlée, Briseuse de chaînes (etc…) répond que mouais, mais qu’il n’a pas intérêt à trop la ramener.
Il ne peut donc pas dire grand chose quand se présente Mélisandre d’Asshaï, qui passe sans raison apparente de la langue commune au valyrien, et qui vient connecter Daenerys au reste de l’intrigue. On a là une prêtresse rouge beaucoup plus humble et prudente qu’autrefois, ayant conscience des limites de ses pouvoirs et de la complexité des prophéties. J’aime bien (de plus, elle ne brûle aucun gamin en ricanant dans cette scène, ce qui est toujours un mieux). Elle vient annoncer l’arrivée des Autres au pied du Mur, et informer Peyredragon que Zombie-Jon est, genre, complètement l’élu, et qu’il serait cool qu’ils fassent une espèce d’alliance du bien tous ensemble, ou une ligue de justice. Tyrion ajoute que Jonny est un copain, et que comme nous l’avons appris durant les deux dernières saisons, toute personne qui apprécie Tyrion est forcément du côté du bien. La reine dit d’accord, il y aura une rencontre, mais seulement si Jon la reconnaît comme reine absolue de tout Westeros. Cette ligne de dialogue, comme toutes celles de Daenerys, est prononcée avec un ton et une expression faciale suggérant qu’elle est en train de préparer un livre intitulé « Les cent meilleurs moments de moi, la reine Dany ».
↑L’autre Dernier Azor Ahai qui fut promis
À Winterfell, une ellipse plus loin, ledit Jon reçoit la sommation de Peyredragon, un peu enjolivée par Tyrion, qui la présente comme une coalition contre Cersei. Davos décide de justifier sa présence dans cette storyline en faisant remarquer que les dragons, ça crache du feu, et que le feu, c’est chouette pour brûler des choses. Merci Davos. Jon a l’air pensif (je suppose) et envisage de descendre vers le sud pour rencontrer Daenerys, ce qui n’emballe pas ses conseillers.
Jon décide d’y aller malgré tout, même si tout ses vassaux sont un peu verts de le voir faire un Rickard-Brandon-Eddard-Robb combo. Sansa, surtout, fait sagement remarquer que Dany étant reine auto-proclamée des Sept Couronnes, il serait peu malin qu’un des prétendants à la royauté autonome vienne se jeter dans la gueule du dragon. Jon Snow répond par un speech ou il déclare, primo, que les zombies arrivent, et secundo, que Daenerys a du verredragon, et que Tyrion est super cool, et, tertio que ça leur apprendra à nommer roi n’importe qui. Il nomme également Sansa régente en son absence, ce qui la laisse troublée, trouble Ramin Djawadi, et fait ricaner Littlefinger.
Ce dernier, jouant à fond la carte Evilfinger, débarque dans les cryptes de Winterfell, devant la statue d’Eddard, pour expliquer à un Jon à l’expression blasée qu’il aime Sansa. Baelish se fait donc un peu secouer par Snow, de la même façon qu’Eddard l’avait fait en saison 1. Le roi du Nord lui conseille d’arrêter d’être aussi glauque. En même temps, à quoi tu t’attendais, mec, à sa bénédiction ?
Sur ce, Jon part vers de nouvelles aventures en faisant salut à Sansa (vous avez remarqué que c’est la quatrième saison d’affilée où il trouve un prétexte pour échapper à son devoir et aller faire autre chose ?).
↑La guerre c’est compliqué…
À l’horizon s’annonce une danse de dragons, un festin de corbeaux, voire même, oserais-je le dire, une tempête d’épées. Et Cersei se prépare en conséquence. Après avoir invité Boy’s Band Euron et sa flotte pour au final leur dire d’aller se faire voir, elle convoque une bande de vassaux du Bief pour être ses nouveaux BFFs. Parmi eux se trouve Randyll Tarly (dit Grumpy, ou Grincheux en VF), le papa de Sam, qui mène cette assemblée de lords. On dit beaucoup de mal sur papa Tarly, mais on ne pourra pas lui reprocher de ne pas être ouvert d’esprit. N’est il pas prêt à écouter un souverain terroriste, sacrilège, illégitime, potentiellement incestueux, ruiné et qui vient d’assassiner le suzerain du Bief ainsi que ses enfants ? Et une femme, par dessus le marché ! Quel homme sympa et tolérant. Cersei, qui vient grosso modo de faire sauter le Vatican avec le pape à l’intérieur, explique à son public que Daenerys arrive avec une bande d’incendiaires et de païens… (quelque part, je vois bien la Cersei des livres faire une bourde pareille, donc j’apprécie, mais je ne comprends pas pourquoi personne ne ricane dans la salle tellement c’est gros). À ses côtés, Jaime semble un peu mal à l’aise. On ne serait pas dans une œuvre aussi sérieuse, je dirais qu’il boude. À la place, disons qu’il se morfond. Mais il doit vite cesser de se mordre le fond, car Tarly s’en va sans être trop convaincu. Heureusement, Jaime semble le gagner à sa cause à coup de racisme et de fonctions prestigieuses. Pendant ce temps, Cersei se fait arnaquer dans une cave, où Qyburn essaie de lui présenter une baliste comme une invention révolutionnaire en transperçant le crâne de Balerion, un des dragons de la conquête (j’en connais un qui a envoyé le budget recherche en armement sur un compte secret aux Îles d’Été).
Daenerys, quant à elle, a sa propre stratégie, malgré des Yara, Ellaria et Olenna sceptiques. Il s’agit de ne pas brûler Port-Réal (bien) mais de l’entourer de troupes dorniennes, pas essosi (pas mal) et d’envoyer les Immaculés attaquer Castral Roc à la place (?)
(Ok, rajoutez un Kevan sceptique : oublions les détails comme le fait que les Dothrakis mangeront visiblement des bigorneaux et du goémon s’ils restent sur l’île, le fait que les Dorniens sont apparemment massés au bout de Dorne plutôt que dans les montagnes, ou le temps ridicule que prendra une flotte à contourner Westeros. Il y a surtout que prendre Castral Roc ne fera rien, à part faire durer la guerre, et mobiliser des troupes loin du front pour un avantage symbolique. On nous a déjà fait le coup avec Robb en saison 3, et ça n’avait déjà que peu de sens. Peut-être que Tyrion veut juste récupérer sa collection de pogs et que c’est un prétexte.)
Pfffiou, heureusement que le casting de Port-Réal joue bien. En tout cas, l’échiquier est en place pour la suite des événements.
↑Docteur Tarly, Sam médecin
À Villevieille, l’amour de Jorah pour Daenerys continue à devenir si fort qu’il se fait pousser des écailles pour passer pour un dragon. Aussi, il a une léprose avancée. Ce n’est pas beau à voir, et l’archimestre pour lequel travaille Sam le déclare cause perdue, et lui donne quelques heures pour veiller à ses affaires et se suicider, s’il ne veut pas être envoyé aux Chagr… à Valyria. C’est assez touchant, d’autant que Iain Glen est toujours un super acteur. Heureusement, Sam a trouvé un remède au bout de deux heures de recherches. L’archimestre refuse, car apparemment, les vœux de la citadelle impliquent d’être une bande de bureaucrates obtus et inactifs durant toute la saison 7. Samwell prend finalement sur lui d’appliquer le remède en secret : il se munit donc d’un couteau et d’un pot de pommade, et tranche puis enduit la peau du pauvre Jorah Mormont. C’était facile (cependant, j’ai apprécié l’occasion de mettre enfin face à face Sam et le fils du vieux lord Commandant. Même si c’est un peu douché par le fait que le Jeor agonisant de la série n’ait pas confié à Sam la mission d’intimer à Jorah de rejoindre la garde de nuit en tant que dernier vœu, ce qui aurait donné un avenir logique au personnage. Mais bon, c’est une référence pas bête, on va pas se plaindre).
↑True love conquers all
La meilleure scène de cet épisode est de loin la romance entre Ver Gris et Missandei. Et non, pas pour cette raison, bande de dégoûtants. Mais parce que, contrairement à beaucoup d’autres, cette scène a des précédents, une continuité. Je me rappelle des scènes de drague embarrassante de la saison 4. Elles étaient pas terribles, mais je m’en souviens. Je peux dire que je connais un peu ces personnages, qu’ils ont une personnalité, et que je peux donc m’intéresser à ce qui va leur arriver et à ce qu’ils peuvent ressentir. Les acteurs jouent bien, il y a une référence à l’entraînement des Immaculés, c’est mignon tout plein, voilà voilà, c’est une bonne scène. Pas vraiment ma tasse de thé, mais une scène cohérente et efficace à l’échelle de la série. C’est pas cool, ça ?
↑Et soudain : Continuité !
Arya chevauche toujours à travers le Conflans, et elle est bien décidée à conclure certains arcs et à répondre à certaines questions pressantes. Comme : qu’est-il arrivé à Tourte Chaude depuis la saison 4 ? Et pour ce faire, elle le rencontre dans une taverne, et ça ressemble vraiment beaucoup à un rendez-vous à un café entre deux connaissances-amicales-mais-sans-plus, où on cherche un sujet de conversation, sans parvenir à rendre ça moins gênant. Au moins, elle apprend que les Stark sont à Winterfell, et décide de partir vers le nord retrouver sa famille plutôt que partir assassiner Cersei, qui est donc sauvée.
Ah, et vous vous rappelez Nyméria ? La louve-garou ? Ouais, les scénaristes l’avaient oubliée aussi depuis des années, mais la revoilà, sortant de nulle part à la tête d’une meute de loups. Elle va attaquer Arya et la dévorer quand elle se transforme soudain en husky tout mignon filmé en gros plan. Et puis elle part, et Arya est triste (et le responsable du budget est content).
↑Le Kraken Craquant
Bon, tout ça était suprêmement intéressant, mais il est temps de répondre à la vraie question : deux femmes bisexuelles sont sur un bateau, tous les dialoguistes talentueux tombent à l’eau, qu’est ce qui se passe ?
Car oui, nous voilà sur la flotte de Yara, quelque part à l’est de Westeros, et les scénaristes se donnent du mal pour rendre les Aspics encore plus insupportables (histoire que vous soyez reconnaissants quand ils vont vous débarrasser de ces personnages qu’ils vous ont eux-même infligés). Je ne pense pas que ce soit une relation très saine.
Mais nous sommes sauvés de tout ça quand la flotte d’Euron sort littéralement de nulle part, avec projectiles enflammés et tout le reste, et que le Silence (le navire d’Euron) lui-même percute le navire amiral, pour révéler…
Pilou Asbaek en train d’agiter une épée et de faire « raaaah » comme un couillon. C’est complètement ridicule et merveilleux. Non, franchement, l’acteur a l’air de tellement s’amuser que c’en est attendrissant. On dirait un gamin qui fait des grimaces de méchants. Tiens, c’est tellement adorable, je le rebaptise à partir de maintenant Winnie l’Eurson.
Donc, les méchants Fer-nés massacrent les gentils Fer-nés sans qu’il semble y avoir de stratégie impliquée, Obara et Nyméria sont tuées par le Kraken en peluche et sont donc à tout jamais libérées de leur rôle, les combats sont plutôt bien faits, y a un sacré budget, Jack Sparrow se fait tuer en arrière-plan, Il y a une boule de feu, Yara est faite prisonnière, et Theon, qui se battait bien pour un éclopé, à une crise de PTSD et s’enfuit à la nage. Euron rigole comme un ado se prenant pour le Joker et c’est trop chou. Alfie Allen continue à être trop bon pour tout ça. Fin de l’épisode
↑Conclusion
« Mais alors, Kevan, cet épisode, il était tout pourri ? » me demanderez-vous.
Non, en fait, il se suivait plutôt bien.
La série bénéficie maintenant de deux grands avantages : une trame très simplifiée, très détachée des précédentes saisons, ce qui limite les incohérences à trop grande échelle, et un énorme budget, suffisant pour produire suffisamment d’effets, de caméos et de jolies lieux de tournage pour garder le spectateur attentif. Ça lui donne un petit côté « Xena de luxe », mais il n’y a pas de mal à ça. On y trouve du bon (Missandei et Ver Gris) comme du mauvais (les conseils de guerre). Plutôt habituel pour Game of Thrones, qui n’a peut être pas les qualités des livres, mais en a développé quelques autres.
Par contre, pour un Euron Greyjoy qui fait peur, je crois qu’on peut encore l’attendre longtemps. Dire qu’ils ont fait un personnage ridicule, voire attachant, d’une des figures les plus menaçantes et mémorables des livres…
Attendez…
Vous croyez que s’ils adaptent Sombre Astre, il se passera l’inverse ?